Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Frédéric Couchet : Bonjour à toutes, bonjour à tous dans Libre à vous !. C’est le moment que vous avez choisi pour vous offrir une heure trente d’informations et d’échanges sur les libertés informatiques et également de la musique libre.
Migrer de Windows vers un système libre sur le poste de travail, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique de Laurent et Lorette Costy, « Il faut interdire les pichenettes », et aussi la chronique de Luk, « Souveraineté numérique, une urgence ».
Soyez les bienvenu·es pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’émission est libreavous.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter.
Nous sommes mardi 9 septembre 2025. C’est la première émission de la neuvième saison de Libre à vous !.
Nous espérons que vous avez passé un bel été, que vous avez pu profiter de ce temps de repos, de loisirs, de ressourcement et de beaux moments en famille ou avec des proches.
C’est avec joie que nous vous retrouvons après cette pause estivale et nous sommes enchantés de vous accueillir si vous découvrez l’émission aujourd’hui.
Nous diffusons en direct sur radio Cause Commune, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast. Nous saluons également les personnes qui nous écoutent sur la webradio Radio Cigaloun, sur Radios Libres en Périgord et enfin sur Radio Quetsch qui est la dernière radio à nous rediffuser.
À la réalisation de l’émission aujourd’hui Magali Garnero, dite Bookynette, la présidente de l’April elle-même. Bonjour Mag.
Magali Garnero : Salut à vous.
Frédéric Couchet : Avant de commencer, nous souhaiterions dédier l’émission à Louis IX, cofondateur d’Exodus Privacy, association française qui développe une plateforme d’analyse des applications Android, qui liste les traqueurs qui y sont présents.
Nous avions reçu Louis IX en octobre 2024 pour parler des enjeux de la vie privée sur Internet et sur les appareils connectés, c’était l’émission 220, à écouter sur libreavous.org/220. Je vais lire le message d’Exodus Privacy annonçant, la semaine dernière, le décès de Louis IX : « C’est avec beaucoup de peine que nous avons appris, mardi soir, le départ de Louis IX, cofondateur d’Exodus Privacy, président actuel de l’association et surtout ami. Activiste vindicatif, il savait en découdre avec les administrations, il nous a aidé à en découdre avec les pisteurs. Que ce soit au clavier avec ses bons mots ou au pétrin avec son pain, il avait à cœur de nourrir les personnes qu’il rencontrait. Ses râleries autant que ses blagues nous manqueront. »
L’équipe de Libre à vous ! et l’équipe de la radio présentent leurs condoléances à l’équipe d’Exodus Privacy et aux proches de Louis IX.
[Jingle]
Chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » – « Il faut interdire les pichenettes »
Frédéric Couchet : Comprendre Internet et ses techniques pour mieux l’utiliser, en particulier avec des logiciels libres et services respectueux des utilisatrices et utilisateurs pour son propre bien être en particulier et celui de la société en général, c’est la chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » de Laurent Costy, administrateur de l’April et de sa fille Lorette Costy.
Je précise que la chronique a été enregistrée en fin de saison dernière, il était prévu de la diffuser à ce moment-là, en juin 2025. Cela n’a pas été possible, nous la diffusons donc aujourd’hui. Le thème de la chronique : « Il faut interdire les pichenettes ».
[Virgule sonore]
Laurent Costy : Mais dis-moi, dis-moi, dis-moi, c’est la fin de saison !
Lorette Costy : Dis-moi, dis-moi, dis-moi, ça fait 30 mois et ça fait aussi deux ans et demi si c’est ce que tu cherches. À quoi donc dois-je m’attendre avec cette annonce ?
Laurent Costy : Fin de saison égale ?
Lorette Costy : Des promotions ? Le début d’une autre ?
Laurent Costy : Non ! Il est grand temps de passer en revue et de résumer, en chanson, tout ce que nous avons abordé dans notre chronique, « À cœur vaillant la voix est libre », cette saison. Perso, je trouve mon idée excellente. D’abord parce que la proximité avec la Fête de la musique ancre cette chronique, tel le retrait de la légion d’honneur à Nicolas Sarkozy, dans son époque !
Lorette Costy : Par ailleurs et surtout, ça te fait beaucoup moins de choses à préparer. Je vois bien ce qui motive ce résumé en chanson. T’inquiète, y’a rien qui va pas, allons-y !
Laurent Costy : D’ac. Je compte jusqu’à 42 et tu commences. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10.
Lorette Costy : On peut peut-être abréger ?
Laurent Costy : Non. 11, 12, […], 42.
1er coupletAu début je voulais demander à ChatGPTDes idées de chansons que je n’aurais même pas écoutéesMais je me suis dit qu’au-delà de la blagueEt de filer mes donnéesJ’allais quand même pas polluer.Alors de quoi est-ce que je vais bien pouvoir parler ?Ça fait déjà quatre ans qu’on a commencéEt on n’est pas près d’arrêter.RefrainAlors continue d’avancer,Continue d’espérer,Un pas après l’autre,L’important c’est d’essayer.Les géants ne vont peut-être pas tomber,Ils se seront peut-être fait plein de blé mais toi.Toi, t’auras pas abandonné.2e coupletJ’aurais encore appris des tonnes de trucsEt des choses que je vais sûrement oublierLa technique du loup concentré-recroquevillé…[Putain elle n’est pas facile à placer celle-là quand même !]Quand dans ma classe on me demandeDes solutions et des outilsJe leur parle Piratebox et Firefox,Et rétro-ingénierie.Refrain3e coupletEt quand on pense que MicrosoftVeut nous faire payerPour des licences qu’on n’a pas demandéesOn se dit qu’il serait peut-être temps de bifurquerEt de quitter ce chemin tracé.C’est pas parce que t’as rien à cacherQu’on peut fouiller dans tes données privées.C’est quand même pas compliqué !Refrain
Laurent Costy : Waouh ! Respect ! Je suis totalement over fier de toi ! Si j’avais su que ça porterait autant de fruits, je ne t’aurais pas laissé te payer tes cours de guitare, je les aurais payés moi-même. Mais bref, encore bravo ! Et en plus, tu as fait aussi le résumé de l’épisode à venir, c’est ce qu’on appelle une synthèse prédictive.
Lorette Costy : Yep ! Attention les gens, en novembre de cette année, le 14 octobre 2025 pour être précis, Microsoft va arrêter le support de Windows 10. Vous pouvez voir l’article de nos ami·es de l’association Halte à l’Obsolescence Programmée. Arrêtez de vous faire empapaouter et prenez en main votre indépendance !
Laurent Costy : Ce n’est pas qu’un unique problème de libertés informatiques, même si cet argument pourrait suffire.
Lorette Costy : Ça devient un vrai enjeu de société pour ses conséquences environnementales. Si on en croit Green IT – vous pouvez retrouver la référence sur la page de la chronique lors de la publication du podcast – « 240 millions de PC ne pourront pas être reconditionnés faute de pouvoir y installer Windows 11. »
Laurent Costy : Moi, dès qu’on dépasse les centaines, je suis un peu perdu. N’as-tu pas une image pour me faire une idée ?
Lorette Costy : OK, on va faire grossier et on va poser nos hypothèses de départ, comme ça, les gens pourront adapter. Prenons une épaisseur moyenne de 2 centimètres pour un ordinateur portable fermé ; 2 fois 240, ça nous fait donc, si on les empile, une tour de 480 millions de centimètres de hauteur.
Laurent Costy : Attends, attends ! Je retiens 2, je secoue, je multiplie par π, fois 1, divisé par π, et je mets ça dans un beau tableau à colonnes qui met en évidence les unités, comme on m’a appris à l’école primaire. Ça ne ferait pas 4 800 kilomètres ?
Lorette Costy : C’est ça. Quand on se souvient que le Mont Blanc est évalué à une hauteur d’environ 4 800 mètres, ça nous fait donc une hauteur d’ordinateurs équivalente à 1 000 Mont Blanc entassés les uns sur les autres. Ou aussi, si vous préférez les analogies spatiales, 10 fois la distance à la station spatiale internationale !
Laurent Costy : Fichtre bisque diantre ! Il paraît qu’il ne faut plus dire « sapristi », ça fait trop vieille école !
Lorette Costy : Tu peux aussi remplacer « fichtre bisque diantre » directement par « en vrai ». Tu seras vraiment sur le haut de la vague.
Laurent Costy : En vrai, donc, c’est super impressionnant. Ça veut dire qu’à partir du 14 octobre de cette année, Microsoft nous oblige à venir déposer notre ordinateur sur une pile près du Mont Blanc – à priori, ils ne remboursent pas le déplacement jusqu’à Annecy – et d’ici quelques mois, quand tous les ordinateurs seront empilés, Microsoft donnera une pichenette sur la colonne pour qu’elle s’écroule.
Lorette Costy : C’est ça. C’est absolument totalement désagréable. C’est comme quand tu es enfant, que tu fais une gigantesque tour de Kapla et que quelqu’un vient donner un coup de pied dans la tour. D’autres décident pour toi. En vrai, on n’a pas le droit de faire ça !
Laurent Costy : Quand tu es petit, la tour de Kapla, c’est tout ton univers ! Mais quand tu grandis et que tu comprends que Microsoft accélère la fin de notre univers commun, on peut être rudement agacé. D’autant que parallèlement à ça, Microsoft affiche fièrement sur sa page Sustainability, durabilité en français, « Accélérez votre progression avec de puissantes solutions de développement durable Microsoft » ! Ça pourrait être la nouvelle définition du cynisme ! Ma mère dirait même « foutage de gueule ! ». Bref, si j’étais vous, je suivrais ce conseil plein de bon sens :
Lorette Costy, voix off : Au prochain changement de direction prenez l’autoroute 2025 en direction de GNU/Linux !
Lorette Costy : Bien sûr, les ordinateurs qui ne supporteront pas la montée de version ne vont pas devenir inutilisables dès le 15 octobre ! Mais le fait qu’une entreprise dicte mondialement ce que doit être la consommation accélérée d’ordinateurs est tout simplement absurde et aberrant.
Laurent Costy : Donc, il faut bifurquer. D’autant que désormais, les solutions alternatives existent et sont éprouvées depuis longtemps. Elles fonctionnent même à grande échelle.
Lorette Costy : L’exemple ne date pas d’hier : la gendarmerie française utilise la distribution GNU/Linux Ubuntu pour les postes de travail. Vous pouvez écouter l’émission 34 de Libre à vous ! du 3 septembre 2019 si vous ne nous croyez pas.
Laurent Costy : Et récemment encore, devant la prise de conscience des enjeux de souveraineté, autrement dit de maîtrise de son système d’information, la dernière revue de presse de l’April nous apprenait, à travers un article de L’Usine Digitale, que Copenhague et Aarhus, les deux plus grosses villes du Danemark, ont commencé à se désengager de Microsoft pour une partie de leurs systèmes informatiques.
Lorette Costy : Donc, c’est possible. Juste, il faut mettre en évidence les enjeux pour toutes ces personnes qui décident. Et surtout, quand une transition est décidée, les personnes impliquées doivent savoir pourquoi elles doivent le faire. C’est un élément important pour que ça réussisse !
Laurent Costy : Tout comme l’accompagnement qui est indispensable et qui doit être pensé en amont !
Lorette Costy : Bref, c’est possible, alors faites-le enfin ! Et vous verrez, à terme, c’est libératoire !
Laurent Costy et Lorette Costy ensemble : Au prochain changement de direction, prenez l’autoroute 2025 en direction de GNU/Linux.
[Virgule sonore]
Frédéric Couchet : Nous sommes de retour en direct. C’était la chronique « À cœur vaillant la voie est libre » de Laurent Costy, administrateur de l’April, et de sa fille Lorette Costy.
Nous allons faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Après la pause musicale, nous allons continuer de parler de Windows vers un système libre sur le poste de travail suite à cette belle introduction.
En attendant, nous allons écouter Fucidin, par Ehma. On se retrouve dans deux minutes trente. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : em>Fucidin, par Ehma.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter em>Fucidin, par Ehma, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA 3.0.
[Jingle]
Migrer de Windows vers un système libre sur le poste de travail avec Isabelle Carrère de l’association Antanak, et Julien Négros, responsable technique de l’administration système chez Enercoop
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal, excellemment introduit par la chronique de la famille Costy, juste avant, qui va donc porter sur la migration de Windows vers un système libre sur le poste de travail, avec nos invités Isabelle Carrère de l’association Antanak, que vous avez l’habitude d’entendre sur Cause Commune, et Julien Négros, responsable technique de l’administration système chez Enercoop. Je vais les laisser se présenter, mais juste avant, si vous souhaitez participer à notre conversation, vous pouvez venir sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causesommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous. Je précise que toutes les références dont on parlera dans l’émission, liens et autres, seront sur la page consacrée à l’émission du jour, sur libreavous.org/253, ou dans les notes de l’épisode si vous nous écoutez en podcast.
Bonjour Isabelle.
Isabelle Carrère : Bonjour.
Frédéric Couchet : Bonjour Julien.
Julien Négros : Bonjour.
Frédéric Couchet : On va commencer par la question traditionnelle de présentation personnelle. On va commencer par Isabelle, Isabelle Carrère.
Isabelle Carrère : Bonjour. Je vais présenter Antnak, parce que moi, on s’en fiche !
Frédéric Couchet : Tu présentes qui tu veux !
Isabelle Carrère : Je vais présenter Antanak, que j’ai fondée, comme ça je suis présentée, coprésidente maintenant, on a changé de gouvernance, en tout cas cofondatrice.
Antanak est une association loi 1901, sans but lucratif, qui a fêté ses dix ans en février de cette année et qui a pour enjeu, objectif, ambition, à la fois de reconditionner les ordinateurs qui lui sont donnés par des entreprises mais aussi parfois par des particuliers, installer dessus des systèmes libres – ça tombe bien, on va pouvoir parler de ce sujet-là parce que, généralement, les ordinateurs qu’on nous donne sont sous Windows et non pas déjà sous Libre, quoique cela arrive parfois – et ensuite les donner aux adhérents et adhérentes. C’est le plus gros de l’activité. Le reste, c’est l’accompagnement, les ateliers de sensibilisation, les formations et les permanences d’écrivain numérique public qui permettent soit de soutenir des gens dans les démarches qu’ils n’arrivent pas à faire seuls, soit de les aider, les accompagner petit à petit à prendre en charge tout ou partie de ce qu’ils veulent faire, ce que toutes les personnes veulent faire avec le numérique, en essayant d’être le moins dans les injonctions, parce que les gens en ont quand même assez des injonctions dans leur vie en général. Du coup, on y va plutôt doucement, au rythme de chaque personne, avec ce qu’ils et elles connaissent, savent faire, apprécient, etc. C’est l’occasion, on y reviendra évidemment pendant l’heure qui vient, de présenter, d’expliquer, de parler de ce dont il est question avec les logiciels libres.
Frédéric Couchet : D’accord. Avant de passer la parole à Julien, je vais rappeler que vous êtes nos voisines, au 18 rue Bernard Dimey, Paris 18e, le studio étant au 22.
Isabelle Carrère : Voilà, près de la porte de Saint-Ouen.
Frédéric Couchet : Exactement, à 50 mètres de la porte de Saint-Ouen.
Julien, je te laisse te présenter.
Julien Négros : Je vais faire vite sur moi. Juste un petit mot pour rappeler que la formation CoLibre existe. Je suis passé par la formation Colibre, à Lyon, il y a une quinzaine d’années. Après, j’ai mis un pied dans l’administration système dans une structure assez classique et j’ai rejoint Enercoop notamment parce qu’il y avait une vraie volonté d’utiliser des logiciels libres le plus possible, notamment au niveau du poste de travail, ce qui est quand même assez rare, ce qui m’attirait, ce qui m’intéressait beaucoup.
Enercoop est une un réseau de coopératives, un fournisseur d’électricité d’origine renouvelable, Ce sont maintenant 13 coopératives, il me semble, si je ne dis pas de bêtises. Nous fêtons nos 20 ans cette année. C’est d’ailleurs la semaine du 22 septembre, c’est tout proche, on commence par l’Onde de Coop, mardi, pour les personnes qui ne sont pas déjà sociétaires et qui veulent venir voir un peu comment c’est. Et jeudi soir, une soirée à la Bellevilloise, si vous voulez faire la fête avec nous.
Frédéric Couchet : D’accord. Tout ça à Paris. Antanak c’est 10 ans, Enercoop c’est 20 ans, Magali, si elle avait le micro, dirait « et l’an prochain, ce sont les 30 ans de l’April ! ».
Je suis ravi de vous avoir tous les deux et, comme tu le dis Julien, près de 250 postes de travail sous un système libre, ça m’a évidemment intéressé en termes de retour d’expérience.
On va commencer par introduire le sujet, même si Laurent et Lorette Costy en ont un petit peu parlé tout à l’heure en expliquant ce qui allait se passer le 14 octobre 2025. Si on a choisi ce sujet de rentrée ce n’est pas pour rien, c’est qu’un événement rend chafouin pas mal de gens, mais il est aussi, peut-être, une opportunité justement pour le logiciel libre, la fin des mises à jour de sécurité gratuites pour Windows 10. Qu’est-ce qui va se passer ? Quel va être l’impact de cette fin de mises à jour de sécurité gratuites ? Qui veut commencer ? Isabelle visiblement.
Isabelle Carrère : Je voulais juste dire, après, Julien, je te laisse parler, que c’est une géniale opportunité ! Il faut remercier Microsoft de l’ampleur de cette annonce parce que ça va permettre, comme on le fait aujourd’hui, d’expliquer plus et encore et encore les bienfaits des logiciels libres, des systèmes d’exploitation libres, qui sont un bien commun, versus des systèmes et des organisations qui sont privatrices. Vas-y, je te laisse raconter.
Julien Négros : Tu as tout dit. Personnellement, à Enercoop, la plupart de nos ordinateurs, pas tous, sont déjà sur un système libre, et le peu qui sont encore sous Windows vont, à priori, le rester. Effectivement, pour le grand public c’est l’occasion, ça l’a été dans le passé aussi, de migrer.
Isabelle Carrère : Ça devrait être l’occasion pas que pour les particuliers. Ça devrait être l’occasion également pour les entreprises qui ne le sont pas encore, les collectifs, les associations mais aussi les services publics. Dans la chronique, Lorette a parlé de la gendarmerie qui a fait le pas et nous, dans une dernière émission, nous avons parlé de la police qui, elle, ne l’a pas fait et qui va jeter quelque 30 000 ordinateurs.
Frédéric Couchet : Je précise que sur la partie collectivités, nous avons des émissions consacrées aux collectivités et à leurs retours d’expérience, c’est l’un des sujets qui sera évoqué, notamment parce que certaines grandes villes ont lancé un projet de migration vers le logiciel libre sur le poste de travail, ça prend du temps, tout à l’heure Julien expliquera.
Peut-être juste pour revenir sur ce qui se passe en octobre. Concrètement, Microsoft force les gens à passer à Windows 11, qu’un certain nombre d’ordinateurs ne sont pas compatibles pour des raisons de performance ou de matériel par rapport à Windows 11, ça pose donc, évidemment, des questions d’obsolescence logicielle. Tout à l’heure, dans la chronique précédente, ça a été estimé à 240 millions d’ordinateurs qui deviendraient obsolètes pour Windows 11, mais qui ne le seraient pas pour un système libre. D’où le choix pour cette émission, aujourd’hui, et de cette opportunité dont on parle.
Isabelle Carrère : Oui, il y a la question du nombre et on peut s’en réjouir pour avancer encore plus sur la promotion des logiciels libres que nous faisons tous et toutes, sans non plus faire une terreur auprès de tout le monde. Il ne faut pas dire aux personnes « attention, demain matin ton ordinateur ne fonctionnera plus, il ne s’allumera même pas », non ce n’est pas ça. En fait, il s’était passé des choses un peu similaires avec l’arrivée de la Windows 10. Vous vous souvenez de l’histoire : il y a eu une version 7, une version 8, il y a eu un trou parce qu’ils ont loupé la 9, ils n’ont pas fait de 9, pour finalement nous balancer la 10. Et la 10 a déjà été, je sais plus à quelle date, rappelons-nous quand même que la 10 a déjà été un problème pour énormément de monde. Là, on passe à une tranche de problèmes encore plus forte puisque, quand ils ont mis la 10, Microsoft continuait à faire la maintenance de sécurité et des applications qui sont dedans, toutes les fonctionnalités qui sont dans la 7 et la 8. Là, ils disent : « Eh bien non. En fait, si tu ne viens pas sur la 11, comme on a vu que tu t’étais déjà débrouillé quand on était passé à la 10, là on va dire non, tu ne pourras plus ! Tu ne pourras plus être en fonctionnement sécuritaire. Ça ne veut pas dire que tu ne peux plus rien faire, ça veut dire que s’il y a une faille dans un système, ça sera pour toi. Ça veut dire que si quelqu’un veut essayer de passer, de hacker des choses, on ne te protège plus. » C’est quand même énorme comme affaire !
Frédéric Couchet : Tu as raison de préciser.
Julien Négros : C’est important de préciser que c’est effectivement un choix arbitraire de leur part, parce que, techniquement, beaucoup de ces ordinateurs pourraient tourner sur Windows 11, mais ils choisissent, un peu par facilité quelque part – ce qu’on peut comprendre techniquement –, de se dire que non, il va y avoir trop de problèmes parce que, soi-disant, ils ne sont pas assez puissants. C’est aussi pour cela qu’on peut les passer facilement sur un système GNU/Linux, il n’y a aucune raison qu’ils ne fonctionnent pas encore des années.
Frédéric Couchet : Tout à fait. Tu viens de prononcer le mot GNU/Linux. Tout à l’heure Lorette Costy en parlait aussi. Dans l’informatique, les personnes connaissent bien Windows, fournisseur, Apple, mais, dans le monde du Libre, le système est un petit peu différent. Avant d’aborder la migration en pratique, les bonnes pratiques, les choses à savoir, est-ce que vous pourriez rappeler ce qu’est une distribution en logiciel libre de façon succincte, qu’est-ce qui la différencie par rapport à un environnement privateur ? Vas-y Isabelle.
Isabelle Carrère : Il y a plein de choses qui les différencient.
La première chose, pour moi et pour nous à Antanak, c’est déjà le fait que ce n’est pas pour rien qu’on parle de liberté, parce que, justement il y a une pluralité, on le verra, d’écrans, de configurations, de choix, de communautés et c’est également la promotion de la décentralisation. C’est-à-dire qu’il n’y a pas une seule tête, je veux voir une seule façon de faire comme le fait Apple ou comme le fait Microsoft, et tout le monde doit être exactement de la même manière et si tu n’es pas là-dedans, tu n’es pas bon, ça ne va pas. Non ! Là il y a une ouverture, donc une ouverture d’esprit aussi, une liberté de faire, de montrer que les choses peuvent être différentes et, pour autant, on continue à se parler, à communiquer. C’est une chose qui est vraiment très importante pour nous et qu’on manie au quotidien puisque, sur les ordinateurs que nous reconditionnons, parfois on va mettre du Debian, parfois du Xubuntu, parfois du Trisquel, parfois du MX Linux. Bref, on ne va pas toutes les citer. Ce sont tous des noms de distributions. Ça veut dire que derrière ce sont des communautés de personnes, hommes et femmes, ingénieurs et ingénieures, qui développent, mettent en place, suivent, maintiennent, améliorent, etc., un ensemble de fonctionnalités dont on a besoin. Le tout avec, quand même, des choses qu’on retrouve de l’une à l’autre.
Dans les formations qu’on fait à Antanak, j’aime à dire que du moment que tu reconnais la petite icône de LibreOffice Writer, du moment que tu reconnais la petite icône de Firefox, tu n’es pas perdu. Tu n’es pas perdu, tu vas la retrouver quel que soit le bureau que tu vas avoir.
Quand on va parler, après, du poste de travail, je pense qu’on peut s’ouvrir et je trouve que c’est génial que les gens acceptent, par exemple, d’avoir deux bureaux différents ou deux distributions différentes, ils « shiftent », ils basculent de l’une à l’autre pour essayer des choses. Pardon, shift n’est pas français.
Frédéric Couchet : C’est une touche du clavier !
Isabelle Carrère : Ils basculent de l’une à l’autre et s’autorisent à ne pas simplement suivre une seule voie, c’est cela que j’apprécie et je pense qu’il faut calmer la peur de tout le monde grâce à cela. Ce n’est pas « c’est pratique, j’ai l’habitude, je sais faire », c’est au contraire « waouh, je m’ouvre, et au lieu de manger toujours des carottes, je peux manger aussi des endives et des betteraves ».
Frédéric Couchet : D’accord. Isabelle a bien posé le contexte, elle a employé le terme « distribution GNU/Linux », « distribution libre ». Peux-tu préciser ce que c’est, Julien ?
Julien Négros : Quand on parle de GNU/Linux, on parle d’un système, on rajoute des logiciels par-dessus le noyau qui fait un peu la communication entre le matériel et les logiciels, donc le noyau Linux, qui est d’ailleurs aussi utilisé dans Android, mais là on ne parlera pas de distribution GNU/Linux. Une distribution c’est donc un ensemble de logiciels avec Linux, qui sont la plupart du temps sous licence libre, mais pas forcément, qui est soutenue par une communauté ou une entreprise ou les deux, c’est souvent les deux, qui maintient cette distribution pour qu’elle soit utilisable, qui propose les mises à jour, qui permet qu’elle soit fonctionnelle.
Frédéric Couchet : Pour résumer, ce qui va différencier les différentes distributions en logiciel libre, c’est souvent la façon de les installer et de les mettre à jour. Finalement, les gens qui découvrent le monde du logiciel libre et qui nous écoutent doivent se dire que, in fine, on va retrouver les mêmes logiciels libres dont on va parler tout à l’heure – LibreOffice, Firefox, The Gimp, Scribus pour la mise en page –, que, derrière, il peut y avoir effectivement différentes communautés, plus ou moins actives, et peut-être que je vous poserai la question, à savoir quel rôle ça a justement par rapport au choix de la distribution, comment ça se passe. Pour les entreprises, on anticipe un petit peu, il y a des entreprises qui font du support dédié à des distributions en logiciel libre. Une entreprise qui migre vers du logiciel libre n’a pas forcément tout à gérer en interne. C’est ça Julien ?
Julien Négros : Tout à fait.
Frédéric Couchet : D’accord.
On a posé le cadre. On se dit que pour les gens c’est peut-être l’occasion d’envisager de migrer vers du logiciel libre. On va attaquer le gros de l’émission : comment faire en pratique ? J’aimerais vous faire réagir sur la fin de la chronique de la famille Costy. Lorette et Laurent expliquaient deux points importants : informer les personnes de la raison de cette migration, peut-être que c’est plus pour toi, Julien, sur la partie entreprise, sur la partie grand public on a un peu compris, et d’anticiper l’accompagnement, donc le mot clé accompagnement.
Par exemple, chez Enercoop, depuis plusieurs années vous avez migré un certain nombre de postes de travail, en tout cas une bonne partie, 250, vers le logiciel libre. Quel a été l’argument ? Quelles raisons ont été mises en avant pour expliquer aux personnes d’Enercoop qu’il y aurait cette migration ?
Julien Négros : Je suis un peu obligé de contourner la question parce que je n’ai pas connu la migration personnellement, elle a eu lieu il y a longtemps, je crois que c’était en 2014. À ce moment-là, ça a peut-être été fait différemment de ce qu’on fait maintenant. Les personnes arrivent avec un poste qui est déjà sous GNU/Linux, mais c’est un petit peu pareil, je pense que ce sont les mêmes interrogations.
On explique aux personnes la philosophie du logiciel libre, pourquoi on a choisi d’utiliser en majorité du logiciel libre, même si beaucoup de personnes utilisent du logiciel libre parfois sans le savoir, on leur rappelle donc les choses qui leur sont familières, et on essaye de les accompagner, notamment quand elles arrivent. En leur montrant leur poste de travail, on leur fait une démonstration de l’environnement de bureau, en l’occurrence Gnome, et on leur montre que c’est finalement assez facile à utiliser, instinctif, avec aussi les modifications qu’on a un petit peu apportées. Ce sont des modifications qui sont très simples, ce sont, par exemple, juste des installations d’extensions pour des choses qui nous paraissent mieux pour l’usabilité du bureau. On leur dit évidemment qu’elles ne sont pas lâchées, qu’elles peuvent venir nous poser des questions quand elles veulent. On leur fournit aussi une documentation sous forme de wiki. On a notamment une documentation pour le bureau ce qui, je pense, est assez rare, parce que malheureusement, en standard, on a l’habitude d’avoir toujours la même chose dans les deux systèmes d’exploitation privateurs les plus répandus, vu qu’ils sont assez familiers, normalement ce n’est pas nécessaire d’avoir une documentation pour cela, mais nous, nous en avons une.
Frédéric Couchet : Je me souviens qu’il y a une dizaine d’années Enercoop avait publié un article expliquant le choix du logiciel, notamment pour des raisons éthiques, politiques. Je retrouverai le lien, on le mettra, c’était peut-être une interview de Julien Noé.
Julien Négros : Je crois que c’était quelqu’un d’autre à l’époque, son nom m’échappe… David Affagard.
Frédéric Couchet : David Affagard. Ne retenez pas les noms, on mettra le lien.
Isabelle.
Isabelle Carrère : Je voulais poser une question : est-ce une documentation qui est en libre accès ?
Julien Négros : Seulement pour nos utilisateurs et utilisatrices, en l’occurrence. C’est vrai qu’on pourrait l’étendre.
Isabelle Carrère : Ce n’est pas partageable, partagé ?
Julien Négros : Non. C’est assez spécifique parce qu’on parle de distribution Enercoop, même si, derrière, c’est une Debian. On a fait des modifications qui ne sont pas forcément énormes, surtout pas celles qui sont visibles directement. Je ne suis pas sûr que ça parlerait à tout le monde.
Frédéric Couchet : C’est un point intéressant : vous avez pris une distribution qui existe déjà, qui s’appelle Debian, vous l’avez adaptée aux besoins d’Enercoop. Tout à l’heure, dans la chronique, Lorette ou Laurent parlait de la gendarmerie nationale qui, depuis 2005 ou 2006, a aussi entamé une migration qu’elle a terminée. La gendarmerie a fait la même chose, sauf qu’elle a pris une autre distribution, Ubuntu, qu’elle a adaptée par rapport à ses besoins. Elle a donc sa propre distribution dont le nom est Genbuntu. Je salue Marie-Odile qui nous a rejoints sur le salon web de l’émission pour me rappeler ce nom.
Isabelle, j’ai une petite question. Julien a dit qu’on explique aux personnes qui arrivent à Enercoop la partie un peu philosophie du Libre, les raisons de ce choix, avant de leur montrer techniquement comment ça marche. Est-ce que vous faites la même chose ? Ce n’est pas forcément évident. On pourrait d’abord commencer par montrer à ces personnes que, finalement, elles peuvent faire la même chose qu’avec un autre système, voire mieux, et ensuite leur parler de la philosophie. On pourrait faire autrement.
Isabelle Carrère : Tu as raison. En fait, je pense qu’on fait les deux maintenant que tu me poses la question. J’ai dit oui tout de suite, je voulais dire qu’on prévient avant les personnes à qui on donne un ordinateur. À partir du moment où on dit aux gens : « Pour avoir un ordinateur, vous allez passer par la case Antanak, vous allez être adhérent/adhérente d’Antanak. Adhérer, ça veut dire à la fois verser une cotisation, si vous le pouvez, mais aussi et surtout adhérer dans le sens être d’accord avec les principes de l’association et les principes du Libre. » Du coup, de fait on le fait avant. Mais tu as raison, dans les permanences d’écrivain public, dans les formations ou les ateliers, on fait l’inverse, on leur dit : « Allez-y asseyez-vous. – Ah, mais je ne connais pas. – Comment ça ! Tu ne connais pas ? Tu ne vois pas où est le traitement de texte ? ». Du coup, on y va dans l’autre sens et c’est après qu’on amène le pourquoi, le comment, comment tu peux paramétrer toi-même ton ordinateur. Ces personnes-là vont souvent commencer par les ateliers et ensuite vont nous demander un ordinateur, c’est souvent dans ce sens. Du coup tu as raison. On fait les deux.
Frédéric Couchet : Je pose aussi la question pour des personnes qui voudraient accompagner des migrations, c’est une question qui peut se poser : est-ce que je commence par montrer en pratique, je convaincs par la pratique ? Est-ce que je commence par un peu expliquer la philosophie, ou pas ? Je sais qu’il y a différentes approches, notamment dans les groupes d’utilisateurs et utilisatrices du logiciel libre par rapport à ça.
Isabelle Carrère : Il y a même différentes approches chez les fabricants, j’allais dire, ou les développeurs et développeuses de logiciels. Par exemple, si je parle de LibreOffice, des tas de gens me disent « je l’ai déjà utilisé sur Microsoft ». Eux ont choisi de le faire en disant « on va être suffisamment costaud pour tenir sur d’autres plateformes, d’autres systèmes d’exploitation », du coup quand après on parle de LibreOffice, les gens connaissent déjà. C’est aussi assez futé comme façon de faire.
Frédéric Couchet : Ta remarque est excellente. Je n’y avais pas pensé. Le sujet de l’émission c’est la migration d’un système entier de Windows vers un système libre, mais une façon de commencer la migration pas à pas, c’est de commencer par installer des logiciels libres sur son Windows, qu’on va pouvoir retrouver ensuite sur un système libre. Finalement le système aura changé derrière, mais on utilisera les mêmes logiciels, LibreOffice, Open Office ou autres.
Isabelle Carrère : Exactement. C’est ce qu’on fait parfois quand on ressent vraiment que les gens ne veulent pas ou que les gens viennent nous voir avec leur ordinateur, ils sont quand même amoureux/amoureuse de leur ordinateur, ils ne veulent pas changer, du coup on y va doucement. On met une petite bulle, effectivement par exemple LibreOffice. C’est aussi une autre façon. Nous ne sommes pas obligés, nous aussi, de devenir violents, violentes sous prétexte qu’on veut libérer, ça serait dommage ! Du coup, on y va doucement de manière à ce que les gens ne se sentent ni perdus ni, surtout, dépossédés. Ma grande peur actuellement dans cette société, c’est la dépossession dans laquelle on met les personnes sur ce qui leur arrive, ce qu’elles deviennent. Et là, ce que fait Microsoft, c’est ça aussi. Pour moi ça participe de quelque chose d’insupportable dans le capitalisme ambiant. L’idée c’est comment faire pour que les gens, petit à petit, eux-mêmes, y aillent. Ce n’est pas « viens, je t’installe quelque chose ». On y va doucement, tranquillement.
Frédéric Couchet : Il est important que les personnes qui nous écoutent sachent que certains logiciels libres grand public sont ce qu’on appelle multi-plateformes, comme LibreOffice ou Firefox, qu’elles peuvent déjà les installer sur Windows avant de migrer.
Dans ce même esprit, plutôt pour toi Isabelle, vous réinstallez un système entièrement libre sur un ordinateur reconditionné, mais il existe aussi la possibilité, pour des personnes qui viendraient à des fêtes d’installation pour se faire accompagner, d’avoir ce qu’on appelle un double amorçage. Est-ce que tu peux expliquer ce qu’est le double amorçage ?
Isabelle Carrère : Double amorçage, parfois on dit un dual boot.
L’idée du double boot, double amorçage c’est quoi ?
J’aime bien prendre l’exemple des étudiants et étudiantes qui, parfois, arrivent pour des choses qu’ils et elles ne décident pas, ce sont leurs profs ou l’université qui décident et disent : « Ah non, je trouve que FreeCAD et LibreCAD ce n’est pas du tout bien, je veux absolument que tu travailles avec AutoCAD ! ». Que fait la personne ? Elle a besoin de son ordinateur avec le logiciel que les profs ont décidé qu’il fallait utiliser. Donc, à ce moment-là, il est effectivement possible de demander au Windows qui est sur l’ordinateur de se pousser un petit peu, gentiment, je ne vais pas parler trop technique, partitions et autres, bref, on pousse un petit peu le système et l’espace qui est conservé pour les données de manière à pouvoir mettre à côté un autre système d’exploitation. On le fait souvent avec Xubuntu parce que c’est celui qui est le plus facile. Ce qu’on aime c’est que les gens fassent avec nous. Donc, pour qu’ils comprennent, on le fait ensemble. Avec cette distribution-là ça marche très bien, on n’a quasi pas de bug, alors que, parfois, Debian n’est pas d’accord ou il y a d’autres choses un peu plus complexes, c’est encore autre chose. On fait donc ça. Du coup, quand on allume l’ordinateur, il propose un écran sur lequel il va demander « où est-ce que tu veux aller ? Sur Windows ou bien plutôt sur Xubuntu ? ». Je ne vous cache pas que si on ne répond pas, il va sur Xubuntu, quand même, nous sommes libristes !, mais si on répond, on peut choisir de démarrer directement là-dessus. L’intérêt c’est qu’on peut continuer à pouvoir utiliser les quelques logiciels, de plus en plus rares, qui sont dédiés, spécifiques, et qui ne marchent qu’avec Microsoft versus, à côté, avoir l’ensemble de sa vie, sa boîte mail, ses recherches sur Internet, les choses qu’on va écrire avec LibreOffice, les tableurs, les Framapads pour discuter avec d’autres et faire des réunions. Bref ! Tout toute sa vie. Ça peut être une façon de faire.
Frédéric Couchet : Dans le même ordre d’idée, tout à l’heure, Julien, tu as expliqué que la grande partie du parc informatique, des postes de travail d’Enercoop, est en logiciel libre. Est-ce qu’il y a des logiciels métiers, par exemple, ou autres logiciels, qui ne tournent que sous Windows, que vous avez dû garder ? Est-ce que, techniquement, vous les avez fait tourner sur un système libre ? Est-ce que ce genre de chose existe encore ? Il y a longtemps, on sait que la problématique concernait certains logiciels métiers qui ne tournaient que sur un environnement particulier. Avez-vous cette problématique à Enercoop ?
Julien Négros : Oui, on l’a, malheureusement. Comme tu disais, on a des doubles amorçages sur certains postes, relativement peu. On essaye de trouver des solutions alternatives, mais parfois ce n’est pas possible. En plus, chez nous, il y a des progiciels, comme on dit, qui n’existent tout simplement pas en version libre, parce que c’est trop spécifique, par exemple des applications pour gérer le photovoltaïque, des choses comme ça.
Pour ces cas-là, on a pensé à utiliser des bureaux virtuels pour éviter d’avoir un double boot. Ce n’est pas toujours possible. On est en train de travailler dessus pour essayer de renforcer ça plutôt que d’avoir à installer des Windows. Heureusement, dans la plupart des cas, les personnes peuvent travailler avec les logiciels libres et non libres qui sont disponibles sous GNU/Linux.
Frédéric Couchet : Quelle est la réaction des personnes ? Je pense que quand on candidate chez Enercoop on a quand même un petit côté militant, forcément, en tout cas c’est ce que j’imagine. Comment la personne qui rejoint Enercoop accueille-t-elle le fait que, globalement, elle va utiliser un système qu’elle ne connaissait pas ? Peut-être que certaines personnes ont déjà utilisé des systèmes libres, mais on se met dans l’hypothèse que ce sont des gens qui utilisent soit un Mac soit un Windows. Comment ces personnes accueillent-elles cette nouvelle ?
Julien Négros : Ça dépend ! La plupart du temps ça se passe très bien. Les gens sont curieux. On pose toujours la question « est-ce que tu as déjà utilisé une distribution GNU/Linux ? Est-ce que tu vois un petit peu ce que c’est ? ». À peu près la moitié du temps, les gens ont au moins une petite idée de ce que c’est. On explique, du coup la formation, on montre le bureau, on montre comment ça fonctionne. On leur demande « as-tu des questions ? Est-ce que ça ne te paraît pas trop compliqué ? – Non. Je retrouve mes logiciels, je connais ceux-là, on les lance comme ça, on les déplace comme ça. C’est très bien, le fonctionnement est simple. » Les personnes plus réticentes sont parfois des personnes qui de toute façon, dans leur métier, vont avoir besoin de logiciels qui n’existent pas sous GNU/Linux, finalement ce sont les cas particuliers. Mais on n’a jamais eu de personnes vraiment réticentes à utiliser un bureau GNU/Linux. À partir du moment où la personne n’est pas bloquée dans son travail, si elle a un peu de mal à l’utilisation, on va l’accompagner.
Frédéric Couchet : Même question à Isabelle avant la pause musicale, ou réaction.
Isabelle Carrère : J’avais une question. Dans les logiciels métiers, est-ce qu’on est d’accord pour dire que tout ce qui est logiciels classiques d’entreprise, donc compta, paye, etc., vous arrivez à travailler sur des logiciels libres versus ce sont plus des choses métiers sur lesquelles on ne trouve pas ?
Julien Négros : Malheureusement non. J’aimerais bien aussi. C’est un peu parce que nous n’étions pas assez nombreux à être libristes au moment où ont été fait des choix, on n’a pas pu peser assez pour d’autres choix. Parfois on a pu, c’est quand même arrivé. Ce sont plus des logiciels moins courants dans les entreprises qu’on a pu mettre en Libre. La compta non, malheureusement.
Isabelle Carrère : La compta non. C’est work in progress, c’est-à-dire que vous allez changer après ou pas du tout ? Ça va rester comme ça ?
Julien Négros : Je ne pense pas, au contraire. Ça a été tenté et ça n’a pas fonctionné. On pourra retenter plus tard ! Typiquement la compta ce sont les seules personnes qui sont sous Windows chez nous.
Isabelle Carrère : C’est souvent le cas. Je disais ça parce c’était mon métier, avant, de faire du conseil en RH. C’était vraiment une des choses compliquées pour laquelle les gens voulaient absolument garder les grands classiques, les grands modèles sur la compta et sur la paye comme si le reste était ! « J’ai peur, ça ne va pas bien marcher, je vais avoir des problèmes avec mon commissaire aux comptes », alors qu’en fait il y a des solutions.
Julien Négros : On va peut-être en parler tout à l’heure. Le problème c’est que moi, personnellement, je ne connais pas assez bien par exemple les tableurs libres pour dire « tu peux faire ça exactement de la même manière que dans excel », ce qui est souvent le cas, pour ne pas le citer. Mais il faut connaître très bien le logiciel, il faut très bien expliquer, il faut que la personne soit prête à se l’approprier.
Isabelle Carrère : C’est bien. Ça veut dire que l’entreprise encore à faire pour se libérer. C’est cool !
Julien Négros : Complètement. Mais il y a aussi des améliorations à avoir au niveau des logiciels. C’est compliqué d’être exigeant à ce niveau-là.
Isabelle Carrère : Sauf à contribuer au développement des dits logiciels !
Julien Négros : Tout à fait.
Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale et, comme disait la chanson chantée par Lorette tout à l’heure, « continue d’avancer, continue d’espérer, un pas après l’autre ». Nous sommes dans cette logique-là.
Je salue Vincent Calame, le chroniqueur Vincent Calame, qui a fait ce choix de pause musicale. C’est Jewish in bollywood par Les bretons de l’est. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Jewish in bollywood par Les bretons de l’est
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Jewish in bollywood par Les bretons de l’est, disponible sous licence Art Libre.
[Jingle]
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre notre discussion qui concerne la migration de Windows vers un système libre sur le poste de travail, toujours avec Isabelle Carrère, de l’association Antanak, et Julien Négros, responsable technique de l’administration système chez Enercoop, fournisseur coopératif français d’électricité d’origine renouvelable.
J’ai une petite question concernant le retour des personnes que vous accompagnez. On va commencer d’abord par Isabelle. Les personnes qui récupèrent des ordinateurs reconditionnés sur lesquels vous avez installé une distribution en logiciel libre, ces personnes repartent avec. Quel est le retour au bout de quelque temps ? Est-ce que ces personnes vous font des retours, « je suis contente, pas contente » ?
Isabelle Carrère : On a plein de retours et les meilleurs retours qu’on a, depuis une année à peu près, sont ceux des gens qui reviennent avec le poste en question, qui a fonctionné, des gens qui sont venus chercher un poste en 2019/2020 et là, en 2024/2025, qui reviennent et disent « c’est super, il a super bien fonctionné. J’ai tel nouveau besoin, comment je vais faire ? ». Ce sont des retours hyper positifs. On n’a pas rencontré, à part des gens qui ont cassé le matériel mais c’est une autre question qui n’a rien à voir avec le Libre ou pas le Libre – l’ordinateur est tombé, l’écran s’est cassé ou la batterie est vraiment défectueuse, des choses comme ça, des choses matérielles –, mais sur les aspects logiciel libre on n’a jamais eu de soucis. Il nous est arrivé, quelquefois, que des gens, alors qu’ils ont dit qu’ils n’allaient pas le faire, qui ont signé une charte, reviennent en disant « il y a un truc cassé » et on s’aperçoit...
Frédéric Couchet : C’est quoi cette charte ?
Isabelle Carrère : C’est pour écrire avec des mots. Avant on ne le faisait pas, mais, depuis trois/quatre ans on le fait, pour qu’il soit écrit quelque part le fait qu’ils sont d’accord avec nos principes et qu’ils s’engagent à ne pas réinstaller du Windows sur les postes, etc. C’est un engagement, mais on ne va pas les emmener chez les flics s’ils le font. Du coup, on arrive parfois à avoir quelques jeunes qui disent « tel et tel jeu ne marchait pas, du coup j’ai remis du Windows. » On a eu ça. Ce sont des retours qui peuvent arriver, parce que les gens sont gourmands de ces trucs, on ne sait pas pourquoi, mais sur le reste non, les gens sont positifs. On peut dire que 85 %, voire 90 % dans certains cas, les usages communs, habituels, sont couverts par ce qui existe et ce qui est mis à disposition par tout le monde. C’est vraiment sur des sujets hyper précis et pointus que les gens, parfois, n’arrivent pas et s’ils n’y arrivent pas, c’est de la flemme et de la paresse, on sait que la paresse existe chez les humains et les humaines ; parfois on a envie de faire avec les choses qu’on connaît, on n’a pas envie de changer, tout simplement. Sinon, s’ils sont d’accord pour y aller, on n’a que des retours positifs.
Frédéric Couchet : D’accord.
Julien, ma question est un petit peu différente. Elle concerne les personnes qui travaillent chez Enercoop, qui débarquent, qui utilisent un bureau ou un système d’exploitation libre et qui, sans doute pour la plupart, chez elles utilisent un système autre, privateur, Windows ou Apple, est-ce que vous avez des retours sur l’évolution de leurs pratiques informatiques individuelles ? Par exemple, est-ce que certaines de ces personnes sont passées en logiciel libre aussi à la maison ?
Julien Négros : Ça peut arriver. Malheureusement c’est rarement proactif, à part si les personnes ont un profil militant, comme tu le disais tout à l’heure, ont déjà un peu le terreau pour que ça fonctionne. C’est déjà arrivé plusieurs fois que des personnes disent « j’aimerais bien ». Parfois c’est même pour aller plus loin notamment dans le respect de la vie privée, des choses comme ça, il y a des distributions GNU/Linux qui sont spécialisés là-dedans.
Sinon, il y a le cas où on fait un petit peu comme ce que fait Isabelle : on donne des ordinateurs en fin de vie, qui ne sont plus utilisables dans un cadre professionnel, ou quand les personnes partent. Quand des personnes partent et veulent garder leur ordinateur, dans ce cas on leur fournit avec GNU/Linux qui n’est pas la distribution Enercoop, pour le coup, ça dépend de l’ordinateur, souvent c’est du Ubuntu et on leur dit « tu retrouves un petit peu ce que tu avais au travail ».
Avec ce qui se passe avec Windows 10, c’est l’occasion de faire ce qui a déjà été fait dans le passé à Enercoop, une install partie. Nous allons essayer d’organiser une, avec notre équipe, dans l’année. C’est l’occasion de le faire avec des personnes qui, en plus, ont déjà utilisé un petit peu ces environnements-là.
Frédéric Couchet : Justement ça tombe bien. Dans la ligne du dessous de mon séquentiel, de ma préparation c’est : qu’est-ce qu’une install partie, une journée d’installation ? Comment ça se passe ? Tu as commencé, Isabelle complétera, qu’est-ce qu’une install partie ?
Julien Négros : Une install partie, c’est une journée ou plusieurs journées où les personnes viennent avec leur matériel, leur ordinateur, et on leur installe un système libre, GNU/Linux la plupart du temps, pour remplacer ou mettre à côté de leur système privateur. On en profite pour faire ce qu’on fait aussi à Enercoop, de la formation, l’explication de ce que c’est. Comme les personnes sont volontaires, elles ont souvent déjà un peu une idée de ce vers quoi elles vont. Elles se font accompagner techniquement et aussi sur l’utilisation.
J’ai envie de rebondir un petit peu, tout à l’heure tu parlais des jeux. On s’adresse au grand public, il faut savoir que les jeux sous GNU/Linux fonctionnent vraiment beaucoup mieux qu’avant, notamment grâce à Valve, même si ce qu’ils ont fait n’est pas libre. Ça permet de jouer quasiment à tous les jeux qu’ils proposent, quasiment tous les jeux, et ça fonctionne très bien. À titre personnel, je fais ça et même des jeux très récents tournent magnifiquement bien.
Isabelle Carrère : Mais ce n’est pas libre, on est bien d’accord.
Julien Négros : Mais ce n’est pas libre. Souvent les jeux ne sont pas libres.
Frédéric Couchet : Effectivement, comme le remarque Julien avec l’historique des jeux, les gameurs ou les gameuses retrouvent aujourd’hui un environnement sur lequel elles peuvent jouer. Ce sont évidemment des jeux qui ne sont pas libres et je suppose, de toute façon, que lors des install parties, des journées d’installation ou fêtes d’installation, quel que soit le terme, les personnes expliquent : on vous installe ça qui est libre. Cela n’est effectivement pas libre, vous le savez et vous faites le choix de l’installer, ou pas.
À Antanak, vous ne faites pas, entre guillemets, de « fêtes d’installation » parce que vous faites ce travail avant.
Isabelle Carrère : C’est la fête tous les jours chez nous !
Frédéric Couchet : C’est la fête tous les jours chez vous ! On peut peut-être dire, et tu pourrais en parler Isabelle, c’est le rôle des groupes d’utilisatrices et utilisateurs de logiciels libres qui, partout en France, organisent régulièrement des journées d’installation pour aider les personnes à migrer vers le logiciel libre. On trouve ces groupes partout en France.
Isabelle Carrère : Absolument, on les trouve un petit peu partout. D’ailleurs, nous sommes en contact avec certains collectifs qui sont ailleurs, à Nantes, à Rennes, à Toulouse, à Bordeaux, à Marseille. Antanak sert aussi de support soit pour apporter une contribution de quelque nature que ce soit, soit avec quelqu’un qui se déplace, soit des ordinateurs qu’on donne à ce moment-là. Des choses comme ça peuvent se passer.
On a eu fait des install parties à certains moments, au début, au démarrage d’Antanak, avant qu’il y ait autant de gens qui viennent directement chez nous, pour se faire connaître et aussi pour travailler, parce qu’on apprend au fur et à mesure nous aussi, les Antankiens et Antanakiennes. C’est intéressant de rencontrer différentes marques d’ordinateurs avec leurs composants : celui-là, même si le CPU n’est pas trop génial, le processeur n’est pas trop performant, de fait, en lui rajoutant un peu de RAM, un peu de mémoire vive, un peu plus que ce qu’on ferait habituellement, on arrive quand même à lui mettre telle distribution qui a un bureau… ». Tu as parlé de Gnome tout à l’heure, on met souvent plutôt Xfce qui est plus léger. Ce sont des termes techniques juste pour expliquer qu’il y a des bureaux, des façons dont on interface avec son ordinateur, qui peuvent être différents, qui impliquent des choses différentes dans le fonctionnement, qui demandent des ressources plus ou moins conséquentes, plus ou moins importantes. Du coup, pour nous, c’est intéressant aussi de voir des ordinateurs différents et pas simplement la vague de ceux qui nous sont donnés par une entreprise quand on reçoit 50 HP.
C’est chouette de continuer et c’est pour cela qu’on aime bien aussi quand les gens viennent avec leur propre ordinateur et qu’on travaille avec la personne sur ce qui va être le plus adapté là, avec quoi la personne se sent le mieux. C’est sympa aussi.
Frédéric Couchet : On peut préciser que dans une même famille, ou dans un même lieu physique, on peut avoir différents environnements graphiques parce qu’on n’a pas les mêmes bureaux, comment on gère les fenêtres, etc. C’est une des forces du logiciel libre d’avoir ce choix.
Isabelle Carrère : On fait ça parfois quand on donne des unités centrales. Par exemple, quand on donne une unité centrale dans une famille où on sait qu’il va y avoir cinq utilisateurices, on met des bureaux et des environnements pour chaque personne, parce que les jeunes ne veulent pas qu’on aille fouiller dans leurs affaires, leurs documents, et on peut tout à fait mettre un bureau différent pour chacun. On peut donc s’amuser avec ces choses familiales.
Frédéric Couchet : On peut préciser qu’il y a des distributions orientées enfants, par exemple PrimTux. Il y a même des logiciels libres spécifiques, par exemple GCompris, avec différents niveaux.
Pour obtenir de l’aide, il y a donc ces fameux groupes d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres, des structures comme Antanak, mais il existe aussi des forums sur Internet sur lesquels les personnes sont très actives.
Isabelle Carrère : Je n’en connais pas, je ne saurais pas répondre là-dessus, à part les forums de chacune des distributions, où on va chercher. Les seules que je connaisse sont ceux-là.
Frédéric Couchet : Ma question : est-ce qu’il y a des forums ? Est-ce qu’ils sont spécifiques ?
Julien Négros : Les wikis et les forums des distributions ne sont pas forcément cloisonnés à leur distribution, il y en a qui sont très bien fournis, très actifs. C’est plutôt anglophone.
Isabelle Carrère : Ce n’est pas obligatoirement grand public, si je peux me permettre.
Julien Négros : Il y avait la volonté de faire ça côté Ubuntu. L’association française Ubuntu a pas mal contribué, je crois que c’est toujours le cas. Quand on cherche des choses sur Internet, on se retrouve souvent sur un wiki pour tout faire. Il y a aussi Debian qui est pas mal non plus. On trouve facilement de l’entraide sur Internet.
Frédéric Couchet : Je réagis par rapport au salon web, parce qu’on vient de signaler quelque chose, sans rentrer dans les détails, parce qu’on va en parler plus en détail bientôt dans l’émission. La ville de Grenoble vient de mettre à disposition dans les Maisons des Habitant·es, de mémoire je crois qu’il y en a une dizaine, un kit logiciel libre, en version numérique et version papier, avec des informations sur des logiciels libres à découvrir, des services libres aussi. Tout à l’heure tu as parlé de Framapad, un bloc-notes coopératif en ligne ; si des personnes sont intéressées, je les renvoie sur le site chatons.org sur lequel il y a plein de services libres à disposition. La ville de Grenoble vient donc de mettre en place ce kit logiciel libre. Je pense qu’on les aura bientôt dans Libre à vous ! pour en parler plus en détail.
Le temps file, j’ai envie de poser une question par rapport justement à ces fêtes d’installation ou autres : quelles erreurs ne pas commettre pour aider les gens à migrer vers le Libre ? Je donne le contexte. Il y a 10 ou 20 ans, quelque chose comme ça, telle personne maîtrisait telle distribution donc voulait absolument l’imposer aux personnes, c’était une erreur assez classique. Aujourd’hui, y a-t-il des erreurs à ne pas commettre ou des points de vigilance par rapport au matériel ? Je ne sais pas. Qui veut commencer ? Julien.
Julien Négros : Il faut penser aux besoins de la personne, il faut un petit peu lui demander ce qu’elle compte faire, quel matériel elle utilise aussi, quels périphériques, quelles choses elle va brancher sur son ordinateur. Il ne faut pas qu’elle regrette d’être passée sur un système libre si elle se retrouve coincée pour faire les choses qu’elle a l’habitude de faire. De manière générale, discuter avec elle de ses habitudes, de ses usages. Tout cela permet de savoir un petit peu ce qu’on peut lui proposer, ou pas, en logiciel libre. Tu en parlais tout à l’heure, il faut que les personnes se rendent compte qu’avec un système libre elles reprennent possession de leur matériel et pas l’inverse. Si, malheureusement, elles ont besoin d’un logiciel qui n’existe pas ou qui existe de manière moins efficace en Libre, il ne faut pas forcer la chose, il faut l’amener, comme tu disais, comme une petite graine, peut-être pas à pas, peut-être proposer un autre logiciel auquel elles n’avaient pas pensé. Je pense qu’il ne faut pas être trop directif.
Frédéric Couchet : Isabelle, sur cette question.
Isabelle Carrère : Je suis d’accord. J’ajouterais quand même qu’il y a des problématiques. Je ne peux pas dire le contraire. À Antanak, chaque Antanakien, chaque personne du noyau – à Antanak nous sommes à peu près 15 à 20 personnes à être là au quotidien et à faire des choses comme ça sur les ordinateurs –, chacun et chacune a ses « préférences », entre guillemets, et c’est vrai qu’on aurait tendance à dire « je vais plutôt installer ça. » Une question reste quand même vraie, même si ça s’est beaucoup amélioré ces dernières années, c’est la question de ce qu’on appelle les pilotes, les drivers, c’est-à-dire que si j’ai une imprimante à mettre parce que la personne a son imprimante, qu’elle ne va pas en changer – les imprimantes nous gonflent vraiment –, mais il faut bien qu’on en tienne compte. Là ce n’est plus ce qu’elle veut, c’est plutôt ce dont elle a besoin, ce qu’elle a l’habitude de faire et c’est une vraie problématique, parce qu’il y a quand même toujours, de manière résiduelle, des imprimantes qui vont mieux fonctionner, telle marque. Il y a des distributions qui ont fait des gros efforts, les listes de pilotes sont vraiment énormes, c’est vraiment chouette, on arrive à trouver, d’autres pour lesquelles c’est moins évident, d’autres pour lesquelles, de toute façon, il n’y en a pas, tu te débrouilles, tu vas le chercher chez la marque de l’imprimante parce que j’ai décidé que j’étais libre jusqu’au bout, du coup je ne mettrai aucun pilote propriétaire. Ce sont aussi des choix qu’il faut connaître, qu’il faut comprendre. C’est pour cela que je disais, tout à l’heure, que je suis contente qu’on voie plus plein de sortes de matériels de manière à se faire une bibliothèque personnelle de ce qui marche, de ce qui ne marche pas bien, personnelle ou pour toute l’association Antanak. Il y a donc cette question-là.
Sur le reste, sur les autres outils, tu parlais d’autres périphériques, je pense que sur la question du son, les mini-enceintes, un deuxième écran, le wifi ou les choses comme ça, pour toutes ça fonctionne. On n’a pas de gros soucis là-dessus. Les gros soucis qu’on rencontre c’est vraiment sur la question des imprimantes.
Julien Négros : Pour les choses « simples », entre guillemets, ça va. Par exemple, si on veut mettre à jour le logiciel de sa voiture, parfois c’est via un logiciel qui n’existe que pour Windows. Pour des choses comme ça.
Frédéric Couchet : Tout à l’heure on parlait des groupes d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres, il y a aussi une initiative récente : une carte où on trouve des parrains et des marraines pour accompagner les gens vers des migrations. Ce sont des personnes individuelles qui s’engagent à vous aider, les liens sont sur la page de l’émission, sur libreavous.org/253, ou dans les notes de l’épisode. On arrive bientôt à la fin.
Isabelle Carrère : Je peux rajouter un truc sur la question précédente. Un autre paramètre pourrait être important aussi : quand on discute avec la personne, il faut aussi qu’on arrive à comprendre ce qu’elle va être capable, ou pas, d’accepter comme choses qu’il va falloir reparamétrer régulièrement avec les mises à jour. Est-ce qu’on lui donne une distribution qui, j’allais dire, est très maternante, structurante, qui va tout faire, tout préparer dans la version suivante ? Ou bien est-ce qu’il faut prévoir que non, c’est bon, elle va être libre et ce n’est pas grave si elle a à refaire un truc, mentalement, elle pourra le faire ? Il y a des choses, comme cela, qui sont peut-être plus fines à trouver, qui sont moins évidentes.
Frédéric Couchet : J’ai oublié, tout à l’heure, de te poser une question sur l’accompagnement typiquement entreprise. À Enercoop, vous avez un service informatique en interne, mais il y a des entreprises, des sociétés de services spécialisées qui, je suppose, peuvent accompagner la migration même sur le poste de travail pour des entreprises ou des associations, des collectivités.
Julien Négros : Absolument. Nous travaillons de manière étroite avec Easter-eggs qui nous fournit la distribution. D’autres entreprises le font aussi, on peut les trouver notamment sur le réseau Libre-Enreprise, si je ne dis pas de bêtises, et d’autres aussi. Si on a la volonté, oui, on peut se faire accompagner sans problème.
Frédéric Couchet : Avant la question finale, est-ce que vous avez des liens, des ressources que vous aimeriez partager, ou des conseils, des derniers conseils par rapport à cette thématique ? Pendant que vous réfléchissiez, sinon je vais oublier, pour les personnes qui nous écoutent en région parisienne, chaque premier samedi du mois, à la Cité des sciences et de l’industrie, donc à La Villette, il y a ce qu’on appelle le Premier Samedi du Libre, organisé notamment par Parinux, un groupe d’utilisatrices et utilisateurs de logiciels libres. Si vous voulez trouver d’autres évènements de ce genre, vous allez sur le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org.
Isabelle Carrère : Il faut aussi, évidemment, mettre le site de Framasoft dans lequel il y a quand même beaucoup d’explications hyper bien faites, très pédagogiques, pour savoir de quoi on parle, notamment pour toutes les utilisations des associations et des collectifs. Ça me fait toujours hurler quand je vois que des associations sont encore avec Apple ou avec Microsoft. Je n’arrive pas à comprendre comment des gens militants et militantes ! Ils me disent toujours « mais Isabelle, on ne peut pas s’occuper de tout, nous avons notre sujet ! »
Julien Négros : Je connais bien la problématique.
Isabelle Carrère : Je trouve que c’est important. C’est pour cela que c’est chouette que tu sois là et que tu démontres que c’est possible aussi de faire les deux, c’est-à-dire qu’on n’est pas obligé d’être simplement sur son terrain. Vous c’est la question de l’énergie renouvelable et du partage autrement de la distribution de ressources versus le Libre. On peut faire les deux. J’aimerais vraiment que des associations en utilisent de plus en plus et qu’on arrête de me proposer des trucs avec du Google ou je ne sais quoi pour répondre à des choses pour des associations. Je refuse désormais, personnellement, c’est un choix personnel, pas antanakien, de répondre si on m’envoie un Google Forms et non pas un Framaforms !
Frédéric Couchet : Je précise par rapport à Framasoft, avant de vous laisser la parole pour une conclusion, qu’il y a deux choses : Framaspace, c’est l’accompagnement pour des associations sur l’utilisation justement de services libres ; on ne parle pas de poste de travail, de migration, mais de services libres. Sinon le site que j’ai cité tout à l’heure, chatons.org, on mettra les liens : vous retrouvez un certain nombre de services que vous pouvez choisir par rapport à un service ou simplement par rapport à une fonctionnalité. Là on parle vraiment de services, on ne parle pas de système d’exploitation libre, mais c’est très complémentaire et puis, surtout, ça peut être une première étape avant de migrer vers du système libre.
Isabelle Carrère : Et après, on pourrait faire la suite, mais ce serait l’objet d’une autre émission, sur le téléphone.
Frédéric Couchet : Exactement, avec plaisir, on pourrait effectivement faire la migration sur le téléphone, c’est un peu plus compliqué, on en a déjà parlé il y a quelques années sur Libre à vous !. Ça a pas mal évolué depuis, on pourra refaire une émission sur la migration vers un système libre sur son téléphone. Je crois que la dernière fois c’était il y a deux ans avec Murena et FairPhone, si je me souviens bien, avec Gaël Duval et Agnès Crepet.
Julien Négros : Qui font un super boulot.
Frédéric Couchet : Qui font effectivement un super boulot.
Donc dernière question, on va commencer par Julien, la question finale traditionnelle : pour conclure, quels sont les éléments clés à retenir de cette émission en deux minutes maximum chacune et chacun ? Donc toi, Julien.
Julien Négros : Je dirais qu’on a tout à gagner collectivement, en tant que société, à passer sur le logiciel libre, donc les logiciels et évidemment le système d’exploitation parce que ça va avec. Ce n’est pas évident parce que des habitudes ont été prises. Il y a des entreprises qui ne vivent que par la vente de licences et qui fournissent des services qui sont beaucoup utilisés. Quand il y a des habitudes dessus, quand parfois il n’y a pas d’alternative, ce n’est pas évident de sauter le pas. Mais quand on peut le faire que ça fonctionne très bien. Au niveau du système d’exploitation c’est sûr que oui, j’en suis convaincu : en huit ans d’expérience et de mon expérience personnelle, les distributions fournissent quelque chose qui fonctionne extrêmement bien, qui est sécurisé, facilement mis à jour, facile à utiliser aussi. Ce n’est plus du tout l’époque d’il y a 20 ans, du Linux un peu tour d’ivoire. Il reste à s’affranchir des logiciels privateurs qui restent.
Frédéric Couchet : Merci. Isabelle.
Isabelle Carrère : Je vais évidemment, vous vous en doutez, aller dans le même sens. De façon très concrète on peut tous et toutes là affirmer que GNU/Linux, avec les développements et les différentes distributions dont on a parlé, existe bien ; les distributions sont fiables, représentent un bien commun. Donc le Libre c’est à vous, c’est à nous, la seule chose à faire c’est de s’en saisir de manière très simple, tranquillement, à son rythme. C’est l’occasion d’une prise de conscience, pour tout le monde, toutes les personnes, tous les collectifs.
Nous sommes le 9 septembre, veille du 10 [Mouvement « Bloquons tout », NdT]. Je ne peux pas ne pas dire que le sujet du Libre est un sujet hyper politique, cette question du choix des outils que nous avons et des réponses que nous apportons à des entreprises, des sociétés capitalistes qui veulent nous faire aller dans un sens plutôt que dans un autre. Donc sachons ce que nous voulons. En tout cas, à Antanak, nous voulons coconstruire les politiques publiques, nous voulons pouvoir participer à ce qui est décidé. Je sais que vous allez parler du Libre dans les services publics très bientôt dans Libre à vous !. Pour moi, c’est très important de pouvoir soutenir des changements là aussi. Si les changements se font dans les services publics, on va faire quelques pas de plus. Donc que les personnes le fassent, les collectifs, les associations, les entreprises et ensuite le public. C’est génial, allons-y.
Frédéric Couchet : Merci à vous deux.
Nous étions avec Isabelle Carrère, de l’association Antanak, et Julien Négros, responsable technique chez Enercoop. Nous reparlerons de ce sujet notamment par rapport aux collectivités.
Nous allons faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Après la pause musicale nous entendrons la chronique de Luk qui, je crois, va continuer sur un sujet proche.
En attendant nous allons écouter Confluence, par Cloudkicker. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Confluence, par Cloudkicker.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Confluence, par Cloudkicker, disponible sous licence Libre Creative Commons Attribution, CC By 3.0.
[Jingle]
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par le sujet suivant.
[Virgule musicale]
Chronique « La pituite de Luk » – « Souveraineté numérique, une urgence »
Frédéric Couchet : La pituite de Luk est une chronique rafraîchissante au bon goût exemplaire qui éveille l’esprit et développe la libido. Il a été prouvé scientifiquement qu’écouter la pituite augmente le pouvoir de séduction, augmente le succès dans les affaires ou aux examens et décuple le sex-appeal. Retour de l’être aimé, il reviendra manger dans votre main comme un petit chien. Je laisse évidemment toute la responsabilité de cette description à l’auteur de la chronique.
Nous allons écouter le thème du jour de la chronique « La pituite de Luk » : « La souveraineté numérique, une urgence ».
[Virgule sonore]
Luk : Et me voilà de retour pour une nouvelle saison de pituites, je ne me sens ni trop frais ni trop dispo après un été passé à regarder le fascisme et le totalitarisme gangrener nos civilisations. Les gens-mêmes qui ont argumenté que toutes ne se valent pas sont en train de le démontrer en nous faisant plonger dans la barbarie.
Si la situation a un mérite, c’est de faire remonter à la surface la question de la souveraineté numérique. Mais la situation est tellement merdique que ça me coupe mon plaisir mesquin d’asséner des « on vous l’avait bien dit » à tout-va.
En tout cas, bonne nouvelle, la ville de Lyon vient d’annoncer qu’elle migrait vers OnlyOffice. Mais c’est petit joueur comparativement au Danemark qui lâche Windows et la suite bureautique Microsoft. Ils ont clairement intérêt à se bouger sur le sujet, car ils sont en première ligne pour rendre l’Amérique plus grande, littéralement. En effet, Trump a toujours le projet de leur piquer le Groenland. Ce qu’on ignore toujours, c’est qui de l’ancienne reine, Magrethe II, qui a abdiqué en 2024, ou de Mary Donaldson, actuelle Reine consort, chantera « libérée, délivrée » une fois que le gouvernement danois aura atteint son objectif.
Je sais bien qu’une chanson copyrightée par Disney, l’ogre du domaine public, est tout à fait inadaptée pour ce genre de célébration. Mais maintenant que les IA siphonnent Internet en se torchant avec le droit d’auteur, ça n’a plus d’importance, non ? Toutes ces années d’embrouilles, de DRM, d’Hadopi, d’artistes agonisants, pour découvrir, en 2025, que Meta pirate comme un goret depuis plusieurs années. La boîte télécharge en toute illégalité tous les bouquins qui traînent sur les trackers de Torrent. Et pour s’assurer que son seed ratio reste supérieur à 1, elle diffuse des téraoctets de porno. Oui, oui, sur les trackers Torrent accessibles à n’importe qui. Les mineurs n’ont même plus besoin de mentir en cliquant sur le bouton qui assure qu’ils ont bien 18 ans ou plus. C’est assez cocasse quand on pense aux mesures prises par le gouvernement français pour que les sites pornos installent un système permettant de certifier que leurs visiteurs sont majeurs.
Au même moment, où l’Arcom met la pression aux pornographes pour qu’ils se mettent en conformité, Meta continue à censurer le moindre téton sur ses réseaux sociaux, tout en diffusant massivement des films de cul piratés.
Je sais bien que l’Hadopi est morte, phagocytée par l’Arcom, mais je pensais quand même que les neuf Nazgûl, autrefois chargés de sa gouvernance, étaient encore en activité. Mais qu’est-ce qu’ils foutent ? Si ça se trouve Franck Riester, Eric Walter, Mireille Imbert-Quaretta sont en trains de réunir leur vieille équipe pour de nouveau aller sauver les auteurs et aller botter des culs de pirates à la Silicon Valley. J’imagine que ça prend du temps parce qu’avant de reprendre les armes, il faut que Christine Albanel comprenne que le firewall Open Office est sans effet sur les IA. Ou alors… malgré leurs talents, le rituel pour extraire Frédéric Mitterrand des enfers est plus compliqué que prévu !
Vous n’êtes pas convaincus, mais une autre explication crédible serait que leur indignation et leur hargne à défendre une certaine vision du droit d’auteur, hier, sont inversement proportionnelles à la puissance de l’adversité. Ça ferait d’eux des lâches et des hypocrites et ça, je refuse à le croire.
Autre signe que certains esprits affûtés sentent le vent tourner, une commission sénatoriale a fini par faire avouer à Microsoft qu’ils étaient incapables de garantir la protection des données personnelles selon les règles européennes. Qui aurait pu prédire ? Microsoft a dû admettre qu’ils feraient ce que le gouvernement américain leur demanderait de faire, mais en ajoutant que ça n’était jamais arrivé jusqu’à maintenant ! Espéraient-ils vraiment rassurer les sénateurs ? Chez Microsoft, il n’y a pas que le code qui est bugué.
Les règles européennes, qui s’appliquent aux entreprises de la tech, sont dans le viseur de Trump. Ce n’est pas un hasard. Quelques patrons de GAFAM, dont « énergie masculine » Zuckerberg, se sont plaints auprès de lui d’être empêchés de répandre leurs méfaits en Europe. Trump surfe sur une dynamique totalitaire au sein de laquelle la réalité doit se plier à la fiction et qui n’a ni règles ni limites. Cette soif de pouvoir total est, au final, un truc que le squatteur de la maison blanche partage avec les GAFAM. Ils n’ont aucune intention de se limiter aux États-Unis et c’est pour cela que Trump prétend qu’en coulisses, ses homologues européens l’appellent « le président de l’Europe ». Il ne faut pas comprendre ça comme une connerie de plus, mais comme un objectif à atteindre.
Nous avons besoin de nous affranchir d’urgence de l’emprise informatique américaine, qui est probablement le levier le plus puissant qu’ils possèdent sur nous.
[Virgule sonore]
Frédéric Couchet : Nous approchons de la fin de l’émission, nous allons terminer par quelques annonces.
[Virgule musicale]
Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre
Frédéric Couchet : Les informations utiles concernant ces annonces de fin sont sur la page consacrée à l’émission du jour, libreavous.org/253, sur le site de Cause Commune ou dans les notes de l’épisode si vous nous écoutez en podcast.
Ce week-end, vendredi 12, samedi 13 et dimanche 14 septembre 2025, l’April sera présente avec un stand à la Fête de l’Huma, dans le sud de l’Essonne, vous aurez notamment le plaisir d’y rencontrer notre présidente Magali Garnero dite Bookynette.
La Fête des Possibles, ce sont des centaines d’événements organisés chaque année partout à travers la France et la Belgique, pour rendre visibles toutes les initiatives citoyennes qui construisent une société plus durable, humaine et solidaire. Plus de 500 événements sont déjà enregistrés. Il s’agit d’une occasion en or pour sensibiliser de nouveaux publics notamment au logiciel libre.
Ainsi l’April, partenaire de la Fête des Possibles, invite les organisations locales de promotion du logiciel libre et de la culture libre à proposer un voire plusieurs rendez-vous dans le cadre de cette initiative. Une trentaine d’événements sont déjà inscrits sur le site de la Fête des Possibles.
Cause Commune vous propose un rendez-vous convivial chaque premier vendredi du mois à partir de 19 heures 30, dans ses locaux, à Paris, au 22 rue Bernard Dimey dans le 18 e arrondissement. Une soirée radio ouverte avec apéro participatif. Occasion de découvrir le studio, de rencontrer les personnes qui animent les émissions. La prochaine soirée radio ouverte aura lieu vendredi 3 octobre 2025 et s’inscrira dans le cadre de la Fête des Possibles.
Je vous invite à consulter le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org, pour trouver des événements en lien avec les logiciels libres ou la culture libre près de chez vous.
Notre émission se termine.
Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission du jour : Lorette Costy, Laurent Costy, Isabelle Carrère, Julien Négros, Luk.
Aux manettes de la région aujourd’hui Bookynette.
Merci également aux personnes qui s’occupent de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang 1, Julien Osman, bénévoles à l’April, et Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Merci également aux bénévoles qui découpent le podcast complet des émissions en podcasts individuels par sujet : Quentin Gibeaux, Théocrite et Tunui.
Vous retrouverez sur notre site web, libreavous.org/253, toutes les références utiles de l’émission de ce jour ainsi que sur le site de la radio, causeommune.fm, ou dans les notes de l’émission si vous nous écoutez un podcast.
Vous pouvez nous laisser un message sur ces sites ou également sur le répondeur de la radio, pour réagir à un des sujets de l’émission, partager un témoignage, idées, suggestions, encouragements ou pour nous poser une question. Le numéro du répondeur : 09 72 51 55 56.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission du jour.
Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles.
La prochaine émission en direct aura lieu mardi 16 septembre à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur l’association InterHop qui promeut et développe l’utilisation des logiciels libres pour la recherche en santé.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 16 septembre et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.