Émission Libre à vous ! diffusée mardi 29 juin 2021 sur radio Cause Commune


Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Isabella Vanni : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
La reconversion professionnelle vers les métiers de l’informatique c’est le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » de Laurent et Lorette Costy et aussi la chronique « La pituite de Luk » qui a pour titre aujourd’hui « 10 d’un coup ! ».
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April.

Le site web de l’April est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser toute question.

Nous sommes le mardi 29 juin 2021, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission d’aujourd’hui Adrien Bourmault. Bonjour.

Adrien Bourmault : Salut.

Isabella Vanni : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[jingle]

Chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » de Laurent et Lorette Costy sur le thème « Cookies dingues, l’air de rien et la femme libérée »

Isabella Vanni : Nous allons commencer par la chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » de Laurent et Lorette Costy qui sont aujourd’hui au studio avec moi. Bonjour à vous. Je crois que c’est une grande première pour Lorette au studio. Je vous laisse la parole pour votre chronique.

Lorette Costy : Allô Papa ?
Je suis un petit fichier texte envoyé par différents serveurs sur l’appareil que j’utilise quand je consulte des sites Web. Apparu au milieu des années 90, je suis un traceur qui a pour rôle de garder en mémoire les comportements en ligne des utilisateurs et peut parfois leur simplifier la vie. C’est par exemple grâce à moi qu’un site marchand peut se souvenir du contenu d’un panier entre deux visites ! Je suis, je suis, je suis ? [Ces deux phrases sont prononcées de plus en plus rapidement, NdT].

Laurent Costy : Top. Les cookies !

Lorette Costy : Ah oui, oui, oui, oui, ouiiiii ! Tu gagnes un cookiiiiiie ! Mais bon, je suis vener ! À chaque fois que je vais sur un site Internet, il faut choisir « valider » ou « accepter les cookies ». Sur certains sites, comme Allociné, ils te demandent même de payer pour refuser les cookies ! Franchement, Internet c’était mieux avant ! Quelle mouche les a donc piqués sur la toile ?

Laurent Costy : Ah, les cookies ! On doit ce nom à Lou Montulli, informaticien américain qui a été l’un des fondateurs de Netscape, l’ancêtre de Mozilla Firefox. Une vraie pépite que ce cookie pour raconter Internet ! Et, en parlant de pépites, tu devrais écouter les pépites libres de Jean-Christophe Becquet disponibles en podcast sur le site de Libre à vous. On y découvre plein de trucs sympas !

Lorette Costy : Mais moi je n’ai pas faim, je ne veux pas de pépites ou d’histoires de cookies ! Je veux juste comprendre pourquoi ils embêtent mon Web avec toutes leurs fenêtres agressives et leurs cookies walls !

Laurent Costy : Tu permets ? Je vais supprimer le cookie que j’ai gagné tout à l’heure. Il me suffit de cliquer sur le cadenas dans la barre d’adresse dans Mozilla Firefox et de choisir le menu ad hoc. Voilà, c’est fait.

Lorette Costy : Du coup, c’est quoi l’intérêt d’effacer les cookies si je perds mon panier ? Ou si je dois redonner ma préférence de langage ou, pire, voir réapparaître encore une fois le cookie wall ?

Laurent Costy : Hélas, s’il y a des gentils cookies qui sont là pour t’aider, ils ne sont plus seuls. Il y a aussi des cookies méchants et intrusifs qui veulent tout savoir de toi. D’ailleurs parfois, même les gentils cookies peuvent être ambigus et contribuer à mieux cerner tes habitudes.

Lorette Costy : Du coup, les méchants cookies, je peux les supprimer sans vergogne ?

Laurent Costy : Mince !, je crois que ce mot « vergogne » n’est plus très utilisé de nos jours et ça risque de ne pas faire très naturel dans ta bouche dans cette chronique.

Lorette Costy : Oui, je te confirme. Dans la vraie vie, j’aurais plutôt dit un truc du genre « je peux les trasher à terre without regrets ? » Et, en plus, ça aurait permis de glisser un mauvais jeu de mots médical de 2e écoute. Bref !, revenons à mes cookies.

Laurent Costy : Donc oui, des cookies vilains existent et sont là à des fins de ciblage. Des serveurs déposent des traceurs et l’information collectée est revendue à des régies publicitaires. C’est l’évolution dans le monde numérique de ce qui se pratiquait avant : tu t’abonnais à un magazine de chasse et tu recevais ensuite de la publicité dans ta boîte aux lettres pour des promos sur les cartouches Pandanlagl.

Lorette Costy : Vlan ! Mais il y a tant de cookies que ça, des traceurs vilains ?

Laurent Costy : Pour s’en rendre compte, le meilleur moyen est de reproduire cette petite expérience que le prof de physique libriste Georges Kaznadhar pratique dans sa classe.

Lorette Costy : Fan boy. [Prononcé à voix basse, NdT].

Laurent Costy : D’abord, tu ouvres Firefox. Tu désactives éventuellement les add-ons ou plugins anti-traçages que tu aurais mis en place pour une navigation plus tranquillisée…

Lorette Costy : Comme Privacy Badger, uBlock Origin ou même Canvas Fingerprint Defender ou même Ghostery par exemple !

Laurent Costy : Waouh !, je vois que tu maîtrises quelques extensions incontournables pour limiter tes traces sur Internet ! Respect total de moi envers toi !

Lorette Costy : Merci. Mais, des fois, je suis quand même gênée de les activer car ça limite la rémunération des youtubeurs à cause du manque à gagner, déjà faible pour eux, par exemple sur les revenus publicitaires.

Laurent Costy : Je vois. C’est un peu plus compliqué que ça à mon avis. De fait, la question de la rémunération de celles et ceux qui produisent des contenus est un sujet extrêmement important, mais je trouve ça un peu pratique de la part des géants du Web de dire qu’il faut désactiver les anti-traceurs et les anti-pubs. C’est d’abord pour protéger leurs profits colossaux qu’ils disent ça et les youtubeurs, par exemple, sont de bons alibis et font de bons petits soldats. Si les géants du Web étaient si empathiques, ils auraient contribué de meilleure grâce à financer la presse ou à payer des impôts décents plutôt que d’élever l’optimisation fiscale au rang d’un art ultime !

Lorette Costy : Oui, d’autant que, quand on regarde les conditions pour gagner un peu d’argent sur YouTube, il y a beaucoup de prétendants et de prétendantes mais peu d’élu·e·s, même si ça évolue avec le métier d’influenceur et les partenariats. Bref, j’ai désactivé les anti-traceurs et ensuite ?

Laurent Costy : Tu ouvres le débogueur de Firefox par la touche F12 par exemple. Tu sélectionnes le volet réseau et là, tu hallucines.

Lorette Costy : Exact. Je confirme, j’hallucine. Waouh ! La quantité juste incroyable de trucs qui passent ! Tout ça ce sont des cookies ?

Laurent Costy : Non, il s’agit plutôt d’une liste de toutes les requêtes, autrement dit échanges d’informations avec d’autres serveurs. Si tu essaies avec le site laposte.fr, le volet réseau précédemment ouvert affiche 105 requêtes dont 22 ne sont pas associées au domaine laposte.fr ! Ce sont donc des cookies tiers ou des scripts – des petits programmes – qui communiquent avec d’autres serveurs que celui avec lequel tu souhaitais échanger !
Par exemple, si on cherche à quoi correspond le script « try.abtasty.com », on arrive sur un site qui ne laisse aucun doute sur les intentions : « Révolutionnez l’expérience de votre marque et de vos produits » ou « Augmenter les conversions, les leads et les revenus » ou encore « Une approche de l’expérience client omnicanal ».

Lorette Costy : Ah les gredins ! Me transformer comme ça, moi, à mon insu, en cliente omnicanale ! Du coup, je comprends mieux pourquoi ils demandent notre accord à l’arrivée sur le site. C’est pour qu’on prenne conscience de tout ce qui se passe !

Laurent Costy : Tu auras compris que c’est la réglementation qui évolue et qui leur impose de prévenir et d’obtenir le consentement de l’internaute.

Lorette Costy : Ça me revient maintenant ! Les articles 4, 7 et un peu le 11 du RGPD : « le consentement doit être libre, spécifique, éclairé, univoque et l’utilisateur doit être en mesure de le retirer, à tout moment, avec la même simplicité qu’il l’a accordé ».

Laurent Costy : Ah tiens, je pensais qu’il y avait aussi l’article 42. Don’t act. Mais effectivement, alors qu’au début d’Internet les cookies étaient acceptés par défaut dans les paramètres des navigateurs et que les utilisateurs n’étaient pas informés de leur présence, avec les abus, l’Europe puis chaque pays ont dû réglementer tout ça.

Lorette Costy : Donc, même si on constate une fatigue et un agacement au consentement devant ces cookies walls répétitifs, cette prise de conscience est importante par toutes et tous ! C’est la mise en pratique de cette prise de conscience nécessaire qu’il faut peut-être interroger ?

Laurent Costy : Sans doute. Et Google va répondre à tes préoccupations. Ils ont annoncé récemment la fin des cookies tiers sur leur navigateur Chrome, prétextant bien sûr la protection de l’internaute. Malheureusement, les cookies ne sont pas les seuls outils qui permettent de profiler. En l’occurrence, Google va continuer à prédire finement par le biais d’un ciblage par cohortes d’internautes ou même par le CNAME cloaking.

Lorette Costy : Explique les gros mots d’abord !

Laurent Costy : En gros, pour te la faire courte, pour le CNAME cloaking il s’agit d’utiliser les capacités des serveurs DNS, voir la première chronique, pour masquer l’origine de la requête ou du cookie et faire croire que cela vient bien du site que tu voulais visiter. Bref, c’est tromper les gens et ça outrepasse la nécessité du consentement. Et puis, il y a aussi l’empreinte numérique, ou fingerprint, c’est-à-dire la reconnaissance par l’intermédiaire du matériel utilisé, du navigateur, du système d’exploitation, etc. En croisant ces informations et d’autres, on peut même déduire facilement des données sensibles dont l’orientation sexuelle, religieuse ou politique…

Lorette Costy : Et en plus, comme tu l’as dit dans la chronique 3, quand on sait prédire, on sait influencer, tant commercialement que politiquement. Démocratie en danger dirait Mamie !

Laurent Costy : En préparant cette chronique, j’ai même découvert tout ce qui est à l’œuvre avec les données ainsi collectées. Sur linc.cnil.fr , on découvre qu’elles font l’objet de transactions incroyables. La différenciation par utilisateur et par annonceur a conduit au développement de systèmes permettant de mettre en relation des annonceurs et une impression, un espace publicitaire affiché à un utilisateur sur un site Web, dans un délai très court correspondant au temps de chargement d’une page web, donc inférieur à 100 ms.

Lorette Costy : C’est dingue ! 100 ms c’est 20 fois le temps qu’il faut à X-Or pour revêtir son scaphandre de combat !

Laurent Costy : Tout juste ! On mettra la référence pour les boomers sur la page du podcast. Et durant ces 100 ms, les impressions sont proposées à de nombreux services publicitaires via un système d’enchères qui s’améliore avec la précision des données fournies. Ces transactions avec nos données représentent plusieurs centaines de milliards d’enchères par jour alors qu’en comparaison la bourse de New York ne gère environ que 12 milliards de transactions !

Lorette Costy : Ah les Boloss à New York ! Avec tout ça, du coup, il faut vraiment que je travaille mes traces sur Internet ! Ce n’est pas possible d’alimenter sciemment un tel système !

Laurent Costy : En tout cas je t’y encourage, mais ça reste d’une grande complexité. Malgré mon expérience, je reste une vraie passoire à données ! C’est un travail de chaque instant que d’essayer de maîtriser cela.

Lorette Costy : Bon, je vais essayer de m’y atteler. Je te fais la bise Papa Potam !

Laurent Costy : La bise aussi et n’oublie pas, à cœur vaillant, la voie est libre !

Isabella Vanni : Merci. Merci beaucoup à Laurent et Lorette Costy pour cette chronique. Je pense que je ne suis pas la seule à être une grande fan de votre chronique qui est à la fois drôle et pédagogique. Il y a un énorme boulot derrière, il suffit de regarder la liste des références sur notre page consacrée à l’émission. Je vous invite à la consulter parce qu’il y a vraiment plein de choses à apprendre.
Je vous dis encore merci et rendez-vous à la rentrée, en septembre, pour une prochaine chronique peut-être.

Laurent Costy : Merci Isabella.

Lorette Costy : Merci.

Isabella Vanni : Nous allons maintenant faire une pause musicale. Nous allons écouter Ghosts par Daniel Weltlinger, sous licence libre Creative Commons, CC By SA 3.0. Il s’agit d’un violoniste jazz, inspiré par le style Gypsy Jazz créé par Django Reinhardt. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix de possibles.

Pause musicale : Ghosts par Daniel Weltlinger.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Ghosts par Daniel Weltlinger, disponible sous licence libre Creative Commons, CC By SA 3.0. Je vous avais dit en introduction qu’il s’agit d’un violoniste jazz, mais vous l’aurez entendu, il y avait aussi d’autres musiciens, notamment contrebasse, guitare.
Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA, qui permet la réutilisation, la modification, la diffusion, le partage de cette musique pour toute utilisation, y compris commerciale, à condition de créditer l’artiste, d’indiquer la licence et d’indiquer si des modifications ont été effectuées. Dans le cas où vous effectuez un remix, que vous transformez ou créez du matériel à partir de cette musique, vous devez diffuser votre œuvre modifiée dans les mêmes conditions, c’est-à-dire avec la même licence.

[Jingle]

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui porte aujourd’hui sur la reconversion professionnelle vers les métiers de l’informatique. Le sujet a été enregistré il y a quelques jours. Nous allons écouter ce sujet enregistré. On se retrouve juste après.

[Virgule sonore]

La reconversion professionnelle vers les métiers de l’informatique

Isabella Vanni : Bonjour. Je suis Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April.
Nous sommes le mardi 15 juin 2021 et nous enregistrons un sujet à l’avance. C’était la condition pour faire intervenir toutes nos personnes invitées.
Nous allons parler de reconversion professionnelle vers les métiers de l’informatique et nous allons le faire avec Anna Cathelineau, cheffe de projet web chez Codepi, en studio avec moi. Bonjour Anna.

Anna Cathelineau : Bonjour.

Isabella Vanni : Aurélia Garnier, cheffe de produit chez cstar industries, par téléphone. Bonjour Aurélia.

Aurélia Garnier : Bonjour.

Isabella Vanni : Et Pierre Fumet, administrateur système chez Easter-eggs, qui intervient via le système d’audioconférence Mumble. Bonjour Pierre.

Pierre Fumet : Bonjour Isa.

Isabella Vanni : Nous allons commencer notre échange. Il n’y a qu’Anna en studio avec moi. Aurélia et Pierre, si vous souhaitez intervenir à un moment mais que vous n’avez pas la parole, n’hésitez pas à m’appeler, Isa, pour que je vous donne la parole.
Pour commencer j’aimerais savoir, vu que le sujet est la reconversion professionnelle vers les métiers de l’informatique, pourquoi vous avez, à un moment de votre vie, décidé de faire cette reconversion, quel a été le déclic. Anna, peut-être, tu veux commencer.

Anna Cathelineau : Oui, bien sûr.
Pour moi, c’est surtout une rencontre pendant mon master 2 de médiation culturelle, où on avait des cours de multimédia ; mon super professeur de multimédia m’a fait découvrir le processing et j’ai vraiment adoré ça, donc j’ai commencé un peu à coder des petites choses en processing.

Isabella Vanni : Pourrais-tu expliquer ce qu’est le processing ?

Anna Cathelineau : Là c’était du p5, globalement du code destiné à la production d’œuvres artistiques — nous, en tout cas, on s’en servait pour ça ; c’était un peu pour comprendre tous les artistes numériques, ce genre de choses. C’est vraiment dans ce cas-là. J’ai vraiment adoré faire ça, je me souviens que je créais des petits ronds, je les détruisais avec des touches, c’était vraiment super et le déclic est vraiment venu là. J’étais dans la culture, j’ai continué à avoir quelques expériences et finalement à chaque fois, dans toutes mes expériences, c’était vraiment le côté pas forcément dev, j’utilisais des CMS, ce genre de choses, j’ai fait du TYPO3, j’ai fait du WordPress. Finalement on m’a parlé l’école Simplon, au départ pour que je sois cheffe de projet, et, en découvrant l’école Simplon qui est une école de dev qu’a également faite Aurélia, je me suis rendu compte que je ne voulais pas y travailler, que je voulais être élève là-dedans, que c’était vraiment ça que je voulais faire. Sachant que j’avais quand même une petite appétence pour l’informatique depuis toujours, mais je n’avais jamais envisagé d’en faire mon métier.

Isabella Vanni : D’accord. Effectivement, tu disais que tu étais plutôt dans le domaine de l’art et de la culture. C’est donc au cours du master 2, la rencontre avec ce professeur et avec cette façon de travailler.

Anna Cathelineau : Exactement. C’est vraiment le déclic, c’est la première personne qui m’a montré que je pouvais mettre les mains dans le code en fait.

Isabella Vanni : D’accord. Et c’était à quel âge ?, si je peux demander.

Anna Cathelineau : Hou là, c’était en 2016, je ne sais plus exactement quel âge j’avais, mais j’ai 30 ans, vous pouvez faire le calcul !

Isabella Vanni : Très bien. Tu disais que tu as découvert, tu as mis les mains dans le cambouis comme on dit, et après ça s’est fait assez vite, c’est-à-dire que quand tu as eu le déclic, tu as tout de suite contacté l’école d’informatique pour te former ?

Anna Cathelineau : Non. J’ai attendu, j’ai quand même fait deux expériences de six mois dans la culture, un stage et un service civique, et c’est à la fin de ce service civique, au moment où il fallait vraiment que je me lance dans le monde professionnel, que j’ai finalement décidé de sortir un peu du chemin tracé.

Isabella Vanni : D’accord. Merci Anna.
Je passe la parole peut-être à Aurélia. Je sais que tu te décris, dans une page de présentation web, comme une personne qui a eu un parcours atypique, c’est-à-dire que tu as fait pas mal d’expériences professionnelles assez différentes. Est-ce que tu veux un petit peu nous en parler et nous dire aussi comment ça se fait que tu as finalement choisi l’informatique pour ta carrière professionnelle ?

Aurélia Garnier : Oui, bien sûr.
À la base, en effet, j’ai fait des études de photographie et après j’ai un peu voyagé à droite à gauche, je suis allée en Angleterre, en Australie, etc., j’ai beaucoup travaillé dans la restauration et, en fait, j’ai eu un moment de ma vie où j’ai eu envie de revenir sur quelque chose de plus créatif, mais ne savais pas trop quoi ni comment ni pourquoi. J’ai entendu parler d’une formation qui était sur cinq semaines, qui s’appelait Hackeuses, qui était aussi faite par Simplon. En fait, c’était une formation qui était réservée aux femmes, une formation qui voulait qu’on réfléchisse ensemble pourquoi il n’y a pas, je ne veux pas dire qu’il n’y a pas de femmes dans le numérique, mais pourquoi il y a beaucoup moins de femmes dans le numérique que d’hommes, essayer un peu de démystifier aussi le code. Je pense que ce sont des choses qui me plaisaient, mais il y avait une espèce d’aura un peu mystique là-dessus, ça me semblait extrêmement compliqué et pas pour moi. En fait décoder un peu tout ça, sans mauvais jeu de mots. À la suite de cette formation qui était assez courte finalement, en effet j’ai fait une formation plus longue de sept mois, c’est ça Anna ?

Isabella Vanni : Effectivement, vous avez suivi le même cours et c’est là où vous vous êtes rencontrées.

Aurélia Garnier : Oui. C’est là où on s’est rencontrées, où j’ai rencontré Anna.

Isabella Vanni : Et tu as enchaîné avec une formation plus longue.

Aurélia Garnier : Tout à fait. J’ai enchaîné avec une formation plus longue. Au cours de cette formation je me suis rendu compte que le code c’était vraiment un truc qui me plaisait, c’était un peu comme jouer au Lego et ça me plaisait bien. Après, il y avait le côté un peu plus humain et organisationnel qui a pris un peu le dessus, on pourra en reparler plus tard, c’est pour ça que je suis devenue plutôt cheffe de produit. Mais, en effet, je pense que démystifier un peu tout ça a été une des grosses missions de Simplon et de cette formation.

Isabella Vanni : C’était la première fois que tu codais vraiment ? Que tu programmais ?

Aurélia Garnier : Oui, tout fait.

Isabella Vanni : C’était vraiment une première.

Aurélia Garnier : À la base j’ai une formation de photographie et j’avais un petit peu des expériences sur des logiciels comme Photoshop ou des choses un peu de traitement d’images, mais, avant Simplon, le code pur c’était un peu un mystère, inconnu pour moi.

Isabella Vanni : Heureusement que pendant la formation tu t’es aperçue que ça te plaisait parce que c’était vraiment un saut dans le vide. Si j’ai bien compris Anna en avait déjà fait un petit peu l’expérience, pour toi c’était vraiment une grosse nouveauté.

Aurélia Garnier : Oui. Lors de la formation Hackeuses on a eu quand même pas mal de présentations sur le sujet, je suis une personne assez curieuse de nature et, pour moi, il n’y a jamais de mauvaises expériences. C’était un saut dans le vide, mais je m’étais toujours dit si, au final, ça ne me plaît pas j’arriverai à retirer quelque chose de ça. Au final je n’ai jamais regretté ma décision.

Isabella Vanni : Très bien. Merci pour ce témoignage.
Je vais passer la parole à Pierre. Toi aussi tu as fait pas mal d’expériences professionnelles avant d’être informaticien, n’est-ce pas ?

Pierre Fumet : C’est vrai que je ne suis pas du tout informaticien d’origine. C’est mon troisième métier essentiellement. J’ai commencé vraiment sur le tard l’informatique, vers 40 ans je dirais, je l’ai un petit peu pratiquée dans mon premier métier qui était professeur, j’ai été professeur de philosophie en lycée pendant trois ans. Là c’était vraiment en tant qu’utilisateur, mais d’emblée j’ai bidouillé un petit peu le premier ordinateur que j’ai eu, j’ai eu envie d’aller voir ce qui se passait derrière. Puis j’ai complètement laissé tomber ça parce que j’ai changé de métier une première fois, j’ai travaillé en restauration, en service, en salle, en traiteur, restaurant, etc., puis je me suis lassé de la restauration, c’était super de faire ça pendant un temps, mais j’ai eu envie de lever un petit peu le pied et parallèlement je me suis intéressé à l’informatique, en fait par moi-même, vraiment chez moi. Je me suis formé.

Isabella Vanni : En autodidacte ?

Pierre Fumet : Oui, au début de manière complètement autodidacte, puis j’ai eu l’opportunité, sur la suggestion d’un conseiller Pôle emploi tout simplement, de faire une formation équivalent bac + 2 d’administration système réseau à l‘Afpa [Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes], ce que j’ai fait. J’ai terminé ça en 2010, donc j’ai commencé à travailler en informatique une petite année après ça, après une période de transition, vers l’âge de 40 ans puisque j’en ai 52 maintenant.

Isabella Vanni : Comme quoi on peut se reconvertir même après 40 ans et je crois que Pôle emploi t’avait interviewé justement comme exemple de personne qui peut se reconvertir aussi à cet âge-là.

Pierre Fumet : Oui. Le témoignage, en fait le petit film qui avait fait pour Pôle emploi n’était pas lié à l’âge de la reconversion, c’était plutôt des exemples de reconversion un petit peu extrêmes, inattendues. Moi, effectivement, je n’ai pas un parcours classique, je n’ai pas un parcours très logique, en tout cas vu de l’extérieur, comme ça, puisque je passe un peu d’une extrême à l’autre, d’un métier assez cérébral, intellectuel, dans le service public, à travailler de manière très manuelle dans le privé, de manière très intensive mais répétitive aussi dans la restauration ; après j’arrive dans l’informatique, comme ça. C’était plutôt pour illustrer ça, pour illustrer le fait que c’est toujours possible, finalement, d’arriver dans ce type de métier pourvu qu’on trouve la bonne formation, qu’on sache ne pas avoir froid, ne pas avoir peur, ne pas appréhender le changement parce que c’est vrai que ce n’est pas très évident. On change de métier, donc, en fait, on redevient quelqu’un qui est néophyte et il faut aussi réapprendre cette position-là, il faut l’accepter.

Aurélia Garnier : Isa.

Isabella Vanni : Oui Aurélia.

Aurélia Garnier : Je trouve que ce que dit Pierre est hyper-intéressant et je suis assez d’accord avec lui. Je ne sais pas ce que tu en penses, Pierre, mais je sais qu’en ayant fait pas mal d’expériences professionnelles assez différentes, mine de rien je trouve qu’on arrive à récupérer un peu les savoirs qu’on a acquis sur ses anciennes expériences et à les réutiliser dans l’informatique, en tout cas dans ma position. Je me demande si, de ton côté, c’est quelque chose que tu ressens un peu.

Pierre Fumet : Je suis tout à fait d’accord. Je trouve ça très pertinent aussi effectivement. Ce que je voulais simplement dire c’est que quand on commence un métier de zéro, comme ça, on est un petit nouveau, donc quand on travaille avec des gens qui peuvent être beaucoup plus jeunes que soi-même, il faudra accepter quelque chose comme ça, le fait que les autres ont beaucoup plus d’expérience, de connaissances, etc.
Par ailleurs, bien évidemment que quand on a déjà travaillé dix ans ou plus, même dans un métier très différent, quelqu’un qui vous recrute est attentif à ça, normalement. Normalement on sait déjà travailler, donc on saura, quelque part, travailler aussi en informatique, travailler c’est-à-dire peut-être s’organiser, tirer parti d’expériences, etc.

Isabella Vanni : Merci. Anna aussi voulait rebondir sur ce sujet. Je t’en prie.

Anna Cathelineau : Justement, moi qui suis parfois aussi en plein recrutement de développeurs, quand on a deux profils, un profil sorti d’école d’ingénieurs et un profil en reconversion mais qui a déjà eu une expérience professionnelle, qui connaît le monde de l’entreprise, en fait en général, finalement, je vais plutôt préférer la personne qui a déjà bossé en entreprise. Je considère que le code ça s’apprend, ça s’apprend vite, ça s’apprend globalement sur les tas, même quand on sort de l’école on n’est pas forcément un dev formé dans le langage sur lequel on va travailler, alors qu’en fait la façon de se comporter en entreprise, les soft skills qu’on a pu gagner au fur et à mesure du temps, ce sont des choses que je trouve très valorisables et très importantes.

Isabella Vanni : Merci.
Je suis ravie parce que j’ai des invités exceptionnels qui posent les questions que j’allais poser moi-même avant même que je les formule. Effectivement, c’est une des questions que je voulais vous poser : en quoi les expériences précédentes ont pu vous aider, si elles ont été utiles, et vous avez déjà répondu.
Tout à l’heure, Pierre, tu disais que tu avais déjà un petit peu pratiqué l’informatique quand tu étais professeur de philosophie. Pourquoi ne t’es-tu pas lancé dans ce métier à ce moment-là ? Pourquoi as-tu viré d’abord vers la restauration ? Pourquoi as-tu fait ce détour ? Avais-tu peur à ce moment-là ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

Pierre Fumet : En étant professeur, j’étais très loin d’imaginer bosser en informatique. Quand j’ai découvert ça c’était vraiment du bidouillage, de l’exploration d’ailleurs un peu chaotique de comment est fait un ordinateur, qu’est-ce qu’il y a derrière les logiciels.

Isabella Vanni : Tu ne te projetais pas, en fait, dans une profession.

Pierre Fumet : Non, pas du tout, j’étais vraiment en phase de découverte complète. Je n’en étais pas du tout là. En plus j’ai fait une transition dont j’avais sans doute besoin, passer d’un métier cérébral, comme ça, de professeur et avec la position d’autorité, peut-être, qu’est censée avoir le professeur, à un métier très pratique, très quotidien, où il y avait une forme de dépense très intense au quotidien que j’ai vraiment cherchée à cette époque-là.
Non, je ne pensais pas du tout à l’informatique à ce moment-là.

Isabella Vanni : En fait, tu avais besoin de ce « détour », entre guillemets, parce que finalement ça a été une expérience importante pour toi, mais tu en avais besoin donc finalement, quand tu dis que c’est un parcours pas très logique, eh bien, quand on t’entend parler, en fait ça paraît très logique parce qu’il a satisfait tes besoins, tes envies de ce moment-là. Je crois que pour Aurélia c’est un peu la même chose.

Aurélia Garnier : Oui. Je suis totalement d’accord, Isa. En effet, un peu comme Pierre – c’est marrant parce que c’est aussi une expérience dans la restauration, dans des restaurations puisque c’était différentes expériences – je pense qu’il y a ce côté physique dont j’avais besoin. Je pense que j’ai un contact un peu facile avec les gens, du coup j’avais aussi besoin de ce contact humain.

Isabella Vanni : Est-ce qu’il te manque ? C’était quelque chose de très important ; je me demande.

Aurélia Garnier : Des fois, le petit rush de midi me manque un peu. Après j’ai la chance, dans mon métier, d’être quand même très en contact avec les gens. Encore aujourd’hui je pense que sur mes huit de heures de travail, je vais passer cinq heures en conférence, au téléphone, etc., donc ça va.

Isabella Vanni : Le contact humain est très important pour toi et tu as quand même réussi à trouver un métier dans l’informatique qui te donne ça. La restauration peut te manquer un peu, mais tu es quand même contente de ton métier actuel.

Aurélia Garnier : Oui. Tout à fait. Je pense que je me suis bien trouvée où je suis.

Isabella Vanni : Par contre, par rapport à Pierre, on disait que pour toi c’était une découverte, je ne vais pas dire tardive, mais tu as découvert l’informatique, tu as enchaîné avec la formation. Tu avais quel âge, si tu souhaites le dire, quand tu as fait la première formation Hackeuses et qu’ensuite tu as enchaîné, Aurélia ?

Aurélia Garnier : J’avais à peu près le même âge qu’Anna, je pense que je devais avoir 25 ans, dans ces eaux-là quand j’ai commencé. Oui.

Isabella Vanni : J’ai la même question que j’ai posée à Pierre pour Anna. Tu disais que pendant le master 2 tu avais commencé à prendre un peu le goût de l’informatique. Pourquoi n’as-tu pas suivi cet instinct tout de suite ? Pourquoi as-tu fait ce détour ?

Anna Cathelineau : En fait, ça faisait déjà six ans que je me préparais à travailler dans la culture.

Isabella Vanni : Tu te préparais !

Anna Cathelineau : Je me préparais ! J’étais allée jusqu’au master de recherche et finalement j’avais décidé de ne pas aller jusqu’au doctorat. Au départ, je me destinais vraiment à être chercheuse. Donc là c’était déjà une sorte de pré-reconversion parce que je m’étais redirigée vers la gestion de projet culturel. J’ai eu un peu cette difficulté de regarder tout mon parcours et de me dire « OK, là, en fait, ce n’est pas ça que tu vas faire et ça fait six ans que tu te dis, aller, je vais être dans la culture, je vais bosser dans un musée ou quelque chose un peu du genre et finalement ce ne sera pas ça ». C’est ce petit gap-là qui a été un peu difficile en fait. Pour ça la formation Simplon a été géniale parce que ça a été vraiment un des meilleurs moments de ma vie. Clairement j’ai adoré ma formation à Simplon, du coup ça m’a permis aussi de faire cette transition psychologique dont j’avais besoin.

Isabella Vanni : En fait, j’avais un peu l’impression que, pour toi, le fait de travailler dans la culture c’était presque plus une consigne dans ta tête qu’une vraie envie ou je me trompe ?

Anna Cathelineau : Sur la fin je pense que j’avais arrêté de me poser la question de si je voulais le faire ou pas. J’aime toujours la culture et je fais des projets à côté concernant la culture mais c’est vrai que ça faisait six ans que je m’étais conditionnée que j’allais travailler dans la culture, ce n’était même plus une question que je me posais.

Isabella Vanni : Est-ce que tu t’es demandé pourquoi, pendant six ans, tu as suivi ce chemin sans plus te poser de questions ?

Anna Cathelineau : Je pense qu’il y a plusieurs choses.
D’une part, quand on est lancé et qu’au bout d’un moment on a la licence, on se dit je vais faire le master. Ça roule tout seul et puis je pense qu’il y a aussi ce côté – c’est un sujet un peu touchy –, quand on est une fille c’est extrêmement valorisant de connaître la culture et l’histoire de l’art, c’est vraiment un domaine qui est, en fait, très valorisé, c’est quelque chose… socialement c’est bien !
Dans mon entourage c’était « ah oui, Anna fait de l’histoire de l’art, c’est très bien », mais personne n’avait jamais parlé de l’informatique par exemple. Ce n’était pas du tout valorisé et on me parlait peu de sciences, aussi. Je pense qu’il y a aussi ce petit conditionnement, non volontaire, ça s’est fait un peu comme ça, et comme les gens ont vu que j’aimais la culture, tout roulait. En fait, j’ai l’impression que j’étais arrivée à un stade où il n’y avait même plus de questions à se poser.

Isabella Vanni : Il y avait presque des automatismes en fait.

Anna Cathelineau : C’est ça, c’était vraiment devenu un automatisme. C’était je suis dans la culture et je reste dans la culture parce que je suis dans la culture.

Isabella Vanni : On parlait de conditionnement presque involontaire ou pression que tu ressentais ; quand tu as décidé de switcher, de passer à l’informatique, comment ton entourage a-t-il réagi ?

Anna Cathelineau : Étonnement ils n’ont pas été plus surpris que ça, c’est pour ça que je me dis que c’était peut-être un conditionnement que j’avais moi-même intériorisé, à force. Ça les a aussi soulagés parce qu’ils voyaient d’un côté le monde du travail de la culture et, de l’autre côté, le monde du travail de l’informatique et ils ont dit « au moins tu n’auras pas de mal à trouver du travail ». Donc ça c’était plutôt bien. Par contre, c’est vrai que quand on me parle en soirée, on me parle toujours de culture et on me parle très peu d’informatique et quand on me parle d’informatique c’est « je ne comprends pas trop ce que tu fais, mais ce n’est pas grave, tu as l’air d’être heureuse, donc c’est très bien ».

Isabella Vanni : Donc pas trop de conversations autour de ça, mais ça a été écouté. Ils ont compris que tu t’épanouissais dans ce métier. Je pense que c’est finalement ce qui compte pour les personnes qui nous entourent et qui sont attachées à nous. Le fait qu’on s’épanouisse dans son métier, c’est finalement ce qui compte le plus.

Anna Cathelineau : Il y avait aussi cet aspect que dans la culture on s’attend à avoir des métiers de passion, donc l’entourage se dit que si la personne le fait c’est qu’elle est passionnée. Finalement je suis arrivée en disant « écoutez, finalement j’ai une passion en plus et cette passion-là va me permettre d’avoir plus facilement du travail ; ce n’est pas pour ça que j’abandonne la culture, c’est toujours quelque chose que j’aime, mais petit changement de programme. Ce n’est pas ça qui me donnera de l’argent au final. » Donc, entre deux passions, c’est vers celle-là que je me suis tournée.

Isabella Vanni : Aurélia, toi aussi tu as commencé avec tout autre chose, plutôt la photographie, tu as fait plein d’expériences différentes pour ensuite tomber dans l’informatique. Est-ce que tu as ressenti à un moment, un petit peu comme Anna, des conditionnements volontaires ou involontaires ? Est-ce que ton entourage t’a soutenue dans tes changements de direction ?

Aurélia Garnier : Isa, je suis trop contente que tu me poses la question parce que je me mordais la langue pour laisser parler Anna, en me disant je vais intervenir mais chaque chose en son temps. En fait je voulais rebondir sur quelque chose qu’a dit Anna, c’est ce fait d’encourager les filles dans un domaine et pas dans le nôtre.
Honnêtement je n’ai jamais montré une grosse appétence dans le numérique, par contre je pense que j’avais une appétence assez forte dans les mathématiques. J’ai eu la chance ou la malchance d’en avoir une aussi plutôt dans les arts et dans la photo et on m’a clairement encouragée à aller plutôt du côté des arts et de la photo que du côté des maths. Avec des si on mettrait Paris dans une bouteille, mais clairement, je ne sais pas comment c’est maintenant, je pense qu’à mon époque, en tout cas c’est comme ça que je l’ai ressenti, on m’a vraiment plus dirigée du côté de l’art. Pas forcément ma famille parce que j’ai eu la chance d’être dans un cocon assez bienveillant où on m’a toujours dit « fais ce que tu veux et vis ta vie », mais plus du côté plutôt scolaire, je suppose. Du coup oui, perso je me suis dirigée dans la photo parce que j’aimais l’art et j’aimais la culture, mais c’était aussi un truc, c’était un peu mon astuce quand j’avais mon appareil photo d’aller rencontrer des gens, d’aller leur parler, d’aller en savoir un peu plus sur leur vie. Du coup j’ai eu vraiment de la chance là-dessus, je n’ai jamais reçu une pression quelconque pour arrêter ou continuer ou faire quoi que ce soit.

Isabella Vanni : Parfois c’est une pression explicite, parfois, comme disait Anna, c’est vraiment involontaire, c’est quelque chose presque sur le fond mais qui impacte quand même.

Aurélia Garnier : Ouais.

Isabella Vanni : Tant mieux !

Aurélia Garnier : J’étais en train de réfléchir un peu, quand même, pour ne pas dire de bêtises. Non, vraiment, je pense que j’ai eu de la chance là-dessus. C’était plus du côté scolaire mais, de toute façon, je pense que d’une manière générale j’ai toujours été un peu fâchée avec le système scolaire. Mais pour mes expériences, du côté de mes proches, etc., je pense qu’on m’a toujours un peu laissé faire ce que je voulais.

Isabella Vanni : Très bien.
Et en ce qui concerne Pierre, le seul homme qui intervient aujourd’hui, est-ce que tu as ressenti un conditionnement dans tes choix professionnels ?

Pierre Fumet : Pas tellement je pense. Le premier métier que j’ai commencé, professeur de philosophie après un CAPES, ça ne s’est pas fait tout de suite d’emblée, je n’ai pas mal hésité avant et j’ai fait à ça alors qu’il n’y avait pas du tout de professeurs dans ma famille.
La restauration, là c’était encore plus le grand écart par rapport à ce que faisait mon entourage. Donc non, je n’ai pas ressenti trop de pression. Après ça rassure aussi quand même, ça ne fait pas peur parce qu’on sait qu’il y a pas mal de travail en informatique, que c’est relativement facile de trouver du boulot, de même que dans la restauration d’ailleurs. Non, je n’ai pas trop senti de pression.

Isabella Vanni : D’accord.
Je vous remercie pour ce premier tour de parole. Je vous propose de faire une pause musicale pour donner une respiration à notre échange.
Nous allons écouter Playmate par Terror Bird. C’est un nom sous lequel publie l’artiste canadienne Nikki Never. Nous avons déjà diffusé un morceau de cette artiste. Son genre de prédilection est le Synth-goth pop, c’est-à-dire un pop électronique aux sonorités un peu sombres. Je vous laisse écouter.

Pause musicale : Playmate par Terror Bird.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Playmate par Terror Bird, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By SA 3.0.

[Jingle]

Isabella Vanni : Nous sommes en train de discuter de reconversion professionnelle vers les métiers de l’informatique et je suis aujourd’hui avec mes invités : Anna Cathelineau, cheffe de projet web chez Codepi, Aurélia Garnier, cheffe de produit chez cstar industries et Pierre Fumet, administrateur système chez Easter-eggs. Et moi je suis Isabella Vanni de l’April.
Nous allons poursuivre notre échange. On parlait de déclic, ce qui nous fait changer de parcours professionnel, si on a été conditionné pendant notre jeunesse par notre entourage sur nos choix professionnels.
Si j’ai bien compris, aucun d’entre vous n’a rencontré des difficultés particulières au moment où il a décidé de se reconvertir vers l’informatique. Est-ce que c’est bien le cas, par exemple Aurélia ? Tu t’es sentie bien accompagnée ? Tu n’as jamais douté une fois que tu t’es mise en route ?

Aurélia Garnier : Douté, non. Après, c’est vrai que comme tu l’as dit plus tôt, c’était un peu un saut dans l’inconnu dans mon cas, puisque, contrairement à Anna et Pierre, je pense que je ne connaissais pas grand-chose. Je suis de signe astrologique taureau, donc j’ai un peu foncé comme ça. Non, j’ai vraiment eu la chance là-dessus d’être plutôt bien accompagnée. Je pense que j’ai aussi eu la chance, comme le disait un peu plus tôt Anna, que Simplon soit quand même une expérience en soi, qui a l’habitude de profils qui sont en reconversion, donc qui nous a beaucoup accompagnées sur ce choix.
On avait aussi un stage en plein milieu de cette formation, donc on pouvait confirmer ou infirmer le fait de continuer dans cette voie et j’ai aussi eu la chance de faire un stage avec une maîtresse de stage exceptionnelle qui m’a permis, du coup, d’être vraiment encore plus motivée pour continuer. Donc oui, j’ai plutôt rencontré des gens très bien bienveillants que le contraire durant mon parcours.

Isabella Vanni : Comme quoi s’il y a des relations humaines saines les choses se passent plutôt bien.

Aurélia Garnier : Oui. Tout à fait.

Isabella Vanni : Très bien. Merci pour ce témoignage.
Anna, est-ce que tu as vécu des moments où tu t’es dit « j’ai vraiment bien fait en faisant ça » ? Ou bien as-tu eu des doutes ou t’es-tu sentie en difficulté ?

Anna Cathelineau : C’est vrai qu’au début j’avais des peurs, mais je pense qu’elles venaient un peu du traumatisme de la recherche d’emploi dans la culture, « traumatisme » entre guillemets. Je ne savais pas ce que c’était qu’arriver sur un marché de l’emploi qui était plutôt en bonne santé. C’est vrai, comme le disait Aurélia, que Simplon nous a aussi très bien accompagnées, très bien préparées à ça, ça s’est fait vraiment tout en douceur et sans aucun souci.

Isabella Vanni : Et pour Pierre ça a été pareil ? Ça a été un parcours en descente, en douceur.

Pierre Fumet : Pendant la formation je n’ai pas eu de souci particulier, ni pour trouver un stage. Tout ça s’est bien déroulé, bien passé, je trouve que j’ai été bien accompagné même si à l’Afpa on a eu des petites déconvenues, on a dû prendre un peu les choses en main à certains moments pour réussir à obtenir une formation telle qu’on nous l’avait promise. Je dis ça parce que, en fait, on a eu un ou deux formateurs qui n’étaient pas du tout à la hauteur, mais il y a eu un dialogue possible et finalement ça c’est bien passé. Je suis vraiment très content d’avoir pu profiter de l’Afpa, d’être passé par là.

Isabella Vanni : Ils n’étaient pas à la hauteur d’un point de vue humain, de compétences ou les deux ?

Pierre Fumet : D’un point de vue technique, d’un point de vue vraiment des compétences techniques et puis même d’expérience de l’enseignement. C’était sur la partie Linux surtout, sur la partie GNU/Linux, même Unix en général. Pour moi ça comptait beaucoup parce que je savais d’emblée que c’est ce qui m’intéressait.

Isabella Vanni : Ah ! Là tu introduis un sujet intéressant.

Pierre Fumet : Isa, avant qu’on passe là-dessus, ce que je voulais juste dire c’est que ce qui n’a pas été très évident, pour moi, c’est peut-être la peur de l’obstacle, c’est-à-dire, une fois le diplôme validé, je n’ai pas trouvé du boulot tout de suite, en fait je n’ai pas cherché du boulot tout de suite. J’ai eu, je pense, un petit peu l’appréhension de mettre en pratique ce que j’avais appris et de vraiment changer de métier. De fait, je crois que c’est aussi parce que je ne m’étais jamais retrouvé en position de candidater, c’est-à-dire que j’avais passé un concours de recrutement pour l’enseignement, j’ai eu le concours donc je n’ai pas candidaté et puis, en restauration, finalement j’ai dû trouver du boulot en quelques jours, quelque part dès que j’ai commencé à chercher.
Là, en revanche, j’ai dû me couler là-dedans, faire un CV, une lettre de motivation, etc., passer des entretiens et ce n’était peut-être pas très évident de faire ça parce que je découvrais. C’était aussi très intéressant de rencontrer des recruteurs, de comprendre petit à petit que, finalement, mon profil pouvait aussi les intéresser pleinement, c’était très chouette.

Isabella Vanni : Si j’ai bien compris il y a eu une sorte de blocage juste après la formation. En quelque sorte tu as procrastiné le moment de la recherche pour les raisons que tu as décrites, merci de partager ce témoignage très personnel. Finalement quand tu as commencé la recherche, quand tu as démarré la recherche c’était si difficile que ça ? Parce que, si j’ai bien compris, Aurélia et Anna ont trouvé vraiment très rapidement. Est-ce que c’était le cas ?

Pierre Fumet : Effectivement, comme tu le dis très bien, j’ai procrastiné, après c’est peut-être aussi une question de tempérament, mais une fois que j’ai commencé à chercher, je pense que j’ai trouvé en deux mois. J’ai dû passer, je ne sais pas, une quinzaine ou une vingtaine d’entretiens, mais là aussi c’est parce que je voulais vraiment trouver, commencer un boulot où je puisse travailler sur Debian, travailler sur des logiciels libres, donc j’aurais pu trouver plus vite. Mais une fois que j’ai mis le pied à l’étrier, ça s’est très bien déroulé.

Isabella Vanni : Donc, pour toi, le critère de travailler autour des logiciels libres, du système d’exploitation GNU/Linux – tu as parlé de la distribution Debian qui est une des distributions les plus connues sur laquelle se base, par exemple, une autre distribution très répandue, très populaire comme Ubuntu – était vraiment très important. Peux-tu nous dire pourquoi ? Quand as-tu rencontré le logiciel libre ? Quand es-tu tombé dans le logiciel libre ?

Pierre Fumet : Effectivement, c’était très important d’entrée de jeu. Je pense que quand j’ai commencé à faire de l’informatique, à apprendre un peu tout seul, en autodidacte, comme plein de gens j’ai commencé sur un système Windows avec l’ordinateur que j’avais acheté. En revanche, assez vite je me suis intéressé à des logiciels libres, logiciels audio, photo, etc. Ça a commencé par mon usage personnel. Je pense que c’est vraiment à la fois de la curiosité pure, c’est-à-dire que mon côté exploration, bricolage, m’a amené aussi à l’informatique. J’ai vraiment eu envie assez vite et clairement, j’ai vraiment été intrigué et intéressé par l’informatique libre au fur et à mesure que je découvrais ça, que je découvrais cette culture-là et cet univers-là avec ce que ça embarque de marge de manœuvre, peut-être de liberté de naviguer et aussi d’idéologie. Je me sentais complètement en phase avec ce que ça proposait et pas du tout avec les fonctionnements fermés, je caricature un peu, de Microsoft ou d’autres.

Isabella Vanni : Est-ce que tu t’es documenté tout seul, c’est-à-dire que tu t’es baladé sur Internet, ou est-ce que c’est passé par des gens ? Est-ce que tu as parlé avec des personnes qui t’ont parlé de logiciels libres ? Est-ce que ça a été une découverte plutôt en solo ou c’était peut-être avec un groupe d’utilisateurs et d’utilisatrices de logiciels libres sur lequel tu es tombé ?

Pierre Fumet : Non, c’était vraiment en solo. Ça m’a fait arriver sur le logiciel libre, ça a fini par me conduire à essayer Ubuntu, puis Debian plus tard, et ça m’a aussi conduit à devenir membre de l’April.

Isabella Vanni : Très bien.
Anna, Aurélia, je vous pose la même question : est-ce que le logiciel libre, le fait que l’entreprise s’occupe des services de logiciels libres était un critère pour vous ? Autre question qui est très liée : pendant votre formation, ou même pendant votre vie, est-ce que vous avez rencontré le logiciel libre, la philosophie du logiciel libre ? Aurélia, tu veux peut-être prendre la parole.

Aurélia Garnier : J’avoue pas tant que ça. J’avoue que c’est un sujet que je connais assez mal. En fait, quand j’ai commencé à coder j’étais sous Ubuntu, mais j’avoue que je ne me suis pas vraiment posé la question jusqu’à ce qu’on me la pose et que ça vienne un peu à moi. Maintenant, en fait dans mes projets actuels, je travaille beaucoup, on en avait un peu parlé ensemble Isa, sur les questions des données utilisateurs et de ce qu’on fait des données utilisateurs ; ce sont des sujets qui commencent à bien m’intéresser. Actuellement, en ce moment, j’essaye un peu de découvrir le logiciel Matomo qui permet de faire de l’analytique tout en préservant les données des utilisateurs. Je suis encore très novice sur le sujet, mais je trouve que c’est assez passionnant et, par exemple, j’ai adoré la conversation que j’ai pu avoir avec toi, Isa, sur le sujet.

Isabella Vanni : Je confirme, Aurélia m’a posé plein de questions. Je suis ravie chaque fois que je peux sensibiliser quelqu’un sur le logiciel libre. Et tu me disais, sauf erreur, que tu as rencontré Matomo. On a bien expliqué ce qu’est Matomo. Peux-tu le dire à nouveau en quelques mots, s’il te plaît ?

Aurélia Garnier : C’est un logiciel d’analytique. Je ne sais pas si j’ai le droit de citer d’autres marques ou quoi que ce soit.

Isabella Vanni : Il y a une marque qu’on connaît bien qui permet, on va dire, de faire des analyses pour tout ce qu’est le Web.

Aurélia Garnier : Voilà, ça commence par « goo » et ça finit par « gle » ! Sauf que cette entreprise particulière permet de savoir le comportement d’un utilisateur, que ce soit sur une application ou sur un site internet, mais on ne sait pas vraiment ce qu’elle fait de ces data, contrairement à Matomo qui est plutôt transparent sur le sujet, qui va même jusqu’à proposer une version qu’on peut installer sur son propre serveur, qui permet vraiment de récupérer ses propres données et de ne pas laisser filtrer les données de ses utilisateurs.

Isabella Vanni : Si je me souviens bien, c’est suite à une recommandation de la CNIL que tu as commencé à te rapprocher de ce logiciel.

Aurélia Garnier : Oui, tout à fait. Je travaille sur un projet qui concerne la CNIL et l’Éducation nationale où on essaye de protéger les données des utilisateurs, on parle quand même de l’Éducation nationale donc principalement de mineurs et, en fait, Matomo est une des recommandations. C’est vrai que moi, arrivant complètement sans connaissances, on m’a parlé de Matomo que je ne connaissais pas du tout donc je suis partie un peu explorer et c’est une solution alternative extrêmement intéressante. Il y a pas mal de gens, finalement, qui l’utilisent et, du coup, une communauté assez grande.

Isabella Vanni : C’est l’un des avantages des logiciels libres qui appartiennent uniquement aux personnes qui les utilisent et il y a tout naturellement, autour des logiciels, des communautés de contributeurs, d’utilisateurs et d’utilisatrices, de développeurs, etc., qui se forment. C’est l’un des aspects vraiment chouette, humain et solidaire du logiciel libre.
Anna, même question pour toi : est-ce que le logiciel libre a été un critère de choix pour la recherche d’un travail en informatique et est-ce que tu as rencontré le logiciel libre par exemple pendant ta formation ou pendant ta vie personnelle ?

Anna Cathelineau : Ce que j’ai surtout pu constater c’est que le logiciel libre est quelque chose qui est vraiment indispensable pour tout ce qui est auto-formation et pour la découverte de l’informatique. Je pense que ça ouvre des portes qui n’existeraient pas s’il n’y avait pas les logiciels libres. Typiquement, à Simplon, moi j’avais un ordinateur reconditionné qui était sous Linux Mint, j’ai appris à m’en servir. Je pense que Simplon n’a pas forcément les moyens, ou même la volonté je pense, mais pas les moyens de nous payer des Mac, des Windows. Je pense que c’est vraiment quelque chose qui donne accès à l’informatique à des gens qui n’en ont pas forcément les moyens. Du coup j’avais trouvé tout ce monde formidable. C’est vraiment le côté économie sociale et solidaire, ce n’est pas forcément l’économie, mais le côté… ça donne vraiment accès à des choses à des personnes qui autrement…

Isabella Vanni : Lutte contre la fracture numérique comme on dit.

Anna Cathelineau : Exactement, la lutte contre la fracture numérique c’est vraiment quelque chose qui m’a beaucoup touchée. Par contre, non, je ne l’ai pas envisagé au moment de chercher du travail, tout simplement parce qu’à cette époque et encore un tout petit peu maintenant, c’est un monde qui m’impressionne énormément. J’avais un peu l’image de gens extrêmement passionnés, extrêmement compétents et je ne me sentais pas du tout de travailler dans une entreprise, j’avais vraiment l’impression que je n’aurais pas les compétences nécessaires pour apporter ma pierre à l’édifice.

Isabella Vanni : D’accord ! Donc une espèce de sacralisation du geek libriste.

Anna Cathelineau : Exactement.

Isabella Vanni : Pierre, est-ce qu’on peut démystifier tout ça ?

Pierre Fumet : Cette question me prend un petit peu au dépourvu, je n’ai travaillé qu’en milieu libriste, du coup je ne saurais pas trop…

Isabella Vanni : Elle m’est venue comme ça. C’est-à-dire est-ce que tu t’es retrouvé dans la même situation que celle d’Anna quand elle dit « oh mon Dieu, je vais me retrouver dans un monde de super compétents, presque de super héros de l’informatique » ? Est-ce que tu ressentais un peu de pression comme Anna ?

Pierre Fumet : Non. Ce n’est pas tellement par là qu’il pouvait y avoir de la pression, c’est plutôt par le pendant social de mon milieu de travail technique que tu connais, Isa. Je travaille dans une société qui s’appelle Easter-eggs, qui est spécialiste en logiciels libres, notamment Debian et plein d’autres choses, où effectivement il y a beaucoup de compétences, il y a de très fortes compétences. J’ai fait une première boîte avant celle-ci et, dans mon premier poste, mon premier boulot en informatique, j’ai travaillé sur Debian, sur des logiciels libres, etc., mais pas du tout exclusivement. J’étais dans une boîte généraliste qui faisait du Lotus, du Windows, etc., et je me débrouillais là-dedans pour travailler majoritairement sur du GNU/Linux et Debian.
Effectivement, ce qui a pu me retenir c’est plutôt le pendant social du choix du logiciel libre, c’est-à-dire une vraie promotion de l’égalité dans le choix des orientations d’une société, d’une boîte, l’égalité dans le travail, dans la rémunération aussi d’ailleurs, et tout ça, effectivement, ce n’est pas très évident parce que ça sort des logiques habituelles.

Isabella Vanni : Il n’y avait pas que le critère logiciel libre, il y avait aussi ce critère-là, quand tu dis social, et, on peut le dire, Ester-eggs fait partie du réseau Libre-Entreprise, d’ailleurs on a déjà invité plusieurs entreprises qui en font partie, qui s’engagent, effectivement, à gérer aussi l’entreprise d’une certaine façon ; ce sont les salariés, collectivement, qui prennent les décisions. Après, je ne sais pas s’il y a des différences entre une entreprise et l’autre, mais le manifeste, on va dire la charte de Libre-Entreprise c’est plutôt ça. Tu confirmes ?

Pierre Fumet : Tout à fait. Oui, il y a des différences entre les entreprises de ce réseau. Ce n’est pas ma première boîte et je pense que je n’aurais pas du tout imaginé pouvoir entrer dans ce milieu-là parce que, effectivement, c’est un milieu impressionnant. Je les ai connus parce qu’on travaillait pour un client commun et je me disais « ce n’est pas pour moi ».

Isabella Vanni : Finalement ça s’est fait !

Pierre Fumet : Justement parce qu’il y a un principe fort, enfin fortement affirmé, de solidarité et d’égalité, pas d’égalité, comment dire, forcément de compétences ou arithmétique. C’est plutôt une égalité dans l’engagement, dans la rémunération aussi, concrètement, ça se traduit comme ça, mais ça ne veut pas dire qu’on est tous au même niveau techniquement, ça ne veut pas dire qu’on est tous capables de faire exactement les mêmes choses.

Isabella Vanni : On part du principe que vous avez tous envie de faire bien, de vous entraider, que votre projet se passe bien.

Pierre Fumet : Oui, c’est ça. Pour moi c’est vraiment une traduction de ce choix technique du logiciel libre, c’est la traduction sociale.

Isabella Vanni : Merci.
On parle de reconversion professionnelle vers les métiers de l’informatique, il y a énormément de métiers possibles, j’aimerais en savoir un peu plus sur votre métier en particulier. Par exemple pourquoi avez-vous choisi ce métier plutôt qu’un autre ? En ce moment, parmi les personnes qui sont avec moi aujourd’hui, personne ne fait du développement par exemple. Vous y êtes passés, par votre formation peut-être, mais finalement il y a cheffe de produit, cheffe de projet web et administrateur système.
Aurélia, tu veux peut-être nous dire pourquoi tu t’es orientée vers le métier de cheffe de produit ou comment tu as atterri sur ce métier ?

Aurélia Garnier : Déjà je n’aime pas trop le terme de cheffe, je ne suis cheffe de personne mis à part de moi-même.

Isabella Vanni : Tu préfères la version anglaise ?

Aurélia Garnier : Non, même pas, vu que je me manage moi-même, j’ai même du mal à me manager !
Je veux dire que c’est plutôt le produit qui m’intéressait vraiment, surtout faire un produit qui est chouette et, mieux, pourquoi faire un produit. J’adore mon métier dans le sens où je cherche toujours pourquoi on travaille sur quoi et, en fait, je suis aussi beaucoup dans le lien entre les utilisateurs et les gens qui veulent créer des choses pour répondre à des vrais besoins. C’est ce qu’on disait un peu plus tôt, je pense que s’il y a un point commun sur tout mon parcours professionnel c’est vraiment cette attraction envers les gens, envers leur parcours et envers leurs besoins et leur histoire. Je trouve qu’on est quand même tous assez uniques et on a tous des choses assez intéressantes à raconter, du coup c’est ça qui m’intéresse dans mon produit, ce côté assez humain des choses.

Isabella Vanni : Aurélia, je peux te dire la même chose : quand tu me parles d’aller vers les gens, vers leurs vrais besoins, tu es faite pour le logiciel libre ! Le logiciel libre c’est vraiment ça par définition, tu es faite sur mesure, le code est ouvert, on peut le modifier en toute liberté, on met à la première place les besoins des personnes qui vont l’utiliser. Donc tu es faite pour lui ! Réfléchis, parce que si ça se trouve, dans quelques années…

Aurélia Garnier : Depuis notre conversation je n’arrête pas d’y réfléchir. Je suis allée voir le Collectif CHATONS, etc., je pense que tu es en train de me convertir sans problème.

Isabella Vanni : Super !
Anna, tu veux parler de ton poste, de ton métier aujourd’hui, pourquoi tu as choisi ce métier ? On le rappelle cheffe de projet web.

Anna Cathelineau : En fait, ce qui était un peu aussi le fil conducteur de toutes mes formations, même en histoire de l’art, c’était aussi la gestion de projet. J’ai fait beaucoup d’associatif où je gérais des projets et c’était quelque chose que j’aimais vraiment faire et je suis aussi un peu arrivée à Simplon avec cette idée : si je veux être une bonne cheffe de projet informatique il faut que je sache coder et aussi que je sois passée par là. Du coup, j’ai commencé par être développeuse, j’ai adoré ça. J’ai aussi un master en gestion de projet, j’ai ce genre de choses, donc ensuite je suis passée, je suis devenue un peu naturellement cheffe de projet, mais je code quand même en hobby, à la maison, quand j’arrive à avoir le temps de me poser pour coder ; en fait j’ai toujours voulu être cheffe de projet, le code s’est rattaché à ça et finalement j’ai fait un peu une sorte de mon propre métier passion qui est la gestion de projet web.

Isabella Vanni : J’allais justement te dire, vu que ça te plaisait autant, est-ce que ça te manquait, tu as effectivement trouvé une façon de le faire sur ton temps libre, donc tu n’as pas non plus abandonné le code.
Aurélia, est-ce que tu codes ? As-tu l’occasion de coder ? Est-ce que tu codes encore ?

Aurélia Garnier : Je code un petit peu dans le cadre de mon métier, quand il y a besoin, sur des choses très simples. Sinon j’avoue, plus trop, j’aide des fois un peu mon compagnon qui est lui aussi développeur et qui développe sur son temps libre un jeu vidéo, donc ça m’arrive de lui donner des petits coups de main ponctuels. C’est du C++, c’est un langage très chouette. C’est très ponctuel, je pense moins que Anna.

Isabella Vanni : D’accord. Et ça ne te manque pas, tu ne le recherches pas sauf quand tu zieutes dans les lignes de ton compagnon ?

Aurélia Garnier : Voilà, ça va être un peu comme ça. Je pense que, de manière générale, le code a été plus un moyen qu’une fin pour moi. Par exemple, j’avais à un moment un projet de faire un site pour une copine, c’était plus le projet en lui-même qui m’intéressait que de coder et du coup il fallait un moyen, il fallait un site vitrine, des choses comme ça, donc, dans ce cas-là, j’étais vraiment ravie de le faire. Mais c’est vrai que même si je trouve ça chouette, pour moi le code c’est un peu ce que je disais, c’est un peu jouer au Lego, mais même quand je joue au Lego je joue pour construire quelque chose et non pas juste pour jouer au Lego.

Isabella Vanni : Merci.
Pierre, à toi : pourquoi administrateur système, pourquoi pas autre chose ? Il y a tellement de métiers dans l’informatique.

Pierre Fumet : Effectivement, je me suis posé la question quand j’ai commencé à rechercher des formations, j’y ai pensé et finalement j’ai renoncé à faire une formation en développement, c’était possible à l’Afpa, mais j’ai préféré faire une formation d’admin système réseau. Pourquoi ? Il y avait peut-être une petite appréhension, je me disais que ça serait trop dur, mais je crois que c’est surtout, je pense, parce que j’ai vu ça, sans doute à tort, en partie à tort, un peu comme un métier où est trop sur la machine, où on est trop isolé, trop dans un tête-à-tête avec une machine en permanence, alors que mon métier d’admin me donne la possibilité, peut-être, d’être plus en relation avec une clientèle, avec des clients. Par ce biais-là je pouvais retrouver vraiment le plaisir que j’ai eu à être en relation avec les clients en restauration, tout simplement, et puis en relation aussi avec un public quand j’étais professeur. Pour moi c’était quelque chose d’important, peut-être que c’est aussi pour ça que j’ai choisi admin et non pas dev.

Isabella Vanni : C’est le même côté dont parlait aussi Aurélia.
Il ne nous reste pas beaucoup de temps, je vous propose de donner peut-être des conseils ou des recommandations sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire ou un mot pour une personne qui se tâte, qui se dit « tiens, je vais peut-être me reconvertir dans un métier de l’informatique ». Qu’est-ce que vous lui diriez si elle doute un peu ? Je ne sais pas si quelqu’un veut prendre la parole, parce que c’est une question un peu surprise. Je t’en prie Anna.

Anna Cathelineau : En fait, c’est simplement ce que j’ai fait avant de me lancer dans la formation, c’est un conseil que je donne à pas mal de gens : sur Internet il existe plein de mini-formations pour coder, plein de petits tests, de petits jeux, de petits machins. Déjà essayer, ça peut permettre de savoir si c’est quelque chose qui est fait pour nous et qui nous plaît.

Isabella Vanni : Un premier test.

Anna Cathelineau : C’est ça, un premier test. Si au bout d’une semaine on en a déjà marre, eh bien c’est que ce n’est pas ça !

Isabella Vanni : Très bien. Aurélia.

Aurélia Garnier : Je suis assez d’accord avec Anna comme souvent. Je rajouterais qu’il ne faut pas avoir peur. Je trouve que le monde de l’informatique peut être vite une espèce de monde où on imagine des codeurs dans des cases, qui ne sortent pas beaucoup, alors qu’en fait ce n’est pas forcément ça. Il faut vraiment se lancer, c’est ça qui peut être le plus dur, mais il ne faut pas hésiter. On a la chance d’être dans une ère où il y a pas mal de formations. Je pense qu’il faut faire attention, il y a aussi à boire et à manger, donc bien se renseigner en amont sur les formations. Je pense que c’est à la portée de toute personne qui en a envie.

Isabella Vanni : Merci. Pierre.

Pierre Fumet : Je ne sais pas trop quoi donner comme conseil. Sinon, je pense qu’il ne faut vraiment pas avoir peur du changement, de recommencer. Je ne conseillerais pas, en tout cas par rapport à la formation à l’informatique, de courir forcément après des certifications, des ci, des ça, des étiquettes, parce qu’il y a certainement plein d’environnements de travail où on peut être très intéressé par des profils atypiques, justement des profils ne venant pas de là mais qui peuvent apporter autre chose, une maturité ou un regard différent et moins formaté.

Isabella Vanni : Merci.
Je trouve que même si c’était une question surprise vous vous êtes très bien débrouillés.
Je vous remercie vraiment beaucoup pour votre participation à cette émission. Merci à toutes nos personnes invitées, Anna Cathelineau, Aurélia Garnier, Pierre Fumet. Je vous souhaite une bonne continuation.

Anna Cathelineau : Merci à toi Isa.

Aurélia Garnier : Merci beaucoup.

Pierre Fumet : Merci.

[Virgule sonore]

Isabella Vanni : Vous êtes de retour en direct sur radio Cause Commune. Nous venons d’entendre un sujet enregistré il y a quelques jours consacré à la reconversion professionnelle vers les métiers de l’informatique.

Nous allons faire une petite pause musicale. Nous allons écouter Totem culturel par JeanBleu sous licence libre Creative Commons CC By SA 3.0. Le genre, cette fois, c’est du psychobilly. Je ne vais pas trop rentrer dans les détails, on va dire que c’est un sous-genre du punk et du rock. Ce morceau va aussi me permettre de faire une très bonne transition avec la chronique qui suit. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Totem culturel par JeanBleu.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous avons écouté Totem culturel par JeanBleu disponible sous licence libre Creative Commons CC By SA 3.0.

Chronique « La pituite de Luk » sur le thème « 10 d’un coup ! »

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre avec la chronique « La pituite de Luk » qui est avec nous aujourd’hui au studio. Bonjour Luk.

Luk : Bonjour.

Isabella Vanni : Comme je le disais avant la pause musicale, le morceau de JeanBleu me permet une bonne transition. C’est un groupe qui n’existe plus, mais il a publié avec la coopérative d’artistes AMMD, qui produit de l’art sous licence libre ou de libre diffusion avec des matériels et des logiciels libres, pour laquelle, toi aussi Luk, tu as publié une œuvre, un roman-photo, si je ne me trompe pas.

Luk : C’est ça. Ils ne font que de la licence libre. Ce sont des puristes de chez puriste, donc il n’y a pas de licence Creative Commons non libre.

Isabella Vanni : Merci pour cette précision. Je te laisse la parole pour ta chronique.

Luk : 10 d’un coup ! C’est le nombre de géants de la Tech que Macron, ce vaillant petit tailleur des temps modernes, souhaite pour l’Europe dans la décennie à venir. Je précise tout de suite que GUTenberg, DANTE ou CervanTEX, sous stéroïdes, ne sont pas le type de géants de la Tech auxquels pense notre héros de conte.
On connaît la version Mickey dont le principal prodige est d’exploiter le domaine public tout en parvenant à rester indéfiniment en dehors de celui-ci. La version originale est plus intéressante, elle parle, en effet, de géants mais aussi de licornes ! Les frères Grimm avaient notre nouveau monde du digital en tête quand ils l’ont couchée sur le papier, c’est sûr.

Le vaillant petit tailleur est un personnage à la mesure de notre époque. Il est radin, menteur, manipulateur. Il gravit les échelons en exploitant la naïveté et la lâcheté de ses contemporains jusqu’à épouser la fille du roi qui ne veut pas de lui, parce que bon !, une princesse c’est juste un bien positionnel comme un autre. Puis, finalement, il pique la place de beau papa.
Le vaillant petit tailleur est un exemple de réussite. Il roule pour sa gueule, uniquement, et prospère au détriment d’autrui.
Il est parfaitement en ligne avec ces fameux géants de la Tech. La liste de leurs coups pourris est interminable et ça marche parce qu’ils promettent de prendre en charge tous nos soucis. Bien souvent leurs créateurs ont trahi dès le début de leur parcours : ils mentent, trichent, demandent hypocritement pardon mais n’ont que leur intérêt propre en ligne de mire. On a les GAFAM en tête, mais les NATU sont pas mal aussi : Netflix, Airbnb et Uber sont tout aussi lamentables et portent leur activité malfaisante dans d’autres domaines.

Et pourtant, c’est ce genre de business prédateur qui est « macronpatible ». Il n’est pas le premier à en rêver. Sarkozy 1er avait fait appel à la fine fleur des grosses boîtes du royaume de France pour pondre un cloud souverain. Nos champions nationaux, chez qui nos chambellans de la haute fonction publique trouvent couramment des pantoufles de verre, ont bouffé tout le pognon mais n’ont accouché ni de géants, ni de licornes, ni même d’une souris. Fleur Pellerin, elle aussi, avait appelé à faire du gras en encourageant les entreprises de l’open source à se restructurer pour faire de gros champions avec qui discuter parce que la taille ça compte.

C’est pour ça que des petits tailleurs parviennent à berner leur monde. Le gouvernement a cru en Qwant parce que ses ambitions démesurées ont été répétées à l’envi, flattant les fantasmes gouvernementaux de chevaliers français héroïques pouvant enfin terrasser le dragon Google. Déception intense quand il s’est avéré que le preux chevalier était en affaires avec un autre dragon. Sous l’armure, il n’y avait qu’un vaillant petit tailleur de plus qui s’est fait griller à l’étape des sept mouches.

Les ambitions de Macron ressemblent d’autant plus à des rêves de conte de fées quand on considère les annonces toutes fraîches sur le cloud de confiance où les candidats considérés comme sérieux sont ceux qui achètent des technos d’Amazon et de Google sous licence.

En fait, Macron n’est pas le vaillant petit tailleur. On le devine au fait qu’il n’a pas de ceinture où il est brodé « 10 d’un coup ». Donc sauf à ce que ce soit tatoué sur son pelvis, il est plutôt le roi du conte. Il est celui qui n’arrive pas à faire face aux géants, à la licorne et au sanglier. C’est ce monarque qui va vendre sa fille et son royaume à des petits malins radins, menteurs et astucieux pour qu’ils résolvent ses problèmes à sa place.

On pourrait pourtant se référer à d’autres mythes : si on évoquait plutôt Achille ou Siegfried pour former le projet d’attaquer les puissants par leur point faible, l’interopérabilité décochée dans leur talon, et on découvrira que les géants avaient des pieds d’argile ; des actions efficaces pour renforcer et faire respecter le RGPD et l’œil de Sauron se révélera myope ; une politique de financement des communs et plus personne ne sera affamé et tenté par la maison de sucre de la sorcière ni en danger de voir sa maison de paille s’envoler sous le souffle du loup.
Je pense qu’à la fin de l’histoire les monstres américains ou chinois seraient terrassés et que les Européens vivraient heureux et auraient beaucoup de libertés informatiques.

Isabella Vanni : Merci Luk pour cette pituite. On retrouve ta chronique, normalement, à la rentrée en septembre ?

Luk : Oui.

Isabella Vanni : Super. Merci beaucoup, à très bientôt.

Luk : Merci.

Isabella Vanni : Nous approchons de la fin de l’émission, nous allons terminer par quelques annonces.

[Virgule musicale]

Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre

Isabella Vanni : Je vous rappelle que la radio Cause Commune, la voix des possibles, sur la bande FM 93.1 en Île-de-France, c’est de midi à 17 heures puis de 21 heures à 4 heures en semaine, du vendredi 21 heures au samedi 16 heures et le dimanche de 14 heures à 22 heures. La radio diffuse également en DAB+ 24 heures sur 24 et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.
L’émission et plus globalement la radio est contributive. N’hésitez pas à proposer des sujets, des musiques, des personnes à inviter. Vous pouvez contribuer à l’émission. Vous trouverez sur les sites april.org et causecommune.fm les différents moyens de nous contacter. Vous pouvez également contribuer aux autres actions de l’April et/ou aider la radio par un don ou par des actions bénévoles. L’April participe à cette belle aventure que représente Cause Commune, radio associative. La radio a besoin de soutien financier notamment pour payer les fais matériels comme le loyer du studio ou la diffusion sur la bande FM, les serveurs. Nous vous encourageons donc à aider la radio en faisant un don. Toutes les informations sont sur le site causecommune.fm. Vous pouvez aussi aider en consacrant du temps.

Dans les annonces d’aujourd’hui, cette émission du jour est la dernière de la saison 4, reprise en septembre. N’hésitez pas à nous envoyer des idées, des suggestions. À expliquer ce qui vous plaît dans l’émission, car nous allons évidemment profiter de l’été pour préparer la saison 5.
La conférence « Le netmask et la plume » sur l’histoire et l’évolution de la cybersécurité aura lieu en ligne demain mercredi 30 juin à 14 heures. C’est animé par quatre journalistes experts du domaine dont Marc Rees, rédacteur en chef de Next INpact, que nous avons l’occasion de recevoir à de nombreuses reprises dans l’émission. Le site c’est lenetmasketlaplume.org. La référence est sur le site de l’April, april.org.
Une nouvelle réunion du groupe Sensibilisation de l’April se tiendra à distance le jeudi 1er juillet à partir de 17 heures 30, j’animerai cette réunion. Toutes les informations sont disponibles sur le site april.org.
Les événements en présentiel autour du Libre commencent finalement à être réorganisés, depuis quelques semaines déjà. Vous pouvez les retrouver sur le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org.
On a mis à jour notre page avec l’ensemble des podcasts de Libre à vous ! que vous pouvez emporter avec vous pendant vos vacances. Il y a plus de 100 émissions et six émissions musicales découpées en plusieurs sujets, disponibles individuellement, d’une dizaine de minutes à une heure, à écouter ou réécouter.
Bon anniversaire à linuxfr.org, le site d’information francophone sur le logiciel libre qui fête cette année ses 23 ans.
Mon collègue Frédéric Couchet vous donne rendez-vous pour deux émissions qu’il propose à titre personnel. La première c’est lundi 5 juillet de 21 heures à 22 heures 30, avec son camarade Mehdi, qui vous fera voyager musicalement avec de la techno, de la house, du hip hop, de la drum and bass, du reggae en fonction de l’inspiration.
Ensuite, mercredi 7 juillet toujours de 21 heures à 22 heures 30, Fred vous propose la première d’une nouvelle émission intitulée Chemins de traverse. Son invité, Éric du Faÿ, nous fera découvrir l’orchestre Petites mains symphoniques qui est constitué exclusivement d’enfants âgés de 6 à 17 ans. Rendez-vous pour ces deux émissions sur causecommune.fm ou sur 93.1 en FM ou en DAB+ en Île-de-France.

Notre émission se termine.

Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission : Laurent et Lorette Costy, Anna Cathelineau, Aurélia Garnier, Pierre Fumet, Luk.
Aux manettes de la régie aujourd’hui Adrien Bourmault, bénévole à l’April.
Merci également à l’équipe qui s’occupe de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang1, bénévoles à l’April.
Merci encore une fois à Adrien Bourmault, car il s’occupera également de découper le podcast complet en podcasts individuels par sujet.

Vous retrouverez sur notre site web, april.org, toutes les références utiles ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm.
N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l’adresse contact chez libreavous.org.

Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.
Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et également à faire connaître la radio Cause Commune, la voix des possibles.

La prochaine émission aura lieu en direct normalement mardi 7 septembre 2021 toujours à 15 heures 30.

Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée et un excellent été. On se retrouve en direct à la rentrée et d’ici là, portez-vous bien.

Générique de fin d’émission : Wesh tone par Realaze.