Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l’émission du 3 novembre 2020

Titre :
Émission Libre à vous ! diffusée mardi 3 novembre 2020 sur radio Cause Commune
Intervenant·e·s :
Marie-Odile Morandi - Valentin - Vincent Calame - Frédéric Couchet - Étienne Gonnu à la régie
Lieu :
Radio Cause Commune
Date :
3 novembre 2020
Durée :
1 h 30 min
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Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription :
Verbatim
Illustration :
Bannière de l’émission Libre à vous ! de Antoine Bardelli, disponible selon les termes de, au moins, une des licences suivantes : licence CC BY-SA 2.0 FR ou supérieure ; licence Art Libre 1.3 ou supérieure et General Free Documentation License V1.3 ou supérieure. Logo de la radio Cause Commune utilisé avec l’accord de Olivier Grieco.
NB :
transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.

Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

logo cause commune

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.

La Playlist de Libre à vous !, des musiques libres diffusées dans l’émission et commentées par Valentin, ce sera le sujet principal de l’émission du jour, avec également au programme la chronique de Marie-Odile Morandi sur le thème de « De Robota à l’intelligence artificielle » et également la chronique de Vincent Calame sur le thème « Maintenir et archiver, deux enjeux pour un site associatif ». Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.
Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 en Île-de-France et en DAB+ et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’April est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser des questions.
Nous sommes mardi 3 novembre 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
À la réalisation de l’émission aujourd’hui mon collègue Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.
Étienne Gonnu : Salut Fred.
Frédéric Couchet : Si vous souhaitez réagir, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission.
Nous vous souhaitons une excellente écoute.
On va commencer malheureusement par une très triste nouvelle. C’est en effet avec une grande peine que nous apprenions le décès de Laurent Seguin, hier matin, dans sa quarante-cinquième année. Laurent était ancien président de l’Aful, travaillait chez Entr’ouvert, une coopérative spécialisée dans le logiciel libre et membre du réseau Libre-entreprise dont on a parlé récemment. Laurent était une figure incontournable du logiciel libre, personne aux multiples talents. Nous adressons nos plus vives condoléances à sa famille et à ses proches et nous allons lui rendre un hommage tout à l’heure, hommage qui devrait peut-être vous surprendre.
On va commencer tout de suite par le premier sujet.
[Virgule musicale]

Chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi, « De Robota à l’intelligence artificielle »

Frédéric Couchet : Les choix, voire les coups de cœur de Marie-Odile Morandi, qui met en valeur deux ou trois transcriptions dont elle conseille la lecture, c’est la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi, animatrice du groupe transcriptions de l’April. Le thème du jour : « De Robota à l’intelligence artificielle ».

Bonjour Marie-Odile.
Marie-Odile Morandi : Bonjour Fred.
Frédéric Couchet : Je te laisse la parole.
Marie-Odile Morandi : Merci.

L’été dernier je me suis particulièrement intéressée aux robots et à l’intelligence artificielle. J’ai beaucoup apprécié diverses conférences ou tables rondes auxquelles a participé Laurence Devillers, qui ont été transcrites et publiées. Je souhaite aujourd’hui vous faire partager cet intérêt et vous encourager à lire ou relire ces transcriptions. Les références sont sur le site de l’April sur la page dédiée à l’émission.

Laurence Devillers est professeure en informatique, intelligence artificielle à la Sorbonne sur les domaines autour de la langue ; elle est chercheuse, titulaire d’une chaire dont vous découvrirez le nom. Elle a publié divers ouvrages dont vous retrouverez les titres dans les transcriptions.
Elle nous rappelle que l’origine du mot robot est attribuée à l’écrivain tchécoslovaque Karel Čapek, en 1920. Le mot robota signifie serviteur, esclave.

Les premiers robots qu’on a vu arriver dans les usines, les plus connus, sont des systèmes automatiques qui enchaînent des actions déterminées, dont l’ordre est déterminé. Aucun choix n’est fait par la machine.
Aujourd’hui le robot est devenu un système qui va percevoir son environnement grâce des senseurs — une caméra, un micro. Cette machine va ensuite « raisonner » sur ce qu’elle a perçu, « prendre des décisions » et actionner « ses bras ou ses jambes », je mets tout cela entre guillemets, pour exécuter des actions dans notre vie réelle. Le vocabulaire utilisé, celui des films de science-fiction mais aussi celui des scientifiques, nous pousse, dit-elle, à anthropomorphiser, à prêter à ces machines des capacités humaines. Cependant ce vocabulaire génère aussi de l’anxiété, de la peur.
Les robots aident dans l’accomplissement de tâches difficiles, pénibles, ou dans des situations à risque comme on l’a vu dans la pandémie, en particulier en Chine. Laurence Devillers insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas de remplacer les humains, il faut comprendre et agir sur la complémentarité de l’un avec l’autre en établissant des cadres, des protocoles. L’humain doit rester au centre et il est urgent, dans la société, qu’on fasse expérimenter ces objets pour qu’on oublie d’avoir peur à chaque fois que l’on parle de ce sujet.
Comment ces machines qui nous semblent si douées fonctionnent-elles ? D’où tiennent-elles leurs connaissances ? Que met-on dans ces robots ? Eh bien on y met de l’intelligence artificielle et, pour Laurence Devillers, cette expression est un oxymore : intelligence c’est humain ; artificiel c’est artifice, c’est la machine.
Le domaine de recherche de Laurence Devillers est celui du langage. Elle étudie les chatbots, les agents conversationnels qui utilisent de nombreux modules d’intelligence artificielle pour faire de l’analyse du signal, de la reconnaissance de la parole, pour générer des réponses, faire des actions.

Mais que sont vraiment capables de faire ces agents conversationnels ? À l’heure actuelle pas grand-chose nous dit-elle. Ils ne sont pas très malins, ils ne comprennent rien à ce qu’on dit, ils ne comprennent rien à ce qu’ils répondent. Bref, ils n’ont aucune compréhension, donc ils ne conversent pas.
Peuvent-ils reconnaître nos émotions ? Non, absolument pas. Et pour cause, les émotions dans les robots n’existent pas. Dans ces machines il n’y a pas de viscères, pas de vivant, donc ni désir, ni plaisir, ni douleur. Aucun sentiment. Aucune émotion. Comment pourraient-elles en avoir puisque les émotions sont liées à chaque individu, sa personnalité, sa culture, son enfance, et bien d’autres choses encore. On voit là toute la complexité de la détection automatique des émotions. Avec juste des programmes, ces machines ne font qu’imiter ce qu’on leur a fourni. Elles ne savent pas détecter nos émotions qui sont internes, cachées, elles ne savent en détecter que l’expression, ce que nous voulons bien laisser apparaître ou que nous laissons apparaître malgré nous. Tout cela est bien complexe !
Pour Laurence Devillers, on ne peut pas faire confiance à ces systèmes dans l’état actuel de nos connaissances.

Plusieurs problèmes se posent. D’abord il est difficile, en ce moment, d’avoir énormément de données, à part les GAFAM, les géants américains, et peut être quelques entreprises. Aussi le monde de la recherche se tourne vers ce qu’il est possible de faire avec peu de données.

Ensuite, ces données doivent être sélectionnées pour éviter les biais et étiquetées correctement, c’est-à-dire annotées par segments audios en indiquant « là c’est de la tristesse, là c’est de la joie » ou « ici c’est positif, ici c’est très actif ». Ce micro-travail d’annotation est réalisé par de nombreuses personnes non payées, mal payées, en général embauchées par les GAFAM, certainement dans des pays dont la culture est très différente de la nôtre.

Laurence Devillers s’interroge sur la façon dont tout cela est fait et se montre très inquiète. Il n’y a aucune expertise alors qu’il serait nécessaire d’avoir beaucoup de données, de bien les choisir, de les équilibrer pour que ce ne soit pas discriminant et avoir bien vérifié l’annotation qui est présente.
Elle insiste énormément sur la nécessité de chartes éthiques ; elle fait partie d’un comité international d’éthique qui regroupe 15 pays. Pour elle il faut construire des environnements qui permettent d’auditer les systèmes, de les évaluer et de vérifier sur le long terme comment ils vont être utilisés, sachant qu’ils risquent de modifier nos comportements.

Ces systèmes, nous dit-elle, ne sont absolument pas robustes : 70 % de bonnes classifications dans les cas de contextes réels, donc 30 % d’erreurs sur la reconnaissance des émotions ce qui est, selon elle, énorme et pourtant ces machines sont utilisées par exemple pour aider au recrutement de candidats à certains emplois ; un manque total d’éthique selon elle.
Elle nous exhorte à nous intéresser à la manipulation que peuvent exercer ces systèmes sur nous, c’est un de ses domaines de recherche, en posant la question : « S’il est possible de faire une machine capable de comprendre un profil, de détecter l’affect, de simuler une certaine empathie, de singer l’humain, quelles vont être les conséquences ? Quelles vont être les possibilités de manipulation ? » En effet, une machine qui détecte dans quel état d’esprit nous sommes pourra nous influencer, nous pousser à faire des achats alors que ce n’était pas notre souhait, nous pousser à choisir différentes stratégies dans notre vie qui pourront être lourdes de conséquences.
Nos conversations sont enregistrées chez nous, dans notre intimité. Les informations ainsi recueillies seront utilisées pour créer de nouveaux modèles qui seront vendus sous d’autres formes, peut-être dans d’autres objets. Soyons donc vigilants !

En ce moment, 80 % de ces appareils sont réalisés par des hommes qui leur donnent majoritairement des noms féminins – Alexa, Samantha, etc. – des corps de femme jeune, des voix féminines, jeunes, alors que ces machines simulent des servantes qui s’occupent de la maison, des assistantes, en tout cas des exécutantes de rôles subalternes. Laurence Devillers dénonce cette représentation de la femme dans ces objets conversationnels qui nous bercent avec une voix féminine et qui vont finalement décider pour nous.
Elle fait part de diverses expériences réalisées avec des robots sociaux auprès de personnes âgées, dépendantes, handicapées, que je vous laisse découvrir, ce qui personnellement me laisse perplexe, sachant que les GAFAM cherchent à mettre la main aussi sur le grand âge, certains offrant par exemple des iPad dans les Ehpad.
L’intelligence vient de l’humain qui a su faire ces machines. En aucune manière la machine ne va devenir créative et ne va se doter de fonctions qu’un ingénieur n’aurait pas prévu de lui donner. Elle encourage chaudement les jeunes femmes à rejoindre ce domaine de recherche pluridisciplinaire associant informatique, psychologie, philosophie, et autres ; 20 % de femmes pour le moment c’est bien trop peu, doux euphémisme !
La manipulation est aux aguets et, comme elle nous le répète, nous avons besoin de comprendre la situation actuelle mais peut-être encore plus celle qui risque de se créer demain. Il en va de la défense de nos libertés, thème cher à l’April.
Mon intention est donc de continuer à transcrire autant que possible les conférences auxquelles Laurence Devillers participera et qui seront mises en ligne. Des finalités de nos transcriptions – réutilisation sans déformer les propos des intervenants, meilleure indexation de mots-clefs dans les moteurs de recherche –, il me semble que l’accessibilité pour les personnes porteuses de handicap concernant le sujet traité aujourd’hui acquiert tout son sens. N’hésitez pas à venir participer !
Frédéric Couchet : Merci Marie-Odile. Comme tu le disais accessibilité, indexation, réutilisation sont les maîtres mots du groupe Transcriptions. Vous pouvez nous aider, l’émission est contributive et le groupe Transcriptions est contributif. Vous pouvez nous aider par des transcriptions, par des relectures. Pour plus d’informations rendez-vous sur le site de l’April, april.org, et Marie-Odile sera là pour répondre à toutes vos questions.

Marie-Odile je te remercie. Je te souhaite une bonne fin de journée. On se retrouve le mois prochain.
Marie-Odile Morandi : Entendu. À la prochaine fois. Bonne continuation.
Frédéric Couchet : Merci Marie-Odile.
Frédéric Couchet : On va faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : En tout début d’émission, je vous disais que nous avions appris le décès de Laurent Seguin, décédé hier à l’âge de 44 ans. Laurent Seguin est principalement connu pour ses talents informatiques et notamment libristes, ingénieur, il travaillait dans une société coopérative de logiciel libre qui s’appelle Entr’ouvert, il était également militant dans différentes structures associatives. Laurent avait aussi un autre don et c’est via cet autre don qu’on souhaite lui rendre un hommage, autre don qu’il exerçait sous le pseudonyme de CyberSDF. Diffuser de la musique sous licence libre, en l’occurrence licence Creative Commons Attribution, faisait en effet partie de ses engagements et il le faisait avec talent.

Ce nom vous dit peut-être quelque chose, nous avons en effet déjà diffusé plusieurs musiques libres de CyberSDF parmi ses 170 compositions et d’autres émissions de la radio en utilisent régulièrement. Éric Fraudain, notre programmateur musical qui s’occupe du site auboutdufil.com, écrit d’ailleurs à propos de CyberSDF, je cite : « Depuis que je gère ce site, j’ai rarement eu l’occasion de découvrir des artistes aussi polyvalents. La diversité des styles musicaux de ses compositions est tout simplement impressionnante. Vous avez de tout. C’est la particularité et l’originalité de CyberSDF qui fait de lui un artiste hors norme à mes yeux. »

Lors d’une précédente diffusion de musiques de CyberSDF, je l’avais contacté. Il m’avait répondu en me disant notamment : « En vrai je crée d’abord pour moi, je fais que ce que j’ai envie d’écouter et comme je suis très éclectique je passe d’un style musical à un autre assez facilement. Une fois que je suis content de mon travail il m’arrive de le publier pour le partager avec les gens, je ne publie pas tout. » Framasoft vient d’ailleurs de publier l’ensemble de cette interview aujourd’hui sur framblog.org ; vous y retrouverez l’interview de CyberSDF. Je précise également que le fait qu’on cite CyberSDF et qu’on l’associe à son nom, Laurent Seguin, a été fait avec l’accord, évidemment, de sa famille.

On va se faire un petit plaisir. On va rendre hommage à CyberSDF en écoutant Dolling. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Dolling par CyberSDF.
Voix off : Cause Commune 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Dolling par CyberSDF, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By 3. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org, et également sur les pages de CyberSDF sur soundcloud.com et sur dogmazic.net.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 en Île-de-France et en DAB+ et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.
Nous allons passer au sujet suivant.
[Virgule musicale]

La Playlist de Libre à vous ! diffusion de musiques libres diffusées dans l’émission, commentées par Valentin

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui est un sujet que nous avons enregistré il y a quelques jours avec Valentin, avant le confinement. Le sujet est intitulé La Playlist de Libre à vous !. Ce sont des musiques libres déjà diffusées dans l’émission et qui, ce coup-ci, sont commentées par Valentin, Valentin animant plusieurs émissions sur la radio, vous cherchez Les joyeux pingouins en famille sur causecommune.fm.

Je précise que le sujet a été enregistré il y a quelques jours et, par curieux hasard un peu triste aujourd’hui, très triste, je vous précise que le premier titre qui sera diffusé est un titre justement de CyberberSDF, donc de Laurent Seguin, Flame and Go. On se retrouve juste après en direct.
[Virgule sonore]
Frédéric Couchet : J’ai le plaisir aujourd’hui d’être en studio avec Valentin des Joyeux pingouins en famille. Bonjour Valentin.
Valentin : Bonjour Fred. Salut à tout le monde sur radio Cause Commune. Très heureux d’être encore invité par vous et mon manteau vient de tomber, désolé.
Frédéric Couchet : Ce n’est pas grave. Pendant la période de confinement on avait initié des émissions spéciales La Playlist de Libre à vous !, donc des musiques libres qu’on avait déjà diffusées, qu’on réécoutait et que tu nous commentais. Là on enregistre une nouvelle édition de cette Playlist de Libre à vous !. On va écouter quelques musiques libres que tu vas avoir le plaisir de commenter, de nous faire partager ton expertise.

On va commencer directement avec un artiste qu’on aime beaucoup dans l’émission qui s’appelle CyberSDF. Le morceau s’appelle Flame and Go et on se retrouve juste après.
Voix off : Cause commune, 93.1

Flame and Go par CyberSDF

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Flame and Go par CyberSDF disponible sous licence libre Creative Commons CC By, c’est-à-dire que vous pouvez réutiliser cette musique à condition simplement de citer l’auteur, CyberSDF.

Alors Valentin, on a déjà écouté, si tu te souviens bien, CyberSDF, c’était Dolling. Donc que penses-tu de ce morceau qui est très différent ?
Valentin : Déjà, je ne me souviens pas de la dernière fois qu’on avait écouté CyberSDF, mais le nom me revient, on l’a même eu plusieurs fois il me semble, même moi j’ai finalement fini par utiliser certaines de ses musiques. C’est v rai qu’à chaque fois j’apprécie assez bien ce qu’il fait.

On part, comme le nom l’indique, c’est quoi déjà ?
Frédéric Couchet : C’est Flame and Go. C’est un mélange effectivement de flamenco et de dubstep.
Valentin : D’accord. On est sur une introduction qui sonne très flamenco avec des claps qui sont joués un peu en croches comme on retrouve souvent dans les musiques issues de ces coins d’Espagne. On a en même temps des petites percussions en bois qui viennent s’ajouter au fur et à mesure de la chanson.

Après arrive une guitare qui est aussi jouée, grattée d’une manière assez flamenco, je ne pourrai pas vous expliquer très bien comment. En tout cas elle est grattée avec une rythmique qui évoque aussi les claps qui, du coup, donne cette couleur très hispanique avec quand même, je trouve, une orientation un peu plus gitane qu’espagnole traditionnelle. On a presque l’impression de retrouver un peu les Gypsy Kings à certains moments avec les congas derrière et les petits « olé » qui n’arrivent qu’une fois. Je m’attendais à ce qu’il y en ait plus, mais il n’y en a qu’une seule fois. En tout cas tout le début fait un peu penser à ça avec, quand même, un léger côté électro qui ressort au début avec un kick un peu plus fort. Le kick n’est pas forcément présent dans la musique flamenco. Le kick c’est la grosse caisse, c’est le mot qu’on emploie pour parler de grosse caisse en production de musique électronique. On a aussi une snare, la caisse claire aussi électronique qui est très légère dans le fond. Bref on a un joli mélange qui, dit comme ça, aurait pu sonner un peu dégueu, mais en fait ça passe bien.

On a aussi un synthétiseur qui arrive au début, très léger, il est assez rocailleux, un peu dans un style acide avec des effets un peu bizarres. Il suit tout simplement la ligne de la guitare, c’est très simple, c’est assez subtil en même temps, il y a une vraie présence, c’est assez intéressant comme mélange. Juste après arrive un synthé qui, pour moi, fait un peu plus style de rave, qui est un peu plus crade et aussi dubstep, comme tu l’as dit Fred, un mélange flamenco et dubstep. On a du coup ce synthé en plus qui s’ajoute, qui suit aussi la ligne de guitare.

Dis comme ça, encore une fois ça sonne très bizarre de parler d’une musique qui mélange dubstep et flamenco, mais je trouve que là ça passe très bien, c’est assez sympa. Le seul souci que je redirai, en fait il y a deux soucis.

Le premier souci c’est malheureusement quelque chose que je dis souvent par rapport aux musiques qu’on écoute, ce sont souvent des artistes qui sont un peu seuls, on sent que c’est une personne seule qui fait la musique, qu’il n’y a pas un côté groupe derrière. Il y a un côté un peu robotique que j’ai trouvé spécialement là, on sent que ce sont des instruments programmés qui sont joués, que ce n’est pas vraiment quelqu’un. On manque un peu de cette touche un peu humaine, de cette touche un peu groovy, une machine ne pourra pas sonner comme un vrai musicien et c’est un peu ce qui est dommage. Mais bon, vu que je fais souvent cette remarque, je pense que je ne la referai plus, c‘est peut-être la dernière fois que je la fais.

L’autre souci, par contre, est quelque chose qu’on avait moins, il me semble, chez CyberSDF, je trouve que même si ça passe très bien la musique est un peu simple, on a seulement un petit a) qui est juste l’introduction avec la guitare flamenco et quelques percussions derrière, un petit b) qui cette même guitare flamenco avec les mêmes accords, les mêmes percussions mais les synthés un peu plus dubstep ensemble et en fait, à part quelques variations, c’est à peu près tout ce qu’on a et c’est dommage qu’il n’y ait pas un peu plus de voyages différents.

Ce sont mes seules remarques négatives, mais sinon très agréable.
Frédéric Couchet : Merci Valentin pour ces remarques. Effectivement on a déjà diffusé plusieurs fois CyberSDF, il faut savoir que Valentin a fait de nombreuses playlists récemment et, dans l’une des dernières, il y a CyberSDF avec Dolling.
Valentin : Je me disais bien que j’avais fait ça.
Frédéric Couchet : Dolling a même été utilisée dans une autre émission de la radio, l’émission Carte blanche de Lucas qui est maintenant diffusée le lundi matin de 7 heures à 9 heures et rediffusion à 12 heures. Il a aussi utilisé Dolling. J’avais dit lors de la première émission que CyberSDF est quelqu’un qui produit beaucoup de choses, c’est un artiste français qui fait ça de façon amateur, pas du tout professionnelle. Je vous invite vraiment à aller voir sa page Soundcloud où il y a beaucoup de titres. Dans l’émission du 29 septembre dernier de Libre à vous !, Eric Fraudain nous a fait découvrir ce titre-là ainsi que deux autres titres de CyberSDF. Vous pouvez découvrir cet artiste très talentueux et qui est en activité ce qui n’est pas toujours le cas des artistes de musique libre qu’on diffuse, certains ont déjà arrêté. C’était CyberSDF, Flame and Go.
Là on va changer carrément de style, mais Valentin a l’habitude des changements de style dans La Playlist. Nous allons écouter Uncatchable par Alexandr Zhelanov. On se retrouve juste après.
Voix off : Cause commune, 93.1

Uncatchable par Alexandr Zhelanov

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Uncatchable par Alexandr Zhelanov, disponible sous licence Creative Commons CC By, Attribution. Vous pouvez réutiliser cette musique à condition simplement de citer le nom de l’artiste.

Comme je le disais, on a changé radicalement de style. Je vais préciser qu’on a découvert cette musique récemment sur l’excellent site auboutdufil.com et on l’a utilisée justement pour l’accompagnement musical de notre bande-annonce d’annonce de saison 4, donc de septembre 2020, que vous pouvez trouver sur causecommune.fm et sur april.org.

Valentin, qu’est-ce que tu en as pensé ?
Valentin : Très épique la bande-annonce du coup.
Frédéric Couchet : Oui.
Valentin : Ce qui est marrant c’est qu’effectivement on a changé complètement de style. On a totalement changé de style par rapport à toutes les autres analyses sur les émissions Libre à vous ! qu’on a pu faire. Là ça n’a rien à voir avec des choses qu’on a déjà écoutées. On est sur une introduction assez mystérieuse au début avec juste des chœurs et des violons qui jouent sur le temps. C’est-à-dire que vraiment, si on battait la mesure, ils jouent sur le temps, quelque chose d’assez classique et assez mystérieux. On est dans un moment très épique et assez héroïque. On a l’impression d’être en plein cœur d’une série fantastique ou d’une bande-annonce d’une reprise de la saison Libre à vous !. Ça dépend de ce que vous écoutez !

En tout cas ce début qui est joué, ces violons et ces chœurs qui sont joués sur la mesure. On a un petit développement qui arrive au fur et à mesure avec des flûtes, quelques percussions discrètes et d’autres pistes de violons qui arrivent et qui jouent d’autres modes de musique. On n’est plus sur le temps, on commence à faire des arpèges. Ça s’intensifie jusqu’au moment où ça explose totalement, c’est très joli ; ça s’intensifie, ça explose et on redescend tout d’un coup, de manière très calme, et on reprend. Ça fait aussi vachement penser à la musique de Requiem for a Dream, musique qu’on a tendance à entendre très régulièrement dans les reportages de télé dramatiques ou des choses comme ça, en tout cas ça m’a fait vachement fait penser à ça. Sinon c’est à peu près ce qu’on a, une intensité qui monte, puis ça redescend et ça remonte.

Ce qui est très intéressant c’est que les violons jouent quasiment le même arpège, en tout cas il y a une partie des violons qui jouent le même arpège du début à la fin ce qui donne ce côté un peu stressant et un peu tension. Quand on répète la même chose plusieurs fois et qu’on intensifie au fur et à mesure la manière de jouer, ça donne une vraie tension et une vraie attente à quelque chose qui explose. Du coup les percussions montent et font tout exploser, quelques violons qui se rajoutent, qui donnent un côté un peu plus mélodieux, harmonique, sinon c’est tout. Du coup, la vraie puissance de ce morceau est dans l’intensité et les nuances que donne la musique. D’un côté on monte petit à petit, on explose et après on se calme tout doucement. En tout cas on est bien emporté et ça ressemble vraiment à une musique de film. Voilà.
Frédéric Couchet : Tout à fait. Sur le site auboutdufil.com, dans la présentation de l’artiste « c’est un compositeur moscovite, un passionné de musique cinématique qui a produit déjà de nombreux morceaux pour des jeux vidéo, avant de se consacrer à une musique plus personnelle. Depuis 2013 il publie ses titres, exclusivement instrumentaux, sur Internet. »

Concernant la bande-annonce je vais préciser qu’on a fait deux bandes-annonce audio. On a fait une bande-annonce un peu classique et cette bande-annonce dans laquelle on a utilisé cette musique. C’est une bande-annonce dans le style des nouvelles saisons de séries, tu sais, « précédemment dans ».
Valentin : Oui !
Frédéric Couchet : On cherchait une musique un peu comme ça et on a trouvé ça. Je remercie d’ailleurs PG, un fidèle de l’émission, qui nous a fait le montage audio.
Valentin : J’ai oublié quelque chose sur ce que je voulais dire. Juste par rapport à la remarque que j’ai faite tout à l’heure par rapport à CyberSDF où je disais que la musique sonne un peu robotique, là j’ai été très impressionné par la qualité des instruments, parce que, du coup, si c‘est quelqu’un tout seul il n’a pas un orchestre symphonique à sa disposition, c’est évidemment un logiciel informatique, mais la qualité des instruments était très bonne et c’était très agréable à l’écoute. C’est juste ce que je voulais dire.
b>Frédéric Couchet :

Très bien. C’était Alexandr Zhelanov que vous retrouverez sur SoundCloud, sa page principale est sur SoundCloud.
On va passer à un artiste et je sais que Valentin l’avait bien apprécié les fois précédentes. On va écouter Night par Cloudkicker et on se retrouve juste après.
Voix off : Cause commune, 93.1

Night par Cloudkicker

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Night par Cloudkicker, disponible sous licence Libre Creative Commons Attribution, CC By, que vous pouvez librement réutiliser en citant simplement le nom de l’artiste, artiste qu’on a déjà eu l’occasion d’écouter dans La Playlist avec d’autres morceaux, je ne me souviens plus desquels. Je crois que tu avais apprécié, mais là je crois que c’est un style assez différent de ce qu’on avait déjà diffusé.
Valentin : Oui. J’avais très apprécié, apprécié au point que vous pouvez aussi la retrouver dans les playlists de musiques libres que j’ai faites pour Cause Commune. Je pense que même celle-là je la connaissais, en fait, parce que j’ai vraiment un peu écouté ce que faisait Cloudkicker et, à chaque fois, je suis surpris et j’ai un vrai plaisir sur la manière dont il joue et la créativité qu’il a.

Ce que j’apprécie aussi beaucoup c’est ce mélange un peu électronique math rock avec un côté aussi un peu plus hip-hop trip hop. Le côté math rock est vraiment mis en avant par la guitare. On a un début où on a deux pistes de guitare. Une première qui est plus jouée en arpèges, une espèce de petite mélodie qui se répète en boucle, qu’on a un peu dans la tête. Cette piste de guitare est noyée dans beaucoup de reverbs, un effet qui vous donne l’impression qu’elle est jouée très au loin et qui donne, du coup, un côté un peu rêve, un peu rêvassant, on a l’impression qu’on est un peu envoûté par quelque chose.

On a juste une deuxième piste de guitare qui est un peu plus discrète et qui joue juste la ligne de basse pour donner un peu plus de plus de peps à la musique.

Du coup ça sonne un peu math rock, même si je ne suis pas spécialiste de ce style-là, c’est la figure rythmique qui n’est pas classique par rapport aux musiques plus rock qu’on peut avoir l’impression d’écouter. C’est un peu différent, ça ne sonne pas comme du AC/DC, vous l’entendez, c’est un peu ça ce qu’on appelle le math rock. Du coup je ne vais pas trop m’attarder sur ça.

En tout cas cet aspect un peu rêvassant, avec ces deux pistes de guitare, dure assez longtemps, presque 30 secondes, 45 secondes, ce qui est assez long, en fait, dans une musique. Après on sort de ce rêve avec la même piste de guitare qui rejoue la même chose d’une manière beaucoup plus présente. On a des percussions un peu trip hop, comme je l’avais dit, très simples avec juste une grosse caisse et des claps, c’est joué assez lentement. On est sur un battement par minute assez lent, que je qualifierais proche de 70, même si ça ne veut rien dire à certaines personnes, on est en tout cas sur un rythme très lent.

On a quelques synthés qui arrivent par là, qui servent plus d’accompagnement et de petits ornements que vraiment d’instruments qui sont là pour accompagner la mélodie.

On a aussi quelques percussions électroniques, des espèces de petits bip, bip qu’on peut entendre, qui sonnent un peu jeux de vidéos rétros ou, en tout cas, vieilles machines qui accompagnent, par contre, l’univers rythmique qui est fait par la grosse caisse et les claps.

On reste sur quelque chose qui est assez envoûtant et emporté.

Après on a une troisième partie qui aurait pu sonner comme un refrain mais qui, en fait, est juste un peu la conclusion de ce morceau. Là on a une nouvelle piste de guitare qui vient doubler la première piste de guitare qu’on avait en arpèges, qui joue à l’unisson mais qui, parfois aussi, va jouer d’autres notes ce qui va donner une grande richesse harmonique et provoquer parfois des accords de musique, ce qui donne un effet très joli. On est un peu plus emporté, on est moins dans le rêve, on est dans l’aventure, on avance avec cette musique qui avance. Le synthé qui venait de manière assez discrète est beaucoup plus présent, est là avec nous, les percussions s’emballent un peu plus et tout ça amène vers une fin qui redescend de manière assez violente, mais, en même temps, qui prend aussi son temps, finalement, parce qu’elle reste assez longtemps.

C’est un morceau qui dure moins de trois minutes, ce qui est très rare, et on n’est pas du tout dans la section assez classique des musiques intro, couplet, refrain, couplet, refrain, conclusion. Là on a vraiment un petit a) l’introduction, un b) c’est l’introduction un peu plus développée, le c) c’est le a) et le b) un peu plus développés et après hop !, on s’arrête et pas tout doucement, on s’arrête brutalement, mais on prend le temps de laisser l’auditeur comprendre que c’est la fin.

Bref ! Moi je trouve ça très créatif et j’aime beaucoup ce que fait Cloudkicker. C’était Night.
Frédéric Couchet : C’était Night de Cloudkicker, c’est le nom d’artiste de Ben Sharp qui est un artiste qui produit beaucoup de choses très différentes et notamment beaucoup de métal apparemment. J’invite les personnes à réécouter l’émission Libre à vous ! du 15 septembre 2020 dans laquelle Éric Fraudain, du site auboutdufil.com, a consacré sa première chronique musicale justement à cet artiste. Vous retrouverez d’autres musiques. La page de l’artiste est sur Bandcamp, vous retrouvez ça, donc Cloudkicker.
Valentin : Lui aussi est très productif. Il a énormément de musiques.
Frédéric Couchet : Exactement. On essaie notamment de choisir des musiciens qui tournent encore aujourd’hui, qui produisent de nouvelles choses comme CyberSDF qui produit vraiment beaucoup de choses et Ben Sharp en produit également beaucoup.
Vous écoutez toujours La Playlist de Libre à vous ! avec Fred de l’émission Libre à vous ! et mon camarade Valentin des Joyeux pingouins en famille.

On va continuer sur 93.1 FM et en DAB + et partout dans le monde sur causecommune.fm.

On va continuer et c’est vraiment mon petit plaisir de chanson française, on va écouter L’Amour vache par Les journées de création musicale Ziklibrenbib et on se retrouve juste après.
Voix off : Cause commune, 93.1

L’Amour vache par Les journées de création musicale Ziklibrenbib

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter L’Amour vache par Les journées de création musicale Ziklibrenbib, disponible sous licence libre Creative Commons CC By SA, donc Partage dans les mêmes conditions. Vous pouvez réutiliser cette musique à condition de la partager dans les mêmes conditions que celles de la licence originale.
C’est très différent. C’est mon côté… j’aime bien la chanson française. J’expliquerai après ce que sont Les journées de création musicale Ziklibrenbib.

Qu’as-tu pensé de ce titre ?
Valentin : On a, dans ce titre, une introduction qui est assez intense finalement. On entend une ligne de basse, une voix qui parle qui dit « mais qu’est-ce que j’ai fait, comment c’est possible ? », il me semble ; elle se parle à elle-même dans sa tête. On a des cuivres qui jouent avec trompette et saxophone, une guitare électrique qui joue de manière assez intense, un accordéon, qui jouent des phrasés très lents, c’est-à-dire qu’ils jouent ensemble mais sur une note tenue et ils changent de temps en temps. En tout cas c’est l’introduction qui est souvent utilisée par exemple en symphonie pour ouvrir de manière puissante. Du coup, on a cette intro qui est très puissante, qui est jouée dans le style mineur, si ça peut vous parler, ça donne une connotation un peu mélancolique.

Bref ! Là on a une pause d’un coup et on a un petit silence et une basse qui arrive dans un style walking. Le style walking est un style beaucoup employé dans les lignes de blues, doum pou doum, boum, boum, boum. C’est ce style de basse-là, walking, parce qu’on a l’impression que la basse est en train de marcher.

Là on passe sur quelque chose d’un peu plus coloré, finalement, on a même des instruments qui arrivent et tous les instruments jouent absolument de manière différente par rapport à l’introduction. On est dans quelque chose de beaucoup plus bluesy, on a une guitare acoustique qui est apparue ainsi qu’un harmonica, ainsi même qu’un violon à un moment. On a après une espèce de dialogue avec une femme qui dit « cache-toi, cache-toi ». L’homme du début qui disait « mais qu’est-ce qui se passe ? » qui revient, comme si on avait un peu un côté scène de quotidien qui est là.

Je n’ai pas grand-chose, en fait, à redire sur la musique parce que c’est une espèce de moment où on a l’impression qu’ils décrivent un peu la vie. Je trouve ça bien parce que c’est aussi un peu à ça que sert la chanson française, même de n’importe quelle langue, en tout cas la chanson sert aussi à chanter le quotidien, à imiter, à caricaturer la vie parce que la vie est une fête et il faut savoir en profiter. C’est ce qui est agréable dans ce genre de musique.
Frédéric Couchet : Merci Valentin. Je vais préciser que Ziklibrenbib est en fait un collectif de médiathèques qui utilise des licences libres dans les médiathèques. Nous avons notamment reçu le 9 juillet 2019 dans Libre à vous ! Antoine de la médiathèque de Passay en Bretagne. En fait, chaque année ils organisent Les journées de création musicale, donc ils se retrouvent à la médiathèque de Passay avec des artistes qui, sur une journée, vont à la fois écrire un texte et enregistrer en direct un titre qui est ensuite disponible sous licence libre, donc Creative Commons By SA. Ça fait neuf ans qu’ils font ça chaque année. D’ailleurs je ne sais pas si en 2020 ils l’ont fait, je ne sais plus.
Valentin : Tu n’as pas les dates de quand ça se passe ?
Frédéric Couchet : Je ne sais plus de quand date celui-là, je ne l’ai pas en tête. Ça c’était en 2019. En 2020 je ne sais pas s’ils ont pu le faire évidemment avec les conditions qu’on connaît, c’est généralement en mars. En tout cas sur le site de Ziklibrenbib et notamment sur le site de Bandcamp, vous retrouvez à la fois les musiques qu’ils ont sélectionnées et également, chaque année, cette fameuse journée de création musicale. C’est vraiment organisé, c’est fait en une journée, c’est produit sous licence libre et ensuite c’est librement réutilisable.
On va passer à un artiste qui produit énormément de musique libre, qui est très connu dans le monde de la musique libre. On va écouter Pixel Peeker Polka par Kevin Macleod et on se retrouve juste après.
Voix off : Cause commune, 93.1

Pixel Peeker Polka par Kevin Macleod

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Pixel Peeker Polka de Kevin Macleod, disponible sous licence libre CC By, donc licence libre Creative Commons Attribution qui permet la modification, la réutilisation à condition de créditer le nom de l’artiste, le titre du morceau et la source du stream original. Vous retrouverez tous les titres de Kevin Macleod sur son site incompetech.com. On mettra évidemment les références sur le site causecommune.fm.

Alors Valentin ?
Valentin : Là, pour le coup, on change vraiment, moi je n’ai jamais entendu ça avant sur tout ce qu’on faisait. On est sur une musique qui sonne très jeux vidéos, j’ai mis longtemps à m’habituer un peu aux sonorités et à m’adapter pour faire l’analyse que je vais vous présenter, qui sera malheureusement très courte ; j’ai eu un peu de mal à écrire quoi que ce soit dessus ou à analyser.

En tout cas on est sur quelque chose d’assez simple avec juste un synthétiseur qui joue une ligne de basse très simpliste, qui joue sur la tonique et sur la quinte, de sont des procédés très basiques qu’on a l’habitude d’entendre un peu partout. Après on a un autre synthétiseur qui, lui, joue une mélodie un peu sautillante, un peu entraînante et le son du synthétiseur est intéressant parce qu’il est joué comme si c’était un ricochet, un peu comme ça, zzzz, en plus j’ai du mal à le dire. C’est un jeu par rapport aux ondes sonores qui donne cet effet-là, c’est intéressant. On a presque l’impression que c’est quelqu’un qui gratte une corde. Ce mélange-là est intéressant. On a des percussions derrière, qui font une rythmique très simple – poum chac, poum, chac – grosse caisse, caisse claire.

Je trouve que ça sonne vraiment comme une instrumentale de karaoké, de musique populaire germanique. On entend pas mal de sons comme ça dans la culture germanophone, qu’elle soit d’Autriche ou d’Allemagne. Les emplois d’écriture par rapport aux accords ou l’emploi de la basse, comme j’en parlais, aussi de mélodies, revient souvent. J’ai eu l’impression que c’était un peu hérité de l’époque baroque germanique, mais, en fait, je ne suis même pas sûr parce que je trouve que la musique sonne vachement comme une musique de cirque et une entrée des artistes. On dirait vraiment que c’est un peu la piste aux étoiles qui arrive et qui vous présente son cirque Pinder. Finalement, ça donne vachement cette impression-là. Quoi qu’il en soit l’autre chose qui est intéressante, c’est qu’il y a vraiment une couleur jeux vidéos qui est présente dans l’emploi de ces instruments un peu pitchés, qui ne sonnent pas comme habituellement. Mais, pour autant, ce n’est pas la musique qu’on peut retrouver dans les jeux rétros, parce que la musique qu’on avait dans les jeux rétros c’est une musique de qualité différente, qui s’appelle le 16 bits, et là on n’est pas du tout dans ça, on est dans les vrais sons normaux, en fait c’est juste que les sons des synthétiseurs ont complètement été modifiés. Je trouve même que le synthétiseur qui joue la mélodie pourrait ressembler à une espèce de clavecin du futur.

En tout cas, malgré le côté qui ne m’a pas forcément touché, c’est quand même assez intéressant et je trouve qu’on dirait vraiment de la musique de cirque. Sur la fin je me suis dit que ça ressemblait à ça.
Frédéric Couchet : Effectivement, on voit monsieur Loyal arriver. C’est exactement ça, effectivement.

Je précise que Kevin Macleod, dont a diffusé plusieurs titres dans Libre à vous !, est quelqu’un qui a déjà diffusé plus de 2000 titres sous licence Creative Commons CC By, qui sont très régulièrement utilisés pour des films, pour des jeux vidéos. Il touche à tous les styles, du jazz, du blues, du rock, l’électro, le pop, etc. N’hésitez pas à aller sur son site incompetech.com – vous retrouverez les références sur le site de la radio causecommune.fm – pour découvrir d’autres titres de Kevin Macleod qui est l’un des artistes qui publie le plus de musiques libres dans le monde. Kevin Macleod est un artiste américain.
Maintenant on va passer à un artiste français. On va écouter With you instrumental par HaTom et on se retrouve juste après.
Voix off : Cause Commune, 93.1

With you instrumental par HaTom

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter With you instrumental par HaTom, disponible sous licence Creative Commons Attribution, donc que vous pouvez librement réutiliser en citant l’artiste. Ses pages principales c’est sur soundcloud.com. HaTom s’écrit H, a, t, o, m et il a aussi une chaîne YouTube.

Valentin ?
Valentin : On est sur quelque chose qui commence assez, encore une fois, atmosphérique et un peu envoûtant, finalement on retrouvera beaucoup cette ambiance aujourd’hui. On a une espèce de voix chantée mais qui est pitchée, c’est-à-dire qui est atténuée dans les très graves, presque robotique, ce qui donne un peu cette impression de chamane qui nous envoûte. Il y a un léger glockenspiel, instrument qui est fait à base de cloches, qu’on tape, qui est beaucoup employé dans les musiques un peu hip-hop, qu’on entend dans le fond, et quelques percussions électroniques assez discrètes. Ça c’est, du coup, l’introduction qui nous emmène vers un moment où ça part un peu plus avec une rythmique proche de la musique Chill hip-hop. Ce qui donne l’aspect Chill hip-hop c’est qu’on est sur une rythmique hip-hop avec une ligne basse un peu hip-hop, mais on garde l’atmosphère un peu envoûtante qu’on avait au début avec la voix pitchée, d’ailleurs une voix qui nous envoûte complètement. Toute cette ambiance atmosphérique m’a fait beaucoup fait penser aux chaînes YouTube qui sont apparues à peu près vers 2012/2013, qui s’appellent parfois Lord Of Chill ou Délicieuse musique, des chaînes YouTube qui mettent en avant beaucoup de musiques de ce type-là. Ça a explosé à la mode comme ça, c’est comme ça qu’on a découvert des artistes comme Flume ou Petit Biscuit, un artiste français qui est aussi un peu cette atmosphère.

La différence avec cet artiste qu’on a là, c’est qu’on est dans quelque chose de pas forcément joyeux, ni triste, ni qui ressort d’une vraie émotion. Il n’y a pas une vraie émotion qui ressort de ce morceau, on est plus dans une espèce de rythme, on est emporté par le rythme et, en même temps, on rêve un peu avec les instruments qu’on a derrière, les voix qui nous envoûtent, les petites nappes de synthé, ce qui est assez intéressant finalement. On a quand même un synthé un peu plus green dubstep qui arrive et qui donne un peu plus de colère, d’énervement, même si on n’est pas dans la colère, mais qui va donner un peu plus de peps à la musique.

Je trouve quand même qu’il n’y a pas une vraie émotion qui ressort, il n’y a pas non plus une vraie ligne mélodique qui ressort. Je serais incapable, par exemple, de vous chanter un air de cette musique, mais il y a une vraie atmosphère qu’on pourrait ressortir. Si jamais on vous reparle de cette musique on se souviendra plus de l’atmosphère que de la mélodie, c’est assez rare et c’est ce que la musique électronique nous apporte, notamment ce mélange de Chill hip-hop où le chill veut dire se décontracter, passer un moment et le hip-hop c’est la rythmique un peu boum, chac qu’on a.

Finalement ce morceau remplit bien le rôle et résume bien ce style de musique à lui seul.
Frédéric Couchet : D’accord. Je rappelle que HaTom – h, a, t, o, m – est un artiste français qui compose depuis trois ans. Dans Libre à vous ! du 8 septembre 2020 Éric Fraudain nous a fait découvrir trois titres de HaTom que vous pouvez retrouver sur causecommune.fm et également sur auboutdufil.com. Dans la description sur auboutdufil.com, il y a une explication : « Cet artiste essaye depuis quelques années d’apaiser son esprit avec la musique et de rendre ses compositions cohérentes en dépit du flot d’idées qui lui parviennent. »
Valentin : C’est vrai je trouve qu’il y a un aspect presque thérapeutique dans cette musique.
Frédéric Couchet : Exactement. En tout cas c’est un artiste qu’on a découvert et qu’on a beaucoup apprécié.
On va enchaîner et là on va carrément changer de monde vu qu’on va voyager au Japon. On va écouter Sakuya2 par Peritune et on se retrouve juste après.
Voix off : Cause Commune 93.1

Sakuya2 par Peritune

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Sakuya2 par Peritune, disponible sous licence libre Creative Commons attribution. La page de Sakuya2 se trouve sur SoundCloud.

Valentin ?
Valentin : Là on a complètement voyagé au Japon avec une intro très classique, musique populaire folklorique japonaise avec le koto, la flûte, tutti quanti et plein d’autres instruments japonais dont je serais incapable, en fait, de vous donner le nom sans faire des recherches et je n‘ai pas le temps de faire des recherches. D’ailleurs, je me suis même dit que j’allais avoir beaucoup de mal à décrire cette musique, même si j’adore la musique japonaise, j’en écoute beaucoup, mais on a moins l’habitude, c’est moins dans nos codes. J’aurai beaucoup de mal à décrire, à analyser, en fait, des musiques japonaises.

Tout ce que j’ai un peu envie de raconter à travers ça, c’est qu’on sent un côté très onirique. Ça raconte une histoire, la musique est là pour accompagner une histoire. D’ailleurs, si en France on connaît un peu toutes ces musiques japonaises, c’est grâce à la pop culture japonaise qui a été importée en France et qui, maintenant, fait presque partie de notre pop culture, qui sont des musiques qui sont là pour accompagner des mangas ou parfois des films. En tout cas c’est à chaque fois pour un accompagnement, c’est par les accompagnements qu’on connaît cette musique. On n’écoute pas forcément cette musique de manière solo, sans accompagnement, comme ça, en tout cas c’est l’analyse que j’en vois un peu.

Ce que je trouve intéressant c’est que la musique japonaise traditionnelle de base était là aussi pour accompagner les représentations théâtrales ou les danses pour l’empereur. La musique était vraiment utilisée comme ça, il n’y avait pas encore de musique un peu plus populaire. D’ailleurs, même en Occident, c’était à peu près la même chose, sauf que nous c’était pour l’église ou les rois. En tout cas, de manière traditionnelle, historique, au Japon la musique servait principalement à ça et après ce sont des ouvriers ou les personnes, les paysans qui travaillaient dans les champs qui ont commencé à faire de la musique entre eux, un peu de la même manière que le blues est né.

Du coup je trouve intéressant ce parallèle où en France on connaît la musique japonaise parce qu’elle accompagne des évènements et pareil, eux, avant, écoutaient de la musique parce qu’elle accompagnait des évènements et des représentations, en tout juste pour une précision.

C’était vraiment une musique du folklore assez populaire, japonaise, assez moderne, on n’était pas du tout dans la musique traditionnelle, mais elle a cette couleur qu’on n’a pas l’habitude d’avoir en Occident. Je pense que c’est ce qui m’a un peu déstabilisé.
Frédéric Couchet : En tout cas, je te félicite parce que tu as reconnu le koto.
Valentin : Je suis un adepte du koto.
Frédéric Couchet : D’accord. Qui est un instrument à cordes pincées proche de la guitare. En tout cas félicitations.

Je regarde l’heure, on va se faire un dernier morceau parce que c’est l’une de mes artistes préférées. On va écouter vraiment rapidement un dernier morceau. On va écouter Yesterday par Kelle Maize et on se retrouve juste après.
Voix off : Cause Commune 93.1

Yesterday par Kelle Maize

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Yesterday par Kelle Maize disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. Vous retrouverez toute la musique de Kelle Maize sur son site kellemaize.com et aussi, évidemment, sur causecommune.fm.

Dernier morceau de cette édition. En moins de deux minutes, ton avis Valentin.
Valentin : C’est dur parce que c’est un très beau morceau.
Frédéric Couchet : Vas-y commente.
Valentin : On a cette introduction à la guitare un peu en mode arpégé qui est très agréable, mais on sent tout de suite la couleur hip-hop qui arrive avec des petits scratchs de voix, des effets de scratchs qui arrivent et une rythmique hip-hop, une boite à rythme. Ce qui est intéressant à dire et je tiens à le souligner, je suis désolé ça va prendre du temps, avant on a avait les même genres de rythmique mais des instruments qui sonnaient plus électronique moderne, un peu plus parfois techno house disco. Là on avait vraiment des instruments, une batterie qui sonnait très hip-hop, qui sonnait comme les batteries qu’on avait dans les années 80/90. Ce sont simplement des samples, parfois les producteurs de hip hop « samplaient » des vieux morceaux de blues ou de jazz dans lesquels on avait des pistes de batterie indépendantes et après, à travers un programme et des machines, arrivaient à donner cette rythmique hip-hop en rejouant à travers la machine, mais on avait un peu ce grain des batteries avec le grain du vinyle un peu sale et un peu distordu qu’on retrouve totalement dans le son de la batterie et de la boite à rythme de ce morceau. C’est un son que j’adore, du coup j’ai tout de suite été emporté par ce morceau.

On a ensuite une voix de femme qui chante, qui est mi-rappée, mi-chantée. Il y a une vraie chaleur dans sa voix, une chaleur que je trouve assez saoul mais avec des intonations et des interprétations qui sont plus proches du R&B [rhythm and blues]. Bref, on a un mélange très agréable mi-rappé et chanté au refrain avec des doublures de voix à la tierce, à la quinte, c’est très joli.

Je trouve que c’est l’un des morceaux les mieux produits, qui sonnent le plus pro, qu’on ait écoutés là dans cette émission. Je pense que c’est un morceau qui met tout le monde d’accord. Il est très bien produit. Ça ressemble assez à du Hocus Pocus ou du Little Dragon, mais surtout ça sonne très comme ce que passait Radio Nova il y a 15 ans. Vraiment, je pense que si ce morceau était sorti il y a 15 ans, cette artiste aurait été top listes chez Radio Nova.
Frédéric Couchet : En tout cas c’est une des artistes top listes aux États-Unis. Kelle Maize est vraiment très connue. On l’a écoutée plusieurs fois, je ne sais pas si tu souviens, Age of Feminine.
Valentin : D’accord. C’est pour ça. Eh oui, c’est un des premiers morceaux qu’on a écouté.
Frédéric Couchet : C’est un des premiers morceaux et c’est quelqu’un qui explique que son but c’est de faire de la musique pour envoyer de la bonne énergie et aussi donner aux gens à penser. C’est aussi une militante du droit des femmes, de l’écologie, etc. C’est une artiste vraiment professionnelle.
Valentin : C’est pour ça que ça sonne aussi pro, j’étais étonné.
Frédéric Couchet : J’adore cette musique-là, c’est pour ça que je me suis permis de la mettre même si on est court en temps.
Valentin : Elle est très jolie.
Frédéric Couchet : Je vous encourage vraiment à aller sur le site kellemaize.com et on repassera d’autres titres de cette artiste fabuleuse, cette artiste américaine qui, je crois, a commencé il y a une dizaine d’années ou 12-13 ans à peu près.
Valentin : D’accord, donc ça fait longtemps. Je pensais que c’était quelqu’un de nouveau. OK !
Frédéric Couchet : Non. Pas du tout.

Valentin, merci pour cette édition de La Playlist de libre à vous !. Valentin, je rappelle que tu animes des émissions sur Cause Commune, notamment Les Joyeux pingouins en famille. En 30 secondes.
Valentin : C’est ça, Les Joyeux pingouins en famille. Pour cette nouvelle saison, cette troisième saison vous nous retrouvez tous les jeudis à 21 heures en direct pour un commentaire de l’actualité. En fait, on n’a pas vraiment de thématique, on commente l’actualité avec des chroniques spécialisées, des surprises. Bref ! Ce sont les pingouins-style, bienvenue dans la banquise tous les jeudis à 21 heures.
Frédéric Couchet : Sur Cause Commune, donc 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur causecommune.fm.

Je te remercie Valentin et on se retrouve sans doute prochainement pour une nouvelle édition de La Playlist de Libre à vous !, musiques libres commentées par notre expert Valentin.
Valentin : Avec plaisir.
Frédéric Couchet : Peut-être que la prochaine fois il y aura Éric Fraudain du site auboutdufil.com pour t’accompagner.
Valentin : Avec encore plus de plaisir. Merci pour l’invitation.
Frédéric Couchet : Merci. À bientôt. Bonne fin de journée.
Valentin : À bientôt.
[Virgule sonore]
Frédéric Couchet : Nous sommes de retour en direct sur Cause Commune 93.1 FM et en DAB+ et partout dans le monde sur causecommune.fm.

Vous venez d’écouter La Playlist de Libre à vous !, sujet enregistré quelques jours avant le confinement avec Valentin. J’espère que nous aurons bientôt l’occasion d’enregistrer un nouveau sujet.

Valentin anime le jeudi soir à 21 heures, avec son collègue Baptiste, Les joyeux pingouins en famille. C’est une émission totalement foutraque, je vous conseille vraiment de l’écouter et il a également commencé une nouvelle émission qui s’appelle Tintamarre, une heure de playlist avec quelques interventions ponctuées par Valentin tous les premier et troisième dimanche de chaque mois entre 18 heures et 19 heures.
Nous allons passer au sujet suivant.
[Virgule musicale]

Chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame sur le thème « Maintenir et archiver, deux enjeux pour un site associatif »

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec Vincent Calame, informaticien libriste et bénévole à l’April, qui nous fait partager son témoignage d’un informaticien embarqué au sein de groupes de néophytes. Choses vues, entendues et vécues autour de l’usage des logiciels libres au sein de collectifs, associations, mouvements et équipes en tout genre, c’est la chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame.

Bonjour Vincent.
Vincent Calame : Bonjour Frédéric.
Frédéric Couchet : Le thème du jour c’est « Maintenir et archiver, deux enjeux pour un site associatif ».
Vincent Calame : Oui, tout à fait. Le sujet de cette chronique m’est venu en me remémorant le témoignage d’une intervenante lors d’une rencontre qui avait eu lieu en 2012 – je sais, cela date – rencontre organisée par le réseau Ritimo dont l’intitulé était « 20 ans d’Internet associatif, et demain ? ». Malheureusement je n’ai pas d’archives à vous proposer. Ce témoignage était en substance le suivant : on le sait, de nombreuses associations sont financées par projets, c’est-à-dire que pour faire tourner la boutique, si on peut dire, elles négocient avec des bailleurs de fonds publics ou privés un budget pour une action précise, limitée dans le temps. Elles sont donc fortement dépendantes des exigences de ces bailleurs, elles doivent constamment s’y adapter. Toutes les associations n’ont pas la chance, comme l’April, de disposer d’un socle d’adhérents qui lui assurent de pouvoir travailler en indépendance sur le temps long.
Frédéric Couchet : Comme tu le dis, nous avons fait le choix il y a bien longtemps de reposer notre mode de financement principalement, quasi exclusivement sur les adhésions, les cotisations de nos membres qui sont, en plus, fidèles. Nous avons des membres qui sont là depuis plus de 20 ans et, régulièrement il y a de nouveaux membres qui nous rejoignent. Donc c’est effectivement un gage d’indépendance sur le temps long.
Vincent Calame : Malheureusement, pour les associations qui dépendent de financements extérieurs, un des volets importants de la négociation avec le bailleur c’est celui de la production finale : sur quoi va reposer en grande partie l’évaluation de la pertinence du travail de l’association.

Or l’intervenante, dans cette réunion de 2012, constatait que la mode à l’époque, parmi les bailleurs, était de demander comme rendu final un site web. On se retrouvait avec des associations qui passaient toute la durée d’un projet à monter le site web en question, et on sait que monter un site web ça prend du temps, il faut de nombreux allers-retours, ne serait-ce que pour s’entendre sur la charte graphique. Le projet arrivait à son terme, le site web était prêt pour la réunion de rendu, les bailleurs étaient contents et puis on passait à autre chose.
Frédéric Couchet : En quoi était-ce problématique ?
Vincent Calame : C’est qu’en l’occurrence on appliquait un peu au site web la logique d’un texte imprimé. Qu’un projet se termine par la publication d’un ouvrage, les actes d’une rencontre, c’est compréhensible : bailleurs et associations se retrouvent avec un objet tangible dans les mains, il va pouvoir être diffusé, être mis à disposition dans les centres de documentation et, au pire, être utilisé pour caler des étagères.

Un site web n’est pas un objet statique. Sa vocation première est d’être actualisé régulièrement. S’il est consacré à un thème particulier, par exemple les énergies renouvelables en zone saharienne, il doit rendre compte de l’évolution des pratiques et des innovations dans son domaine. Bref, un site web doit être maintenu, aussi bien dans sa partie technique que dans sa partie rédactionnelle. Or peu de sites seront maintenus spontanément et bénévolement, n’est pas Wikipédia qui veut.

Ne pas prévoir dès le début un budget de maintenance dans la durée, c’est l’assurance de voir le site web péricliter rapidement. Cette ignorance des contraintes de la maintenance était un travers dénoncé par cette intervenante.

Depuis 2012, la mode est peut-être passée, chez les bailleurs de fonds, de demander un site web, tant les réseaux sociaux ont pris de l’importance et les simples sites web n’ont, sans doute, plus la cote. Il y a cependant un risque encore plus grave que le seul défaut de maintenance.
Frédéric Couchet : C’est quoi ce risque plus grave ?
Vincent Calame : C’est tout simplement celui de la disparition pure et simple. Cela arrive très vite dans le monde associatif où il y a une forte rotation des personnes bénévoles ou salariées, avec souvent un défaut de transmission de la mémoire : oubli du renouvellement du nom de domaine, oubli du renouvellement de l’hébergement, sites cassés car reposant sur des versions trop anciennes du serveur ou du langage de programmation, disparition dans la nature du prestataire, sans même parler de l’oubli des codes d’accès. Les causes de disparition sont multiples. Il m’est arrivé d’être contacté par des responsables catastrophés de ne pas retrouver leur site web et il a fallu remonter un site tant bien que mal grâce à une sauvegarde retrouvée par miracle sur le disque dur d’un prestataire.

Tout à l’heure j’ironisais sur la publication destinée à caler des étagères, mais au moins une publication papier est conservée. Qu’en sera-t-il de la mémoire militante à partir des années 2000 alors qu’elle repose sur des sites disparus ? C’est pourquoi il est très important de réfléchir en amont à l’archivage d’un site, je dirais même que cette réflexion devrait avoir lieu au moment même de sa conception. En effet, archiver un site est, en fait, une opération assez simple, il s’agit de transformer le site en site statique, c’est-à-dire en fichiers au format HTML – je précise que HTML est le langage de description d’une page web – qui pourront être lus directement dans le navigateur, sans nécessiter de bases de données ou de langage informatique particulier. Ces pages pourront alors être facilement sauvegardées, elles pourront être stockées dans un disque dur, continuer à être consultées même si le site n’est pas public.

Or, suivant la conception du site, cet archivage peut être une opération plus au moins simple. Je ne vais pas entrer dans les détails techniques sur la simplicité de l’opération, ça passerait mal à la radio. Je dirai simplement, en conclusion, que si vous êtes responsable d’un site web je vous incite fortement à poser la question à vos prestataires : comment puis-je faire une sauvegarde et un archivage de mon site facilement ? Je crois que la mémoire de votre collectif vous en sera reconnaissante.
Frédéric Couchet : Et sans se reposer sur l’existence de archive.org par exemple.

Avant de te poser une dernière question, notamment sur l’actualité, tu parles de site web, je précise aux personnes qui écoutent l’émission que bientôt, peut-être, nous aurons un site web dédié à l’émission, libreavous.org, et je crois que l’une des personnes en charge de la mise en place s’appelle justement un certain Vincent Calame. Je crois qu’on va bientôt reparler de site web, sans doute à la fin du mois, on a prévu un petit week-end de travail en commun pour avancer sur ce site.
Vincent Calame : Oui, surtout que le confinement est venu à point.
Frédéric Couchet : Exactement, ce qui explique aussi pourquoi ta voix est un peu petit lointaine par rapport à d’habitude. Tu n’es pas au studio, tu es confiné chez toi.
Vincent Calame : Hélas !
Frédéric Couchet : Hélas, en tout cas pour un certain temps.

Je crois que tu souhaitais terminer par une annonce de fin d’émission, c’est-à-dire une activité en ligne prévue – aujourd’hui les activités en ligne vont se développer – une activité en ligne prévue par Parinux jeudi prochain ?
Vincent Calame : Parinux est un groupe d’utilisateurs de logiciels libres, donc un GULL sur Paris et l’Île-de-France. Nous avions un rendez-vous régulier tous les jeudis soir pour Les soirées de contribution au Libre, c’était un rendez-vous physique. Évidemment notre but est d’avoir une action locale et de se voir. Évidemment, cette activité n’est plus possible avec le confinement, donc nous avons dit « nous allons lancer des soirées de conversation autour du Libre, donc l’acronyme SDL, tous les jeudis soir pour maintenir ce rendez-vous. Ça commence jeudi prochain. L’idée c’est de se retrouver, l’ouverture est à 20 heures 30 et à 21 heures on a un intervenant qui présente un sujet. Nous utiliserons le logiciel libre BigBluBottom qui est très utilisé dans le monde de l’enseignement, justement pour des cours en ligne. C’est l’occasion de se retrouver et de débattre. Évidemment, comme ce sera en ligne, c’est ouvert à toutes et tous et pas seulement aux Parisiens et aux Franciliens.
Frédéric Couchet : Le rendez-vous c’est sur parinux.org à partir de jeudi 5 novembre, 21 heures. C’est ça ?
Vincent Calame : Tout à fait. Les informations sur le site de Parinux. Ce sera aussi publié sur l’Agenda du Libre et sur l’instance Mobilizon de Parinux.
Frédéric Couchet : D’accord. Merci Vincent. On se retrouve le mois prochain j’espère en studio.
Vincent Calame : J’espère aussi !
Frédéric Couchet : Bonne journée Vincent. À bientôt.

Vincent Calame : Bonne journée. Merci
Frédéric Couchet : On va passer aux annonces de fin.
[Virgule musicale]

Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre

Frédéric Couchet : Je surveille l’heure du coin de l’œil pour savoir quelles annonces je peux faire. On va commencer.

L’association InterHop, qui promeut le logiciel libre pour la santé, a lancé une pétition via le site web du Sénat pour obtenir la création d’une commission d’enquête sur la gestion des données de santé des Français et des Françaises par la société Microsoft. C’est la fameuse Health Data Hub. L’April soutien cette initiative et nous vous appelons à signer la pétition. Vous retrouverez les infos évidement sur april.org.

LibrePlanet est la conférence annuelle de la Fondation pour le logiciel libre. Normalement organisée en mars à Boston, eh bien en 2021 elle aura sans doute lieu, très probablement exclusivement en ligne. Il est possible de soumettre une intervention, en anglais, jusqu’au mercredi 11 novembre. En tout cas c’est l’occasion de pouvoir intervenir sans avoir à prendre l’avion. Il y a par exemple qui ne veulent pas prendre l’avion, qui ont peur de prendre l’avion. J’en fais un petit peu partie. N’hésitez pas à proposer des conférences. Pareil, vous retrouverez les références sur april.org.

Jeudi soir, je ne sais pas, mais je suppose que ma collègue Isabella Vanni organise une nouvelle édition de la réunion du groupe de travail Sensibilisation de l’April à partir de 17 heures 30 à distance. Pareil, vous pouvez participer depuis votre navigateur web, c’est à partir de 17 heures 30 le jeudi.

Je précise un point intéressant parce que nous sommes en mode de confinement donc nous avons des attestations de déplacement, nous avons dû en utiliser pour venir ici. Je vous précise qu’il y a une application libre pour la génération d’attestations de déplacements, qui travaille sans permission inutile, toute en local, ça s’appelle Attestation de déplacement, vous la retrouvez sur F-droid qui est le magasin d’applications en Libre. Installez-la, franchement, et merci Adrien Poupa pour cette superbe application.

Toujours en visio, jeudi soir 5 novembre, de 19 heures à 20 heures, il y a un atelier Wikipédia et Wikisource pour découvrir Wikipédia et Wikisource. C’est organisé par la Maison pour tous à Lyon mais c’est évidemment accessible à distance. Vous retrouverez les références sur le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org.

On continue dans les évènements à distance. Samedi 7 novembre 2020, de 14 heures à 17 heures, il y a un Confin’atelier. Un Confin’atelier c’est comme un Contrib’atelier, on essaie d’agir concrètement pour le Libre, mais là c’est à distance. Ça peut être du code, ça peut être du design, ça peut de la doc, ça peut être des tests. Disons qu’il y en aura pour toutes les compétences, tous les niveaux et tous les goûts. Là encore vous retrouvez les références sur le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org.

Vous voyez que même en période de confinement vous pouvez contribuer à des évènements libristes et la quasi-totalité sont annoncés, évidemment, sur le site de l’Agenda du Libre.

Vu qu’on est on est mardi 3 novembre. Je vérifie à quelle heure c’est, la présidente de l’April, Véronique Bonnet, participe aujourd’hui aux États généraux du numérique libre et des communs pédagogiques. Elle participe à une table ronde à partir de 18 heures. Sur le site de l’April, april.org, vous trouvez les informations. Vous pouvez également vous connecter pour suivre cette table ronde autour des GAFAM et du Libre pour l’éducation. C’est la première journée des États généraux du numérique libre et des communs pédagogiques.
Notre émission se termine.

Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission : Marie-Odile Morandi, Vincent Calame, Valentin des Joyeux pingouins en famille.
Samuel Aubert
Aux manettes de la régie aujourd’hui Étienne Gonnu.

Merci également à toute l’équipe podcast : Sylvain Kuntzmann, Antoine, Samuel Aubert, Olivier Humbert, Élodie Déniel-Girodon, Olivier Grieco, Quentin Gibeaux, Christian Momon. Beaucoup de gens pour produire un podcast, mais ils ne le font pas tous en même temps, ils se répartissent les rôles chaque semaine.
Vous retrouverez sur le site web de l’April, april.org, toutes les références utiles ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm. N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues.

Je salue aussi les personnes qui étaient sur le salon web de la radio, sur Cause Commune. On voit qu’on est en période confinement, il y a quelques personnes en plus. Le salon web c’est causecommune.fm, vous cliquez sur le bouton « chat » et vous retrouvez un salon web pour chaque émission et normalement, quand les émissions sont en direct, vous pouvez intervenir et échanger avec les personnes qui animent l’émission.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.

Si vous avez aimé cette émission n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous. Faites également connaître la radio Cause Commune, la voix des possibles.
La prochaine émission aura lieu en direct mardi 10 novembre 2020 à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur l’apprentissage de la programmation pour les femmes avec trois initiatives que nous aurons le plaisir d’accueillir encore une fois à distance.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 10 novembre et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.

Avertissement : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant⋅e⋅s mais rendant le discours fluide. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.