Bookynette : Nous allons vous parler de différents podcasts qui sont animés par les gens qui sont derrière moi. Est-ce qu’il y a des gens, dans la salle, qui écoutent des podcasts ? Je vais faire comme la présidente de tout à l’heure : un, deux, trois…
J’ai la chance incroyable d’être entourée par quatre personnes. Je vais commencer par ma gauche, parce que j’aime bien commencer par la gauche, par Walid, qui fait le podcast Projets Libres ! [1] ;
toujours à ma gauche, Isabella qui fait le podcast qui est aussi une émission de radio qui s’appelle Libre à vous ! [2] qui passe sur Cause Commune ;
de l’autre côté qui est derrière, vraiment derrière, Cédrix qui lui n’en fait pas un, qui n’en fait pas deux, qui en fait trois et peut-être trois et demi : Librement Linux [3], Burger Tech [4] et S Informer Sur La Tech [5], et là tout de suite, vu les noms, on comprend que ça va être hyper-technique par là ;
et puis Benjamin Bellamy, que j’avais rencontré lorsqu’il m’avait interviewé pour son podcast RdGP, une sorte d’acronyme de RGPD [Règlement général sur la protection des données], mais, en fait, ça veut dire Rien de Grave Patron ! [6] , je trouve que c’est hyper drôle comme nom de podcast, voilà je l’ai dit.
Lequel ou laquelle veut parler en premier ? Lequel ou laquelle voulez-vous entendre en premier ? Isabella. On va laisser passer les femmes.
Isabella Vanni : Je vais présenter le podcast de Libre à vous !, je montre nos t-shirts, qui, comme un Bookynette a dit, avant d’être un podcast est une émission de radio dont les podcasts et la transcription sont disponibles quelques jours après le direct.
C’est une émission qui est diffusée en direct chaque mardi après-midi de 15 heures 30 à 17 heures sur la radio Cause Commune, qui émet sur la bande FM en Île-de-France et aussi sur Internet.
Le but de l’émission, l’ambition de l’émission, c’est de raconter les libertés informatiques, de donner des informations et des moyens d’action à un public le plus large possible. C’est-à-dire qu’on ne veut pas parler seulement aux geeks, aux personnes déjà convaincues, mais aussi aux personnes qui ne connaissent pas forcément les sujets, tout simplement parce que c’est la mission de l’April, l’association pour laquelle je travaille, qui produit cette émission. L’une de nos missions principales c’est justement de sensibiliser aux logiciels libres auprès du plus grand nombre et c’est pour cette raison que l’émission doit être aussi accessible ; on essaye d’expliquer les termes un peu compliqués, etc., pour vraiment réussir à toucher tout le monde.
Et qui raconte les libertés informatiques ? Ce n’est pas l’équipe d’animation dont je fais partie, ce sont les personnes que nous invitons. Pour chaque épisode, on a un sujet principal qui dure à peu près une heure, avec deux/trois personnes intervenantes, on a deux chroniques et on a aussi des pauses musicales exclusivement sous licence libre, c’est notre choix éditorial même si la radio paye une redevance, on pourrait faire un autre choix, mais c’est notre choix de promouvoir le logiciel libre et la culture libre en général. On parle aussi de l’actualité du Libre, il y a donc une partie annonces.
De quoi les personnes que nous invitons parlent-elles ? Elles nous parlent de leurs projets, de leurs pratiques, des valeurs qui les animent.
Elles parlent aussi de choses très importantes. Je disais que l’April promeut et défend le logiciel libre, promeut et sensibilise aux logiciels libres. L’autre axe très important de l’April, c’est le plaidoyer politique. En gros, on veille à ce qu’il n’y ait pas des lois ou des décisions prises qui aillent à l’encontre du logiciel libre, et c’est une partie qui n’est pas hyper simple à expliquer au grand public. Du coup, l’émission Libre à vous ! devient aussi, pour nous, un moyen pour essayer de rendre un peu plus compréhensible, avec des échanges et des explications, en quoi consiste ce travail qui est pour nous très important.
Il n’y a pas que l’équipe salariée de l’April qui fait l’émission. On prépare, on anime et on s’occupe de la communication, mais après, tout ce qui est chroniques, traitement des podcasts, régie, voix sous les jingles, maintien de la base de données de musiques, transcriptions, etc., tout cela ce sont des bénévoles et, sans toutes ces personnes, on ne pourrait pas faire l’émission, donc j’en profite pour les remercier.
Bookynette : Merci Isa. Je rappelle à nos participants de faire concis, rappelez-vous que vous êtes quatre, on n’a que 55 minutes. Benjamin.
Benjamin Bellamy : Bonjour. Je m’appelle Benjamin.[Benjamin fait mine de s’en aller, NdT].
J’anime un podcast qui s’appelle RdGP, je vais vous raconter toute l’histoire de la naissance de ce podcast. Un jour, j’ai eu une question sur le RGPD, j’ai donc appelé la personne que je connais qui, à mon avis, connaît le mieux le RGPD, Aeris, peut-être que vous en avez entendu parler, que vous le connaissez. Je lui lui ai posé ma question et, à la fin, je lui ai demandé « tu ne voudrais pas faire un podcast sur le RGPD ? ». Il m’a dit « oui », et voilà, on a fait un podcast.
Tout ça pour dire que faire un podcast ce n’est pas très compliqué, il suffit d’un petit micro, un téléphone, un machin, et puis une bonne plateforme d’hébergement. Je vous recommande celle que je développe, qui s’appelle Castopod [7], qui est open source, libre et gratuite, bien évidemment.
RdGP parle de libertés individuelles, de droits numériques, tous ces enjeux qui sont super importants, mis on essaye d’étendre le débat dès qu’on peut. On a des invités, il y en a quelques-uns dans la salle. On s’invite un peu tous mutuellement, parce qu’il y a quand même beaucoup de sujets qui nous meuvent tous. À côté de ça, il m’arrive d’être invité une fois par mois dans l’émission Libre à vous ! pour une chronique. On m’a demandé de faire court aussi pour le titre, j’ai donc appelé ma chronique « Le truc que presque personne n’a vraiment compris mais qui nous concerne toutes et tous » et je pense que ça veut bien dire ce que ça veut dire. Voilà. Qui veut continuer ? rdgp.fr et RdGP sur Mastodon.
Bookynette : Walid, tu nous présentes Projets libres !.
Walid Nouh : Bonjour à toutes et à tous. Walid. Je fais un podcast qui s’appelle Projets libres ! dont le but est de parler de sujets on va dire plutôt à visée professionnelle autour des modèles économiques, de la gouvernance, etc., inviter les gens qui travaillent dans ces projets, qui travaillent sur ces sujets et parler de cela. Ça peut être parfois assez technique, ça dépend.
Je fais des formats d’environ une heure. Ça a varié en termes de temps, on est passé de une à deux fois par mois, là je suis revenu plutôt à une fois par mois, on en reparlera après. C’est hébergé par Castopod, c’est disponible sur toutes les plateformes et je suis aussi disponible sur le fediverse [8] à travers Mastodon, ma plate-forme Castopod est aussi mon WordPress.
Cédrix : Il ne reste plus que moi. Bonjour, je m’appelle Cédrix. J’ai commencé l’aventure podcasting avec un pote parce qu’on voulait parler de tech, on voulait échanger sur la tech, mais on voulait se marrer sur la tech, donc faire un podcast entre le comique et le sérieux. Ça s’est appelé Burger Tech parce que je voulais qu’on l’écoute pendant l’heure du burger. Étant passionné de Libre, faisant du Libre à peu près tous les jours, je me suis dit « il va falloir que je développe aussi cette partie-là ». Je l’ai un petit peu fait dans Burger Tech, on tapait pas mal sur les GAFAM, on se moquait d’eux, on se moquait des nouvelles technologies alors que nous sommes passionnés par les nouvelles technologies – il y a parfois des choses absurdes –, mais je voulais faire un truc un peu plus sérieux et j’ai donc créé S Informer Sur La Tech, pas que je voulais parler de toute la tech en général, mais simplement de mes découvertes, essayer de passer un savoir, essayer de passer ma passion et mes connaissances. Sur ce podcast, j’essaye de dire ce que je fais au quotidien ou ce que je fais le week-end quand je m’ennuie. Là-dessus, j’ai été contacté par deux autres personnes pour parler de Linux de manière générale. Les deux autres personnes sont un youtubeur, on va l’appeler comme ça, Steve qui veut faire du jeu sous Linux et qui voulait être avec des gens un peu plus sérieux pour parler de Linux et puis une autre qui tient un blog, je crois que vous le connaissez tous, et je viens de perdre son nom [Numétopia] [9], celui qui tient ce blog s’appelle Le Tux Masqué. Il voulait faire un podcast dont le sujet serait d’échanger sur nos pratiques du Libre, on a donc lancé le podcast Librement Linux.
J’ai donc trois podcasts à mon actif. Je suis plutôt sur la partie technique et j’échange volontiers avec mes camarades et je parle de ma passion dans S Informer Sur La Tech.
Bookynette : La question suivante, qu’on avait préparée, c’est : comment trouvez-vous vos sujets et/ou vos invités, puisque je sais qu’il y en a qui ont des invités et d’autres pas. Je commence par toi.
Cédrix : Je vais commencer par la fin, donc par Librement Linux.
Nous sommes trois compères, le format est d’une heure et une heure ça passe très vite, surtout que nous sommes bavards, que nous essayons de rigoler ensemble. Il faut trouver quelques sujets, éviter de parler de dix sujets à la fois en une heure. On essaye donc de trouver des sujets en épluchant un petit peu à droite à gauche les news qu’on peut trouver sur les sites, mais ça peut être également notre inspiration : dans la semaine j’ai rencontré telle ou telle problématique, j’ai trouvé telle solution, dans le podcast je vais parler de cette solution. Par exemple, un jour j’ai découvert la virtualisation à la maison avec Proxmox, j’ai parlé de la virtualisation avec Proxmox [10] dans le podcast.
C’est donc essayer de partager ce qu’on fait au quotidien, sans chercher à aller bien loin, et puis vraiment dire ce qu’on a sur le cœur. Après on épluche deux/trois news, ça donne un petit peu des compléments, ça permet de meubler le podcast en entier.
Burger Tech, c’est l’apologie de ce que je viens de dire précédemment : on essaye de prendre un maximum de news et on les passe en un minimum de temps. On essaye de traiter une news à peu près toutes les deux minutes en s’envoyant des vannes au milieu. Par contre, c’est très compliqué aujourd’hui concernant les infos de news techniques, technologiques, qui traitent de la technique. Il y a une espèce de déchets de news entre les pubs pour les smartphones, les consoles de jeux et les machins, tout compte fait, on retient très peu de contenu, j’en ai même fait une overdose au bout d’un moment, le podcast est d’ailleurs en pause depuis deux mois, on va dire que j’ai fait un burn-out de news.
Et, pour S Informer Sur La Tech, vous l’avez compris, c’est au gré de mes humeurs, au gré de ce que je fais, au gré de ce que je rencontre. Actuellement je suis très orienté sur la domotique, je parle énormément de domotique et de solutions autour de la domotique évidemment orientées open source, pas de solutions propriétaires.
Bookynette : Walid.
Walid Nouh : Pour moi, il y a d’abord une chose qui s’appelle une ligne éditoriale, il y a donc des sujets que je traite, d’autres que je ne traite pas, typiquement tout ce qui va tourner autour des libertés informatiques, etc. Dans ce cas-là, c’est plutôt chez mon collègue qui est là [Walid se tourne vers Benjamin Bellamy, NdT] et, si jamais un sujet est intéressant, je lui en parlerai d’abord.
Je traite d’abord, bien entendu, les sujets qui m’intéressent. On va trouver des sujets autour du fediverse, autour des ERP [Enterprise Resource Planning], pas mal de sujets différents, des sujets que je rencontre au quotidien ou qui m’intéressent.
Et comment je trouve les invités ? Principalement dans les conférences. Je regarde énormément de conférences, les replays des conférences ici, du FOSDEM [Free and open source software developers’ European meeting], du Capitole du Libre, aussi pas mal de choses qui sont partagées sur Mastodon, je regarde tout ça, je discute avec pas mal de gens, et après je regarde ce je peux apporter en interviewant quelqu’un, à partir de là. Ça peut être aussi, parfois, des gens qui me contactent ou des gens qui vont répondre à un épisode et je vais leur dire « c’est super, tu étais un peu plus loin dans ma liste, viens on va faire un épisode. »
Ce sont des épisodes d’à peu près une heure. Le temps de trouver les gens, de regarder les vidéos, etc., ça peut monter. Pour donner un exemple, pour l’épisode Open Food Facts [11] j’ai regardé à peu près six heures de vidéos pour avoir une idée claire de ce dont je voulais parler, etc. Il y en a pour lesquels c’est moins, il y en a qui sont des conférences auxquelles je suis donc ça me donne une idée, mais c’est un travail assez constant et c’est le plus intéressant de tout le podcast.
Benjamin Bellamy : Pour nous, ce n’est pas dur de trouver des intervenants, un pote nous les envoie, il est là [Benjamin pointe du doigt Walid, NdT].
Plus sérieusement, le podcast s’appelle RdGP, on a donc commencé à parler de RGPD. On a d’ailleurs deux types d’épisodes : des épisodes qui sont vraiment didactiques, pédagogiques où il n’y a que Aeris et moi. On essaye d’expliquer, de reprendre l’historique, comment ça fonctionne, donner des clés ; et puis parfois des invités où on laisse là vraiment la parole aux gens pour savoir ce qu’ils ont envie de dire. Malheureusement, aujourd’hui, il y a beaucoup de sujets sur les libertés numériques, il y a aussi beaucoup de choses qui nous hérissent le poil, c’est assez facile de trouver des gens qui ont envie de parler de ces thématiques-là.
Comme pour Walid, ça peut se trouver ici, dans des conférences. Si vous avez envie qu’on porte votre voix, n’hésitez pas à venir me voir. Après, c’est quand même aussi beaucoup par réseautage, des gens qu’on connaît, des gens qu’on aime bien, des gens qu’on aime moins bien mais à qui on donne la parole, et puis des gens qu’on aime vraiment beaucoup et on est même capable d’enregistrer, par exemple, dans la remise d’une librairie [A Livr’Ouvert de Bookynette, NdT], c’est vous dire si on les aime !
Walid Nouh : J’ai oublié de dire un truc très important. Si, par hasard, vous faites des podcasts et que vous voulez contacter des gens, contactez les gens en direct. Ne passez pas par quelqu’un qui connaît « je suis dans la communauté, je vais relayer ton truc ». Si vous voulez gagner du temps, vous repérez les gens et vous les contactez en direct, vous aurez tout de suite les réponses, sinon ça peut passer dans les limbes et vous n’aurez jamais de réponse.
Benjamin Bellamy : Tout ce processus prend du temps : trouver les gens, trouver un angle – Walid parlait de ligne éditoriale –, c’est compliqué.
Isabella Vanni : Trouver les sujets. Je recoupe un peu avec ce que les personnes autour de moi ont déjà dit : conférences, personnes qu’on rencontre sur les événements, etc. J’aime bien dire que ce n’est pas nous qui cherchons les sujets, ce sont les sujets qui viennent à nous, par nos intérêts personnels, par l’actu, par des gens qui suggèrent des sujets. Notre émission de radio et podcast est très contributive, le but c’est vraiment de faire participer un maximum de personnes, si des sujets vous intéressent, n’hésitez pas à nous les indiquer.
L’actu est aussi très importante pour l’aspect plaidoyer politique dont je vous ai parlé tout à l’heure. Par exemple, la loi de finances 2025 mettait en danger, met encore en danger les logiciels libres de caisse, d’encaissement, mon collègue Étienne Gonnu, chargé d’affaires publiques, a donc fait une émission [12] là-dessus.
J’ai fait mon « marché », entre guillemets, au Capitole du Libre en novembre dernier. J’étais sur le stand, en réalité, ce sont les gens, les produits qui sont venus à moi. Des personnes sont venues me dire « j’aimerais parler de mon projet », il s’agissait de la série documentaire Share Alike [13], sur les licences libres et la création en licence libre. J’ai dit « génial », je suis plus sur l’axe sensibilisation/promotion du logiciel libre, je suis ravie de faire une émission. Une autre personne est venue « je voudrais parler des pratiques du Libre dans les fablabs [14] », super, encore un sujet que je peux animer. Parfois ça arrive comme ça. Et puis, on a un format de sujet dont je voudrais parler, ce sont les Parcours libristes [15], et là c’est encore plus facile ! Comme disaient mes collègues, je ne sais pas comment vous appeler, camarades, on connaît des personnes qui nous plaisent, qui nous intéressent, on trouve leur parcours formidable, on les invite et là c’est facile. Le sujet c’est leur vie personnelle, professionnelle, leur passion, c’est la chose la plus simple à préparer et on essaie d’inviter un maximum de femmes parce qu’on veut mettre les femmes libristes en valeur.
Bookynette : J’en profite pour faire un clin d’œil discret à quelqu’un pour le prochain Parcours libriste.
Je propose à chacun de me donner une difficulté que vous rencontrez régulièrement, une difficulté. Rappelez-vous que nous sommes cinq, il y a 55 minutes et j’ai encore plein de questions, donc une difficulté. Et comme on a rempli un pad, vous êtes censé connaître les difficultés des autres, donc soyez réactifs.
Cédrix : Je vais commencer.
Vous avez vu que j’ai trois formats de podcast avec trois fonctionnements différents, un podcast où nous sommes trois personnes, donc le plus dur, pour les trois personnes, c’est de préparer l’émission. L’émission dure une heure et, entre le debrief et la préparation de la suivante, on en a pour trois heures au total, donc ça fait deux jours ou trois jours où on s’occupe tous les soirs. C’est énorme, ça prend beaucoup de temps, pas de place à l’improvisation parce qu’on prépare les sujets. Une des difficultés qu’on rencontre, c’est avoir le temps.
À l’inverse, je vous ai dit que Burger Tech c’est de la lecture de news. Avec mon camarade, on lit chacun les news de son côté, on sélectionne les news et, le soir, on appuie sur le bouton « enregistrer » et on ne connaît même pas les news de son collègue. C’est magnifique parce que parfois on tombe sur les mêmes, parfois « ah tiens, tu as vu ça ? Pas moi », on a une lecture différente, etc. J’ai envie de dire que c’est du bonheur, c’est comme si on appelait un pote « au fait, tu as vu cette news ? Qu’est-ce tu en penses ? », c’est exactement ça. Là, c’est plus cool, c’est plus reposant.
Pour le podcast où je suis tout seul, la difficulté c’est qu’on est tout seul, tout compte fait ! Et si on se loupe, quand on cherche ses mots, etc., il n’y a pas de relance en face, il faut qu’on se dépatouille tout seul et, parfois, c’est un peu compliqué.
Voilà, j’ai vécu les trois formats.
Benjamin Bellamy : Ça rejoint un peu ce que vient dire Cédrix. Nous enregistrons exclusivement en présentiel, c’est-à-dire avec les gens en face, c’est un choix. J’ai trop souffert de la visio pendant le Covid, j’ai donc envie de voir les gens, ça veut donc dire qu’il faut être au même endroit, au même moment, dans la même ville. Je viens de Paris, mais le Libre et ces problématiques-là ne concernent pas que Paris, bizarrement, ça peut être très compliqué de trouver un endroit. Après, en une heure c’est fait, on va très vite, on fait très peu de montage. Une fois qu’on est tous les trois dans la même pièce ça se passe plutôt bien, mais parfois ça peut prendre six mois.
Isabella Vanni : Nous faisons une émission en direct, mais il nous arrive ponctuellement de pré-enregistrer un sujet parce que, par exemple, les personnes invitées ne sont jamais disponibles le mardi après-midi, on le fait dans les conditions du direct. Conditions du direct, ça veut dire que l’animation doit faire hyper-gaffe au timing et même avec plusieurs années d’expérience, il nous arrive encore de conclure l’émission hyper rapidement parce que le générique est déjà parti. Encore pire, la distribution de la parole quand on a trois personnes qui interviennent à distance, parce que, là, on ne se voit même pas. Donc, en gros, notre difficulté c’est le direct. Je conçois que ce soit difficile à comprendre pour un podcast, mais il faut réfléchir au fait que le podcast dérive vraiment de l’émission qui, elle, est diffusée en direct.
J’avais préparé deux difficultés, mais je ne peux pas dire la deuxième !
Walid Nouh : Je ne vais pas parler des mêmes difficultés parce qu’on les a tous de manière différente. Ma difficulté c’est, quand tu es podcasteur, d’être pris entre deux feux.
Le premier. Quand on produit un contenu, je produis un contenu d’à peu près une heure, c’est à peu près le cas de tout le monde, il faut que les gens écoutent. Si j’en produis un toutes les deux semaines, il faut que les gens aient une heure toutes les deux semaines pour écouter. Dans mon entourage, ce n’est pas le cas, la plupart des gens disent « c’est super, mais je n’ai pas le temps. » Je suis donc repassé sur un format plutôt de un par mois, à peu près, plus ou moins. Mais d’un autre côté, si je vais voir quelqu’un, que j’enregistre un épisode, si ça se trouve il va sortir dans six mois. Là, j’en ai déjà trois qui sont prêts, donc le prochain est dans quatre/cinq mois, donc quatre/cinq mois c’est long. La difficulté c’est ça. OK, on en sort tous les combien ? Les podcasteurs ou youtubeurs que j’écoute qui en font un par semaine, deux par semaine, etc., au bout d’un moment j’arrête d’écouter, ça fait trop, je suis submergé par leurs contenus, je n’ai pas le temps d’ingurgiter. Pour moi, la vraie difficulté c’est de savoir est le bon rythme pour que les gens écoutent, qu’on ait le temps de produire sans être à l’arrache, faire un truc bien, et ce n’est pas très simple, ça dépend vraiment de chacun.
Bookynette : Du coup, je vais me permettre de rajouter peut-être une difficulté, je me permets d’en faire une aussi, je ne sais pas si vous l’avez, qui est de trouver des intervenantEs. Je trouve que c’est important de donner la parole aux femmes de temps en temps, surtout dans le monde tech où souvent il y a beaucoup d’hommes, il suffit de regarder nos villages.
Après les difficultés, je vous propose de parler… Je ne t’ai pas donné la parole.
Benjamin Bellamy : Je te la coupe.
Bookynette : C’est mal vu, fais attention !
Benjamin Bellamy : Je voulais appuyer sur ce que tu dis. C’est quelque chose qu’on a pris en compte dès le départ. On a essayé de donner la parole le maximum possible à des femmes et, en fait, ce n’est pas si compliqué que ça. Il y a en particulier Les Expertes [16] où on peut contacter des gens très facilement. Je suis un peu désolé de t’avoir coupé la parole pour dire que je voulais donner la parole aux femmes, c’est assez mal venu, je vous prie de croire en ma sincérité.
Bookynette : Tu donnes combien pour que je croie ? Bref !
Quelles sont vos retombées ? Quels sont les retours que vous recevez des gens qui vous écoutent ou qui vous lisent pour ceux qui font des transcriptions de leurs podcasts ?
Walid, je te donne la parole.
Walid Nouh : Je fais les transcriptions. Au départ je n’en faisais pas et, un des premiers retours, c’est que plein de gens n’écoutent pas les podcasts mais lisent les transcriptions, ce sont les premiers retours.
Le premier qui m’a demandé les transcriptions c’est Ploum qui m’a dit un jour : « L’épisode sur Fairphone [17] a l’air super, mais est-ce que tu as une transcription ? ». Je n’en faisais pas, donc maintenant j’en fais.
En fait, je n’ai pas beaucoup de retours, pas énormément. Je suppose que pas mal de gens écoutent, parfois j’en ai quand même et je sais que le podcast est assez écouté. Quand il y a des retours, c’est cool, quand il n’y en a pas, je fais juste ce que j’ai envie de faire. Si j’ai envie de faire un épisode dont je sais qu’il ne va faire que 50 écoutes, que j’ai vraiment envie de le faire, je le fais, tout simplement !
Benjamin Bellamy : Sur les transcriptions, je voulais partager un point de vue un peu plus geek. Les transcriptions ça devrait couler de source pour les questions d’accessibilité, pour les questions de SEO [Search Engine Optimization], c’est-à-dire de référencement, et puis de traduction aussi, qui est beaucoup plus facile.
Il se trouve que dès 2020, avec quelques Américains dont Adam Curry et Dave Jones, on a mis en place la possibilité de rajouter des transcriptions directement dans le flux RSS pour que ça soit universellement reconnu, c’était un peu un truc de hippie. Il y a un an, en 2024, Apple a repris cette norme, qui n’avait pas été inventée chez eux, pour l’intégrer et aujourd’hui on commence à avoir les transcriptions partout. Et je pense que c’est important, aux Journées du Logiciel Libre, de tirer son chapeau à Apple qui a intégré une techno libre pour de l’accessibilité, du SEO et le bien-être de l’humanité. Ça n’arrive pas souvent, il faut savoir le reconnaître.
Bookynette : J’ai envie de tirer mon chapeau pour la technologie libre et pour son existence.
Benjamin Bellamy : Oui, d’accord ! Le verre est à moitié vide ou à moitié plein !
Cédrix : Les transcriptions. Merci Whisper, la reconnaissance vocale automatique, ça peut aider.
Moi, surtout sur S Informer Sur La Tech, je n’ai pas voulu me contenter de la partie audio, vu que c’est orienté vraiment geek, il y a quand même de la ligne de commande, des choses comme ça, normalement il y a une chaîne vidéo qui est complémentaire, le podcast audio n’est pas que la piste audio de la vidéo YouTube, parfois ce sont deux formats différents. J’essaye de faire également un blog associé pour mettre du code que j’aurais copié, etc. Voilà ce que je voulais dire concernant la transcription et l’accessibilité.
Bookynette : Et les retours ?
Cédrix : Les retours. Ça fait plaisir quand on vous dit « je cherchais un truc, je suis tombé sur ton podcast ou je suis tombé sur ton site ou sur ta chaîne YouTube et ça m’a bien servi. » Récemment, dans une des associations où je suis, à Chambéry, on m’a dit « j’écoute Librement Linux, je trouve ça super intéressant, ça permet d’avoir une vision, etc. », on se dit « ah, c’est reconnu », c’est un retour et c’est toujours gratifiant. Ça n’empêche pas d’être toujours motivé, de toujours vouloir aller de l’avant, c’est très gratifiant quand on me dit « je t’écoute ». Très bien, super, ce soir on va parler de quoi ?
Bookynette : Benjamin, tu rajoutes un truc ?
Benjamin Bellamy : Le retour qui m’a fait le plus plaisir c’est quelqu’un qui, un jour, est venu avec mon autocollant « ah, c’est vous l’autocollant », c’est un peu notre fierté. Je fais des autocollants, c’est un peu ma spécialité, allez en prendre à l’entrée. Le podcast, c’est secondaire !
D’ailleurs, je viens de réaliser qu’il n’y a plus d’autocollants du podcast RgDP, j’ai oublié d’en remettre !
Cédrix : Succès incroyable !
Isabella Vanni : Nous, nous avons besoin des retours pour améliorer notre émission parce que notre but c’est de raconter les libertés informatiques, de mobiliser aussi les personnes. Nous sommes friands de retours, on les demande en fin d’émission : « Vous pouvez nous écrire, nous laisser un message sur le répondeur, mettre une remarque sur le salon de webchat, mettre remarque sur le bloc-notes de préparation de l’émission. »
On a fait aussi un questionnaire qui se remplit en deux/trois minutes. Dernièrement, on a publié une nouvelle version dans le but de connaître un peu mieux notre auditorat pour voir si on arrive à toucher un public un peu différent de notre public habituel, l’homme blanc, barbu, dans la cinquantaine, pour être très concrète.
Sinon, ça me fait plaisir quand on me reconnaît par la voix, « je crois que tu animes Libre à vous ! ». Les retours ce n’est pas que pour améliorer l’émission, c’est aussi pour nous encourager, nous soutenir, ça nous fait plaisir, c’est vraiment quelque chose qui nous donne des énergies, donc n’hésitez pas à faire des retours, à laisser un commentaire sur la page de l’émission, ça fait toujours du bien.
Bookynette : Il me semble que tu veux rajouter un truc Walid. Isa, tu pourras rajouter un truc aussi.
Walid Nouh : Je voulais revenir sur les transcriptions. Tu as commencé à en parler. Même si, maintenant, c’est plus facile parce qu’on peut faire une première passe automatique de la transcription, ça ne suffit pas. Il y a un travail pour faire une vraie transcription. J’ai fait le choix de ne pas la publier directement en flux RSS sur Castopod, mais de la mettre sur des vrais articles sur WordPress. Pour vous donner un exemple, un épisode d’une heure ce sont trois heures de travail sur la transcription : prendre la transcription, la corriger, rajouter des liens, rajouter des recommandations supplémentaires « allez voir aussi telle vidéo, tel autre truc, etc. », c’est un travail qui prend à peu près trois heures. Et quand je monte, je chapitre, j’exporte les chapitres, je les mets dans Castopod et, quand je fais la transcription, je fais des titres avec des ancres et chaque titre est un chapitre, un chapitre et un titre correspondent. Ça me permet derrière, dans des articles, de pouvoir faire des liens vers le bon titre de la bonne partie qui va bien. Tout cela prend vachement de temps, 99 % des podcasteurs ne le font pas, s’en foutent complètement, mais ça permet de faire des bases de connaissances et ça permet aussi d’être plus précis quand on dit à un invité ou à quelqu’un « va voir là », c’est pile le bon endroit où on en parle.
Isabella Vanni : Comme je disais au début, nous aussi nous faisons des transcriptions. Marie-Odile commence avec le log]]]iciel Scribe [18] de reconnaissance vocale et puis c’est à peaufiner. C’est très important pour l’indexation, pour citer correctement ce que les personnes disent, pour l’accessibilité, etc.
Donc dans l’émission, je vous ai dit, un sujet principal d’une heure et deux chroniques qui durent cinq à dix minutes. Pour le moment, on arrive à vous proposer les podcasts par sujet et c’est intéressant pour les personnes qui commencent à s’attacher à des chroniqueurs ou à des chroniqueuses ; on sait qu’on a des chroniques qui plaisent beaucoup. Si le sujet principal n’intéresse pas trop, ça permet d’aller directement sur la chronique. La chronique de Laurent et Lorette Costy [19], une chronique pédagogique autour du logiciel libre, Internet, etc., avec beaucoup d’humour, a tellement plu à Alexis Kauffmann, qui a une mission à l’Éducation nationale justement pour le logiciel libre, qu’il les a même invités à faire une chronique en direct lors de la Journée du libre Éducatif l’année dernière. C’est le signe que ces choses-là peuvent plaire et qu’on peut imaginer aussi d’autres choses au-delà du podcast et de l’émission.
Benjamin Bellamy : J’ai levé la main au moment où Walid disait « il y en a qui s’en foutent ». J’aime beaucoup ce que tu fais, mais je pense que c’est important de rappeler qu’on peut faire du podcast sans être obligé d’y passer des heures, on peut aussi enregistrer, pas trop préparer et puis mettre en ligne. C’est vraiment un média où on fait ce qu’on veut, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière de faire.
Bookynette : Je me rends compte qu’en fait j’ai deux teams, une de chaque côté, je n’ai manifestement pas fait exprès, c’est amusant.
Je n’écoute pas tous vos podcasts parce qu’il y en a beaucoup, mais j’ai l’impression quand vous parlez, depuis tout à l’heure, que c’est quand même assez complémentaire. Qui veut intervenir sur cette question de la complémentarité ? Walid.
Walid Nouh : On a la chance d’avoir pas mal de contenus francophones, des contenus qui sont plutôt complémentaires. En fait, on ne cherche pas à se tirer la bourre, à avoir le meilleur invité, etc., et faire la meilleure émission et c’est quand même assez cool. Il m’arrive régulièrement de faire des épisodes et de dire « j’ai écouté un épisode de Libre à vous !, c’était cool, j’avais d’autres questions que je voulais traiter de manière différente. Vous pouvez commencer par écouter l’épisode de Libre à vous ! et ensuite écouter mon contenu. » C’est plutôt agréable parce qu’on n’a pas de notion de compétition, chacun a un angle différent, traite les choses de manière différente. On se connaît plus ou moins, c’est donc vachement agréable parce qu’on peut traiter librement les sujets et je peux inviter un invité qui est passé il y a deux semaines sur Libre à vous ! et traiter les choses de manière totalement différente. C’est très agréable, quand on est créateur de contenu, de pouvoir faire ça. Je trouve ça assez chouette.
Cédrix : Je vais modérer les propos de Walid parce que quand j’envoie des SMS, on ne me répond pas. Donc je ne suis pas sûr qu’on se connaisse. Je plaisante !
Parfois on a l’impression de se connaître parce qu’on s’écoute plus ou moins, sans le faire exprès, à la base, là on s’écoute tous et on a l’impression de se connaître. C’est comme les présentateurs que vous voyez à la télé ou que vous entendez à la radio, vous connaissez leur vie par cœur, sauf que quand vous les rencontrez, eux ne vous connaissent pas !
Justement, on fait à peu près tous la même chose : on essaye de parler de technique, on essaye de parler de logiciel libre, de libertés, mais, en effet, on fait les choses différemment et c’est cela qui fait la force.
Le lien entre les podcasts. Oui, on aimerait aborder les mêmes sujets mais de manière différente, d’un point de vue différent, d’une attaque différente, mais ce que j’aimerais c’est, pourquoi pas, de temps en temps, justement se réunir parce qu’on a des visions différentes, pour parler d’un même sujet ensemble au lieu de renvoyer les gens sur des podcasts un peu à droite à gauche, traiter un sujet commun et dire « on va apprendre à se connaître et, en plus, on va avoir des visions totalement différentes » ; pas avoir un discours policé de Libre à vous ! ou un discours un petit peu haut au niveau Burger Tech. Pourquoi pas faire des sujets en commun une fois tous les six mois ? Voilà ce que je voulais apporter comme précision.
Isabella Vanni : Je pense que tout a été dit. Pour le moment, pour ce qui est de possibles projets en commun, on n’a pas réfléchi. On fait déjà la pub à d’autres émissions de radio et d’autres podcasts qui parlent de logiciel libre. Sur notre site libreavous.org, il y a une page [20] où on parle, justement, de Projets libres !, de Librement Linux et de Rien de Grave Patron !. On parle ! On met les sites et on invite les personnes à découvrir aussi d’autres émissions parce qu’on sait que c’est une autre façon d’aborder les sujets.
Benjamin Bellamy : Le fait qu’on soit tous plus ou moins complémentaires, qu’on ne fasse pas exactement la même chose, mais qu’on ait déjà un socle de valeurs communes assez fort fait que nous sommes amenés à bosser ensemble. Walid m’a fait l’honneur de m’inviter, je ne lui ai pas renvoyé l’invitation. Par contre, il y a deux heures, on était là tous les deux pour faire un crossover sur nos deux podcasts en même temps. Donc oui, évidemment que nous sommes amenés à nous voir, à nous rencontrer. Je viens souvent dans l’émission policée Libbre à vous !, j’ai bien retenu que c’était policé !
Isabella Vanni : Le français n’est pas ma langue maternelle, que veut dire « policée » ?
Benjamin Bellamy : Ça ne dépasse pas !
Isabella Vanni : Je pense que Cédrix n’a pas écouté La pituite de Luk [21] !
Bookynette : Oui, parce que « policée » pour La pituite de Luk !
Cédrix : Il y a des exceptions !
Vous parliez de se rencontrer. C’est compliqué parce que les podcasts ne sont pas forcément parisiens, les gens ne sont pas forcément parisiens.
Pour Burger Tech, c’est un Savoyard/Isérois et un mec qui vient du département de l’Oise. On se rencontre physiquement parce que je me déplace dans les différents salons, je vous rencontre, mais pour enregistrer des podcasts, c’est beaucoup plus compliqué.
Walid Nouh : Concernant l’enregistrement, Benjamin dit qu’il n’enregistre que sur place, moi, personnellement, je n’enregistre qu’à distance. C’est un choix que j’ai fait de ne pas le faire sur place. Il y a des avantages et inconvénients. J’ai des routines, ma routine est toute faite, j’enregistre toujours de la même manière, je checke les trucs toujours de la même manière. La problématique de Benjamin par exemple, même pour Libre à vous !, est d’arriver à avoir les gens qui viennent à un moment – pour vous c’est pire, vous faites à distance ou sur place – pour moi, c’est plus facile d’enregistrer à distance avec les gens ; par exemple Matthieu Aubry, qui est le fondateur de Matomo, est en Nouvelle-Zélande ; c’est quand même un peu compliqué d’interviewer des gens qui sont au Québec, d’arriver à faire des choses sur place avec eux. Ça ouvre donc beaucoup plus de possibilités. L’inconvénient c’est qu’on ne maîtrise pas la qualité sonore de l’environnement, de l’équipement de la personne qui est en face. C’est complètement différent, mais, personnellement, je préfère enregistrer à distance parce que je suis sûr de la manière dont je vais monter, je peux facilement checker le temps, etc., je suis sûr que je suis bien installé dans un environnement dans lequel je peux me concentrer. Typiquement, je n’ai pas besoin de sortir à l’arrache du boulot, deux minutes avant, pour me mettre dedans. Non ! Je sais qu’il faut du temps pour se mettre dedans, pour être bien préparé, parce qu’on prend du temps à un invité, il faut donc être dans la meilleure configuration possible pour en sortir le meilleur à la fin, c’est important de sortir le meilleur de ce qu’on a dit. À cause de tout cela, personnellement, c’est quand je suis à distance, que je suis dans un environnement que je connais. Je ne fais pas non plus de live parce que j’ai besoin d’énormément préparer, je ne suis pas bon en live, en fait je ne suis pas bon si je ne suis pas préparé. Il faut que je prépare énormément, que je connaisse bien le sujet, mais il y a d’autres gens, qui font d’autres podcasts, qui prennent un invité et ils parlent pendant une demi-heure, trois quarts d’heure, ils font des trucs super, ils y arrivent bien, mais ce n’est pas mon cas.
Bookynette : C’est de l’admiration ? C’est de l’envie qu’on entend dans ta voix ? Non. Tu n’y arrives pas, mais peut-être que tu aimerais bien le faire aussi ? Non, tu n’as pas envie. OK.
Ce que je trouve extraordinaire c’est que là on vous présente plein de podcasts qui sont extrêmement différents et c’est une richesse incroyable. Si les podcasts sont différents ça veut dire que les gens qui les écoutent sont différents, donc ils peuvent s’adapter à ce qui leur convient le mieux.
Isa, tu voulais rajouter un truc.
Isabella Vanni : Oui j’ai oublié un truc important concernant les retombées, les retours. En fait, on sait que nos podcasts sont retransmis par Radios Libres en Périgord et par Cigaloun, une radio qui émet sur le Web. Notre ambition serait de faire connaître notre émission auprès du plus grand nombre, donc nous invitons d’autres radios locales à retransmettre les podcasts. Si vous en connaissez, n’hésitez pas à suggérer cette idée.
Bookynette : I have a dream, avec un accent anglais pitoyable ! Quand je vois tout ce que vous avez créé les uns les autres, tous ces formats, toutes ces vidéos, tous ces textes, je rêve d’un livre, d’une encyclopédie, que quelque chose se fasse qui soit totalement accessible à des étudiants. Alors rêve ou utopie ?
Walid Nouh : Ça me rappelle une conversation ce matin à l’hôtel. L’autre problématique qu’on va avoir, quand on commence à produire énormément de contenus, c’est la mise en avant de tous ces contenus. Pour Libre à vous !, je pense que c’est encore pire, ça fait des années, ils ont vraiment un contenu hyper riche. Moi j’ai une quarantaine d’épisodes et déjà, dans ces épisodes, il y a des choses que j’aimerais bien mettre en avant, ce n’est pas toujours évident. J’écoute des créateurs de contenu sur YouTube qui disent qu’ils écrivent des livres : « J’ai fait 500 vidéos sur les transports, même moi j’en ai oublié, je vais faire un bouquin pour sortir toute la moelle de tout ça et en faire quelque chose. » C’est quelque chose que je trouverais hyper intéressant.
Ma plus grande fierté serait que quelqu’un vienne me voir un jour en me disant « on a fait des cours avec ce que tu as produit », je serais hyper content.
Cédrix : Ce que je fais c’est du contenu libre, c’est-à-dire partageable, modifiable, redistribuable. Mais personnellement non, je ne suis pas littéraire, je ne sais pas écrire un article correctement, je me fais relire, c’est compliqué d’écrire. Par contre, j’essaye au maximum de faire des billets techniques, de faire des vidéos pour que ça puisse être compris, repris, donc la transmission s’arrête plutôt là, je reste sur un format numérique, je n’ai pas besoin de faire un recueil.
Après mon blog, qui n’est plus un blog aujourd’hui, c’est un wiki, c’est un blog qui a été transformé en wiki, je me perds un petit peu aussi dans l’organisation de celui-ci, c’est un point faible, donc oui, c’est compliqué de poser à plat tout ce qu’on a fait, de l’articuler, de le mettre de manière cohérente pour que les gens puissent retrouver un semblant d’information.
Au bout d’un moment, je prends du recul là-dessus, je me dis que quand les gens vont tomber sur un de mes articles, ce n’est pas parce qu’ils ont accédé à la page d’accueil et qu’ils ont cliqué sur un des liens dans mon site. En fait, ils vont utiliser un moteur de recherche, ils vont taper des mots-clés, ils vont tomber sur un article qui va leur correspondre. Quelque part, je me dis qu’aujourd’hui je fais des billets techniques, il n’y a pas de liens entre eux, mais au moins ça répondra peut-être aux attentes des visiteurs.
Benjamin Bellamy : Je voulais juste soulever une question, plus à vous du côté de la scène, sur la licence, puisque dans le podcast, historiquement, on est en copyright. Je pense que tous ici, nous utilisons des Creative Commons, moi je publie sous Creative Commons By SA, et je pense que l’usage n’est pas bien passé. Je ne vois pas des gens réutiliser mes contenus, je ne sais pas si vous, vous le constatez. Par exemple, quand je vais dans l’émission Libre à vous ! faire ma chronique, elle est publiée en By SA sur le site de Libre à vous ! et je la reprends dans mon podcast RdGP sous la même licence. Je ne vois pas beaucoup d’utilisation des licences Creative Commons.
Cédrix : J’ai eu le cas avec Librement Linux, je vous ai dit tout à l’heure que c’était Le Tux Masqué, j’ai retrouvé son site, c’est Numétopia. Et en effet, le contenu de son site a été repris pour des cours privés ou des choses comme ça. Il a été un petit peu vexé parce que, évidemment, le nom de son site a été effacé, son nom d’auteur également, donc ce n’est pas bien, ça ne respecte pas les conditions. Il a fait un courrier, ils ont arrêté. Il y a même des sites qui ont pompé le contenu de son site sans le nommer. Bref !
Quand le contenu est intéressant et intéresse du monde, oui il est repris, il est redistribué, il est utilisé peut-être pour des formations ou des choses comme ça et ça a été le cas du Tux Masqué, il me l’avait rapporté.
Benjamin Bellamy : Du coup, c’est plutôt un contre-exemple en fait.
Cédrix : C’est la preuve que ça marche.
Benjamin Bellamy : Mais des exemples de cas d’utilisation et de réutilisation de contenus sous licence Creative Commons en respectant la licence Creative Commons, à part ce que je fais pour vous et que je réutilise, je n’en vois pas beaucoup, j’aimerais bien qu’il y en ait plus parce que l’objectif des licences Creative Commons c’est bien le partage de la connaissance.
Isabella Vanni : Le cas que je connais c’est le cas des podcasts de l’émission qui sont repris par d’autres radios parce que nous aussi nous publions sous licence libre. Je crois qu’à un moment, une personne qui avait trouvé notre émission intéressante avait des vidéos sur YouTube en prenant juste le son. Je ne me souviens plus si elle avait bien crédité. Peut-être qu’il y a encore une méconnaissance sur la façon dont on peut utiliser et profiter de ces licences incroyables qui nous donnent des libertés au lieu d’interdire.
Tout à l’heure, j’ai oublié de citer un truc, vu que Vincent est là. Maintenant, avec un moteur de recherche sur le site de Libre à vous !, il est possible de rechercher en même temps sur le site librealire.org [22], le site sur lequel on met toutes les transcriptions non seulement de l’émission Libre à vous ! mais de toutes les conférences et vidéos autour des libertés informatiques que nous avons trouvées intéressantes. Avec le même moteur de recherche, ça permet de retrouver des contenus, de les citer correctement.
Bookynette : Il nous reste sept minutes et quelques secondes. Vous avez sept minutes et quelques secondes pour poser des questions. Je sais que la première question est toujours compliquée, je propose de passer la deuxième.
Benjamin Bellamy : Avant, si je peux me permettre, il faut que ce soit une question et qu’il n’y en ait qu’une.
Bookynette : À MiXiT [23] ils disent : « La première phrase doit être une question et la deuxième phase doit être une question et pas un commentaire » ou quelque chose comme ça. Bref !
Tu as levé la main, on t’a mis la pression, je suis désolée.
Public : Inaudible.
Cédrix : Si j’ai bien compris, s’il y a de nouveaux poditeurs qui arrivent au bout du 350e épisode, est-ce qu’ils vont commencer à écouter à partir du premier ? C’est ça ?
Oui, c’est arrivé pour Librement Linux. J’avais masqué les premiers épisodes et on me les a réclamés. C’est comme ça que j’ai su que certains réécoutaient à partir du premier numéro. Ce sont surtout ceux qui trouvent que la publication est trop espacée, ils en profitent pour réécouter les épisodes précédents. Après, au niveau statistique, ce n’est pas la majorité, généralement le dernier l’épisode c’est celui qui fait la plupart des téléchargements. Mais oui, ça arrive, quelques-uns le font parce qu’ils ont le temps, en fait.
Isabella Vanni : C’est une excellente question qu’on a oubliée de mettre dans notre questionnaire. Dans le questionnaire, on demande « à partir de quelle année avez-vous commencé à écouter Libre à vous ! ? ». On aurait pu mettre aussi la question : si vous avez commencé plus tard, est-ce que vous allez écouter les épisodes des années précédentes, sachant qu’on fait environ 40 émissions par an, on arrive à en faire une par semaine. Une chose qu’il faut peut-être redire : je suis salariée de l’association, donc toute la partie préparation de l’émission – contacter les personnes, faire la communication, mettre à jour le site, etc. – peut être faite de façon aussi régulière parce que nous sommes des salariés, donc on a du temps, beaucoup plus de temps par rapport à une personne qui fait un travail à côté.
Benjamin Bellamy : Je voulais juste rajouter un tout petit point.
Ça dépend des épisodes. Quand on a des stars, forcément le nombre d’écoutes par semaine reste assez constant, c’est linéaire. Pablo est dans le coin, avec qui on a enregistré un épisode, son épisode cartonne et ça ne cesse de monter de manière vraiment linéaire.
La transcription sert aussi à faire que ce patrimoine culturel, tous ces podcasts soient indexables, soient indexés et qu’on puisse les retrouver, pas forcément parce qu’on va réécouter depuis l’épisode 1 jusqu’au 350, mais parce qu’on s’intéresse à quelque chose. C’est vraiment quelque chose qui est nouveau dans le podcast depuis qu’on a les transcriptions un peu partout parce que jusque-là, jusqu’à il y a cinq ans, le podcast ce n’était quasiment que Apple et Apple n’a jamais été foutu de faire un moteur de recherche convenablement. Si on n’avait pas posté l’épisode du mois passé, on n’existait plus. Un peu comme si, dans une bibliothèque, tous les bouquins qui ont plus de deux mois n’existaient plus. C’est un peu dommage, c’est en train de changer et c’est plutôt une bonne chose.
Walid Nouh : Dans certains épisodes, je fais des rappels. Je prends un exemple : une de mes passions ce sont les systèmes de transport, je fais les épisodes dessus. J’avais repéré des gens que je voulais interviewer, je savais qu’on allait parler d’OpenStreetMap, la première chose que j’ai faite, j’ai fait un épisode sur OpenStreetMap et à tous les épisodes de transport, je dis « allez d’abord écouter l’épisode sur OpenStreetMap ». Quand j’interviewe pour la quatrième fois les gens de Framasoft, je dis « allez voir les épisodes précédents », bien sûr, ça fait des montées.
Après, en tant qu’utilisateur de podcast, il m’arrive de découvrir des podcasts, de les trouver super et de revenir dessus. Je vais citer l’exemple d’un podcast québécois qui s’appelle Voyage dans l’espace, qui traite de la cosmonautique. J’ai écouté tous les épisodes, depuis des années, c’est super. J’ai fait découvrir à ma femme un podcast qui s’appelle Les Baladeurs, elle a écouté toutes les saisons de tous Les Baladeurs, mais ça reste des exceptions. Par contre, il m’arrive de revenir après coup sur certains épisodes de certains podcasts que j’ai trouvés et que je trouve bien. Sur Projets Libres !, il peut arriver que je renvoie à des republications, vers des gens qui republient des épisodes, car ils retombent dessus, mais je pense que ce n’est pas la règle non plus. Les gens arrivent et ils écoutent plutôt les nouveaux podcasts.
Isabella Vanni : Tu as bien fait, Walid, de rappeler qu’il y a cette possibilité hyper intéressante de renvoyer les personnes sur d’autres émissions qui creusent une thématique qui est abordée pendant le sujet principal « vous pouvez aller voir dans telle émission ».
Autre chose très importante pour nous, que j’ai oublié de dire : sur la page qu’on consacre à chaque émission, toutes les références sont citées, ça peut être des sites web, ça peut être des lectures, des conférences, etc. C’est hyper important pour nous : une personne qui a envie de creuser davantage le sujet a tout sous la main, elle n’a pas besoin de chercher, les liens sont là. Donc faciliter les choses aux personnes qui ont envie d’en savoir encore plus.
Bookynette : Il nous reste une minute, vous avez droit encore à une question. On t’écoute.
Public : Inaudible.
Benjamin Bellamy : Il y a un super atelier consacré à l’enregistrement d’un podcast aux Journées du Logiciel Libre de Lyon, hier. Désolé. J’adore Ardour [24], c’est un peu overkill pour la plupart des usages. Audacity [25] marche en général très bien.
Cédrix : C’est une très bonne question. C’est vrai que pour moi la première problématique c’était : comment fait-on un podcast ? C’est vrai qu’Audacity marche très bien, sauf que, quand on a des invités en face, ça commence à se corser, on ne sait pas comment les enregistrer, on ne sait pas comment capter leur son, dans le montage ça va être compliqué, il y a notre voix et leur voix. En plus, je rajoutais des jingles. Donc oui, mais de base, Audacity marche très bien, c’est super fiable, c’est super, atterrissage tranquille.
Je voulais remercier la plateforme Castopod et le logiciel – je ne m’appuie pas sur la plateforme mais sur le logiciel. Pour la publication, c’est vraiment facile, on déclare son podcast, on poste les épisodes, on met le descriptif et l’épisode est publié au format podcast, tranquille.
Voilà. Atterrissage tranquille.
Bookynette : J’espère que vous avez pris autant de plaisir que nous à faire cette conférence et on vous remercie.
[Applaudissements]