Émission Libre à vous ! diffusée mardi 16 décembre 2025 sur radio Cause Commune Sujet principal : L’utilisation des logiciels libres en bibliothèque


Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Isabella Vanni : Bonjour à toutes, bonjour à tous dans Libre à vous !. C’est le moment que vous avez choisi pour vous offrir une heure trente d’informations et d’échanges sur les libertés informatiques et également de la musique libre.
L’utilisation des logiciels libres en bibliothèque, c’est le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet sur BAM – Biodiversité Autour de Moi, et aussi la chronique « Les humeurs de Gee » intitulée « Plagiat involontaire et copies ratées ».

Soyez les bienvenu·es pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter.
N’hésitez pas à nous faire de retours ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 16 décembre 2025.
Nous diffusons en direct sur radio Cause Commune, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
Nous saluons également les personnes qui nous écoutent sur la webradio, radio Cigaloun, et sur les radios FM Radios Libres en Périgord et Radio Quetsch.

À la réalisation de l’émission aujourd’hui, mon collègue Frédéric Couchet. Bonjour Fred.

Frédéric Couchet : Bonjour Isa. Belle émission à vous.

Isabella Vanni : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

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Chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet – Biodiversité Autour de Moi

Isabella Vanni : Nous allons commencer par la chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet qui, chaque mois, nous présente une ressource sous licence libre, texte, image, vidéo ou base de données, sélectionnée pour son intérêt artistique, pédagogique, insolite, utile. Les auteurs et autrices de ces pépites ont choisi de mettre l’accent sur les libertés accordées à leur public, parfois avec la complicité du chroniqueur.
Bonjour Jean-Christophe. Tu es bien avec nous ?

Jean-Christophe Becquet : Bonjour Isa, bonjour à tous, bonjour à toutes.
Je vous parle aujourd’hui de BAM.
Avec BAM, les parcs nationaux de France nous offrent un formidable exemple des supers pouvoirs du logiciel libre et des données ouvertes.
BAM est l’acronyme de « Biodiversité Autour de Moi ». Ce nom est astucieusement choisi, car il fonctionne également en anglais Biodiversity around me et en espagnol Biodiversidad alrededor mío.

Ce logiciel libre montre les observations naturalistes sur une zone géographique donnée. Il est développé à l’initiative du Parc national des Écrins et du Parc national des Cévennes. Je salue ces contributeurs de longue date au Libre à qui l’on doit notamment les fabuleux logiciels GeoNature et Geotrek. Ce dernier était le sujet de notre émission Libre à vous ! numéro 86 que j’avais animée avec mes invitées Camille Monchicourt et Amandine Sahl. Retrouvez le podcast et la transcription dans les références de l’émission, sur libreavous.org.

Mais revenons à notre pépite du jour, Biodiversité Autour de Moi.
Une fois configuré à travers une interface web très accessible, BAM retrouve et affiche les espèces végétales et animales observées sur un territoire. Le résultat se présente sous la forme d’une carte OpenStreetMap et d’une liste d’observations avec le nom de l’espèce, une photo, la date à laquelle elle a été observée pour la dernière fois et parfois, même un enregistrement sonore. Pour les plus curieux, un lien permet d’en savoir plus sur chaque espèce.

J’ai pris pour exemple un site emblématique à Grenoble : la station haute du Téléphérique de la Bastille. On y trouve 594 espèces dans un rayon de 500 mètres.
Les collectivités locales, les écoles et universités, les associations environnementales ou les acteurs du tourisme peuvent très simplement intégrer BAM sur leur site web.
Cet outil, qui résulte de l’assemblage de briques logicielles libres et de données ouvertes, permet ainsi d’accompagner, de manière très concrète, la prise de conscience de la richesse et de la beauté des espèces vivantes qui nous entourent.

En octobre 2025, à Bogota, BAM a reçu le deuxième prix du défi international Ebbe Nielsen qui récompense chaque année les meilleures applications utilisant les données ouvertes sur la biodiversité.

Nos fidèles savent que j’aime soulever le capot pour comprendre le fonctionnement détaillé de mes pépites. BAM se révèle comme un véritable outil de convergence de données.
Les images proviennent de la médiathèque libre Wikimedia Commons.
Les données naturalistes des bases GBIF et Wikidata ainsi que de sources plus locales comme GeoNature. GBIF désigne le Global Biodiversity Information Facility, un réseau international d’acteurs qui mettent en commun des bases de données naturalistes. Pour la France, le GBIF s’appuie sur trois dispositifs principaux : le SINP, Système d’Information de l’iNventaire du Patrimoine naturel, Récolnat, le Réseau national des collections naturalistes, et le PNDB, le Pôle National de Données de Biodiversité. Tous ces acronymes peuvent donner le vertige, mais il en faut bien tant pour embrasser la complexité et la diversité du vivant.
Ce qu’il faut retenir, c’est l’existence d’un système qui permet la collecte des données au niveau local et leur agrégation dans des bases partagées au niveau mondial.

Pour garantir leur caractère libre, les logiciels et les bases de données sur lesquelles s’appuie BAM sont protégés par des licences adaptées à chaque type de contenu. Le code source de BAM est partagé sous licence MIT, une licence libre très permissive qui autorise toutes formes de réutilisations.
Pour les images et les sons, Wikimedia Commons n’accepte que des licences libres ou du domaine public.
Wikidata utilise la licence Creative Commons Zéro.
Enfin, pour les données naturalistes, le GBIF encourage l’utilisation de la licence libre Creative Commons By, laquelle est adoptée aujourd’hui par la majorité des acteurs du réseau.
Notons toutefois que certaines données peuvent être sous licence Creative Commons By NC qui n’est pas libre, car elle restreint les réutilisations commerciales.

Je perçois, en lisant les conditions d’utilisation sur le site du GBIF, une véritable volonté de clarté, prenant soin d’associer une licence à chaque jeu de données. C’est un point très important et je voudrais saluer au passage l’excellente initiative « Pas de dépôt sans licence ! » du CCSD, le Centre pour la Communication Scientifique Directe, l’unité d’appui et de recherche sous la tutelle du CNRS, de l’Inria [Institut national de recherche en informatique et en automatique] et de l’INRAE [Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement]. Choisir une licence pour chaque publication en ligne est indispensable afin d’expliciter les droits et les devoirs associés. Il faut se souvenir que sans mention de licence, c’est le droit d’auteur qui s’applique par défaut, interdisant la copie, la représentation et l’adaptation de l’œuvre. Or Internet, dans son fonctionnement même, est une machine à copier. Et faire une traduction, par exemple, est une adaptation.
Pour ma chronique « Pépites libres », je rencontre très souvent de magnifiques ressources inéligibles faute de mention de licence. Alors je renouvelle inlassablement mon appel : libérez vos ressources et dites-le explicitement au moyen de ce formidable outil, simple et robuste : la licence libre.

Isabella Vanni : Je ne peux que m’unir à Jean-Christophe pour cet appel. Merci pour cette chronique. Je te souhaite une bonne fin d’année et je te dis à très bientôt, en 2026, pour une nouvelle pépite libre.

Jean-Christophe Becquet : Oui, bien sûr. Merci. Bonnes fêtes à tous et à toutes. Bonne émission et à l’année prochaine. Au revoir.

Isabella Vanni : Nous allons maintenant faire une pause musicale.

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Isabella Vanni : Après la pause musicale, nous parlerons de l’utilisation des logiciels libres en bibliothèque avec nos personnes invitées.
Pour le moment, nous allons écouter Give me a try, par Les journées de création musicale Ziklibrenbib. On se retrouve dans un peu moins de trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Give me a try, par Les journées de création musicale Ziklibrenbib.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Give me a try, par Les journées de création musicale Ziklibrenbib, disponible sous licence libre Creative Commons, CC By SA 4.0.

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Isabella Vanni : Passons maintenant au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Utilisation du logiciel libre dans les bibliothèques Rosario Etcheverry, Anouck Eychenne, Arnaud Vayssade

Isabella Vanni : Le choix de la pause musicale de tout à l’heure n’était pas improvisé. Aujourd’hui, nous allons parler de l’utilisation des logiciels libres en bibliothèque. Vous avez écouté un morceau, un titre qui a été composé au cours d’un projet très sympa qui, malheureusement, s’est terminé après 11 ans, qui consistait à réunir des artistes, des musiciens et des musiciennes qui ne se connaissaient pas forcément avant, dans une bibliothèque de Rennes. Une fois par an, ils produisaient un ou plusieurs titres en improvisant. Un projet très chouette. Il y aura deux autres pauses musicales produites dans le cadre de ce projet.
Donc utilisation des logiciels libres en bibliothèque, c’est le sujet principal de l’émission d’aujourd’hui. Nous allons en parler avec nos personnes invitées : Rosario Etcheverry, responsable du pôle informatique, numérique et évaluation de la médiathèque de Villeneuve d’Ascq, membre de la commission numérique de l’ABF, l’Association des bibliothécaires de France.
Bonjour Rosario.

Rosario Etcheverry : Bonjour.

Isabella Vanni : Nous avons aussi Anouck Eychenne, médiatrice numérique pour la médiathèque du Rize à Villeurbanne.
Bonjour Anouck.

Anouck Eychenne : Bonjour.

Isabella Vanni : Et Arnaud Vayssade, responsable de la médiation numérique pour le réseau des bibliothèques de Toulouse.
N’hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».
Toutes les références de l’émission seront rendues disponibles sur la page consacrée à l’émission, libreavous.org/264, ou dans les notes de l’épisode si vous écoutez un podcast.
Pour notre sujet principal, on démarre traditionnellement en demandant à nos personnes intervenantes de faire une courte présentation personnelle pour commencer à les connaître. Je passe la parole à Anouck Eychenne.

Anouck Eychenne : Merci. Je suis bibliothécaire, comme tous mes collègues, avec cette petite spécialité du numérique, dans une bibliothèque municipale de quartier qui est au sein d’un réseau de trois bibliothèques, je ne suis pas dans la plus grosse. Dans cette bibliothèque, je m’occupe un petit peu des collections informatiques, un petit peu de la maintenance de premier niveau, et je fais des ateliers, des formations, des cafés sur le sujet du numérique.
À la base, je suis venue au monde des bibliothèques plutôt par le numérique, mais je suis venue au numérique plutôt par le Libre et les alternatives. Je ne suis pas tellement technique, c’est vraiment la dimension émancipatrice du logiciel libre qui m’a intéressée, qui a fait que je me suis investie dans les associations. J’ai fait du bénévolat et ça m’a permis, comme cela, de rentrer par la petite porte dans les bibliothèques, deux ans à Lyon et maintenant, depuis trois ans, à Villeurbanne.

Isabella Vanni : On verra plus dans le détail toutes les activités que tu proposes, que la médiathèque du Rize propose.
On va passer la parole à Rosario Etcheverry pour une présentation personnelle.

Rosario Etcheverry : Bonjour. Je suis Rosario Etcheverry. Je travaille, comme je l’ai dit, à la médiathèque de Villeneuve d’Ascq, dans le Nord, où je m’occupe du pôle informatique, numérique et évaluation. Je suis dans ce poste depuis août 2025. J’y suis aussi pour développer la médiation numérique au sein de cette collectivité. C’est également une bibliothèque municipale.
Je suis arrivée au monde des bibliothèques il y a six ans, également sur la question du numérique. Je viens d’une formation qui n’est pas vraiment bibliothécaire. Je travaille depuis six ans et je me suis formée en travaillant sur les aspects numériques en bibliothèque.

Isabella Vanni : On va en profiter pour rappeler que nous avons déjà consacré une émission de Libre à vous ! aux bibliothèques et aux libertés informatiques, c’était fin 2022, il y a donc trois ans. Vous pouvez la retrouver en saisissant libreavous.org/156. La particularité de cette émission, à l’époque, est que c’était avec deux personnes, deux bibliothécaires qui travaillaient dans des bibliothèques universitaires, il y avait donc cette particularité. On va peut-être voir s’il y a de différences par rapport à la promotion et à la pratique du Libre dans les bibliothèques municipales.
Je crois que c’est bon, normalement Arnaud est en ligne. Je suis ravie de te donner la parole pour une petite présentation personnelle.

Arnaud Vayssade : Je m’appelle Arnaud Vayssade. Je suis bibliothécaire pour le réseau des bibliothèques de Toulouse, un gros réseau de 21 bibliothèques. Je travaille dans un service support, le service numérique, et je suis plus particulièrement responsable de la médiation numérique, c’est-à-dire de toutes les actions de médiation envers les usagers, envers les publics, qui concernent des médias numériques.

Isabella Vanni : L’idée du sujet principal de ce jour m’a été donnée par une enquête qui a été lancée en octobre 2024, donc l’année dernière, et qui s’est terminée en février 2025, qui a duré quelques mois. Une enquête qui a été lancée et coordonnée par l’ABF, l’Association des bibliothécaires de France et plus particulièrement par sa Commission Numérique dont Rosario fait partie. Je vais laisser Rosario prendre la parole pour nous expliquer un peu plus quels étaient les buts de cette enquête. Pourquoi l’avez-vous lancée ?

Rosario Etcheverry : Je fais partie de la Commission Numérique depuis 2021, donc quand elle a été créée.
Je vais tout d’abord faire une petite présentation de l’ABF, l’Association des bibliothécaires de France. C’est l’association de toutes et tous les bibliothécaires professionnels et bénévoles qui se réunissent pour réfléchir, débattre, s’informer, se former et promouvoir le rôle des bibliothèques dans la société. C’est un espace d’échanges et de partage entre pairs, donc professionnels, sans les contraintes hiérarchiques propres à nos différents postes ou lieux de travail.
L’ABF compte aujourd’hui à peu près 2000 adhérents.
À l’intérieur de l’ABF, il y a des organisations, des groupes régionaux, mais il y a aussi des commissions thématiques, qui sont des groupes ouverts également à tous, qui s’organisent autour de thématiques identifiées comme clés pour la profession.
La Commission Numérique a pour mission d’assurer une veille, d’informer et de conseiller la communauté professionnelle sur un ensemble de sujets qui touchent au numérique en bibliothèque, par exemple celui des ressources numériques, celui du RGPD [Règlement général sur la protection des données à caractère personnel], mais aussi le sujet de la médiation numérique auprès des publics. Il faut savoir que les bibliothèques représentent une très grande partie des lieux accueillant des activités de médiation numérique, c’est le deuxième lieu identifié par la Mednum en France juste après les locaux communaux.
Depuis 2021, nous avons une loi des bibliothèques, la loi Robert, une partie de nos missions c’est aussi de contribuer à la réduction de l’illectronisme.

Isabella Vanni : Peut-être rappeler ce qu’est l’illectronisme, juste pour préciser.

Rosario Etcheverry : On peut expliquer l’illectronisme de manière un peu équivalente à l’illettrisme, comme la façon de s’approprier du numérique, d’être aussi dans la capacité de participer de ce monde numérique. Je ne sais pas si c’est clair, si quelqu’un veut apporter d’autres définitions.

Isabella Vanni : Non. Je ne suis pas étonnée d’apprendre que les bibliothèques sont un lieu central justement pour faire de la médiation numérique.
Avant de parler de l’enquête, j’ai oublié de vous poser une question que j’avais envie de vous poser. Lors de l’émission de 2022, libertés informatiques et bibliothèques, universitaires en particulier, mon collègue Étienne avait posé une question très juste à nos personnes invitées, il avait demandé ce qu’est une bibliothèque. Aujourd’hui, je ne vais pas poser la même question, je vais vous poser une question qui n’est pas loin, je voudrais savoir ce qu’est une bibliothécaire. Comment définiriez-vous votre mission ? Qu’est-ce qui vous plaît dans votre mission ? Arnaud, tu veux te lancer peut-être.

Arnaud Vayssade : Oui. La question est effectivement assez large.
Disons que, pour moi, une bibliothécaire ou un bibliothécaire c’est quelqu’un qui met en relation des usagers, des personnes, avec un contenu culturel quel qu’il soit, ça peut être différents médias, différents contenus. C’est une définition assez large mais qui me plaît bien parce que ça souligne le rôle de médiation des bibliothèques et les différents contenus culturels qu’on peut avoir. Même si ça a beaucoup évolué, on associe encore beaucoup les bibliothèques aux livres, mais on peut proposer beaucoup de contenus différents en bibliothèque et une définition assez large me convient bien.

Isabella Vanni : Anouck, veux-tu donner ta définition de bibliothécaire ?

Anouck Eychenne : Non, je me permettrais pas de donner ma définition, du coup j’ai relu la loi Robert avant d’intervenir.
En fait, la question est large et les missions sont larges aussi. La loi Robert dit que « les bibliothèques sont censées garantir l’égal accès de tous à la culture, l’information, l’éducation, la recherche, les savoirs et les loisirs et favoriser le développement de la lecture publique, du coup aussi à travers les collections et des services, des activités et des outils. » Quand je dis ça, vous avez compris que ça recouvre énormément de choses, ce qui peut parfois se traduire sur le terrain par des difficultés du fait d’être un peu un couteau suisse. Nous sommes le seul lieu public ouvert et gratuit, non commercial, qui est identifié comme tel, donc, parfois, on peut se retrouver dans des difficultés, notamment vis-à-vis de l’inclusion numérique, à devoir faire Pôle emploi, enfin France Travail, la préfecture, l’accompagnement technique qui pourrait relever un petit peu plus de la médiation numérique, mais aussi de la médiation administrative et, parfois, ça peut poser des problèmes sur le terrain.

Isabella Vanni : Merci pour ce témoignage.
Rosario, veux-tu dire quelque chose sur ta mission de bibliothécaire ?

Rosario Etcheverry : Je suis assez d’accord avec la définition d’Arnaud. On le dit souvent : on a cette image de bibliothécaire comme le personnage qui s’occupe des livres. Au-delà d’être orienté vers les livres, c’est plutôt vers les publics qu’il faut penser le métier. C’est-à-dire que nous sommes l’intermédiaire entre des ressources de tout type comme Anouck a pu le dire, ce qui est défini dans la loi Robert, mais nous sommes aussi cet intermédiaire qui va mettre un public en contact avec ces ressources et ces ressources n’existent que parce que le public en a besoin et veut y accéder.
Nous sommes cette interface pas seulement pour des ressources qui sont des « ressources mortes », entre guillemets, mais aussi des ressources vivantes, c’est-à-dire qu’on met aussi en place des rencontres, par exemple entre des auteurs et un public, entre des pratiques vivantes et un public.
Pour moi, bibliothécaire est un métier couteau suisse, comme le dit Anouck. Il y a le côté difficile, mais il y a aussi le côté très riche de devoir se réinventer quotidiennement justement pour toucher ce public et mettre en contact ce public avec ces ressources-là.

Isabella Vanni : Je disais que l’idée de cette émission m’a été donnée par l’enquête que l’Association des bibliothécaires de France a lancée sur l’utilisation des logiciels libres en bibliothèque. Avant de parler de cette enquête, j’aimerais vous poser une autre question, à laquelle vous avez en partie répondu, mais j’aimerais creuser un peu plus : comment s’est passée, plus en détail, votre rencontre avec le logiciel libre ? Quelle est votre utilisation personnelle du logiciel libre ? On fait commencer peut-être Anouck cette fois.

Anouck Eychenne : Je crois me souvenir, ça commence à remonter un petit peu, que c’était mon premier colocataire qui faisait des études informatiques, très féru de cet univers-là, qui m’avait branchée là-dessus. J’ai été intéressée par cet aspect politique et émancipateur, je suis donc sous Ubuntu tout depuis 2011, quelque chose comme ça. Après ça a été en creusant un petit peu en autodidacte, en regardant un petit peu les associations qu’il pouvait y avoir. Je suis à côté de Lyon, Lyon et Villeurbanne c’est un terrain associatif très riche sur le sujet. La rencontre s’est faite il y a donc un petit moment maintenant.

Isabella Vanni : Si j’ai bien compris, ce sont les principes, la philosophie, l’éthique du logiciel libre qui t’ont séduite.

Anouck Eychenne : Je n’ai jamais lu Linux pour les nuls, par contre j’ai lu Utopie du logiciel libre de Broca. C’est effectivement cette dimension émancipatrice, notamment le Libre comme moyen de pouvoir accéder au savoir, se l’approprier.

Isabella Vanni : Est-ce que c’était la même chose pour Rosario ?

Rosario Etcheverry : Je pense que je suis d’une autre génération que celle d’Anouck. J’étais très « geek », entre guillemets, je viens du monde de l’art numérique, donc, à l’époque, je faisais du Flash, ce genre de logiciel qui permet de faire des choses, qui n’est pas du tout libre. Je me suis orientée vers le logiciel libre assez tard dans mon parcours, mais, une fois que j’y suis entrée, c’est devenu un peu une logique et je l’utilise constamment.
C’est un ami qui m’a introduite dans ce monde. C’est grâce à la rencontre avec cette personne qui a pu m’expliquer l’intérêt, qui a pu un peu m’éveiller à ce monde du logiciel libre et depuis je l’utilise. À titre d’exemple, j’utilise Inkscape pour à peu près tout, c’est un peu ce genre de chose que j’utilise aujourd’hui.

Isabella Vanni : Inkscape est logiciel très puissant de dessin vectoriel.
Quid pour Arnaud ? Comment as-tu rencontré le Libre et quelles sont les raisons qui t’ont poussé à l’utiliser déjà à titre personnel ?

Arnaud Vayssade : Je suis un peu dans le même cas qu’Anouck. C’est un membre de ma famille qui a commencé à m’en parler, à peu près à la même période qu’elle. J’avoue que je n’ai pas été plus réceptif que ça au début, parce que, à l’époque, j’étais assez éloigné du tout ce qui est numérique. C’est en travaillant en bibliothèque, après, où j’ai eu plusieurs collègues très impliqués là-dedans qui m’en ont pas mal parlé. Comme pour Anouck, c’est plutôt la philosophie, l’éthique du Libre qui m’ont beaucoup intéressé, qui m’ont amené à développer un peu cet aspect-là.
Dans ma pratique, j’utilise notamment Audacity parce qu’on ne fait pas mal de podcasts à la bibliothèque de Toulouse, ça nous aide beaucoup pour le montage et on essaye de former les collègues là-dessus.

Isabella Vanni : Je suis ravie de savoir que, dans les trois cas, ce sont des relations – amis, collègues, colocs, famille – grâce auxquelles vous avez rencontré le logiciel libre pour la première fois.
Le moment est venu de donner la parole à Rosario pour nous dire un petit peu ce qu’est cette enquête que l’ABF a lancée. Déjà pourquoi avez-vous lancé cette enquête, quels étaient les buts ? Et on verra peut-être plus tard, ensemble, quelques-unes des réponses et des conclusions que vous en avez tirées.

Rosario Etcheverry : L’idée de cette enquête est un peu partie du fait que nous nous sommes rendu compte que le logiciel libre avait pas mal de choses en commun avec les missions des bibliothèques définies dans des textes un peu phares, fondamentaux, comme le Manifeste de l’UNESCO sur la bibliothèque publique, notamment le rôle des bibliothèques dans l’accès au savoir et à l’information.
Nous nous sommes dit qu’il y avait peut-être des actions qui étaient faites dans les bibliothèques et, avant de continuer une réflexion autour de l’intérêt d’utiliser les logiciels libres en bibliothèque, entre nous, à la commission, nous nous sommes dit qu’on allait faire une enquête pour donner la parole aux bibliothécaires, aux personnes qui sont sur le terrain. L’objectif était à la fois de recenser les établissements et les pratiques existantes sur l’utilisation des logiciels libres, et on a aussi ajouté les communs numériques pour parler de Wikipédia ou d’autres communs numériques.
Donc recenser surtout sur les questions de médiation, sur les pratiques de médiation auprès des publics. Nous ne nous sommes pas vraiment intéressés à tout ce qui est logiciel métier, on était vraiment sur la question de la médiation numérique.
On a aussi voulu comprendre les besoins des professionnels, donc identifier les obstacles, les difficultés que les professionnels peuvent rencontrer dans l’adoption de ces outils.
Et aussi, finalement, alimenter la réflexion sur l’intérêt de l’utilisation du logiciel libre et des communs numériques en bibliothèque.

Isabella Vanni : Excellente thématique. Je vais d’ailleurs poser la question à nos autres invités : quel est l’intérêt, pour vous, d’utiliser, de promouvoir le logiciel libre dans les bibliothèques ? Ça paraît évident mais peut-être pas tant que ça à notre public. Qui veut prendre la parole ? Peut-être Arnaud ?

Arnaud Vayssade : Pour moi, c’est plutôt cet aspect de mise en commun des connaissances qui correspond vraiment aux missions des bibliothèques, telles que les ont définies Anouck et Rosario tout à l’heure. Pour moi, c’est vraiment l’essence du logiciel libre et c’est également l’essence des bibliothèques, ça parait donc tout à fait logique qu’on aille vers ça.

Isabella Vanni : Anouck, tu souhaites peut-être compléter ?

Anouck Eychenne : Je rajouterais juste un petit point très pragmatique. D’un point de vue économique et aussi dans les choix qu’on peut faire là où on met l’argent public, ça paraît pertinent d’aller vers le logiciel libre. Et également, si les gens apprennent sur un logiciel libre à la médiathèque, ils peuvent plus facilement le reproduire sur leur propre matériel puisque le logiciel est libre donc beaucoup plus accessible. De manière pragmatique ça se tient aussi complètement.

Isabella Vanni : C’est un point de vue important, merci de le souligner. Rosario.

Rosario Etcheverry : J’aimerais bien continuer à donner un petit peu la parole aux bibliothécaires qui ont répondu à cette enquête.
On avait catégorisé, la première catégorie c’était le partage et la diffusion des savoirs. Dans les réponses, c’était vraiment le principal intérêt pour les répondants.
Il y a aussi la question de la gratuité et de l’accessibilité à ces outils, Anouck le dit également, donc le fait qu’on puisse accéder après coup, après avoir été initié à la pratique en bibliothèque.

Isabella Vanni : Pardon, je travaille pour l’April, je me dois de préciser que le logiciel libre en soi n’est pas gratuit, ça coûte de l’argent, du temps, de l’énergie de le produire, mais c’est vrai que dans la plupart des cas il est accessible gratuitement. C’est donc son utilisation.

Rosario Etcheverry : Exactement, c’est dans ce sens-là.
Ensuite, il y a aussi les questions d’émancipation et d’autonomie des usagers, donc donner des outils qui vont dans ce sens-là.
Ensuite, il y a la maîtrise des données personnelles, donc la transparence de ces outils, c’est aussi un intérêt très important pour la médiation. Quand on fait de la médiation numérique auprès du public et qu’on veut expliquer les notions de données personnelles, l’utilisation des logiciels libres devient très intéressante et c’est assez logique de promouvoir ce genre d’outil.
Et puis, finalement aussi, une question de diversité, d’alternative aux outils largement diffusés partout, notamment les outils proposés par les GAFAM.

Isabella Vanni : Dans les raisons, il y avait aussi la pérennité et l’éco-responsabilité.

Rosario Etcheverry : Exactement, la pérennité et l’éco-responsabilité étaient aussi dans les raisons importantes de l’utilisation en bibliothèque.

Isabella Vanni : Je répète que l’enquête a été adressée aux bibliothécaires, donc aux personnes qui travaillent vraiment en bibliothèque, au contact des publics. Ce sont ces personnes-là qui ont donné les réponses. Les réponses ont été données entre octobre 2024 et février 2025 si je ne m’abuse et quelque chose s’est passé en octobre 2025 : Microsoft a annoncé la fin des mises à jour gratuites de Windows 10 et, à ce moment-là, beaucoup de personnes, les médias avant tout, ont pris conscience du fait que des millions d’ordinateurs, encore parfaitement fonctionnels, risquaient d’être mis à la poubelle juste parce qu’ils ne pouvaient pas supporter la nouvelle version de Windows. Si l’enquête était faite aujourd’hui, peut-être que la question de l’éco-responsabilité viendrait plus haut par rapport aux autres raisons, qui sait ? Autre chose : je me dis que si on avait fait la même enquête auprès des usagers et usagères des bibliothèques, peut-être que la maîtrise des données personnelles serait davantage revenue. Cette enquête est intéressante. La cible était vraiment les bibliothèques.
Je propose de faire une pause musicale. On va écouter un autre titre créé dans le cadre du projet Ziklibrenbib. C’est Une hésitation, par Les journées de création musicale Ziklibrenbib. On se retrouve dans environ trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Une hésitation, par Les journées de création musicale Ziklibrenbib.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Une hésitation, par Les journées de création musicale Ziklibrenbib, disponible sous licence libre Creative Commons, CC By SA 3.0.

[Jingle]

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre notre discussion. Je suis Isabella Vanni de l’April.
Cette émission est consacrée à l’utilisation des logiciels libres en bibliothèque. Nous en parlons avec nos personnes invitées, Rosario Etcheverry, Anouck Eychenne et Arnaud Vayssade, qui sont tous et toutes bibliothécaires dans différentes bibliothèques en France.
Je voulais vous donner vraiment le temps suffisant pour dire tout ce que vous faites dans le cadre de votre travail en bibliothèque, en médiathèque, autour du logiciel libre.
Je vais peut-être commencer par Anouck. Tu disais que Lyon, la région lyonnaise plus largement, est très riche concernant le Libre, il y a beaucoup d’acteurs, d’associations, d’événements aussi qui se passent à Lyon, ce qui facilite sans doute, on le verra, les partenariats. Comment promeus-tu le logiciel libre, en tant que médiatrice numérique, dans la médiathèque du Rize ?

Anouck Eychenne : Il y a plein de manières, je vais essayer de ne pas vous faire un tunnel.
Déjà, tout simplement, dans mes collections. Quand on pense bibliothèque, on pense livre papier. Je n’ai pas forcément un rayon dédié au Libre, mais j’essaye d’être attentive à développer des thématiques qui vont pouvoir s’y raccrocher, que ça soit le numérique responsable, la sobriété numérique, la question de la vie privée, de la surveillance, du pouvoir autour du numérique. Ça passe aussi par le livre.
Ensuite, on a un rôle de prescripteur quand on est bibliothécaire, notamment sur les questions techniques. Les gens viennent souvent nous voir avec des problèmes qu’ils peuvent avoir avec le téléphone et l’ordinateur. Je conseille ce que je connais et je conseille aussi ce qui va éviter de coûter trop cher aux gens, je peux assez facilement les rediriger vers des acteurs locaux qui vont pouvoir, par exemple, leur proposer des ordinateurs reconditionnés ou des choses comme ça.
Après, le cœur de mon action, ça va vraiment être l’action culturelle autour du Libre. C’est à la fois la dimension rencontres avec les partenaires locaux du tissu associatif ; ça peut être autour de discussions, d’ateliers où des intervenants viennent présenter un petit peu ce qu’ils font, je pense à OpenStreetMap. J’ai reçu aussi des hébergeurs, peut-être que les auditeurs connaissent le collectif CHATONS, le collectif des hébergeurs autonomes, transparents, ouverts neutres et solidaires.

Isabella Vanni : Bravo !

Anouck Eychenne : Les fournisseurs d’accès à Internet associatifs aussi, dans le coin on a Illyse. On a aussi les fablabs qui peuvent exister autour de la bibliothèque.
Ça passe donc vraiment par beaucoup de rencontres, un maximum.
Et, dans les ateliers que je peux mener, je vais essayer, sans forcément les centrer officiellement autour du Libre, je vais proposer la découverte de logiciels de création d’images et il n’y a que des logiciels libres ; je vais essayer de faire un atelier « comment créer son site x, eh bien je vais parler de Scriboulli par exemple.
On avait fait un atelier Minecraft, mon prédécesseur faisait beaucoup d’ateliers Minecraft, les enfants aiment beaucoup Minecraft. J’ai fait un atelier Minecraft et puis, cette année, j’ai fait un atelier Luanti, personne n’a vu la différence. J’ai dit que c’était Luanti, je n’ai pas menti. Minecraft est une plateforme de jeu un peu bac à sable, sous forme de blocs, qui a été reproduite avec Minetest, maintenant Luanti, vraiment sur le même principe, qui est très proche, avec des blocs. On choisit un jeu, mais on peut aussi faire sa maison, il y a plein de choses comme ça.
Ça va souvent passer par des ateliers sur d’autres sujets mais à travers lesquels on va utiliser le logiciel libre.
Et puis dans la formation au quotidien, je vais conseiller aux gens de plutôt utiliser Firefox, si possible avec les bloqueurs de pubs, mais pour leur sécurité, ce n’est pas juste idéologique, c’est vraiment pour leur sécurité de tous les jours, ce qui intéresse beaucoup les gens. Les solutions libres sont souvent les plus sécurisées aussi.

Isabella Vanni : Je crois me rappeler, Arnaud, tu vas bien sûr me corriger si je me trompe, que c’est un petit peu l’esprit aussi du réseau des bibliothèques de Toulouse. Mis à part des événements qui s’appellent des install parties, des installations de GNU/Linux, mis à part ces événements très spécifiques, si on regarde un petit peu les événements autour du numérique proposés par la bibliothèque, il n’y a pas forcément marqué « on va parler d’un logiciel libre super ». Par exemple, là je suis une initiation au logiciel GIMP, dans l’affiche on ne précise même pas que c’est un logiciel libre, on présente directement un outil pour faire de la retouche photo par exemple. Est-ce que je me trompe ou c’est un petit peu le même esprit ?

Arnaud Vayssade : C’est effectivement un peu ça. On a quelques actions très directes où il y a vraiment « logiciel libre » dans l’intitulé, sinon on a pas mal d’actions autour du numérique qui font la part belle aux logiciels libres sans forcément que ça apparaisse.
Par exemple, on a beaucoup d’actions autour des tablettes graphiques, de l’art graphique, auquel cas là les collègues utilisent pas mal Inkscape également, sans forcément le mettre en avant dans la description de l’action, mais tout en l’apprenant et le conseillant aux participants.
On a des ateliers de musique assistée par ordinateur où les collègues utilisent également, à cette occasion, des logiciels libres.
Et on a pas mal de choses autour du podcast. On est sur Audacity, on promeut également ce logiciel, on le fait découvrir aux gens à l’occasion de ces ateliers.

Isabella Vanni : D’ailleurs Audacity est un logiciel que nous utilisons nous aussi pour le traitement des musiques.
Pourquoi n’est-ce pas le logiciel libre, la qualité de logiciel libre qui est mise en avant ? Est-ce qu’il y a une raison précise ?

Arnaud Vayssade : Non, parce que le sujet même de l’atelier c’est soit le podcast, soit la musique assistée par ordinateur, et pas forcément le logiciel libre. C’est une façon « douce », entre guillemets, d’initier les gens à ces logiciels et de faire effectivement passer des messages sur la question éthique, la question de la protection des données, la question de la gratuité de ces outils-là.

Isabella Vanni : En amont de l’émission, j’avais échangé avec Anouck. Je pense que cette approche te parle, n’est-ce pas ?

Anouck Eychenne : Oui, parce qu’en bibliothèque on s’adresse vraiment au grand public, au tout public, donc soit des familles, des retraités, des personnes qui peuvent parfois être dans le numérique par le travail, mais pas forcément, par ailleurs, plus que ça.
Si on parle de logiciel libre, on va attirer des libristes, mais eux ! Je suis contente que des libristes viennent à certaines de mes animations, mais, pour les initiations, ils s’ennuieraient un petit peu. Par contre, je veux toucher le grand public pour justement lui parler de logiciel libre. Même si on ne le met pas dans la promotion, on explique toujours, j’essaye toujours de dire ce qu’est le logiciel libre. Parfois, c’est un peu embêtant de radoter à toutes les animations, mais quand même rappeler ce que c’est par opposition. J’essaie toujours de rappeler le modèle économique des autres, celui des géants. Par exemple, quand on va parler de WhatsApp parce que les gens ont des difficultés avec WhatsApp, je peux faire un atelier pour les aider avec leur messagerie ; j’explique le modèle économique de WhatsApp et j’explique qu’il y a des alternatives à côté, Signal par exemple.

Isabella Vanni : Rosario, ton arrivée à la médiathèque de Villeneuve d’Ascq est assez récente. Est-ce que tu as déjà réussi à mettre en place des ateliers numériques autour du logiciel libre ou qui parlent vraiment du logiciel libre ?

Rosario Etcheverry : On va prochainement avoir un atelier sur Scratch, un logiciel libre qui permet de faire de la programmation, qui est surtout orienté vers les jeunes.
Je l’ai déjà fait dans mon précédent poste, je faisais déjà des animations et c’était un peu le principe de l’April : priorité au logiciel libre. Ça fonctionnait un peu comme ça, sachant que parfois ce n’est pas possible, parfois les usagers viennent avec un besoin très spécifique, ils ont déjà leur logiciel et ils veulent qu’on les aide dessus.
Pour revenir à Villeneuve d’Ascq, il y a cet atelier organisé, puis une install partie devrait se faire aux alentours du mois de mars pour le Libre en Fête.

Isabella Vanni : On va parler du Libre en Fête, une initiative coordonnée par l’April qui permet de faire découvrir le logiciel libre et la culture libre au grand public. L’idée c’est de mettre la lumière sur plusieurs événements organisés partout en France autour de l’équinoxe du printemps.

Rosario Etcheverry : Du coup, je suis déjà en contact avec l’association libriste du coin, Chtinux.

Isabella Vanni : On les salue.

Rosario Etcheverry : Ils vont intervenir pour une install partie.

Isabella Vanni : D’accord. Si j’ai bien compris, pour le moment ce sont plus des ateliers ponctuels, mais il y a une volonté d’en faire d’autres et, toi aussi, tu as mis là l’accent sur l’importance des partenariats. Chtinux est un groupe local d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres. Ce sont des groupes super importants, ce sont des personnes, pour la plupart bénévoles, qui mettent à disposition leur temps et leurs compétences pour aider d’autres personnes à installer des logiciels libres, à les paramétrer, à les découvrir. Nous invitons vraiment les personnes qui souhaiteraient connaître un peu plus le Libre à profiter de ces personnes, de ces ressources incroyables qu’elles ont à côté de chez elles. Vous avez l’Agenda du Libre pour les découvrir.
Les bibliothèques de Toulouse aussi peuvent profiter d’un partenariat intéressant avec un GULL, un groupe d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres, n’est-ce pas Arnaud ?

Arnaud Vayssade : Oui. Nous sommes en contact avec une association qui s’appelle Toulibre, qui est très active sur Toulouse, qui organise chaque année un grand événement qui s’appelle le Capitole du Libre, qui recueille pas mal de promotion. Ils nous ont contactés il y a déjà quelques années pour faire des ateliers à la bibliothèque. C’est vrai qu’on les sollicite régulièrement pour venir à la bibliothèque soit pour faire des install parties soit pour faire des permanences d’installation ou d’aide sur les logiciels libres. Et on organise chaque année avec eux, depuis deux ans, la journée libre Libre en Bib, une grosse journée autour des logiciels libres dans les bibliothèques de Toulouse, qui coordonne plusieurs événements autour du Libre.

Isabella Vanni : Et parfois, ces ateliers numériques sortent du cadre même de la bibliothèque. C’est le cas de certaines animations que tu proposes, Anouck, du côté de Villeurbanne.

Anouck Eychenne : Il faut que je cite mon GULL local aussi, sinon ils vont être en colère. Je remercie infiniment l’ALDIL qui m’a fait plusieurs cycles d’animation, l’install partie, l’ALDIL [Association Lyonnaise pour le Développement de l’Informatique Libre] et ses bénévoles sont très précieux. Je remercie également LALIS [Lyon Association Libre Informatique Solidaire], une association qui a pignon sur rue à Lyon, qui me dépanne à chaque fois que j’ai des soucis qui dépassent mes compétences techniques avec certains problèmes de PC d’usagers. Donc vraiment un grand merci à eux.
Et puis oui, parfois je me permets des petites balades hors les murs. On va pas très loin parce que je ne vais pas non plus faire traverser la ville en métro, mais à 10 minutes à pied de notre bibliothèque on a la chance d’avoir non pas un mais deux fablabs. On a donc la MIETE [Maison des Initiatives de l’Engagement, du Troc et de l’Échange], dans le quartier Perralière, et le Laboratoire Ouvert Villeurbannais dont je suis membre aussi à titre personnel. En fait, eux ont les compétences et le matériel, moi j’ai les usagers, on réunit un petit peu nos forces en commun et, du coup, ça permet de faire des ateliers vraiment sympas pour les gens et de leur faire découvrir une ressource qui n’est pas loin de chez eux et potentiellement vers laquelle ils vont revenir plus tard, enfin je l’espère.

Isabella Vanni : Je tenais à préciser parce que ça peut donner des idées à d’autres bibliothèques, pourquoi pas ! Profiter aussi de la présence de fablabs ou hackerspaces comme ils veulent s’appeler, près de chez vous.
Anouck, tout à l’heure tu disais que tu t’étais un peu auto-formée au logiciel libre. Tu t’adresses au grand public, il n’y a pas besoin de faire des ateliers qui descendent vraiment dans le détail technique. Autoformation donc, mais est-ce que tu as profité aussi de formations formelles, professionnelles en interne ? C’est une question que j’aimerais poser aussi aux autres personnes.

Anouck Eychenne : Pour l’instant je n’ai pas vu ça au catalogue. Je suis allée à titre personnel, sur mes deniers mais c’est souvent gratuit ou vraiment pas cher, me former auprès de l’Atelier Soudé pour des cours d’électronique, aussi auprès du fablab le LOV pour des cours d’électronique, et auprès de l’ALDIL pour des petits cours de programmation. J’ai fait quelques séances comme ça, par-ci par-là, quand j’étais disponible en dehors de mes horaires de travail. Mais, au catalogue des formations de bibliothécaires, je n’ai pas vu de formation sur le logiciel libre. Peut-être qu’il y en a, peut-être que c’est juste moi qui les ai ratées !

Isabella Vanni : Rosario, en as-tu vu ?

Rosario Etcheverry : Dans l’enquête, la question de la formation est une des choses qui est ressortie très fort. On se rend compte que c’est beaucoup de l’autoformation, en tout cas une démarche individuelle des personnes qui sont déjà sensibilisées sur ces outils. C’est quelque chose qui nous semble problématique, parce que si on veut effectivement aller vers plus de logiciel libre en bibliothèque, il est important de l’inclure dans les formations des bibliothécaires.

Isabella Vanni : Arnaud, tu disais en amont de l’émission que parfois les bibliothécaires, eux et elles-mêmes, ne connaissent pas forcément le logiciel libre et, parfois, ils ne sont pas si proches non plus de l’informatique, ça dépend des générations, des pratiques aussi. Tu me disais que tu donnes beaucoup d’importance aussi aux échanges informels pour se former. Tu veux nous en parler ?

Arnaud Vayssade : Un peu comme ce qui a été dit. Pour nous, la principale source de formation c’est, au final, l’échange de pratiques. Entre médiateurs numériques, on échange beaucoup sur les pratiques des uns et des autres et on a la chance d’avoir un médiateur numérique qui est identifié sur la question des logiciels libres. Il nous fait part de sa veille et de pas mal de pratiques, de bonnes pratiques à avoir.
Après, effectivement, moi non plus je n’ai pas vu de formations métiers, on va dire, vraiment dédiées au logiciel libre. Comme tu disais, on s’aperçoit en interne que certains collègues des bibliothèques sont assez éloignés du numérique, qu’il y a vraiment là un effort de formation à faire avant même d’arriver au logiciel libre, mais ça peut y participer. On aimerait bien mettre en place un plan de formation pour les collègues, sur le numérique, qui ferait la part belle également au logiciel libre.

Isabella Vanni : Ce n’est pas le seul point de blocage pour mettre en pratique la médiation numérique autour du Libre, d’après ce que vous avez trouvé avec l’enquête, n’est-ce pas Rosario ?

Rosario Etcheverry : Oui, ça en fait partie. Il y a effectivement d’autres points de blocage. Les choses qui ont été beaucoup citées sont principalement les problématiques avec les directions des services informatiques des communes puisque, généralement, les bibliothèques, en tout cas publiques, sont associées à des services informatiques qui ont leurs propres pratiques et parfois ces pratiques-là ne sont pas très ouvertes et ne permettent pas forcément d’installer nos logiciels de notre côté. Par exemple, dans ma commune, je ne peux pas installer facilement des logiciels pour en donner l’accès au public. Il faut toujours que je fasse une demande qui doit être étudiée par le service informatique, etc. Parfois, des répondants disent que c’est complètement verrouillé et qu’il n’y a pas moyen d’installer ce genre d’outil dans les machines professionnelles.

Isabella Vanni : C’est la grosse différence que j’avais vue par rapport aux bibliothèques universitaires. On avait eu l’occasion d’échanger avec Chloé Lailic et aussi Régine, je ne me souviens plus de son nom de famille [Régine Hauraix], désolée Régine, de l’université de Nantes. Toutes les deux disaient « chez nous, le logiciel libre a la porte grande ouverte du fait que dans l’enseignement supérieur et dans la recherche, c’est un peu un mot clé. On va naturellement vers ces solutions-là ». Je me souviens que Chloé disait justement « j’ai un peu peur qu’en ce qui concerne les bibliothèques municipales la réponse serait un peu différente, peut-être qu’ils sont un peu frustrés ou qu’ils ne sont pas soutenus autant que nous, alors que chez nous c’est vraiment, on peut le dire, institutionnalisé. » Tu viens de m’en donner un exemple très clair.
Le temps court vite. J’ai une question, je suis curieuse de savoir si vous avez remarqué une évolution dans la posture, dans les demandes que vous posent dernièrement les usagers et les usagères au cours des ateliers numériques. Je fais référence à l’actualité, à la fin des mises à jour gratuites de Microsoft. Je ne sais pas si vous avez fait suffisamment d’ateliers ces derniers mois pour voir s’il y a des demandes différentes ou une évolution. Anouck.

Anouck Eychenne : Une évolution, c’est un petit peu difficile à dire parce que je n’ai pas non plus énormément de recul. En tout cas, mon install partie a fait carton plein, 20 personnes se sont inscrites, ce qui est beaucoup. Les gens en ont effectivement entendu parler.
Après, on voit aussi des gens qui sont encore… J’ai vu un Windows 8 passer à l’état sauvage il y a encore quelques mois !
Il y a des gens qui sont au courant mais qui ne voient pas forcément quelles alternatives sont possibles et qu’on n’arrive pas forcément à atteindre.
Il y a des gens qui n’ont jamais entendu parler de tout ça, dont les demandes vont être plus dans le temps long et vont peu évoluer, c’est-à-dire principalement des demandes pour se sentir en sécurité. Le problème de Windows 10 c’est plutôt qu’ils ont peur, d’un coup, leur ordinateur se fasse attaquer. Ce sont plus des questions d’antivirus.
Je pense que ça reste dans les inquiétudes. On en a un petit peu plus parlé, certaines personnes savent de quoi on parle quand on parle de GNU/Linux ou elles le demandent, mais je pense qu’il y en a plein aussi qui ont leur vieil ordinateur et ont juste peur.

Isabella Vanni : C’est donc l’enjeu de la sécurité.
Est-ce que, dans vos bibliothèques, les ateliers que vous organisez ou coordonnez font aussi carton plein à Toulouse et à Villeneuve-d’Ascq ? Arnaud.

Arnaud Vayssade : À Toulouse, on a clairement vu l’impact de cette actualité-là autour de Windows 10. Pour nous, en gros, il y a eu trois temps :
il y a eu un temps où tous les ateliers qu’on faisait sur le logiciel libre intéressaient essentiellement les libristes ou les gens qui étaient déjà un peu militants et pour lesquels la question éthique était très importante ;
il y a eu un deuxième temps, notamment avec l’arrivée du RGPD, où la question des données personnelles a commencé à intéresser beaucoup les gens et on a vu des personnes arriver au logiciel libre par la question des données personnelles ;
mais clairement, depuis toute l’actualité autour de Windows 10, les permanences qu’on organise sont pleines, il y a vraiment eu une prise de conscience de beaucoup de gens, en tout cas, à Toulouse, j’ai vraiment eu cette impression-là. Depuis deux mois, tous les ateliers qu’on organise, les permanences d’aide numérique, les permanences d’installation sont vraiment pleines à cause de ça.

Isabella Vanni : Je ne peux que me réjouir de cette belle nouvelle !
Rosario, est-ce que tu as pu voir une évolution, un changement ?

Rosario Etcheverry : À Villeneuve d’Ascq, je n’ai pas encore organisé d’install partie. Du coup ça me permet de corriger une erreur que j’ai faite tout à l’heure, C’est plutôt CLX [Club LinuX Nord-Pas de Calais] l’association avec laquelle je suis en contact et pas Chtinux.

Isabella Vanni : Nous aimons les deux, nous saluons les deux !

Rosario Etcheverry : Du coup, je suis venue participer à une install partie pour voir un peu comment ça se passe et, en échangeant avec eux, ils m’ont raconté qu’à la médiathèque de Roubaix, donc pas très loin de chez nous, c’est pareil. Depuis la nouvelle de ce changement concernant Windows 10, c’est rempli, les gens viennent et tout type de public. En fait, ce ne sont plus seulement les habitués, ça s’est ouvert aussi à d’autres publics qui voient en ça une solution.

Isabella Vanni : On ne va pas jusqu’à remercier Microsoft, mais c’est vrai que cette annonce a fait beaucoup de bien au logiciel libre, on ne peut que se réjouir.
Le temps file. J’ai absolument besoin de savoir, Rosario, quelles sont les suites de cette enquête. Elle vous a pris beaucoup de temps, bénévole d’ailleurs, elle a donné des résultats qui sont encourageants par rapport à la volonté des bibliothécaires de continuer à promouvoir le logiciel libre dans les bibliothèques, malgré les points de blocage qu’on a un petit peu survolés. Quelles sont les prochaines actions que vous voulez mettre en place ?

Rosario Etcheverry : La toute première, qui devrait sortir très rapidement, c’est une cartographie des établissements menant des actions de médiation avec le logiciel libre et les communs numériques, qui pourrait être visible sur notre site, Labenbib, qui va donc recenser vraiment toutes les réponses de l’enquête, mais qui sera aussi ouverte à l’ajout de choses si les bibliothèques souhaitent s’inscrire dans cette cartographie. L’idée c’est vraiment de pouvoir visualiser là où des actions sont menées, par exemple si, à un endroit, on peut nous aider, nous dépanner sur GNU/Linux quand on part en vacances avec son ordinateur ; ça peut faire des lieux de référence, c’est dans cet objectif-là.

Isabella Vanni : Très bien, c’est donc dans les clous, vraiment dans les tuyaux.

Rosario Etcheverry : Ça devrait arriver très vite, mais, comme tu l’expliquais, c’est du bénévolat, donc les temps sont un petit peu étirés.
La deuxième chose, c’est une présentation graphique illustrant les enjeux et les intérêts de ces outils. Dans le résultat,le besoin d’avoir des outils pour plaidoyer auprès des équipes, auprès de la hiérarchie et auprès des DSI a été exprimé, pour vraiment dire en quoi c’est intéressant, quelle est l’importance de cela en bibliothèque. On va dire des argumentaires, mais de manière très simple, très visuelle, histoire d’être accessibles par tous.

Isabella Vanni : Ce sera publié sous licence libre ?

Rosario Etcheverry : Bien sûr !

Isabella Vanni : Ça pourra être utilisé aussi par d’autres organismes.
Tu voulais parler d’une troisième action peut-être.

Rosario Etcheverry : La troisième action c’est une logithèque du Libre, dans le sens où, en bibliothèque, on sait que parfois les choses qui sont numériques et qui restent numériques ne sont pas accessibles par tous. Si on dit aux gens d’aller cliquer sur un lien, déjà si c’est nous qui le disons, ça va avoir un impact. L’idée c’est qu’en bibliothèque on a aussi ce qu’on appelle des fantômes : on matérialise à nouveau des ressources numériques sur des supports physiques, qu’on place dans la bibliothèque, qu’on peut vraiment toucher, prendre dans les mains. On veut donc faire une logithèque du Libre avec une quantité de logiciels libres qu’on va matérialiser à nouveau, mettre dans les rayonnages. L’idée c’est vraiment que les gens découvrent, peut-être en parcourant les étagères, qu’il existe des alternatives et des ressources de ce type dans les bibliothèques. Pareil, ce sera à imprimer, à fabriquer à nouveau dans chacune des structures, sous licence libre, pour pouvoir customiser avec le logo de la structure, etc.

Isabella Vanni : C’est la magie de la licence libre.
Le temps a filé à une telle vitesse ! J’aurais aimé creuser davantage chacun des points qu’on a abordés. Il nous reste vraiment une petite poignée de minutes avant la fin de notre échange. Je vous propose donc de conclure, en prenant tour à tour la parole, pour nous dire quelles sont, selon vous, les éléments clés à retenir de cette émission. Sentez-vous libres de profiter aussi de ce temps pour passer un message, faire une annonce, partager un coup de cœur. La seule condition c’est de respecter deux minutes maximum par personne. Anouck, tu veux commencer ?

Anouck Eychenne : Pour aborder un sujet qu’on a peut-être un peu moins abordé. Mon approche est vraiment techno-critique, du coup j’aimerais bien que les bibliothèques puissent être des lieux où non seulement on explore les alternatives numériques, mais aussi où on se questionne sur la place du numérique dans nos vies, idéalement que ça ne soit pas que dans les bibliothèques. Que les bibliothèques soient vraiment un lieu d’empowerment démocratique sur la place du numérique qui, aujourd’hui, quand même autant d’un point de vue social qu’écologique, commence à déborder un petit peu.

Isabella Vanni : Ça semble contradictoire que ce soit une médiatrice numérique qui le dise, alors qu’au contraire !

Anouck Eychenne : Je suis prête à préparer ma fin ! Pas de souci !

Isabella Vanni : Arnaud, quel message souhaites-tu passer ?

Arnaud Vayssade : Je retiens de l’émission c’est quand même l’importance des partenariats, de la coopération autour de cette question. Je sais qu’à Toulouse on ne pourrait pas faire grand-chose, du moins pas faire beaucoup sans certains de nos partenaires et ça a l’air d’être un peu la même chose ailleurs. Je voudrais les remercier et dire que la coopération entre les différents acteurs est vraiment une clé pour continuer à avancer sur ce terrain-là. Du coup faire un peu de promo pour deux de nos groupes : les Wikimédiens de Toulouse, le groupe de Wikipédiens Wikipédia Toulouse affilié à Wikimédia France et la communauté OpenStreetMap de Toulouse qui nous aident beaucoup, qui font beaucoup d’ateliers avec nous à la bibliothèque, les prochains auront lieu au mois de janvier, donc leur faire un peu de promo là-dessus.

Isabella Vanni : Et Rosario.

Rosario Etcheverry : En fait tout à l’heure, en parlant du rôle des bibliothécaires, j’ai parlé du public et j’ai parlé aussi de notre rôle d’intermédiaire. Je pense qu’on a beaucoup une place d’intermédiaire de confiance auprès de nos publics. Je pense que c’est sur cette place-là qu’il me semble important de revenir par rapport à ces questions-là. Ne pas oublier où on est, comment on peut accompagner ce public, mais aussi développer, avec ce public, une culture numérique, pourquoi pas techno-critique comme le propose Anouck, j’adhère assez à cette vision-là. Avec ce public-là, vraiment réfléchir à une culture numérique, à un numérique qui soit d’intérêt pour le public et nous, alimenter cette communauté et cette réflexion autour de ces questions-là.

Isabella Vanni : La relation aussi comme point central, vous l’avez rappelé tous les trois.
Je vous remercie énormément d’avoir accepté notre invitation, d’avoir participé à cette émission, d’avoir discuté avec nous. Je vous souhaite de continuer à promouvoir dans le bonheur un numérique émancipateur et de parler du logiciel libre le plus possible. J’en profite aussi pour vous souhaiter une bonne fin d’année et à bientôt peut-être.
Merci beaucoup.

Anouck Eychenne : Merci pour l’invitation.

Rosario Etcheverry : Merci. À bientôt.

Arnaud Vayssade : Merci. Bonne fin d’année.

Isabella Vanni : Nous allons maintenant faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Isabella Vanni : Après la pause musicale, nous entendrons une nouvelle chronique de Gee.
Pour l’instant nous allons écouter Sweet girl Jean, par Les journées de création musicale Ziklibrenbib. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Sweet girl Jean, par Les journées de création musicale Ziklibrenbib.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Sweet girl Jean, par Les journées de création musicale Ziklibrenbib, disponible sous licence libre Creative Commons, CC By SA 4.0.

[Jingle]

Isabella Vanni : Je suis Isabella Vanni de l’April. Nous allons passer au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Chronique « Les humeurs de Gee » – « Plagiat involontaire et copies ratées »

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre avec la chronique « Les humeurs de Gee », auteur du blog-BD Grise Bouille, qui expose son humeur du jour : des frasques des GAFAM aux modes numériques, en passant par les dernières lubies anti-Internet de notre classe politique, il partage ce qui l’énerve, l’interroge, le surprend ou l’enthousiasme, toujours avec humour. L’occasion peut-être, derrière les boutades, de faire un peu d’éducation populaire au numérique.
Le thème du jour « Plagiat involontaire et copies ratées ».
Bonjour Gee.

Gee : Salut Isa et salut camarades.
Aujourd’hui, on va effectivement parler d’art, notamment des problèmes de plagiat.
Le plagiat, si je cite Wikipédia, ça « consiste à copier un auteur, ou accaparer l’œuvre d’un créateur dans le domaine des arts, sans le citer ou le dire ». Du coup, là j’ai cité Wikipédia, ce n’est donc pas du plagiat puisque je ne prétends pas avoir écrit la phrase moi-même, vous voyez ?
Régulièrement, on a des petits scandales dans les milieux artistiques lorsqu’un plagiat est révélé. On peut, par exemple, penser à l’affaire CopyComic où Gad Elmaleh, notamment, s’était fait épingler pour avoir traduit des sketchs d’humoristes américains sans le dire.

Personnellement, j’ai le respect des artistes et de leurs créations, donc je ne fais jamais de plagiat, en tout cas, pas volontairement. Si vraiment j’ai envie de reprendre une blague à quelqu’un, je cite toujours ma source… à condition de la connaître !
Eh bien oui, parce que, en revanche, il arrive à tout le monde de faire du plagiat involontaire et je n’y suis moi-même pas immunisé. Le plagiat involontaire, c’est quand vous pensez avoir eu une idée originale, avoir créé quelque chose de neuf, et que vous découvrez que quelqu’un a déjà eu la même idée et a déjà produit la même chose.
La toute première fois où ça m’est arrivé, je m’en souviens encore, c’est quand j’étais adolescent. On jouait de la musique avec un copain et, à un moment donné, j’ai dit « tiens, j’ai trouvé un chouette riff de guitare, écoute ». Je lui joue et immédiatement mon pote me dit : « T’es con ou quoi, c’est le riff Popular de Nada Surf. » Ah ! Le pote en question écoutait Nada Surf, pas moi, je devine donc ce qui a pu se passer : à un moment donné, j’ai dû entendre la chanson chez lui, sans trop faire gaffe, puis l’oublier, et elle m’est revenue en tête sans que je me souvienne de la source. J’ai donc supposé que c’était moi qui l’avais inventée. Évidemment, à partir du moment où j’ai compris que ce n’était pas le cas, j’ai laissé tomber ce riff, parce que, comme je le disais, le plagiait volontaire ne m’intéresse pas.
En revanche, involontairement, ça m’est arrivé depuis plusieurs autres fois, notamment dans mes publications en ligne où on me le signale en général assez rapidement.

Parfois, on peut même faire du plagiat involontaire sans avoir eu connaissance de l’œuvre d’origine : par exemple, dans ma BD La Chaîne Météore, qui se passe dans un monde préhistorique anachronique, il y a un diplodocus qui travaille dans un journal, Le Monde Diplo. Eh bien oui, c’est rigolo, c’est un jeu de mots… et ça a déjà été fait dans Silex and the City, une autre BD préhistorique… que je n’ai jamais lue ! Mais évidemment, Le Monde diplomatique est une référence commune, la similarité entre « diplomatique » et « diplodocus » est évidente, on peut donc facilement tomber sur le jeu de mots sans qu’il n’y ait eu d’influence directe. J’en deviens même souvent parano, et ce n’est pas rare que je cherche sur Internet si quelqu’un a déjà eu la même idée que moi avant de me lancer dans une réalisation.

C’est pour cela que je suis toujours sceptique quand j’entends certaines accusations de plagiat. Il y a quelques années, la chanteuse Adèle avait été accusée d’avoir plagié la partie de piano de Someone Like You sur quelqu’un d’autre. Mais honnêtement, la partie de piano en question est un arpège franchement banal sur une grille d’accords archi-utilisée ! Est-ce que c’est vraiment du plagiat ou juste deux personnes qui sont tombées sur le même arrangement par hasard ? Pour moi qui fais pas mal de musique, la deuxième option me semble plus plausible ; dans un style aussi codifié que la musique pop, on retombe très souvent sur les mêmes accords, les mêmes arpèges, etc. De toute façon, faire volontairement du plagiat à l’heure d’Internet en espérant que ça ne se découvre jamais, c’est un pari qui a peu de chances d’être gagnant, l’intérêt est très vite contrebalancé par les risques en termes d’image.

D’ailleurs, dans certains styles hyper contraints, est-ce que la notion de plagiat a encore du sens ? Typiquement, 90 % des morceaux de blues utilisent l’exacte même grille d’accords, qu’on appelle d’ailleurs la « grille blues ». Est-ce que tous les morceaux de blues sont tous des plagiats les uns des autres ? Ça n’a pas vraiment de sens. Même chose pour le rock’n’roll qui utilise aussi cette même grille. Oui, si vous l’ignoriez, faire un morceau de rock’n’roll, c’est simple : vous prenez un morceau de blues, vous le jouez deux fois plus vite en poussant la distorsion sur la guitare, et paf, vous avez votre morceau de rock’n’roll. Donc si vous entendez un morceau de rock’n’roll et que vous pensez « oh, mais c’est un plagiat de Johnny B Good », eh bien non ! C’est juste un morceau de rock’n’roll !

C’est une des nombreuses raisons pour lesquelles, personnellement, je suis un ardent défenseur des licences libres, et je serais d’ailleurs partisan d’un assouplissement considérable du droit d’auteur. Droit d’auteur qui me semble très peu adapté à la réalité de la création, puisqu’il repose sur l’idée qu’un artiste est une sorte de génie dont émane la création pure, ex-nihilo, alors que la production artistique est toujours contextuelle, influencée par son époque, ses références communes, et que la fameuse « paternité » d’une œuvre devient difficilement attachable à une personne, mais bien à la conjonction de cette personne avec cet ensemble de contexte, d’époque, de références, etc.
On dit « j’ai une idée », mais on devrait dire « il me vient une idée », parce que cette idée est tout autant le produit de notre imaginaire que d’un remix de tout ce qui a construit cet imaginaire. D’ailleurs, j’irai même plus loin : je pense que la grande majorité de l’art que nous produisons est une copie ratée de l’art que nous apprécions.
Je m’explique.

Il y a une anecdote que j’aime bien raconter, qui concerne la chanson Airbag, qui ouvre le cultissime OK Computer de Radiohead, un de mes groupes préférés. Dans une interview, Thom Yorke, le chanteur, expliquait qu’ils avaient essayé d’imiter le style de DJ Shadow pour donner une sonorité particulière à la batterie, mais qu’ils s’étaient lamentablement plantés. Ils n’avaient pas réussi à imiter DJ Shadow, mais le résultat était intéressant et, finalement, c’est devenu leur propre truc, donc ils l’ont gardé. Le son de la batterie d’Airbag de Radiohead c’est juste, au final, une copie ratée de DJ Shadow.
J’aime bien cette explication, parce que, si je suis honnête avec moi-même, je peux analyser mes propres œuvres comme autant de copies ratées d’autres œuvres que j’aime bien : pas ratées dans le sens « c’est nul », mais plutôt dans le sens « je voulais faire pareil, mais j’ai tapé tellement à côté que ça n’est plus une copie mais un truc bien à moi ». Et en fait c’est logique, puisque c’est en regardant, en écoutant, en lisant d’autres artistes que j’ai eu envie de faire de l’art ! C’est en lisant Isaac Asimov que j’ai eu envie d’écrire de la SF ; en écoutant Linkin Park et Muse que j’ai eu envie de faire de la guitare ; en lisant Spirou, Kid Paddle et bien d’autres que j’ai eu envie de faire de la BD, etc. Et ce n’est sans doute pas un hasard si mes personnages de BD sont trapus avec les mains en arrière comme ceux de Kid Paddle, si mon style d’écriture de roman est souvent descriptif et sans fioritures comme celui d’Asimov, et je pourrais continuer. Pourtant, mes BD n’ont pas grand-chose en commun avec Kid Paddle, mes romans n’ont pas une parenté évidente avec Asimov, parce que malgré mes envies de « faire pareil », eh bien mes autres influences, ma propre histoire, mon identité en fait, tout cela a fait dévier la copie et a fait que mes œuvres ont pris leur propre chemin, sont devenues des œuvres à part entière.

Je sens qu’on pourrait me dire : « Mais Gee, toi qui passes ton temps à critiquer l’IA générative, est-ce que, en fait, ce n’est pas exactement ce qu’elle fait ? Copier tout un tas de trucs, de références communes, mais en faisant des erreurs pour créer quelque chose de nouveau ? ». Eh bien je ne suis pas d’accord. Quoi, ça vous étonne ? Non, je ne suis pas d’accord, principalement parce que la raison et le résultat de ces erreurs diffèrent radicalement et j’ai même l’intuition que c’est le cœur de la différence entre l’art généré par IA et l’art humain : là où nos propres erreurs sont dues à nos singularités, à ce petit quelque chose qui nous rend toutes et tous uniques, les erreurs de l’IA viennent au contraire d’un moyennage statistique qui donne une uniformisation et lisse les différences et les singularités au lieu d’en ajouter. Si je dois dessiner mon image de Paris, je ferai sans doute quelque chose de très lié à ma propre connaissance de la ville, les quelques lieux que j’ai beaucoup traversés, comme le chemin que je prends pour venir à ce studio depuis la Porte de Clignancourt, en longeant la ligne de tram. Alors qu’une IA générative sera infoutue de produire une image de Paris sans la Tour Eiffel, voire en en mettant plusieurs ! De même qu’elle affichera toujours 10 heures 10 sur les horloges parce que, statistiquement, toutes les images de boutiques d’horlogerie montrent des horloges à 10 heures 10.

Bref, mon point de vue sur l’histoire de l’art, c’est que c’est de copie ratée en copie ratée que nous avons fait vivre notre imaginaire collectif, depuis les premières légendes, les mythologies antiques, jusqu’à nos histoires modernes, nos séries télé, nos bouquins, nos BD. Chaque copie ratée étendant l’horizon des imaginaires en ajoutant à chaque fois les petites particularités des époques, des lieux, les singularités des hommes et des femmes qui ont écrit, dessiné, sculpté, filmé, là où l’IA générative rend notre horizon artistique toujours plus étroit, en moyennant tout vers le plus petit dénominateur commun, en produisant ces affiches aseptisées, toutes pareilles, lisses et sans singularité, dont les erreurs ne sont que statistiques. Avec, il faut bien l’avouer, un gigantesque biais vers la culture occidentale des 30 dernières années, celle qui domine sur Internet.

Pour conclure. Entre, d’un côté, un droit d’auteur inadapté et incapable de prendre en compte les problématiques liées au plagiat involontaire de façon satisfaisante, et, de l’autre côté, le raz-de-marrée de l’IA générative qui uniformise les productions audiovisuelles, il y a une place à défendre pour un imaginaire libre, foisonnant, qui repose sur l’enrichissement des communs par chacune et chacun de nous. Et cet imaginaire, auquel j’essaie modestement d’apporter ma pierre avec mes petits gribouillages et mes histoires rigolotes sous licence libre, je dois dire qu’il continue de me faire rêver et de me passionner ! J’espère que vous aussi !

Isabella Vanni : Quel dommage de devoir attendre 2026 pour entendre une autre chronique de Gee. Merci beaucoup.

Gee : Merci.

Isabella Vanni : J’en profite pour te souhaiter une très belle fin d’année.

Gee : À toi aussi.

Isabella Vanni : Nous approchons de la fin de l’émission nous allons terminer par quelques annonces

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Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre

Isabella Vanni : Les liens utiles concernant les annonces de fin sont sur la page consacrée à l’émission du jour, sur libreavous.org/264, ou dans les notes de l’épisode si vous écoutez en podcast.

La campagne de soutien financier de l’April se poursuit. Le prochain numéro de notre gazette, Le Lama déchaîné, sera publié demain, mercredi 17 décembre, avec une double participation de Gee. Cette fois, il n’a pas seulement réalisé le dessin humoristique d’illustration, mais il a aussi rédigé l’édito. Tu parles de la victoire du logiciel libre.

Gee : C’est ça. J’essaye d’être un petit peu optimiste, de parler des moments où le logiciel libre a déjà gagné en fait.

Isabella Vanni : Le Lama déchaîné est une publication qui nous permet à la fois de communiquer sur nos actions et de rappeler que nous avons besoin de votre soutien pour continuer à agir. N’hésitez pas à en parler autour de vous.

Vous souhaitez quitter Windows et passer à un système d’exploitation qui vous respecte et qui prolonge la vie de votre ordinateur ? Le portail « Adieu Windows, bonjour le Libre », géré par l’April, est fait pour vous. Retrouvez les événements près de chez vous, qui vous proposent de l’aide pour installer un système libre sur votre machine. Parlez-en autour de vous et à vos proches.

Parmi les événements référencés sur ce portail, « Adieu Windows, bonjour le Libre », vous trouverez par exemple le Premier Samedi du Libre, samedi 3 janvier 2026, de 14 heures à 18 heures au Carrefour numérique2 de la Cité des sciences et de l’industrie à Paris dans le 19e. À cette occasion, venez aider ou bien venez vous faire aider à installer et paramétrer des logiciels libres et toute distribution GNU/Linux ou Android avec les nombreuses associations présentes.

Du côté de la radio, Cause Commune vous propose chaque premier vendredi du mois, à partir de 19 heures 30, un rendez-vous convivial au studio, 22 rue Bernard Dimey dans le 18e. La première soirée de 2026 n’aura pas lieu le 2 janvier, il a été estimé qu’il n’y aurait pas beaucoup de monde vu la date. Elle aura donc lieu le vendredi suivant, 9 janvier 2026, à partir de 19 heures 30, au 22 rue Bernard Dimey.

Et je vous invite, comme d’habitude, à consulter le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org, pour trouver des événements en lien avec le logiciel libre ou la culture libre près de chez vous.

Notre émission se termine.

Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission : Rosario Etcheverry, Anouck Eychenne, Arnaud Vayssade, Jean-Christophe Becquet, Gee.
Aux manettes de la régie aujourd’hui, Frédéric Couchet.
Merci également aux personnes qui s’occupent de la post-production des podcasts : Élodie Déniel-Girodon, Lang 1, Julien Osman, ainsi que nos deux nouvelles recrues, Nicolas Graner et Sébastien Chopin, bénévoles à l’April, bienvenue à eux, et Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Merci aussi aux personnes qui découpent les podcasts complets des émissions en podcasts individuels par sujet : Quentin Gibeaux, Théocrite et Tunui, bénévoles à l’April, et Frédéric Couchet.
Merci également à Marie-Odile Morandi et au groupe Transcriptions qui permet d’avoir une version texte de toutes nos émissions.

Vous retrouverez sur notre site, libreavous.org/264, toutes les références utiles de l’émission de ce jour ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm, ou dans les notes de l’épisode si vous écoutez en podcast.

N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu, mais aussi des points d’amélioration, c’est très important pour nous.
Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission.
Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l’adresse bonjour chez libreavous.org.

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Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.
Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles.

La prochaine émission aura lieu en direct l’année prochaine, eh bien oui c’était la dernière émission de l’année 2025. Libre à vous ! sera de retour mardi 13 janvier, attention ce n’est pas ce n’est pas le tout 1er janvier, c’est le 13 janvier 2026 à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur C&F éditions.

Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée et aussi une belle fin d’année. On se retrouve en direct mardi 13 janvier et d’ici là, portez-vous bien.

Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.