Lou Welgryn - Pirates de la Tech : Cap sur le bien commun Trench Tech

Data for Good : Quand la tech devient un levier pour l’intérêt général et la transition écologique

Lou Welgryn, voix off : J’aime beaucoup la définition de Kate Crawford qui dit qu’en fait l’intelligence artificielle repose sur une triple extraction : une extraction de ressources, une extraction de travail et une extraction de données.
C’est crucial que nous nous positionnions pour dénoncer les dérives et qu’on vulgarise le sujet, parce que je pense que sur la tech il y a aussi ce point très important qui est que ça a l’air d’être une énorme boîte noire, plein de gens ont l’impression qu’ils ne comprennent pas et, du coup, ils n’arrivent pas à s’emparer du sujet. Fondamentalement, il y a un sujet : il faut vulgariser, il faut expliquer que ça nous concerne tous, que nous sommes tous victimes de ces algorithmes.
Le fait de rejoindre des communautés, et c’est un peu ça qu’on essaye de proposer avec Data For Good, ça aide à orienter son action vers des leviers d’action qui sont concrets, qui sont tangibles, qui fonctionnent.
Ce sont des sujets qui nous impactent tous et dont il faut tous qu’on s’empare en tant que citoyens et pas que en tant qu’experts.

[Extrait du film Pirates des Caraïbes]

Voix off : Trench Tech – Esprits critiques pour Tech Éthique.

Mick Levy : Bonjour les pirates. C’est Mick Levy au micro accompagné de Cyrille Chaudoit.

Cyrille Chaudoit : Ho oh ! Matelot

Mick Levy : Une fois n’est pas coutume, on démarre cet épisode en chanson.

Cyrille Chaudoit : Oui, mais extraite d’un film, quand même, cette fois-ci.

Mick Levy : Bien sûr, on ne déroge pas à la règle.

Cyrille Chaudoit : C’est Pirates des Caraïbes, n’est-ce pas !

Mick Levy : Exactement. J’ai choisi cet extrait parce que les musiques de pirates, par les temps qui courent, ce n’est quand même pas courant. On est plutôt habitué à entendre la petite musique des Big Tech finalement.

Cyrille Chaudoit : Petite musique des Big Tech ! C’est plutôt la grosse fanfare en ce moment !

Mick Levy : Pas faux ! Tu vois où je veux en venir, Cyrille, c’est la petite musique de ceux qui écrasent tout dans un contexte oligopolistique et qui, au passage, pillent nos données et en font une exploitation très capitalistique.

Cyrille Chaudoit : Tu exagères, quand même ! Ils ont tous des initiatives Tech for Good maintenant !

Mick Levy : C’est vrai, justement, on va en parler. Franchement, vu les budgets minimes qu’ils y consacrent c’est, au mieux, un pis-aller ou, au pire, un faire-valoir.

Cyrille Chaudoit : Pas faux !

Mick Levy : Donc, c’est là qu’il nous faut des pirates, des pirates modernes, des vrais, des pirates de la tech, de la trempe de ceux qui proposent un véritable contre-pouvoir et luttent contre le fait établi des Big Tech, de ceux qui savent qu’on est plus nombreux qu’on ne le pense et qui se donnent corps et âme pour mettre la tech au service du bien commun.

Cyrille Chaudoit : Ça, on aime !

Mick Levy : Et c’est là qu’interviennent les Data For Good [1] et en particulier Lou Welgryn. Salut Lou.

Lou Welgryn : Bonjour.

Cyrille Chaudoit : Salut Lou.

Mick Levy : Merci d’être avec nous. On peut se tutoyer ?

Lou Welgryn : Oui.

Mick Levy : Génial ! Je fais rapidement les présentations. Lou, tu as travaillé pendant quatre ans chez Carbone 4 [2], le cabinet de conseil et data, spécialisé sur les enjeux écologiques, fondé par le l’inénarrable Jean-Marc Jancovici.

Cyrille Chaudoit : Célébrissime. Personnage de BD.

Mick Levy : Tu as été aussi coprésidente de l’association Data For Good pendant sept ans et tu viens d’en devenir la secrétaire générale pour t’y consacrer à temps plein. J’ai tout bon ?

Lou Welgryn : C’est tout bon. Parfait.

Mick Levy : On se fait le programme de l’épisode avant de rentrer dans le vif du sujet. On va d’abord découvrir ensemble l’action de Data For Good et on se demandera comment rétablir l’équilibre des forces contre les Big Tech. On retrouvera aussi avec plaisir notre savoureux « Patch Tech », pour rythmer nos échanges, de Fabienne Billat.
Sans plus tarder, c’est parti pour le grand entretien avec la cap’tain des pirates de Data For Good.

Voix off : Trench Tech – Esprits critiques pour Tech Éthique.

Data For Good : La tech au service du bien commun

Cyrille Chaudoit : Lou, nous sommes ravis de t’accueillir, d’ailleurs, Mick, tu as piraté le patronyme de Lou, puisque ça se prononce « Lou Welgreen » et non pas « Lou Welgrain ».

Mick Levy : Heureusement que tu es le justicier des noms. Tu es là pour redresser la vérité.

Cyrille Chaudoit : Je ne suis pas masqué et un peu moins aviné que tes pirates de la plage de tout à l’heure.

Mick Levy : Désolé Lou. Je démarre bien !

Cyrille Chaudoit : Lou Welgryn, nous sommes ravis de t’accueillir parce que Data For Good, forcément, ça nous parle, mais je ne suis pas totalement sûr que les gens qui nous écoutent savent précisément quel est le périmètre de votre intervention, on va donc avoir besoin de nous rafraîchir un peu la mémoire. Dis-nous tout sur Data For Good.

Lou Welgryn : Data For Good est né un peu d’un double constat, à la fois que, d’un côté, il y avait beaucoup de gens qui avaient des expertises dans la tech, avaient envie de les mettre au service de l’intérêt général mais ne savaient pas comment, et puis, de l’autre côté, qu’il y a beaucoup d’associations qui n’ont pas les ressources financières ou techniques, en interne, pour pouvoir utiliser de la donnée, du numérique, pour pouvoir avoir plus d’impacts dans leurs actions. Notre objectif c’est vraiment de faire le pont entre ces deux mondes, de créer des connexions, non pas juste en étant des entremetteurs, mais en ayant tout un processus et une expertise dans le fait de créer des projets avec des associations, de les accompagner pour savoir comment elles peuvent utiliser la technologie et, ensuite, de monter des équipes de bénévoles qui vont les aider à résoudre leurs problématiques avec vraiment cette idée de demander comment on détourne un peu les cerveaux qui passent habituellement leur temps à faire cliquer des gens sur des pubs, comment on les met au service des plus grands défis de notre siècle.

Cyrille Chaudoit : Sur votre site, vous écrivez ça noir sur blanc, « vous voulez rediriger la technologie au service de l’intérêt général ». J’aimerais bien, justement, qu’on revienne sur cette idée de « rediriger ». Tu viens nous en dire un mot, c’est-à-dire mettre en relation des professionnels du numérique et de la tech au service du bien commun, notamment beaucoup dans l’économie sociale et solidaire. Cette idée de rediriger, est-ce que tu peux juste creuser pourquoi ce verbe ? Est-ce que c’est à sens unique, c’est un peu trop à sens unique, c’est ça ?

Lou Welgryn : Je pense que c’est même, en proportion, largement majoritairement à sens unique. Si on regarde le business modèle des Big Tech, la quasi-totalité de leur business modèle repose aujourd’hui, sur la publicité ; en grande partie, la manière dont ils gagnent de l’argent, c’est en faisant des placements publicitaires ; si je prends l’exemple des réseaux sociaux, c’est en nous faisant rester le plus longtemps possible sur les réseaux pour que ça leur génère des revenus. Donc, clairement, leur intérêt premier n’est absolument pas l’intérêt général. La question, pour nous, c’est comment on peut utiliser des outils qui sont puissants au service de l’intérêt général. En fait, il y a un peu deux niveaux : il y a le quoi, sur quoi on utilise ces technologies, et puis il y a le comment, comment elles sont créées. En fait, nous sommes vraiment contre cette idée de dire que la technologie c’est juste un outil, qu’il suffirait de l’utiliser pour le bien ou pour le mal, et c’est ça qui fera la distinction. Tous ces outils incarnent en eux-mêmes une vision du monde, ils la portent.

Cyrille Chaudoit : C’est l’idéologie de ceux qui font ces technologies, qui les fabriquent.

Lou Welgryn : Exactement.

Cyrille Chaudoit : Vous mettez en relation des grands experts, c’est-à-dire des gens qui, potentiellement, pourraient travailler, voire, peut-être, qui travaillent déjà pour les grands faiseurs de tech et qui, avec leurs états d’âme, se disent « tiens, et si je mettais mon talent et aussi mon savoir-faire au service de ceux qui n’ont pas les moyens de se payer habituellement ces talents et ces savoir-faire », donc là, on va retrouver quoi ? Des ONG, des associations, des entreprises de l’économie sociale et solidaire qui n’ont pas un rond. C’est ça ?

Lou Welgryn : Les structures qu’on accompagne sont vraiment principalement des associations, soit qui existent, c’est même 100 % des associations, soit, en fait, elles ont déjà existé, elles ont déjà une mission et on va les accompagner parce qu’on trouve qu’elles ont vraiment un objet systémique et qu’elles essaient vraiment de s’attaquer à la résolution d’un problème de manière systémique et puis aussi, parfois, des associations qui vont émerger au sein de Data For Good, par exemple on a un projet qui s’appelle Pyronear [3]. Un jour un ingénieur expert en computer vision, qui s’en servait pour détecter les petits pois des carottes dans vos assiettes, se demande comment il peut utiliser cette technologie-là au service d’un thème qui lui tient beaucoup à cœur, c’était vraiment les incendies. Il est arrivé à Data For Good avec son idée, il l’a pitchée devant des bénévoles, une équipe s’est créée, ils ont monté un prototype. L’association a maintenant 50 bénévoles à plein temps qui travaillent main dans la main avec les pompiers pour installer des petits Raspberry Pi en haut des tours de guet, avec un algorithme open source à l’intérieur qui tourne pour détecter les départs de feu et alerter les pompiers en cas de départ de feu.

Mick Levy : Une petite traduction au passage. Les Raspberry Pi sont des mini-ordinateurs très portables qui, par ailleurs, consomment très peu d’énergie, on peut donc les installer à plein d’endroits. En plus, là il y a une caméra pour, j’imagine, capter ces images en direct et arriver à identifier très rapidement le moindre départ de feu, le moindre signe avant-coureur d’un départ de feu. C’est ça Lou ?

Lou Welgryn : Oui, merci pour cette traduction. Exactement.

Mick Levy : Quels sont les grands domaines que vous accompagnez ? Tu as parlé rapidement de l’économie sociale et solidaire, là tu nous donnes un exemple plutôt dans le monde du climat, globalement. Quel sont les grands secteurs que vous accompagnez comme ça, les grands domaines ?

Lou Welgryn : On a quatre grands thèmes d’action.
Le premier c’est le climat et la biodiversité avec vraiment cette conviction que les deux fonctionnent ensemble parce que beaucoup de solutions ont l’air géniales pour le climat mais qui peuvent être très délétères pour la biodiversité, c’est donc très important d’avoir une approche systémique sur cette question-là.
Il y a la question de la justice sociale. C’est pareil : climat sans justice sociale ça ne fonctionne pas, c’est pour cela qu’on a ces deux thèmes.
Le troisième sujet qu’on aborde beaucoup c’est la question de la démocratie et à quel point les technologies vont avoir un impact sur la qualité et la stabilité de nos démocraties.

Cyrille Chaudoit : Là, tu prêches des convaincus !

Mick Levy : Tous ces sujets sont abordés assez régulièrement chez nous. On revient constamment sur le sujet de la démocratie en ce moment.

Lou Welgryn : Le dernier, c’est l’impact du numérique et des technologies qu’on utilise. On construit aussi beaucoup d’outils qui permettent de mesurer l’empreinte carbone de l’intelligence artificielle, mais aussi un livre blanc sur l’IA générative [4] pour expliquer aux citoyens ce que c’est et quels sont ses impacts sur la société, avec vraiment l’idée de dire que ce sont des sujets qui nous impactent tous et dont il faut tous qu’on s’empare en tant que citoyens et pas que en tant qu’experts.
L’idée d’avoir quatre grandes thématiques d’impacts, c’est aussi la conviction que toutes ces thématiques sont intrinsèquement interconnectées.

Cyrille Chaudoit : C’est très lié.

Mick Levy : C’est un écosystème.

Lou Welgryn : En fait, ça ne sert à rien de porter des sujets sur le climat si on n’a pas de démocratie stable pour pouvoir les faire exister. C’est pour cela qu’on essaie vraiment d’avoir de l’action à quatre niveaux.

Cyrille Chaudoit : Quant à l’outil concernant l’empreinte carbone, je crois que c’est notamment CodeCarbon [5] sur lequel vous avez travaillé, ce qui nous permet d’envoyer un petit coucou, si Greg le monteur veut bien me mettre la caméra pour que j’envoie le petit coucou à Sasha Luccioni, qu’on a reçue dans Trench Tech en tout début de saison [6], qui nous a parlé de CodeCarbon.
Là, tu viens de nous passer un panel de use cases, on peut dire comme ça, je voulais juste revenir notamment sur la constitution des adhérents et des bénévoles, parce que vous avez plus de 6000 bénévoles et vous avez des profils quand même très spécialisés : vous avez des data scientists, des data analysts, des data engineers, etc., et puis, dans l’économie sociale et solidaire, vous avez aussi, entre autres, pas mal de partenaires, c’est ce qu’on voit sur votre site web. Je suis allé regarder tous les logos, j’en ai reconnu quelques-uns. C’est aussi l’occasion de passer un coucou à Latitudes [7], je suis aussi facilitateur La Bataille de l’IA [8], on se retrouve, donc un petit coucou. D’ailleurs, on reviendra sur votre logo que j’aime beaucoup, Marty l’oiseau. Donc un petit coucou aux gens de Latitudes et à Augustin en particulier, c’était l’occasion.

Mick Levy : C’est quoi Latitudes les amis ?

Cyrille Chaudoit : Lou, parle-nous de Latitudes et de leur action.

Lou Welgryn : Latitudes est un acteur de l’écosystème, qu’on adore, avec lequel on collabore beaucoup. D’ailleurs, on a beaucoup contribué à La Bataille de l’IA qui a été fait à partir du livre blanc, dont je vous parlais, sur l’IA générative.
Latitudes va avoir à la fois une action très forte de formation de tous les ingénieurs en école pour les former à la manière dont ils peuvent utiliser leurs compétences et l’impact du numérique et, à la fois Latitudes va aussi accompagner plein d’associations en leur mettant à disposition des bénévoles experts pour les accompagner sur leurs problématiques numériques.

Cyrille Chaudoit : Globalement, une fois que tu es facilitateur à Latitudes, Bataille de l’IA ou Bataille du numérique, etc., tu peux aller former dans des écoles, mais tu peux aussi former dans des associations de quartier, etc. C’est vraiment cette volonté de propager le plus possible aux citoyens, de donner des connaissances. En matière de partage de connaissances, je me permets juste un dernier salut, après Sasha, après Latitudes, à Louis Derrac [9] qui fait un travail fantastique, qu’on croise régulièrement sur Linkedin, qui met beaucoup de contenus à disposition, le contenu de ses conférences, de ses formations, etc., il est, lui aussi, dans la transmission. On ne connaît pas tous ces noms, ceux qui nous écoutent ne les connaissent peut-être pas tous, mais c’est un travail de l’ombre, un travail à mettre en avant, qui est vraiment nécessaire avec une action politique au sens premier du terme et on aime ça chez Trench Tech, on se reconnaît.

Mick Levy : Lou, est-ce que tu pourrais nous donner quelques exemples vraiment iconiques d’actions que vous avez pu réaliser avec Data For Good et des associations, du coup, derrière ?

Lou Welgryn : Sur la partie climat, il y a un an et demi, on a sorti une plateforme qui s’appelle CarbonBombs.org [10]. C’est une agrégation de différentes bases de données publiques qui recensent les 425 plus gros projets d’exploitation fossile dans le monde et qui montre les liens entre ces projets-là, les entreprises qui permettent à ces projets d’exister et les banques qui financent ces entreprises qui permettent à ces projets d’exister. L’idée c’était vraiment de mettre en avant tous ces liens de causalité et de responsabilité des acteurs qui permettent à tous ces projets de continuer à forer. En termes d’impact, on a eu plus de 70 articles dans le monde entier, notamment au Sénat où une commission d’enquête a été lancée, suite à un travail d’enquête, par le sénateur Yannick Jadot sur la question de la responsabilité de TotalEnergies dans l’atteinte, ou non, des objectifs climatiques de la France [11].

Mick Levy : Tu parles de Total, on parle aussi très souvent de la responsabilité des banques, ne serait-ce qu’avoir 1000 euros sur un livret A, bien souvent ce sont 1000 euros qui, en réalité, vont être investis par des banques sur des entreprises qui exploitent des énergies fossiles ou qui sont dans des projets qui ne sont pas très vertueux pour la planète. Il y a donc aussi une responsabilité à mettre en avant, à mesurer, à montrer comme vous le faites avec CarbonBombs.

Lou Welgryn : Exactement. C’était vraiment ça le but, montrer toute cette chaîne d’acteurs.

Mick Levy : Un autre exemple peut-être ? Parce que c’est chouette d’avoir des exemples comme ça, très concrets, j’adore !

Cyrille Chaudoit : Drill, baby, drill !

Lou Welgryn : Un autre projet que j’aime beaucoup, qu’on a fait avec une association qui s’appelle Bloom, une association cruciale qui travaille sur la défense des océans. On a travaillé pendant un an et demi avec eux pour construire une base de données qui permet de suivre en temps réel les 1700 plus gros bateaux de pêche dans le monde [12]. Il y a donc la base de données et, par-dessus, on a construit toute une interface visuelle qui permet aux gens de l’association, qui agissent sur le terrain, de suivre en direct ces trajectoires dans la durée, de pouvoir être alertés quand les bateaux passent dans des zones marines protégées où ils n’ont pas le droit d’aller, etc. Tout ce travail c’est vraiment pour les aider à être plus efficaces dans leur action de terrain et je trouve que ça illustre vraiment bien cette idée que nous ne sommes pas juste des geeks derrière nos ordinateurs. Cette base de données peut vraiment avoir des impacts matériels dans la vie réelle.

Mick Levy : Et puis, mine de rien, vous donnez des terrains de jeu aux développeurs, aux data scientists, aux data analysts, aux architectes qui vous rejoignent et qui sont passionnants parce que ce sont des projets tops, mettant en avant aussi, et c’est important pour ces personnes-là, un terrain de jeu technologique hyper-intéressant et très varié. Tu nous as parlé de bases de données, tu nous as parlé d’open data, tu nous as parlé de computer vision, tu nous parles d’IA, de prédictifs, etc., c’est génial !

Cyrille Chaudoit : Finalement tous les sujets qu’on retrouve chez les autres et, là, avec des cas d’applications qui sont extrêmement concrets.

Mick Levy : C’est passionnant.

Cyrille Chaudoit : Lou, maintenant je ne rigole plus, c’est la question qui tue. Je vais te demander de répondre sans langue de bois, s’il te plaît. Vous vous définissez comme, je vous cite, « des optimistes pragmatiques ». J’aime bien l’idée. Maintenant, de toi à moi, dans le monde dans lequel on évolue et avec ces acteurs de la tech, est-ce que « optimistes pragmatiques », c’est totalement réaliste ? Est-ce que vous êtes aussi « optimistes réalistes » dans cette idée de vouloir réconcilier la tech avec le bien commun ?

Lou Welgryn : Je pense qu’il faut qu’on fasse un peu évoluer cette punchline parce qu’elle ne décrit pas forcément tout à fait notre position. Je pense qu’on a un regard vraiment très critique, aujourd’hui, sur la technologie. D’ailleurs aujourd’hui, la plupart des prises de parole qu’on fait avec Théo [Alves Da Costa] qui est coprésident de l’association, c’est principalement de dénoncer les impacts monstrueux qu’ont ces technologies sur nos vies, sur nos sociétés, à la fois en termes d’impact environnemental, en termes aussi d’impact social, en termes d’extraction de données, des impacts qui sont vraiment monstrueux et la majorité des cas c’est ça. Je pense qu’il faut vraiment avoir un regard hyper-critique et hyper-réaliste sur ce qui se passe aujourd’hui et la manière dont ces technologies sont construites aujourd’hui, on est en train de l’observer, se met au service du fascisme et de la sur-précarisation de populations qui sont déjà très fragiles.
L’intelligence artificielle, puisque c’est de cela dont on parle le plus aujourd’hui, telle qu’elle est développée aujourd’hui se met plutôt au service d’un système d’exploitation global. Une tribune [13] a été portée par Féministes contre le cyberharcèlement, VoxPublic, La Quadrature du Net et une centaine d’ONG, et qu’on a signée, qui dénonçait, pendant le Sommet de l’IA [14], toutes les dérives de ces technologies. Je vous invite à la lire parce qu’elle met vraiment le doigt sur la manière dont l’IA fonctionne.

Cyrille Chaudoit : Là-dessus, nous sommes complètement d’accord, On mettra le doigt et on mettra le lien aussi. Là-dessus, nous sommes parfaitement d’accord, mais en vrai, la question qui est derrière c’est : est-ce que cette majorité « silencieuse », entre guillemets, que nous sommes tous, fait le poids par rapport à ce couvercle qui est mis sur la marmite par, justement, les grands faiseurs de tech qui ont l’oreille des politiques. On voit bien encore les enjeux géopolitiques récents des négociations entre Trump et Poutine et, maintenant, potentiellement Zelensky, pour aller chercher les terres rares et les métaux rares, etc. Nous savons que nous sommes plus nombreux, mais comment fait-on ? Vous, vous êtes à pied d’œuvre là-dessus, mais est-ce qu’on a raison d’y croire ? Est-ce qu’on peut être optimistes ? Nous avons, nous, envie d’être optimistes.

Lou Welgryn : De toute façon, on n’a pas le choix. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a jamais eu une telle concentration de pouvoir dans les mains d’aussi peu de gens et c’est profondément effrayant. C’est la raison pour laquelle, plus que jamais, il ne faut absolument pas baisser les bras, se battre et se rassembler collectivement. Déjà, je pense qu’il faut sortir d’une approche individualisante du problème où on fait une politique des petits pas, où chacun trie ses déchets, si je fais le parallèle avec l’environnement, ce n’est pas la solution. En fait, c’est une stratégie qui est organisée par les entreprises. C’est très bien documenté dans un livre que je vous invite à lire, qui s’appelle La société ingouvernable de Grégoire Chamayou, il l’explique pour l’environnement, mais on peut faire le parallèle avec tous les secteurs dans le capitalisme actuel. C’est cette stratégie de mettre la faute sur les individus, donc de dépolitiser leur combat. Chacun se dit, à son échelle, « je vais trier mes déchets, je vais faire des petits gestes », alors que tout le sujet, c’est de se rassembler collectivement et d’essayer d’être un contre-pouvoir sur plein de sujets, c’est comme ça qu’on a des victoires.
La bonne nouvelle, si on regarde ce qui s’est passé les deux dernières semaines en France, même si on n’a pas beaucoup de victoires, dernièrement on en a eu deux vraiment excellentes : la semaine dernière, une loi hyper-ambitieuse a été votée contre les PFAS [substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées], portée notamment par la mobilisation citoyenne de Camille Étienne et de plein de députés qui se sont mobilisés.

Mick Levy : Les PFAS ce sont tous les microplastiques et globalement les polluants qu’on retrouve dans beaucoup de ce qu’on mange.

Lou Welgryn : La deuxième action vraiment très importante qu’on a eue, la grande victoire de cette semaine, c’est l’arrêt définitif de l’autoroute A69, une construction qui était une aberration écologique, pour laquelle des militants se battaient depuis des mois entiers, campaient dans des arbres, c’était un combat de David contre Goliath, et ils ont gagné. On peut donc avoir des victoires.

Cyrille Chaudoit : C’est la preuve que quand on se réunit on peut avoir ces victoires-là, plutôt que la stratégie des petits pas du colibri, etc. Avant de passer au « Patch Tech » de Fabienne, si on évoque le colibri, je ne peux pas faire autrement que te demander au moins deux mots sur Marty : pourquoi ce logo ? C’est quoi ce logo et pourquoi s’appelle-t-il Marty ? C’est un oiseau pour celles et ceux qui ne sont pas encore allés sur le site.

Mick Levy : Allez-voir le logo de Data For Good, qui est très joli par ailleurs, on vous le met en lien.

Cyrille Chaudoit : Qui est ce piaf ? Que fait-il là ?

Lou Welgryn : Marty, c’est notre petit martin-pêcheur, c’est notre petite mascotte. Pourquoi un martin-pêcheur ? Parce que les martins-pêcheurs sont des oiseaux qui indiquent l’état d’un écosystème. Ce sont aussi des oiseaux très stabilisateurs qui viennent construire et qui indiquent le bien-être d’un écosystème.

Cyrille Chaudoit : Un bon baromètre.

Lou Welgryn : On aime beaucoup le martin-pêcheur pour dire qu’on essaye de contribuer à améliorer l’écosystème.

Cyrille Chaudoit : Il y a un écosystème qui, lui, ne s’améliore pas toujours grâce à la tech, c’est celui du travail. C’est donc Fabienne Billat, avec son « Patch Tech », qui va revenir sur ce sujet.

« Patch Tech » de Fabienne Billat – L’IA redéfinit le travail, mais à quel prix ?

Cyrille Chaudoit : Aujourd’hui, Fabienne, tu reviens sur l’impact de l’arrivée d’une nouvelle technologie dans le monde du travail. Peux-tu nous en dire plus ?

Fabienne Billat : Oui et on ne va pas se mentir, l’arrivée d’une nouvelle technologie suscite depuis toujours son lot d’inquiétudes. Dès le 18e siècle, l’invention d’un dispositif révolutionnaire, la navette volante, améliorant la productivité des métiers à tisser a eu pour conséquence de provoquer des révoltes, car, lorsque la tâche est répétitive elle peut être facilement automatisée.
Avec l’intelligence artificielle, 10 % des emplois en France sont d’ailleurs exposés à une automatisation totale. Mais l’usage nous apprend également que l’intelligence artificielle ne se contente plus d’automatiser. Vous sentez déjà le changement de ton dans cette phrase qui verse dans l’anthropomorphisation de la machine comme si elle était dotée de décision ?
L’IA excelle à retranscrire et semble générer des idées à partir de grands ensembles de données. Elle a l’air d’apprendre et pourtant, elle redéfinit les métiers. De nouveaux jobs surgissent directement liés à son usage. Comme cette information qui nous a frappée lorsqu’elle a été révélée en 2023 : dans le secteur des médias, des agences utilisent l’intelligence artificielle pour la rédaction d’articles en procédant ensuite à des vagues de licenciements de rédacteurs de contenus web. Le plus ironique dans l’histoire, ces mêmes rédacteurs sont désormais payés, assez mal, pour rendre à cette production automatisée des aspects plus humains. Je m’explique. L’intelligence artificielle rédigeant des formulations trop étranges ou trop enthousiastes, il faut alors revenir sur son rendement et supprimer les mots fleuris comme « donc », « néanmoins », qui ne conviennent pas à une rédaction professionnelle. L’IA générative ne détruit pas d’emplois mais juste le niveau de rémunération de ces emplois.
Cette réalité soulève de grandes questions.
Or, si tout devient homogène, comment se manifestera la valeur ajoutée ? Autre question : le risque de déqualification de l’utilisateur menace-t-il l’intelligence artificielle elle-même qui s’alimente sur la créativité humaine. In fine, elle risque de tourner en rond !

Cyrille Chaudoit : Oui, là on touche au cœur du sujet : homogénéité des compétences, diminution de la créativité. Comment les entreprises réagissent-elles face à ces risques afin de conserver, justement, ces précieuses compétences ?

Fabienne Billat : Lorsqu’on parle de compétences, 71 % des chefs d’entreprise préfèrent embaucher un candidat moins expérimenté mais qui maîtrise les compétences de base de l’intelligence artificielle, plutôt qu’un expert qui ignore tout des usages. Finalement, faire travailler des humains plutôt que l’intelligence artificielle reste rentable dans la grande majorité des secteurs. Et, selon le MIT, seuls 23 % des travailleurs pourraient être remplacés de manière rentable. Ce discours est rassurant, car si nos activités reposent sur des compétences humaines telles l’empathie, le jugement, l’esprit critique, nous serons épargnés. Mais depuis peu, et c’est assez nouveau, nous découvrons que l’intelligence artificielle s’infiltre dans des métiers nécessitant de la réflexion, c’est-à-dire ceux des cols blancs, et qu’elle pourrait contribuer à combler le déficit de compétences dans certains secteurs.
Le dernier World Trade Index annuel, publié en mai 2024, nous démontre une évolution : trois travailleurs du savoir sur quatre utilisent l’intelligence artificielle au travail, mais seulement 39 % d’entre eux ont obtenu cette formation dans leur entreprise.
Autre paramètre instructif. D’après le World Economic Forum qui rejoint les thèses de Gabrielle Halpern sur l’hybridation [15], cette info que les étudiants apprennent mieux avec l’IA qu’en cours traditionnels, ce qui signifie que les étudiants qui utilisent l’intelligence artificielle développent des compétences en pensée critique plus rapidement que ceux qui restent sur des méthodes dites classiques. La clé, c’est de savoir poser les bonnes questions, mais aussi d’interpréter les réponses. Or, les entreprises anglo-saxonnes comme Google, Skype, Apple l’ont compris. Elles recrutent, depuis quelques années, des profils incitant à la réflexion comme des philosophes et des sociologues. Le PDG de Microsoft France affirmait en outre que, dans les dix prochaines années, les profils les plus recherchés seraient les mathématiciens et les philosophes. Pourquoi ? Parce qu’à l’ère technologique, il est salutaire de questionner, de considérer les technologies elles-mêmes, la valeur du travail. Cela est si vrai qu’il est concevable que l’intelligence artificielle intégrera à l’avenir des préceptes philosophiques.

Cyrille Chaudoit : Une IA qui intégrerait des préceptes philosophiques, on peut en douter, en tout cas j’en connais quelques-uns que ça risque de faire jaser !

Fabienne Billat : Pour ne pas tirer de conclusions manichéennes, on va terminer par cette réflexion de Luc Julia : quels métiers ont été remplacés par l’IA ces dernières années ?

Cyrille Chaudoit : La réponse semble assez simple : pour le moment, du moins, il n’y en a pas.

Fabienne Billat : Voilà ! « Mais des tâches, oui ! »

Voix off : Trench Tech – Esprits critiques pour Tech Éthique.

Rétablir l’équilibre des forces

Cyrille Chaudoit : Ça, c’est ce qu’on appelle une chute !

Mick Levy : Lou, il y a des matins où, au réveil, je me prends à rêver, tu sais dans cette période un peu trouble où tu n’es pas réveillé mais un petit peu, tu reprends conscience mais pas complètement, et là je rêve d’un numérique qui ne capte pas ton attention mais qui la libère, d’un numérique qui ne t’exploite pas mais permet de t’émanciper, qui ne divise pas mais qui permet, au contraire, de rassembler, qui ne casse pas la planète, mais qui permettrait, au contraire, de la régénérer.

Cyrille Chaudoit : Mick Levy, le Martin Luther King de Trench Tech.

Mick Levy : Ça fait rêver, on est bien d’accord ! Un numérique au service du bien commun finalement. Ça semble être un rêve fou, totalement inaccessible, un truc comme ça, tu te rends compte ! Un numérique éthique, durable, inclusif ! Bon, Lou, tu milites au quotidien et tu as une action avec 6000 bénévoles pour faire ça. Quels sont les principaux sujets contre lesquels tu luttes ? D’après toi, s’il y avait une priorité, finalement, quelle serait-elle ? Pas facile, j’avoue.

Lou Welgryn : Je n’ai pas envie d’en choisir une. Je peux en dire plusieurs ?

Cyrille Chaudoit : Tu as le choix. C’est un peu comme si on te demandait de choisir entre tes enfants, c’est vrai que ce n’est pas très cool comme question.

Lou Welgryn : Je vais prendre le cas spécifique de l’intelligence artificielle, parce que c’est un peu le sujet du moment. J’aime beaucoup la définition de Kate Crawford [16], qui est la fondatrice du AI Now Institute, qui dit que l’intelligence artificielle repose sur une triple extraction : d’abord une extraction de ressources, une extraction de travail et une extraction de données.

Mick Levy : On en a parlé avec Antonio Casilli [17], il n’y a pas longtemps.

Lou Welgryn : J’explique très rapidement et après je vous dirai sur lesquelles on se concentre avec Data For Good.
Sur la partie ressources, il y a tous les impacts directs dont on parle beaucoup : l’électricité qui est le nerf, la colonne vertébrale de l’intelligence artificielle, qui est aujourd’hui très mal estimée dans le monde. L’agence internationale de l’énergie parle de 2 % de l’électricité utilisée pour les data centers.

Mick Levy : Ils disent aussi que ça pourrait doubler d’ici 2027.

Lou Welgryn : Exactement. L’enjeu, ce ne sont pas du tout les chiffres absolus, c’est vraiment la dynamique qu’est en train de prendre le secteur et aussi, au-delà de la dynamique, la question des tensions locales. Là j’ai dit 2 % à l’échelle mondiale, mais, en fait, il y a des villes, par exemple Londres, où la demande des data centers est tellement énorme qu’on ne construit plus de logements jusqu’en 2035 parce qu’on ne peut pas fournir de l’électricité aux nouveaux logements. On en est donc là déjà en Europe !

Mick Levy : Plug, baby, plug !

Cyrille Chaudoit : Il faut loger directement les gens dans des data centers, ils auront l’électricité, le chauffage d’appoint !

Mick Levy : Pas con !

Lou Welgryn : Il y a l’électricité, il y a les métaux parce que la fabrication de ces data centers requiert énormément de métaux. Il y a l’eau parce qu’on en a besoin pour le refroidissement et pour la fabrication qui requiert énormément de ressources. Bref ! Tout ça ce sont beaucoup d’impacts directs dont on parle un petit peu, mais ce n’était pas très présents pendant le Sommet de l’IA [14].
Par-dessus ça, il y a tous les effets indirects dont on ne parle vraiment pas beaucoup, c’est juste à quoi sert cette IA ? Qu’est-ce qu’elle vient nourrir, aujourd’hui, dans notre économie ? On voit qu’elle vient surtout accélérer plein de choses. Elle permet par exemple à ExxonMobil de forer beaucoup plus de pétrole ; elle permet à la Chine de générer des collections encore plus rapidement et d’accélérer encore plus la fashion qui était déjà très fast. En fait, elle vient vraiment mettre notre économie sous stéroïdes.

Mick Levy : Tu as un peu l’impression d’une espèce de fuite en avant dont l’IA est le symbole le plus prégnant dans la société ?

Lou Welgryn : En fait, pour moi, c’est une nouvelle incarnation du capitalisme qui a trouvé un nouveau cheval pour se mobiliser qu’est l’IA et qui, en fait, participe d’une espèce d’accélération, d’affairement général du monde. Mais, si tout le monde va plus vite, ça n’accélère en rien la résolution des problèmes climatiques, au contraire, ça vient vraiment les accentuer. Dans un monde où il faut ralentir, accélérer n’est vraiment pas la solution.

Cyrille Chaudoit : La machine s’emballe.

Mick Levy : Si je résume, et ne m’en veux pas, finalement la priorité ce sont les enjeux climatiques, les enjeux environnementaux.

Lou Welgryn : Je n’ai pas dit ça, parce que c’était mon premier point.
Le deuxième, justement, je trouve qu’on n’en parle pas assez. Dans cette émission, vous en avez beaucoup parlé, c’est la question du social, la question à la fois de tous les travailleurs globalement du Sud qui sont payés moins de deux dollars par jour pour venir annoter, modérer, entraîner ces algorithmes qui sont tout sauf artificiels.

Cyrille Chaudoit : Ces fameux data workers dont on a effectivement parlé.

Lou Welgryn : Les data workers dont on parle vraiment très peu, je pense que c’est fondamental de l’avoir en tête.

Cyrille Chaudoit : Il faut le répéter tout le temps.

Mick Levy : Tu as raison et Antonio [Casilli], juste pour rappeler un chiffre, nous disait que, selon lui, les estimations sont très difficiles à faire parce que c’est du travail caché, mais ce serait des centaines de milliers, peut-être même des millions de travailleurs dans ces conditions précaires à travers le monde, principalement dans le Sud global effectivement.

Lou Welgryn : J’avais entendu entre 100 millions et 400 millions.

Mick Levy : On a encore des chiffres différents, comme quoi ! Mais c’est difficile d’avoir des chiffres fiables.

Cyrille Chaudoit : Ça depend si on compte les Chinois et les Ouïghours.

Lou Welgryn : Encore une fois, ça montre la globalité du secteur.
Il y a le travail, il y a les travailleurs, mais il y a aussi comment ça vient changer notre rapport au travail. Là, dans votre capsule, vous parlez du travail que ça va remplacer, mais on n’a pas parlé de la façon dont ça modifie notre rapport au travail. Désormais, on est beaucoup plus surveillés pour être dans des démarches de productivité énorme. Un exemple : la semaine dernière, j’ai fait une réunion avec quelqu’un qui utilisait Microsoft, qui avait déjà une IA pour prendre des notes – déjà, je ne supporte pas ça –, et après, à la fin, j’ai eu la chance d’obtenir un résumé de mon échange et, en plus, une note de mon degré d’interaction pendant la conversation.

Mick Levy : Alors ? Tu t’étais impliquée ou pas ? Ou tu n’avais rien à faire de cette conversation ! Nous, nous te mettons 100. Pour l’instant, jusque-là sur l’épisode, nous te mettons 100/100. Lou, tu es hyper-impliquée avec nous, ça fait plaisir.

Lou Welgryn : Je crois que je n’ai même pas eu une très bonne note !

Cyrille Chaudoit : Ce qu’essaie de nous dire Lou, c’est que ça change aussi notre façon de travailler, notre rapport au travail et, potentiellement, notre rapport à l’autre.

Lou Welgryn : Et le rapport à nos employeurs, parce que, ensuite, ces notes-là sont consolidées auprès des personnes qui t’emploient et elles décident de ton niveau de productivité grâce à des évaluations algorithmiques qui contiennent elles-mêmes plein de biais.

Cyrille Chaudoit : En tout cas, elles peuvent l’être. Ce n’est pas dit que ce soit systématique. Je te donne un exemple : j’utilise aussi une application qui prend des notes et qui fait des comptes-rendus automatiquement, je le confesse. Je trouve ça très pratique pourquoi ?

Mick Levy : Cyrille Chaudoit, c’est peut-être une raison de divorcer !

Cyrille Chaudoit : Mick, tu m’expliqueras si tu fais des comptes-rendus, déjà que tu prépares à moitié les conducteurs !

Mick Levy : Oh ! Je les fais à la main !

Cyrille Chaudoit : Je suis désolé, il n’y a quand même pas tant que ça de compte-rendus dans l’entreprise et on a un petit problème en France : on passe notre vie en réunions ! Si, en plus, il n’y a pas de compte-rendus, que tu ne prépares pas ta réunion, tu perds du temps. Là aussi, c’est finalement la machine qui s’emballe pour pas grand-chose.
J’en viens effectivement à cette IA qui se permet de te donner une note de ton engagement. Celle que j’utilise te donne aussi une note d’inclusivité ou d’inclusion : as-tu eu un langage plus ou moins inclusif, etc. ? En tout cas, ça vient modifier notre façon de travailler, on est bien d’accord là-dessus.
Justement Lou, la question, non plus la question qui tue, mais la question sociale et travail : où sont les syndicats, en ce moment, sur le sujet ? On a abordé les points qu’on vient d’évoquer avec un sociologue qui s’appelle Yann Ferguson [18], que tu connais très certainement, qui travaille à l’Inria. Que font les syndicats aujourd’hui ? Comment se positionnent-ils ? Je ne vois pas passer beaucoup de choses.

Lou Welgryn : J’avoue que je ne suis pas ultra au courant, je ne voudrais pas dire des choses fausses. En tout cas, je pense que les syndicats sont un levier incroyable de négociation, de poids et de transformation. La plupart des avancées sociales qu’on a aujourd’hui en France et dans le monde sont énormément liées au travail de défense des droits des syndicats par le passé, d’ailleurs les syndicats font peur aux employeurs. C’est raconté dans le documentaire de Casilli [17] : typiquement, les travailleurs du clic n’ont pas le droit de se syndiquer parce que les employeurs ont peur que les gens revendiquent leurs droits et puissent se défendre. Les syndicats c’est donc un levier d’action énorme et j’ai l’impression qu’ils ne sont pas du tout assez développés dans le monde de la tech parce que, finalement, ce n’est pas un secteur qui a eu beaucoup besoin de protéger ses droits par le passé, pourtant je pense que c’est vraiment crucial et urgent de se rassembler, encore une fois collectivement, pour défendre des mesures.

Cyrille Chaudoit : Se rassembler, mais si ce ne sont pas les organes « rassembleurs », entre guillemets, d’hier qui créent l’input, on fait comment ? Nous essayons de rassembler une audience pour faire passer des clés de lecture, etc., vous rassemblez des bénévoles et compagnie, mais on va reproduire les mêmes schémas que pour l’environnement auxquels tu faisais référence tout à l’heure. On essaie, nous sommes plusieurs à essayer de mener notre petite barque et faire des trucs, mais s’il n’y a pas, à un moment donné, des grandes puissances qui viennent coordonner le tout, syndicats ou pas syndicats, je suis pas forcément pro-syndicats. Ce que je veux dire par là c’est : à qui cela appartient-il de venir rassembler ? Est-ce qu’il faut des grandes figures, par exemple Jancovici sur l’environnement pour, à un moment donné, attirer la lumière suffisamment fort ? Que faut-il au juste ?

Lou Welgryn : Je ne pense pas avoir la réponse magique. Je pense que ce qui compte c’est d’avoir plein de modes de lutte différents. Il n’y a pas une manière de lutter, il y en a plein, elles se nourrissent les unes des autres et elles s’alimentent.
Je pense qu’il faut se syndiquer. En France, on a peur des syndicats, il faut se syndiquer.
Si on travaille dans la tech et qu’il n’y a pas beaucoup de personnes dans son syndicat, il faut commencer à écrire, rassembler des gens autour de soi pour qu’ils participent à cette lutte.
Si on prend l’exemple du climat et des syndicats sur le climat, ça marche dans les deux sens. Les grands syndicats qui existent déjà depuis longtemps, qui sont en train eux-mêmes d’intégrer la question de l’environnement de manière beaucoup plus forte qu’avant à l’intérieur et, en parallèle, il y a des petits syndicats qui se montent, comme Printemps écologique, qui viennent porter, parce qu’ils viennent plutôt du monde du climat, dans le monde du syndicat. En fait, ces deux modes d’action se nourrissent entre eux. Du coup, je pense qu’il faut faire la même chose. Et bien sûr qu’on a aussi besoin d’experts sur les sujets de la tech qui prennent la parole de manière très forte et très locale pour dénoncer toutes les dérives qui existent actuellement. Je ne dis pas qu’il nous faut un équivalent de Jean-Marc Jancovici dans la tech.
En tout cas, c’est aussi un peu le positionnement qu’on essaye d’avoir avec Data For Good [1], c’est-à-dire qu’en tant qu’experts de la technologie, c’est crucial que nous nous positionnions pour dénoncer les dérives et qu’on vulgarise le sujet. Je pense que sur la tech il y a aussi ce point très important qui est que ça a l’air d’être une énorme boîte noire. Plein de gens ont l’impression qu’ils ne comprennent pas et, du coup, ils n’arrivent pas à s’emparer du sujet. Fondamentalement il y a un sujet : il faut vulgariser, il faut expliquer que ça nous concerne tous, qu’on est tous victimes de ces algorithmes. Je prends un exemple en France : 15 associations sont en train de mener une action contre l’algorithme de la CAF, parce que ça fait plusieurs années que cet algorithme a un modèle de scoring, d’évaluation du risque de fraude des personnes qui reçoivent ces aides, qui fait que quand on est une femme, mère dans une famille monoparentale, quand on touche le RSA, quand on est handicapé, on a plus de chances d’être considéré comme un fraudeur que d’autres, alors qu’on est déjà précaire et c’est faux de penser que ces personnes fraudent plus que les autres, ce sont les réalités statistiques. En parallèle, j’aimerais bien qu’on me montre où est l’algorithme qui aide les gens à toucher le RSA : je crois que 35 % de personnes devraient le toucher et ne l’ont pas. Où est cet algorithme ? Personne ne l’a construit bizarrement !

Cyrille Chaudoit : Je crois qu’Elon Musk est sur le coup !

Mick Levy : On voit bien, Lou, que ton action c’est de chercher à rétablir l’équilibre des forces face à ces Big Tech oligopolistiques qui prennent un pouvoir gigantesque, on le voit encore plus aux États-Unis où ça devient un pouvoir politique, géopolitique, etc. L’équilibre des forces vis-à-vis de à quoi sert le numérique, il est mal utilisé à la CAF, par contre on pourrait mieux l’utiliser ailleurs, etc.
Est-ce que vous arrivez à le faire aussi d’un point de vue technologique ? Sur les projets que vous utilisez, est-ce que vous arrivez à utiliser une technologie uniquement open source ou à ne pas faire appel à ces technologies des Big Tech qui sont omniprésentes dans notre environnement technologique, chez les développeurs. Comment vous y prenez-vous ? Est-ce qu’on peut être cohérent jusqu’au bout avec ça aussi ou est-ce que c’est trop difficile ?

Lou Welgryn : Déjà, c’est très difficile. Nous essayons vraiment humblement, à notre échelle, de le faire, nous ne sommes pas du tout parfaits.
Déjà, l’intégralité de ce qu’on produit est en open source, sauf dans les cas où ça met en danger la sécurité du projet de le faire, ça existe. Par exemple, quand on travaille sur des outils pour aider des associations comme Utopia 56, la Croix-Rouge, à faire des maraudes, on n’a pas envie que ces outils soient accessibles à tous, parce que s’ils tombent dans les mains de l’extrême droite, on n’est pas très bien.

Cyrille Chaudoit : Comme beaucoup d’autres outils d’ailleurs.

Lou Welgryn : Voilà un exemple.
L’idée c’est de faire des outils globalement open source pour que toutes les associations qui se retrouvent avec des problématiques similaires puissent repartir du travail qu’on a fait, s’en servir et gagner du temps.
Ensuite, on héberge tout ce qu’on fait. On a une super équipe de bénévoles, une équipe technologique en interne, ce qui fait qu’on a créé une infra où on héberge nous-mêmes, sur le cloud français, tout ce qu’on produit.
Après, bien sûr qu’on utilise encore des outils des Big Tech. Par exemple, on utilise GitHub qui appartient à Microsoft.

Mick Levy : GitHub était un référentiel hyper-utilisé par tous les développeurs, dans le monde entier, pour permettre de travailler de façon collaborative sur du code informatique. Vous pourrez m’appeler Le petit Larousse ! Encore une fois, je suis là pour ça, c’est mon job dans le podcast.

Cyrille Chaudoit : Une plateforme à la Hugging Face pour ceux qui ont suivi les déclarations de Giada Pistilli [19] et de Sasha Luccioni [6].

Mick Levy : Spécialistes dans le domaine de l’IA.

Lou Welgryn : Une plateforme qui permet de collaborer et qui est vraiment géniale quand on travaille sur des projets à large échelle avec les développeurs du monde entier.

Mick Levy : C’est un passage obligé aujourd’hui.

Lou Welgryn : On a encore GitHub, on a encore notre communauté sur Slack. Par contre, on commence à s’émanciper vraiment au fur et à mesure. Par exemple, à la place de Airtable, un outil de gestion de base de données, on utilise MongoDB ; à la place de Notion, on utilise Outline.

Mick Levy : D’accord. En fait, vous cherchez à chaque fois des alternatives open source à des grands logiciels qui sont répandus.

Cyrille Chaudoit : Je veux bien qu’elle termine la liste parce que ça peut justement inspirer nos auditeurs.

Lou Welgryn : Je voulais dire les noms parce que je pense que plein de gens les cherchent. Par exemple à la place de Figma, un outil pour faire du design, on essaye d’utiliser de plus en plus Penpot ; à la place de Notion, on utilise Outline qui est vraiment bien, honnêtement. Donc, progressivement, on s’émancipe de plus en plus.

Mick Levy : Si vous avez fait un petit dossier des alternatives, on le mettra en lien. Qui vous héberge du coup ?

Cyrille Chaudoit : Qui est le clouder français ?

Lou Welgryn : On utilise Scaleway et Clever Cloud.

Cyrille Chaudoit : Qui sont des Nantais à la base. On les salue, Quentin Adam et autres.
Très intéressant, oui, c’est bien. Si on a une liste de vos outils on peut la partager.

Mick Levy : Bien sûr.
Lou, j’ai dit cette phrase en introduction, en te qualifiant aussi de pirate, cette phrase qui revient, que nous a soufflé un invité, Olivier Alexandre tout récemment : on est plus nombreux qu’on le pense, on est plus nombreux qu’on le pense à vouloir proposer un nouvel équilibre des forces vis-à-vis des Big Tech. Est-ce que tu penses que c’est finalement ça la solution : arriver à fédérer des personnes ? Comment vous y prenez-vous ? Quelle est la formule magique pour avoir déjà réuni 6000 personnes, peut-être demain 60 000 ou 600 000 ou six millions, je ne sais pas quel est objectif qui est dans ta tête et dans les équipes de Data For Good [1] ?

Lou Welgryn : Je pense qu’on l’a un peu dit tout au long de cette conversation. C’est hyper-important de se rassembler. Je pense que se rassembler c’est aussi ce qui permet le passage à l’action. Quand on est tout seul, qu’on prend conscience du climat, de ce qui se passe dans le monde de la technologie, de plein de problèmes qui sont en train d’émerger en ce moment, on peut se sentir vraiment écrasé, tout petit, et c’est très difficile de se mettre en action tout seul, c’est même impossible de se dire qu’on va résoudre tout seul tous les problèmes qui existent. Le fait de rejoindre des communautés, et c’est un peu ça qu’on essaye de proposer avec Data For Good, ça aide à orienter son action vers des leviers d’action qui sont concrets, qui sont tangibles, qui fonctionnent et c’est vraiment ça qu’on essaye de faire avec Data For Good. On ne va pas juste rester dans les idées, on va essayer de produire des choses toujours en partenariat, main dans la main avec des associations qui sont expertes de leur sujet, qui œuvrent sur le terrain, pour ne pas faire des espèces de produits complètement hors-sol, où tu utilises la dernière technologie du moment, mais qui ne répond à aucun besoin et personne ne s’en sert.

Mick Levy : Qui sert juste à cliquer sur les pubs, par exemple, peut-être même pire des fois ! C’est clair.

Cyrille Chaudoit : En tout cas, l’appel est lancé. Vous pouvez rejoindre la communauté de Data For Good sur le site dataforgood.fr. Vous cherchez des UX designers, des project managers, des data scientists, etc., tout le monde peut y aller.

Mick Levy : Il y a de quoi faire, forcément.
Lou, un grand merci d’abord pour ton action et pour toute l’action que vous menez chez Data For Good avec toute l’équipe. Un grand merci aussi pour l’heure qu’on a passée ensemble, c’était vraiment passionnant.

Cyrille Chaudoit : Oui, merci et un merci aussi à Théo [Alves Da Costa] qui devait être avec nous et qu’on salue.

Lou Welgryn : Merci à vous.

Mick Levy : Pour vous qui nous écoutez, restez bien avec nous pour les quelques dernières minutes. On fait un debrief juste entre vous et nous, Cyrille et moi, de cet épisode.
À très bientôt Lou. Au revoir.

Lou Welgryn : Au revoir.

Cyrille Chaudoit : Salut Lou.

Voix off : Trench Tech – Esprits critiques pour Tech Éthique.

Debrief

Mick Levy : Waouh ! On a encore passé un chouette épisode. Cyrille, on se le dit, on apprend plein de choses. On a des invités passionnants et, en plus, on arrive à faire ça dans une super humeur. J’adore ça, je m’éclate.

Cyrille Chaudoit : Pas moi !

Mick Levy : OK ! Tant pis pour toi !

Cyrille Chaudoit : C’est mieux quand ça se passe comme ça, on est d’accord !

Mick Levy : C’est génial.

Cyrille Chaudoit : Qu’est-ce que tu retiens de cet épisode dans la bonne humeur ?

Mick Levy : Ce que je me dis c’est que Lou avait effectivement inventé la bonne recette pour remettre cet équilibre des forces, arriver à fédérer plein de monde, arriver à fédérer des initiatives, des gens, qui ont envie de mettre effectivement leurs compétences au service du bien commun, au service de l’intérêt général. Finalement, c’est peut-être ça la solution !

Cyrille Chaudoit : Lou te dirait que ce n’est pas elle qui l’a inventée, il faut quand même remettre la mairie au centre du village pour ne froisser personne, ce n’est pas elle qui l’a inventée, mais elle y contribue depuis un certain nombre d’années.
On ne peut qu’être d’accord, Mick, qu’il faut se fédérer, qu’il faut se serrer les coudes, qu’il faut se rassembler puisque, manifestement, c’est à nous de faire le boulot, c’est à nous, citoyens, société civile, de prendre les choses en main et heureusement qu’il y a des associations comme Data For Good.

Mick Levy : Ou comme Trench Tech qui n’est pas une association, mais je pense qu’on se revendique du même élan, finalement.
Six mille personnes, c’est quand même pas mal, une petite armée. Je pense que ce n’est rien du tout, je ne sais pas combien de dizaines de milliers, voire centaines de milliers de personnes rien que chez Google, mais bon, déjà 6000 personnes, on peut peser, on peut faire des choses très concrètes comme elle l’a montré.

Cyrille Chaudoit : Et puis, ils mettent leur énergie au service d’une seule « entreprise », entre guillemets, là où les 6000 bénévoles mettent leur énergie et leur talent au service de nombreuses entités, encore une fois, des ONG, des entreprises de l’ESS, etc., c’est hyper-intéressant.
Après, et on ne peut pas le reprocher à Lou, elle n’a pas la réponse. La difficulté c’est encore de savoir comment réussir à fédérer plus de volontés, plus d’énergies, sans que ce soit une déperdition comme celle à laquelle on a assisté, depuis des décennies, concernant le combat contre le réchauffement climatique, des initiatives, des associations ici, des ONG là, etc., et on s’est un petit peu fait duper et elle nous le rappelle, pour le coup, par le « chacun doit se responsabiliser ». On a tous été les premiers à faire les petits gestes du quotidien, etc., pendant que les entreprises continuaient à ne faire quasiment aucun effort, voire allaient à contresens et on ne va pas pouvoir se le permettre avec le numérique.

Mick Levy : C’est clair. Data For Good n’a peut-être pas la solution, en tout cas ils se mettent dans l’action et on le voit, ça ne manque pas d’activité, ça ne manque pas d’actualité, quand on voit la diversité des projets dont elle nous a parlé, tant d’un point de vue technologique, que d’un point de vue des moyens d’action, que d’un point de vue des actions qu’ils cherchent à mener, c’est un truc de fou. C’est incroyable !

Cyrille Chaudoit : Ce que je retiens et qui est hyper-intéressant avec cet épisode, c’est que les gens ont besoin aussi de concret. Avec Trench Tech, dans les échanges avec nos invités, on est souvent dans le concret, en tout cas on peut donner des exemples et j’espère que c’est inspirant. Là on est dans du très pragmatique et du terrain. Elle nous a donné des use cases, le truc qui nous est demandé en général quand on est en entreprise, qu’on est en conférence. Là on a du vrai use case, c’est très précis et ça devrait vous inspirer et tu as eu, je pense, le bon mot, c’est-à-dire « se mettre en action ». Comment se mettre en action ? Il y a des initiatives. Déjà commencez par écouter Trench Tech et ensuite rejoignez la communauté de Data For Good.

Mick Levy : Et voilà plus ou moins 60 minutes viennent de s’écouler et peut-être que vous êtes maintenant motivés pour rejoindre les pirates de Data For Good.
On espère que cet épisode vous a plu. Si c’est le cas levez votre pouce sur YouTube, mettez-nous un avis cinq étoiles sur Apple Podcasts ou sur Spotify, c’est ce qui va nous aider à véhiculer cet esprit critique pour une tech éthique. Car, comme le disait Gustave Le Bon : « Qui connaît l’art d’impressionner l’imagination des foules, connaît aussi l’art de les gouverner. »

Voix off : Trench Tech – Esprits critiques pour Tech Éthique.