Arthur Messaud dans les Grandes Gueules à propos de la loi Avia

Titre :
Arthur dans les Grandes Gueules à propos de la loi Avia
Intervenants :
Arthur Messaud - Animateur de l’émission
Lieu :
Émission Les Grandes Gueules - RMC
Date :
4 juillet 2019
Durée :
2 min 27
Écouter ou télécharger l’extrait de l’émission
Licence de la transcription :
Verbatim
Illustration :
capture d’écran de la vidéo Actions de groupe contre les GAFAM de La Quadrature du Net - Domaine public

Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Animateur : Arthur Messaud est avec nous. Bonjour.
Arthur Messaud : Bonjour.
Animateur : Bienvenue dans Les Grandes Gueules. On a du mal, en fait, à définir ce qu’est un contenu haineux.
Arthur Messaud : D’abord c’est normal. Vous avez du mal à le définir parce que dans sa définition, le champ, a évolué presque chaque semaine depuis le début de la loi, de cette loi [1] extrêmement confuse. En plus ce n’est même pas juste haineux, en plus il faut que ce soit manifestement illicite, c’est la notion juridique classique et évidemment, vous voyez bien qu’on ne sait pas ce que ça veut dire.

En effet, comme vous l’avez dit dans le débat, toute l’appréciation qui est laissée d’habitude au pouvoir judiciaire là est transmise à des entreprises privées qui pourront faire une analyse juridique, à la place de la justice, de ce qui est illicite ou pas.
Animateur : En fait ce sont les plates-formes qui vont décider elles-mêmes de ce qui est licite ou pas, illicite ou pas. En plus, effectivement, elles seront soumises à un calendrier très resserré, parce que le délai c’est 24 heures. Le risque c’est quoi ? C’est que sans trop se poser de questions, la plate-forme supprime les propos dès qu’on peut estimer que ce propos pourra être limite ?
Arthur Messaud : Oui. Ça c’est le risque général. Après, ce n’est pas nouveau tout ça. Le droit actuel, depuis 2004, ressemble à ça. La grande nouveauté c’est que là, pour les grandes plates-formes, on a un délai de 24 heures pour censurer, alors qu’avant c’était un délai qui était plutôt apprécié au cas par cas par les juges.

Cette loi est-ce qu’elle est bien utile ? Est-ce qu’elle va changer quelque chose ? En fait non !
Animateur : Ah bon !
Arthur Messaud : C’est le gouvernement qui se moque un peu du monde à faire croire qu’il agit.
Animateur : Pourquoi vous dites ça ? Pourquoi elle ne va rien changer selon vous ?
Arthur Messaud : Parce qu’en fait cette loi concerne les grandes plates-formes, Facebook, YouTube, Twitter, qui déjà font le maximum pour retirer le plus vite possible pour des raisons économiques, juste pour faire plaisir à leurs clients.
Animateur : Ce n’est pas tout à fait vrai, sur Twitter, moi je trouve que Twitter, ils ne font pas grand-chose. Les contenus haineux il y en a tous les jours.
Arthur Messaud : Là vous confondez deux choses. Je vous dis qu’ils font de leur mieux pour censurer le plus possible, pour modérer le plus possible. Par contre ils échouent ! Ils échouent lamentablement et ce n’est pas un manque d’efforts de leur part. C’est le fait que leur plate-forme est impossible à modérer : elle est beaucoup, beaucoup trop grosse. Structurellement ils ne peuvent pas atteindre la mission que la loi leur fixe, que leurs intérêts économiques leur fixent, parce que les plates-formes sont trop grosses et aussi parce que leur modèle économique est parfaitement incompatible avec une plate-forme saine. Leur modèle économique c’est de nous faire rester le plus longtemps possible, nous faire interagir le plus possible pour collecter des données personnelles, pour nous afficher des publicités ciblées et pour ça ils vont mettre, ils vont favoriser soit dans le système de recommandations sur YouTube, soit via certains hashtag qui sont mis en avant, etc., ils vont favoriser les conflits, l’invective, la caricature.

Références

Avertissement : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant⋅e⋅s mais rendant le discours fluide. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.