Dorie Bruyas : Audran, vous êtes à côté du micro, comment ça se passe, ces communs, du côté du ministère de l’Éducation nationale ?
Audran Le baron : Très bien.
Dorie Bruyas : Bonne nouvelle ! Point réglé. Merci.
Audran le baron : Merci beaucoup.
D’abord ravi d’être présent parmi vous. Ce n’est pas la première fois que nous sommes ici, mais c’est la première fois, ministère de l’Éducation nationale et Direction du numérique pour l’éducation [1], que nous sommes là en tant que partenaires officiels et c’était très important pour nous. En fait, ça relevait de l’évidence puisqu’on a placé les communs numériques également au cœur de notre stratégie du numérique pour l’éducation, depuis deux ans, ça faisait donc sens qu’on soit parmi les partenaires officiels, donc ravi pour cela.
Pourquoi et comment développer les communs numériques dans l’éducation ?
Le pourquoi, je vais rejoindre Stéphanie [Schaer], il y a des réponses objectives et assez traditionnelles à cela. Tu as cité la souveraineté, c’est évident que qui dit souveraineté dit sécurité, respect des données personnelles, confiance, etc., autant de sujets qui sont indispensables pour déployer les usages dans l’éducation.
Il y a également le sujet de la pérennité, on ne peut pas transformer les usages si on n’offre pas des outils pérennes et les communs numériques apportent une certaine garantie, pas totale mais tout de même, en matière de pérennité.
Ce sont deux arguments assez classiques, mais totalement vrais dans le domaine de l’éducation.
Il y a un argument qui est peut-être un peu plus spécifique à l’éducation, c’est que, fondamentalement, il y a un partage de valeurs entre la mission d’éducation et les communs numériques qui est absolue. Qu’est-ce que l’éducation ? C’est accéder à la connaissance, faire accéder à la connaissance, la partager, la transmettre et les communs numériques, c’est exactement ça, c’est ouvrir de la connaissance, des données, des contenus pour les partager, pour les transmettre.
Nous étions donc faits pour nous rencontrer et c’est très bien ainsi.
Maintenant la question du comment. Elle est plus difficile parce que c’est comment changer des pratiques, mais c’est aussi comment changer la culture, parce qu’il y a vraiment quelque chose de très culturel ; passer dans une logique de communs numériques, ce n’est pas complètement intuitif et inné.
Puisqu’il faut faire court, je vais répondre par un principe, une action – principe et action qui sont d’ailleurs tous deux dans la feuille de route des communs numériques qu’on va bientôt dévoiler – et je terminerai par un vœu.
Un principe, c’est communs numériques par défaut. Faire en sorte qu’au sein du ministère, dans l’Éducation nationale, à partir du moment où on réfléchit à résoudre une problématique de politique publique par un outil numérique, qu’on le fasse par défaut en pensant communs numériques. C’est-à-dire non seulement en ouvrant le code, les contenus en licence libre – quelque part, on est déjà obligé à cela par la loi pour une République numérique [2] qui ne date pas d’hier. Au-delà de cette ouverture, c’est penser communautés, créer des communautés, les soutenir, avec une gouvernance qui permet d’entretenir et de rentrer dans ce cercle vertueux des communs numériques.
Donc un principe, les communs numériques par défaut.
Une action, et là je vais m’inscrire dans les pas de mes voisins, Sébastien [Soriano] et Stéphanie [Schaer], c’est, pour la première fois, au sein de l’éducation, lancer prochainement un appel à communs, un vrai appel à vrais communs, avec deux objectifs : à la fois soutenir, faire passer à l’échelle un certain nombre de communs numériques parmi les 1300 qui peuplent aujourd’hui notre forge des communs numériques [3], donc les aider à passer à l’échelle et les soutenir. Mais également faire un appel du pied au secteur privé. On a beaucoup investi dans la Edtech. Maintenant, la question qu’on se pose, suite à ces investissements, c’est comment on peut nouer des partenariats pour faire grandir des communs numériques grâce à ces expertises-là.
Et puis je termine par un vœu. Au-delà de notre cercle, que l’on puisse faire comprendre que cette logique des communs numériques est une logique sérieuse, c’est un modèle sérieux qui marche, qui est efficace et, peut-être, je sais qu’il y a des parlementaires dans la salle, qui vont bientôt devoir voter un budget…
Dorie Bruyas : Si on pouvait passer des messages !
Audran Le baron : Peut-être donner les moyens à la puissance publique de soutenir les communs numériques. On en a besoin, notamment dans l’éducation.
Dorie Bruyas : Merci Audran.
[Applaudissements]