Ventes forcées de logiciels Jurisprudence et politique Par Cyprien Gay (Racketiciel / AFUL)

Présentation

  • Slides de la conférence.
  • Date : 12 novembre 2011
  • Lieu Ubuntu party à la cité des sciences
  • Durée : 55min 48s
  • Licence : CC BY SA

Transcription

Bonjour à tous. Je suis Cyprien Gay. Je suis membre de l’AFUL, Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres.

Je vais vous parler des racketticiels, donc des logiciels qu’on achète sans le vouloir souvent, en tout cas pour la plupart d’entre nous lorsqu’on achète un ordinateur. Cette présentation a été conçue en partie dans les versions précédentes par toutes les personnes qui sont listées là. N’hésitez pas à m’interrompre au fur et à mesure. Je vais essayer de parler successivement de plusieurs aspects. N’hésitez pas à m’interrompre.

De quoi s’agit-il ? Très concrètement lorsque un samedi matin vous décidez que vraiment il faut maintenant acquérir une nouvelle machine, vous partez de chez vous avec en général une idée assez précise de ce vous voulez comme matériel : vous voulez un tout petit ordinateur comme celui-ci parce que vous avez vraiment besoin de vous balader, vous n’avez pas besoin de faire grand chose d’autre que de la bureautique et puis ou alors c’est pour vos enfants qui ne jouent pas qui font seulement des choses sérieuses donc vous avez besoin d’un tout petit matériel ou alors au contraire vous jouez beaucoup vous avez besoin d’un gros matériel. En général, vous avez une une idée assez claire de ce vous voulez comme puissance de machine, comme mémoire, etc...

Vous allez chez le vendeur. Là vous voyez toute une série d’ordinateurs et en général, sauf vraiment exception, vous voyez un prix total pour cet ordinateur. Qu’est-ce que c’est que ce prix total ? C’est en fait que cet ordinateur qui vient de chez le constructeur contient bien sûr le matériel que vous avez sous les yeux et contient aussi un système pré-chargé sur l’ordinateur. Pré-chargé, c’est-à-dire que le constructeur a fait en série des images du disque dur et donc tous les ordinateurs contiennent peu ou prou la même chose sur le disque dur. Et ça deviendra un système d’exploitation si vous le voulez. Donc vous rentrez chez vous et en fait vous n’avez pas eu le choix si vous voulez utiliser Ubuntu ou un autre système libre, vous n’avez pas eu le choix, pas eu d’autre choix que d’acheter ces logiciels qui ont un prix et qui était inclus dans le prix total. Vous n’avez pas eu accès au prix du matériel seul et vous avez payé un prix total. Autrement dit, on vous a vraiment forcé à acheter un produit qui est le logiciel et qui est clairement distinct, le logiciel de façon générique, le système d’exploitation et les logiciels qui sont souvent installés avec. On vous a forcé à acheter ça.

Ce sont bien deux produits distincts, c’est clair dans la vie de tous les jours évidemment puisque la plupart des gens qui ne connaissent pas les Logiciels Libres achètent des logiciels régulièrement, en plus, donc ils sont bien conscients que les logiciels c’est quelque chose de distinct d’une machine. Et puis, nous, à fortiori, nous en sommes très conscients puisque tous les jours nous écrasons un système acheté de force par un système libre.
Donc voilà, ce sont deux choses bien distinctes, deux produits bien distincts et juridiquement ce sont également deux produits très distincts. C’est-à-dire que un matériel, une fois que vous l’avez acheté, il est vraiment à vous. Vous avez le droit d’en faire absolument ce que vous voulez. Si vous avez envie d’utiliser votre ordinateur portable comme cale pour mettre sous la bibliothèque qui est bancale, vous avez le droit. Ce n’est pas forcément le meilleur usage que vous puissiez en faire, mais vous avez tout à fait le droit. C’est ce qu’on appelle usus, fructus, abusus. Vous avez le droit d’utiliser, vous avez le droit de faire fructifier un bien, vous avez le droit même d’en abuser. Donc le mettre sous une bibliothèque, c’est sans doute en abuser, mais enfin vous avez le droit.

Ensuite, les logiciels juridiquement c’est quelque chose de différent. D’abord, les logiciels propriétaires j’entends, ne vous appartiennent pas, d’ailleurs libres non plus ils ne vous appartiennent pas, ils appartiennent à tous les créateurs du logiciel, tout ce que vous avez à vous en quelque sorte c’est un droit d’usage du logiciel. Du point du vue juridique c’est un service en fait. Le droit d’usage d’un logiciel propriétaire c’est un service, donc vous le payez ce service, mais vous n’avez pas la propriété du logiciel. Donc il y a bien deux produits distincts.
Donc ce deuxième produit qui est le logiciel, le système d’exploitation, c’est vraiment une vente forcée dont il s’agit parce que vous l’avez acheté sans que vous l’ayez voulu.

Ensuite vous arrivez chez vous. Vous allumez l’ordinateur et là qu’est-ce qui s’affiche en premier ? C’est ce qu’on appelle le CLUF, le contrat de licence pour l’utilisateur final. Je ne sais pas si vous avez déjà lu toutes les petites lettres qui sont là. Il faut être assez patient. C’est un petit écran qui fait en général 5 lignes de haut, qui fait à peu près trente caractères de large ; il doit y avoir une vingtaine de pages à passer là-dedans, de vraies pages, et donc si vous voulez vraiment lire tout, il vous faut une sacrée patience si vous voulez prendre en photos tout ça pour la mémoire, il faut une certaine patience. Ce contrat vous donne le choix d’accepter la licence du système d’exploitation en l’occurrence des logiciels qui vont avec aussi, d’accepter cette licence. Puis vous avez beau chercher, ce que vous voyez c’est acceptez, acceptez, acceptez. Si vous vous éteignez votre machine brutalement, vous redémarrez pour ne pas avoir à accepter, qu’est-ce qu’on vous re-propose au 2ème démarrage ? Acceptez, au 3ème démarrage ? Acceptez. Ce qui fait AAAAA, quelque chose qu’on entend assez souvent ces jours-ci pour une autre raison. Vous n’avez pas le droit de refuser cette licence logicielle. Évidemment vous pouvez refuser par défaut, c’est-à-dire que vous rebootez la machine avec une clef USB ou un disque, vous effacez tout ça, etc.. Enfin voilà, le constructeur, car c’est bien de lui que vient ce logiciel installé, ça vient du constructeur, et bien le constructeur ne prévoit pas vraiment le fait que vous puissiez refuser. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, et c’est en raison de ses accords avec l’éditeur Microsoft, c’est la raison pour laquelle, il ne donne d’ailleurs même pas au vendeur l’information sur le prix du système par rapport au prix du matériel. En fait le vendeur à vrai dire, il n’a pas l’information. Il doit normalement cette information au client. A vrai dire il ne l’a pas. Enfin voila !

Tout ça pour dire qu’on vous a clairement forcé et que ce contrat il cite nommément le constructeur donc. En fait en acceptant ou en refusant d’ailleurs ce contrat, vous passez un lien ou non avec le constructeur qui a le droit, en vertu de ses accords avec Microsoft, qui a le droit, de vous concéder cette licence d’utilisation de Windows. Voila juridiquement. Je passe un tout petit peu de temps là-dessus parce qu’en fait tout cela va être essentiel pour toute la suite que je vais vous raconter. C’est très concret : c’est vraiment deux produits distincts, le système et le matériel. Vous les achetez ensemble parce qu’il n’y pas le choix et puis il y en a un des deux, si c’est votre choix de ne pas utiliser le logiciel, il y en a un des deux qu’on vous a forcé à acheter.

Est-ce qu’il y a des questions sur ce point jusqu’ici ?

Alors...
En quoi est-ce un problème ces racketiciels ? Et pourquoi est-ce qu’on les appelle des racketiciels ?

Un consommateur comme la plupart d’entre nous, qui ne voulons pas de système d’exploitation, lorsqu’il entre dans un magasin ou sur internet sur un site de vente d’ordinateurs, il a moins de choix de matériel que les autres personnes. Je disais pour commencer, au départ quand on va acheter un ordinateur, on a une bonne idée de ce qu’on veut comme type d’ordinateur : on veut un petit ordinateur ou un gros ordinateur. On sait à peu près ce qu’on veut.
Et même on sait quel système d’exploitation on veut en fait : la plupart d’entre nous on y va pour acheter un LINUX si il y en a ou en tout cas pour installer du LINUX après et la plupart des autres veulent du Windows. Le choix qu’on fait c’est le matériel. La preuve c’est qu’il n’y a pas de choix sur le système d’exploitation. Le choix c’est le matériel, et nous on en a moins. Pourquoi ?

Parce que le fait d’avoir des ordinateurs sans système d’exploitation, ça c’est très rare, vous l’avez bien constaté. Il y a quelques rares bons constructeurs qui font ça. Mais j’imagine que vous en connaissez peu ou pas. Nous vous en tenons la liste. Ou alors, tout simplement, vous payez le système comme je viens de dire et on paye une somme tout à fait conséquente : ça constitue 10 à 30 % du prix total. Donc, payer quelque chose qu’on ne veut pas, de façon forcée, ça s’appelle en langage courant, du racket, d’où le nom.

On va aller un peu plus en détail sur ce que c’est que tout ça.

Qu’est-ce qui serait bien, pour nous libristes notamment, ce serait qu’il y ait non seulement la concurrence sur le matériel, ce qui est déjà le cas, mais qu’il y ait une concurrence sur les systèmes d’exploitation, commercialement une vraie concurrence. Qu’est-ce que ça signifie ?
Est-ce que c’est la même chose que le fait d’avoir des machines pré-chargées ou des machines nues ? Est-ce que c’est la même distinction ? En fait non. Ça s’oppose plutôt au fait d’avoir une vente forcée, comme on vient de voir à l’instant.

Pourquoi est-ce que ce n’est pas la même chose le pré-chargement et la vente forcée ? Le pré-chargement, je répète, c’est d’avoir sur le disque dur quelque chose qui, lorsqu’on a cliqué sur « acceptez » fait tout un toutim pendant une demi-heure et qui à la fin donne un système d’exploitation. En fait, c’est un système d’exploitation crypté, compacté, etc... C’est pré-chargé et la vente forcée et bien c’est une vente. C’est le fait de payer ou de ne pas payer. En fait les 2 sont tout à fait dissociables. Aujourd’hui, on est là, dans la plupart des cas, c’est pré-chargé et c’est vendu de force et si vous allez chez le détaillant, vous faites construire votre machine vous même à peu de chose près vous avez quelque chose ici : c’est-à-dire que vous avez le choix de ne pas avoir de système et donc à fortiori du coup on ne vous le vend pas de force, mais en fait on pourrait même avoir quelque chose ici, on pourrait avoir des machines pré-installées mais pour lesquelles vous payez ou non selon votre choix le système qui est pré-chargé. Si vous le payez et bien vous avez ce qu’il faut pour le développer, le déployer et que ça donne un système et si vous ne payez pas ça reste crypté et tant pis pour vous, ou tant mieux pour vous.

Le fait que ce soit pré-chargé et le fait que ce soit une vente forcée, ce sont 2 choses dissociables, non dissociées actuellement, mais dissociables en vrai.

Je reviens un instant sur les autres licences, les licences propriétaires, la licence phare des systèmes pré installés, c’est ce qu’on appelle les licences OEM ( Original Equipment Manufacture)
François Corteni a commis il y a quelques années déjà : 2 ou 3 ans, 3 - 4 ans même, cette liste d’inconvénients de ce genre de ce type licence. Donc, je vous invite à aller lire ça, là j’ai juste listé quelques points, mais il les développe un peu plus. Donc si vous voulez convaincre d’autres personnes que ce sont des licences peu intéressantes... Essentiellement il explique les choses qu’on sait bien : qu’on ne peut pas revendre une licence comme ça ; que si on a un crash disque, on perd à peu près tout ; qu’on ne peut pas le transférer sur une nouvelle machine ; qu’il manque des tas de choses, du point de vue des fonctionnalités du système, par rapport à un système plus général en particulier les reconnaissances de matériel qui sont très spécifiques, il n’y a pas de docs ; on ne peut pas réinstaller si on n’a pas fait de sauvegarde ; et puis on n’a pas beaucoup d’aide en ligne, on n’a pas beaucoup d’aide au téléphone. Donc il y a tout ça. Et il explique en fait, il liste un peu tous les inconvénients.

En fait acheter de l’OEM, pour ceux qui aiment les systèmes propriétaires, ça coûte plus cher en fait que d’acheter un système boîte. En quelque sorte c’est à ça qu’il arrive : en moyenne sur plusieurs ordinateurs, c’est cela que ça donne. Bien, C’est un détail pour nous !

Alors quelle serait la solution idéale ?

Roberto di Cosmo dont je reparlerai dans un instant, au mois de septembre là, a trituré une affiche du métro pour présenter ceci : une rentrée bien équipé, un ordinateur à 399 €, plus au choix, une clef d’activation de Windows à 99 €, ou une clef d’activation de Mandriva à 9 €, ou d’Ubuntu à 9 €.
Voilà ce qu’on pourrait très bien avoir si c’était bien fait. La case en bas à gauche de ce que je vous montrais il y a un instant.
Ce serait du pré-installé, enfin du préchargé : c’est pas installé puisque ce n’est pas encore installé, c’est préchargé et c’est tout de même optionnel. On pourrait payer de façon dissociée la machine et l’un ou l’autre ou plusieurs des systèmes.

Alors qu’est-ce que çà pourrait donner sur un site de vente ?
Vous avez les systèmes Linux, des systèmes Windows, différents prix bien détaillés et différentes installations : installation de base, installation complète, voilà ce que ça pourrait donner en vrai. Ça en fait c’est un vrai site ; c’est l’un des gentils, c’est l’un des bons constructeurs, ceux qui donnent vraiment le choix d’une pré-installation ou pas de Windows ou de Linux ou des deux. Ce sont des noms que je vous invite à aller découvrir, qui sont sur le site bons-constructeurs-ordinateurs.info. Ce sont des noms dont vous n’avez jamais entendu parler parce que ce sont des petits constructeurs, n’empêche qu’ils font des très bons matériels et autant les encourager pour ça.

Après, tous ceux que vous connaissez , ils sont là. En gros ils vous forcent essentiellement déjà à faire votre achat avec le système d’exploitation et puis éventuellement ils vous proposent un remboursement entre guillemets en tout cas une somme. Donc, il y a les plutôt gentils qui vous demandent de renvoyer un papier et puis ils vous envoient ensuite un chèque. Il y a les plutôt méchants qui vous demandent de renvoyer la machine et qui à la fin vous renvoient la machine avec un chèque. Il y a les très méchants qui vous disent débrouillez-vous ! Vous renvoyez éventuellement toute la machine et c’est tout, et puis on a fini, on ne se parle plus, ou alors vous gardez tout.

Personne du public : Dell ?

Cyprien Gay : Dell est dans les méchants jusqu’à présent.

Personne du public : Il fut un temps, ça date un peu, ils avaient proposés des ordinateurs pré-chargés avec Ubuntu, je croyais qu’ils proposaient de vendre des ordinateurs nus maintenant.

Cyprien Gay : Dell, si je ne me trompe pas, fait partie de ces constructeurs qui offrent aux professionnels, donc les grands comptes, le CNRS, les universités, plein d’autres grands comptes aussi sûrement, le choix vraiment d’avoir des machines nues, des machines avec Windows, sans doute aussi des machines avec Linux. Pour le particulier, il n’y a rien de tout ça, sauf, sauf, tout à fait d’accord, sauf ponctuellement de temps à autre, ils sortent une machine sous Linux. Et quand on compare le matériel on se rend très vite compte que ce n’est pas le bon prix, que c’est en fait une machine un peu vieille, qu’elle n’est pas au prix auquel elle devrait être. En fait c’est un alibi pour nous, on se rend bien compte que c’est un alibi pour les procès dont je vais vous parler après. Là, la question qu’on se pose vraiment, c’est est-ce que de manière générale, générique, sur tous les modèles de ces constructeurs, est-ce que il y a ou non le choix qu’on demande ?

Personne du public : C’est juste une question comme ça. Imaginons que j’achète une machine, par exemple, HP ; j’ai le système pré-installé et tout. J’ai une garantie. La garantie elle se joue sur quoi ? Sur le matériel ou sur le logiciel, ensemble ?

Cyprien Gay : C’est une très bonne question. Quand on pose la question à un vendeur en supermarché, il nous dira la plupart du temps que si on efface Windows il n’y a plus de garantie. Si on pose vraiment la question au constructeur, il répond que non, la garantie matérielle, elle marche toujours. Jamais un constructeur ne vous dira par écrit qu’il n’y a plus de garantie matérielle si vous installez Ubuntu à la place de Windows.

Personne du public : Si je change normalement, il n’y a pas de souci.

Cyprien Gay : Non, il n’y a pas de souci ! Pas de souci ! Ce sont bien deux produits distincts. Si jamais ils avaient vraiment envie de dire que vous avez cassé la carte graphique parce que vous avez utilisé Linux, il faudrait qu’ils le prouvent. Ce n’est pas à vous de le prouver, c’est à eux. En tout cas normalement c’est sous garantie matérielle.

On a plusieurs exemple de personnes qui ont renvoyé une machine et qui se sont fait rembourser la machine ou changer la pièce, malgré un premier discours comme ça. Et c’était un premier discours oral, pas écrit.

La question qu’on se pose, c’est vraiment pour tous ces constructeurs est-ce que de manière générique, ils proposent ou non le choix. De manière générique, leur politique, c’est ça. Et tout ça vous le verrez listé sur ce site, que nous tenons à jour au fur et à mesure des retours que nous avons, donc qui liste les constructeurs dans chacune des catégories avec les liens éventuellement vers les procédures de remboursement. Alors, remboursement justement, je le mets entre guillemets. Étant donné qu’on n’a pas l’information du prix des systèmes d’exploitation au début, au moment de l’achat, et bien ça n’est pas un remboursement, c’est une somme forfaitairement prise ou fixée par le constructeur. Rien ne nous dit que c’est vraiment la somme qu’on a payée pour le logiciel. C’est eux qui disent !

Alors, je reviens à ce transparent-ci. Encore une fois nous avons moins de choix lorsque nous voulons utiliser autre chose que le système préchargé, ou alors on le paye. Et la conséquence qu’est-ce que c’est ? C’est d’une part que nous, en tant que consommateur, chacun individuellement, nous sommes lésés à chacun de nos achats informatiques : nous avons moins de choix ou alors nous payons plus. Donc c’est un problème de consommation ! Par ailleurs, parce que ceci est systématique, parce que à chaque fois qu’on veut autre chose que ce qui est préchargé qui est du Windows, on est lésé. Puisque c’est systématique, c’est aussi un problème de concurrence. Il y a vraiment les 2.

La concurrence je vais en parler très peu, là, juste à l’instant. Je fais un petit retour en arrière, d’il y a 3 ans. Vous vous souvenez qu’au début de 2008, il y a eu les premiers ultra portables comme celui-ci, qui étaient vendus avec du Linux dessus. Et puis, à la fin de 2008, tous les ultra-portables, donc, après ASUS il y a eu d’autres marques, tous les ultra-portables, sauf exception étaient sous Windows. Je ne sais pas si vous vous souvenez de cette année là. Ça a été fabuleux !

Donc, en ce moment, les tablettes etc... démarrent sous Linux. J’espère qu’il y aura une grosse part de marché qui restera sous Linux au bout de temps. Mais, il n’est pas exclu que la vente forcée se mette à faire la même chose. Donc là, en l’occurrence clairement en 2008, les constructeurs ont été sous pression de la part de Microsoft. D’abord, Windows XP, vous vous souvenez, a été prolongé alors qu’il devait s’arrêter, il a été prolongé. Et peu à peu les accords commerciaux sur les autres machines ont fait que Microsoft a mis la pression sur les constructeurs pour qu’ils remplacent et qu’ils mettent maintenant du XP.
Voila pour la concurrence !

Maintenant je vais parler de tout le reste, de notre action globalement et des problèmes juridiques, des aspects juridiques de ce qu’on vient de voir. C’est là un aspect consommation.

Les origines de toute l’action ça a été la prise de conscience par Roberto Di Cosmo de cette problématique-là, déjà en 98. Donc il y a 13 ans. Vous vous souvenez pour certains d’entre vous du livre « Piège dans le cyberespace » qu’on peut toujours trouver sur Internet car il n’est plus publié et puis l’AFUL a constitué le groupe de travail « Détaxe ». Je ne reviens pas sur le nom détaxe c’est un jeu de mots sur les taxes, sur les fenêtres, bref. Et donc notamment une liste de discussion detaxe chez aful.org qui est très active, qui a été très active depuis cette époque-là et qui l’est encore et aujourd’hui, plus précisément il y a toujours ici 2 ou 300 personnes ici qui discutent souvent des actualités et puis des choses à faire, et puis il y a une équipe très resserrée, une petite dizaine de personnes, qui se répartissent essentiellement deux actions continues et très très prenantes. L’une c’est un accompagnement des personnes qui se lancent dans une demande de remboursement, avec tous les aspects qu’il y a de dialogue avec le constructeur et puis de procès.

Un deuxième axe c’est la communication, donc des communiqués de presse à des moments précis et puis le site web de l’action. Nous avons énormément de soutien de la part de l’AFUL notamment pour tout ce qui est Web et pour certains aspects pécuniaires. J’ai listé une évolution de tout ce qui a été fait par nous et par d’autres associations depuis 2005. Il va y avoir plein de choses, vous allez voir.

L’AFUL a décidé déjà en 2005 de s’y investir beaucoup dans cette action en disant que c’est un point crucial pour les logiciels libres. Et il y a eu entre 2005 et 2008 les premiers procès qui se sont faits. Ce sont vraiment les gens très courageux, qui s’y connaissaient un petit peu en droit ou du moins qui avaient envie de s’y mettre quoi qu’il en soit, qui ont épluché les textes, qui sont allés au tribunal, qui ont chacun construit leur truc et qui à la fin ils ont gagné ou perdu, selon les cas, c’était pas du tout automatique.

Il y a eu l’UFC Que Choisir, grosse association de consommateurs que vous connaissez, qui a lancé des procès contre trois gros poids lourds en 2006, contre DARTY, HP et.... ça va me revenir... Par contre les procès ont eu lieu à partir de 2008. Nous avons lancé une pétition en 2006 qui a aujourd’hui 40 000 signataires. Il y a eu un phénomène intéressant à partir de 2007, donc quand Vista est arrivé il a commencé à y avoir des consommateurs, des utilisateurs de Windows, qui voulaient se faire rembourser parce qu’ils voulaient utiliser un autre Windows à la place. C’était assez amusant pour nous. Il y a eu une lettre ouverte aux constructeurs qu’on a faite. Les points importants sont à partir de maintenant.

Il y avait eu à peu près 5 procès jusqu’à la moitié 2008 et à la fin 2008, il y a eu 4 procès supplémentaires. Pourquoi ?

Parce qu’en fait nous avons conçu un guide pour obtenir le remboursement, donc en fait un peu toutes les étapes qui permettent de faire ça. Et puis il y eu la constitution de l’équipe dont je vous parlais, une équipe d’accompagnement. Donc là il y a eu vraiment une multiplication des procès. Pendant ce temps-là il y a eu les premiers procès de l’UFC.

Puis en 2009, regardez bien, il y a eu 13 procès supplémentaires en 2009, 13 jugements c’étaient des procès qui étaient déjà lancés et qui ont abouti en 2009. Cette multiplication qui est venue du fait qu’il y avait une équipe qui aidait les gens à passer le cap et à le faire.

En 2010, il y en a beaucoup moins, il y en a 4 et ça c’est une raison très simple, c’est que la jurisprudence, les textes de loi ont beaucoup évolué à ce moment-là. Les constructeurs se sont mis à réagir très fortement, dans certains procès on a vu des grands cabinets d’avocats parisiens qui coûtent un prix exorbitant, que les constructeurs se mettaient à payer pour des petits procès qui concernent 100 euros. En fait pour eux c’était quelque chose de très stratégique, on les embêtait beaucoup en fait. Ils mettaient beaucoup d’argent là-dedans. Mais d’un autre coté, on voyait arriver des conclusions qui faisaient 40 pages sur des arguments juridiques qui étaient en train d’évoluer très vite et donc on a décidé de professionnaliser, c’est-à-dire qu’il y a heureusement quelqu’un de la communauté qui est avocat, Frédéric Cuif qui nous a rejoint d’une part en tant que bénévole et d’autre part aussi en tant qu’avocat, il a pris des dossiers qu’il a traités comme avocat. Et donc on a commencé la professionnalisation à cette époque-là. Et maintenant c’est en train de bien tourner et ça va se multiplier de nouveau.

Il y a eu une étape très importante qui est novembre 2010, où deux jugements qui avaient été perdus au préalable, sont passés en cassation. Donc, ça a pris du temps et ont abouti en 2010 par deux arrêts de la cour de cassation en notre faveur et je vais vous expliquer un peu plus en détail tout à l’heure. C’est vraiment une très grosse étape parce qu’à partir de là, les jugements suivants sont beaucoup plus faciles à obtenir parce qu’il y a un argument choc qui arrive.
Il y a une autre arrêt de cassation en 2011 qui a été obtenu par l’UFC qui avait perdu un de ses procès et qui a gagné la cassation.

Du point de vue politique pendant ce temps-là, parce que c’est évidemment une décision politique aussi d’obtenir ou non que les vendeurs et les constructeurs fassent ce qu’il faut pour que les consommateurs aient du choix, du point vue politique donc, il y a eu des questions au gouvernement de façon continue depuis pas mal d’années. Il y a eu une première prise de position DGCCRF, l’instance qui concerne notamment la consommation nationale, en 2005 c’était une position très très molle qui disait, qui parlait d’intérêt du consommateur de manière pas claire, notamment elle confondait ce qui était le pré-chargement et ce qui était la vente liée.

Il y a eu une interpellation des candidats en 2007, candidats à la présidentielle. Il y a eu une réunion des associations libristes, et de consommation ainsi que la DGCCRF et les constructeurs en 2007. On espérait qu’il en sortirait quelque chose, il en est strictement rien sorti. Luc Chatel a changé de position entre le moment où il était député, où il réclamait que les logiciels et le matériel soient bien séparés et le moment où il est arrivé au gouvernement où tout d’un coup c’était tout à fait normal que ce soit comme ça. La DGCCRF a permis au parquet de Montpellier d’attaquer et de gagner contre Dell en 2008, c’était un gros procès où Dell a été condamné à payer 50 000 euros d’amende. Il y a eu une autre grosse réunion en juillet 2008, plus une déclaration de Luc Chatel et ensuite une déclaration de Eric Besson. Le plan France Numérique 2012 d’Eric Besson date de cette époque-là qui contenait notamment deux points bien précis 64 et 65 , affichage distinct des prix et possibilité de ne pas payer le logiciel. Septembre 2008, et nous sommes en novembre 2011. Voila !

Enfin, il y a quelques semaines, il n’y a pas eu grand chose depuis ce moment là, il y a quelques semaines, il y a eu une bataille juridique à l’Assemblée concernant 2 amendements, enfin 3 amendements, en particulier l’amendement 432 de la loi consommation qui est votée ces jours-ci, et bien cet amendement a failli être désastreux pour notre Histoire et je vous en parlerai un peu tout à l’heure.

Est-ce qu’il y a des questions jusque là ? Je continue.

Voila notre site Web actuellement. Vous avez une partie qui explique le but de l’action, donc les histoires de moins de choix que les autres, concurrence... Il y a le guide si vous voulez vous lancer, il y a globalement un peu toute l’histoire de où l’on en est. Il y a une histoire pour les étudiants.Les étudiants par leur université obtiennent souvent une licence Windows et par ailleurs quand ils vont acheter leur ordinateur, ils payent aussi Windows. En quelque sorte, ils payent 2 fois. Du moins eux payent une fois et l’université une deuxième fois. C’était le cas lorsque nous avons lancé cette action ... cette sous action. En réalité aujourd’hui, ils ont changé les petites lettres et on ne peut plus se battre sur ce terrain là... On n’a pas encore mise à jour le site, on va le faire très vite.
Aujourd’hui, en fait la licence universitaire est un upgrade seulement. Pour utiliser Windows Pro mettons, il faut avoir la licence Windows Home plus la licence académique, donc on ne peut plus se faire rembourser la licence Home familiale pour ça.

Il y a une partie pour les juristes avec vraiment tous les argumentaires juridiques. Il y a une partie pour les politiques qui explique les choses un peu différemment aussi. Alors, je vais passé en revue un instant la jurisprudence, enfin disons les textes de loi qui sont intéressants pour ça, du point de vue français jusqu’en 2008 ou 9, et donc ça a vraiment changé alors ne l’écoutez que d’une oreille et après je vous parle de la suite.

Il y a premièrement le contrat, le CLUF, qui est un contrat entre le constructeur et l’utilisateur comme je vous disais au début. Ce texte dit parfois que vous avez le droit de demander le remboursement etc. Ça, du moment que le constructeur le dit, il est bien obligé de l’accepter si on lui dit « EH ! Vous avez dit ça, maintenant vous le faites ! ». Il est bien obligé de l’accepter, c’est un contrat que lui nous propose même si on le refuse après. Il y a de façon générale le devoir d’information du vendeur vis-à-vis du client. Il y a tout ce qui concerne les pratiques commerciales déloyales, abusives par exemple, il y a ces 2 articles L 132-1, R 312-1 qui concernent notamment tout ce qui est proposé au client après la vente, après la conclusion de la vente. Donc là, souvenez-vous, j’achète l’ordinateur dans le magasin, j’arrive chez moi, donc la vente est finie, j’arrive chez moi, j’allume l’ordinateur, je trouve le contrat CLUF. Donc, ça en fait, c’est un nouveau contrat qui arrive après la vente et par conséquent, de façon irréfragable, c’est-à -dire qu’il n’y a pas à discuter, c’est comme ça, donc de façon irréfragable, c’est une pratique abusive, parce que ça intervient après la vente. Cet article R 132-1 a été rédigé d’une nouvelle manière en avril 2009, en 2009 en tout cas, en mars je crois, qui permet justement de casser complètement ce CLUF, c’est à dire si le CLUF dit quelque chose avec lequel on n’est pas d’accord ou la procédure de renvoi de l’ordinateur, etc, tout ça, ça été montré, ça a été proposé au client après la vente donc c’est abusif. Il n’y a pas à discuter. Le constructeur ne peut pas argumenter que oui, mais non, mais si... C’est abusif !

Par ailleurs, il y a un article que les plus anciens d’entre vous dans le libre connaissent bien, c’est le L 122-1, c’est celui sur lequel on s’est tous battus pendant longtemps, tous les premiers procès se disputaient sur cet article là, c’est ce qu’on appelle la vente subordonnée, la vente liée, la vente forcée. C’est un article qui dit essentiellement, qui disait à l’époque, on n’a pas le droit de vendre conjointement des produits différents sans proposer la possibilité de les acheter séparément. Cet article-là n’existe plus de la même manière aujourd’hui, oubliez-le tel qu’il était et on va y revenir.

Il y a eu en 2005 une directive européenne concernant la consommation et c’est elle qui a changé beaucoup de choses en mal ou en bien dans tout ce que nous concerne. Ce qu’elle a changé en mal, par exemple c’est que le L122-1 n’était plus utilisable tel quel. Le L122-1 disait donc vous n’avez pas le droit de proposer des choses liées sans pouvoir le délier, ici il disait c’est une des pratiques abusives, mais pas de façon automatique. Il y a des pratiques abusives automatiques, qui sont automatiquement abusives, celle-ci, non ; vous devez aller voir en détail si ça vérifie tel et tel et tel critère pour dire que c’est abusif. C’est notamment ce qui a été dit en 2009 ici. Cette directive a été transposée peu à peu dans les droits nationaux des différente pays européens. En France par cette loi de 2008 et également une loi de 2010. Donc aujourd’hui l’essentiel est transcrit, est transposé même, tout est transposé.

De quoi peut-on se prévaloir aujourd’hui ?

Les pratiques déloyales en toutes circonstances, il y a plein plein de choses qui s’appliquent pour nous. Il y a notamment ce qu’on appelle vraiment la vente forcée. C’est aujourd’hui le L122-3 du code de la consommation qui dit ... je cite de mémoire, je suis désolé, il est interdit à un professionnel de vendre au consommateur un bien ou un service donc matériel ou logiciel pour ce qui nous concerne, un bien ou service ... non pardon, il est interdit de percevoir de l’argent de la part du consommateur pour un bien ou un service que le consommateur n’a pas demandé, sans proposer un remboursement intégral et sans condition. Essentiellement, c’est ce que ça dit. Donc, en l’occurrence il n’est pas très difficile d’argumenter face à un juge, que ça a été forcé, ça n’était pas demandé et ça a été payé.

Donc ça c’est un article qui nous sert, qui aujourd’hui nous sert, c’est le plus fort qui nous sert aujourd’hui. Le deuxième qui nous sert beaucoup c’est le R et L132-1 dont je vous parlais qui nous permettent de dire « Tout ce qui a été donné comme information après la vente » était « Vous n’aviez qu’à le dire avant !  » Ce sont deux points très importants.

Je vous parlais un instant de la cassation. Il y a eu 2 arrêts le même jour, c’est Stéphane Pétrus qui avait perdu en 2008 qui est un membre de l’équipe et puis Alain Guerbi, Laurent pardon qui avait fait son procès à la même époque, qui avait perdu à la même époque même si il avait lancé son procès 2 ans avant, 2 ou 3. Stéphane Pétrus avait attaqué le constructeur LENOVO. Laurent Guerbi avait attaqué le distributeur, lui. Les 2 arrêts sont tombés le même jour et ils disaient à peu près la même chose, ils disent « pour ce qui des ventes d’ordinateurs et de logiciels, la question de la vente liée », parce que c’était ça la question à l’époque, c’était le L 122-1, « la question de la vente liée doit s’interpréter au regard de la directive européenne » dont je viens de vous parler. Ça signifie qu’on ne peut pas dire de façon automatique que c’est une vente liée donc c’est prohibé donc le constructeur a perdu. On doit dire, c’est vendu ensemble, on doit argumenter tous les points que je vous ai dit à l’instant, c’est forcé, etc, etc, et donc c’est déloyal et donc c’est une vente liée et donc c’est condamnable. Le chemin juridique est beaucoup plus long pour arriver à ça. Mais l’avantage c’est que plus personne ne va perdre directement avec le L 122-1. Tac ! Parce que il y a tout ce chemin de traverse.

Face à toutes ces sinuosités juridiques et puis surtout face au fait que les constructeurs s’armaient de collaborateurs juridiques qui faisaient des textes à rallonge, et bien, nous avons donc beaucoup travaillé avec Frédéric Cuif. Notamment je vous invite à aller voir son site. Il décortique tous les points cruciaux des décisions qui sont rendues ces temps-ci dans ce domaine. Là par exemple « nouvelle lecture de l’article L 122-1. Ça y est le L 122 -1 il a été réutilisé récemment dans un procès. C’est-à-dire qu’avec tout le chemin que je vous disais à la fin le juge dit « donc c’est une vente liée ; le L 122-1 s’applique ; le constructeur est condamné ».

Il y a un professionnel, c’est pour comprendre et pour avancer. Il y a toutes ces subtilités juridiques à comprendre. J’espère que je vous en ai fait passer un petit peu à l’un instant, mais il faut aussi avancer, c’est-à-dire savoir juridiquement quelle sera la prochaine étape pour pouvoir gagner, pour rendre les choses de plus en plus faciles à gagner, et ça c’est clairement c’est un professionnel comme lui qui connaît à la fois le droit et l’informatique et qui peut nous aider dans cette direction.

Un autre exemple, c’est une victoire de l’UFC contre HP. HP a perdu en appel un procès tout récemment grâce aux deux cassations dont je vous ai parlé.
Tout récemment, il y a eu une 3ème cassation qui était UFC contre DARTY, si je ne confonds pas. Parce qu’UFC avait gagné le 1er procès, du moins a gagné la moitié de ce qu’il voulait, avait perdu l’appel, il a gagné la cassation.

Je vais vous parler quelques minutes pour conclure, d’un amendement qui a failli passer là il y a quelques semaines. Vous n’allez peut-être pas voir tout de suite pourquoi c’est très dangereux cet amendement... Je suis désolé qu’il soit aussi petit. Je vais vous le lire. Il a failli passer. Ça a failli en quelque sorte ruiner un peu toute la construction juridique qu’on avait faite pendant quelques années. Voici ce qu’il dit. C’est un amendement qui doit s’ajouter à un texte de loi existant. Et c’est la phrase suivante : « L’acheteur d’un ordinateur doté d’un logiciel pré-installé et notamment d’un logiciel d’exploitation doit être clairement informé par le vendeur de la faculté ou non de renoncer après achat à la licence de ce logiciel et si cette faculté lui est offerte, des modalités et du montant du remboursement prévu par le fabriquant »
Quand on lit ça la première fois on se dit « c’est chouette », il va y voir les prix séparés, il va y avoir une faculté de renoncer. Etc...

Si on lit bien le texte, si on lit bien le texte, il y plusieurs choses. Il y a « être informé par le vendeur de la faculté ou non de renonce  », c’est-à-dire que dans la loi il y a marqué que le vendeur, le professionnel, le vendeur ou le constructeur peut offrir ou non la faculté de renoncer. Aujourd’hui de sa part à lui, sans aller en justice vous n’avez pas le droit de renoncer ; mais en fait vous pouvez renoncer puisque c’est un contrat distinct donc vous pouvez renoncer et en justice on gagne. Donc dans la loi on peut, on peut renoncer. Et là si dans la loi il y a marqué qu’on a le droit on non de renoncer et c’est le vendeur qui le décide, dans ce cas là, c’est fini, parce que le vendeur peut dire « Écoutez, moi je ne vous ai pas proposé de renoncer et j’ai le droit, c’est dans la loi. » Ensuite « de renoncer après achat à la licence du logiciel », après achat c’est déjà ce qu’il y a et nous on voudrait que ce soit au moment de l’achat et si il y a dans la loi qu’on a le droit de renoncer ou pas « après achat » c’est fini, pareil. Et enfin si la faculté de renoncer est offerte il est informé, le client, des modalités et du montant du remboursement. Là encore sous-entendu c’est après l’achat puisque c’est marqué là. Tout cela on l’apprend après l’achat, c’est déjà le cas dans les faits actuellement, mais c’est condamnable actuellement. Si c’est dans la loi ça n’est plus condamnable. Cet amendement qui part d’un bon sentiment peut-être, qui a été proposé politiquement pour satisfaire au plan France numérique 2012, le point n°64, l’affichage distinct et tout, en fait il était très très néfaste. Pourquoi je dis ça, ça c’est un article comme vous voyez, qui parle spécifiquement d’un acheteur d’un ordinateur avec le logiciel, le système d’exploitation pré-installé. Autrement dit, c’est un article de loi très spécifique qui parle d’un point très précis. Et dans la loi quand vous discutez de n’importe quel problème, il y a les lois générales qui s’appliquent mais s’il y a une loi plus précise du problème dont vous parlez, c’est elle qui prévaut. Si la loi générale dit bien sûr vous avez le droit de renoncer, tout va bien. Mais si il y a par ailleurs une loi particulière qui vous concerne et qui dit que vous pouvez très bien ne pas pouvoir renoncer, eh bien dans ce cas là c’est elle qui prévaut. Donc bref c’était un amendement très très dangereux !

Donc là on a fait le communiqué que vous venez de voir, et puis on a harcelé les parlementaires et le gouvernement là-dessus et donc une semaine plus tard c’était réglé heureusement : ils ont retiré cet amendement-là ainsi que deux autres qui étaient également mal rédigés, qui allaient eux pour le coup eux dans le bon sens mais qui étaient vraiment mal rédigés. Nous avons obtenu qu’ils ne soient pas votés.
Ça ça conclut un peu toute la saga actuelle de ce qu’on fait. Je suis conscient que c’est un peu parti dans tous les sens, je suis conscient que c’est très juridique . J’espère que je l’ai suffisamment vulgarisé.

En tout cas je crois que j’ai fini. Non pas tout à fait.

Tout ce que je vous ai raconté ça fait notamment apparaître que les lois actuellement qui sont en vigueur sont vraiment des lois d’origine européenne, il y a une directive, elle est transposée quelques années plus tard, entre temps les lois du pays sont applicables à la lumière de la directive. Donc de toute façon elles sont applicables. Donc, les lois sont européennes et par ailleurs pour que ça marche il faut un avocat, aujourd’hui vraiment il faut un avocat, les constructeurs se défendent très fort et il faut une équipe pour motiver les gens et qu’ils passent le cap et qu’ils le fassent. C’est comme ça qu’on aura des procès et qu’on marchera. Vous avez vu qu’il y a une trentaine de procès actuellement, plus de 30 qui ont eu lieu. Aujourd’hui la plupart vraiment sauf exception sont gagnés, 9 sur 10 sont gagnés en ce moment, grâce à tout ce que je vous ai montré. Donc en fait d’une part vous ici en France lancez-vous. D’autre part si vous avez des amis en Europe, il faut les motiver pour monter une équipe, trouver un avocat et faire la même chose que nous. Et on peut les aider, les coacher pour ça. On a les mêmes outils partout en Europe.

Pour le coup j’ai fini, je vous écoute.

Personne du public : D’où on en est du prix réel des licences Windows ? Est-ce que LDLC qui a beaucoup offert Windows il y a quelques temps pour 100 euros, est-ce que c’est un chiffre fantoche ou et-ce qu’on a une réalité du prix de Windows ?

Cyprien Gay : Il n’y a aucune réponse certaine à ça, à cette question du prix des logiciels parce qu’effectivement les constructeurs ne veulent pas divulguer. Il y a deux chiffres distincts qui sont l’un le prix que le constructeur paye à Microsoft pour avoir la licence, avoir le droit de l’installer sur une machine. Ça, il paraît que c’est de l’ordre de 30 euros ou de 30 dollars, d’une licence d’un Windows actuel, je ne parle pas d’un XP, d’un Windows.. Mais on n’en sait rien. Ce sont des secrets commerciaux. Ça sort de temps en temps dans la presse, c’est pour ça que je dis que c’est à peu près de cette ordre de grandeur-là.

Par contre quand ça arrive au client, il y a le fait que le constructeur ne l’a pas forcément vendu au même prix qu’il l’a payé lui et d’autre part pareil le vendeur peut prendre sa marge aussi, ça on ne le maîtrise pas plus la TVA évidemment. En tout cas, quand on achète chez le détaillant une machine avec ou sans Windows, la différence c’est ça et LDLC a effectivement proposé il y a quelques temps, quelques modèles avec, exactement le même, avec et sans, la différence était de 100 euros ou 130 dans le cas d’un Windows un peu plus...

Personne du public : Est-ce qu’avec les chiffres que Microsoft donne tous les ans sur les bénéfices et puis le nombre de licences vendues, est-ce qu’on ne peut pas faire des opérations pour trouver combien ils ont vendu, combien leur rapporte en tout un Windows ?

Cyprien Gay : On essaye régulièrement de faire ces calculs-là et là bizarrement on ne trouve pas 30 euros on trouve plutôt pas loin de 100. En fait, à la vérité on n’en sait rien parce qu’il y a tout ce qui se paye en direct spécifiquement et puis il y a toutes les marges arrière tous les circuits un peu bizarres de négociation entre les éditeurs et les constructeurs entre Microsoft et les constructeurs. C’est très dur d’avoir les vrais chiffres. Mais effectivement quand on regarde les bénéfices et compagnie on tombe plutôt sur 80 ou 100 euros par licence. Mais c’est très dur quand même de distinguer les bénéfices dus au système d’exploitation, dus à Office... C’est quand même très dur d’estimer. Il faudrait qu’il y ait une instance gouvernementale ou européenne qui les force à donner la valeur du logiciel.

Et quand je parlais tout à l’heure de remboursement versus somme forfaitaire, c’est vraiment pour cette raison là, c’est que quand on se retrouve devant le juge et qu’on réclame un remboursement, le constructeur va tout de suite dire mais moi je la paye 30 euros ma licence, le consommateur dit « Écoutez ça m’est égal, ce qui m’intéresse c’est combien moi je vous l’ai payée ». Et effectivement, le consommateur peut dire regardez moi chez LDLC, je vois 100 euros donc je vous demande 100 euros, et ça marche. La licence quand on monte un ordinateur soi-même en pièces détachées, on peut acheter la version OEM de Windows, parce qu’on a une carte mère avec, c’est la condition sine qua non, et aujourd’hui c’est 100 euros... Au détail ça doit être ça et pour les gros constructeurs c’est sans doute moins.

Personne du public : Bonjour. J’ai lu que pour les machines qui seraient vendues avec Windows 8 de pré-installé il y aurait une sorte de boot sécurisé qui empêcherait d’installer tous les systèmes Linux dessus. Je voulais savoir si c’était quelque chose qui était légal.

Cyprien Gay : L’avenir juridique le dira. En principe, si ça fonctionne effectivement comme on s’attend à ce que que malheureusement ça fonctionne ce sera de la concurrence déloyale manifeste. Malheureusement les constructeurs, si ils ne faisaient que les choses légales, la vie serait très différente d’aujourd’hui. Ils sont capables de faire ça même si c’est illégal. C’est à force de les battre sur le terrain juridique et avec des condamnations de plus en plus fortes qu’on arrivera à faire reculer ça. Par ailleurs du côté politique, il faut mettre la pression pour qu’ils arrêtent ça.

Est-ce qu’il y a d’autres questions ?

Personne du public : Les professionnels ne sont pas soumis à ce racket si je comprends bien ?

Cyprien Gay : Ça dépend, les petits oui.

Personne du public : Les entreprises à partir de 50 postes ou je ne sais pas combien, choisissent le nombre de licences et savent combien ils les payent.

Cyprien Gay :Je pense que les petits, les assembleurs, les petits professionnels ils payent ce qu’ils veulent et ils le payent assez cher.

Personne du public : Je parle des entreprises qui demandent à un prestataire...

Cyprien Gay : Nous avons l’exemple d’un adhérent AFUL qui professionnellement avait toujours vendu, je crois que c’est DELL, mais je ne voudrais pas dire de bêtise, bref un constructeur, il vendait beaucoup de ces machines-là, il avait pour chaque machine, il choisissait ou non de mettre un système et il payait ou non avant de le vendre à son client. Du jour au lendemain, le 1er janvier 2010 je crois, et bien tout d’un coup il était obligé de payer une licence pour chaque machine quoi qu’il en soit. Il n’a plus eu le choix.
En tout cas, les gros, ils négocient des tarifs avec un nombre énorme de machines et Microsoft ne leur laisse pas le loisir de savoir si ils les vendent toutes avec licence ou pas. Ils payent la licence quand même.

Personne du public : Donc, la situation est pareille pour les entreprises que pour les particuliers ?

Cyprien Gay : En quelque sorte oui.

Personne du public : Il n’y aurait pas un modèle d’entreprise qui pourrait prouver que par exemple les particuliers se font avoir ?

Cyprien gay : Si, on aimerait bien qu’il y ait quelqu’un qui se lance là-dessus. On a tous les arguments pour l’aider à se battre là-dessus. Il faut quelqu’un qui ait les reins solides, il faut quand même se battre contre Microsoft dans l’histoire.

Oui ?

Personne du public : Je ne suis pas certaine d’avoir très bien compris si jamais s’opéraient actuellement des remboursements sans procès.

Cyprien Gay : Il y en a très très peu. En fait je vais revenir à la page presque du début où il y avait la liste des constructeurs. Les constructeurs très méchants que j’ai mis à gauche, eux refusent totalement, donc en gros soit vous rendez la machine et tout ce qui va avec et vous n’y touchez plus et vous vous faites rembourser le prix d’achat. Soit vous gardez Windows avec, en tout cas vous l’avez payé et c’est tout. Ces constructeurs-là eux, proposent une somme de l’ordre de 30 euros.

Soit vous renvoyez l’autocollant Windows et un petit papier qui dit que vous ne piratez pas et vous avez 30 euros. Soit vous renvoyez la machine, on vous écrase le disque dur y compris ce que vous avez installé depuis l’achat et on vous paye 30 euros à la fin. 30 euros et non pas cent.

Personne du public : Je voulais aussi savoir ce que vous pensez sur le point de vue légal de Microsoft qui propose aux start’ups d’accéder à tous leurs logiciels gratuitement pendant 2 ans pour ensuite leur faire payer les logiciels qu’ils ont installés. Je travaille dans une start’up et on peut installer tous les logiciels Microsoft qui existent d’une manière illimitée pendant 2 ans . Et est-ce sur le point de vue légal on pourrait attaquer Microsoft par rapport à ça ?

Cyprien Gay : Je ne pense pas c’est une pratique commerciale très futée, très agressive, très invasive, très tout ce qu’on veut, mais après tout ils vous donnent la jouissance d’un logiciel pendant 2 ans et ben tant mieux pour vous. C’est juste qu’après vous avez très envie de le garder. Ça s’appelle le pied dans la porte, tout ce que vous voulez ; à ma connaissance je ne pense pas que ça tombe sous le coup de la loi.

Personne du public : On parlait de renvoyer sa machine chez le constructeur, le problème c’est que ils vont nous rembourser une quarantaine d’euros et ça va nous coûter 15-20 euros de frais de port.

Cyprien Gay : Oui, tout à fait. Là il y a eu un tout petit peu de changement dans les procédures. Par exemple ASUS au début demandait de renvoyer la machine, maintenant plus, il on changé en 2008.
MSI, c’est tout récent, ils proposent de rembourser moyennent renvoi de la machine. La plupart de ceux-là, en fait ils payent le transport. Ce n’est pas à nous de payer le transport. MSI pour l’instant ils font encore payer le transport. Sauf tout récemment il y a eu un cas où il n’a pas payé. En gros quand même c’est eux qui payent le transport. Donc les 30 euros pour le coup on les a. Mais c’est énormément de tracas, c’est une barrière énorme au remboursement entre guillemets puisque le remboursement ce serait 100 euros plutôt. C’est une barrière énorme à cette histoire-là. Juste le fait de se dire « Ah oui il faut que je le fasse, il faut que j’aille à la poste, il faut que je me renseigne, il faut etc... » Forcément il n’y a que 10% des gens qui le font pour de vrai.

Personne du public : Puis Dell qui propose pour les professionnels de choisir le système d’exploitation, alors que pour les particuliers ils ne proposent même pas le remboursement.

Cyprien Gay : Tout à fait pour les professionnels, pour les grands comptes en tout cas, il y a vraiment le choix. Il y a 80 ou 100 euros de différence selon les versions.

Personne du public : Bonsoir, je voulais rebondir sur la question d’avant, sur l’offre pendant 2 ans. Est-ce qu’il y a une protection sur les données ? Le problème quand on utilise pendant 2 ans des logiciels c’est qu’on va faire un certain travail qui va être dans un format. Est-ce que juridiquement on peut attaquer sur le fait qu’on ne peut plus réutiliser les données qu’on a créées par ces logiciels-là avec d’autres logiciels ?

Cyprien Gay : J’aurais envie de répondre oui évidemment. J’aurais aussi envie de répondre à chacun de savoir ce que c’est qu’un format ouvert. Ça m’étonnerait qu’on puisse gagner. En tout cas c’est beaucoup de boulot de gagner sur un point comme ça. Autant quand on a payé quelque chose en trop c’est un truc qui s’argumente bien, autant on a perdu des données parce qu’on n’a pas fait attention au format dans lequel on sauvait... Les juges déjà ont du mal à comprendre qu’un logiciel c’est différent d’un matériel, si on commence à leur expliquer l’histoire de format, à mon avis il se passe encore 5 ans... Je suis peut–être trop pessimiste. Il faut se lancer !

Personne du public : Juste pour savoir comment ça se passait dans les autres pays, en Europe et dans le reste du monde, est-ce que la France est en avance là-dessus ?

Cyprien Gay : Oui, la France est très nettement en avance. En fait, dans les autres pays, il y a eu sporadiquement des personnes qui ont demandé le remboursement et qui l’ont obtenu, qui ont fait une page Web en racontant ça. Donc, en fait, on en est partout ailleurs dans la situation de 2005-2008, où il y avait quelques procès. C’est vraiment la question de l’équipe, le fait qu’il y ait une équipe qui fait passer la barrière aux gens. C’est ça qui est important.

Personne du public : Il n’y a pas d’équivalence AFUL en Italie ou autre ?

Cyprien Gay : Qui fait ce travail là ? Non. Il y a eu une association de consommateurs en Italie qui a fait un peu le le même travail que l’UFC et ça n’en est pas encore au même point, mais c’est sur le chemin. Mais par contre, il n’y a pas, pour tout le monde, il n’y a pas.

Je vous remercie.

Avertissement : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant⋅e⋅s mais rendant le discours fluide. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.