Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Étienne Gonnu : Bonjour à toutes, bonjour à tous et bienvenue dans Libre à vous !. C’est le moment que vous avez choisi pour vous offrir une heure trente d’informations et d’échanges sur les libertés informatiques et également de la musique libre.
La plateforme PDP Libre, une réponse communautaire à la réforme de la facturation électronique, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Également au programme, l’ordinateur quantique, et, en fin d’émission, Adieu Windows.
Soyez les bienvenu·es pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Étienne Gonnu, chargé de mission affaires publiques pour l’April.
Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.
Nous sommes mardi 21 octobre 2025.
Nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
À la réalisation de l’émission Julie Chaumard, qui a eu une mise en place compliquée, quelques problèmes techniques à régler, mais elle gère, comme d’habitude. Salut Julie.
Julie Chaumard : Oui. On a bien démarré. Bonne émission à tous.
Étienne Gonnu : Nous vous souhaitons une excellente écoute.
[Jingle]
Chronique « Le truc que (presque) personne n’a vraiment compris mais qui nous concerne toutes et tous », de Benjamin Bellamy : L’ordinateur quantique
Étienne Gonnu : C’est l’heure du truc que presque personne n’a vraiment compris mais qui nous concerne toutes et tous, la chronique de Benjamin Bellamy et aujourd’hui, Benjamin, tu veux nous parler d’ordinateur quantique.
Benjamin Bellamy : Et oui, car l’heure est grave. Figurez-vous qu’aux Assises de la cybersécurité l’ANSSI a tiré la sonnette d’alarme, rien de moins. L’ANSSI c’est l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, c’est vous dire si ce sont des gens sérieux.
Étienne Gonnu : Ça fait peur. Pourquoi l’ANSSI tire-t-elle la sonnette d’alarme ?
Benjamin Bellamy : Parce que nous sommes au bord du gouffre, le précipice est déjà là : l’ordinateur quantique est à deux doigts de casser tous nos codes, mots de passe, bye-bye chiffrement. Dit comme ça, ça pourrait faire penser à un mauvais film des années 90, eh bien pas du tout, ça m’a fait penser à un excellent film des années 90, Les Experts, sorti en 1992 – Sneakers en VO –, avec Robert Redford, Sidney Poitier, Dan Aykroyd et Ben Kingsley, dans lequel un groupe d’experts excelle dans les tests d’intrusion informatique. Je vous le conseille vraiment, l’histoire est rondement menée, c’est passionnant, jusqu’au moment où ils découvrent l’invention d’un certain Janek et je vous propose de redécouvrir ensemble cette scène mémorable, vraiment mémorable puisque j’y ai repensé dès que j’ai vu l’alerte de l’ANSSI.
Diverses voix off – Extrait du film Les Experts : Les programmes chiffrés sont créés à partir de problèmes mathématiques si complexes qu’ils sont impossibles à résoudre sans le code.
— Janek semble avoir trouvé une façon de résoudre ces problèmes sans le code d’accès. Et la synthèse de ses recherches est dans cette puce.
— Allez, éteignez-le.
— Quelqu’un a envie de descendre deux ou trois Boeing ?
— J’ai dit d’éteindre ! Éteins ça !
— Alors, c’est un déchiffreur ?
— Non. C’est LE déchiffreur. Il n’y a plus aucun secret.
Benjamin Bellamy : LE déchiffreur, mais LOL. Janek a inventé la puce capable de casser n’importe quel chiffrement.
Étienne Gonnu : Je te sens moyennement convaincu.
Benjamin Bellamy : Cette histoire de puce magique m’a toujours agacé dans ce film, ça ne tient pas la route mathématiquement parlant.
Étienne Gonnu : Mathématiquement ?
Benjamin Bellamy : Tout à fait, c’est contraire aux mathématiques.
Étienne Gonnu : Les mathématiques, carrément ! Explique.
Benjamin Bellamy : Sans partir dans un cours avancé de cryptographie, et pour simplifier, le chiffrement qui permet de sécuriser aujourd’hui quasiment toutes nos communications et toutes nos données, c’est juste des maths, des multiplications et des divisions entières.
Étienne Gonnu : Un peu plus, non ?
Benjamin Bellamy : Eh bien pas tant que ça. Tu vois à quoi servent des clefs publiques et privées ?
Étienne Gonnu : Oui, bien sûr, mais je veux bien que tu me rafraîchisses la mémoire.
Benjamin Bellamy : C’est très simple. Pour cela, j’ai juste besoin de t’appeler Bob. Je peux t’appeler Bob ?
Étienne Gonnu : J’ai toujours rêvé de m’appeler Bob. Vas-y !
Benjamin Bellamy : Alors Bob, imagine que tu veuilles envoyer un message à Alice. Tu vas chiffrer ton message avec une clef. Quand Alice va recevoir ton message chiffré, elle va le déchiffrer avec sa clef. Le coup de génie de la cryptographie moderne, la cryptographie asymétrique, c’est qu’on utilise deux clefs différentes pour la même serrure : une pour chiffrer, une pour déchiffrer, une publique, une privée, et ces deux clefs fonctionnent ensemble et uniquement ensemble. Quand tu écris à Alice, tu vas utiliser la clef publique d’Alice qui, comme son nom l’indique, est publique, pour chiffrer ton message et le message ne pourra être déchiffré que par la clef privée d’Alice, que seule Alice connaît, c’est pour cela qu’on dit qu’elle est privée.
Étienne Gonnu : Et si Alice veut me répondre, elle utilise ma clef publique.
Benjamin Bellamy : Tout à fait !
Étienne Gonnu : Pour crypter la réponse qu’elle m’envoie.
Benjamin Bellamy : Pas du tout.
Étienne Gonnu : Comment ça pas du tout !
Benjamin Bellamy : Sur le principe, je sens bien que tu as compris, mais, si on veut être précis, on ne dit pas « crypter » mais « chiffrer ».
Étienne Gonnu : Tu pinailles là.
Benjamin Bellamy : Oui, mais non. La cryptographie c’est déjà assez compliqué, si on n’utilise pas les bons termes, on ne va pas s’en sortir. Et si on utilise des termes qui n’existent pas, alors là on est fichu.
Étienne Gonnu : « Crypter » ça n’existe pas ?
Benjamin Bellamy : En français, non. On dit « chiffrer » quand on chiffre un message avec une clef, on dit « déchiffrer » quand on déchiffre un message avec une clef, on dit « décrypter » quand on déchiffre un message sans la clef. « Crypter » voudrait donc dire chiffrer un message sans la clef, ça n’a absolument aucun sens.
Étienne Gonnu : OK. Donc Alice va utiliser ma clef publique pour chiffrer ma réponse et moi ma clef privée pour déchiffrer le message. Quel rapport avec les maths et le film Les Experts ?
Benjamin Bellamy : Tu tiens vraiment à savoir ?
Étienne Gonnu : Oui.
Benjamin Bellamy : Je ne vais pas rentrer dans le détail, mais en gros, quand tu génères un couple de clefs, disons pour Alice, tu prends deux nombres premiers au hasard, p et q, tu les multiplies entre eux, ça te fait un produit n. Facile. Avec n, tu vas chercher deux nombres d et e tels que le reste du quotient de d X e par (p − 1) X (q − 1) soit égal à 1. Pas très dur. Tu as n, tu as d, tu as e ; n et e c’est ta clef publique, n et d c’est ta clef privée. Pour chiffrer un message m, il suffit de calculer m puissance e modulo n. Simple et basique, mais surtout, rapide.
Étienne Gonnu : Facile ! Et pour déchiffrer, on fait exactement pareil, mais on utilise n et d à la place de n et e, donc, pour déchiffrer le message m, je calcule m puissance d modulo n. C’est ça ?
Benjamin Bellamy : Exactement, tu as tout compris !
Étienne Gonnu : N’importe quoi ! Je n’ai rien compris, je balance juste les phrases que tu me forces à lire !
Benjamin Bellamy : Je suis sûr que tu as compris. Bref, tout repose sur le fait que dans la clef publique on a n, mais pas sa décomposition en nombres premiers p et q. Sinon, on aurait aussi e et d et, du coup, on aurait toutes les clefs. Toute la beauté du système repose sur le fait que faire une multiplication p X q, ça va très vite, mais, à l’inverse, factoriser n en nombre premiers c’est très long.
Étienne Gonnu : Long comment ?
Benjamin Bellamy : Une clef standard RSA aujourd’hui c’est 2048 bits. Le record c’est avec une clef 829 bits qui a été cassée en 2700 années-cœurs, donc, sur une machine à 12 cœurs il faut compter plus de 200 ans.
Étienne Gonnu : La puce de Janek, c’est donc du pipeau !
Benjamin Bellamy : En fait, je dois t’avouer que pas si sûr !
Étienne Gonnu : Ah ! Je parie que c’est là qu’intervient l’ordinateur quantique !
Benjamin Bellamy : Bingo ! On prévoit qu’avec un ordinateur quantique on pourrait casser la clef RSA-2048 en quelques minutes.
Étienne Gonnu : Tu dis « on prévoit », parce que c’est de la science-fiction ?
Benjamin Bellamy : On a la théorie, on a des prototypes, mais, pour l’instant, limités à 21.
Étienne Gonnu : À 21 ? 21 gigahertz ? 21 gigaoctets ? 21 chiffres ?
Benjamin Bellamy : Non 21, 3 X 7. Aujourd’hui, un ordinateur quantique est capable de factoriser 21 en 3 X 7. Autant dire que pour du chiffrement à 2048 bits on a encore un peu de marge !
Étienne Gonnu : Oui ! Mais il y a un truc que je ne comprends pas. Les ordinateurs sont plus puissants chaque année depuis qu’ils existent. Les systèmes de chiffrement suivent cette évolution. Pour être tranquille, ne suffit-il pas de prendre des clefs de plus en plus longues ? Et si l’ordinateur quantique arrive, on les rallongera un grand coup le moment voulu ! Non ?
Benjamin Bellamy : Oui et non. Effectivement, on pourrait se dire que si on a des machines qui sont plus rapides pour décrypter, on a aussi des machines qui vont plus vite à chiffrer. Mais le risque, celui qui inquiète l’ANSSI, c’est que tous les messages que l’on chiffre aujourd’hui, peuvent être interceptés par des personnes mal intentionnées, mis de côté et décryptés plus tard quand les moyens techniques le permettront. Est-on sûr que nos secrets d’aujourd’hui ne le seront plus demain ? Il y a là un vrai risque.
Étienne Gonnu : Je comprends, c’est plus clair. J’ai quand même une dernière question : comment se fait-il que tu fasses une chronique sur l’ordinateur quantique sans mentionner une seule fois le chat de Schrödinger ?
Benjamin Bellamy : Parce que donner du cyanure à un chat n’a jamais permis à personne de comprendre la mécanique quantique. Schrödinger voulait juste montrer à quel point la mécanique quantique devenait absurde quand on l’appliquait au monde réel. C’est tout. Donc s’il vous plaît, laissez les chats tranquilles, arrêtez de les enfermer dans des boîtes, maintenant ça suffit !
Étienne Gonnu : Merci Benjamin. On te retrouve le mois prochain pour une nouvelle chronique et tous les mercredi dans RdGP [Rien de Grave patron] en podcast et sur le Fédiverse.
Benjamin Bellamy : Merci.
Étienne Gonnu : Pas mal de termes techniques ont été évoqués, par exemple la cryptographie asymétrique. Je vous précise qu’on vous a mis des liens sur la page de l’émission pour aller un tout petit peu plus loin.
Salut Benjamin.
Benjamin Bellamy : Salut.
Étienne Gonnu : À présent, nous allons faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Étienne Gonnu : Après la pause musicale nous parlerons de la plateforme PDP Libre, une réponse communautaire à la réforme de la facturation électronique.
Avant cela, nous allons écouter Tout est relatif, par Lohstana. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Tout est relatif, par Lohstana.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Étienne Gonnu : Nous venons d’écouter Tout est relatif, par Lohstana, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By.
[Jingle]
Étienne Gonnu : Passons à présent à notre sujet suivant.
[Virgule musicale]
La plateforme PDP Libre, plateforme de dématérialisation partenaire
Étienne Gonnu : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui porte aujourd’hui sur la plateforme PDP Libre, une réponse communautaire à la réforme de la facturation électronique, avec Philippe Scoffoni et Florent Pellet, respectivement président et vice-président de l’association qui organise ce projet.
N’hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 55 51 46 ou sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat ». Toutes les références de l’émission seront rendues disponibles sur la page consacrée à l’émission, libreavous.org/258, ou dans les notes de l’épisode si vous écoutez le podcast.
Philippe, Florent, est-ce que vous êtes bien avec nous ?
Florent Pellet : Tout à fait. Bonjour.
Philippe Scoffoni : Bonjour.
Étienne Gonnu : Bonjour. Merci de nous rejoindre. Comme je disais, la mise en place du début a été compliquée, mais je pense qu’on vous entend bien. Nous allons avoir une heure devant nous pour évoquer un sujet complexe et très intéressant, je trouve que c’est une belle illustration de ce qu’il est possible de faire de manière communautaire avec du logiciel libre.
Pour commencer, je pense qu’il pourrait être bien, de manière très classique, de savoir qui vous êtes, qui on va entendre pendant l’heure à venir. Philippe, je te propose de commencer, de te présenter, d’où tu parles et peut-être ton rapport au logiciel libre en quelques mots.
Philippe Scoffoni : ça marche. Bonjour tout le monde, j’espère qu’on m’entend bien puisque je suis la cause de quelques problèmes techniques.
Donc Philippe Scoffoni, j’ai plusieurs casquettes. Celle pour laquelle je suis présent aujourd’hui c’est président PDP Libre. Sinon, je suis le dirigeant d’une société intégrateur de logiciels, libres bien sûr, notamment Dolibarr, qui est un ERP [Enterprise Resource Planning], d’où le lien avec la facturation électronique. En tant qu’utilisateur, ça doit faire 20 à 25 ans, à peu près, et, à titre professionnel, on va dire que ça fait une douzaine que j’ai créé ma société et qu’on a un peu basé tout notre développement sur le logiciel libre.
Étienne Gonnu : Je vais préciser qu’on a déjà parlé de Dolibarr et des logiciels ERP, d’ailleurs avec toi, Philippe, c’était en mars de cette année, l’émission 238, donc, si vous voulez creuser un peu plus le sujet, je vous invite à vous rendre sur libreavous.org/238.
Florent, même question : d’où parles-tu ? Quel rapport as-tu avec l’informatique libre ?
Florent Pellet : Je suis CTO [Chief Technical Officer] et cofondateur de Superindep, une société qui accompagne les microentreprises pour tout ce qui est administratif, notamment la facturation. Déjà, spoiler, toutes les micro-entreprises sont impactées par la facturation électronique, même si elles ne sont pas soumises à la TVA, on verra après.
Pour les personnes qui sont sur Lyon, je co-organise les SwCrafters Lyon, des rendez-vous sur les pratiques de dév [développement informatique]. Sinon, mon rapport avec le logiciel libre, ce n’est pas une question facile tellement le Libre est omniprésent et, actuellement, la base de l’économie. Je dirais que c’est mon rayon de soleil dans ce monde capitaliste.
Étienne Gonnu : C’est joli ! Une belle formule ! Je la reprendrai sans doute.
Merci pour ces présentations. On va bien sûr expliquer ce que veut dire PDF Libre, c’est lié à une réforme qu’on va expliquer, on va parler de certains enjeux, notamment avec Florent de ce qui concerne spécifiquement les micro-entreprises comme il vient de l’expliquer.
Avant de parler de ce projet PDP Libre, je pense qu’il va être intéressant de reposer le contexte pour avoir des éléments de compréhension compréhensibles, justement, par l’ensemble des personnes qui nous écoutent. J’ai envie de commencer avec vous pour parler, d’abord, de ce qu’est la facturation électronique. On sait qu’il y a des logiciels d’encaissement, on a parlé d’ERP, je vais te demander, Philippe, de redéfinir ce que sont les ERP en peu de mots pour les personnes qui n’auraient pas le temps, là tout de suite, de réécouter tout un podcast en entier. Et j’en profite, puisqu’on parle d’acronymes et d’expressions, Florent a parlé de CTO, Chief Technical Officer, le chef technique, en gros, qui s’occupe de gérer les aspects techniques d’une société. Est-ce que cela te va, Florent, comme définition très sommaire ?
Florent Pellet : Oui.
Étienne Gonnu : OK.
Philippe, je te passe la parole pour que tu puisses dire en deux/trois mots ce qu’est un ERP et après parler de facturation électronique pour voir justement comment ces notions s’insèrent l’une avec l’autre.
Philippe Scoffoni : ERP est un acronyme anglo-saxon qui veut dire Enterprise Resource Planning. Un ERP est un logiciel de gestion d’entreprise, pas que d’entreprise, avec on peut gérer des structures associatives, des coopératives, etc. Son objet c’est de traiter, de gérer, tout ce qui touche aux ventes – les devis, les commandes, les factures, les encaissements, etc. –, mais aussi aux achats – les commandes fournisseurs, le règlement des factures fournisseurs, la gestion de la trésorerie – et, par extension, va venir ajouter tout ce qui est un catalogue de services, de produits, entrepôts, stocks, mouvements de stocks, de la fabrication. L’idée, en gros, c’est d’avoir un logiciel qui regroupe toutes les données de l’entreprise en « un seul lieu », entre guillemets, qui permet d’optimiser un peu tous les processus de fonctionnement de l’entreprise.
Étienne Gonnu : Ça me paraît clair. On parle de facturation électronique. Ça pourrait être intéressant, avant de parler de l’aspect électronique, de repréciser ce qu’est concrètement la facturation et quels sont les enjeux qui peuvent s’y attacher, notamment si on parle de facturation électronique. Florent, si tu veux à présent.
Florent Pellet : Si on veut vendre une prestation, vendre un bien et être payé, à partir d’un certain montant on est obligé de fournir une facture qui est une preuve qu’il y a eu cette transaction financière pour l’achat de ce bien. Donc rien de bien nouveau par rapport à cela.
La facturation électronique, ce n’est pas juste envoyer la facture au format PDF, c’est tout un cadre, il va falloir envoyer la facturation à un tiers, etc.
Étienne Gonnu : Vas-y Philippe.
Philippe Scoffoni : Juste l’historique de cette réforme. C’est une réforme juridique, légale, qui est poussée par l’État et qui, aujourd’hui, se place dans un cadre européen avec une directive qui impose la dématérialisation, puisque c’est de cela dont on parle, de tous les flux de factures en Europe pour 2030.
Étienne Gonnu : Si je comprends bien, jusqu’à présent il y avait bien sûr une obligation de suivi comptable, de facturation pour avoir différents suivis. La facturation électronique était juste une manière de répondre à l’enjeu et là il y a eu une réforme, fin 2023 si je ne me trompe pas, dans le projet loi de finances pour 2024, celle que tu évoques, et qui rend obligatoire la dématérialisation donc le recours à la facturation électronique. Est-ce que je résume bien la situation ?
Philippe Scoffoni : Oui, presque.
Étienne Gonnu : Corrige-moi.
Philippe Scoffoni : Aujourd’hui, comme le disait Florent, on peut envoyer des factures en PDF par e-mail ou par courrier, on les imprime sur papier, etc., c’est l’obligation actuelle.
La réforme de la facturation électronique impose de le faire de façon dématérialisée, c’est-à-dire que je dois transmettre, via un système informatique, on va en parler, dans un format donné, des formats ont été définis, toutes les données que contient la facture, les montants et notamment la TVA, puisque l’objectif premier de cette réforme c’est, encore une fois, de lutter contre la fraude à la TVA.
Cette télétransmission des factures doit permettre à terme de pré-remplir tout ce qui est déclaration fiscale, déclaration de TVA, et permettre à l’État d’avoir une sorte de pilotage économique, un peu en temps réel, des flux financiers dans le pays. Chaque fois qu’on enverra une facture, l’État la verra passer quasiment en temps réel. Ça couvre toutes les factures qui sont émises en France soit 2,5 milliards de factures par an.
Étienne Gonnu : En termes d’ordre de grandeur, on est quand même sur quelque chose d’assez conséquent.
Florent, tu voulais compléter là-dessus ?
Florent Pellet : Clairement, le but principal c’est de lutter contre la fraude à la TVA. Ils ont quand même des arguments pour donner envie aux intégrateurs et à tous les acteurs, notamment réduire le coût d’intégration des factures dans le sens où il n’y aurait plus qu’un seul tuyau où toutes les factures arriveraient. Donc je n’aurai pas des factures sur le portail du fournisseur 1, du fournisseur 2, etc., ça arrivera tout directement, en plus normé.
Étienne Gonnu : Juste pour bien comprendre. Je suis une entreprise, j’émets des factures et il faut que je les transmette à l’administration fiscale.
Florent Pellet : Ce n’est pas tout à fait ça. En France, à la base ils avaient choisi un mode hybride, un mode avec un portail public où n’importe qui, gratuitement, pouvait déposer les factures et récupérer ses factures s’il choisissait ce portail, ou on pouvait choisir des acteurs privés qui pouvaient vendre des services annexes, par exemple pour faciliter la transition avec de la reconnaissances de caractères pour convertir facilement la facture, ou d’archivage, on peut imaginer tout ce qu’on veut. On devait donc déposer ses factures sur ce genre de portail et ensuite ce portail transmettait la facture au portail choisi par le client et le client recevait ensuite sa facture sur son portail. Donc, on n’envoie plus directement la facture par mail à son client, on est obligé de passer par cet intermédiaire.
Étienne Gonnu : Vous évoquez un tuyau unique pour la transmission de l’éditeur de la facture vers le client qui a besoin de sa facture.
Florent Pellet : Pas tout à fait. Dans certains cas, on peut utiliser plusieurs plateformes pour émettre ses factures. Par contre, pour la réception des factures, on n’a qu’un seul tuyau. En fait, tu vas choisir ton portail pour réceptionner les factures et toutes tes factures vont arriver via ce portail, grâce à l’interconnexion des différents portails. Est-ce que c’est plus clair ?
Étienne Gonnu : Je ne suis pas entièrement sûr. Philippe, comment définirais-tu, je pense que ce sera complémentaire ? C’est vrai que ce sont des notions pas forcément évidentes quand on ne suit pas ça au quotidien. Vas-y Philippe.
Philippe Scoffoni : Effectivement, ce n’est pas simple du tout. Il faut imaginer qu’une entreprise a son logiciel qui lui permet d’émettre des factures et elle va transmettre ces factures. Initialement, elle devait les transmettre potentiellement à ce portail public de facturation ou à un tiers privé qu’elle aurait choisi. Le fait de déposer ses factures soit à un tiers privé soit sur le portail public de facturation revenait à transmettre les données à l’État qui pouvait collecter la TVA, etc.
Depuis octobre 2024, ce fameux portail public de facturation a été abandonné, l’État a dit « non, on ne le fera pas », c’est le point de départ de PDP Libre avec Florent : l’État a supprimé ce portail public de facturation ne laissant que le choix, à nous entreprises pour émettre nos factures, de passer par ces fameux tiers qui s’appelaient initialement des plateformes de dématérialisation partenaires, qui ont été renommées récemment en plateformes agréées bien qu’elles ne le soient pas encore, les agréments sont en cours.
Donc aujourd’hui, le logiciel de gestion de son entreprise doit transmettre la facture à une de ces plateformes. Ces plateformes sont référencées par l’État, aujourd’hui il y en a plus de 100.
Cette plateforme a pour responsabilité de transmettre les données à l’État et de transmettre sa facture à mon client.
Si je change de casquette, maintenant je suis le client, je me suis déclaré auprès d’une plateforme. Un annuaire central référence qui est déclaré auprès de quelle plateforme et qui va permettre de faire circuler toutes les factures. La facture qui a été émise arrive sur une plateforme, la plateforme regarde qui en est le destinataire et, en fonction de ça, elle va envoyer la facture à la plateforme du destinataire. Le destinataire récupérera la facture dans son logiciel de gestion, dans son logiciel de comptabilité, là où il veut.
Techniquement, un des avantages de la réforme c’est que, du coup, on n’aura plus à saisir les fameuses factures que l’on reçoit, ce qui représente parfois un boulot important, ou à passer par des logiciels de reconnaissance de caractères, puisqu’on aura complètement dématérialisé et structuré le contenu d’une facture.
Étienne Gonnu : D’accord. Déjà, tu as parlé de plateforme dématérialisée partenaire, donc PDP, PDP Libre, juste pour faire ce lien, peut-être pour clarifier un peu. Si je vous entends bien, on parle quand même très particulièrement du cas des factures entre entreprises. À priori, ça ne concerne pas trop les particuliers.
Philippe Scoffoni : Ça va concerner tout le monde. Ça va concerner la facturation vers les entreprises, vers le secteur public, bien entendu, et tout ce qu’on facture à des particuliers. C’est le format, techniquement, dans lequel on va transmettre les données qui sera différent. En fait, il y a deux volets, il y a ce qu’on appelle, c’est en anglais, je suis désolé, c’est comme ça, le e-invoicing qui concerne effectivement les transactions entre entreprises et le e-reporting qui concerne les transactions vers les particuliers et aussi tout ce qui est achat et vente à l’international.
Étienne Gonnu : Le e en anglais pour dire électronique.
Si je comprends bien, pour résumer, à la base, avant la réforme, il y avait une problématique de fraude à la TVA et la réponse des pouvoirs publics c’est de dire qu’on va dématérialiser en imposant certaines règles à suivre et certains formats pour que, finalement, ce soit rédigé d’une certaine manière, que ça passe par certains tuyaux pour pouvoir bien vérifier que ce qui a été dit du côté entreprise correspond bien à ce qui a été reçu côté client et que les sommes correspondent pour que l’État, les pouvoirs publics puissent prélever la TVA due.
Vas-y Florent.
Florent Pellet : Le prélèvement de la TVA est hors scope pour l’instant, parce qu’il faut toujours faire sa déclaration de TVA, etc. Là où ça réduit un peu le périmètre, c’est justement la différence entre les deux formats : entre professionnels, on ne peut plus envoyer directement la facture au client, on est obligé de passer par un portail. Si on facture quelque chose, l’État, en quelque sorte, aura vu la facture. Et, souvent, on ne donne pas forcément de facture aux particuliers, si on achète un café, on ne va pas avoir de facture, donc, là, c’est plutôt une agrégation des données qui sont envoyées au portail.
Étienne Gonnu : D’accord. OK. On comprend la raison pour laquelle ils ont enclenché cette réforme. La plateforme d’État, la plateforme publique était-elle à la base dans la réforme et a été abandonnée après coup ? C’est pour comprendre, parce que ça paraît étonnant de ne pas s’appuyer complètement sur le secteur public, cela devrait quand même plutôt relever du périmètre des services publics.
Philippe Scoffoni : C’était clairement dans le texte de loi initial, je crois qu’elle y est toujours. Ils n’ont pas encore osé faire le ménage dans le projet de loi initial qui date, je crois, de 2022. Ce fameux portail public gratuit, comme c’était écrit dans le texte de loi, y figure toujours. Il y avait eu un premier planning de déploiement de la facture électronique qui, je pense, était un peu irréaliste dès le départ, mais ils y sont allés quand même. Je pense qu’il y a eu un premier décalage et, pour ne pas décaler plus et au vu de la présence de plus de 80 plateformes privées candidates, l’État a dit « on va se contenter de faire le service minimum », donc plus de portail public de facturation, c’est un communiqué de presse de la DGFiP d’octobre 2024 qui l’annonce : « Vous passerez par une plateforme privée, et les plateformes privées parleront avec l’État. »
Étienne Gonnu : J’ai l’impression qu’il y a deux problématiques.
Déjà le principe même de la dématérialisation, dont on comprend les enjeux, mais on imagine qu’il y avait peut-être d’autres solutions techniques, d’autres manières de mettre en place cette dématérialisation, c’est ce qu’il m’a semblé comprendre.
Et puis le problème, ensuite, de s’appuyer sur le secteur privé.
Déjà sur l’aspect de la modalité technique choisie, est-ce qu’il y a des problématiques particulières qui s’attachent au choix qui a été fait, notamment dans une perspective pour ceux qui éditent et qui intègrent du logiciel libre ?
Philippe Scoffoni : Pour moi c’est une interface technique, donc logiciel libre ou pas, j’ai envie de dire que ça ne change rien.
Si on revient sur les valeurs du logiciel libre, pour moi, le problème c’est plus le fait que je suis obligé de transmettre à des tiers privés toutes mes données de vente et d’achat : à qui je vends, à qui j’achète, ce que j’achète, à quel prix, etc. À tel point que pour certaines professions – médecins, avocats, etc. –, je sais qu’il y a de grosses discussions en cours parce qu’il y a le problème de la confidentialité des données professionnelles.
Étienne Gonnu : D’accord. On voit déjà un aspect important des enjeux.
De ton côté, Florent, avec ta casquette, tu as un regard plus porté sur les micro-entreprises, de ce point de vue-là quelles sont les problématiques, quel est le problème avec la solution qui est en train de s’imposer ?
Florent Pellet : C’est un gros problème. Les micro-entreprises, c’est très varié. Il y a des personnes qui gagnent bien leur vie, un bon chiffre d’affaires, etc, à la limite c’est transparent parce qu’elles ont souvent déjà un logiciel pour faire leurs factures, etc. Mais une grosse partie des micro-entrepreneurs sont micro-entrepreneurs parce qu’ils ont vendu deux ou trois trucs dans l’année, donc c’est une meilleure façon pour ne pas déclarer au black, déclarer légalement et facturer. Parmi ceux-là, beaucoup n’ont même pas de logiciel de facture. Ça pose des problèmes parce qu’il va falloir s’équiper et, en termes de chiffres, on parle quand même de plus de trois millions de personnes, ce qui n’est pas rien.
Étienne Gonnu : Peut-être rappeler ce qu’est une micro-entreprise. On discute comme si tout le monde savait ce qu’est une micro-entreprise, si tu veux bien nous rappeler.
Florent Pellet : C’est vrai que je suis dedans, à force de les côtoyer. En fait, une entreprise peut avoir différents statuts : SAS [Société par actions simplifiée], EURL [Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée], micro-entreprise. Micro-entreprise, c’est justement un régime spécial, en fait c’est un régime très simplifié. Ce n’est pas simple parce que ça reste quand même une entreprise, mais c’est le régime le plus simplifié qu’on a en France. On peut créer son entreprise en une heure sur Internet pour pouvoir ensuite facturer quelque chose, vendre des choses sur Internet.
Étienne Gonnu : Ce qui explique qu’il y en a trois millions, c’est effectivement une forme très répandue.
Florent Pellet : Tout à fait. Souvent, en plus, c’est une activité complémentaire.
Étienne Gonnu : De ce que tu dis, je comprends qu’en imposant de passer par le privé un marché s’est créé mais aussi, du coup, ça impose des nouveaux frais qui sont peut-être très lourds pour des micro-entreprises, d’ailleurs peut-être pas que pour les micro-entreprises.
Florent Pellet : Tout à fait. Ils disent souvent que le traitement d’une facture coûte de 5 à 15 euros, mais ils se basent surtout sur les grosses sociétés. Pour un micro-entrepreneur, quand je reçois une facture de téléphone je ne paye pas 15 euros, ça ne me coûte pas 15 euros pour recevoir la facture. Maintenant, je vais devoir passer par un service tiers et payer, vu c’est une boîte privée forcément il faut qu’elle se rémunère, pour recevoir ma facture et pour émettre mes factures. En plus, comme je suis une micro-entreprise, c’est-à-dire que souvent j’envoie peu de factures vu je n’ai pas de volume, la plupart des plateformes ne vont même pas vouloir travailler avec moi ou, autrement, elles vont me vendre un forfait minimum assez élevé pour que je puisse travailler avec elles.
Étienne Gonnu : Si je comprends bien, il y a eu cette réforme avec les justifications qu’on peut comprendre, mais ça crée matériellement une situation qui n’est pas adaptée. D’ailleurs, comme souvent dans ces projets quand ils veulent réformer certains marchés, ils prennent la valeur des grosses boîtes comme modèle classique on va dire, modèle par défaut. Du coup, on se retrouve dans une situation qui n’est pas adaptée aux micro-entreprises parce que c’est trop cher, trop lourd, qui pose des questions pour toutes les entreprises, notamment du logiciel libre, pas que bien sûr, sur des questions de confidentialité, de partage de l’information, etc. On voit donc là toute une diversité de problèmes parce que la réforme n’est pas adaptée à la diversité des réalités.
Florent Pellet : Je rajouterais qu’il peut y avoir un conflit d’intérêt avec ces sociétés privées. On peut le voir avec les moyens de paiement, il y a des professions qui ne peuvent pas utiliser la carte bancaire parce qu’elles sont bannies par Visa et Mastercard, alors qu’une solution publique apporte un côté neutralité : n’importe qui peut facturer tant que l’activité est légale, et gratuitement, c’est pour cela que le portail public semblait indispensable.
Étienne Gonnu : D’accord. Donc, à défaut de portail public et on va basculer sur le sujet de PDP Libre. On comprend un petit peu quel était l’élément perturbateur de notre histoire et qui a nécessité, finalement, que des personnes, vous en faites partie, se retroussent les manches pour essayer de trouver une réponse à ces problématiques. Du coup vous avez posé l’histoire, la genèse de ce qui a abouti à PDP Libre si je comprends bien.
Avant qu’on parle de PDP Libre, sauf si vous avez encore un petit élément de contexte à nous proposer, je vous propose une petite pause musicale, comme ça on attaque l’esprit frais pour parler de PDP Libre plus spécifiquement. Est-ce que vous aviez un dernier mot à dire pour poser le contexte ?
Philippe Scoffoni : Les dates.
Étienne Gonnu : Ah oui, important, en plus je l’avais noté, le timing. Il y a une réforme, les réformes sont rarement d’application immédiate. Quelles sont les dates ?
Philippe Scoffoni : Premier septembre 2026, réception obligatoire pour tout le monde et émission que pour les grandes entreprises et les ETI.
Étienne Gonnu : Donc dans un an, même pas.
Philippe Scoffoni : Premier septembre 2027, c’est pour tout le monde, émission et réception.
Étienne Gonnu : Un et deux ans, ça paraît loin, mais, pour ce genre de chose et pour les changements que ça impose, en fait ce sont des délais très courts, il ne reste pas tant de temps que ça pour enclencher tous ces changements. Merci d’avoir soulevé ce point essentiel.
Philippe, Florent, je vous propose une rapide pause musicale et après nous parlerons de PDP Libre.
Nous allons écouter Play Dead, par Fog Lake. On se retrouve juste après à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Play Dead, par Fog Lake.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Étienne Gonnu : Nous venons d’écouter Play Dead, par Fog Lake, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By.
[Jingle]
Étienne Gonnu : Nous allons poursuivre notre discussion. Vous êtes toujours sur la radio Cause Commune et vous écoutez Libre à vous !. Je suis Étienne Gonnu de l’April. Je suis en compagnie de Philippe Scoffoni et de Florent Pellet, respectivement président et vice-président de l’association PDPLibre.org, un projet de plateforme communautaire pour répondre à la réforme de la facturation électronique que nous avons expliquée autant que nous le pouvions en première partie d’émission, c’est un sujet quand même assez complexe.
N’hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».
À présent, après avoir parlé de cette réforme de la facturation électronique, nous allons évoquer ce projet PDP Libre qui est donc une réponse communautaire à ce problème partagé. J’ai beaucoup de plaisir à recevoir Florent et Philippe parce que je trouve que c’est précieux de montrer ce genre d’exemple dans lequel des gens se mettent ensemble pour répondre à un problème commun, ce que permet notamment le logiciel libre. L’entraide est au cœur du logiciel libre, c’est une des valeurs cardinales, on va dire, du logiciel libre, je ne pense pas me tromper en le disant.
On a posé tout ce contexte-là.
Vous vous êtes rencontrés. Philippe, comme tu l’as rappelé, tu travailles notamment avec un logiciel, qui s’appelle Dolibarr, qui permet de faire de la facturation, Florent tu viens plus du service aux micro-entreprises, notamment autour de la facturation, si j’ai bien compris. Comment cette idée de projet est-elle née ? On a compris les enjeux que vous cherchiez à adresser et comment cela a-t-il commencé à se former ? Qui veut commencer de nous raconter cette histoire ? Philippe, je crois que tu étais vraiment au tout départ, au démarrage de cette idée.
Philippe Scoffoni : Florent était là aussi. Nous avons eu tous les deux la même réaction, on va dire épidermique, à l’annonce de la suppression du PPF.
Étienne Gonnu : La plateforme publique que vous avez mentionnée.
Philippe Scoffoni : La plateforme publique gratuite. Et puis, quelque part, la mainmise uniquement par des acteurs privés avec cette réforme.
Étienne Gonnu : Je pense que c’est intéressant pour le contexte. Vous avez dit qu’il y en avait beaucoup, 80 je crois. Est-ce très réparti ou, au contraire, on a quand même des acteurs dominants sur ce marché ?
Philippe Scoffoni : Non. Aujourd’hui, ce n’est pas possible de dire qui sera dominant.
Étienne Gonnu : Oui, c’est un marché naissant.
Florent Pellet : En fait, il n’y a pas encore de clients.
Étienne Gonnu : OK, ça résume bien.
Philippe Scoffoni : Il y aura des clients, mais on ne sait pas qui va les avoir.
Étienne Gonnu : Désolé pour cette parenthèse. Donc vous avez cette réaction épidermique. Florent.
Florent Pellet : Je rajouterais un truc qui peut être intéressant : actuellement, il y en a plus d’une centaine, par contre ces 100 PDP ne sont pas sont pas tous identiques. Certains sont à usage essentiellement interne, par exemple les grosses banques ont leur propre PDP en interne,qui n’ont pas vocation à passer à l’extérieur.
D’autres portails d’éditeurs, comme Cegid, avec leur offre packagée en plus de leur logiciel, ils vont proposer le PDP pour que leur logiciel s’intègre, etc.
Il y a un troisième type, les pure players, qui, pour beaucoup, existaient déjà avant par rapport à tout ce qui est dématérialisation, etc.
Étienne Gonnu : C’est une pression importante. Ça pose une autre problématique : dans le cadre de grosses offres où tout est inclus, on imagine que ça peut créer des dépendances supplémentaires à un acteur, à une entreprise en particulier. Merci de cette précision.
Philippe, avant que je t’interrompe, tu commençais à nous expliquer que vous aviez eu cette réaction épidermique à la suppression de la plateforme gratuite maintenue par les pouvoirs publics et on voit déjà toutes les problématiques d’égalité devant le service public que cela pose. Donc vous avez cette réaction et j’imagine que vous commencez à vous poser la question de la façon avec laquelle on peut trouver une réponse à cette situation.
Philippe Scoffoni : C’est ça. Mon premier réflexe a été de dire « puisque c’est comme ça, on va en faire une, on va faire le job de l’État au travers d’une structure associative », c’est le point de départ. L’idée a été lancée comme ça, comme d’habitude, sur les réseaux sociaux un dimanche soir. Florent, qui n’était pas loin, a lancé la même chose en parallèle, nous nous sommes croisés. De fil en aiguille, on a essayé de rameuter un maximum de personnes dans nos réseaux respectifs, moi, du coup, beaucoup dans le monde de l’ERP open source de manière générale et d’organiser comme ça une première visio. Nous nous sommes retrouvés à 50/60 personnes pour essayer de voir la façon dont on pouvait monter quelque chose, s’organiser.
Étienne Gonnu : Tu veux compléter Florent ?
Florent Pellet : Oui. On a beaucoup parlé des micro-entreprises, mais il y a aussi toutes les PME et TPE qui, pareil, n’ont pas d’énormes volumes et qui ont ces problématiques. L’idée c’est justement de fédérer toutes ces personnes, tous ces acteurs économiques, également les associations d’ailleurs, pour montrer qu’il y a un problème sur la réforme.
Au début, nous étions effectivement partis sur l’idée de faire un PDP libre, avec une structure désintéressée pour garantir qu’on ne va pas utiliser les données, les revendre, qu’on ne fera pas de profit et libre sur le côté gouvernance libre, open source, etc.
Étienne Gonnu : On va revenir sur tout ça. Pour être plus précis, je vais lire la page de votre site, site qu’on partage dans les références de l’émission : « PDPLibre.org est une association à but non lucratif dédiée à rendre la facturation électronique accessible à tous. », je pense que ça synthétise très bien ce que vous venez de nous expliquer.
Il y a donc eu cette première visio, de mémoire il y a un an et demi à peu près.
Florent Pellet : À l’annonce disant qu’ils abandonnaient le portail.
Étienne Gonnu : D’accord. Donc ça fait un an, ce qui est, en fait, assez récent. Je suis impressionné par l’efficacité, je trouve que c’est belle histoire, si on peut le dire comme ça.
Vous avez donc cette première visio, cette décision de proposer une plateforme libre, accessible, avec une gouvernance partagée. Ces critères, accessible à tous, gouvernance partagée, ont-ils été tout de suite posés comme une évidence, comme des critères constitutifs de ce que sera le projet ou c’est venu plus tard ?
Florent Pellet : Pour moi, c’était une évidence. C’était remplacer, justement, le boulots de l’État, donc ça paraissait évident de le faire comme ça.
Étienne Gonnu : OK. C’est une chose de se dire « allez, nous allons constituer notre propre portail », mais on imagine bien que le mettre en œuvre c’est une autre paire de manches, déjà parce qu’il faut s’organiser et j’imagine que techniquement ce n’est pas si simple. Comment cela s’est-il mis en place ? Quelles difficultés, quels principaux enjeux avez-vous dû « affronter », entre guillemets ?
Philippe Scoffoni : On les affronte encore !
Étienne Gonnu : Oui. Ça fait un an que vous avez vraiment commencé, on imagine que ça prend effectivement plus de temps que ça.
Philippe Scoffoni : Le projet de faire une plateforme, de développer tout le code pour avoir un logiciel qui permette de faire l’envoi, la réception, la connexion à l’annuaire, au réseau d’échange de factures entre les plateformes, ça représente un chantier assez colossal et un gros budget. Aujourd’hui, clairement, on ne l’a pas. On a des gens très motivés, qui sont en train de voir si on peut quand même y arriver, qui font ça de façon bénévole pour l’instant.
La deuxième option sur laquelle on est en train de travailler, c’est de se dire qu’on n’arrivera peut-être pas à avoir cette plateforme pour le 1
Étienne Gonnu : Ce qui vous permettrait, le temps de développer ce portail, d’être en mesure de proposer aux personnes qui utilisent vos solutions, à vos adhérents, qu’elles puissent continuer à les utiliser en étant conformes à la réglementation.
Florent Pellet : Généralement, je leur dis que nous rejoindre c’est toujours gagnant, parce que, au mieux, on a le portail, donc on peut garantir une transparence que les autres PDP ne peuvent pas forcément garantir et, si on ne l’a pas, au pire vous aurez un prix avantageux parce qu’on aura acheté en volume.
Étienne Gonnu : Celles et ceux que vous appelez à vous rejoindre sont plutôt les entreprises qui proposent des solutions de facturation et qui ont besoin de passer par un portail.
Philippe Scoffoni : Pas forcément. Aujourd’hui c’est la majorité des gens qui ont rejoint le mouvement, mais maintenant ça sera clairement ouvert à toute entreprise, association, structure, qui rentre dans les obligations de la facturation électronique et qui voudra connecter son logiciel à une plateforme.
Étienne Gonnu : D’accord, ça me paraît plus clair. Très bien.
Combien êtes-vous pour le moment dans PDP Libre ? Là, vous êtes en train de vous structurer comme une association, je sais que ça a fait partie aussi des échanges sur la forme. Si on a le temps, peut-être qu’on pourra parler de votre choix organisationnel. Combien êtes-vous dans PDP Libre ?
Florent Pellet : J’ai compté. Nous sommes 24 membres fondateurs et nous sommes 15 dans le bureau, le conseil administratif. Par contre, pas encore en tant que vraiment adhérents parce que l’association est toujours en cours de création, on attend que la préfecture nous fasse un retour, d’ailleurs, si vous avez un contact à la préfecture du Rhône, on est preneur !
Étienne Gonnu : L’appel est passé. Si vous avez un contact pour faciliter le dépôt et l’acceptation des statuts pour officialiser PDP Libre, n’hésitez pas à les contacter.
Florent Pellet : On a un forum pour pouvoir échanger. On a une cinquantaine d’inscriptions par mois et, actuellement, nous sommes à plus de 130 personnes.
Étienne Gonnu : Je sais que c’est sur Discourse, pour les personnes que ça intéresse, si je ne me trompe pas, un logiciel libre de forum. Parfait.
J’imagine que vous avez plusieurs chantiers en cours, est-ce que vous voulez en mentionner deux ou trois. Sur quoi travaillez-vous précisément en ce moment ? Y a-t-il des difficultés en particulier que vous essayez de surmonter ?
Philippe Scoffoni : Pour moi, aujourd’hui, il y en a quatre :
- il y a des chantiers techniques, qui concernent ceux qui développent des logiciels ou qui ont des plateformes qui émettent des factures ou qui en reçoivent : comment, techniquement, va-t-on se connecter à une plateforme, émettre des documents, les recevoir, etc. ? C’est du travail technique : comment on intègre cette réforme dans son logiciel ;
- il y a un groupe sur la partie qu’on appelle la PA, la future plateforme agréée communautaire, qui viserait à remplacer ces plateformes externalisées.
- il y a une partie communication qui s’organise un petit peu. L’objectif c’est d’expliquer la réforme. Encore aujourd’hui, il y a un énorme boulot à faire de ce point de vue-là.
- et puis, le quatrième, l’axe de recherche d’une plateforme agréée PDP pour éventuellement mutualiser nos volumes.
Voilà n peu les quatre grands axes de travail aujourd’hui.
Étienne Gonnu : D’accord. Comme on a le temps et c’est l’intérêt d’avoir une heure d’échange au total, si je comprends bien par exemple sur la technique, l’axe de développement du portail, pour le moment c’est essentiellement, si ce n’est exclusivement, de la réflexion bénévole, du temps de développement bénévole. Est-ce que vous cherchez aussi à recruter, à faire venir des gens pour vous aider là-dessus ? À quel stade en êtes-vous sur ces solutions techniques ? On cherche à être une émission grand public, on va donc essayer de trouver un équilibre dans le jargon, mais je pense que parmi les personnes qui nous écoutent certaines peuvent être intéressées par les choix que vous faites, les difficultés vous rencontrez et comment vous essayez de les surmonter ?
Philippe Scoffoni : Il y a deux chantiers.
Il y a l’intégration. Si vous avez aujourd’hui un logiciel qui émet des factures ou qui en reçoit, quelle que soit l’activité, ça peut effectivement être intéressant de rejoindre l’association pour venir « partager », entre guillemets, les techniques que vous allez pouvoir mettre en œuvre pour générer des factures de façon dématérialisée, des choses comme ça, comment vous allez vous connecter aux interfaces de programmation qui sont en partie normalisées aujourd’hui. Ça peut être intéressant de venir mutualiser un petit peu tout ce travail. J’ai envie de dire que c’est un peu la première catégorie.
Après, effectivement, s’il y a des gens qui ont envie de développer la plateforme qui va permettre d’envoyer et de recevoir les factures, la plateforme sur laquelle vont venir se connecter les logiciels, nous sommes très intéressés par des gens qui ont déjà de l’expérience dans la dématérialisation de fichiers, de factures d’une manière générale, qui ont de l’expérience dans la conception d’outils qui vont gérer des très gros volumes, puisqu’on va quand même générer des très gros volumes, il faut que ce soit fiable. Ce n’est donc pas du petit développement simple qu’on veut faire.
Étienne Gonnu : C’est un projet ambitieux.
Philippe Scoffoni : Là, c’est donc une deuxième population de développeurs.
Étienne Gonnu : Vous travaillez sur quel langage ?
Philippe Scoffoni : Ce n’est pas figé. Si vous voulez participer un peu à ces choix-là, on est en plein dedans.
Étienne Gonnu : Je pense que vous rejoindre peut aussi être une aventure assez intéressante techniquement. C’est super. Florent.
Florent Pellet : Même si vous n’êtes pas développeur, on recherche des personnes, notamment sur tout ce qui est la communication, pour rédiger des articles, pour expliquer la réforme, les impacts, etc. Je pense qu’il y a beaucoup de travail à faire par rapport à ça.
Étienne Gonnu : C’est un autre pilier qu’évoquait Philippe. On peut parler de cette communication. Vous avez récemment mis en place un site, vous essayez d’être sur les réseaux. Il faut effectivement expliquer la réforme, on se demande pourquoi l’État ne l’explique pas, et puis expliquer l’intérêt de passer par PDP Libre, d’ailleurs pourquoi choisir PDP Libre. Sur le site, je vois différentes explications. En termes de communication, quels sont, pour vous, les axes principaux quand vous essayez de convaincre de la pertinence de passer par une structure comme un PDP Libre ?
Philippe Scoffoni : Je prends juste le site. C’est d’ailleurs, à la base, un travail qu’a fait Florent, qui a été partiellement amendé. Il y a un gros boulot là-dessus. On a commencé à créer un certain nombre de contenus qu’il va falloir qu’on pose dessus, c’est sûr que c’est quelque chose sur lequel on aurait effectivement besoin d’aide.
On est en train de voir pour essayer de faire peut-être déjà un premier webinaire pour expliquer effectivement ce qu’est la réforme et que les gens puissent venir poser leurs questions, qu’on puisse y répondre et que ça serve un peu, derrière, à créer un référentiel de questions/réponses. Je pense qu’il y a beaucoup de choses à faire pour expliquer simplement la réforme. Je ne suis pas sûr que nous ayons été très clairs avec nos explications en première partie de l’émission. Il y a effectivement un gros boulot à faire pour expliquer l’intérêt de notre démarche, qui est, en plus, de rendre la réforme le plus accessible possible financièrement et en termes de mise en œuvre. Je pense qu’il faut pas sous-estimer, en tout cas pour certains types d’entreprises – je ne travaille pas beaucoup avec les micro-entreprises, je travaille plutôt avec des PME – que ça peut être potentiellement complexe. Il y a donc aussi tout un travail préparatoire à faire. Le 1
Il y a donc vraiment un énorme boulot d’explication et d’accompagnement pour la mise en place de cette réforme et c’est sûr qu’on a besoin de gens qui aident à vulgariser ce sujet qui n’est pas simple.
Étienne Gonnu : Oui et c’est aussi ce qu’on essaye de faire dans cette émission et c’est sûr que ce n’est pas en 20 minutes que vous allez pouvoir tout poser, mais ça permet aussi peut-être de se rendre compte que ce n’est pas si simple et que ça demande à prendre du temps. Ce que j’entends aussi c’est que, finalement, des obligations légales vont arriver très rapidement, qu’il va falloir respecter, se mettre en conformité, et autant le faire d’une manière qui ne crée pas de nouvelles dépendances à des nouveaux acteurs privés, qui ne coûte pas un bras parce que ça va effectivement générer de nouveaux frais si on doit payer un nouveau forfait, un nouvel abonnement à une entreprise sur un nouveau marché. Ça aurait été normalement le but d’une plateforme gratuite maintenue par la puissance publique, mais puisqu’il y a eu cet abandon, on peut trouver une autre solution au lieu que créer de nouvelles dépendances. On ne peut que vous inviter, si vous êtes concerné, et vraiment beaucoup de gens seront concernés, à aller creuser ce sujet du côté de PDP Libre par le webinaire que vous avez évoqué et tout cela. En plus, tu l’avais évoqué au début Philippe, les enjeux, c’est un mot un peu valise mais qui signifie quand même quelque chose, qui sont les valeurs, c’est-à-dire qu’on se retrouve, et j’ai envie qu’on parle un petit peu de ça, dans un projet où il y a une réflexion sur la gouvernance partagée, etc. Justement, comment avez-vous adressé, comment fonctionnez-vous d’un point de vue de gouvernance tout simplement ?Vas-y Florent.
Florent Pellet : Je rajouterais un élément, pendant que j’y pense : la réforme est la fois loin et proche.
Elle est proche parce que, réfléchir sur les flux, ça peut avoir un impact sur la façon dont on rédige la facture, etc., il faut s’y intéresser, mais il ne faut pas non plus se précipiter pour souscrire à un PA qui existe actuellement. Vous avez quand même le temps, c’est jusqu’à septembre, pour voir les offres, ce qu’elles proposent parce que ça a des impacts. Potentiellement, vous allez envoyer toutes les données à un concurrent, il faut quand même réfléchir au portail même si vous ne venez pas chez nous.
Étienne Gonnu : J’entends que ça peut valoir aussi le coup de profiter de l’année qui vient pour investir ce temps-là sur cette réflexion plutôt que de faire ça dans la précipitation et, en fait, se retrouver un petit peu captif, devoir payer plus cher. Prendre ce temps c’est donc un investissement financier et aussi sur le long terme.
Philippe Scoffoni : Surtout qu’aujourd’hui une grosse pression commerciale est mise par tous les acteurs déjà en place.
Étienne Gonnu : On imagine que le démarchage doit être important.
Philippe Scoffoni : Les banques, les cabinets d’expertise comptable sont souvent, entre guillemets, « mariés » à un logiciel comptable, majoritairement voire presque exclusivement aujourd’hui propriétaire, donc mariés à une plateforme du logiciel propriétaire, qui vont donc essayer d’aspirer tous leurs clients dessus. Il y a donc une grosse pression. Il faut bien retenir que, actuellement, toutes les plateformes sont agréées à titre provisoire, elles doivent encore prouver qu’elles sont aptes, techniquement et fonctionnellement, à supporter les flux. Ce sont des tests en cours.
Étienne Gonnu : Qui est-ce qui agrée tout ça ? C’est l’État lui-même ?
Philippe Scoffoni : C’est la DGFiP.
Étienne Gonnu : La Direction générale des Finances publiques.
Philippe Scoffoni : Elles doivent passer un certain nombre de tests et après elles deviennent agréées. Aujourd’hui aucune plateforme, même si on les a renommées en plateformes agréées, n’est agréée, c’est un truc un peu rigolo, mais ça va commencer à arriver d’ici à la fin de l’année. On peut donc compter sur tous ceux qui vont avoir l’agrément final pour, pareil, remettre un coup de pression énorme.
Aujourd’hui il faut prendre son temps, comme le dit Florent, il n’y a clairement pas d’urgence. Début 2026 il sera bien temps de commencer à regarder ça et, de toute façon, il y a énormément de logiciels qui sont encore en cours d’implémentation de ce qu’il faut pour se connecter à ces plateformes.
On a quand même de la chance, un point n’a pas été oublié dans cette réforme, on n’en a pas parlé : quand les logiciels vont se connecter à ces plateformes, ils vont pouvoir utiliser une interface qui est normalisée par l’Afnor. On devrait donc avoir une portabilité, dans les faits il faudra voir, mais théoriquement on devrait avoir une bonne portabilité, c’est-à-dire pouvoir changer facilement de plateforme agréée demain.
Étienne Gonnu : Puisque toutes les factures seront émises sous un format dont l’explication ouverte, etc., pour reprendre un peu l’exemple de la bureautique, on ne va pas être coincé dans un format qu’un seul logiciel est capable de lire. Tout logiciel sera capable d’intégrer ce format-là, ses spécifications techniques sont connues, ce sera donc le seul format utilisable. On ne sera pas captif par les formats de données, ce qui est extrêmement important, tu fais bien de le rappeler.
Philippe Scoffoni : Les formats et l’interface de programmation, ça va donc au-delà du format. Ce n’est quand même pas trop mal. J’avais très peur qu’il n’y ait pas ce genre de chose, ce qui aurait voulu dire qu’il fallait implémenter une connexion par plateforme et là on se serait retrouvé dans un système où il n’y avait pas de portabilité, on ne pouvait pas changer pas de plateforme comme ça, on était marié vraiment pour la vie avec une plateforme, ou presque. On a quand même un peu de chance dans notre malheur, ce point-là n’a pas été oublié.
Étienne Gonnu : Tant mieux, tu fais bien de le rappeler, ce sont effectivement des enjeux extrêmement importants.
J’aimerais qu’on parle, et vous l’avez évoqué, des modèles de gouvernance que vous avez choisis, je trouve que c’est intéressant. Il me semble que c’est notamment une force du logiciel libre : les personnes qui utilisent les logiciels font aussi partie de la communauté et tout l’intérêt de rejoindre des structurations comme celle-là c’est qu’on peut venir avec ses besoins spécifiques, on contribue à l’élaboration, ce qui permet d’avoir des outils beaucoup mieux adaptés à ses réalités techniques, à ses besoins. C’est toujours une force des projets contributifs, ce qui me semble être l’ambition de PDP Libre, tel que je vous ai entendu, et ça passe notamment par une gouvernance qui se veut, et c’est ce que vous exprimiez, transparente et communautaire.
Philippe Scoffoni : En fait, ça regroupe vraiment des acteurs de tout horizon, pas que du monde du logiciel libre et je trouve que c’est bien, parce que, du coup, il y a un vrai esprit de mise en commun de toutes les problématiques qu’on va rencontrer autour de la mise en place de la réforme, techniques, fonctionnelles, plutôt que de travailler chacun dans son coin à redécouvrir les mêmes problèmes et les mêmes solutions. Il y a quand même moyen, avec notre plateforme collaborative, de gagner beaucoup de temps pour tout le monde parce que c’est important.
Étienne Gonnu : Florent, avais-tu un mot à dire là-dessus ?
Florent Pellet : Je ne sais pas si tu veux rentrer un petit peu plus en détail.
Étienne Gonnu : Si, je pense que c’est intéressant.
Florent Pellet : Quand on a voulu créer l’association, c’est comme pour les structures, ce que j’expliquais plus tôt sur les sociétés, il peut y avoir plein d’organisations différentes. En creusant, tout ce qui était société coopérative d’intérêt collectif nous a semblé pas mal, et c’est un avantage parce que, déjà dans le respect, ce sont des règles de coopérative, donc une personne une voix, tout ce qui est lucratif est limité dans les statuts, etc., et ça inclut aussi tous les acteurs économiques qui peuvent être publics, privés et communautaires.
Étienne Gonnu : D’accord. Vos statuts ne sont encore pas encore officialisés, c’est ce que vous disiez, mais vous fonctionnez avec un conseil d’administration qui est élu parmi les membres de l’association. C’est l’idée ?
Philippe Scoffoni : On a fait une AG constitutive où il y avait 24 personnes, comme on a dit tout à l’heure, 24 structures. Dans nos statuts, l’adhésion à PDP Libre est effectivement, entre guillemets, « restreinte », il faut avoir un Siret, ce sont donc plutôt des structures juridiques qui peuvent adhérer à PDP Libre ; pour un particulier, quelque part ça n’a pas de sens puisqu’il n’est pas assujetti à la facturation électronique. Bien entendu un micro-entrepreneur, puisqu’il a un numéro Siret, peut tout à fait adhérer à PDP Libre. On a juste, entre guillemets, cette barrière qui est assez cohérente avec l’objectif de l’association.
On a prévu des collèges pour différencier les éditeurs/intégrateurs de logiciels de gestion, un collège utilisateurs plutôt pour les entreprises finales, micro-entreprises qui vont adhérer à PDP Libre pour bénéficier des tarifs et des services de l’association.
Chaque collège propose et élit un nombre égal, quatre par collège, qui vont constituer ensuite le CA.
Étienne Gonnu : OK. Intéressant. On arrive sur la fin de l’émission. Avant de proposer un mot conclusif chacun, je vois une question sur le webchat de l’émission : les associations qui émettent des factures pour les cotisations de leurs membres personnes morales seront-elles concernées aussi ?
Philippe Scoffoni : Sur l’envoi des factures, je ne pense pas, par contre, je pense qu’elles seront concernées par la réception potentielle.
Florent Pellet : C’est une bonne question. Je ne sais pas si les cotisations sont vraiment dans le scope, c’est un peu particulier. Parfois il y a abus de langage sur ce qu’est vraiment une cotisation, mais, en tant que telle, je dirais bêtement, vu qu’elles facturent à une entreprise, du coup la facture doit passer par un portail, mais je ne suis pas sûr à 100 %.
Étienne Gonnu : Ça montre bien que cette réforme n’est donc pas simple. Par exemple le cas de l’April, l’April a des membres personnes morales qui cotisent et certaines nous demandent des factures, tous les ans, au moment de payer la cotisation, je pense que c’était le sens de la question, il y a encore des choses à trancher.
Philippe Scoffoni : Je pense que ça va rentrer dedans, même s’il n’y a pas de TVA, l’idée c’est de collecter la TVA. Dans le texte de loi, la réforme s’applique à tous les assujettis établis en France, même ceux non redevables de la TVA
Florent Pellet : En fait, en France la plupart des structures sont assujetties à la TVA, par contre il peut y avoir des critères, notamment ce qu’on appelle la franchise de base, c’est-à-dire qu’à partir d’un certain seuil de chiffre d’affaires et d’autres critères font qu’on n’est pas obligé de passer au régime de TVA. On est toujours assujetti à la TVA, on ne facture pas la TVA, par contre, quand on dépasse ce seuil, on devient redevable, donc on facture la TVA.
Étienne Gonnu : D’accord. En tout cas, on invite les personnes qui ont un doute à se renseigner, potentiellement auprès PDP Libre qui essaie justement de communiquer là-dessus.
On arrive à la fin de notre émission, j’aimerais vous laisser quand même au moins une minute chacun, pas plus si possible, si vous avez un point fort que vous aimeriez que les personnes qui nous ont écoutés retiennent. Qui veut se lancer en premier ? Florent, tu avais la parole, continue. Pas simple, je sais.
Florent Pellet : Je pense qu’on a bien fait le tour. Prenez le temps de vous renseigner. Ne plongez pas sous la pression commerciale que vous pouvez recevoir, spammé par des visiteurs. Intéressez-vous au sujet et rejoignez-nous.
Étienne Gonnu : Le mot est passé. Philippe
Philippe Scoffoni : Je vais dire la même chose. S’intéresser au sujet, ne pas céder aux pressions qui vont être très fortes dans les mois qui viennent.
Étienne Gonnu : Il y aura une pression. Renseignez-vous et PDP Libre est aussi là pour cela, une réponse communautaire à une réforme qui est complexe, qui va arriver, 1
En tout cas merci à vous deux, Philippe Scoffoni, Florent Pellet, président et vice-président de l’association PDP Libre qui a vocation de rendre accessible la facturation électronique au plus grand nombre.
Merci encore à vous deux, je vous souhaite une très bonne fin de journée et bon courage pour la suite de vos projets.
Philippe Scoffoni : Merci.
Florent Pellet : Merci à toi.
Étienne Gonnu : Merci. À bientôt.
Nous allons à présent faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Étienne Gonnu : Nous allons écouter Boot On Yout Face, par Cistem Failure. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Boot On Yout Face, par Cistem Failure.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Étienne Gonnu : Nous venons d’écouter Boot On Yout Face, par Cistem Failure, avec un super solo de Kazoo, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.
[Jingle]
Étienne Gonnu : Je suis Étienne Gonnu de l’April. Nous allons passer à notre dernier sujet.
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Chronique « Les humeurs de Gee » – « Adieu Windows » (rediffusion)
Étienne Gonnu : Nous allons poursuivre avec une rediffusion de l’humeur de Gee du 7 octobre dernier, car il est toujours temps de dire « Adieu Windows » et d’encourager nos proches à faire de même. Vous l’entendrez, cette chronique s’inscrit parfaitement dans cette très belle journée du 21 octobre 2025, si vous nous écoutez en direct.
Je vous laisse donc avec Gee, on se retrouve juste après en direct sur Cause Commune.
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Gee : Si vous me suivez un tant soit peu, le titre de cette chronique vous interroge peut-être. En effet, j’ai, pour ma part, quitté le système d’exploitation de Microsoft, le fameux Windows, depuis longtemps. Pour vous donner une idée de l’époque où je suis passé sous GNU/Linux, que j’aime appeler affectueusement « Gnunux », c’était pendant la présidence d’un type qui a accédé à son poste en fomentant une association de malfaiteurs pour négocier avec un terroriste ayant assassiné 170 personnes pour financer sa campagne avec de l’argent d’une dictature. Quelle période ! Oui, je sais, il a fait appel, donc il est présumé innocent, ça va ! Bref, ce n’est pas le sujet.
Le sujet c’est Windows et, pour ma part, j’ai donc dit adieu à Windows il y a bien longtemps. Si je vous parle de dire adieu à Windows aujourd’hui, c’est parce qu’on parle pas mal de quitter Windows, en ce moment, pour une raison simple : la fin du support de Windows 10.
En effet, Microsoft avait annoncé l’arrêt des mises à jour de cette version de son système d’exploitation le 14 octobre 2025, la semaine prochaine donc, ce qui posait tout un tas de problèmes, puisqu’un système sans mises à jour peut très vite devenir un système vulnérable aux attaques.
Sous la pression de pas mal de gens, notamment ceux de l’association Halte à l’Obsolescence Programmée, Microsoft a, dans son immense mansuétude, allongé le délai de support d’un an, et celui-ci ne prendra donc fin qu’en octobre 2026. Ce qui, évidemment, ne fait que reporter le problème mais ne le résout pas ! Et ne le reporte, d’ailleurs, que partiellement, et pas forcément gratuitement non plus !
Alors quel est le problème, me direz-vous ? En fait, il y en a plusieurs.
Déjà, si l’association Halte à l’Obsolescence Programmée a milité contre cette fin de support, c’est bien entendu pour des questions… ? D’obsolescence programmée, il n’y avait pas de piège dans la question ! Oui, parce que, évidemment, fuite en avant technologique oblige, Windows 11, le successeur, n’est pas forcément compatible avec tous les ordinateurs tournant sous Windows 10. Ce qui veut dire que si vous avez un de ces ordinateurs et que vous voulez continuer d’avoir un système à jour et sûr, eh bien vous n’aurez le choix que de racheter un nouvel ordinateur même si votre actuel fonctionne toujours. Il n’est pas matériellement obsolète, on a programmé son obsolescence. Ce qui pose évidemment des problèmes « éco ».
Des problèmes économiques, bien sûr, puisqu’une licence Windows, ça coûte des sous.
Écologiques, surtout, puisque encourager un renouvellement de matériel pourtant toujours fonctionnel, ça a un impact écologique loin d’être négligeable. Aux gens qui sont encore persuadés que trier ses mails c’est le nec plus ultra pour avoir des pratiques numériques plus responsables écologiquement, je rappellerai que la fabrication des terminaux représente quasiment 80 % des émissions de gaz à effet de serre du numérique. Donc arrêtez de perdre du temps à trier vos mails et essayez de garder vos ordis plus longtemps.
Oui mais alors, allez-vous me dire, comment fait-on pour garder ses ordinateurs plus longtemps si Microsoft arrête le support ? Eh bien, on peut passer sous GNU/Linux, que les gens connaissent souvent sous le simple nom de « Linux », que je préfère, encore une fois, appeler « Gnunux », parce que c’est mignon et que ça ne froisse personne ! Enfin, je ne crois pas.
Gnunux c’est libre, c’est gratuit, ça ne vous espionne pas, c’est léger et ça marche même sur du matériel pas tout neuf ! Alors oui, tous vos logiciels préférés n’y fonctionnent pas forcément, encore que ! Si votre usage de l’informatique se compose principalement d’Internet, de mails, de bureautique et regarder des vidéos, honnêtement ça marche aussi bien que Windows. Pardon, ça marche même mieux que Windows ! Même la plupart des jeux vidéo, grâce à Steam entre autres, tournent maintenant sans souci.
Je sens venir les remarques : oui, mais installer Gnunux, c’est super compliqué, entre le choix de la distribution, le partitionnement des disques, le choix des dépôts, free, non-free, tout ça. Réponse lapidaire qui va agacer beaucoup de libristes, mais peu importe : en distro, vous prenez Linux Mint et à l’installation, vous cliquez sur « Suivant » en boucle et c’est bon, vous avez votre Gnunux fonctionnel ! Oui, je sais les parties « création d’une clef USB bootable » et « démarrage sur la clef » restent complexes, OK. Mais pardon ! J’aimerais bien voir des gens installer un Windows et me dire que c’est plus simple, je sens qu’on va rire ! En fait, la majorité des gens installeront que dalle et garderont un Windows 10 non mis à jour, ce qui est dangereux, ou changeront de PC, ce qui est du gaspillage.
Oubliez ma réponse sur Linux Mint et compagnie. La bonne réponse, c’est de trouver des gens pour vous aider. Partout en France, et ailleurs dans le monde, on a des petites associations, des GULL, Groupement d’utilisateurs et utilisatrices de Logiciels Libres, et plein d’autres gens qui seront ravis de vous aider lors d’une install partie. C’est aussi en cela que Gnunux est infiniment supérieur à Windows : un réseau d’entraide pour que vous ne vous retrouviez pas seul⋅e ou en discussion en ligne avec une connerie de bot IA qui vous recrachera juste la documentation, mal en général.
Croyez-moi, une fois qu’on a sauté le pas, difficile de revenir en arrière. Personnellement, quand je dois retourner sur un Windows, j’ai la même sensation que quand j’ouvre une page web sans bloqueur de pub ou quand je tombe sur une chaîne de télé après des années à ne plus avoir regardé la télé. Je me dis, « mais bon sang, comment les gens peuvent-ils supporter ça à longueur de journée ? »
J’ajoute que j’ai installé mon Linux Mint actuel lors de l’achat de mon PC, il y a plus de cinq ans. Depuis, j’ai pu gérer toutes les mises à jour sans jamais toucher un terminal, même les mises à niveau d’une version à l’autre, donc l’équivalent de passer de Windows 10 à 11. Une fois installé, ça roule tout seul, c’est facile et surtout, ça vous fout la paix.
J’ai déjà fait des chroniques sur ces sujets alors je vais m’arrêter là.
Si le sujet vous intéresse, à l’April, on a lancé une campagne de communication qui s’appelle justement Adieu Windows, qui recense et met en valeur les différents événements comme les install parties organisés par les GULL et autres associations. D’ailleurs merci à tous les gens qui participent à rendre notre communauté plus accueillante, sans qui notre numérique serait beaucoup plus triste et aussi austère qu’un Windows en fin de vie.
Je vous dis salut, adieu Windows et bonjour le Libre !
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Étienne Gonnu : Nous venons d’entendre une rediffusion de l’humeur du 7 octobre dernier.
Vous écoutez Libre à vous ! en direct sur radio Cause Commune. Nous allons passer à présent aux annonces de fin l’émission.
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Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre
Étienne Gonnu : Pour commencer, je vous rappelle que les liens utiles concernant les annonces de fin sont sur la page consacrée à l’émission du jour libreavous.org/258, eh oui c’est la 258e émission, ou dans les notes de l’épisode si vous écoutez en podcast.
Nous avons parlé de facturation électronique, c’était le sujet principal et, pour cette première annonce, on reste en lien avec ce sujet dans l’actualité de l’April. Vous vous en souvenez peut-être, l’association s’était mobilisée l’année dernière pour défendre la possibilité pour les éditeurs et intégrateurs de logiciels libres de caisse d’attester eux-mêmes de la conformité de leur solution à la loi. Malheureusement, la certification a été rendue obligatoire, une solution très lourde et disproportionnée. Le projet de loi de finances pour 2026 est à présent l’occasion de rétablir l’auto-attestation et un amendement en ce sens a même été déposé en commission des finances de l’Assemblée. Nous encourageons les députés à l’adopter et nous vous encourageons à leur écrire pour les appeler à le faire. Plus d’informations sur le site de l’April.
Puisqu’on parle du projet de loi de finances pour 2026, c’est un projet qu’on peut qualifier de cataclysme budgétaire qui menace les radios associatives françaises. Je m’explique. Le modèle économique de Cause Commune fonde sa pérennité sur son indépendance vis-à-vis d’éventuelles recettes publicitaires et concentre son appel aux fonds publics à la seule subvention d’exploitation FSER, Fonds de soutien à l’expression radiophonique. Le projet loi de finances pour 2026 prévoit tout simplement une coupe de 44 % de ce fonds.
Nous vous encourageons, ici encore, à agir en contactant vos députés pour leur signaler cette alerte et votre attachement à l’existence des radios locales associatives. N’hésitez pas à utiliser vos propres mots, une phrase peut même suffire.
Depuis trois ans, la situation financière de l’April n’est plus à l’équilibre. L’année dernière, grâce à un magnifique élan de soutien, la campagne du Lama déchaîné nous a permis de boucler le budget. Malheureusement, les restrictions budgétaires des collectivités, la baisse du chiffre d’affaires des entreprises, l’érosion des membres physiques font que l’April a besoin de 30 000 euros pour finir sereinement l’année 2025. Il nous a donc paru opportun de relancer une campagne d’appel à soutien.
Plutôt que d’aller chercher du financement par exemple auprès de dictatures étrangères, nous avons décidé de relancer Le Lama déchaîné. Le numéro 0 est déjà disponible, le numéro 1 devrait être publié demain, mercredi 22 octobre. Je rassure les passionnés de mots croisés, ils continueront bien sûr à trouver leur bonheur dans cette nouvelle version du Lama déchaîné.
Gee en parlait dans la chronique que nous venons de rediffuser, l’opération « Adieu Windows bonjour le Libre » suit son cours, pour retrouver les événements près de chez vous qui proposent de l’aide pour installer un système d’exploitation libre sur son ordinateur pour vous et vos proches.
Mentionnons par exemple les 23 et 30 octobre du côté de Nantes, comme tous les jeudis, un Repair Café et une install partie au centre socio-culturel de Bellevue ;
à Saint-Ouen, samedi 25 octobre, l’association Les Valoristes propose une journée d’installation GNU/Linux ;
à Tours, le 28 octobre, comme tous les mardis, une permanence d’installation au centre socio-culturel Gentiana.
Plein d’autres événements estampillés #adieuwindows sont à retrouver sur l’Agenda du Libre ainsi que toutes sortes d’événements autour du logiciel libre.
Notre émission se termine.
Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission du jour : Benjamin Bellamy, Philippe Scoffoni, Florent Pellet, Gee.
Aux manettes de la région aujourd’hui, Julie.
Merci également aux personnes qui s’occupent de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang 1, Julien Osman, et Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Merci aussi aux personnes qui découpent les podcasts complets des émissions en podcasts individuels par sujet : Quentin Gibeaux, Théocrite et Tunui, bénévoles à l’April, et mon collègue Frédéric Couchet.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.
Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître la radio Cause Commune, la voix des possibles.
La prochaine émission aura lieu en direct, comme toujours, mardi 28 octobre à 15 heures trente. Notre sujet principal portera sur Numéricoop, une agence web coopérative d’accompagnement pour les projets numériques qui utilisent bien sûr des logiciels libres, un sujet qui sera animé par Laurent Costy.
Nous vous souhaitons de passer une très belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 28 octobre, d’ici là portez-vous bien et surtout, La Santé !
Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.