Émission Libre à vous ! diffusée mardi 14 mars 2023 sur radio Cause Commune


Voix off : Libre à vous ! l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes, bonjour à tous dans Libre à vous !. C’est le moment que vous avez choisi pour vous offrir une heure trente d’information et d’échanges sur les libertés informatiques et également de la musique libre.
Le système de gestion de base de données Postgres sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme, en début d’émission, la chronique d’Antanak sur « logiciel libre et décroissance », et également la chronique de Vincent Calame en fin d’émission, sur le site LOW←TECH MAGAZINE.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’émission c’est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toutes questions.

Nous sommes mardi 14 mars 2023. Nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission du jour, Thierry Holleville. Bonjour Thierry.

Thierry Holleville : Bonjour à tous.

Frédéric Couchet : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » avec Antanak sur le logiciel libre et la décroissance

Frédéric Couchet : « Que libérer d’autre que du logiciel », c’est la chronique d’Antanak. Isabelle Carrère et d’autres personnes actives de l’association Antanak se proposent de partager des situations très concrètes et/ou des pensées et mises en actes et en pratique au sein du collectif : le reconditionnement, la baisse des déchets, l’entraide sur les logiciels libres, l’appropriation du numérique par toutes et tous.
Le thème du jour : logiciel libre et décroissance, avec aujourd’hui une invitée, Nathalie. Je vous passe la parole.

Isabelle Carrère : Merci Fred. Bonjour à tout le monde.
Je suis vraiment contente,aujourd’hui, qu’une autre personne d’Antanak soit non seulement avec moi, mais elle va même prendre toute la place et moi je vais me taire, pour une fois, pendant cette chronique.
Nathalie, quand es-tu arrivée à Antanak ?

Nathalie Ovion : 2016.

Isabelle Carrère : 2016. Donc on avait juste un an. C’est génial. Bienvenue à toi et je te laisse la parole.

Nathalie Ovion : Merci et bonjour à tout le monde.
Je vais vous lire un petit texte : libriste et décroissance. Le libre est-il décroissant ?

C’est grâce à la fin de Windows XP que je me suis lancée à la découverte du monde du Libre en 2014. Abandonner la logique de domination de Microsoft ou l’univers fermé d’Apple me convenait politiquement. À ce moment-là j’étais décroissante, sortie du sur-consumérisme et du culte du neuf. Il était donc hors de question pour moi de devoir changer de PC pour pouvoir répondre aux exigences techniques et commerciales de Microsoft. J’allais désormais utiliser des outils élaborés en toute transparence par des communautés de développeuses/développeurs, des logiciels et systèmes d’exploitation au code source accessible et obligatoirement assortis de la licence GPL, avec les quatre libertés : utiliser, étudier, modifier et redistribuer, gratuitement ou non.

Tous ces outils mis à disposition des particuliers, sans obligation de payer, m’ont ouvert des horizons de découverte sans fin. Ceci m’a permis de m’émanciper du modèle rigide, onéreux et verrouillé imposé par Microsoft et Apple.

Les ressources logicielles ne sont pas, elles, alourdies par des programmes parasites de surveillance et de restriction d’accès, mais centrées sur l’essentiel : leur fonctionnement. Je pouvais donc faire tourner un système GNU/Linux stable, sans bug et sans virus, avec tous ces logiciels légers et efficaces sur mon PC vieillissant, au lieu d’ajouter une machine à la masse déjà considérable de nos déchets informatiques.

En 2016, j’ai rejoint Antanak. Est-ce que je vous présente encore l’association ? Association libriste qui récupère, valorise, donne des ordinateurs après y avoir installé un système d’exploitation libre. En participant à toutes ces activités, j’ai pu m’approprier des savoirs sur le Libre et l’informatique, puis les transmettre à mon tour.

C’est en configurant le navigateur Mozilla Firefox, autre logiciel libre, sur les ordinateurs, à l’association Antanak, que j’ai commencé à approfondir mes connaissances sur la surveillance et la collecte de données dont nous faisons l’objet à chaque connexion internet. La communauté Mozilla fournit des logiciels pour lutter contre ces intrusions, mais aussi une documentation abondante sur Internet et le pistage.

J’ai beaucoup appris grâce au partage de ressources et de connaissances et aux dispositifs d’entraide mis en place par les communautés de développeuses/développeurs et d’usagers et usagères expérimentés. Combien de fois suis-je allée consulter des forums et autres tutoriels ou articles en ligne ? J’ai pu rencontrer des associations libristes à des install-parties ou à des événements variés. J’y ai même participé avec Antanak.

Ces valeurs et pratiques essentielles dans le monde du Libre me sont familières. Il y a environ 15 ans, j’ai contribué à l’écriture d’un texte en ligne avec des militantes et des militants écologistes, grâce à un wiki, un logiciel libre très simple et pratique à utiliser, permettant le travail collectif à distance.

Le partage de la connaissance et les échanges sont centraux dans le monde écolo-libertaire décroissant, où des personnes et collectifs, soucieux de préserver notre planète, échangent savoirs et réflexions dans des domaines très variés. Ce sont des pratiques essentielles et précieuses dans le mouvement de la décroissance qui ne se contente pas de réfléchir à comment décroître, mais place la coopération, les liens et la convivialité au centre de son projet politique.

Parallèlement à mes passionnantes lectures sur le pistage numérique, je consultais régulièrement la presse informatique. C’est un dossier consacré aux dangers des GAFAM qui m’a donné envie de me documenter davantage. Ces entreprises ont la puissance comparable à celle de pays, possèdent la majorité de nos données et de nombreuses infrastructures et services numériques qui leur permettent de se rendre incontournables, voire autonomes. Elles se trouvent donc en position de force pour orienter les législations des États.
Ces multinationales promeuvent un modèle de société autoritaire où la vie privée est abolie, la surveillance généralisée et les humains exploités.

Google/Alphabet investit massivement dans les NBIC – nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l’information, sciences cognitives. Ses dirigeants entendent mener un projet transhumaniste en vue de refaçonner le monde et l’humain. En 2012, ils ont engagé Ray Kurzweil, scientifique et théoricien du mouvement transhumaniste que Google finance.

Ce sont ces mêmes multinationales qui ont pillé des logiciels libres pour en tirer de gros bénéfices !

Le monde du Libre se situe à l’intérieur d’un Internet majoritairement exploité et géré par les entreprises et institutions d’un système capitaliste de plus en plus agressif, sous la domination des GAFAM, je dirais qu’il se trouve même prisonnier. Actuellement, l’arrivée de la 5G dédiée aux objets connectés et aux véhicules autonomes représente un vrai butin de données pour ces multinationales.

Cela pourra-t-il durer ? Sachant que si les consommateurs et consommatrices se soucient peu d’éthique ou de logiciel libre, ils sont tout de même sensibles à la sauvegarde de leur vie privée et aux scandales diminuant la confiance dans les GAFAM.
Les entreprises, elles, commencent à s’inquiéter du devenir de leurs données.
Tout cela se joue sur fond de crise écologique, dans une dynamique de croissance et d’extractivisme, comme si les ressources planétaires étaient illimitées et le réchauffement climatique inexistant.

Cela ne pouvait pas durer.

Cela ne pourra pas durer.

Il faudra décroître.

Il y a des solutions pour cela.

Les logiciels libres en font partie.

Pourtant, le monde du Libre n’est pas en soi décroissant, car il est associé au numérique et à son développement, comme la fondation Linux à la 5G ; il est aussi majoritairement présent dans la gestion des serveurs. Il contient malgré tout de précieux ingrédients pour faire décroître le numérique.

Si on considère que la décroissance est la trajectoire qui va de notre monde en surproduction à une société écologiquement soutenable, le Libre peut s’inscrire dans ce processus. Par leur conception, les logiciels libres, légers et efficaces, permettent de réaliser des économies conséquentes d’énergie et de garder un parc informatique durable.

L’organisation du monde du Libre en collectifs, fondée sur la coopération, le partage des ressources et des savoirs associés, répond totalement à celle souhaitée par les militants de la décroissance.

Le contrôle des technologies, souhaité par les décroissants, passe par l’appropriation individuelle et collective de connaissances techniques afin de décider ensemble de leur devenir et d’agir.

L’association Framasoft a montré qu’il est possible de « dégoogliser » Internet en mettant des logiciels libres à disposition comme alternatives aux services et applications des GAFAM et de proposer un ensemble de services en ligne décentralisés hébergés par un collectif de petites structures, les chatons. Ces expériences montrent que les outils d’un Internet libre, décentralisé, non surveillé et bien moins énergivore que l’actuel, existent déjà. Tout est question de choix politiques collectifs, de ce dont nous avons réellement besoin.

Serons-nous un jour dans les conditions politiques de pouvoir échanger, débattre et décider ensemble sereinement ?

Isabelle Carrère : Super ! Merci d’avoir réussi à faire tenir tout ça dans quasi dix minutes. Vraiment, ce n’est pas mal, à la fois ta propre expérience d’arrivée sur le Libre, ce que tu fais avec nous à Antanak, plus d’autres perspectives politiques intéressantes à débattre. Tout un programme ! Merci Nathalie.

Nathalie : C’était le but : lier le quotidien, l’expérience à des réflexions plus globales.

Frédéric Couchet : Merci, Nathalie, merci Isabelle.
Je vais juste préciser que le site CHATONS avec un « S », dont tu as parlé, c’est chatons.org, c’est le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires sur lequel vous pouvez trouver plein de structures qui offrent des services, type bloc-notes, gestion de rendez-vous, etc. Et, deuxième chose, tu as parlé beaucoup des GAFAM, au tout début, ça tombe bien. La semaine prochaine, le sujet principal concernera un rapport de l’Observatoire des multinationales, qui s’appelle GAFAM Nation, sur le lobbying des GAFAM en France. Les GAFAM sont ces fameuses entreprises de l’Internet qui se gavent de nos données personnelles en échange de services. C’est le sujet principal de l’émission de la semaine prochaine, nous sommes donc raccords.

Nathalie Ovion : Je vais suivre, parfait.

Frédéric Couchet : C’était la chronique d’Antanak. Je rappelle qu’Antanak, c’est antanak.com avec un « k », que vous êtes nos voisines et voisins au 18 rue Bernard Dimey. Nous, nous sommes au 22 rue Bernard Dimey.
Donc au mois prochain, Isabelle, pour une prochaine chronique.

Isabelle Carrère : Merci.

Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Après la pause musicale, nous parlerons de PostgreSQL, le système de gestion de base de données libre. En attendant, nous allons écouter une rappeuse américaine que j’adore, qui s’appelle Kellee Maize. Son titre c’est 2012. On se retrouve dans 3 minutes 30. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : 2012 par Kellee Maize.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter 2012 par Kellee Maize, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC BY.
Sur le site libreavous.org, vous retrouverez le lien vers la chanson, le titre et le lien vers cette artiste qui ne fait plus de musique depuis plusieurs années, elle s’est orientée vers d’autres activités. En tout cas, c’est une des premières rappeuses américaines, artistes américaines, à avoir utilisé des licences Creative Commons totalement libres pour ses créations, de l’avoir revendiqué et d’avoir eu, en plus, un très gros succès. C’est donc Kellee Maize.

Et nous allons passer au sujet suivant.

[Jingle]

Le système de gestion de base de données libre PostgreSQL, avec Lætitia Avrot et Anthony Nowocien

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter sur le système de gestion de base de données libre Postgres avec Lætitia Avrot et Anthony Nowocien.
N’hésitez pas à participer à notre conversation sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous ou directement sur le site libreavous.org. Vous pouvez même nous appeler, je sais que Thierry, en régie, rêve d’avoir un appel téléphonique, le numéro est le 09 72 51 55 46.
Bonjour Lætitia.

Lætitia Avrot : Bonjour.

Frédéric Couchet : Bonjour Anthony.

Anthony Nowocien : Bonjour.

Frédéric Couchet : Avant d’aborder le sujet principal, le système de gestion de base de données libre PostgreS, je précise tout de suite que le sujet ne va pas être ultra-technique, je vois, sur le salon web, que quelqu’un dit « ça va être technique aujourd’hui ! » , pas que technique, loin de là. Comme vous savez c’est Libre à vous !, on essaye de contenter les deux publics, le public technique et le grand public qui va découvrir ce qu’est Postgres.
D’abord, première question, vous découvrir, une petite question de présentation personnelle. On va commencer de Lætitia Avrot.

Lætitia Avrot : Je suis Field CTO pour une entreprise américaine qui s’appelle EDB. Field CTO ne veut pas dire que je travaille dans les champs, je ne fais pas d’agriculture, field c’est dans le sens « sur le terrain », donc je suis le bras droit technique des CTO [Chief technical officer] ou DSI, Direction des systèmes d’information. C’est vraiment m’assurer que mes clients DSI aient compris les implications de leurs choix, puisqu’un DSI fait toujours énormément de choix. Rien n’est gratuit de ce monde, même le choix de ne rien changer a des implications, donc je m’assure qu’ils et elles ont bien compris les implications et après ils font leurs choix en leur âme et conscience.

Frédéric Couchet : Tu es également trésorière de Postgres Europe, cofondatrice de Postgres Women et contributrice reconnue du projet Postgres.

Lætitia Avrot : Oui.

Frédéric Couchet : On reparlera tout à l’heure de Postgres Women que je ne connais pas et peut-être aussi de Postgres Europe quand on parlera de la communauté. Tu es donc quelqu’un de très actif, en tout cas dans le projet Postgres.

Lætitia Avrot : Une dernière contribution que je fais, je suis aussi enseignante à l’Université Lyon 1, en master 2.

Frédéric Couchet : Je précise qu’on a le plaisir de t’avoir en studio parce que tu es venue spécialement pour l’émission aujourd’hui.
Deuxième invité, c’est aussi un grand plaisir parce que ça fait à peu près deux ans qu’on essaye d’organiser ça, c’est Anthony Nowocien. Anthony, une petite présentation.

Anthony Nowocien : Bonjour. Je m’appelle Anthony, je viens d’un peu moins loin que Lætitia puisque je travaille à Paris. Je suis secrétaire de l’association Postgres Fr. Je suis, depuis septembre dernier, membre du comité du Code of Conduct Postgres, le code de conduite du projet Postgres. Je suis également expert Postgres à la Société Générale.

Frédéric Couchet : Précisons que tu interviens à titre personnel aujourd’hui, tu n’interviens pas au nom de la Société Générale.
Dans l’introduction, j’ai dit « système de gestion de base de données libre Postgres », on va peut-être commencer par la première partie, celle qui est sans doute la moins connue des gens, système de gestion de base de données. C’est quoi un système de gestion de base de données ? Qui veut commencer par essayer d’expliquer ça ? Lætitia.

Lætitia Avrot : Aujourd’hui on a énormément de données, mais, en fait, ce n’est pas nouveau, ça date des années 70. Quand on a commencé à avoir beaucoup de données, on s’est rendu compte qu’on aurait aimé pouvoir y accéder en même temps, sans se poser la question de qui écrit, qui lit en même temps, etc. Ce n’était pas possible de résoudre ça avec le stockage. Quand on a un fichier, on ne peut pas avoir deux personnes qui écrivent en même temps dessus, donc on a dû créer ce qu’on appelle des moteurs de base de données qui sont capables, justement, de servir ce qu’on appelle des accès concurrents aux données, ce qui permet de pouvoir avoir quelqu’un qui écrit avec, en même temps, quelqu’un qui est en train de lire et quelqu’un d’autre qui attend sa place pour pouvoir écrire aussi sur cette donnée, etc. C’est la raison pour laquelle on a inventé ça dans les années 70.
Ensuite on est allé plus loin : on a mis en place un système qui est optimisé pour gérer toutes ces données. C’est son travail de s’assurer que les données sont bien stockées là où elles sont, qu’elles ne sont pas perdues une fois qu’elles sont stockées, que les transactions accèdent aux données une fois qu’elles sont validées, qu’elles n’accèdent pas aux données non validées, qu’une fois qu’une transaction est passée, donc une fois qu’on a dit qu’on veut changer quelque chose, qu’on a dit « OK je valide », que cette validation soit sur l’intégralité de la transaction. Par exemple, si on décide de transférer 100 euros d’un compte bancaire à un autre, si on retire 100 euros d’un compte et qu’on ne les fait pas arriver sur l’autre, ça va poser problème. Donc on s’assure que la validation est globale sur les deux comptes, qu’on a bien retiré 100 euros d’un compte et ajouté 100 euros sur l’autre.

Frédéric Couchet : Donc, si la deuxième opération de la transaction échoue, la première est annulée ?

Lætitia Avrot : Voilà, exactement. C’est pour ça qu’on a été obligé de mettre en place ces logiciels que sont les systèmes de gestion de base de données. Celui-ci est relationnel, il y en a d’autres. C’est pour ça qu’on a mis tout ça en place, ce sont de très vieux systèmes, ça date des années 80 ! Oui, dans l’informatique, les années 80, c’est très vieux.

Frédéric Couchet : Humainement c’est très jeune, on va dire !
Ça me paraît très clair. Je précise d’ailleurs que la même personne – je vais dire qui c’est, c’est Bookynette, en plus c’est la présidente de l’April depuis trois mois –, qui craignait que ce soit trop technique, vient de dire que c’est super clair, donc franchement ! Par contre, on va juste demander à Lætitia de parler plus proche du micro, on me dit que le volume est un peu bas.
En tout cas, j’ai rarement entendu une explication aussi claire sur ce qu’est un système de gestion de base de données.

Anthony Nowocien : Merci Lætitia pour cette introduction très claire. Pour compléter, tu as parlé un petit peu des familles de bases de données. Un certain nombre de familles de bases de données existent. Postgres fait partie de la grande famille des bases de données relationnelles. On peut dire que c’est la famille qui est arrivée en premier dans les bases de données. Plusieurs autres systèmes sont présents, par exemple les bases de données graphes, les bases de données clé-valeur, qui sont les bases données documents, arrivées un petit peu à posteriori pour gérer de nombreux cas.
L’idée des bases de données relationnelles c’est plutôt de gérer des données que l’on appelle structurées, qui ont un format prédéfini, par exemple des numéros de compte, des civilités — des noms, des prénoms —, tout ça ce sont des données qui ont une structure et Postgres sait très bien gérer ce genre de données.

Frédéric Couchet : D’accord. On va expliquer par exemple que des gestions de membres peuvent souvent être stockées dans des bases de données relationnelles. Par exemple, à l’April, on a une base de données relationnelles, d’ailleurs basées sur Postgres avec un applicatif dessus.
Lætitia, tu as parlé des années 80, c’est assez ancien, ce sont effectivement des choses que les gens ne connaissent pas forcément. Plusieurs bases de données existent, il y a des bases de données privatrices dont on va sans doute reparler tout à l’heure avec Oracle ou autres, mais, dans le monde du logiciel libre, si j’ai bien compris, Postgres est l’une des plus anciennes.

Lætitia Avrot : Oui. La première note de design c’est 1984.

Frédéric Couchet : J’étais assez étonné quand j’ai vu ça, je pensais que c’était beaucoup plus récent, ça fait quand même très longtemps. Donc un petit peu d’historique sur, justement, comment est né Postgres, pourquoi c’est né, comment ça s’est développé avant qu’on rentre un peu plus dans les détails d’aujourd’hui ? Lætitia, tu commences.

Lætitia Avrot : Ce qui est assez intéressant, c’est que le projet est né à l’Université de Berkeley et l’Université de Berkeley, au lieu d’avoir des laboratoires par matière, par thème, a des laboratoires pluridisciplinaires. Postgres a été créé, au départ, pour de la biologie, pour stocker des données biologiques, parce qu’ils avaient besoin d’une base de données, tout simplement. Du coup, ça a été créé, au départ, avec une application directe. Ça n’a pas été créé par n’importe qui : c’est Michael Stonebraker. Michael Stonebraker est l’une des quatre personnes qui ont obtenu le prix Turing, l’équivalent du prix Nobel en informatique, pour ses apports aux masses de données.

Frédéric Couchet : Oui, c’est quelqu’un qui ne rigole pas !

Lætitia Avrot : Oui. Voilà ! Il avait créé avant un autre moteur de bases de données qui s’appelait Ingres. Du coup, il a appelé celui-ci Postgres pour post Ingres, « après Ingres » ; c’est de là que vient le nom Postgres.

Frédéric Couchet : D’accord. Donc, début des années 80, cette personne lance ça tout seul à l’université de Berkeley aux États-Unis. Pas tout seul ?

Lætitia Avrot : C’est un professeur, il s’entoure d’une cohorte d’étudiants très intelligents qui vont coder pour lui.

Frédéric Couchet : Très impliqués. Finalement, quelque part, c’est un projet universitaire qui démarre comme ça. Quel va être le développement ? Aujourd’hui Postgres est utilisé dans plein de cas, dans une association comme l’April – notre base de données n’est pas très grosse – mais, on va en parler tout à l’heure, de grandes entreprises l’utilisent, tu travailles à la Société Générale, on peut aussi parler de la SNCF et autres. Comment s’est développé ce projet à partir de Berkeley ? Comment c’est sorti de Berkeley quelque part ?

Anthony Nowocien : Tu parlais du tout début de Postgres : il y avait Ingres au tout début, disons en 84. En 1986, sort un papier, The Design of Postgres, qui liste un certain nombre des griefs que les étudiants de l’équipe faisaient à Ingres. Ils ont donc décidé, d’une certaine manière, de forker, de faire un nouveau développement se basant un petit peu sur Ingres. Des développements restent dans le giron universitaire pendant un certain nombre d’années et, en 95, le projet devient véritablement libre, il est ouvert à contributions, le code source devient libre et disponible sur Internet et il choisit un nom un petit curieux, Postgres 95.

Lætitia Avrot : Autre chose intéressante : à l’époque il y avait très peu de licences libres, du coup le projet Postgres a déployé sa propre licence.

Frédéric Couchet : C’est une licence PostgreSQL qui ressemble un peu aux licences des universités américaines, en fait on dit qu’on peut faire un peu ce qu’on veut, à partir du moment où on cite l’attribution des contributions de chacune et chacun.

Lætitia Avrot : C’est encore plus libre que ça. On peut faire tout ce qu’on veut du moment qu’on ne fait pas de procès à PostgreSQL. La licence tient en moins de 140 caractères.

Frédéric Couchet : D’accord, OK. Tout à l’heure, dans la chronique d’avant, on a parlé d’une autre licence libre qui existe, qui est très connue, qui est GNU General Public license, qui, elle, fait plusieurs pages, mais dont l’objectif est un petit différent.

Anthony Nowocien : Il y a très peu d’obligations avec cette licence-là, c’est effectivement « faites ce que vous voulez », on dit qu’elle est assez proche de la licence MIT.

Frédéric Couchet : C’est à ça que je pensais, la licence MIT, Massachusetts Institute of Technology, une licence qu’on dit permissive, c’est-à-dire qu’on peut faire plein de choses, sauf qu’il ne faut pas remettre en cause ce qui a été fait par les personnes.
À partir du moment où ça devient libre ça commence à sortir. Est-ce qu’il y a des réflexions sur la formalisation ou la structuration du projet ? Excusez-moi, je n’ai pas retenu le nom de la personne qui a lancé ça ?

Lætitia Avrot : Michael Stonebraker.

Frédéric Couchet : Est-ce que Michael Stonebraker décide de conserver, je dirais, le leadership sur ce projet ? Est-ce qu’il décide de créer une fondation ? Comment ça se passe ? Quelles sont les discussions et aujourd’hui où ça en est ?

Anthony Nowocien : Il est resté un certain temps dans le projet, mais c’est une personne qui a eu énormément d’idées sur les bases de données, ça a donné naissance à Postgres et ça a donné naissance aussi à d’autres projets avec d’autres systèmes de gestion qu’il a mis en place. Il a lancé énormément de startups, ce monsieur, à un moment donné. Je ne sais pas à quel moment il s’est retiré du projet Postgres.

Lætitia Avrot : Je dirais qu’à partir du moment où il a mis la formation du PGDG, The PostgreSQL Global Development Group, j’aurais bien daté ça en 1995, le code est devenu la propriété de tout le monde, en fait.

Frédéric Couchet : Anthony, tu viens de dire qu’il a lancé des startups dans d’autres domaines, il n’a pas choisi de lancer une startup avec un système privateur basé sur Postgres, il a plutôt dit « je le libère et les personnes en feront ce qu’elles veulent ». C’est ça ?

Anthony Nowocien : Au début, il a monté une société qui a fait du support sur Postgres, dont j’ai oublié le nom, qui a eu sa petite vie.

Frédéric Couchet : Et aujourd’hui ça fonctionne comment, en fait ?

Lætitia Avrot : Je voulais juste rajouter qu’aujourd’hui Michael Stonebraker est membre de la direction de EDB, la société dans laquelle je travaille.

Frédéric Couchet : D’accord. As-tu déjà eu le plaisir de le rencontrer ?

Lætitia Avrot : Non, parce qu’il y a eu le Covid !

Frédéric Couchet : OK, J’espère que tu auras ce plaisir.
Avant qu’on parle un peu de technique sur les forces et peut-être les faiblesses de Postgres, on va finir sur cet aspect libre. Aujourd’hui, comment est géré le projet ? On en parlera peut-être un petit peu après, dans la deuxième partie, je regarde mon séquencier, je suis un peu en avance, on va parler du projet un petit peu après. Là on va parler, un peu mais pas trop, technique, parce que ce n’est pas le but, mais aujourd’hui on peut se poser la question : pour quels types de projets peut-on utiliser ce type de base de données relationnelles Postgres ? Est-ce que ce sont des petits projets ? Des gros projets ? Quels types de compétences faut-il ? Quel est le coût entre guillemets « humain » ?, je parle d’un projet qui part de zéro, je ne parle pas d’un projet de migration ; après je vous poserai la question sur un projet de migration, parce que c’est très différent. Quelqu’un qui se dit, que ce soit une petite entreprise ou une grosse, « tiens, j’ai un projet qui va nécessiter une base de données, pourquoi choisir Posgres ? » Lætitia.

Lætitia Avrot : La première raison pour laquelle il faut choisir Postgres c’est que c’est le moteur de base de données plébiscité par les développeurs. Dans le sondage annuel de Stack Overflow, un forum d’informaticiens qui fait un sondage annuel où plus de 100 000 personnes répondent. Ça fait plusieurs années que Postgres était le préféré et, cette année encore, c’est le système préféré des développeurs. Je ne sais pas vous, mais quand quelqu’un veut travailler avec un outil, je lui dis eh bien oui.

Frédéric Couchet : Pourquoi est-ce le système préféré ?

Lætitia Avrot : Un de mes copains dit : « On ne peut être sûr de quasiment rien, sauf du fisc et de Postgres ! »

Frédéric Couchet : OK ! C’est la fiabilité et la capacité, peut-être, à gérer tous les types de projets ?

Lætitia Avrot : J’aurais tendance à dire que Postgres peut tout faire à partir du moment où on a intégré le fonctionnement de Postgres et que le code est développé pour fonctionner avec Postgres.

Frédéric Couchet : C’est donc une écriture spécifique de code pour que ce soit optimisé.

Lætitia Avrot : Optimisé pour les systèmes relationnels, déjà. Si on fait quelque chose en n’imaginant pas qu’on va avoir un système relationnel, ça ne va pas bien marcher.

Frédéric Couchet : Donc, à ce moment-là, autant utiliser une base de données d’un autre type.

Lætitia Avrot : Oui. Quand j’interviens – j’interviens toujours quand ça ne marche pas, parce que, quand ça marche, les gens ne m’appellent pas – souvent, quand ça ne marche pas, c’est le code, ce n’est pas Postgres, ce n’est pas la base, c’est très souvent un problème de code.
La vision des requêtes n’est pas ensembliste. Postgres utilise le SQL qui est un langage normalisé de requêtage de base de données, il y en a d’autres, mais il a une vision enmbliste des choses, il est basé sur la théorie des groupes de Galois, etc., et c’est basé aussi, même si ça s’en est un peu éloigné ces derniers temps, sur de l’algèbre relationnelle. Il y a donc des grosses bases mathématiques derrière. Si on n’a pas conquis ces fondamentaux, par exemple si on décide de mettre à jour 1000 lignes et qu’au lieu de mettre à jour 1000 lignes, on met à jour ligne par ligne, ça va être beaucoup plus lent que si on met à jour 1000 lignes.

Frédéric Couchet : Oui. Il y a donc des compétences à avoir pour l’utiliser pleinement et ne pas faire d’erreurs. Je vois une question sur le salon web, je vais la relayer. Tu as parlé de requêtage, quelqu’un demande si tu peux préciser ce qu’est le requêtage.

Lætitia Avrot : Le requêtage, c’est demander au moteur de rapporter une donnée. Le SQL est un langage qui a été créé pour les non informaticiens, il a été fait pour être nativement lisible en anglais. On va dire « s’il te plaît – non, on ne dit pas s’il te plaît à une machine – rapporte-moi toutes les personnes dans la base de données qui sont nées en 1986. »

Frédéric Couchet : On demande au système de faire une sélection par rapport à un certain nombre de critères. Si je reprends l’exemple de base de données pour la gestion d’adhérents, on peut demander quels sont les membres à jour de cotisation aujourd’hui, quels sont les membres qui habitent dans la région parisienne, etc. On fait une requête, d’où le terme requêtage.

Lætitia Avrot : Le gros avantage, c’est qu’au lieu de dire à l’ordinateur comment faire les choses, on lui dit ce qu’on veut.

Frédéric Couchet : Et on ne sait pas comment la base va gérer ça, mais elle va donner la réponse et tu dis que quand il y a des erreurs, c’est plutôt côté développement que côté développement Postgres.

Anthony Nowocien : En fait, la difficulté, c’est en langage de beaucoup plus haut niveau que ce à quoi on est généralement habitué. Habituellement, quand on communique avec une machine, on lui dit « tu fais telle chose, ensuite tu passes à la chose numéro 2, à la chose numéro 3, à la chose numéro 4 ». Là on lui pose simplement la question : donne-moi les habitants de Paris qui sont membres de l’association et c’est à charge de Postgres de trouver la réponse, par ses algorithmes, par son intelligence, pour répondre le plus rapidement possible à cette question.

Frédéric Couchet : J’ai pris l’exemple d’une association qui a une petite base de données, 3000 membres — c’est bien pour une association mais ça reste relativement petit. Tu as dit en introduction que tu travailles pour la Société Générale, j’ai cité la SNCF. Aujourd’hui, les bases de données font plutôt des téraoctets, voire plus, des grosses bases de données. Est-ce que PostgreSQL est capable de gérer ce genre de cas et est-ce que PostgreSQL serait spécialisé dans ce qu’on appelle les grosses bases de données ? Je n’ai pas la réponse.

Lætitia Avrot : On est d’accord qu’une petite base de données marchera partout, sur n’importe quel système, même si ce n’est pas fait pour. Il n’y aura jamais de problème avec peu de volume. Les problèmes peuvent arriver si on a un gros volume – sachant que c’est très difficile de définir ce qu’est un gros volume – en ayant en même temps une charge de travail importante. Si on a beaucoup de données mais qu’on ne va jamais les chercher, ça tournera, il n’y aura pas de problème. Le problème c’est quand on va demander d’aller chercher des données et que, pour la réponse, on veut un certain laps de temps.

Frédéric Couchet : La rapidité de la réponse.

Lætitia Avrot : On ne veut pas une latence trop importante. On sait qu’on vit aujourd’hui dans un monde où, si on attend plus de 250 millisecondes sur une page internet, on va fermer la page.

Anthony Nowocien : De nombreux GAFAM ont calculé le coût de la latence en millions d’euros pour le chargement d’une page. C’est pareil pour la base de données.

Lætitia Avrot : Du coup, le problème arrive quand on demande beaucoup de choses à la base de données et, qu’en même temps, elle a beaucoup de choses à trier. Récupérer un item parmi 20 c’est forcément plus facile qu’un item parmi 20 millions. C’est là qu’il commence à y avoir des soucis, ça ne veut pas dire que c’est impossible à faire, ça ne veut pas dire que Postgres est moins bon que les autres pour le faire, à mon avis il est même particulièrement bon pour le faire, c’est juste qu’il va falloir faire attention à comment on demande. Suivant la manière dont on demande, il ne prendra peut-être pas le même chemin pour y arriver ; il faudra faire attention à comment on l’a paramétré pour qu’il puisse utiliser toutes les ressources de la machine ; il va falloir aussi voir comment on a structuré les données puisqu’on a dit au départ que ce sont des données structurées : si elles ne sont pas structurées correctement, ça peut avoir un impact assez important sur la performance.

Frédéric Couchet : Si je comprends bien, de la façon dont on va faire le travail initial va dépendre profondément le résultat final de la requête qu’on va faire, qui va arriver en moins de 250 millisecondes, qui va peut-être arriver en 10 secondes, voire en plusieurs heures.

Anthony Nowocien : Tu as posé la question pour savoir si Postgres est spécialisé dans les gros volumes.

Frédéric Couchet : Oui, parce que je l’ai lu pour l’environnement spatial, par exemple.

Anthony Nowocien : Je pense que c’est effectivement un point intéressant qu’on pourra aborder tout à l’heure. Je ne pense pas que Postgres soit spécialisé dans les gros volumes, c’est une base de données très versatile qui va savoir gérer les petits comme les gros volumes. Lætitia l’a très bien expliqué.

Lætitia Avrot : Qu’il y ait peu d’éléments ou beaucoup d’éléments, il n’y a pas une très grande variance de temps de latence.

Frédéric Couchet : C’est important. Il n’y a pas une explosion du temps de latence, dont tu parlais, si le nombre d’éléments augmente, contrairement, peut-être, à d’autres bases de données.

Anthony Nowocien : C’est le pouvoir de ce qu’on appelle l’indexation qui va permettre d’offrir des temps logarithmiques et pas exponentiels ou pas linéaires. Si j’ai bien organisé ma base de données, même si elle est dix fois plus grosse, je ne vais pas avoir des temps qui vont être dix fois plus longs.

Frédéric Couchet : Je précise aux gens qui sont sur le salon web de ne pas hésiter à dire si c’est trop technique ; tout à l’heure on a eu la théorie des groupes de Galois, donc effectivement !
Postgres semble avoir beaucoup de points forts, notamment versatilité, etc. Est-ce qu’il y a aujourd’hui des points faibles techniques ? Après je poserai une question sur la partie humaine. Est-ce qu’il y a des points faibles techniques ? Est-ce qu’il y a des choses que Postgres ne saurait pas faire par rapport à d’autres bases de données, qu’elles soient libres ou privatrices ?

Lætitia Avrot : Je dirais qu’il n’y a pas de choses qu’il ne sait pas faire, je dirais qu’il y a des choses qu’il ne sait pas encore faire. Postgres évolue, même très rapidement puisqu’il y a une version majeure tous les ans. J’ai dit que SQL est un langage normé, standardisé, la norme évolue aussi, donc il y a encore beaucoup de manquements à la norme parce qu’elle évolue plus vite que le temps qu’on a pour implémenter, il faut déjà arriver à comprendre la norme.

Frédéric Couchet : Aujourd’hui, est-ce que tu sais à peu près combien ça implémente de pourcents de la norme ?

Lætitia Avrot : Je n’en sais rien.

Frédéric Couchet : Est-ce qu’il y a des bases de données qui implémentent 100 % de la norme ?

Lætitia Avrot : Non. Et, à mon avis, Postgres est le plus proche du standard.

Anthony Nowocien : C’est réputé pour être le plus proche du standard, c’est même un modèle dans les universités, à bonne raison.

Frédéric Couchet : OK. D’accord.

Lætitia Avrot : Mais il reste des choses à améliorer, notamment les tables temporelles qui sont des tables qui permettent de stocker les différentes anciennes versions des valeurs, pour stocker un historique automatique. C’est quelque chose qui existe sur MariaDB par exemple, une autre base de données libre, mais qui n’existe pas dans Postgres.

Frédéric Couchet : D’accord. Maintenant je vais poser la question sur l’aspect non technique mais plutôt humain, qui est peut-être la complexité potentielle d’utiliser PostgreSQL. Comme tu l’as expliqué tout à l’heure, Lætitia, il faut avoir une certaine maîtrise des concepts et d’un certain nombre de choses pour faire quelque chose de bien. Je vais poursuivre ma question directement : dans les formations actuelles des jeunes ingénieurs, est-ce qu’il y a des formations à PostgreSQL, à Postgres plutôt, je dis PostgreSQL parce que ça s’écrit « SQL » à la fin.

Anthony Nowocien : On peut dire les deux.

Frédéric Couchet : Est-ce qu’il y a de la formation des jeunes ingénieurss ? Est-ce que les jeunes ingés qui arrivent sur le marché du travail, en tout cas les personnes qui ont été formées, ont reçu une formation à la fois sur les concepts de la base de données et sur la base de données elle-même ? Anthony.

Anthony Nowocien : Quand j’étais en école d’ingénieur, je peux dire que j’ai plutôt appris à utiliser la base de données en tant que développeur, donc à faire des requêtes pour poser des questions à la base de données, j’ai fait ça sur plusieurs systèmes de gestion de base de données. Par contre, je n’ai pas du tout appris comment marchent ces bases de données, disons sous le capot. En tout cas, à l’époque, ce n’était pas vraiment le cas pour moi, c’est quelque chose que j’ai appris sur le tas.

Frédéric Couchet : Excusez-moi, je précise à la régie qu’on va bientôt faire une pause musicale.

Anthony Nowocien : Je pense qu’aujourd’hui il y a des parcours qui mettent l’accent sur comment sont organisées les choses à l’intérieur d’une base de données et pas seulement l’approche d’un développeur, le requêtage.

Lætitia Avrot : Je vais nuancer un peu ce propos. J’enseigne à l’Université Lyon 1, justement pour faire ma part, parce que je me suis rendu compte qu’il y avait énormément de formations en informatique avec zéro connaissance en base de données ou près de zéro. Ce sont des gens qui apprenaient encore le langage SQL d’avant 1992. Pour les informaticiens qui veulent avoir quelque chose de très visuel sur ce qu’est l’informatique en 1992, c’est Windows 3.1. C’est vraiment quelque chose d’extrêmement ancien, le langage a énormément évolué depuis. J’ai eu la chance d’être en école d’ingénieur à Lyon où il y a plusieurs laboratoires de données, j’avais des enseignants-chercheurs en bases de données, j’ai fait pas mal de modélisation, j’ai eu des cours sur le langage, des cours d’algèbre relationnelle, toute la théorie mathématique qui est sous le SQL, mais je n’ai pas eu la partie compréhension du fonctionnement interne d’un moteur de base de données.

Frédéric Couchet : On va faire une pause musicale. Je vous avais prévenus, le temps passe vite. Nous allons écouter Women Thoughts par Cyber SDF. On se retrouve dans environ trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Women Thoughts par Cyber SDF.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous sommes en train d’écouter la fin de Women Thoughts par Cyber SDF, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC BY. Occasion de rendre une nouvelle fois hommage à Laurent Seguin décédé en novembre 2020. Laurent était une figure incontournable du logiciel libre et également un artiste sous le pseudo de Cyber SDF.

[Jingle]

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre notre discussion sur le sujet principal qui parle du système de gestion de base de données libre Postgres avec Lætitia Avrot et Anthony Nowocien. Juste avant la pause on parlait un petit peu de technique au niveau Postgres. On va finir cette partie-là.
Une première question sur la qualité de code. Tu me disais en aparté, Lætitia, pendant la pause musicale, que tu n’avais jamais vu un code aussi propre. Qu’est-ce que ça implique ? Quelle est la conséquence ?

Lætitia Avrot : La conséquence c’est qu’il y a peu de bugs, Postgres n’est pas un logiciel qui est extrêmement bugué. Ça veut dire que quand on rajoute un patch, c’est assez rapidement stable et ça veut dire aussi que le moteur est stable en lui-même. En tant que développeuse, c’est aussi super agréable de travailler avec, de pouvoir rajouter du code dessus parce que c’est magnifique.

Anthony Nowocien : Peut-être une petite contrepartie à ça : comme le standard est vraiment très haut, ça peut donner l’impression que la marche est assez haute pour le contributeur qui souhaiterait effectivement rajouter un patch sur le projet.

Frédéric Couchet : On parlera tout à l’heure de la partie contribution, Lætitia voulait en parler un petit peu. On va finir sur Postgres en tant que tel pour revenir à ma question initiale, sur le type d’entreprise qui utilise aujourd’hui Postgres, notamment des grandes entreprises. Tu me disais aussi en aparté, Lætitia, qu’à peu près toutes les grandes entreprises utilisent Postgres et vous citiez des noms. Est-ce que vous pourriez donner les noms de grandes entreprises ou de grandes structures publiques qui utilisent Postgres ? Anthony.

Anthony Nowocien : Pour information, je fais partie d’un groupe de travail à l’intérieur de l’association Postgres Fr, le Groupe de travail Inter-Entreprises, qui regroupe un certain nombre d’entreprises, de plus ou moins grande taille, toutes utilisatrices de Postgres. On trouve des banques – Société Générale, BNP – on trouve l’IGN [Institut national de l’information géographique et forestière], on trouve l’Agirc-Arrco, EDF, beaucoup de grands noms, globalement ; la question à se poser maintenant c’est : qui n’utilise pas Postgres ?

Lætitia Avrot : Il faut voir aussi qu’en France, depuis 2005, dans tout ce qui est public, Postgres est la base de données par défaut. Dans tous les ministères il y a du Postgres.

Frédéric Couchet : C’est parce qu’elle est référencée dans le Socle interministériel du logiciel libre

Lætitia Avrot : Oui.

Anthony Nowocien : Je peux en parler parce que j’ai été contributeur du Socle interministériel du logiciel libre [SILL] à l’époque où je travaillais pour le ministère des Affaires étrangères, avec un groupe de travail interministériel qui s’appelle MimProd, qui pousse en avant certaines souches logicielles pour la production. Postgres est le référent depuis de très nombres années dans le SILL.

Frédéric Couchet : D’accord. Pour finir sur cette partie Postgres, une question un peu classique, je dirais, pour les bases de données. Quand on parle de système de gestion de base de données, un nom arrive assez rapidement, Oracle. Tout à l’heure on a parlé de projets qui démarrent de zéro, mais les projets qui démarrent de zéro ce n’est qu’une seule partie des projets informatiques. Aujourd’hui, beaucoup de projets utilisent déjà Oracle, un système privateur qui existe depuis très longtemps, qui rapporte beaucoup d’argent, je suppose, à la société du même nom ! Quid d’un projet de migration, à la fois d’un point de vue technique et aussi d’un point de vue humain. Les personnes qui administrent des bases de données Oracle ont-elles forcément envie d’apprendre autre chose, de migrer et de faire autre chose ? Quels sont les enjeux techniques et humains de migration d’une base de données Oracle vers une base de données Postgres ? Anthony pour commencer.

Anthony Nowocien : Les migrations un sujet sur lequel j’ai pas mal travaillé de mon côté. Quand on entend migration de la base de données, on entend effectivement migration de la base de données et également de la partie applicative, le code de l’application qui, lui aussi, doit être transformé pour être adapté au nouveau système de gestion. Globalement, on sait extraire les données et les rendre compatibles à Postgres depuis de très nombreuses sources, Oracle, MS SQL Server.

Frédéric Couchet : La base de Microsoft.

Anthony Nowocien : La base de Microsoft ou d’autres bases propriétaires. La difficulté est plus dans l’intelligence qui a été mise dans le code SQL où là, en général, c’est un travail bien plus compliqué, qui va très souvent demander des réécritures humaines. Des automates existent, mais ils sont toujours imparfaits, il y a donc besoin de l’intelligence humaine et de la compréhension des besoins du métier pour adapter au nouveau système.

Frédéric Couchet : D’accord. Mais c’est quand même faisable ?

Anthony Nowocien : C’est faisable.

Frédéric Couchet : Lætitia.

Lætitia Avrot : Un des produits de mon entreprise est un fork de Postgres avec une couche de compatibilité Oracle, ce qui permet de réduire la réécriture du code. Dans les bases Oracle, pour des raisons de performance, on a fait énormément de procédures stockées, des bouts de code qui tournent côté base de données, parce que c’était plus performant que de les faire tourner sur le serveur applicatifs. Tous ces bouts de code ne sont pas compatibles Postgres, parce que c’est dans un langage que Postgres ne comprend pas, donc il faut réécrire tout ça. C’est pour ça qu’on a mis en place cette couche de compatibilité. Ça facilite la migration, ça ne fait pas le café non plus, il faut quand même travailler et puis la compatibilité ne sera jamais 100 %. Par contre, on a un moteur qui permet de déterminer un pourcentage de compatibilité de l’application existante avec notre version.

Ensuite, pour ce qui est de la formation des humains, généralement ça se passe très bien. À part deux/trois différences un peu structurelles, Postgres fonctionne d’une manière assez comparable à Oracle, c’est-à-dire qu’ils ont les mêmes problèmes, ils ont parfois été résolus de manières différentes, mais, globalement, ce sont les mêmes problèmes, c’est la manière de stocker les choses, etc. Donc normalement, pour quelqu’un qui était DBA à Oracle, passer DBA à Postgres c’est assez facile.

Anthony Nowocien : Et quelqu’un de motivé !

Lætitia Avrot : Bien sûr ! On ne peut pas apprendre quelque chose à quelqu’un qui n’a pas envie d’apprendre !

Frédéric Couchet : DBA c’est la Data Base Administrator, c’est une personne qui administre une base de données.

Lætitia Avrot : Oui. Je peux rajouter que DBA est un travail de l’ombre. On est souvent oublié. C’est un travail assez ingrat puisque, si on fait bien son travail, personne n’a pas besoin de nous, enfin !, personne ne sait qu’il a besoin de nous. Du coup, le premier vendredi de juillet c’est The DBA Appreciation Day : on encourage les gens à aller dire merci aux DBA pour qu’au moins une fois dans l’année ils le fassent.

Frédéric Couchet : Il y a le même jour pour les admin-sys, les gens qui administrent les serveurs, parce que quand ça fonctionne, effectivement on ne sait pas qu’ils sont là.
On va passer au point suivant, on va le raccourcir parce que je ne veux pas qu’on oublie les points d’après.
On a parlé de ce qu’est Postgres. On va revenir un peu rapidement sur le fonctionnement de la fondation et sur la contribution. Première question : on va rappeler comment est gérée aujourd’hui l’évolution du code de Postgres. Est-ce que c’est une entreprise ? Une fondation ou autre ? Lætitia.

Lætitia Avrot : Il n’y a pas d’entreprise, il n’y a pas de fondation. Il n’y a rien ! N’importe qui peut envoyer un mail en disant « voilà, j’ai écrit un patch » et n’importe qui peut dire « non, je ne suis pas d’accord pour telle et telle raison » ou « OK, mais je trouve qu’il faudrait l’améliorer sur ce point ou ce point-là » ou « OK, mais j’ai trouvé que c’était imparfait, donc je l’ai réécrit et j’ai ajouté telle chose, etc. ».

Frédéric Couchet : Tout à l’heure tu parlais de version stable de Postgres. Comment c’est défini, qui « décide », entre guillemets, la version stable ?

Lætitia Avrot : Il faut qu’il y ait des gens qui disent qu’ils sont d’accord. Tant que quelqu’un n’est pas d’accord, de toute façon ça ne passera pas, il faut un consensus. Mais, quand on écrit un patch, le plus gros problème c’est d’avoir des gens qui réagissent sur ce patch.

Frédéric Couchet : C’est-à-dire qui relisent le patch pour voir s’il est cohérent.

Lætitia Avrot : Voilà. Et, pour ça, on a cinq fois par an une période d’un mois qui s’appelle Commitfest, on peut y accéder sur commitfest.post.org.

Frédéric Couchet : On a mis la référence sur libreavous.org.

Lætitia Avrot : Là, n’importe qui peut dire « je relis ce patch » et, à la fin, donner son avis sur le patch. Une fois que c’est fait, un committeur officiel de Postgres va regarder le code et va donner son avis.

Frédéric Couchet : Précise ce qu’est un committeur.

Lætitia Avrot : Un committeur est quelqu’un qui a les droits de commit sur le git de PostgreSQL, donc sur la gestion de versions. C’est quelqu’un qui a le droit de valider un patch.

Anthony Nowocien : C’est un peu le gardien du code source de Postgres.

Lætitia Avrot : Et ils ne sont pas nombreux !

Anthony Nowocien : Ils sont très peu nombreux.

Frédéric Couchet : Juste un aparté. On a consacré une émission sur les systèmes de gestion de versions décentralisée, dont git et Mercurial ; vous cherchez sur libreavous.org, vous trouverez une émission qui vous expliquera un petit peu ça.
Juste une question : comment ces committeurs sont-ils choisis ?

Lætitia Avrot : En fonction de leurs contributions passées.

Frédéric Couchet : C’est la communauté qui choisit, c’est ça ?

Lætitia Avrot : C’est la communauté qui choisit. Il y a aussi plusieurs associations dont une plus importante, l’association de PosgreSQL Canada, qui gère une réunion de développeurs tous les ans à Ottawa. C’est lors de ces réunions qu’ils décident s’il y a des nouveaux committeurs, s’il y en a besoin, etc.

Anthony Nowocien : Ça fonctionne un tout petit peu comme une méritocratie : les contributeurs qui ont montré leur valeur au bout d’un certain nombre de patchs, régulièrement, et d’années, peuvent être promus, s’ils en ont le souhait, committeurs sur le projet.

Frédéric Couchet : D’accord. Est-ce que les contributions sont uniquement du code ou est-ce qu’il y a d’autres formes de contributions ? Quelles sont les formes de contributions ?

Lætitia Avrot : Déjà, le code ne sera pas accepté s’il n’y a pas la documentation qui va avec et la documentation fait partie du même directory git, donc c’est au même endroit.

Frédéric Couchet : Soit tout est à jeter, soit tout est accepté !

Lætitia Avrot : Voilà ! C’est atomique, déjà ça. Ensuite, on a énormément besoin de personnes qui parlent anglais, dont l’anglais est la langue maternelle pour relire la documentation, parce qu’on est à l’international, on écrit la documentation en anglais, mais peu d’entre nous ont l’anglais comme langue maternelle.
Ensuite, on peut très bien organiser des évènements, il va y avoir le pgDay Paris, la semaine prochaine, les 22 et 23 mars à l’Espace Saint-Martin.

Frédéric Couchet : On mettra la référence sur le site.

Lætitia Avrot : On peut aussi faire des meetups Postgres, on peut simplement parler de Postgres autour de soi. J’ai des collègues commerciaux qui sont contributeurs puisqu’ils parlent de Postgres autour d’eux, tout simplement. La communauté considère même qu’on est contributeur à partir du moment où on s’intéresse à Postgres, tout simplement.

Frédéric Couchet : Nous, quelque part, dans l’émission !

Anthony Nowocien : On pourra vous compter parmi les contributeurs.

Frédéric Couchet : C’est un grand plaisir. L’émission en général, pas que moi. OK.
Récemment on a parlé de Drupal, un outil pour créer des sites web. En conclusion, une des personnes disait, si je me souviens bien : « On vient pour le code, on reste pour la communauté ». Est-ce que vous diriez un peu la même chose ? J’ai l’impression qu’il y a ce sentiment-là, peut-être que je me trompe, je ne sais pas.

Anthony Nowocien : Je vais donner mon avis. Avant de travailler sur Postgres, je travaillais sur d’autres systèmes de gestion de base de données, notamment propriétaires, personne n’est parfait !

Frédéric Couchet : Tout le monde a eu une vie avant.

Anthony Nowocien : Un certain nombre de rencontres ont été organisées par la communauté Postgres sur Paris, des meetups organisés par des membres influents à l’époque. C’est vraiment ce qui m’a donné envie d’en faire partie. S’il n’y avait pas eu ces rencontres, globalement, je ne ferais pas partie de la communauté à ce jour. Ça a été un élément déclencheur pour moi et je continue à participer, à contribuer à mon niveau à cette communauté.

Frédéric Couchet : Dans la préparation de l’émission, Lætitia, tu as dit qu’il y avait un sujet que tu voulais aborder : les différents types d’open source ou de logiciels libres. J’aurais tendance à penser, c’est peut-être un côté Bisounours, que c’est une des forces du logiciel libre. Est-ce que ce n’est pas tout le temps la même chose dans toutes les communautés ?

Lætitia Avrot : Non.

Frédéric Couchet : Non ? Vas-y.

Lætitia Avrot : Déjà, certaines communautés sont réputées toxiques, surtout pour les femmes, dans lesquelles on n’a pas envie d’aller ; même quand on est un homme, je pense qu’on n’a pas envie d’être associé à ces communautés. C’est une première chose. Une deuxième chose : ces dernières années s’est développé ce que j’appelle de l’open sourcecaptif, c’est-à-dire de l’open source pour lequel une seule société fait du support et une seule société maîtrise qui contribue.

Frédéric Couchet : Une société qui ne met pas forcément tout le code à disposition et encore moins la documentation.

Lætitia Avrot : Surtout une société qui retire tous les commentaires du code quand il est ouvert.

Frédéric Couchet : À ce point là ? OK !

Lætitia Avrot : C’est open source dans le sens où on peut lire le code, mais il n’y a pas de commentaires et on ne peut pas contribuer.

Frédéric Couchet : D’accord, tu l’entends dans ce sens-là.

Anthony Nowocien : Avec des différences très importantes entre les deux versions, la version communautaire, open source, et la version entreprise facturée à prix d’or avec de nombreuses fonctionnalités en plus.

Frédéric Couchet : Pour être plus clair, dans ce modèle que tu décris, il y a plein de choses dans la version communautaire, mais, en fait, si on veut vraiment l’utiliser il faut forcément passer à la version entreprise parce que les trucs intéressants sont dans la version entreprise.

Anthony Nowocien : Voilà !

Lætitia Avrot : En puis, si on veut du support, on est, de toute façon, obligé de passer par cette entreprise et, une fois que les commerciaux ont mis le pied dans la porte, ils vont réussir à vendre la version qui contient plus de choses.

Anthony Nowocien : La chose très intéressante avec Postgres c’est que, à ma connaissance, il n’y a quasiment pas de système de gestion de base de données qui n’est pas contrôlé par une entreprise. Postgres est le seul.

Frédéric Couchet : C’est pour ça que je posais la question sur l’existence d’une fondation. Je pensais vraiment, initialement, qu’il y avait une fondation. En général, quand il n’y a pas d’entreprise c’est souvent une fondation qui est créée.

Lætitia Avrot : Il n’y a pas de structure et le but c’est de continuer comme ça pour rester libre.

Frédéric Couchet : C’est assez impressionnant de se dire qu’un projet avec autant de personnes arrive à rester comme ça. Quand il y a peu de personnes on peut se dire que c’est faisable, mais avec autant de personnes ! OK.
Comme tu m’as fait un peu une transition pour le dernier sujet qu’on souhaite aborder. Avant ce dernier sujet, est-ce que vous souhaitez ajouter quelque chose sur la partie fonctionnement du projet Postgres ? non. Dans la phrase de conclusion si vous le voulez.
Tu as notamment parlé de projets qui sont toxiques. Un des sujets que tu souhaitais aborder, qui est important, c’est la place des femmes dans le logiciel libre et, plus largement, la question de la diversité, de l’inclusivité, même au-delà de la question du genre. Comme tu voulais aborder ce sujet, je te laisse commencer.

Lætitia Avrot : La place de la femme dans le monde de l’informatique n’est déjà pas énorme, elle est estimée aujourd’huià 25 % en comptant les non techniques, c’est-à-dire les commerciaux.
Si on regarde la partie développeurs/développeuses, c’est de l’ordre de 15 %.
Si on retire le développement front, qui est la partie visible, et qu’on passe sur le back, on est plus dans les 10 %.
Dans les bases de données, on est à moins de 5 %.
Je suis contributrice reconnue du projet PostgreSQL, nous sommes trois femmes sur 127 dans le monde.

Frédéric Couchet : D’accord ! Donc même pas 3 % !

Lætitia Avrot : Je constate, même si ça a progressé, que les entreprises n’envoient pas les femmes dans les évènements.

Frédéric Couchet : Même quand elles ont des expertes Postgres, elles ne les envoient pas ? Pour quelles raisons ?

Lætitia Avrot : Il y a peut-être plusieurs raisons. J’avais une copine qui était technique, elle ne pouvait pas se déplacer parce qu’elle a des chevaux, que les chevaux ça mange, donc il faut leur apporter à manger tous les jours ; c’est une raison parfaitement valable. Les statistiques sont très claires, les managers proposent moins souvent aux femmes qu’aux hommes des déplacements. Moi j’adore les déplacements !

Frédéric Couchet : Heureusement, parce qu’on aurait eu du mal ! On t’aurait interviewée à distance !

Lætitia Avrot : J’adore me déplacer, déjà parce que ça me fait des vacances de la maison, je n’ai pas à m’occuper des enfants, c’est bien – pardon, je suis désolée mon chéri ! Aller à des conférences c’est aussi entretenir son réseau professionnel et c’est permettre une progression professionnelle. Si on n’a pas ça, ça fait une sorte de cercle vicieux.
Il y a autre chose qu’on essaye de changer : dans les évènements communautaires, les évènements sociaux se font souvent dans des bars avec beaucoup d’alcool, surtout de la bière, mais de l’alcool quand même, et ce n’est pas un environnement super-friendly pour les femmes. On essaye de créer des groupes en disant « là vous êtes safe, vous pouvez venir avec nous, il n’y a pas de problème », etc., mais il faut aussi qu’on arrive à changer cela. Parce que si elles ne vont pas aux événements sociaux, elles ne vont pas connaître la communauté ; si elles ne connaissent pas la communauté, elles ne vont pas contribuer et on retourne sur un cercle vicieux.

Frédéric Couchet : De ce point de vue-là, comment se comporte la communauté Postgres ? Anthony, je pense que tu réagiras là-dessus. Tout à l’heure, tu as dit que tu as rejoint le comité du code de conduite. Peux-tu en parler ?

Anthony Nowocien : Le code de conduite a été mis en place il y a quelques années, il y a cinq ans.

Lætitia Avrot : En 2017, pour Lisbonne.

Anthony Nowocien : OK. Je pense que c’est une très bonne avancée qui était attendue depuis assez longtemps, notamment par les femmes. Les évènements communautaires regroupant des centaines de personnes peuvent donner assez régulièrement lieu à des comportements inappropriés.

Lætitia Avrot : C’est un petit pourcentage de personnes, mais, sur 700 personnes, il y en a forcément quelques-uns.

Frédéric Couchet : Surtout que vous le vivez tous les jours, en fait, ce n’est pas juste une personne une fois de temps en temps, c’est une personne tous les jours.

Anthony Nowocien : Qu’il ait été mis en place est une très bonne chose et les conférences qui se réclament être des conférences communautaires de la communauté Postgres s’engagent à respecter un code de conduite, celui qui a été proposé.

Frédéric Couchet : Quel est le principe d’un code de conduite ?

Anthony Nowocien : C’est régir les interactions entre les individus et s’assurer qu’on a un milieu inclusif dans lequel tout le monde se sent en sécurité. Lætitia a fait partie du premier comité, je fais partie, depuis septembre dernier, de ce comité. Je pense que c’est un engagement important envers les communautés.

Lætitia Avrot : C’est un engagement qui retire aussi beaucoup de naïveté. Ça m’a pas mal rongée parce que, sur la première semaine de création du comité du groupe de conduite, on a eu menace de mort, harcèlement sexuel et puis un troisième problème qui a été signalé, donc on a eu trois trucs majeurs sur la première semaine de création du comité du code de conduite.

Frédéric Couchet : Qui venaient de gens du comité ou de gens extérieurs ?

Lætitia Avrot : De gens extérieurs, mais c’était lourd.

Frédéric Couchet : Des gens ? On peut dire des hommes ?

Lætitia Avrot : Oui, ce n’était que des hommes.

Frédéric Couchet : En gros, le code de conduite est en deux parties : ce qui est acceptable et surtout ce qui n’est pas inacceptable. Et puis il y a le traitement : si quelque chose se passe mal, comment on peut agir, comment la personne peut agir, avec, peut-être, des gens qui sont référents ? C’est ça un code de conduite ?

Anthony Nowocien : Si un signalement est fait aux personnes qui font partie de ce comité, le comité se réunit pour discuter de la situation : est-ce qu’il est responsable, est-ce qu’il est habilité à traiter cet incident ? Il y a des incidents qui, peut-être, ne relèvent pas de ses priorités. Ensuite une décision est apportée et on règle.

Lætitia Avrot : Il y a un témoignage des deux parties et, ensuite, le comité du code de conduite propose une action à la cortine du projet PostgreSQL et la cortine prend la décision d’appliquer, ou non, la décision.

Frédéric Couchet : D’accord. On a parlé des questions de harcèlement sexuel ou autres, de questions de genre, précisons que le code de conduite concerne d’autres choses.

Lætitia Avrot : Bien sûr. Les menaces de mort c’était par un homme sur un homme. C’est vraiment tout comportement inadmissible. Le comité du code de conduite de Postgres s’applique à toute interaction entre deux personnes de la communauté, que ce soit sur les réseaux sociaux, dans les conférences, dans un meetup, partout.

Frédéric Couchet : D’accord. La mise en place est récente, si j’ai bien compris.

Lætitia Avrot : 2017.

Frédéric Couchet : D’accord. Donc il y a quand même un certain recul. Avec ce recul-là, est-ce que des signalements ont été traités ?

Anthony Nowocien : Chaque année le comité publie un rapport anonymisé et synthétisé des incidents qui ont été rencontrés au sein de la communauté, qui est disponible sur le site postgresql.org, une fois par an.

Frédéric Couchet : OK. Je surveille l’heure, vu que notre intervenant suivant est déjà arrivé. Voulez-vous rajouter un point sur cet aspect-là ? Non. OK.
Juste avant la question finale, est-ce que vous avez des annonces d’évènements ou autres à faire. J’ai noté le pgDay à Paris les 22 et 23 mars, on mettra, bien sûr, les références sur le site de l’émission. Est-ce qu’il y a d’autres annonces ? Anthony.

Anthony Nowocien : On parlait de la place des femmes, cette rencontre-là, le pgDay Paris, est organisé entièrement par des femmes et le comité de sélection est également entièrement féminin. C’est une première.

Lætitia Avrot : Je dirais que c’est la première fois, en tout cas pour moi, que j’entends parler d’une conférence tech organisée uniquement par des femmes sans que ce soit le sujet.

Frédéric Couchet : Oui ! OK, tout à fait. Je précise que tu fais aussi partie de structures qui regroupent des développeuses.

Lætitia Avrot : Duchess ? Oui, je fais partie de Duchess France.

Frédéric Couchet : C’est comme ça que nous sommes entrés en contact. Tu es la troisième ou quatrième personne qui intervient ici, qui vient des Duchess. On mettra aussi la référence, évidemment.
La question finale, traditionnelle, en deux minutes chacune et chacun, on va commencer par Anthony : quels sont les éléments clefs à retenir de cette émission ?

Anthony Nowocien : Je dirais, en introduction à Postgres, qu’on peut retenir que c’est un projet mature, qui est là depuis très longtemps, qui répond à tous vos besoins de base de données. Ne vous inventez pas des problèmes de scalabilité, de mise à l’échelle, que vous n’avez pas encore et que vous ne rencontrerez certainement jamais, il est beaucoup plus efficace de partir sur cette solution-là. Vous allez pouvoir être accompagnés par une communauté enthousiaste, que ce soit à titre individuel et également en entreprise.

Frédéric Couchet : Très bien. Lætitia Avrot.

Lætitia Avrot : J’ai un message pour les débutants en Postgres et même les non techniques. Si vous voulez en savoir plus, un magnifique roman a été écrit, malheureusement il n’a pas été traduit en français, il faudra le lire en anglais : A Curious Moon de Rob Conery. C’est l’histoire d’un stagiaire en informatique qui arrive dans sa boîte, dans la Silicon Valley à San Francisco. Il voit le DBA partir avec un carton. Il est appelé par le chef qui lui dit « tu as écrit Postgres sur ton CV, tu passes DBA Postgres », alors qu’il n’y connaît rien. C’est son cheminement, comment il apprend tout en travaillant sur des données qui sont publiques, ce sont des données de la NASA qui existent réellement sur les résultats d’exploitation de la sonde Cassini sur une lune de Jupiter. C’est extrêmement intéressant de le voir progresser dans son métier de DBA, de mieux comprendre ce qu’est le métier de DBA et, si on est technique, on peut aussi jouer les requêtes qui sont données, on peut aussi écrire soi-même des requêtes, si on ne lit pas la page d’après, parce que c’est sur un vrai jeu de données. Je trouve que c’est super.

Frédéric Couchet : C’est cool. On mettra la référence sur la page, tu me renverras le nom précis.
C’était un grand plaisir de discuter de Postgres et d’autres choses.
Je vais en profiter pour dire aux personnes qui nous écoutent, qui se disent qu’elles aimeraient bien intervenir aussi dans l’émission, qu’elles ont des idées de sujet : qu’elles n’hésitent pas à nous contacter. Il y a deux ans j’avais contacté Anthony pour intervenir sur ce sujet de Postgres et, plus récemment, c’est Lætitia qui s’est proposée pour intervenir, justement suite à un échange avec les Duchess. J’avais dit qu’on cherche des intervenantes et Lætitia s’est proposée. C’est un grand plaisir de vous avoir tous les deux. Si vous écoutez, si vous avez des sujets, si vous voulez intervenir, envoyez-nous un courriel, un message et, si ça nous intéresse, on vous fera intervenir, voire vous pourrez préparer un sujet principal si ça vous dit, c’est l’étape d’après, en tout cas nous sommes largement preneurs.
Je vous remercie. Anthony Nowocien et Lætitia Avrot intervenaient. Peut-être à bientôt pour une autre émission autour d’autres sujets ou autour de Postgres.
Je vous souhaite une belle fin de journée.

On va faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Après la pause musicale nous entendrons la chronique de Vincent Calame sur LOW←TECH MAGAZINE. En attendant nous allons vous faire danser avec un de mes groupes préféré, The Freak Fandango Orchestra, le titre s’appelle Late as usual. On se retrouve dans environ 3 minutes 30. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Late as usual de l’album Tales of a Dead Fish par The Freak Fandango Orchestra.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Late as usual de l’album Tales of a Dead Fish par The Freak Fandango Orchestra disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC BY SA.

[Jingle]

Frédéric Couchet : Nous allons passer au suivant.

[Virgule musicale]

Chronique de Vincent Calame sur le site LOW←TECH MAGAZINE

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par la chronique de Vincent Calame, informaticien libriste, bénévole à l’April. Cette saison, Vincent propose des chroniques sur le thème du Libre et de la sobriété énergétique. Tout à l’heure, on parlait de sobriété, pas vraiment sobriété dans les soirées libristes ! Le chapitre aujourd’hui porte sur le site web LOW←TECH MAGAZINE.
Vincent, c’est quoi ce site web ?

Vincent Calame : Aujourd’hui, je vais revenir à la question du low-tech, mais dans le concret cette fois, puisque je vais vous présenter ce site web. Au passage, je remercie Laurent Costy qui est chroniqueur et animateur sur cette antenne, qui m’a transmis le lien et partagé son enthousiasme pour ce site. Il s’appelle LOW←TECH MAGAZINE, il se trouve à l’adresse solar.lowtechmagazine.com. Vous trouverez évidemment la référence exacte sur le site de l’émission.

Je précise tout de suite que si la page d’accueil est en anglais, sa version française est complète, dans une traduction de très bonne qualité. Ce site est principalement l’œuvre d’une personne, Kris De Decker, journaliste scientifique et technique indépendant qui est installé à Barcelone. Ce détail a son importance, nous allons le voir par la suite.

Frédéric Couchet : Que trouve-t-on sur ce site ?

Vincent Calame : Tout d’abord, je vous signale que je vous ai donné l’adresse de la version du site qui commence par « solar ». Il existe une version commençant par les trois w classiques, site qui est lui-même tout à fait classique.
La version solar est beaucoup plus intéressante, car il s’agit d’un serveur alimenté de manière autonome par des panneaux solaires. Comme l’indique le sous-titre de cette version « ce site fonctionne à l’énergie solaire et se retrouve parfois hors-ligne ». Vous avez d’ailleurs, tout en haut à droite des pages, un petit pictogramme qui indique l’état de la batterie en fonction de l’ensoleillement. Alors évidemment, être à Barcelone pour l’ensoleillement, ça aide !
Pour avoir une consommation minimale, le contenu doit être minimal. C’est en particulier le cas des images : le site ne les bannit pas, mais en propose une version en basse définition. On ne va pas s’en cacher, c’est moins lisible qu’une photo habituelle, mais c’est très intéressant d’un point de vue pédagogique.
Pour les amateurs, je précise que tout le système mis en place est, bien sûr, décrit dans le détail dans un des articles.

Le site propose trois grandes rubriques : Solutions Low-tech, Problèmes High-tech et Technologie ancienne.

La distinction entre Solutions Low-tech et Technologie ancienne est instructive, car elle montre que le low-tech n’est pas un retour au passé, mais surtout une ré-interrogation des savoirs et des technologies empiriques à la lumière de connaissances scientifiques actuelles. A tire d’exemple, l’article « Comment concevoir un voilier pour le 21e siècle » est très éclairant. Comme indique son chapô, je cite : « Il est étonnamment difficile de construire un voilier à impact carbone neutre. C’est d’autant plus le cas aujourd’hui que nos normes de sécurité, de santé, d’hygiène, de confort et de commodités ont profondément changé depuis l’Âge de la Voile. ».
Cette illustration illustre bien le ton du site. Il n’est pas catastrophiste, il étudie les questions posément, de manière approfondie, sans éluder les idées qui fâchent ou les points bloquants, en particulier nos standards de confort moderne. Bon, je vous laisse le plaisir de découvrir le contenu du site, qui existe, par ailleurs, en version papier.

Le sujet des voiliers est un peu particulier. Plus proche de notre vie quotidienne, je vous recommande plus particulièrement l’article « Comment sortir votre appartement du réseau électrique ? ». J’y ai notamment découvert ce paradoxe : nos outils informatiques fonctionnent avec du courant continu basse tension, les panneaux solaires produisent du courant continu basse tension, mais entre les deux, si on fait passer par le réseau électrique classique, il faut transformer ça en courant alternatif à haute tension à l’aide d’un onduleur, pour, ensuite, que l’adaptateur de votre appareil le retransforme en courant continu. D’après l’article, cette simple double conversion ferait perdre jusqu’à 30 % d’énergie produite. Ce n’est pas rien !

Frédéric Couchet : Est-ce que ce site parle de logiciel libre ?

Vincent Calame : Oui, j’aurais envie de répondre « évidemment » ! Vous trouverez, dans la rubrique Problèmes High-tech, un article intitulé « Comment et pourquoi j’ai arrêté d’acheter de nouveaux ordinateurs portables » où l’auteur décrit différents ordinateurs qui ont jalonné sa vie professionnelle et comment il est revenu à un IBM ThinkPad de 2006. Comme il l’indique, l’utilisation de vieux portables est possible grâce aux logiciels libres et, en particulier, aux distributions GNU/Linux spécialement conçues pour des vieux matériels. Je ne vais pas m’étendre là-dessus, car j’ai déjà abordé le sujet dans une chronique précédente. Kris De Decker le fait de manière beaucoup plus détaillée et pédagogique que moi, je ne peux que vous conseiller de le lire.

Frédéric Couchet : Merci Vincent pour cette découverte. On va rappeler le site web, solar.low-techmagazine.com, les références sont évidemment sur le site libreavous.org. Et, comme c’est une émission qui est très cohérente aujourd’hui, en première partie d’émission nous avions qui donc ? Antanak, une association spécialisée dans le matériel reconditionné ; on voit le lien avec cette chronique. Nous avons parlé de réemploi informatique, notamment de vieux ordinateurs portables reconditionnés, dans l’émission 70 justement avec Isabelle Carrère d’Antanak et Joyce Markoll de l’Atelier Orditux Informatique. On peut retrouver l’émission sur le site libreavous.org/70. Je rappelle qu’Antanak est à peu près à 10 mètres du studio de la radio. Dommage qu’elles ne soient pas restées, je pense que ça leur aurait fait plaisir. Et, juste pour finir, quelques sites fournissent aujourd’hui des ordinateurs reconditionnés avec des systèmes libres, ce n’est pas la grande majorité, mais ça existe. On peut en acheter ou on peut acheter des ordinateurs reconditionnés et y installer un système libre. Dans le 18e, par exemple, il y a Ecodair, je ne sais pas si tu connais.

Vincent Calame : Non. Pour l’instant, je maintiens au maximum mes ordinateurs vivants. J’irai au reconditionnement quand ils lâcheront vraiment.

Frédéric Couchet : Exactement. En tout cas nous, à l’April, ce sont les pratiques qu’on a, acheter des matériels reconditionnés.
En tout cas, merci Vincent pour cette chronique. On se retrouve le mois prochain ?

Vincent Calame : Oui.

Frédéric Couchet : Belle journée à toi et on va passer aux annonces de fin.

[Virgule musicale]

Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre

Frédéric Couchet : Il y a un paquet d’annonces de fin ! Je vous encourage à aller sur le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org, pour trouver toutes les références que je vais citer et les détails pratiques.

En mars et avril 2023 auront lieu les Journées des Libertés Numériques, un événement pour comprendre les enjeux des technologies et culture numérique, avec les bibliothèques universitaires de Nantes. Notre Expolibre, c’est-à-dire les huit panneaux qui présentent un petit peu le logiciel libre, y sera exposée du 1er au 31 mars.
Semaine de découverte de GNU/Linux, du lundi 20 mars au vendredi 24 mars 2023 à Gourdon, en Occitanie.
Du côté de Paris, il y a une formation « Protéger ses pratiques numériques » les 21 et 22 mars 2023.
Du côté de Limoges, les Rencontres de la médiation du numérique en Haute-Vienne, « Logiciels libres et services numériques éthiques », les jeudi 23 et vendredi 24 mars, à la bibliothèque francophone multimédia de Limoges. La bibliothèque francophone multimédia de limoges organise chaque année des événements autour du logiciel libre depuis de nombreuses années.
« Plus proche » de nous, entre guillemets, c’est l’Apéro April, eh oui, on parlait tout à l’heure de sobriété… Apéro April à Montpellier le 16 mars. Apéro April à Paris le 24 mars.
Et attendez, ce n’est pas fini : assemblée générale de l’April, samedi 25 mars 2023, à Saint-Denis. Là, il faut être membre de l’April pour y assister, vous avez encore le temps de devenir membre. Et sinon April Camp le dimanche 26 mars à Paris, à la FPH [Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme] ; en fait là, Vincent, tu nous accueilles, vu que tes bureaux sont à la FPH, dans le 11e arrondissement de Paris. L’April Camp est vraiment ouvert à toute personne : on travaille sur des sujets autour du logiciel libre qui concernent l’April.

Et ce n’est pas encore fini ! Les 1er et 2 avril auront lieu, pas loin de là où réside, si j’ai bien compris, Lætitia, les Journées du Logiciel Libre à Lyon, sur le thème « Cultures en partage ». Il y aura un stand April, n’hésitez pas à passer. Mes collègues Isabella Vanni et Étienne Gonnu y font également des présentations, donc à Lyon les 1er et 2 avril.
Pour tous les autres événements, vous allez sur le site agendadulibre.org.

Dernier truc que j’oublie, le Libre en Fête se poursuit. Libre en Fête ce sont 70 événements de sensibilisation autour du logiciel libre pour le grand public. Vous allez sur libre-en-fete.net et vous retrouvez ces 70 événements.

Notre émission se termine.

Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission du jour : Isabelle Carrère, Nathalie, Ovion, Lætitia Avrot, Anthony Nowocien, Vincent Calame.
Cette 110e émission a été mise en ondes et réalisée par Thierry Holleville. Je te remercie, Thierry, parce que j’ai été un peu taquin et pas forcément au top aujourd’hui sur les enchaînements.
Merci également à Élodie Déniel-Girodon, bénévole, qui va traiter le podcast.
Merci à Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio, qui va finaliser la mise en ligne sur le site de la radio.

Vous retrouverez sur notre site web, libreavous.org, toutes les références utiles ainsi que sur le site web de la radio causecommune.fm. N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous contacter pour toute question et nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Vous pouvez aussi nous contacter pour nous proposer des sujets.

Si vous préférez nous parler, vous pouvez nous laisser un message sur le répondeur de la radio, pour réagir à l’un des sujets de l’émission, pour partager un témoignage, vos idées, vos suggestions, vos encouragements ou pour nous poser une question. Le numéro du répondeur est 09 72 51 55 46.

Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.

Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas en parler le plus possible autour de vous.
Faites connaître également la radio associative Cause Commune, la voix des possibles.

En cette veille d’une nouvelle journée de mobilisation, mercredi 15 mars – je précise pour les personnes qui écoutent en différé –, je remercie très chaleureusement l’équipe bénévole de la radio, notamment Olivier, Karine, Patrick et William qui couvrent régulièrement les manifestations parisiennes qui visent à défendre nos acquis sociaux. Donc merci !

La prochaine émission aura lieu en direct mardi 21 mars 2023 à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur le récent rapport GAFAM nation sur les pratiques de lobbying des GAFAM en France. Les GAFAM sont les grandes entreprises du secteur informatique qui font payer leurs services avec nos libertés.

Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 21 mars et d’ici là, portez-vous bien.

Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.