Windows a-t-il intérêt à basculer sur un noyau Linux comme l’affirme ESR ? - Décryptualité du 5 octobre 2020

Titre :
Décryptualité du 5 octobre 2020 - Windows a-t-il intérêt à basculer sur un noyau linux comme l’affirme ESR ?
Intervenants :
Manu - Luc
Lieu :
April - Studio d’enregistrement
Date :
5 octobre 2020
Durée :
15 min
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Revue de presse pour la semaine 40 de l’année 2020

Licence de la transcription :
Verbatim
Illustration :
Le manchot Tux, la mascotte de Linux - Licence Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication
NB :
transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.

Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Description

Eric S. Raymond fait la prédiction fracassante que Microsoft se prépare à utiliser le noyau Linux pour Windows. Quel sens cela aurait pour cette entreprise hégémonique et privatrice d’abandonner son code source propriétaire alors qu’elle est toujours en position ultra-dominante ?

Transcription

Luc : Décryptualité. Semaine 40 de l’année 2020. Salut Manu.
Manu : Salut Luc.
Luc : On est encore que tous les deux. Décidément c’est mal parti pour retrouver Nolwenn et Nicolas.

Sommaire de la revue de presse de cette semaine.
Manu : On a six jolis articles.
Luc : France Inter, « Données de santé des Français : faut-il avoir peur du géant Microsoft ? »
Manu : Oui, il faut avoir peur, bien sûr ! Parce que l’État français a exporté nos données de santé aux États-Unis. On en a déjà parlé, c’est un sujet qui va continuer, je n’en doute pas, parce que c’est quand même embêtant.
Luc : Ce ne sera pas notre sujet du jour, en tout cas il y a certains éléments qu’on pourra rattacher à ça, gardons-les en tête.

Acteurs Publics, « Jean-Luc Nevache : La culture des administrations est, encore aujourd’hui, davantage celle du secret que de l’ouverture ».
Manu : C’est un entretien et ça parle de la CADA, la Commission d’accès aux documents administratifs. Des sujets qu’on suit pas mal dans le monde du logiciel libre parce qu’on aime bien savoir ce qui se passe dans les administrations, dans l’État français, pourquoi, notamment ils choisissent Microsoft, par exemple.
Luc : Journal du Net, « Une digital workplace 100% free se révèle dans le sillage du Covid », un article d’Antoine Crochet-Damais.

Que d’anglicismes !
Manu : Ah ! Oui, ils aiment bien ça, il faut croire. Ça parle de travail à distance, on est en plein dans l’époque : est-ce qu’on va arrêter de se déplacer pour aller au bureau et le logiciel libre aide beaucoup pour faire du télétravail.
Luc : ZDNet France, « Logiciel libre à l’Éducation nationale : une question, une non-réponse et des éléments », un article de Thierry Noisette.
Manu : Il y a des gens qui s’intéressent au sujet de l’Éducation nationale et des logiciels qui y sont utilisés. Là encore, Microsoft a été choisie il y a déjà quelque temps et ça reste embêtant, ça nous embête, beaucoup. Là il y a des questions qui ont été posées sur le sujet au niveau des institutions, il n’y a pas vraiment eu de réponse pour l’instant, mais ça évolue au fur et à mesure du temps. Des questions qui continuent à être posées régulièrement par des députés, des sénateurs et on aime bien décortiquer les réponses au fur et à mesure.
Luc : cio-online.com, « Stéphane Rousseau (VP, CIGREF) : « les logiciels libres sont des choix par défaut… dans les infrastructures » », c’est une interview.
Manu : Une interview vidéo, j’ai jeté un œil, intéressante. Le CIGREF c’est un groupement des plus grandes entreprises françaises.
Luc : Utilisatrices d’informatique.
Manu : Exactement. Donc c’est plutôt intéressant de voir ce qu’ils disent du logiciel en général. Ce ne sont pas de dangereux communistes, non, clairement pas, et ils aiment bien le logiciel libre malgré tout. C’est plutôt intéressant. Ils le mettent en avant, là, dans le cadre des infrastructures, mais on a pu entendre parler d’autres sons de cloches sur d’autres articles.
Luc : Dont on parlera un petit peu plus tard, ce sera notre sujet de cette semaine.

InformatiqueNews.fr, « Microsoft n’abandonne ni Windows, ni Windows on ARM, bien au contraire… », un article de Loïc Duval.

C’est une réaction à un article de blog de Eric S. Raymond [1] qui est un vieux de la vieille de l’open source, c’est un pur opensourciste.
Manu : Et un troller de première. C’est ESR dans le monde du Libre.
Luc : Qu’est-ce qu’il a annoncé ?
Manu : Qu’en gros, ça y est, Microsoft allait convertir son système d’exploitation Windows à Linux, ce qui parait bizarre. Mais c’est vrai que Windows est un système complet, soi-disant, et Linux est un noyau donc, en théorie, ils pourraient tout à fait intégrer ce noyau dans le système complet et le livrer. Et, après tout, Linux c’est du logiciel libre, donc légalement, techniquement, ils pourraient le faire et il y a des signes qu’ils sont en train de le faire.
Luc : J’ai du mal à y croire, parce que ça remonte un petit à loin mais Steve Ballmer, l’ancien patron de Microsoft, qui avait pris la suite de Bill Gates, avait dit que le logiciel libre et Linux étaient un cancer, le cancer de l’informatique. On sait que Microsoft a tourné casaque et fait de l’open source.
Manu : En changeant de dirigeant, notamment.
Luc : Mais on peut se dire que Windows c’est leur logiciel phare, ils sont en quasi-monopole.
Manu : C’est leur vache à lait, ils ont fait des milliards à l’aide de système-là.
Luc : Ça doit être des millions, des centaines de millions de lignes de code, c’est du code qu’ils possèdent entièrement, donc ils ne vont pas tout jeter, en tout cas le noyau, toute la partie vraiment technique, ils ne vont pas tout balancer à la poubelle.
Manu : En tout cas en théorie, parce qu’il y a des signes qui sont assez bizarres. Premier signe : sur leur cloud, leur informatique en nuage, Microsoft fournit plein de systèmes là-dessus, il s’appelle Azure et c’est ça qui est en train de gagner de l’argent, chez eux, il semblerait en ce moment. Et, dans leur système en nuage, il y a plus de Linux, de machines avec un Linux qui tourne dessus que de machines avec un Windows et c’est un signe assez bizarre.
Luc : On savait de longue date que les serveurs Windows c’est de la merde, ça marche quand même très mal et ça fait des années qu’ils utilisent du Linux de partout. Une des raisons pour lesquelles ils sont entrés dans la Fondation Linux [2] c’est qu’effectivement ils veulent faire tourner leurs serveurs avec des technologies qui marchent bien.
Manu : On a même remarqué, et ça a beaucoup fait jaser, que Microsoft est un gros contributeur au noyau Linux, notamment pour l’adapter et le faire tourner dans Windows. C’est quelque chose qui est apparu il y a quelques années, il n’y a pas très longtemps, ils ont installé dans Windows une sous-souche, une compatibilité on va dire, une sorte d’émulateur intégré qui s’appelait WSL [Windows Subsystem for Linux] et qui permettait de faire tourner les programmes Linux dans Microsoft Windows.

Et là, depuis l’année dernière, ils ont intégré une deuxième couche, WSL2, maintenant ils ont mis directement dans Windows, en plus de leur noyau d’origine qui est toujours là, un noyau Linux. Donc il y a un côté un peu bicéphale, très intéressant, qui leur permet de revendiquer qu’ils font tourner du Linux tel quel, à peu près.
Luc : L’argument de Eric S. Raymond c’est de dire « regardez, Edge qui est leur navigateur, ils ont en train de le porter sous Linux ».
Manu : Anciennement Internet Explorer, juste pour replacer, on en parlait beaucoup sous ce nom-là une époque.
Luc : Tout à fait, et on se doute, effectivement, que ce n’est pas pour la petite poignée d’utilisateurs de Linux en ordinateur personnel qu’ils font cet effort-là, parce que c’est négligeable.

L’autre chose qui est intéressante, avec ce changement, c’est de se dire qu’ils avaient un navigateur sur lequel ils ont investi depuis des années, Internet Explorer, qui a toujours assez mal marché mais avec lequel ils ont essayé de tuer Internet à une époque, en tout cas de le dévoyer et de se débrouiller pour que ça marche très mal, pour que tout le monde reste chez eux.
Manu : Ils l’avaient super bien intégré à leur système. Ça avait même été au tribunal et ils avaient dit : « Non, non, on ne pourra jamais l’enlever, c’est trop compliqué. Notre position de monopole est légale et logique. »
Luc : Ils avaient fait plein de petites technos qui n’étaient pas normalisées, donc qui marchaient bien dans leur navigateur mais pas dans les autres navigateurs. C’était quoi ? Il y a dix ans ? Ça buggait dans tous les sites, etc. Et c’était écrit partout « utilisez Internet Explorer si vous voulez que ça marche bien ». C’était une stratégie de leur part.
Manu : C’était l’enfer. Moi, développeur web, je détestais ce genre de chose.
Luc : C’est Edge qui était être censé être leur nouveau navigateur qui enfin marchait bien, etc.
Manu : Marchait moins mal !
Luc : Et on a appris il y a quoi ? Un mois, deux mois ?
Manu : Non, il y a un peu plus de temps.
Luc : Il y a un peu plus de temps, mais il n’y a pas si longtemps que ça, qu’ils balançaient leur navigateur et qu’ils allaient utiliser Chromium, qui est le navigateur de Chrome, fait par Google, qui est aussi du logiciel libre. Donc on voit qu’ils sont capables de balancer du développement interne, du code qu’ils maîtrisent, qui leur appartient, donc pourquoi pas celui de Windows, effectivement.
Manu : Ça va très loin. Ils ont acheté GitHub [3] il n’y a pas très longtemps. C’est une plateforme qui héberge de nombreux logiciels libres et ils ont mis plein de leurs librairies internes dessus. DotNet est libérée en grande partie, c’est une librairie composant le cœur de tous les systèmes qu’ils vendent, sur lesquels ils font de l’argent. Donc ça va très loin, moi je me dis qu’il y a des évolutions incroyables de Microsoft.
Luc : Microsoft est là pour faire de la thune, c’est le principe.
Manu : Et ils en font, il en font beaucoup.
Luc : Windows a toujours été leur la vache à lait. Ils gagnent beaucoup d’argent avec ça. Quel intérêt ils ont à changer leur modèle ? Parce qu’on avait dit aussi, il y a des bruits qui couraient il y a quelques années, que Windows allait devenir gratuit, ce n’est toujours pas le cas !
Manu : Pas tout à fait !
Luc : Quel intérêt pour eux de changer quelque chose qui leur rapporte beaucoup d’argent ?
Manu : On peut supposer que ce sont des changements de modèle. De la même manière qu’à une époque ils vendaient des licences, aujourd’hui ils vendent des abonnements. On ne met plus à jour son système de la même manière en achetant un disque qu’on met dans le mange-disque et qu’on installe. Non, ce sont des mises à régulières et pour eux c’est de l’argent qui rentre facilement. De plus en plus ça va dépendre du cloud sur lequel ils ont Office qui reste vraisemblablement leur vache à lait majoritaire et qui est en abonnement là aussi.
Luc : Office 365 est leur solution de bureautique, qu’on peut utiliser uniquement en mode web. Il y a aussi les applications qui sont en dur sur l’ordinateur mais qui vont communiquer, être connectées sur des services hébergés cloud, etc., pour partager ou travailler ensemble sur des données.
Manu : On peut aussi imaginer qu’ils ont raté des tournants. Ils ont raté, notamment, le tournant du téléphone portable qui est un truc assez considérable et, dans une certaine mesure, d’Internet. Là, peut-être qu’ils ont en ont marre de rater des tournants et qu’ils se disent « on va essayer d’accaparer d’autres technologies, de les intégrer ». Après tout, ça leur coûte moins cher d’intégrer le noyau Linux que de refaire une n-ième nouvelle technologie de noyau.
Luc : Donc là ça rejoint l’article que j’ai mentionné du CIGREF, la réaction du CIGREF qui n’était pas dans la revue de presse. Le CIGREF [4], on le rappelle, association des très grosses entreprises françaises utilisatrices d’informatique et qui dit, en gros, que le modèle du cloud est dévoyé et qu’ils sont en train de se faire avoir, notamment avec la crise du covid. Que les tarifs montent tout le temps. Qu’on peut de moins en moins négocier et qu’une fois qu’ils ont mis tous leurs services, tous leurs applicatifs dans le cloud, ils sont pieds et poings liés : on a ses machines chez un hébergeur donc l’hébergeur fait ce qu’il veut. S’il dit « je coupe », eh bien on est à poil !
Manu : Ça va loin. À un moment donné ils peuvent même avoir peur que les vendeurs de nuage leur revendent leurs propres données, d’après l’article que tu as montré.
Luc : C’est ça.
Manu : Donc là, clairement, ils sont en train de se faire plumer. Ils mettent des serveurs dans les nuages de ces différents fournisseurs, les services informatiques dans ces nuages, les données dans ces nuages. Il ne manque plus que quoi ? La maîtrise ?
Luc : Et puis les logiciels eux-mêmes. C’est un piège, on est coincé, on est piégé. Ils sont en train de nous tondre. On comprend l’intérêt de Microsoft à foncer vers ce modèle-là qui est un modèle d’enfermement.
Manu : Au plus pur.
Luc : Tout à fait efficace et c’est super intéressant pour eux.

Linux, là-dedans, c’est un noyau [5] super efficace, on rappelle, c’est utilisé ailleurs, par d’autres GAFAM qui le proposent.
Manu : Android. Je rappellerais aussi que Apple utilise majoritairement, en sous-main, du logiciel libre parce qu’une bonne partie de leur noyau vient d’un noyau BSD, d’un dérivé. Ils l’ont inclus dans leur système propriétaire et ils ont enfermé leurs utilisateurs bien qu’ils utilisent ça.
Luc : Une différence peut-être, je ne sais pas si ça fera la moindre différence, mais le noyau libre utilisé par Apple était sous une licence non copyleft
Manu : Hyper-permissive.
Luc : Ça veut dire qu’on peut prendre le truc et le refermer. En revanche, le noyau Linux est sous une licence copyleft [6], ce qui veut dire que les modifications ne peuvent pas être refermées. Est-ce que ça permettra d’avoir un peu plus d’ouverture, un peu plus d’interopérabilité entre les solutions de Microsoft et le reste, je ne sais pas ?
Manu : Il y avait quand même une faille, c’est-à-dire qu’effectivement le noyau Linux est protégé, bien protégé légalement. Si, sur notre poste de travail, on récupère un Windows qui contient ce noyau, ils seront obligés de mettre à disposition les modifications éventuelles. Par contre, sur un serveur en cloud, là ils n’ont plus cette obligation, parce qu’on n’est plus tout à fait l’utilisateur d’un service cloud distant.
Luc : Parce que c’est quand on distribue le logiciel qu’on doit distribuer les modifications.
Manu : Exactement. Et là-dessus il y avait un piège. Il y avait eu beaucoup de discussions et de bagarres sur des évolutions des licences. Il y avait eu des bagarres notamment avec Linus Torvalds et Richard Stallman. Là on va voir un petit peu comment ça se met en place justement.
Luc : Dans le domaine du téléphone portable, il y a quelques solutions libres qui existent, Android, mais elles ne se sont pas développées. C’est peut-être que dans le domaine du téléphone portable le matériel n’est pas très bien standardisé et c’est quand même très compliqué de faire des systèmes d’exploitation parce que le téléphone va changer tout le temps.
Manu : Ça force quasiment à faire des portages incroyables sur chaque architecture.
Luc : Or, dans le PC, on est quand même beaucoup plus dans des technologies standardisées, ce qui avait d’ailleurs coûté très cher à IBM dans les années 80 puisque Microsoft leur avait justement fait ce coup-là de vendre le système d’exploitation en dehors du matos.
Manu : Mais ils arrivent à des limites, c’est-à-dire que, traditionnellement, Microsoft, ils sont sur X86, l’architecture Intel phare, mais aujourd’hui ils se rendent compte que ce sont des architectures qui n’arrivent pas à évoluer dans le bon sens, notamment dans un sens de moins de nécessité énergétique. Donc quand on met dans un téléphone portable les mêmes microprocesseurs que dans un ordinateur, la batterie est zappée en peu de temps, ça va trop vite, ce n’est pas du tout adapté. Microsoft a essayé de porter son système d’exploitation sur ce qu’ils appellent ARM, sur d’autres architectures aussi, ils ont rencontré pas mal de problèmes, notamment parce que leur écosystème ne vient pas avec le système d’exploitation. Il n’a pas évolué.
Luc : Donc on voit tout l’intérêt de passer sur un noyau Linux parce que là ils arriveront à faire tourner ARM, puisque Linux marche déjà dessus, c’est ce qu’utilise Android.
Manu : Et il marche sur plein d’autres architectures.
Luc : Tout à fait. Donc on peut imaginer la vision qu’ils aient de Windows à l’avenir : des machines qui soient peu puissantes mais qui soient des terminaux vers des services hébergés. Donc c’est une rupture avec la stratégie ancienne du WIntel où on sortait tout le temps des nouvelles machines de plus en plus gourmandes.
Manu : Donc le mélange entre Windows et Intel.
Luc : Wintel. Windows faisait des trucs de plus en plus lourdingues et Intel vendait des processeurs de plus en plus puissants et les gens disaient : « Ma machine ne marche plus, il faut que j’en rachète une autre »
Manu : Ils s’entendaient très bien. Ça permettait de faire évoluer le marché dans leur sens.
Luc : Tout à fait. Là on est peut-être sur un mouvement inverse. Je pense qu’ils pourront dire « nous on est pour l’environnement, regardez ça peut tourner sur des vieilles machines ou des machines peu puissantes ». À l’inverse, ils vont pouvoir vendre des services, sachant qu’ils ont déjà un service de Windows hébergé.
Manu : Oui, où on peut accéder à distance de son poste de travail, donc sur leurs serveurs, en France et probablement aux États-Unis aussi.
Luc : Il y a d’autres trucs qui sont en train de se monter là-dans. Dans le monde du Libre on a entendu parler d’un changement de carrière de Jean-Batiste Kempf, l’heureux papa de VLC [7], le logiciel libre français le plus connu.
Manu : Le plus utilisé pour lire des vidéos.
Luc : Et des médias en général. Il est devenu directeur technique [8] d’une startup française qui permet, pareil, de louer un ordinateur à distance. Avec une petite machine on peut accéder à un ordinateur à distance qui est maintenu, dont la puissance sera toujours à niveau, etc. Il y a d’autres solutions, notamment pour le jeu vidéo, Google fait ça.
Manu : Ils sont en train d’y travailler, ça n’a pas pris pour l’instant. Effectivement avoir une petite console assez légère chez soi qui accède à des gros serveurs à distance, mais l’idée est intéressante et probablement qu’ils vont creuser là-dessus.
Luc : C’est peut-être le nouvel eldorado, la nouvelle tendance informatique à long terme et Microsoft fait ce calcul en se disant « cette fois on ne va pas rater le coche », comme ils avaient raté le coche du téléphone. Et peut-être qu’effectivement, passer au noyau Linux, c’est le bon mouvement pour anticiper ce truc-là.
Manu : Rappelons toutes ces discussions qu’on a sur ces architectures de gros serveurs et de petits clients, c’est ce qu’on faisait déjà dans les années 70. C’est toujours amusant d’imaginer ce retour en arrière, mais c’est la vie, il y a des cycles !
Luc : La bonne question c’est : est-ce que ce passage à Linux est une victoire du logiciel libre ?
Manu : Clairement, bien sûr ! Ceci dit on connaît des libristes qui pleurent toutes leurs larmes parce qu’ils n’ont pas confiance dans Microsoft. Ils détestent Microsoft. Là, ils imaginent que c’est une stratégie d’extinction, comme le boa constricteur qui vous entoure et qui vous étouffe.
Luc : Ce qu’ils avaient tenté de faire avec Internet Explorer, ce qu’on a dit tout à l’heure.
Manu : Et qu’ils ont fait avec d’autres technologies.
Luc : En tout cas moi je pense que ça n’ira pas dans le sens des libertés des utilisateurs. Comme le disait l’article du CIGREF de tout à l’heure, quand on a toutes ses données, toute son informatique hébergée chez quelqu’un, on est dépendant de lui. Même si cet acteur fait tourner du logiciel libre, ça ne nous rend pas plus libre pour autant, donc la problématique reste tout à fait pertinente.
Manu : Sur ce, je te dis : méfie-toi et à la semaine prochaine.
Luc : OK. Je surveillerai mes arrières. Salut.

Références

[3GitHub

[4CIGREF

Avertissement : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant⋅e⋅s mais rendant le discours fluide. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.