L’emploi dans le domaine du logiciel libre - Carl Chenet

L’emploi avec le logiciel libre et open source

Aujourd’hui on va parler de l’emploi avec le logiciel libre et open source. Vous avez pu constater aujourd’hui que les technologies du Libre et de l’open source sont dans toutes les entreprises. On va parler un peu de ce phénomène. On va avoir une première partie plutôt orientée sur l’emploi. J’ai d’ailleurs quelques questions à vous poser. Une deuxième partie un peu sur le logiciel libre et l’open source et on va mixer tout ça pour avoir un contenu cohérent.
Petite question parce que je ne connais pas du tout le public face auquel je suis, qui a d’ailleurs l’air très sympathique : est-ce que vous avez déjà une activité professionnelle ? Vous n’hésitez pas à lever la main. D’accord, très bien. Qui a déjà fait un stage ? Très bien. Apprentissage ? D’accord. Très bien.
On va démarrer.

Carl Chenet

Je commence par me présenter. Je m’appelle Carl Chenet. Professionnellement je suis architecte d’infrastructures informatiques. Qu’est-ce que ça veut dire ? Je déploie des solutions d’infrastructure, que ce soit sur des architectures physiques, des architectures virtualisées ou maintenant dans le cloud qui permettent de faire tourner des services en ligne, qui permettent de faire tourner des sites web, ce type de choses.
J’ai fait mes débuts professionnels, salarié, autour de 2007, puis j’ai basculé en tant qu’indépendant en 2012 et, depuis 2012, je suis indépendant.
Le lien avec le logiciel libre s’est fait très rapidement pendant mes études et ça a continué à me passionner, j’ai toujours travaillé avec le logiciel libre et open source dans toute ma carrière professionnelle. Je suis devenu, autour de 2012 je crois, développeur Debian officiel, ça m’a permis de joindre un gros projet du logiciel libre, l’un des plus gros projets du monde, avec plus de 1000 développeurs Debian officiels dans le monde entier. Donc un très gros projet qui m’a permis d’avoir une très bonne vue du monde du logiciel libre.
À côté de ça, plus récemment, j’ai créé un média qui s’appelle le Journal du hacker [1]. Je ne sais pas si vous connaissez Hacker News [2] ou Reddit [3], c’est un peu le même principe mais en francophone, uniquement des articles francophones. Vous pouvez proposer des articles, ils seront diffusés largement sur le site web et aussi sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui le Journal du hacker a cinq ans, commence à être bien connu dans la communauté. On relaie des articles de tout type et ça plaît au public.
Autre activité on va dire en side project, je m’occupe du site d’emplois LinuxJobs.fr] [4], un site qui fait la promotion des offres d’emploi contenant du logiciel libre et de l’open source partout en France. On propose uniquement des offres d’emploi avec des technologies du logiciel libre et de l’open source, en majorité en tout cas avec ces technologies.

Au cours de cette présentation, pour vous montrer rapidement que j’ai été salarié puis indépendant, que grâce au site d’emplois je connais assez bien le monde professionnel, je vais essayer de vous parler de ça de manière complète aujourd’hui.
Précision importante : je ne suis pas du tout un conseiller d’orientation ou ce genre de chose, d’ailleurs j’ai eu plutôt de mauvaises aventures avec eux parce qu’à la base j’ai un bac littéraire. Après, pour rejoindre la filière, ça a été assez compliqué. J’imagine que certains d’entre vous ont l’idée, quand on affronte le système de l’Éducation nationale, de ce que ça peut donner.
Donc c’est plutôt en tant que personne expérimentée que je vais faire un retour aujourd’hui. C’est lié à mon expérience personnelle, professionnelle. Il peut y avoir des âneries, on peut en discuter, il n’y a pas de problème.
On n’est pas tant que ça. Si jamais vous avez des questions, n’hésitez pas à m’interrompre. Je suis accessible, ce n’est pas un cours magistral, je suis très heureux de vous parler, vous pouvez aussi me parler.

L’emploi

La carrière

On va commencer sur des considérations générales sur l’emploi. Peut-être que les plus jeunes d’entre vous n’en ont pas encore bien conscience, mais après les études, pendant les études et à la fin des études, vous commencez véritablement ce qu’on appelle une carrière, votre carrière professionnelle. Vous allez passer par des différents statuts, progressivement, on va en parler un peu plus loin. Ces statuts vous donnent donc, à chaque fois, une vision un peu différente du monde professionnel. Vous allez rencontrer différents acteurs dans le monde professionnel, on en parlera aussi, ces différents acteurs vont avoir des attentes vis-à-vis de vous et vous allez avoir des attentes vis-vis d’eux qui vont être différentes selon le statut.
Bien évidemment aussi le côté carrière. Il y a la progression dans votre carrière. La façon dont ça va se passer pour vous et, encore une fois, les attentes que l’on peut avoir vis-à-vis de vous.

Les différents statuts

On va commencer par un passage sur les différents statuts que vous allez connaître lors de votre progression de carrière. C’est pour ça qu’au début je vous posais la question pour savoir qui avait été stagiaire.
Le premier statut que vous avez, en général, dans votre vie professionnelle c’est stagiaire. Qu’est-ce qu’un stagiaire ? Un stagiaire c’est un étudiant, en tout cas quelqu’un qui dépend d’un centre de formation, qui va aller chez un employeur pour apprendre, très important apprendre, et effectuer des tâches que l’employeur peut trouver utiles pour sa société, pour son entreprise.
Il est vraiment très important de bien souligner qu’un stagiaire est là pour apprendre. Personnellement, je me suis retrouvé dans des stages où, en gros, on m’a dit « tiens, il y a eu ce problème hier soir, règle-le. D’ailleurs si tu le règles on te prend, si tu ne règles pas on ne te prend pas ! ». Niveau éducatif c’est un peu léger !
Le stagiaire est vraiment quelqu’un qui vient dans une entreprise, qui a des attentes d’éducation. L’entreprise est là pour tirer parti du travail du stagiaire, mais, en contre-partie, doit vraiment offrir un apprentissage réel, lui apprendre des choses et ne pas l’exploiter. Vous pouvez très bien faire la même tâche pendant six mois, vous n’aurez rien appris, votre rapport de stage va être vide, c’est un stage qu’on appelle les stages photocopie, qui n’ont strictement aucun intérêt. Le statut du stagiaire : vous attendez des choses de l’entreprise et l’entreprise des choses de vous ; c’est à double sens.
Malheureusement, en France, les stages sont assez mal considérés et pourtant la France emploie massivement des stagiaires, beaucoup plus que d’autres pays. Depuis quelques années il y a eu un changement sur la législation donc les stagiaires sont enfin rémunérés. Je crois que c’est autour de 500 euros, aujourd’hui, pour un temps plein. Ça reste léger, évidemment, mais c’est mieux qu’il y a quelques années. Personnellement, quand j’ai fait des stages, la base c’était d’être non rémunéré. Donc il y a eu une amélioration du statut, mais ça reste toujours assez précaire et assez mal vu dans la vie professionnelle. Certains recruteurs vont arriver et ne vont même pas regarder vos stages, vont dire que les stages ne les intéressent pas, ce qui les intéresse c’est ce qui vous faites après les stages, ce qui est un peu bizarre.

Le deuxième statut c’est apprenti, qui est un statut beaucoup plus intéressant. Vous êtes réellement employé dans l’entreprise. Qu’est-ce que ça veut dire employé dans l’entreprise ? Ça veut dire que vous continuez votre formation initiale au sein de votre centre de formation ; quand je dis centre de formation, ça peut être une université, ça peut être un centre de formation agréé, c’est très large, en tout cas un centre de formation qui vous délivre une formation et l’entreprise. Là où c’est différent c’est que vous êtes vraiment salarié, donc vous allez avoir un statut, on va dire social et au niveau du marché de l’emploi, différent. Vous allez cotiser pour le chômage, vous allez cotiser pour la retraite, vous allez avoir une rémunération supérieure, je crois que c’était 80 % du SMIC, c’est variable selon l’année de l’apprentissage, mais on est à 80 % du SMIC. C’est un statut qui est très bien, qui est très complet parce que vous restez plusieurs années dans la même entreprise, si ça se passe bien, donc vous avez vraiment une phase d’apprentissage qui va être supérieure aux stages, parce que, pour le stage de fin de cursus, vous allez rester six mois dans la même boîte. Six mois c’est bien, mais ce n’est pas non plus incroyable. Si vous restez en apprentissage trois ans au contact des mêmes personnes, des personnes qui vont vous aider, qui vont vous former, des gens plus expérimentés que vous dans la société, c’est vraiment bien. Je connais des personnes qui sont passées par l’apprentissage et ça s’est très bien pour elles. Ce sont des gens très capables, vraiment bien vus sur le marché. L’avantage c’est que, par exemple, si vous avez envie de faire un petit break à la fin, vous avez cotisé pour le chômage lorsque vous finissez votre apprentissage.
C’est un statut qui est assez peu connu en France, qui n’est pas assez pratiqué par rapport aux autres pays européens, mais qui offre vraiment des avantages non négligeables.

Maintenant on va parler du statut du salarié, qui va tous vous concerner à un moment où à un autre, sauf si vous décidez d’être indépendant directement, mais ça se fait rarement. Le salarié c’est le cas typique. Vous avez un employeur, il y a un lien de subordination avec cet employeur. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que vous lui devez certaines choses qui sont contractuellement définies dans ce qu’on appelle le contrat de travail. Vous devez délivrer ce pourquoi vous avez été embauché.
C’est le cas le plus typique, surtout en France. Les recruteurs de tout horizon cherchent des gens pour qu’ils soient salariés. Le cas typique, dans l’informatique encore aujourd’hui, même si c’est de moins en moins vrai, c’est salarié en CDI. Ça veut dire que vous allez être à temps plein, la norme reste encore le temps plein dans l’entreprise, que vous travaillez pour un seul employeur pour une durée non déterminée. Ce sont des choses qui peuvent aujourd’hui paraître quand même étonnantes. Personnellement, je ne suis jamais resté plus de deux ans dans une boîte. Quand on vous dit « temps indéterminé », il y a des gens qui passaient 10, 15 ans, 20 ans, qui faisaient carrière dans la même boîte, c’est de moins en moins vrai, mais c’est toujours le cas avec ce statut. En tout cas, c’est aujourd’hui ce que le marché de l’emploi recherche prioritairement, les salariés en CDI.
Il y a aussi le cas des CDD qui sont des contrats à durée déterminée, qui s’effectuent en général pour une raison : vous devez remplacer quelqu’un ou vous devez effectuer une tâche provisoire qui peut aller jusqu’à deux ans je crois. C’est beaucoup moins courant, même si je commence à voir des informaticiens qui sont en CDD, ça arrive. C’est un statut qui se fait quand même.

Et pour finir le statut d’indépendant. Le statut d’indépendant qu’est-ce que c’est ? Vous allez contracter un contrat de service, comme si vous étiez une entreprise, avec une autre entreprise. À partir de ça, vous allez définir certaines tâches que l’entreprise qu’on va appeler votre client attend de vous. Dans ce cas-là, ça va être, par exemple, une fourniture de services : réaliser un programme pour eux, maintenir une architecture et tout ça va être défini dans ce qu’on appelle un contrat de services. C’est un contrat qui dépend du droit du commerce, en fait, d’entreprise à entreprise, car vous représentez une entreprise.
C’est en général utilisé pour trouver une main d’œuvre soit qui est disponible plus rapidement, parce que le salarié en CDI va mettre six mois à quitter sa boîte, six mois à commencer dans une autre boîte, donc c’est un gros problème. Ça peut être pour des besoins temporaires. Ça peut être aussi pour des ressources, des gens ayant des capacités, connaissant des technologies très pointues, donc des gens qui ne vont pas se trouver facilement sur le marché de l’emploi en salarié. On va chercher ces gens pour qu’ils apportent une compétence très rapidement et résolvent des problèmes dans l’entreprise très rapidement.
Ça va être très différent du salarié. Le salarié, j’ai oublié de le dire tout à l’heure, touche une rémunération par mois. L’indépendant peut être payé à la tâche, peut être payé par jour, peut-être payé par heure — ça existe —, peut être payé tous les mois. Par contre, ça ne va pas être une rémunération, ce qu’il va toucher c’est vraiment une somme d’argent fixe, définie dans le contrat, qui sera pour lui du chiffre d’affaires comme si c’était une entreprise.

Il y a d’autres statuts qui existent, mais on va dire que, dans le monde de l’emploi, les plus courants c’est stagiaire, apprenti, salarié, indépendant.

Phases de carrière

Maintenant on va étudier rapidement les phases de carrière.
Qu’est-ce que sont les phases carrière ? C’est votre progression professionnelle. En dehors du statut qu’on vient de voir, vous n’allez pas avoir le même niveau de compétence toute votre carrière. Il est censé aller en s’améliorant du fait de l’expérience que vous prenez au fil des années. Il y a des personnes qui sont très bonnes très rapidement. J’ai vu des gens extrêmement bons qui n’avaient même pas fini leurs études, qui étaient bien meilleurs que les meilleurs professionnels que je connaissais, ce n’est pas forcément lié, mais, en général, on allie la progression de carrière à l’âge ou, tout simplement, à la durée de travail.
On va étudier un peu ces phases de carrière.

En considérant le statut de salarié, qui est le cas le plus courant dont je vous ai parlé tout à l’heure, un mot rapide sur la rémunération. C’est vraiment très rapide, ne le prenez pas au pied de la lettre, les situations sont extrêmement complexes. On va dire que pour un salarié dans l’informatique, bac + 5, en général on commence autour de 30 k€. Ça va varier, à Paris ça peut être 38, 40, en province ça peut être même moins si vous n’avez pas le choix, si vous êtes obligé d’aller chez un employeur qui est dans votre ville et que, pour des raisons, vous êtes obligé de travailler pour lui, la rémunération va être plus basse. Si jamais vous êtes un top lead, tech lead dans la blockchain, vous allez toucher 80 k€ en tant qu’expert super expérimenté.
Donc les rémunérations sont très variables et sont en rapport aux capacités que vous présentez, en tout cas aux compétences et à l’expérience que vous allez présenter à l’employeur.

La première phase de la carrière, l’une des premières phases possibles de la carrière, c’est débutant dans une grande entreprise.
Si on prend le cas d’un codeur, le codeur débutant dans une grande entreprise va se retrouver à faire relativement peu de choses, parce que ce qui caractérise une grande entreprise ce sont les process. Quand vous êtes dans une grande entreprise, vous tombez sous la loi des process. Qu’est-ce qu’un process ? Ce sont des réactions définies par rapport à une situation. Vous allez vous retrouver au sein d’un service informatique, vous allez soit développer une nouvelle application, soit maintenir une application existante, vous allez tomber dans la règle des process, des choses très définies. Vous pouvez, par exemple, ne faire que de la correction de bugs. Vous pouvez monter un nouveau projet mais, à priori, être seulement une petite pierre de l’édifice. Les grandes entreprises emploient beaucoup de gens, les tâches sont très réparties entre les gens. À priori, vous allez être un petit rouage avec un nombre de responsabilités, des choses qu’on attend de vous, assez faible ; c’est la caractéristique des grandes entreprises.

Par contre, le statut de débutant dans une petite entreprise est assez intéressant, en particulier pour les codeurs. En général vous allez arriver car ils ont besoin de compétences en interne et il y a très peu de gens qui peuvent répondre à ces besoins en interne. Vous allez avoir un domaine de responsabilités beaucoup plus grand beaucoup plus rapidement. On va vérifier que vous n’êtes pas un clown et, une fois qu’on a réalisé que vous pouvez faire l’affaire et que vous remplissez bien les tâches confiées, on va vous fournir de plus en plus de tâches, de plus en plus rapidement. C’est l’avantage des petites structures. Je parle d’entreprises, mais c‘es vrai même dans les plus petites structures de type associatif, on va rapidement vous fournir énormément de choses à faire et vous allez donc avoir une démarche personnelle d’auto-formation face aux problèmes qui vont se présenter, que votre collègue, par exemple si vous n’en avez qu’un, ne pourra pas régler. Donc on se retrouve très rapidement sous pression dans les petites entreprises avec beaucoup de choses à faire. C’est très formateur, c’est un peu plus compliqué à gérer au niveau émotionnel en général. Le cas typique ce sont les startups, mais il y a beaucoup d’autres exemples. Ça peut être une société bootstrappée qui marche très bien et dont l’informatique doit grandir très rapidement. Il y a beaucoup de cas de petites entreprises et ce qu’on peut en attendre, en tout cas au niveau de la formation, est très intéressant. Par contre, la rémunération va être beaucoup plus variable alors que dans les grands groupes c’est souvent beaucoup plus normé par rapport à votre profil. Ça peut être assez élevé dans les petites structures aussi. Il n’y a pas de cas exacts. On peut aussi vous proposer de participer à l’entreprise, vous donner des actions, des parts de l’entreprise en fait.

La deuxième vraie phase de carrière suivante ce sont les gens qui sont expérimentés, lorsque vous allez passer du statut de débutant au statut de personne expérimentée. Qu’est-ce qu’une personne expérimentée ? Une personne expérimentée c’est quelqu’un qui a déjà vu beaucoup de cas, qui a des compétences assez affinées, qui est capable de régler des problèmes complexes et, en général, qui va être capable de régler à peu près tous les problèmes qui vont se présenter à elle dans le cadre de son travail. Ça peut être une très bonne connaissance de la base de code de l’entreprise, ça peut être capable de régler tous les bugs qui se présentent régulièrement à elle. La personne expérimentée va être capable d’être quasiment indépendante, d’interagir, en tout cas indépendante au sein de sa sphère de responsabilité au sein de l’entreprise. Après, vous pouvez interagir avec d’autres personnes pour avoir des informations, travailler ensemble. En tout cas, la personne expérimentée va être capable, elle, dans son coin, dans sa sphère de responsabilité, de régler la plupart des problèmes qui se présenteront à elle. C’est ce qu’on attend d’une personne expérimentée. En général, le salaire ou le revenu, mais la plupart ce sont des salariés, donc le salaire est supérieur à celui de la personne débutante.

Le statut suivant c’est le senior. Le senior est vraiment très proche du statut de personne expérimentée, sauf que c’est quelqu’un qui, ayant vu différentes situations professionnelles, ayant une très bonne analyse de sa sphère de compétence ou une très bonne analyse de l’entreprise dans laquelle il est, va être capable de rajouter le rôle de lead. Ça va être, par exemple dans votre cas, un tech lead, quelqu’un qui va aider la société à prendre une direction, une stratégie technologique pour définir l’avenir de l’informatique, dans notre cas, de cette société. Il va prendre de grandes orientations. Il va décider que l’application doit migrer dans tel langage plutôt qu’un autre, il ne va pas être décisionnaire, le décisionnaire est le responsable informatique de la société, en tout cas il va définir les grandes orientations. De plus, il est capable d’assister tous ses collègues, ses collègues expérimentés et de leur permettre d’améliorer leur travail au quotidien, de les aider à réfléchir dans les nouvelles orientations qu’il propose et de voir si tout le monde est d’accord, dégager des consensus. C’est le rôle du senior. Le senior a vraiment un rôle qui ne se contente plus d’être quelqu’un qui exécute, mais il propose une nouvelle stratégie, par exemple informatique, pour l’entreprise.

Le dernier statut ce n’est pas vraiment dans la progression, ce n’est pas forcément dans la progression des phases au sein du monde de l’emploi, mais, en tout cas en France, c’est un peu obligatoire. En France, il y a une espèce de plafond de verre qui va vous plafonner au niveau des revenus, au niveau de votre salaire, à un moment ou à un autre. Pour citer mon exemple personnel, ça a été autour de 28, 29 ans, je voulais gagner 60 000 euros. Mon but c’était 60 000 euros bruts ce qui fait environ 4 000 euros nets. Je voulais ça avant mes 30 ans, c’était obligatoire. J’ai passé une trentaine d’entretiens et il y en 29 qui m’ont dit : « Vous n’avez pas l’âge, ce n’est pas normal, vous ne pouvez pas demander ça ». Je savais que j’avais les compétences, je voyais des gens plus âgés que moi qui l’avaient donc je trouvais ça inacceptable. C’est un exemple de plafond de verre et, à un moment, vous vous retrouverez forcément coincé dans une entreprise vis-à-vis de ce plafond de verre. Pourquoi ? Parce qu’au sein des entreprises françaises et, je pense, à peu près partout dans le monde aussi, à part des exceptions, les postes les plus rémunérateurs au sein des entreprises sont les postes de management. Si vous voulez accéder à ces postes-là, en général vous avez une progression de carrière effective, vous êtes passé en expérimenté, vous avez fait vos preuves dans l’entreprise et vous allez en bénéficier. Il y a plusieurs façons différentes : soit politique interne — vous avez un très bon rapport avec les décisionnaires de votre société —, soit vous avez fait vos preuves, ça suffit et on vous nomme directeur des systèmes d’information. Il y a plusieurs cas qui peuvent vous amener à intégrer le management de votre société et là, bien évidemment, c’est triste, mais les revenus vont être supérieurs à ceux des autres salariés qui se cantonnent à faire de la technique.
Donc c’est un statut, c’est une phase de carrière qu’on n’intègre pas forcément. Par exemple le management ne m’intéresse pas du tout, je n’étais pas du tout intéressé, donc j’ai fait autre chose, je vais en parler plus tard. Ça passionne d’autres personnes, elles en ont marre de la technique, elles ont fait 10 ans de technique, elles n’en peuvent plus, elles ont envie de voir d’autres choses dans leur carrière professionnelle et elles passent en management.
Ce n’est pas d’ailleurs forcément un bon mov au niveau carrière parce que le premier niveau de management, on va dire chef d’équipe, n’est pas forcément mieux rémunéré que lorsqu’on était technicien. Au début il va falloir faire ses preuves en management ou alors on est dans une société où il y a énormément de niveaux de management, dans ce cas-là les niveaux de rémunération ne vont pas forcément être beaucoup plus intéressants. Vous pouvez même freiner votre carrière si vous vous enfoncez dans un poste de management pendant 10 ans en espérant que la place au-dessus se libère et qu’elle ne se libère jamais ! Vos potes à côté, qui ont continué à faire de la technique, eux, auront atteint le plafond maximum de la rémunération qui sera peut-être plus élevé que le premier niveau de management de la boîte en question.
C’est vraiment une chose à laquelle il faut faire attention. Le management n’est pas forcément un mov ??? de carrière intéressant. En tout cas les plus grandes rémunérations, en tant que salarié en France, sont dans le management.

Maintenant, on va un peu parler du statut d’indépendant. Comme tout à l’heure on va parler un peu argent. Les indépendants, en France, à Paris en particulier qui est la situation que je connais le mieux, ça s’échelonne entre 400 euros et 800 euros par jour de chiffre d’affaires. Qu’est-ce que ça veut dire ? 400 euros évidemment en débutant, 800 euros soit en expertise avancée soit en senior reconnu, c’est du chiffre d’affaires. Qu’est-ce que ça veut dire ? On va vous donner 400 euros par jour, vous multipliez par 20 ça fait 8000, divisé par 2 pour les impôts, ça fait 4000 nets par mois. Vous allez toucher 4000 nets par mois. C’est plaisant, vous dites c’est bien, ça rapporte tout ça, mais il y a plusieurs choses qu’il faut prendre en compte : les congés ; le jour où vous voulez prendre des congés, eh bien vous n’êtes pas payé et, en plus, quand vous n’êtes pas payé, eh bien il n’y a pas d’argent qui tombe et ça va se répercuter le mois suivant ; vous devez payer des mutuelles, vous avez des cotisations d’entreprise. Vous avez beaucoup de frais qui tombent, donc il ne faut pas se fier uniquement au chiffre d’affaires et se dire « c’est incroyable, je touche 500 euros par jour, je me fais 5000 nets par mois », il y a beaucoup de choses qui peuvent entrer en compte, en particulier le jour où vous ne pourrez pas travailler un mois de suite, pour une raison particulière, vous vous êtes brûlé la main, vous êtes tombé dessus en faisant du foot. Ça peut aller très vite. Il faut bien avoir ça à l’esprit lorsqu’on est indépendant.

Les différentes phases de carrière en tant qu’indépendant ça passe directement par expérimenté. Les entreprises recherchent un indépendant qui soit immédiatement opérationnel ; tout indépendant doit être immédiatement opérationnel après, évidemment une phase d’adaptation à l’entreprise, ça peut être apprendre à connaître la base de code, pour un sys-admin apprendre l’infrastructure sur laquelle il va travailler. En tout cas, ce qu’attend l’entreprise c’est que vous soyez opérationnel le plus rapidement possible. Évidemment il y a des débutants, tout le monde est débutant un jour en indépendant, mais l’attente de l’entreprise vis-à-vis de vous est beaucoup plus haute qu’en salarié.

Encore une fois le même statut que celui qu’on a vu tout à l’heure pour les salariés en tant que senior. Le senior est quelqu’un qui va, en général, apporter une expérience et une expertise technique importante au sein de la société pour laquelle il est un free-lance. Ça peut être une société qui utilise les mêmes technologies depuis dix ans. Vous allez aider à mettre à jour la stack technique de la société, la rendre plus moderne. Vous pouvez aussi aider les personnes en interne à grimper en compétence sur ces technologies parce que vous connaissez bien, vous être capable d’adapter la base de code ou l’infrastructure de l’entreprise aux nouvelles technologies. On va attendre ça d’un senior indépendant.

Il y a un troisième niveau d’expertise technique qui est plus rare, on va même dire beaucoup plus rare, c’est l’expertise technique réelle. Qu’est-ce que j’entends par là ? Reconnue. Par exemple, vous voulez un développeur JavaScript [5] qui connaisse bien telle framework, eh bien ça va être l’un des cor contributors de ce framework JavaScript. Vous voulez un expert PostgreSQL [6], vous ne voulez pas seulement un expert PostgreSQL, vous voulez le mec qui a développé telle fonction dans PostgreSQL. C’est un niveau d’indépendant vraiment très important, des gens extrêmement spécialisés sur un aspect technique, qui vont apporter une plus-value très importante, qui vont travailler en général des périodes assez courtes, extrêmement bien rémunérées. Ça peut monter à 1200, 1 500 euros par jour, mais ils sont très rares, comme je vous le disais.

Après, pour l’indépendant, on va un peu plafonner au niveau des revenus, il n’y aura pas trop de possibilités d’évoluer au-delà de ça, sinon de créer une entreprise, ça veut dire, d’une manière générale, soit de mettre au point et de vendre un produit, soit, vous-même, d’embaucher et de faire travailler des gens pour vous. En tout cas on va sortir du cadre de l’indépendant, réellement indépendant, et on va faire grossir une structure ou mettre au point un produit qu’on va vendre pour déplacer ce plafond de revenus.

Les acteurs du marché de l’emploi

J’ai vu, tout à l’heure, que les profils étaient relativement variés, donc je pense que vous devez en avoir forcément déjà rencontré au cours de votre carrière.
Il y a plusieurs cas. Le cas le plus commun, celui qu’on connaît le mieux ce sont les entreprises qu’on attaque en direct, ça veut dire pour lesquelles on travaille en direct. On va être salarié, comme je l’ai dit tout à l’heure, on va avoir un contrat de travail avec cette société, un lien de subordination et des tâches que l’on doit accomplir en tant que salarié. On va être soumis au droit du travail, donc avoir un contrat de travail avec ces entreprises.
À ce sujet, je me permets de parler du contrat de travail. Le contrat de travail, comme l’indique le nom, est un contrat. Ça veut dire que la société qui arrive devant vous, qui vous présente un contrat de travail, qui vous dit « tu signes », ça ne se passe pas comme ça en fait. Vous avez le droit de contester et de modifier tout ce qui est dans le contrat de travail qui vous est présenté, dans le cadre de la loi évidemment ; ce que je veux dire c’est que le contrat est une négociation entre un employeur et un employé. Évidemment, lorsque vous vous retrouvez face à Atos, Thalès, des grosses boîtes comme ça, le service juridique se fiche un peu de ce qu’on pense, mais dans d’autres structures plus petites, plus flexibles, il faut vraiment prendre le temps d’étudier le contrat qui vous est mis sous les yeux. Si vous avez, par hasard, dans vos connaissances, un ami ou quelqu’un qui aime bien le droit, n’hésitez pas à lui faire relire, il y a des choses qui sont très abusives, que vous pourriez retirer. L’exemple le plus courant et qui nous intéresse tous dans le cadre du logiciel libre et de l’open source c’est évidemment tout ce qui concerne votre production logicielle. La production logicielle c’est ce que vous faites, ce que vous produisez en code, que ce soit sur les heures de travail ou que ce soit en dehors des heures de travail. À ma connaissance, le droit ne régit pas ce que vous faites en dehors des heures de travail au niveau du code, mais certaines entreprises n’hésitent pas à le mettre dans le contrat de travail. Est-ce que c’est une clause abusive ? À mon avis oui, mais je ne suis pas sûr, je préfère ne pas dire de bêtises ; c’est typiquement de genre de petites choses qui peut se retrouver dans le contrat de travail.
D’un autre côté vous pouvez très bien dire dans le contrat de travail « je travaille sur tel projet – le nom de votre projet personnel –, même si c’est sur les heures de travail, tout ce qui est produit concernant ce projet m’appartiendra et n’appartiendra pas à l’entreprise. » Si l’employeur est d’accord et signe, vous avez tout gagné. Bien sûr l’employeur aura son intérêt, on peut dire que c’est un projet qui est utilisé en interne, en tout cas c’est quelque chose que vous pouvez mettre dans le contrat de travail. Il ne suffit pas de juste se baser par rapport à ce qui vous est présenté, vous pouvez très bien contester cet aspect du contrat de travail.

Maintenant les entreprises en direct en tant qu’indépendant, pour les indépendants c’est de loin le plus intéressant. On va se retrouver avec une entreprise qui va, chaque mois, nous régler une facture. C’est une entreprise qui est votre client. Vous, en tant qu’indépendant, vous êtes le prestataire. Donc c’est un rapport, une relation client-prestataire directe. Vous allez, chaque mois, produire une facture, l’envoyer à l’entreprise, la présenter au service comptabilité, et elle vous sera réglée dans les termes qui sont définis dans le contrat que vous avez avec cette entreprise, qui n’est pas un contrat de travail, qui est un contrat de prestation de service. Si, par exemple, vous avez défini dans le contrat de service que vous êtes payé à présentation de facture, vous présentez une facture pour le mois courant de 15 000 euros et normalement, deux jours après, sur votre compte société, vous avez les 15 000 euros.
Le fait de travailler en direct avec une entreprise en tant qu’indépendant est, on va dire, en général, la meilleure des situations. Il y a quelques exceptions quand vous travaillez avec des grands groupes qui ont des services achats vraiment très compliqués et très embêtants au niveau de la paperasse, mais en général, quand vous travaillez en direct avec une société, ça évite en particulier les intermédiaires, sachant que dans le monde du commerce tous les intermédiaires prennent toujours une marge. Si vous passez par un intermédiaire, l’intermédiaire prendra sa marge. Donc le cas le plus intéressant en tant qu’indépendant c’est, en général, de passer en direct et de travailler en direct avec les entreprises.

On aborde un sujet, sans doute l’acteur du monde de l’emploi qui est extrêmement présent en France, ce sont ce qu’on appelle les ESN, Entreprises de services du numérique, ex SS2I. Qu’est-ce que c’est que ces sociétés ? Ce sont des sociétés qui ont regroupé des ressources, en particulier des ressources informatiques, et qui étaient capables de répondre à des besoins d’autres sociétés. Par exemple une société qui faisait du fromage avait besoin d’un site web, elles arrivaient, elles étaient capables de réaliser un site web, ça durait six mois, huit mois, un an, et après elles repartaient, tout le monde repartait. C’est le modèle qui aurait dû être le modèle classique, mais ça ne s’est pas avéré comme ça. Comme ces sociétés ont eu souvent un rôle d’intermédiaire, elles ont commencé à exploiter ce rôle d’intermédiaire et,quasiment, à remplacer tous les salariés qui auraient dû être directement employés par l’entreprise. Ces entreprises ont commencé à jouer le rôle vraiment de DSI au sein de gros groupes. En fait, c’est une manière de contourner le droit du travail. C’est une situation qui est illégale, mais qui s’est beaucoup présentée il y a quelques années, on va dire en particulier dix ans. Il y a dix ans, ces sociétés-là étaient appelées SS2I, sociétés de services en ingénierie informatique. Il y a quelques années il y a eu un changement de nom, on se demande pourquoi, ça vient sûrement du syndicat des SS2I !, il s’est transformé en ESN. Dans le milieu de l’informatique ça a bien fait rigoler parce qu’elles avaient vraiment une très mauvaise réputation, dans le sens où ce sont des sociétés qui ont commencé à faire du volume. Vous aviez un grand groupe qui avait besoin de 100 personnes. Elles ont commencé à niveler les salaires des 100 personnes, ça veut dire qu’elles embauchaient des gens toujours au même prix, que vous soyez un expert ou que vous soyez un débutant ; c’est bien pour les débutants mais pour les experts ça devient beaucoup plus compliqué. Bien sûr ça tirait les tarifs vers le bas parce que quand une société fait des chèques de plusieurs millions d’euros par an ou plusieurs centaines de milliers d’euros par mois, elle peut, en tant que client, tirer les prix vers le bas.
C’est un aspect des entreprises de services du numérique, ex SS2I, qui a vraiment fait que pendant longtemps – c’est toujours le cas en partie mais moins, il y a quand même un peu moins d’abus actuellement – ça a terni assez durablement leur réputation. Après, je ne mets pas tout le monde dans le même panier, il y a vraiment des entreprises de services du numérique qui viennent remplir des tâches ponctuelles au sein de gros groupes qui n’ont pas les compétences. Un groupe n’est pas obligé d’avoir les compétences en interne, c’est sûr. Donc il y a vraiment un rôle pour ces sociétés, le problème c’est qu’il a souvent été dévoyé, mais ce n’est pas toujours le cas bien sûr.

Le troisième acteur assez important, ce sont les cabinets de placement d’indépendants. Tout simplement, ils ont à peu près le même rôle que les entreprises de services du numérique, sauf que c’est pour les indépendants. Ça va être aussi beaucoup plus léger. J’ai oublié de le préciser, dans les entreprises de services du numérique vous allez être employé par l’entreprise de services du numérique, donc contrat de travail, tout ça, elle est censée vous assurer un plan de carrière, gérer votre carrière, vous assurer le bien-être. Les cabinets de placement d’indépendants c’est très différent, ça va être juste un intermédiaire qui va empocher l’argent que lui donne le client final, donc les entreprises qu’on a vues en premier, et ce cabinet de placement d’indépendants va vous donner une mission que vous allez faire au sein d’une entreprise. Un contrat triparti de commerce va se mettre en place entre le cabinet de placement, vous et l’entreprise. Vous allez un contrat de commerce, de prestation impliquant trois parties.
On a beaucoup de cabinets d’indépendants classiques. Qu’est-ce que sont les cabinets de placement d’indépendants classiques ? Ce sont des cabinets qui, dès qu’ils vont voir votre CV quelque part, vont vous appeler au téléphone, ils vont vous appeler dix fois, ils vont assurer un entretien physique auprès du client, le mec va venir avec vous, il veut que tout soit carré, tout bien fait pour être sûr, après, de toucher sa prime tous les mois.

Le deuxième aspect qui est beaucoup plus récent, qui existe maintenant, ce sont les cabinets de placement d’indépendants en ligne. C’est assez différent. Le système va être qu’un site web, un service en ligne, va assurer à peu près le même service qu’un cabinet de placement d’indépendants. L’exemple assez connu c’est Malt [7], malt.fr, c’est un site web qui va vraiment mettre en relation quelqu’un qui a un besoin et l’indépendant derrière. Eux vont prendre une marge sur la prestation que vous effectuez. C’est vraiment la version en ligne du cabinet de placement d’indépendants.

L’acteur suivant sur le marché de l’emploi, ce sont les sites d’affichage d’annonces d’emploi, donc monster.fr [8], Welcome to the Jungle [9]. Il y a beaucoup de sites comme ça qui affichent des offres d’emploi et qui mettent en relation le candidat et la société qui veut faire une embauche. Je cite évidemment ma chapelle, LinuxJobs.fr. Ce sont des sites sur lesquels, le plus souvent, vous pouvez choisir par spécialité – si vous êtes développeur, si vous êtes sys-admin, si vous faites du réseau – soit par ville, vous pouvez choisir Paris, Bordeaux, Marseille, quand les sites le supportent. Le but des jobboards en anglais, des sites d’affichage d’offres d’emplois, va être de diffuser le plus largement possible les annonces d’emplois qui lui sont données par les entreprises, ça va passer évidemment par le Web, par le référencement, évidemment aujourd’hui par les réseaux sociaux.

Le dernier acteur que je voulais signaler est un acteur américain, LinkedIn [10], qui est un réseau social, apparemment il se définit différemment aujourd’hui, qui permet, en fait, de regrouper tous les acteurs du monde de l’emploi, tout ce qu’on a vu – salariés, indépendants, les entreprises, les recruteurs de tout type – au sein d’un même site et on va pouvoir échanger selon les groupes de gens et les intérêts de chacun. J’étais assez anti-LinkedIn pendant assez longtemps, mais force est de constater que si vous recherchez des missions d’une manière assez régulière, donc pour les indépendants c’est très intéressant, LinkedIn est quand même d’une aide quoi qu’il arrive, tout simplement parce que les principaux acteurs du marché de l’emploi, les entreprises et les représentants des entreprises, c’est-à-dire les recruteurs, l’utilisent massivement. Ce sont des gens qui ne se posent pas de questions, ils vont sur LinkedIn, ils publient des annonces, ils vont faire des recherches par profil, ils vont voir si votre profil est dedans ; moi j’ai été contacté un nombre de fois incalculable grâce à ça. C’est quelque chose d’extrêmement centralisé, même si c’est un acteur qui est aujourd’hui quasi incontournable. Bien sûr vous pouvez trouver du travail sans LinkedIn, il n’y a pas de souci, mais se fermer la porte de LinkedIn c’est quand même se fermer la porte à de nombreuses opportunités.

Le logiciel libre et l’open source dans l’entreprise

On va aborder la deuxième partie vraiment de cette présentation, on va parler du logiciel libre et open source dans l’entreprise.
Avant ça, pour vous réveiller un peu aussi parce que j’ai beaucoup parlé, je vais avoir des petites questions.
Quelqu’un ou combien ont déjà contribué à un logiciel libre ou open source ? J’en ai vu un, peut-être deux. Vous êtes très minoritaires.
Quand je dis logiciel libre ou open source, vous avez une idée précise de ce dont il s’agit ? À peu près ? Très bien.

Le logiciel libre et l’open source dans l’entreprise.
C’est un rapport un peu particulier qui s’est établi, parce que ça n’a pas toujours été le cas en fait. Pendant très longtemps, beaucoup plus jeune, avant les années 2000 et au début des années 2000, le logiciel libre et l’open source étaient assez mal vus en entreprise. Par exemple pour Linux, Linux a très longtemps été cantonné au monde des opérateurs, des hébergeurs. Ça a mis vraiment très longtemps. Les technologies Microsoft étaient pendant très longtemps dominantes sur le marché de l’emploi, ou Oracle, il y avait vraiment des gros acteurs et le logiciel libre et l’open source étaient très mal considérés. Donc le logiciel libre et l’open source ont existé pendant très longtemps en dehors du monde de l’entreprise et ce à quoi on a assisté peu à peu a été une inclusion du logiciel libre et de l’open source dans l’entreprise, même des entreprises qui étaient extrêmement réfractaires à la base évidemment. Évidemment le cas Microsoft est flagrant puisqu’il ne faut pas oublier que le précédent PDG de Microsoft a quand même déclaré plusieurs fois que le logiciel libre, et en particulier Linux, étaient des ennemis.

Public : Il a dit c’est le cancer.

Carl Chenet : C’est le cancer, a-t-il dit.

Public : On parle de Bill Gates.

Carl Chenet : Non, Steve Ballmer je crois, si je me souviens.
C’est un cas anecdotique, mais pendant très longtemps dans le monde de l’emploi, le monde professionnel, le logiciel libre et l’open source étaient extrêmement mal considérés. Ce que vous vivez, ce que vous avez la chance de vivre aujourd’hui en utilisant massivement des technologies libres et open source, on peut parler du JavaScript, du Python [11], Ruby [12] pour les codeurs, pour les sys-admin Linux [13], Debian [14], qui sont aujourd’hui vraiment présents partout, c’est une situation relativement récente.

Quelques exemples.
La commande grep est inventée en 1974, la première version ; Emacs [15] date de 1984 ; les premières versions de GCC [16], le compilateur, datent de 1987, donc vraiment vous voyez qu’il y a un gap entre ce moment-là et les années 2000 et ça a même duré un peu après les années 2000, très important, où le logiciel libre a été complètement en dehors du circuit de l’emploi et du monde professionnel. On n’est pas forcément au courant de ces choses, c’est pour ça que j’aime bien mettre une petite couche dessus.

Un aspect très important du logiciel libre, c’est l’artisanat. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que vous en tant que professionnel ou futur professionnel du monde du logiciel libre, en tout cas en utilisant des outils du logiciel libre, vous allez vous baser sur des outils qui ont évolué. Par exemple grep en 1974, le grep d’hier, ce n’est pas le grep d’aujourd’hui et c’est pareil pour tout. J’ai commencé le Python, dix ans après ça n’a plus rien à voir.
Vous bénéficiez, en fait, du travail de vos aînés, des gens qui ont travaillé avant vous, qui ont eu des problèmes et vous allez commencer, vous, à vous former par rapport à ça. Vous allez vous former par rapport à quoi ? Par rapport à vos problèmes, vous allez chercher des solutions à vos problèmes et ces solutions se trouvent en général dans des bases de connaissances ; on parle, de manière générale, de forums, Stack Overflow [17], des bacs de connaissances, des gens qui, vous avant, ont rencontré les mêmes problèmes que et qui ont amélioré les outils. En fait, on entre vraiment dans une démarche comme ça, un peu de compagnonnage, d’artisanat, qu’on va ressentir et qu’on utilise au quotidien. Je tape quatre/cinq fois un message d’erreur par jour, je bénéficie de ce qui a été fait avant moi. C’est vraiment un apprentissage par l’erreur et un apprentissage par les pairs qui est très important.
Il y a vraiment cette part d’artisanat que vous allez ressentir. Vous allez aussi, au sein de l’entreprise, vous baser sur le travail des gens plus expérimentés que vous, qui vont vous donner des informations sur les logiciels que vous utilisez. C’est souvent un apprentissage par échanges entre les gens, c’est un aspect qui est vraiment fondamental dans le logiciel libre. Le fait d’échanger via des forums, via des messageries instantanées, je ne sais pas si vous utilisez par exemple IRC [18], qui a été massivement utilisé par les libristes pendant des années et des années. Il y a vraiment un échange avec ses pairs et un travail de la communauté qui permet cette démarche progressive pour acquérir les connaissances et intégrer cette communauté.

Un aspect important aussi du logiciel libre, peut-être plus dans le logiciel libre que dans l’open source, ça va être l’éthique.
Comme je l’ai montré, l’idée du logiciel libre et l’idée du partage, chose qui est nouvelle quand même, est beaucoup plus vieille que souvent on le pense. Elle a formé un corpus d’idées qu’on retrouve aujourd’hui, qui se sont avérées des méthodes de travail extrêmement efficaces pour l’entreprise. Par exemple la transparence, le fait d’étudier ensemble des morceaux de code, le fait d’échanger des informations, ce n’était pas gagné du tout il y a quelques années dans le monde de l’entreprise. Pas du tout ! Cette manière collaborative de travailler, de manière ouverte, en partageant les sources, en partageant les problèmes, en faisant des bases de données, des bases de connaissances ouvertes, il y a des logiciels propriétaires dont les bases de connaissances sont toujours fermées aujourd’hui.
Aujourd’hui c’est de l’acquis mais pendant très longtemps, dans le monde professionnel, ça n’a pas du tout été acquis, les entreprises ne fonctionnaient pas du tout comme ça. Vous pouviez avoir deux services de la même entreprise qui n’échangeaient d’informations. Aujourd’hui, le monde du logiciel libre a vraiment apporté une manière collaborative de travailler, participative, qui, à la base, ne vient pas du monde de l’entreprise. Par exemple, quand les gens développaient Debian, vous aviez quelqu’un en Allemagne, quelqu’un aux US, quelqu’un au Japon qui échangeaient via des e-mails, les e-mails étaient publics, on pouvait accéder, l’information était vraiment partagée. Cet esprit d’entraide, d’échange et d’artisanat vient vraiment des valeurs du monde du logiciel libre et de l’open source, surtout du logiciel libre.

Enfin la contribution. La contribution c’est quelque chose d’extrêmement important, c’est pour ça que j’ai posé la question tout à l’heure. En général, dans le logiciel libre, on commence toujours par prendre, on prend beaucoup, on prend, on acquiert et puis un jour on a un problème et ce problème il faut le fixer dans le code. Par exemple, dans le code d’un framework JavaScript, on va proposer une amélioration, donc on va contribuer au pot commun du code en proposant une amélioration. Et cet aspect contribution est extrêmement important pour le logiciel libre, parce que c’est comme ça que se forme la base de code et la base de connaissances que nous utilisons tous aujourd’hui et au quotidien.

Pourquoi l’entreprise et pourquoi les entreprises doivent contribuer au logiciel libre ?

Déjà ce n’est pas facile parce que, comme je dis, on est dans une phase de transition où de plus en plus d’entreprises ont conscience que c’est utile, mais pendant très longtemps il y a beaucoup de sociétés qui ne voyaient pas du tout l’intérêt. Elles prenaient, elles prenaient, elles prenaient et ça leur suffisait. C’est vrai que ça marche bien dans la plupart des cas. Le problème c’est qu’on entre dans un cercle qui est non vertueux, surtout que les entreprises ont des caractéristiques qui sont quand même assez intéressantes.
La première c’est que, aujourd’hui, beaucoup d’entreprises reposent sur des stacks techniques qui sont entièrement faits de logiciels libres. Donc, quelque part, le cœur de ces entreprises, en tout cas du SI, du système d’information, est composé de logiciels libres.
Le deuxième point qui est très important c’est qu’elles génèrent de l’argent. Elles font beaucoup d’argent grâce au logiciel libre, donc, quelque part, si elles sont propulsées par le logiciel libre et qu’elles génèrent de l’argent, elles peuvent dégager un budget pour ce logiciel libre. Ce budget pour le logiciel libre peut s’utiliser de plusieurs manières différentes, en tout cas il peut redonner de l’argent à la communauté sous forme de travail des salariés en interne, sous forme d’appel à la prestation de spécialistes du logiciel libre ou d’organisations de salons professionnels, de salons de communautés du logiciel libre, plein de choses qui sont envisageables. En tout cas, quand vous générez de l’argent avec le logiciel libre, il est relativement logique d’en consacrer une part à reverser au logiciel libre pour améliorer des choses qui vont revenir vers vous de toute façon.
Comme je disais tout à l’heure, prendre sans contribuer est nocif au modèle. En effet, si vous aspirez continuellement, que vous ne reversez jamais rien au sein du logiciel libre alors que vous générez beaucoup d’argent avec, c’est un vrai problème parce que, tout simplement, vous allez un peu à l’encontre du modèle et c’est vous tirer vous-même une balle dans le pied si votre infrastructure repose sur du logiciel libre.

Il y a plusieurs cas possibles pour la contribution des entreprises au logiciel libre, comme je disais.
Au début certaines qui voient l’intérêt de contribuer et d’autres ne voient pas l’intérêt de contribuer. Il y a plusieurs manières d’aborder le problème lorsque vous êtes dans une entreprise. Vous pouvez essayer de vendre ça à votre hiérarchie, vendre de contribuer au logiciel libre à votre hiérarchie, et vous allez sûrement être entendu par le premier échelon mais ensuite ça va être beaucoup plus compliqué. Par contre, vous pouvez trouver des alliés en interne. Par exemple, on s’est aperçu qu’utiliser le logiciel libre c’est très intéressant au niveau marketing. Quand vous publiez des articles sur Kubernetes [19], quand vous publiez des articles sur tel stack JavaScript et que vous les rendez publics, ça va attirer l’attention sur la société, donc déjà le service marketing va être intéressé par votre démarche.
Ensuite il y a les ressources humaines, les gens qui embauchent. Eux ont besoin d’informaticiens et ils se disent « si jamais on parle de logiciel libre sur notre blog, si jamais on rend public du code, eh bien on va pouvoir attirer en interne des gens que ce code aurait intéressé ».

Un exemple assez courant de la contribution c’est contribuer par la publication de code. Une entreprise va rendre public un code qu’elle utilise en interne et qu’elle trouve intéressant à offrir à la communauté, en tout cas à partager à la communauté. Elle peut tirer des bénéfices, comme je disais des bénéfices au niveau de la visibilité, les gens vont associer ce logiciel à l’entreprise, ça peut intéresser des ressources qui viendraient travailler en interne.
Pour conclure sur la contribution, le rôle que vous pouvez avoir auprès des entreprises, quand vous le pouvez évidemment, ce n’est pas toujours le cas, c’est potentiellement d’être moteur, de faire comprendre à l’entreprise qu’elle a un intérêt à contribuer à la communauté. Évidemment des sociétés vont être extrêmement réfractaires, d’autres ouvertes. Vous pouvez, en tant qu’employé dans une entreprise, pousser à montrer l’intérêt du logiciel libre et les bienfaits, en tout cas les choses intéressantes qui peuvent retomber pour la société. Les sociétés sont extrêmement pragmatiques, si elles n’ont pas d’intérêt à contribuer, elles ne vont pas contribuer. Par contre, si elles comprennent qu’elles ont un intérêt à contribuer, c’est souvent de la politique interne, c’est quelque chose qu’elles peuvent faire très naturellement. Aujourd’hui on voit qu’énormément d’entreprises participent de plus en plus au monde du logiciel libre et open source.

Les évolutions récentes de l’emploi

Je vais enchaîner avec les évolutions récentes de l’emploi, donc des choses qui vont vous intéresser, pour les plus jeunes d’entre vous, parce que les formes de l’emploi ont beaucoup évolué ces derniers temps, vous allez comprendre tout de suite ce dont je veux parler. C’est une évolution qui perturbe un peu les entreprises. Certaines entreprises ont pris le coche très rapidement, d’autres pas encore.
La grosse perturbation récente de l’emploi c’est le télétravail, évidemment, que ce soit à temps partiel ou temps complet. Il ne faut pas se le cacher, ça a choqué complètement les entreprises, l’organisation interne des entreprises. Le télétravail partiel est assez facile à trouver maintenant, un jour par semaine ça se fait de plus en plus dans les groupes moyens, dans les grands groupes, même si c’est encore mal vu, on se dit que c’est le jour où le mec va se reposer en interne, ce qui est très dommage, mais c’est le cas. C’est quelque chose qu’on trouve de plus en plus souvent.
Le télétravail à temps complet, par contre, est encore très rare ; il se trouve, je l’ai rencontré, je sors d’une mission où les locaux étaient basés à Paris et ils employaient des gens à Rennes ; c’était la même société et on ne travaillait qu’à distance. Aujourd’hui la manière de travailler apportée par le logiciel libre et l’open source est présente, les outils sont là, Git [20], un GitLab [21], un GitHub [22], une messagerie instantanée type Rocket.Chat [23] ou Slack pour le monde propriétaire. Les outils sont là, donc on peut vraiment s’en servir.

Je passe rapidement sur le temps partiel. En tant que salarié c’est encore très difficile, travailler aux 4/5e, aux 3/5e, ça se fait, ça existe, mais c’est encore extrêmement mal vu, c’est un critère assez discriminant à l’embauche. Si vous le présentez il faut en parler tout de suite et on vous dit oui ou non immédiatement. Il ne faut pas espérer, si ce n’est pas dans l’ADN de la boîte de donner du temps partiel ça existe assez rarement, mais ça évolue, la situation évolue.

Le troisième point c’est le nomadisme. Ça concerne quand même beaucoup plus les indépendants, en général des jeunes qui veulent faire le tour du monde ou qui veulent changer de pays assez fréquemment. Je cite Bali parce que tous les nomades passent par Bali un jour ou l’autre. Vous trouverez des dizaines et des dizaines de vidéos sur YouTube de nomades qui font leur trip à Bali. Ça concerne quand même beaucoup plus les indépendants qui ont une énorme flexibilité. Un indépendant peut travailler ou ne pas travailler, remplir des petites missions courtes de dix jours, tout faire par Internet pour remplir ses missions. Le cadre de travail des nomades va être plutôt à la mission, donc plutôt pour les indépendants que pour les salariés. Il y a quelques salariés qui ont évidemment la chance d’avoir un employeur qui a des sociétés entièrement décentralisées et asynchrones, c’est très important, puisque les fuseaux horaires changent. Ça donne décentralisé et asynchrone, mais c’est quand même encore assez rare.

Pour conclure sur les indépendants, les gens qui, évidemment, commencent par autoentrepreneur ou qui deviennent indépendants, la manière de travailler des indépendants est une part grandissante de l’emploi, même en informatique. À une époque le salarié en CDI était le roi ; dans les années 2000 il ne fallait pas espérer être autre chose, la part des indépendants était très petite. Elle a beaucoup augmenté.

En guise de conclusion

On a vraiment une transformation du classique CDI, on vient d’en parler. Aujourd’hui le CDI est de moins en moins courant. Je vois beaucoup d’informaticiens qui démarrent en CDD, ça existe, le CDI en salarié est encore dominant pour les informaticiens, mais ça change beaucoup. Si on ajoute à ça les autoentrepreneurs, les indépendants, la forme de l’emploi évolue beaucoup aujourd’hui, il faut donc savoir un peu vers quoi viser, parce qu’il est facile de se laisser entraîner à être indépendant. Indépendant c’est très séduisant, vous pouvez travailler quand vous voulez. Il y a des avantages, des inconvénients : quand vous travaillez vous gagnez beaucoup d’argent d’un coup et vous pouvez arrêter de travailler six mois dans l’année, le statut est assez plaisant, mais on peut aussi s’enfermer dans une certaine précarité, c’est possible. Donc il faut vraiment savoir, vous, vers quoi vous voulez vous diriger.
Autre chose, il est beaucoup plus facile qu’à d’autres époques de passer d’un statut à l’autre. Il y a 10/15 ans, plus de 15 ans, devenir indépendant était beaucoup plus compliqué qu’aujourd’hui ; pour créer une entreprise il fallait avoir de l’argent de côté et il y avait beaucoup plus de risques associés à l’entrepreneuriat. Le risque associé à l’entrepreneuriat s’est quand même réduit, il est de plus en plus facile de passer d’un statut à l’autre. Beaucoup de salariés passent en indépendant et reviennent salarié, c’est quelque chose de très courant.

Comme on l’a dit les FOSS [Free and open source software], les logiciels libres et open source, sont au cœur du numérique actuel, on les retrouve vraiment partout. J’imagine que vous êtes tous formés, aujourd’hui, sur des technologies libres et open source en tant que développeurs informaticiens, sys-admins. Pour moi, par exemple, ça n’a pas été le cas, lorsque j’ai été formé à la fac j’utilisais une minorité de logiciels libres. Le fait qu’aujourd’hui les méthodes de travail, la contribution, l’artisanat par l’échange d’informations qui a été amené par la manière de travailler des projets du logiciel libre, sont quelque chose qui a complètement révolutionné la façon de travailler professionnelle.

Enfin, un point qui sera notre transition vers le débat, si certains souhaitent participer : l’éthique est aujourd’hui un point qui va devenir de plus en plus gênant. Je ne sais pas si vous suivez bien l’actualité, mais si on parle de Facebook, si on parle de grands réseaux sociaux, il y a une utilisation des données personnelles, de la vie privée, donc la mise en danger des libertés individuelles qui est de plus en plus facilitée par la grande concentration des masses de données, par le fait qu’on publie, vous et moi, de plus en plus de données de manière publique sur le Web ou sur Internet et qui sont réutilisées par des sociétés qui en tirent avantage.
Aujourd’hui vous êtes de futurs professionnels d’un monde où les données vont avoir une importance de plus en plus grande et on ne parle pas assez d’éthique dans l’informatique. Des métiers traditionnels, avocat, expert-comptable, médecin, ont une éthique qui est définie par leur corps de métier. Elle a été formée par l’évolution de leur métier, par les cas qui se sont présentés à eux, par exemple les médecins se sont retrouvés devant des dilemmes énormes. Nous, dans l’informatique, c’est ce qu’on est en train de rencontrer aujourd’hui. Le grand public est de plus en plus sensible à ces questions, peut-être qu’il ne réagit pas encore comme il faut, mais il est de plus en plus sensible. Il ne se passe pas une journée sans qu’on parle d’une mise en danger des libertés individuelles et de révélations sur la vie privée. L’éthique est vraiment un aspect de notre métier qui augmente et qui va nous concerner de plus en plus, car les enjeux qui sont autour de cette éthique vont vraiment nous concerner, surtout vous qui êtes les futurs professionnels de demain.
Merci.

[Applaudissements]