Accessibilité et logiciels libres

Présentation

  • Titre : Enjeux politiques et actualité
  • Intervenante : Armony Altinier (April)
  • Lieu : Ubuntu Party 12/11/2011
  • Licence : cc-by-sa
  • Vidéo
  • Audio (sans bruit)
  • Slides

Transcription

[La conférence commence, Armony tient le micro mais on ne l’entend que par bribes, elle est inaudible. Puis tout à coup, elle tend la main vers l’écran de projection sur lequel s’affiche les sous-titres suivants]

  • Avec les sous-titres, c’est mieux ?
    C’est vrai que c’est plus pratique quand on n’entend pas bien.
    [Puis le texte à l’écran devient si petit qu’on ne peut plus le lire. Armony fait signe à un homme dans le public pour qu’il la rejoigne. Elle lui donne le micro et lui souffle quelque chose. Puis ce monsieur se met à lire le petit texte sur l’écran d’ordinateur pour le public dans la salle]
    [Texte lu par le monsieur]
    Je disais, le problème, c’est que parfois on ne voit pas bien non plus.
    Dans ce genre de cas, on est bien content quand quelqu’un nous décrit ce qu’on ne voit pas. On appelle ça de l’audiodescription.
    L’audiodescription, ça consiste à décrire ce qui se dit, comme pour le sous-titrage.
    Mais également à décrire ce qui passe par le visuel uniquement. On l’indique alors entre crochets.
    Armony prend sa bouteille et boit une gorgée d’eau.

    [Pour illustrer le propos lu par le monsieur, Armony prend au même moment sa bouteille d’eau et boit un peu d’eau]
    L’accessibilité, c’est s’adapter pour permettre à tous d’avoir le même accès à l’information.
    [Armony reprend le micro et remercie le monsieur qui reprend sa place dans le public. Cette fois, elle redevient audible]
    On peut l’applaudir, c’était pas facile, en plus. J’ai choisi ma victime.
    Donc oui, je n’ai pas perdu ma voix et le micro marche. Je voulais vous mettre un peu dans le bain. L’accessibilité... Tout le monde était là en situation de handicap. Il y en a qui n’entendaient pas et quand c’est devenu petit, il y en a qui ne voyaient pas. Donc on a vu, quand on n’entend pas il est possible d’avoir du sous-titrage et quand on ne voit pas il y a quelqu’un qui décrit, ça s’appelle l’audiodescription, et qui décrit ce qui se passe, donc quand quelqu’un boit, si il y a une pause, pourquoi...
    En quoi c’est important ? C’est important parce que, par exemple lorsque l’on assiste à une conférence, parfois il y a des choses qui passent uniquement par l’image, et puis tout le monde va éclater de rire dans la salle, imaginez les personnes soit qui ne comprennent pas pourquoi l’image est drôle, soit qui ne la voient pas, se sentent totalement exclues. Donc c’est important aussi de décrire ce qui se passe. Je dis ça parce que j’étais à une série de conférences y a pas longtemps et il y a eu ce problème qui est revenu très souvent.
    Des choses qui passaient uniquement par les couleurs, donc comme vous le voyez, selon les couleurs le sous-titrage ne veut pas dire la même chose... oui mais... les gens ne voient pas toujours les couleurs.
    Donc, je m’appelle Armony, j’anime le groupe de travail accessibilité et logiciels libres à l’April, je vous en parlerai plus tout à l’heure, et je suis consultante et formatrice en accessibilité du web à titre professionnel.
    Alors, qu’est-ce que l’accessibilité numérique déjà. C’est quelque chose, c’est un terme qui est assez nouveau, qui est assez à la mode. On parle d’accessibilité numérique. C’est un peu vague, donc l’accessibilité numérique ça comprend tout ce qui est dématérialisé, le web, mais aussi les logiciels, les documents bureautiques - donc odt, pdf, le multimédia - audio, vidéo.
    Alors ce qu’il faut savoir, c’est que l’accessibilité numérique, il n’y a pas vraiment de définition officielle. Il y a un travail par contre très important qui est fait sur l’accessibilité du web et qui est totalement transposable au numérique, et c’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer, c’est-à-dire qu’il y a des... un consortium international qui édite les règles, les standards du web, le HTML, le CSS, pour que tout le monde... pour que le web puisse fonctionner partout de la même manière.
    Et il y a un groupe de travail au sein de ce consortium qui s’appelle le W3C. Ce groupe de travail travaille sur l’accessibilité du web précisément. Et ils en donnent la définition suivante : " L’accessibilité du Web signifie que les personnes en situation de handicap peuvent utiliser le Web. Plus précisément, qu’elles peuvent percevoir, comprendre, naviguer et interagir avec le Web, et qu’elles peuvent contribuer sur le Web. L’accessibilité du Web bénéficie aussi à d’autres, notamment les personnes âgées dont les capacités changent avec l’âge. "
    Ça, c’est quelque chose d’assez récurrent pour l’accessibilité, c’est nécessaire pour certains mais ça profite à tous.
    Alors en France - là c’était le titre de la conférence. Enjeux : c’est les enjeux politiques aussi. On voit que c’est une question de politique, puisqu’il y a la loi qui s’en est saisie. Il y a une loi de 2005 - une grande loi sur le handicap - et un des articles ; l’article quarante-sept..., enfin un des articles concerne vraiment l’accessibilité numérique. Et là, en l’occurrence, la loi donne la définition suivante du handicap, qu’est-ce que c’est : " constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement - c’est là qu’on va voir que c’est quelque chose d’important et de nouveau - par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un poly-handicap ou d’un trouble de santé invalidant. "
    Donc souvent, quand on parle d’accessibilité du Web, ou d’accessibilité numérique, les gens ont tendance à réduire au handicap visuel - quand ils en ont déjà entendu parler - en réalité ça touche vraiment tout type de handicap. Et ce qui est important, c’est "subi dans son environnement", c’est-à-dire qu’on parle d’accessibilité de situation de handicap. C’est-à-dire que là, tout à l’heure, vous étiez en situation de handicap. Vous ne seriez pas reconnus évidement parce que c’était pas durable ou définitif, mais c’est-à-dire que tout le monde peut être concerné par une situation de handicap.
    Vous travaillez, vous êtes dans un Open Space, vous avez une vidéo, vous voulez voir la vidéo, si elle n’est pas sous-titrée, comme vous ne pouvez pas mettre le son, vous n’aurez pas accès au contenu. Donc vous êtes en situation de handicap.
    Il y a une étude... Bon qui ça concerne réellement ? Il y a une étude de l’INSEE qui a été faite en 2007 et publiée en 2009, heu, vie quotidienne et santé, qui dit qu’une personne sur dix considère avoir un handicap et une personne sur cinq déclare être limitée dans ses activités - 20 % de la population - sans compter les personnes âgées, où ça va croissant, dû au vieillissement de la population.
    Donc en informatique, ça n’a pas de sens de dire - tout le monde est concerné, tout le monde peut-être concerné à un moment donné, vous vous cassez le poignet, vous ne pouvez plus utiliser votre souris - vous êtes concerné, provisoirement. Donc ce qui est important, ce n’est pas de savoir qui est concerné ou de développer pour des personnes, mais de développer pour des usages.
    Donc, quels sont les besoins spécifiques auxquels il faut penser ? Donc là ce sont des exemples :
  • Il y a besoin de naviguer uniquement au clavier - certains ne peuvent pas utiliser la souris.
  • Besoin de pouvoir naviguer uniquement à la souris - je connaissais quelqu’un de tétraplégique qui ne pouvait pas du tout utiliser un clavier, qui utilisait une souris à pointeur laser.
  • Besoin d’avoir une description des éléments visuels - certains ne voient pas les images ou les couleurs, il faut que ce soit décrit d’une autre manière.
  • Besoin d’avoir une description des contenus audio - certains n’entendent pas... ou mal... ou juste certains sons, donc il faut que ce soit décrit d’une autre manière pour qu’ils accèdent au contenu. Si vous ne le faites pas, ils n’auront pas accès à ce contenu-là et c’est beaucoup de gens.
  • Besoin de couleurs suffisamment contrastées - alors ça c’est valable pour tout le monde, je ne sais pas vous, mais moi ça m’énerve quand il y a des sites ou des interfaces où il faut plisser les yeux ou vraiment baisser, régler son écran pour pouvoir le voir. Donc c’est quelque chose qui n’est pas compliqué à penser et qui est vraiment nécessaire.
  • Besoin de maîtriser son environnement et de naviguer à son rythme - pour certaines personnes, ça peut être très très long de remplir un formulaire. Si il se recharge automatiquement, il va perdre tout ce qu’il a déjà commencé à rentrer, il va être obligé de le refaire. Mais même vous, vous êtes en train de remplir un formulaire, le téléphone sonne, vous passez finalement une demi heure parce que c’était un coup de fil important, vous retournez sur votre formulaire, hop ! faut tout recommencer parce que ça a été rechargé et on ne vous a pas laissé la maîtrise de votre environnement. C’est très agaçant, donc c’est utile pour tout le monde.
  • Et enfin besoin de configurer son environnement selon ses besoins - donc ça on va voir que ça passe en fait, c’est pas un développement spécifique, mais il faut permettre que votre développement soit compatible avec les technologies d’assistance. Donc les technologies... on ne crée pas un logiciel ou on ne crée pas un site Web pour un handicap ou pour une situation de handicap en particulier. On crée un logiciel ou un site Web pour qu’il soit, qu’il fonctionne selon les normes et qu’il soit compatible avec tous les périphériques et sur toutes les surfaces sur lesquels on peut le consulter. Donc on va voir que tous les périphériques, aujourd’hui, ça se pose d’autant plus qu’il y a une multiplication des smartphones, des tablettes, des écrans, des portables. Donc des différentes tailles, en plus, d’écrans. Donc plus vous penserez votre code de façon à ce que ce soit accessible à tous les périphériques et mieux ça sera, et parmi ces périphériques, il y a les technologies d’assistance.
    Une technologie d’assistance, c’est une technologie pour nous faciliter le quotidien, c’est une technologie, en fait, qui au départ est pensée et qui est indispensable pour une personne handicapée, mais qui, au final, profite à tous.
    La télécommande, elle a été inventée pour les personnes tétraplégiques au départ. Je ne sais pas qui le savait, mais au final, qui saurait se passer d’une télécommande ? Même moi pour ma présentation j’en ai une. Personne ne va se lever, alors que vous pourriez le faire, pour changer les chaînes de votre télé vous utilisez une télécommande, pourtant au départ c’était vraiment créé, conçu, pour des personnes handicapées.
    L’ascenseur. L’ascenseur, si on est en fauteuil roulant, on n’a pas le choix, y a des escaliers, on ne peut pas monter ou descendre. Si vous rentrez d’un voyage, vous avez plein de valises, vous serez bien content d’avoir un ascenseur. Si vous avez une poussette, vous serez bien content d’avoir un ascenseur.
    Donc c’est toujours ce principe-là. C’est nécessaire à certains, s’il n’y a pas ça ils ne peuvent pas s’en servir, mais c’est utile à tous.
    C’est ce qu’on appelle en fait le concept de "l’universal design". Donc concevoir les choses de manière universelle. Donc l’escalator et pour revenir à l’informatique, la souris.
    C’est pas indispensable normalement pour un ordinateur. Au départ les ordinateurs n’avaient pas de souris. C’était uniquement au clavier. Donc c’est quelque chose qu’on branche en plus. C’est comme... C’est vraiment comme... c’est une technologie d’assistance pour nous faciliter, en fait, l’utilisation de l’ordinateur. Hors ces technologies d’assistance, il y en a aussi, qu’on connait moins, souvent, pour les personnes en situation de handicap.
    Donc j’ai mis quelques exemples. Donc là c’est pour les handicaps sensoriels. Donc pour le handicap visuel vous avez des claviers particuliers en braille. Sur lesquels... qu’ils connectent en plus sur leur ordinateur et il y a des petits picots en fait qui se lèvent et qui se baissent pour former les lettres en braille, donc c’est souvent des plages de 40 à 80 caractères, et donc ils passent leurs doigts comme ça et ça décrit ce qu’il y a à l’écran. Donc ça c’est couplé à un logiciel de lecture d’écran qui va lire, non seulement ce qu’il y a à l’écran, mais aussi la nature des éléments. Autrement dit, si c’est un lien, il va dire... il va dire "c’est un lien" et il va dire le titre du lien. Si c’est une liste d’éléments, il va dire "c’est une liste", à condition que ça ait été codé comme une liste et pas juste avec des tirets. Donc d’où l’intérêt, l’importance de penser sémantique et de penser à coder les choses en respectant les standards.
    Pour le handicap auditif, donc là j’ai mis un autre exemple, donc ça c’est "close captionning", c’est le logo pour tout ce qui est sous-titrage. Pensez-y. Il y a un logiciel libre, enfin en service libre en ligne qui s’appelle subtitles editor, je crois... heu non mais il y en a un autre, je ne sais plus, et qui permet en fait de faire facilement le calage et le sous-titrage de vos vidéos. Et puis là par exemple c’est un monsieur qui est sourd, qui parle la langue des signes, qui s’adresse à un service, une interface de médiation par WebCam, qui va parler à cette dame, et cette dame va pouvoir passer un coup de fil pour lui. Donc en fait elle passe le coup de fil en son nom. C’est des services qui existent. Elle va appeler par exemple le docteur et elle va parler comme si c’était elle qui parlait et elle va lui retransmettre en direct ce que dit le médecin, est-ce que cette date ça va ? non ça va pas... Mon fils à de la fièvre, comment je fais, enfin voilà... Donc c’est aussi une technologie d’assistance quelque part, sauf que c’est un service avec un être humain.
    Autre technologie d’assistance, donc vous avez pour le handicap moteur, donc ce que l’on appelle "head sticks", donc c’est des bâtons fixés à la tête qui sont moins chers et plus répandus, mais vous avez aujourd’hui la même chose avec des... comment on dit... lasers, en fait des pointeurs lasers qui sont fixés à la tête ou aux yeux et qui captent, en fait, si vous clignez des yeux, ça clique, enfin voilà. Vous avez des souris comme ça, des "track ball", qui permettent... pour ceux qui ont du mal à manier avec les doigts, d’avoir une grosse boule pour cliquer. Et puis vous avez des logiciels en fait, là ça s’appelle "Web Naperon", en fait ça fonctionne avec Ubuntu et spip. C’est à base de RFID, donc vous savez c’est ces puces qu’on trouve par exemple dans les supermarchés, vous scannez, souvent c’est des codes barres RFID. Donc là c’est des puces qu’on peut mettre sur des timbres en fait, en fait des espèces de timbres que l’on peut coller sur des objets, et on programme quelque chose.
    Ça c’est un ordinateur qui est caché dans un cadre et ça permet aux personnes âgées, c’est testé dans le Rhône, ça permet de programmer certaines choses. Par exemple est-ce qu’ils ont déjà pris leurs médicaments dans le cas d’Alzheimer. Ils scannent et ils vérifient quand ils ont pris la dernière fois, est-ce qu’ils peuvent le prendre ou pas. Donc ils n’ont pas à utiliser un ordinateur pour des gens pour qui c’est difficile d’utiliser un ordinateur et surtout de s’y mettre de façon... enfin quand on est âgé alors qu’on n’y a jamais touché avant, donc c’est des choses qui peuvent être faites, en plus avec du libre.
    Ça c’est un autre logiciel, "twin word". C’est un clavier qui se réorganise au fur et à mesure, de manière prédictive, et sur lequel on peut associer par exemple des icônes pour faciliter... pour les gens qui ont du mal avec l’écriture. Donc il y a plusieurs types d’alphabets possibles. Donc accessibilité et logiciel libre. On a vu en gros ce que c’était que l’accessibilité.
    Donc l’accessibilité, ça sert à gagner en autonomie, vous l’aurez compris. A être plus indépendant et donc au final à être plus libre. C’est à dire que rien n’empêche quelqu’un effectivement de remplir un formulaire et de demander à son voisin, à son ami, à son conjoint de cliquer pour lui s’il manque quelque chose, si le bouton de validation n’est pas accessible. Sauf que l’intérêt de l’accessibilité c’est que la personne puisse le faire toute seule, et donc qu’elle soit libre.
    Hors les technologies d’assistance non libres sont souvent très onéreuses, rendent l’utilisateur captif et elles contraignent à une certaine utilisation.
    Donc je parlais tout à l’heure des logiciels de lecture d’écran qui vont lire ce qui se passe à l’écran pour les personnes aveugles. Celui le plus répandu à l’heure actuelle s’appelle "JAWS", c’est un logiciel propriétaire qui est subventionné, et il coute 1500 euros. Pour juste la voix française. C’est à dire que si vous voulez rajouter, pour que ça puisse lire l’anglais aussi, il faut rajouter de l’argent. Et dès que ça se met à jour, dès que le logiciel est mis à jour, et c’est très important parce qu’en plus dans le Web en ce moment il y a beaucoup beaucoup d’évolution, donc il faut que les logiciels évoluent, donc il y a souvent des mises à jour, si vous ne le faites pas, vous ne pourrez pas lire les sites modernes, et ben à chaque fois il faut repayer.
    Je ne sais plus si c’est 250 ou 500 euros par mise à jour, donc c’est énorme parce que la première version est souvent payée mais le reste n’est pas subventionné donc vous êtes coincé avec un vieux logiciel... Donc voilà.
    Donc on n’est pas libre, et puis ça ne fonctionne pas toujours avec tous les logiciels, souvent conçus pour le système d’exploitation dominant - Windows - et c’est pas conçu, on n’est pas libre de changer comme ça comme on veut.
    Comme je le disais, l’accessibilité, c’est avant tout un enjeu politique. Il y en a qui voient ça comme un enjeu technique aussi, c’est vrai, il y a un côté ludique de s’amuser à faire parler son ordinateur, à respecter des standards, mais avant tout c’est un enjeu politique. On fait ça pour des gens. Et c’est pour ça, et c’est aussi l’optique de l’April, le Logiciel Libre est vu comme un enjeu politique et pas comme un enjeu technique, open source, où il suffit d’accéder au code parce que c’est plus pratique, parce que c’est plus performant. L’accessibilité aussi c’est plus performant.
    Qui est l’aveugle, sourd et aveugle le plus connu au monde ? C’est Google. Les moteurs de Google ne voient pas les images et n’entendent pas les vidéos. C’est pour ça que leurs services, ils ont racheté youtube, ils ont mis du sous-titrage automatique. Ils développent des choses en sous-titrage automatique, c’est pas pour les personnes sourdes, c’est pour que leur moteur de recherche puisse mieux indexer les vidéos. Donc on voit qu’il y a des intérêts en terme de référencement, en terme de maintenance, mais il ne faut jamais oublier qu’au départ c’est un enjeu pour les personnes. C’est-à-dire que sinon on exclut au minimum 20% de la population, et plus parce qu’il y a des tas de gens qui sont ponctuellement aussi en situation de handicap. Et que ça peut tous nous arriver demain puisqu’il y a un vieillissement de la population et une baisse des capacités.
    Alors justement, enjeux politiques, qu’en dit la Loi ? Donc l’article 47, dont je vous parlais tout à l’heure, de la Loi du 11 février 2005, impose une obligation d’accessibilité pour les sites web publics d’ici mai 2012 - mai prochain.
    En réalité, c’était deux ans à partir de la publication du référentiel en mai 2009 pour les services de l’Etat. C’est-à-dire que c’est déjà passé, mai 2011, pour les services de l’Etat, et pour les collectivités territoriales c’est trois ans, donc c’est jusqu’en mai 2012.
    Donc ils ont théoriquement, donc service public c’est tout. C’est-à-dire les collectivités, donc communes - il y a 36 000 communes en France. Tout le monde n’a pas son site Web mais quand même... Les communautés de communes, il y en a qui ont plusieurs sites, les ministères, les hôpitaux, les écoles, les universités... Donc ça touche énormément de choses et ça touche aussi quelque part un peu les entreprises privées, dans le sens où si elles veulent travailler avec le public, elles sont obligées de s’y mettre et de savoir coder accessible. Donc c’est quand même un énorme marché.
    Cet article de loi, son décret d’application en l’occurence, fixe le référentiel général d’accessibilité pour les administrations RGAA comme le référentiel de référence pour évaluer les sites avec une obligation d’accessibilité de double A. Donc rien à voir avec les agences de notation, double A, triple A. Mais en l’occurence vous avez simple A c’est le niveau d’accessibilité minimum, de base. Double A, donc il y a des critères en plus, c’est à dire qu’il faut avoir le simple A plus des critères en plus pour avoir le double A. Là c’est le niveau d’accessibilité normal et c’est ce qui est fixé par la loi. Et triple A, c’est optionnel, c’est voilà, une amélioration, des fois c’est vraiment en terme ergonomique et même le W3C, le fameux consortium qui édicte ces règles, dit qu’il ne faut pas viser le triple A pour tout, parce que ça ne s’applique pas forcement.
    Donc déjà c’est des règles, il faut... Mais déjà avoir le double A, c’est pas forcement facile.
    Et donc on voit que...
    Au final, ces règles, elles visent surtout le Web pour l’instant, et que côté publique. C’est à dire que le côté backend, le côté logiciel qui gère les sites Web. Pour l’instant ça gère que les sites Web publics. On se dirait bon ça va, c’est facile. Aujourd’hui je peux dire que 99,99% des sites ne sont pas accessibles, sans faire d’études et sans trop me tromper, puisqu’on est encore très très loin de ça.
    Et enfin, publication d’une liste noire. Donc ça, c’est ce que dit la loi. Donc si vous respectez pas, en mai 2012, quelqu’un va vérifier et va publier une liste de tous les sites qui ne respectent pas. C’est ça la sanction. Pas trop sévère. Et surtout, en vrai, ben y a pas de moyens. Donc ça c’est ce que dit la loi en théorie, en réalité il n’y a pas de moyens, pas d’information, pas de sensibilisation - très peu. Pas de contrôle, pas de sanction. Donc la liste noire il y a une personne au ministère qui est censée s’en occuper et je ne vois comment une personne, elle n’a pas, déjà, les compétences pour le faire, et comment elle pourrait évaluer tous les sites et publier sa fameuse liste noire. Ce qu’on avait plaidé, nous, c’était pour une liste blanche, plutôt féliciter ceux qui le font, c’est plutôt incitatif, et des sanctions financières pour ceux qui ne le font pas. Mais là pour l’instant, bon voilà. Et, malheureusement, ce qui a été préféré par le gouvernement ces derniers temps, c’est plutôt, on fait dans le sensationnel pour communiquer. C’est pas très sexy de mettre une alternative à une image, c’est trop facile et c’est pffff, ouais, voilà. Pourtant c’est très très efficace et c’est pas évident de bien le faire. Techniquement, c’est pas très compliqué, mais savoir bien mettre une bonne alternative c’est pas facile et c’est pourtant très utile. On a préféré faire dans l’innovation. On fait des trophées. Gadgetisation, on veut faire parler l’ordinateur, ce qui est du gadget. Les personnes équipées ont déjà des logiciels qui permettent de faire parler l’ordinateur sans leur rajouter des boutons. Donc voilà. Donc, voilà, en vrai c’est plutôt ça. Et il y a quelques gros points noirs, puisqu’on est dans les sujets politiques, qui font que c’est parfois difficile pour le logiciel libre d’exister aussi dans l’accessibilité.
    Subvention des logiciels privateurs, le rôle des Maisons Départementales des Personnes Handicapées, donc les MDPH, elles dépendent des conseils généraux et ce sont elles qui vont financer en fait les fameux logiciels très chers que je vous disais, en fonction des moyens qu’elles ont, aussi, et en fonction des besoins des personnes qu’elles rencontrent et de ce qu’elles évaluent. Donc déjà, ça concerne les personnes uniquement qui se déclarent handicapées et on voit qu’il y a des personnes, en fait, qui se déclarent en situation... Enfin qui demandent une reconnaissance en travailleur handicapé, sont bien moins nombreuses que les personnes qui en ont réellement besoin.
    Je connaissais par exemple une personne qui avait une attestation comme quoi elle était travailleur handicapé, puis elle avait un boulot, trouvé un boulot sans s’en servir et tous les 3 ans il faut renouveler, et au bout de 3 ans elle avait dit :"Pfff, ouais, pourquoi je referais un dossier, de toute façon je n’en ai pas besoin." Ben il n’empêche qu’elle sort des quotas, des statistiques des personnes handicapées mais elle l’est toujours. Son problème, elle l’a toujours. Mais elle se dit "bon, pas besoin", finalement elle s’est débrouillée autrement. Et donc toutes ces personnes là, elles n’ont pas droit à cette subvention, parce qu’elles ne rentrent pas, elles n’en font pas la demande. Et hors ces subventions, comme je l’ai dit, il n’y a pas de sensibilisation ou de données publiques, donc la sensibilisation est laissée au marketing des entreprises. Et le marché du handicap est un marché très juteux pour certains. Donc là je donne un exemple.
    C’est un clavier tout bête où les lettres sont agrandies : 295 euros - vous trouverez sur le site ceciaa.com. Comme je vous le disais, JAWS, 1500 euros. Pour la version française, les versions anglaises sont à 1000 euros, on ne sait pas pourquoi.
    Donc, donc voilà... on voit que c’est totalement disproportionné, il n’y a pas vraiment de grosse concurrence. Il y a un monopole parce que c’est... ce sont les MDPH qui choisissent, qui définissent au final. Donc les utilisateurs, même si il y a des choses libres, comme elles n’ont pas de formations sur les outils libres, ben elles ne vont pas les connaître, elles ne vont pas y aller. Ce n’est pas facile de s’approprier une technologie d’assistance. Le RGAA lui même est privateur. Ce qui est assez hallucinant, j’ai découvert ça il n’y a pas longtemps. J’avais pas fait gaffe, dans les mentions légales du référentiel général d’accessibilité pour les administrations. Qui est à priori un document public, limite juridique, donc on devrait pouvoir l’utiliser comme on veut. Ben non. Licence : pas d’utilisation commerciale. Je fais de la formation, si je distribue au cours de ma formation le RGAA, je n’ai pas le droit. Parce que c’est une utilisation commerciale. Et ça ils le mettent... Donc je vous ai mis après en entier... Et le lien, les liens vers le RGAA, vous mettez sur votre site - un site commercial, un site de formation, un site heu... voilà - un lien vers le RGAA, il faut en informer le webmestre - du RGAA. Chose que personne ne fait jamais. Enfin on va... à chaque fois qu’on fait un lien vers wikipédia, on ne va pas à chaque fois leur dire parce que sinon on ne s’en sort pas, puis je pense qu’ils n’aimeraient pas. Donc voilà, on voit qu’on n’est pas du tout dans cet esprit d’ouverture qui devrait être celui de l’accessibilité si on veut vraiment que tout le monde puisse en profiter.
    Alors, autre problème : le droit d’auteur plus fort que le droit à l’accessibilité.
    Ça c’est une question posée. Il y a deux... deux articles de loi qui sont en concurrence. Il y a le droit d’auteur qui protège les auteurs. On n’a pas le droit de modifier une œuvre sans la permission de l’auteur original. Et puis il y a le droit à la non discrimination, qui dit que tout le monde doit pouvoir accéder à un contenu, même si on est en situation de handicap, quelque soit sa religion, quelque soit son sexe, ses orientations politiques... Et caetéra.
    Or, le sous-titrage... vous voulez mettre dans... vous avez le... vous mettez une vidéo sur votre site. Vous avez le droit de mettre cette vidéo sur votre site. Vous la sous-titrez, vous modifiez l’œuvre originale. Il vous faut l’autorisation de l’auteur. Or, ça pose... bon... tout le monde ne le fait pas... la question c’est : "est-ce que l’on peut sous-titrer sans avoir l’autorisation de l’auteur ?". Le problème de l’autorisation de l’auteur, c’est que parfois, l’auteur on ne le connait pas, il n’est pas joignable, il n’est plus disponible, il n’y a plus ses coordonnées. Donc c’est pas toujours facile de le contacter et c’est aussi le cas pour tout ce qui est logiciel libre. Et un référentiel. Je vous ai parlé du RGAA, mais il y a un autre référentiel - AccessiWeb - qui est un référentiel historique. Au départ le gouvernement avait commandé ce référentiel là - AccessiWeb - puis changement de gouvernement, changement d’organisation, ils ont recommandé autre chose, RGAA, qui fait concurrence, et c’est un peu bête. Donc voilà AccessiWeb a fait aussi un gros travail pour être conforme aussi au RGAA. Quand on respecte AccessiWeb, on respecte aussi RGAA. Et il y a toute une déclinaison de cas d’exceptions. Exceptions de conformité. C’est à dire que l’on peut respecter des contenus, mais parfois on peut être exonéré de respecter ces contenus à certaines conditions. En général, c’est des conditions techniques. Par exemple on ne va pas demander à un logo d’une entreprise de refaire sa charte graphique et de changer ses couleurs parce qu’il n’est pas assez contrasté. Donc on va dire "le site est assez contrasté, sauf pour le logo", mais c’est pas grave parce qu’on ne peut pas demander à une entreprise de refaire son logo, c’est pas... c’est pas censé.
    Donc il y a des cas d’exception comme ça, et ils ont récemment décidé d’étendre un cas d’exception que je trouve dangereux, qui est de dire, ils ont pris position en disant "si vous n’êtes pas propriétaire du contenu, vous pouvez ne pas le sous-titrer parce que ce serait une modification d’une œuvre". Et c’est un cas d’exception qui existait déjà, ou j’avais pas fait attention, et qui, là, ils étendent à d’autres critères. Et donc, comme c’est une modification d’une œuvre originale, pour des raisons juridiques, on a le droit de ne pas les rendre accessibles, ce qui exclut beaucoup, beaucoup, beaucoup de contenu.
    Donc en fait ils ont tranché sur le risque juridique en disant "de toute façon, on n’a pas le droit, c’est la loi". Moi je suis plus sceptique que ça, je pense qu’il y a deux axes dans la loi.
    Il y a le droit à la non discrimination et puis il y a le droit d’auteur. Et ce n’est pas tranché par le législateur, quoi qu’il en soit c’est un risque juridique qui ne va pas dans le sens de la promotion de l’accessibilité.
    Alors ce débat, confort contre liberté, est-ce qu’il vaut mieux quelque chose d’accessible vraiment et puis tant pis si on perd un peu nos libertés, ou est-ce qu’il vaut mieux être totalement libre et puis il va falloir chercher un peu plus dans le code, se former un peu plus. C’est un débat qui date pas d’hier et qui, en fait, a déjà été posé au XVIIème siècle par La Fontaine, que vous connaissez surement. Jean de la Fontaine et ses fameuses fables où il y a toujours des morales. Et sur cette fable, c’est assez rare, il n’y a pas de morale, il n’y a pas de conclusion, chacun est libre de trancher.
    Donc c’est l’histoire d’un chien et d’un loup. Il y a un loup qui aimerait bien manger plus mais tout est gardé par des chiens vigoureux. Et donc il a la peau sur les os et un jour il rencontre un chien, qui est égaré. Et il aimerait bien l’attaquer, mais bon, il est bien robuste, bien portant et il lui dit, humblement, pour l’amadouer, "qu’est-ce que vous êtes beau, qu’est-ce que vous êtes bien portant" et le chien lui répond "Merci, mais vous, vous pourriez en faire de même. Il suffirait de travailler comme je le fais". Il dit "mais qu’est-ce que vous faites exactement ?". Il dit "ben moi je mange comme je veux, j’ai une niche, par contre, il faut que... j’ai pas grand chose à faire, il faut que je garde la maison pour pas qu’elle se fasse attaquer, il faut que je flatte un peu mon maître et voilà.".
    Et le loup il dit "Ha ouais, ça m’intéresse... Et vous êtes sur qu’il n’y a rien d’autre ?", "non non". Et il dit "mais c’est quoi ce que vous avez au cou au fait ?". Il dit "ha ça, c’est rien...". "Oui mais c’est quoi exactement, c’est bizarre...". Il dit "Ha c’est une laisse en fait". Il dit "Une laisse ? Vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez ?".
    Il dit "Ben non. Heu je suis attaché mais bon, c’est pas très grave. En compensation je mange comme je veux...". Et là, le loup court toujours.
    Il est parti, ça ne l’intéresse pas.
    Donc le choix entre confort et liberté, c’est un choix qui se pose de plus en plus puisque dans nos vies, aujourd’hui, tout est informatique. Toutes nos données sont numérisées. Même dans sa voiture, l’ordinateur de bord est informatisé, tout est informatique. Et on a tendance à laisser comme ça un peu ses données, le choix au logiciel de dicter un peu notre façon d’utiliser nos données. Et si on change un jour d’ordinateur, et ben on peut tout perdre du jour au lendemain.
    Et le choix qu’on a fait à l’April, c’est de ne pas choisir entre accessibilité et liberté, et de faire en sorte que l’accessibilité se développe aussi dans le monde du libre. Et on a des actions comme ça, y compris politique. Donc je vais vous en parler un peu plus.
    Donc l’April c’est une association qui va bientôt fêter ses 15 ans, la semaine prochaine. Qui compte 5 500 adhérents et qui promeut et défend le logiciel libre. Et au sein de cette association, on a créé un groupe de travail qui s’appelle accessibilité et Logiciel Libre. Et qui vise, en fait, à promouvoir le logiciel libre au sein des acteurs du handicap.
    Un exemple, justement pour ces acteurs du handicap, il y a une association importante, deux associations importantes qui organisent une journée d’information sur le tactile. Et en fait, pour sensibiliser au tactile, elles font venir les constructeurs, qui tiennent des stands pour pouvoir essayer. Ben du coup ils n’ont qu’une vision un peu tronquée. Donc nous, on devait intervenir, mais comme on n’a pas de matériel à vendre ou à présenter, on n’aura pas de stand finalement, on est quand même invités à intervenir, pour présenter, voilà, pour faire un peu de relationnel, pour donner des cartes de visites, on est quand même accueillis. Mais on voit que c’est une approche qui, finalement, donne la part belle au marketing de ces entreprises avec une vision un peu tronquée. Donc nous on a un rôle comme ça de sensibiliser ces acteurs et qui sont vraiment curieux et ouverts, donc, aux logiciels libres. Mais souvent ils ne connaissent pas du tout, donc on, nous sommes toujours un peu sceptiques. Ici même à la Cité des Sciences, maintenant c’est quand même récent, mais ils font une formation à NVDA, qui est le concurrent de JAWS. Donc au Carrefour... au Carrefour numérique mais, à la salle Louis Braille, voilà. Il y a un espace juste ici, à côté, où ils aident les personnes en situation de handicap visuel à se servir des technologies d’assistance, et notamment de JAWS. Et puis récemment ils ont ouvert des formations aussi à NVDA, qui est la même chose, en logiciel libre, voilà, sous Windows. Donc pour information, il y a aussi ORCA sous GNU/Linux. Donc notamment sous Ubuntu. Et l’autre pendant, c’est défendre l’accessibilité au sein du monde du Libre. Puisque là, souvent, il y avait, quand même, une méconnaissance globalement. Il y avait des tas de beaux projets, de façon un peu éparpillée, de manière... voilà, des tas de choses qui se faisaient, mais il y avait peu de communication.
    Et l’un des points faibles du Libre, c’est souvent sa communication, puisqu’on n’a pas de service marketing, on a rien à vendre et du coup c’est pas toujours évident de communiquer sur ce qui se fait. Donc le rôle de l’April et du groupe de travail, c’est pas de s’approprier ou de centraliser les projets. Mais c’est plutôt de contribuer et de donner en fait, de la visibilité aux projets qui existent, et puis à défendre le logiciel libre sur les points qu’on a évoqués plus tôt. Donc voilà, j’en viens à nos activités. Donc là, on a inauguré un nouveau type d’atelier, enfin de réunion, qu’on appelle les ateliers accessibilité. Donc le groupe de travail est ouvert à tous, membre ou non de l’April. Donc si vous êtes curieux vous pouvez venir voir, jeter un œil, puis repartir si ça ne vous intéresse pas. Il y en a qui font ça, il y en a qui sont inscrits, qui suivent, mais qui ne participent pas, il y en a qui participent activement, donc ça c’est vraiment totalement libre. Les ateliers, le principe, c’est on choisit un sujet et à la fin de la réunion on veut avoir du concret. Donc voila. Donc ça peut être n’importe quel sujet. On a commencé avec, justement, quand je dis qu’on ne s’approprie pas les choses, Framasoft, que vous connaissez peut-être, qui est un annuaire de logiciels libres francophone. Plutôt que de créer... on avait commencé à faire une liste des logiciels libres d’accessibilité sur notre wiki à l’April. On s’est dit que, enfin si on veut donner de la visibilité, c’est au sein de Framasoft qu’il faut les mettre. Et donc j’avais demandé à ce qu’on ouvre une rubrique accessibilité et récemment on s’est réuni dans un atelier et on a écrit des notices, pour faire connaître ces logiciels. Et donc ils ont pas... elles n’ont pas été toutes publiées, maintenant vous avez une rubrique accessibilité au sein de Framasoft. Donc c’est vraiment ça qu’on essaye de faire, des partenariats.
    Il y a une initiative de l’April qui revient à chaque élection, quelque soit le type d’élection, présidentielle, sénatoriale, législative l’année prochaine... Donc à chaque fois - ou municipale - donc à chaque fois il y a une plateforme où on va faire... chacun peut s’inscrire pour faire signer le candidat de chez lui, près de chez lui. Je pense surtout aux municipales quand il y a beaucoup de candidats, lui faire signer le pacte du logiciel libre. Et il y a tout un tas de cahiers... Donc c’est une page très simple, puis il y a tout un tas de cahiers qui font le point sur différents sujets, les DRM, le pacte consommateur...etc... Et donc là on va écrire pour les élections présidentielles et législatives prochaines de 2012, un cahier accessibilité pour candidat.fr. Il n’est pas encore écrit. Donc à chaque fois ce cahier fait le point sur ce que c’est que le sujet qu’on aborde et puis pose des questions au candidat, qui est appelé à répondre. Et ensuite on rend tout public. Les gens qui ont refusé de signer, les gens qui ont signé, donc ce qu’ils ont répondu aux questions, et ça aide les gens comme ça à choisir... aussi enfin fonction de... enfin les gens pour qui c’est important le logiciel libre, de se prononcer en fonction des réponses des différents candidats.
    Et ça marche assez bien, on a quand même des bons retours des candidats qui jouent le jeu, parce que bon, voilà une association de 5 500 adhérents, certes, mais il y a plein de gens autour de l’April qui sont pas forcement membres, et qui sont intéressés par cette action.
    Ensuite, on organise un "AccessCamp", donc c’est sur le principe du "BarCamp". Donc les BarCamp, c’est une non conférence. C’est à dire qu’on se réunit tous, sur un sujet - qui est en l’occurrence l’accessibilité et les logiciels libres - en fonction des personnes concernées, on définit des thèmes, des groupes de travail sur place - donc ce n’est pas prévu à l’avance - et on passe la journée comme ça à travailler sur le thème défini. On l’a fait l’année dernière, un petit peu à l’arrache, il faut le reconnaitre. C’était fait ici, on ne savait pas trop ce que ça allait donner. Il y a plein de gens qui sont venus, y compris de province et qu’on n’a pas toujours l’occasion de voir parce qu’on communique beaucoup par mail ou par IRC - ce qui est comme du chat, mais sur le Web. Et du coup il y a des choses très intéressantes qui font qu’on rencontre le développeur du logiciel et un utilisateur. Ils se mettent côte à côte et ils corrigent des bugs tout de suite.
    Parce que du coup la personne voit comment l’utilisateur utilise son logiciel. "Ah mince, il manque telle alternative" et hop ! Je corrige tout de suite. Donc il y a eu des choses très concrètes qui ont permis d’avancer très vite. Et donc là on organise ça, et on va essayer de faire ça de manière plus organisée cette fois, avec plus de communication. Donc, samedi 22 janvier... non 21, en plus je me suis trompée, c’est le 21 janvier... Samedi 21 janvier, toute la journée, chez Mozilla Europe. Donc voilà, donc si vous êtes intéressé, pareil on fera un peu de communication dessus.
    Pour nous contacter, donc il y a la liste de discussion "accessibilite chez april.org", le canal IRC sur freenode #april-accessibilite, sans accent. Donc ça, de toute façon ceux qui vont sur IRC savent ce que c’est, sinon, c’est pas la peine... contactez-nous par mail plutôt.
    Et j’ai oublié de le mettre mais il y a le portail libre-et-accessible.org... Je crois...
    Donc là, vous avez toutes les infos sur... pour retrouver notre wiki, pour retrouver les dernières actualités et on mettra toutes les infos vers l’AccessCamp pour ceux que ça intéresse. Je tiens à préciser que l’AccessCamp est ouvert à tous, que vous soyez technicien ou pas, juste utilisateur, juste curieux. Vous ne connaissiez pas spécialement l’accessibilité, parce que du coup, même si le but c’est pas de faire des démonstrations, il y aura des personnes en situation de handicap, donc elles vous montreront avec plaisir comment marchent leurs outils. Donc il ne faut vraiment pas hésiter.
    Donc voilà, j’avais prévu 15 minutes, il y en a 17, de questions-réponses... si vous voulez... Donc... merci
  • Oui
  • auditeur : c’est au niveau du... pour revenir sur le sous-titrage dont vous avez parlé tout à l’heure. Vous avez considéré que c’était une modification de l’œuvre. Est-ce que ça concerne uniquement si le sous-titrage est effectivement incrusté dans la vidéo ou mais si c’est un sous-titrage qu’on peut enlever ou remettre... est-ce que c’est vraiment considéré comme une modification de l’œuvre ?
  • Armony : Alors apparemment, c’est quand même considéré comme une violation du droit d’auteur puisque rien que des paroles de chansons c’est considéré comme de la violation du droit d’auteur et pourtant c’est pas incrusté à l’œuvre. Donc heu... je dirais que... il n’y a pas de cas de... de jurisprudence, mais oui, c’est considéré quand même comme une violation du droit d’auteur.
    D’autres questions ?
    Oui ?
    Pardon ?
    Ha, il y a des cartes de visite du groupe pour ceux qui veulent.
    Oui ?
  • Auditeur : est-ce qu’il y a déjà certains candidats qui ont manifesté leur... enfin... leur approbation pour votre...
  • Armony : alors on n’a pas encore écrit le cahier candidat.fr, c’est en cours. Donc là, on va le faire, je pense la semaine prochaine. Donc on ne l’a pas encore diffusé. C’est... on le diffusera... l’initiative candidat.fr, elle commence pendant la campagne électorale, qui n’est pas encore commencée officiellement. Donc ça sera l’année prochaine, début 2012 je pense. Donc pour l’instant je n’ai pas de réponse puisqu’ils n’ont pas eu la question, ils ne peuvent pas donner de réponse... Donc voilà...
  • Il y a un impact quand même, on a été reçu au ministère parce que il y avait... quand Nathalie Kosciusko-Morizet était responsable au gouvernement des technologies de l’information et de la communication, économie numérique, tout ça... elle avait tendance à dire un peu des... quelques bourdes parfois sur le logiciel... confondre logiciel libre, logiciel gratuit.. ; Heu, et à promouvoir justement tout ce qui est gadget, innovation pour l’accessibilité. On l’avait rencontrée, on avait rencontré son conseiller. Donc ils sont quand même à l’écoute.
    Enfin voilà, il suffit qu’on dise, ben voilà, on n’est pas très content et quand même ils nous reçoivent. Donc ça c’est un peu une des forces de l’April, qui a un gros travail comme ça... qui n’est pas du lobby, parce que du lobby, c’est défendre des intérêts particuliers. Justement comme je disais, marketing pour défendre notre produit. Là, on défend l’intérêt général. Mais il y a un travail comme ça auprès des politiques.
    Donc là j’ai essayé d’avoir un rendez-vous l’année dernière, je vais relancer, mais ça a l’air un peu mort, d’une... d’une députée qui avait posé une question sur justement la question "comment ça se fait qu’on finance des choses très chères et alors qu’il existe du logiciel libre pour les personnes handicapées ?". Donc on s’est dit wahou, une députée qui pose cette question, c’est important. Donc il n’y a pas eu de réponse, jamais, du gouvernement. Et je n’ai pas réussi à avoir de rendez-vous avec cette fameuse députée, qui a annulé tout le temps. Donc du coup, ben voilà. Mais... en tout cas, nous on va communiquer dessus. Une des grandes forces en fait qu’on a dans ce siècle, c’est la communication, et les politiques y sont très attentifs.
    Et du coup si vous voulez participer à cette préparation de candidat.fr, c’est vraiment... tout le monde peut. C’est vraiment, une action citoyenne, pas besoin d’être membre de l’April. Rejoignez-nous sur la liste, on vous tient au courant et voilà.
    Pas d’autres questions ?
    Ou vous êtes timides ?
    Sinon, je vous fais une démonstration.
    Donc voilà, ça c’est ORCA, qui est par défaut sur Ubuntu, et qui est le fameux logiciel de lecture d’écran dont je vous parlais.
    Ha mince, vu que c’est un nouvel ordinateur, je ne l’ai pas configuré.
  • Ordinateur : Lecteur d’écran ORCA. Préférence bouton.
  • Armony : Vous entendez ? Il dit "Lecteur d’écran Orca, préférence bouton". Donc il nous dit que c’est un bouton.
  • Ordinateur : Démarrage des préférences ORCA. Préférence ORCA. Géné... Préférence ORCA, général onglet. Voit onglet.
  • Armony : Donc là on voit les différentes... on voit qu’il dit "voit onglet". Donc c’est ça qui est important. On verra... Il y a un atelier cette après midi de 15h à 17h sur l’accessibilité du Web, qui est ouvert même aux non codeurs. Donc on verra qu’il y a des façons d’évaluer si un site web est accessible ou pas, et comme je vous disais, l’accessibilité du Web, les règles qui ont été faites sont tout à fait déclinables pour les logiciels.
  • Ordinateur : général onglet, margency larget onglet ??? , prononciation onglet
  • Armony : Alors ce qui est intéressant, c’est que vous pouvez... une synthèse vocale, vous pouvez la configurer comme vous voulez.
  • Ordinateur : validez bouton ???
  • Armony : C’est à dire que si je mets
  • Ordinateur : c’est... d’Ubuntu ??? ( 44 min 47 )
  • Armony : Il connaît Ubuntu, avant il ne disait pas comme ça. Donc en fait on peu éduquer sa synthèse vocale pour qu’elle prononce correctement les choses. On va essayer...
  • Ordinateur : Chaine privée d’en-tête... google ??? ( 45 min 01 )
  • Armony : Alors ils ont fait de gros progrès. Avant, quand on tapait "Google", il disait "gogle". Et il fallait après lui apprendre à dire "Google", donc faire une chaine de remplacement. Pareil pour "Ubuntu", il disait "ubonte" ou "ubintu" ou quelque chose comme ça, donc il fallait lui apprendre à le dire. Là, apparemment, ça doit être depuis la mise à jour, d’Ubuntu, donc c’est une bonne chose, ils ont intégré dans leur dictionnaire une façon de bien prononcer les choses.
    On va essayer avec... avec quoi ?
    oui.
  • Ordinateur : ... changement d’en tête...??? ( 45 min 41 )
  • Armony : en fait, c’est pas... en français ça ne se prononce pas très différemment
  • Ordinateur : ...sélectionner... ( 45 min 49 )
  • Armony : un truc qui était sympa normalement, c’était newsletter aussi
  • Ordinateur : chaîne privée d’en tête newsletter...??? ( 45 min 53 )
  • Armony : Bon ben super... ça veut dire qu’ORCA fonctionne vachement mieux. Donc heu voilà, vous voyez le logiciel libre n’a rien à envier au reste. J’arrive pas à vous trouver d’exemple
  • Ordinateur : newsletter c’est le sélectionné ??? ( 46min06 )
  • Armony : comment ?
  • Public : ???
  • Armony : Ha oui, alors là j’en doute quand même, on va voir... on ne sait jamais...
  • Ordinateur : changement d’entête de journaux gentoo ??? ( 46 min 15 )
  • public : wahou
  • Armony : Bon... alors moi j’aurais bien quelque chose... mais... Donc le président chinois
    Hu Jintao. On va voir comment il le prononce
  • Ordinateur : chaine privé d’entête de journaux hu jin tao ??? ( 46 min 36 )
  • Armony : Hu Jintao, voilà bon, mais le problème c’est vous non plus vous ne saviez pas le prononcer. Donc...ça ne vous parle pas trop... Bon ben voilà, en tout cas ça vous montre un exemple
  • Ordinateur : ... sélectionnez ( 46min 50 )
  • Armony : Et vous allez voir qu’il est très poli en plus.
  • Ordinateur : question quitter ORCA ? Ceci arrêtera la synthèse vocale et la sortie braille. Quitter bouton. Au revoir. ( 47 minutes )
  • Armony : Au revoir, voilà. Bon ben voilà, si vous n’avez pas d’autres questions du coup... non ?
    Bon j’aurais du... j’aurais pu continuer une journée en fait sur le sujet. J’ai voulu faire vite pour qu’il y ait des questions, j’ai eu tort, tant pis. Merci pour votre attention.
    Applaudissements...

Avertissement : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant⋅e⋅s mais rendant le discours fluide. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.