Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l’émission du 18 juin 2019

Titre :
Émission Libre à vous ! diffusée mardi 18 juin 2019 sur radio Cause Commune
Intervenants :
Noémie Bergez - Angie Gaudion - Christian Momon - Denis Dordoigne - Isabella Vanni - Frédéric Couchet - Étienne Gonnu à la régie
Lieu :
Radio Cause Commune
Date :
18 juin 2019
Durée :
1 h 30 min
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Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription :
Verbatim
Illustration :
Bannière radio Libre à vous - Antoine Bardelli ; licence CC BY-SA 2.0 FR ou supérieure ; licence Art Libre 1.3 ou supérieure et General Free Documentation License V1.3 ou supérieure. Logo radio Cause Commune, avec l’accord de Olivier Grieco

Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

logo cause commune

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. La radio dispose d’un webchat, donc utilisez votre navigateur web, rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et ainsi retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission.

Nous sommes mardi 18 juin 2019, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’association est april.org, vous y retrouverez d’ores et déjà une page consacrée à l’émission avec les références utiles sur les pauses musicales, sur les sujets que nous allons aborder et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais également des points d’amélioration.

Je vous souhaite une excellente écoute.
Maintenant le programme de cette émission.

Nous commencerons par la chronique juridique de Noémie Bergez intitulée In code we Trust qui sera consacrée à l’usurpation d’identité numérique.

D’ici dix-quinze minutes nous aborderons notre sujet principal qui portera sur le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires, autrement dit les CHATONS.

En fin d’émission nous aurons la chronique « Le libre fait sa comm’ » d’Isabella Vanni consacrée au thème du retour d’expérience de l’animation d’un stand de l’April lors d’événements.

À la réalisation de l’émission Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.
Étienne Gonnu : Salut Fred.
Frédéric Couchet : On va vous proposer un petit quiz. Je vous donnerai les réponses en cours d’émission. Vous pouvez proposer des réponses soit sur le salon web de la radio ou également sur les réseaux sociaux.

Première question : la même que la semaine dernière vu que j’avais oublié de donner la réponse, mais c’est quand même en lien avec l’émission d’aujourd’hui. Lors de l’émission du 4 juin, notre sujet principal portait sur Framasoft. La question est : d’où vient le nom Framasoft ?

Deuxième question, que se passe-t-il à Rezé, dans les Pays de la Loire, samedi 22 juin, une activité en lien avec notre émission de la semaine dernière ? Réponse en fin d’émission.
Tout de suite place au premier sujet.
[Virgule musicale]

Chronique In code we trust sur l’usurpation d’identité numérique avec Noémie Bergez

Frédéric Couchet : Nous allons commencer par une intervention de Noémie Bergez, avocate au cabinet Dune, pour chronique In code we trust. La chronique du jour va porter sur l’usurpation d’identité numérique. Bonjour Noémie.
Noémie Bergez : Bonjour Fred. Bonjour à tous.
Frédéric Couchet : Nous t’écoutons.
Noémie Bergez : Cette chronique est dédiée au délit d’usurpation d’identité numérique. Après une première présentation de ce délit, nous aborderons quelques cas pratiques de décisions qui ont été rendues en la matière.
Le délit d’usurpation d’identité est prévu à l’article 226-4-1 du Code pénal. Il a été créé par la loi numéro 2011-267 du 14 mars 2011, dite d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, la loi LOPPSI 2. Cet article incrimine « le fait d’usurper l’identité d’un tiers ou de faire usage d’une ou plusieurs données de toute nature permettant de l’identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d’autrui ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération. Ce délit est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. » L’article précise, dans son alinéa 2, que « cette infraction est punie des mêmes peines lorsqu’elle est commise sur un réseau de communication au public en ligne ».

C’est vrai que ce deuxième alinéa n’est pas véritablement pertinent puisque le premier alinéa, le fait d’usurper l’identité, inclus nécessairement l’infraction qui est commise sur les réseaux de communication au public en ligne. En tout cas, il permet de comprendre la motivation du législateur puisque l’idée était quand même d’apporter un peu de pédagogie et on s’était aperçu que ce type d’agissement était quand même assez régulièrement commis via les réseaux de communication au public en ligne. Donc le législateur a voulu un petit peu renforcer son article, même si l’alinéa 2 est plutôt perçu par les praticiens comme inutile.
Il faut savoir qu’avant cet article les faits d’usurpation d’identité étaient sanctionnés par des textes généraux. On avait le délit d’escroquerie qui est prévu à l’article 313-1 du Code pénal. Ce délit d’escroquerie est celui qui punit l’usage d’un faux nom, d’une fausse qualité, ou l’abus d’une qualité vraie, ou l’emploi de manœuvres frauduleuses pour tromper une personne physique ou morale et la déterminer, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers, à lui remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque. Ce délit était puni, est toujours puni d’ailleurs, d’une peine d’emprisonnement de cinq ans et de 375 000 euros d’amende. Il y avait un autre délit qui était utilisé également pour sanctionner des faits d’usurpation d’identité, c’était l’article 434-23, et qui incrimine le fait de prendre le nom d’un tiers dans des circonstances qui ont déterminé ou auraient pu déterminer contre lui des poursuites pénales.
À présent on a un article qui est prévu dans le Code pénal sur l’usurpation d’identité en lui-même. Il faut retenir les éléments caractéristiques de ce délit d’usurpation de l’identité. L’identité, dans le rapport de l’Assemblée nationale, le conseiller rapporteur estimait que le terme identité recouvrait tous les identifiants électroniques de la personne, à la fois son nom, son surnom, mais également son pseudonyme lorsqu’il est utilisé sur Internet. Pour que le délit soit caractérisé il faut d’une part, usurper l’identité et, d’autre part, avoir une volonté d’user cette identité pour troubler la tranquillité d’autrui ou porter atteinte à son honneur ou à sa considération.
On a plusieurs décisions de justice en la matière.
Il faut noter que le délit semble pouvoir s’appliquer également aux personnes morales, puisque la cour d’appel de Paris, dans un arrêt du 10 octobre 2014, a jugé qu’une personne morale pouvait agir sur le fondement de l’usurpation de l’identité numérique au travers de son dirigeant social. Dans cette espèce, le prévenu avait créé, avec les coordonnées de la société, de fausses adresses [de messagerie électronique] et il avait publié des contenus diffamatoires et insultants. Eh bien les juges ont retenu le délit d’usurpation d’identité et ont condamné l’auteur des faits à dix mois de prison avec sursis.
L’arrêt qui est assez marquant dans cette matière de l’usurpation d’identité c’est un arrêt de la chambre criminelle du 16 novembre 2016, qui a été vraiment l’un des plus commentés dans la jurisprudence puisqu’en fait, dans cette espèce, un site internet avait été créé et qui reproduisait l’apparence du site officiel de la maire du 7e arrondissement de l’époque, qui reproduisait donc sa photographie, qui diffusait des commentaires insultants et diffamatoires et qui permettait de publier sur des réseaux sociaux des faux communiqués de cette maire.

Une plainte avait été déposée pour atteinte à un système de traitement automatisé de données et usurpation d’identité sur support numérique. Pour les atteintes au système de traitement automatisé de données je vous renvoie, si cela vous intéresse, à la chronique sur le sujet des infractions informatiques, on avait évoqué ces atteintes.

Sur l’usurpation d’identité, après enquête l’auteur du site avait été identifié et ce qu’il avait expliqué c’est qu’il avait découvert une faille de sécurité dans le site officiel de la maire, qui lui permettait, en fait, d’entrer dans le site et de pouvoir diffuser lui-même ou par des tiers des contenus, notamment de faux communiqués de presse.

Il avait été condamné par le tribunal correctionnel pour le délit d’usurpation d’identité et introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé à 3000 euros d’amende. La cour d’appel a confirmé cette décision. L’auteur de ces faits avait tenté de se dédouaner en indiquant que le site que lui-même avait créé était légèrement différent du site officiel, donc que ça aurait pu ouvrir une confusion, donc dans ce cas-là il n’y aurait pas eu d’usurpation d’identité. Là-dessus les juges n’ont pas considéré que ce moyen était pertinent. Ils ont considéré, au contraire, qu’il y avait quand même une importante ressemblance entre le site officiel et le faux site. Le fait qu’il n’ait pas contesté être l’auteur de la construction, enfin être l’auteur de ce site, et qu’il n’ait pas contesté non plus d’avoir découvert le moyen qui lui permettait de se connecter à ce site a aussi joué puisque l’élément intentionnel a été retenu. Il avait vraiment la volonté de créer un site fictif, d’encourager des personnes qui le suivaient à mettre en ligne de faux messages via ce site. La Chambre criminelle de la Cour de cassation a confirmé l’arrêt de la cour d’appel en considérant que le prévenu avait bien usurpé l’identité d’un tiers en vue de porter atteinte à son honneur ou à sa considération.

Chose importante dans cet arrêt : la Cour de cassation a indiqué que cette infraction était exclusive de l’application de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme qui protège la liberté d’expression. Donc là on a vraiment une décision forte qui vient protéger les intérêts privés.
On a ensuite un jugement assez récent, c’est pour ça que j’en parle, du 16 avril 2019, un jugement de la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, qui est la chambre spécialisée en droit de la presse.

Dans cette espèce un faux site avait été créé en vue de s’attaquer à un syndic de copropriété, ce qui doit être assez régulier, mais là, la personne avait vraiment mis en place de très importants moyens puisqu’elle avait créé un site pour, en fait, critiquer l’action d’un syndic de copropriété. Le président du syndic de copropriété avait déposé une plainte pour usurpation d’identité numérique et pour violation des obligations prévues par la loi pour la confiance dans l’économie numérique, à savoir que les mentions légales ne figuraient pas sur le site.

Effectivement, le site n’ayant pas de mentions légales, les enquêteurs ont dû mener des investigations un peu plus poussées pour identifier l’auteur. En tout cas il a été identifié, c’est comme ça qu’ils ont pu découvrir que c’était un des copropriétaires. Là le tribunal, dans sa décision, a relaxé l’auteur du site du délit d’usurpation d’identité pour une motivation qui est assez claire qui est, qu’en fait, le nom du site, s’il comprenait bien celui du syndic de copropriété et faisait référence à son activité professionnelle, eh bien les juges ont constaté que ce site était suffisamment clair, qu’il n’y avait pas de confusion pour comprendre qu’en fait il ne s’agissait pas du site du syndic de copropriété mais bien d’un site qui avait été créé pour critiquer le syndic de copropriété.

La différence est quand même assez importante : dans ce cas-ci, il n’y a pas eu de condamnation pour usurpation d’identité parce que le site n’avait pas pour vocation de prendre l’identité d’un tiers mais plutôt de critiquer l’action d’un tiers.

Il faut noter également sur les mentions légales du site qui n’avaient pas été publiées, que le tribunal a rejeté la demande qui était contenue dans la plainte, en considérant que malheureusement la citation directe ne visait pas les bons articles de la loi pour la confiance dans l’économie numérique ; elle visait l’article 6-III-1 et elle aurait dû, en fait, viser l’article 6-III-2. Les juges étant limités dans leurs requalifications, ils ne pouvaient pas requalifier l’infraction dont ils étaient saisis. Ce qui rappelle un peu la nécessité de bien rédiger les citations directes quand on est partie civile.
Juste pour terminer, comment réagir quand on est victime soi-même du délit d’usurpation d’identité ? Évidemment quand ce sont des documents administratifs ou bancaires qui sont en cause il faut faire opposition au plus vite, conserver les preuves. Si c’est pertinent prévenir l’éditeur du site si ce n’est pas lui l’auteur des agissements et puis porter plainte, saisir un juge pour obtenir soit la cessation, soit l’indemnisation, et éventuellement voir avec son assureur s’il peut y avoir une indemnisation.
J’en aurais terminé sur cette chronique.
Frédéric Couchet : Merci Noémie. On a mis sur le site de l’April, april.org, les références. Dans ta chronique tu faisais référence à une précédente chronique sur les infractions relatives à l’informatique, c’est celle du 16 avril 2019. Le podcast est disponible sur le site. D’ailleurs c’est assez marrant parce que le 16 avril on avait déjà abordé le second sujet long qu’on va aborder tout à l’heure, les CHATONS ; donc vous pouvez écouter, le 16 avril.

On va se retrouver pour ta prochaine et dernière chronique avant la pause estivale le 2 juillet.

Je retiens, en tout cas, qu’on peut largement critiquer les syndics de copropriété et j’imagine bien qu’il y a beaucoup de sites qui sont consacrés à ce sujet assez récurrent, les problèmes avec les syndics de copropriété, souvent dans le cadre professionnel et peut-être des fois dans le cadre bénévole. C’est aussi souvent une solution, dans les petites copropriétés, de recourir peut-être à un syndic bénévole.

En tout cas merci pour ta chronique juridique, Noémie, et on se retrouve le 2 juillet.
Noémie Bergez : Merci.
Frédéric Couchet : Bonne journée.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Nous allons faire une petite pause musicale. Nous allons écouter Reset par Jaunter et on se retrouve juste après.
Pause musicale : Reset par Jaunter.
Voix off : Cause Commune 93.1.

Chatons 2e partie sur la création, la maintenance et le collectif

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Reset par Jaunter, c’est disponible sous licence Creative Commons Attribution. Les références sont sur le site de l’April, april.org.

Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et sur causecommune.fm partout dans le monde.

Nous allons maintenant passer au sujet suivant.
[Virgule musicale]
Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires, autrement dit les CHATONS. Les personnes qui écoutent régulièrement l’émission se diront que c’est que la deuxième fois qu’on en parle vu qu’effectivement, le 16 avril, on a déjà parlé des CHATONS, mais là on va approfondir un petit peu ce sujet passionnant. Les invités du jour : au téléphone Angie Gaudion de l’association Framasoft.
Angie Gaudion : Bonjour Fred.
Frédéric Couchet : Avec moi en studio Christian Pierre Momon du Chapril, donc chapril.org. Bonjour Christian.
Christian Momon : Bonjour.
Frédéric Couchet : Également Denis Dordoigne d’INFINI, donc infini.fr. Bonjour Denis.
Denis Dordoigne : Bonjour Fred.
Frédéric Couchet : Comme je l’ai dit, c’est une deuxième émission sur les CHATONS. Lors de la première émission – les personnes qui n’auraient pas écouté l’émission je vous rappelle que le podcast est celui du 16 avril 2019 ; vous le retrouvez à la fois sur causecommune.fm et sur april.org – dans cette première émission on avait plutôt axé la présentation des chatons, sur les personnes ou structures qui pourraient avoir intérêt à utiliser les services que l’on va décrire. Dans cette deuxième émission on va rentrer un peu plus sur la partie, on va dire, participation au collectif CHATONS, comment créer un chaton, le maintenir, en essayant de ne pas être trop techniques. C’est une deuxième partie sur le sujet. Tout d’abord on va commencer par un tour de table de présentation pour rappeler qui vous êtes. On va commencer par Angie de Framasoft.
Angie Gaudion : Je suis chargée de communication et de partenariat au sein de l’association Framasoft qui propose une trentaine de services libres pour se « dégoogliser ». Donc des alternatives aux services traditionnels proposés par les GAFAM. En parallèle, je coordonne le collectif CHATONS pour une période de six mois.
Frédéric Couchet : D’accord. Donc Framasoft, framasoft.org, comme tout le monde le sait, donc une centaine [trentaine, NdT] de services. Denis Dordoigne.
Denis Dordoigne : Je suis de l’association INFINI qui est un chaton brestois, les informations sont sur infini.fr. Sinon je suis un militant du logiciel libre donc c’est pour ça que je suis rentré là-dedans.
Frédéric Couchet : D’accord. Christian Momon de l’April.
Christian Momon : Je suis développeur du Libre personnellement et, au sein de l’April, je suis membre du conseil d’administration et j’interviens notamment dans le groupe Chapril qui est le chaton de l’April.
Frédéric Couchet : Donc chapril.org.

On va commencer par un rappel synthétique, on va essayer de résumer en quelques minutes la première émission sur ce qu’est le projet CHATONS. On va peut-être proposer à Angie d’essayer de nous faire un rappel sur ce qu’est le projet CHATONS, à qui il s’adresse, quels sont les services proposés, etc.
Angie Gaudion : CHATONS c’est un collectif qui regroupe une soixantaine d’Hébergeurs Alternatifs Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires, qui sont les initiales de l’acronyme CHATONS. Parmi ces hébergeurs, ils sont nombreux à proposer des services alternatifs à ceux proposés par les géants du Web. Chaque membre du collectif propose différents services, selon différentes modalités ; c’est très large dans la façon de fonctionner.

L’objectif c’est de fournir une structure globale, via ce collectif, qui fera de l’hébergement de proximité en fait. L’objectif principal c’est que chaque internaute, chaque citoyen puisse, à proximité de chez lui, trouver une structure qui va lui permettre de découvrir des alternatives justement à ces services des géants du Web.
Frédéric Couchet : Donc, je crois, c’était peut-être toi qui avais employé cette expression la dernière fois, un petit peu comme les AMAP finalement : des services loyaux de proximité.
Angie Gaudion : Exactement. On est d’ailleurs partis de ce modèle-là. Il faut savoir que le collectif CHATONS a été initié par l’association Framasoft qui partait du constat qu’en proposant tous ces services libres et gratuits en ligne, reproduisait finalement ce que faisaient les GAFAM, alors à une échelle toute autre, mais quand même avec une centralisation. Il était important qu’on fasse savoir qu’il y a d’autres acteurs que Framasoft sur le territoire qui proposent des solutions, soit différentes, soit identiques, mais, en tout cas, que tout le monde ne passe pas par une seule porte d’entrée. Donc l’idée d’avoir une décentralisation des services et de montrer, justement, que c’est un ensemble d’acteurs qui les proposent sur tous les territoires.
Frédéric Couchet : Christian, est-ce que tu veux compléter cette introduction sur les CHATONS ?
Christian Momon : C’était très bien. Effectivement on retrouve le fait que Framasoft proposait des services, a prouvé qu’on pouvait proposer des services libres à tout le monde, mais, du coup, il fallait effectivement passer à une autre échelle, c’est-à-dire que ça ne soit pas que Framasoft qui le fasse, d’autres structures. Et plutôt que de faire un appel en disant « débrouillez-vous, allez, tout le monde, bougez-vous ! », ils ont proposé quelque chose de formidable, c’est-à-dire de partager une expérience, une vision, avec une charte, avec une structure et aussi un accompagnement qui fait que tous ceux qui veulent mettre ces services en ligne ont le moyen d’avoir un repère, une base solide, et aussi une sorte de label, une sorte d’identifiant qui fait que tous les utilisateurs peuvent s’y retrouver et plus facilement accéder à des services libres. Donc super initiative !
Frédéric Couchet : Denis, est-ce que tu peux citer quelques exemples de services majeurs proposés par les chatons ?
Denis Dordoigne : Il y a beaucoup des services de Framasoft, dont les pads, les formulaires, des choses comme ça. Selon les chatons, leur âge, etc., il y a des gestions de listes de diffusion, il y a des hébergements de sites internet. Je sais que chez INFINI on fait de la diffusion de radio en live. Il y a d’autres hébergeurs qui sont plus anciens comme La Mère Zaclys ou Marsnet qui ont aussi des services particuliers. En fait il n’y a pas beaucoup de limites dans les services qu’on peut proposer. On en propose plus que n’importe quel GAFAM tout seul.
Frédéric Couchet : Exactement ! On va citer le nom du site de référence, évidemment c’est chatons avec un « s » point org, sur lequel vous trouvez tous les membres de ce collectif qui offrent donc des services très variés avec des formats de contribution ou d’utilisation qui peuvent être très différents ; ça peut être une utilisation totalement libre, ça peut être réservé à des adhérents. Vous allez sur chatons.org et vous retrouvez une cinquantaine, peut-être, de services différents, je dirais en fonction de l’ensemble des chatons.
Christian Momon : Et les services ne sont pas les mêmes chez tous les chatons. C’est intéressant de pouvoir comparer et d’ailleurs, d’avoir une offre différente. Pour le même type de service, on va avoir différents logiciels utilisés, du coup ça donne du choix. On n’est pas enfermé, limité aux choix définis par une structure. C’est plutôt intéressant, en tant qu’utilisateur, de ne pas être enfermé.
Frédéric Couchet : Tout à fait. Angie est-ce que tu veux rajouter quelque chose sur cette introduction avant qu’on passe, on va dire, à la présentation du collectif et de la contribution ?
Angie Gaudion : Du coup parler du site chatons.org sur lequel il y a une rubrique qui permet à n’importe quel internaute de trouver un chaton en fonction de différents critères. Ça peut être le type de service qu’il recherche ; je ne sais pas, vous cherchez, par exemple, à avoir une adresse mail alternative, libre, du coup vous pouvez chercher en fonction de ce service ; on peut chercher avec ce critère-là. Ça peut être en fonction du type de structure : vous ne voulez travailler qu’avec le monde associatif ou ne passer que par des entreprises ou des coopératives. On a un module de recherche qui permet de chercher parmi les structures existantes du collectif celles qui correspondent le mieux à la recherche de l’internaute. Et ensuite, les réponses sont géolocalisées. Donc l’objectif est, par exemple, si vous cherchez à avoir une boîte mail sécurisée, eh bien on va vous dire quels sont les chatons qui le proposent et surtout, on va les placer sur une carte, ce qui vous permettra de trouver le chaton le plus proche de chez vous.
Frédéric Couchet : Christian.
Christian Momon : Si je peux dire, me permettre, le site est vraiment bien fait. Il y a plein d’informations, ne pas hésiter à y aller, c’est vraiment accessible.
Frédéric Couchet : En tout cas, pour les personnes qui cherchent des services, n’hésitez pas à aller donc sur chatons.org, avec un « s », et vous trouverez des chatons qui proposent différents services proches de chez vous, donc avec une proximité intéressante parce que l’un des engagements, et on en parlera sans doute tout à l’heure, c’est aussi de pouvoir recevoir les personnes qui les utilisent lors d’apéros ou de réunions ; la partie proximité est vraiment essentielle. Ça c’est un rappel synthétique. Si vous voulez plus de détails je vous encourage à écouter le podcast de l’émission du 16 avril 2019, qui est sur le site de l’April et sur le site de Cause Commune ou/et de vous connecter sur le site chatons.org.

Maintenant on va essayer de parler un peu plus, de se mettre du côté de la création de chatons, de la maintenance de chatons, et du collectif CHATONS.

On va commencer par la partie création d’un chaton. Pourquoi créer un chaton ? Comment ça se passe ? Quels services mettre en place ? Peut-être que Denis voudrait commencer sur cette partie-là avec l’expérience d’INFINI ?
Denis Dordoigne : INFINI c’est particulier, on faisait déjà des activités de chaton avant que les chatons existent. Ça a été facile, pour nous, de rejoindre le collectif. Après, ce qu’on aime bien dans le collectif CHATONS, c’est qu’il y ait des nouveaux chatons qui se montent ; on a des particuliers, on a des associations, des petits groupements. On a vraiment beaucoup de types de structures dans le spectre CHATONS. Pourquoi se lancer dans un chaton ? Déjà parce qu’on peut avoir des services qui ne sont pas disponibles ailleurs ou qu’on a des amis qui cherchent un service à proximité. Ça peut être juste pour soi qu’on peut le lancer à l’origine, puis pour sa famille et puis l’ouvrir éventuellement plus tard. Ou on peut faire quelque chose de très particulier, je ne sais pas, on a un club de philatélie, eh bien on peut très bien monter un chaton de philatélistes. Vraiment tout le monde peut devenir chaton selon ses besoins.
Frédéric Couchet : Christian Momon.
Christian Momon : À l’April c’est un peu différent parce que l’April n’est pas une association qui donne du service à ses membres, c’est une association d’activisme. Par contre, quand l’initiative CHATONS a été lancée, là on s’est posé la question « est-ce qu’on le fait ou pas ? » Ce n’est pas pour rendre des services à ses utilisateurs, c’est pour développer la liberté numérique pour tout le monde, donc ça, ça fait partie de l’activisme de l’April. Donc nous nous sommes lancés, effectivement suite à l’appel du CHATONS.

Une recommandation, pour la création d’un chaton, c’est d’aller voir le site chatons.org parce que, effectivement, c’est plutôt bien fait et notamment il y a une page qui explique comment monter son chaton et l’introduire dans l’initiative CHATONS. Dans les conseils que je pourrais donner c’est justement d’aller voir comment sont faits les autres chatons, avec quels produits, chez quel hébergeur, pour comparer, pour prendre exemple ou, justement, pour essayer de faire autrement que ce qui est déjà fait. Ça c’est important qu’on n’ait pas tous les mêmes produits, qu’on ne soit pas tous chez le même hébergeur et que, justement, on travaille les alternatives, puisque quand même, le but du jeu de tout ça, c’est de développer les alternatives.
Frédéric Couchet : Angie, l’un des critères, parce qu’on a parlé de services, mais le fait de proposer des services libres ne fait pas forcément un chaton, il faut autre chose de plus. Il y a des orientations, il y a une charte. Est-ce que tu peux, un petit peu, nous rappeler ces principes fondamentaux qui font que, finalement, on peut devenir un chaton ?
Angie Gaudion : Il faut effectivement un certain nombre d’engagements pour faire partie du collectif, qui sont donc transcrits dans la charte des chatons. Il y a 70 critères différents, je crois, qui sont demandés, donc je vais essayer de les synthétiser.

Bien sûr on a repris la notion de collectif au sein de CHATONS. L’ensemble des membres du collectif s’engage, du coup, à être respectueux, bienveillant de l’ensemble des membres du collectif et aussi des utilisateurs auxquels il s’adresse. C’est un critère, on va dire, de base et nécessaire.

Ensuite, les membres du collectif doivent proposer des services alternatifs à ceux des entreprises traditionnelles qui sont donc fermés et centralisés, avec cet objectif de proposer des services qui sont orientés autour de solutions libres et qui sont mis à disposition de leurs utilisateurs, que ce soit pour des fins personnelles ou collectives.

Les chatons ont aussi des engagements en termes de transparence : on va leur demander tout simplement d’assurer, de confirmer, de s’engager en tout cas, de s’engager à ce que les données de leurs utilisateurs, l’identité des utilisateurs utilisant leurs services, soit le plus transparent possible. Ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas le droit de les utiliser, mais on doit faire connaître aux utilisateurs comment elles peuvent, du coup, être traitées par la structure qui les héberge.

On leur demande donc un certain nombre de critères à ce niveau-là, par exemple d’avoir des conditions générales d’utilisation très bien décrites et compréhensibles par l’utilisateur ou l’utilisatrice lambda.

On leur demande aussi une clause sur les données personnelles et le respect de la vie privée, donc on leur demande de décrire quelle est la politique de la structure au regard de ces notions de données personnelles.

Chaque membre du collectif s’engage aussi à rendre publics ses comptes, ses rapports d’activité. C’est un élément de transparence supplémentaire et puis, bien sûr, à donner des informations techniques sur son infrastructure ce qui permet du coup à l’utilisateur de pouvoir s’engager au regard de ces éléments techniques.

Autre type de critères, tout ce qui relève de l’ouverture des services. En fait, on demande aux chatons d’être des contributeurs à l’univers du mouvement du logiciel libre, que ce soit techniquement ou financièrement, on va avoir le fait que, vu qu’on est dans un modèle du Libre, il faut que les membres du collectif, du coup, soient des acteurs du mouvement du Libre, tout simplement. Ça semble assez évident mais c’est quand même important, donc on leur demande de lister publiquement les contributions au Libre qui sont faites au sein de chaque structure.

On essaye de faciliter l’interopérabilité, à savoir permettre à un utilisateur d’un chaton de pouvoir récupérer l’ensemble de ses données pour pouvoir migrer chez un autre hébergeur s’il le souhaite.

Et bien sûr, on s’engage à supprimer toutes les informations sur les utilisateurs à la demande de ceux-ci, ce qui n’est pas toujours le cas ailleurs.

Autre élément important : la neutralité. On va demander aux chatons d’avoir un comportement indépendant, donc à ne pas pratiquer de censure par exemple par rapport aux contenus, à ne pas surveiller ce que font les utilisateurs et utilisatrices ; à s’engager, en fait, à héberger ces contenus dans les cadres juridiques qui sont prévus par la loi.

Et enfin la solidarité, c’est le dernier point, du coup, des engagements des membres du collectif. C’est le fait qu’on est dans un collectif et que c’est important que chaque membre du collectif s’engage à participer à l’organisation et à la gouvernance du collectif. Ça peut prendre plein de formes différentes, mais il y a une volonté que l’ensemble des membres soient présents pour l’organisation du collectif, donc une participation moins neutre.

Le modèle économique des chatons doit être basé sur la solidarité, c’est-à-dire qu’on ne refuse pas des membres du collectif qui proposeraient des services payants, bien évidemment, mais on considère qu’ils doivent être raisonnables et en adéquation avec les coûts de mise en œuvre ; qu’ils ne soient pas surévalués.

Bien sûr on demande aux chatons de s’entraider les uns avec les autres, c’est-à-dire qu’il y a « participer au collectif », mais il y a aussi « aider les autres membres du collectif », que ce soit sur des questions techniques, sur des questions marketing, sur des questions, je ne sais pas, de support utilisateur, ce qui permet, du coup, un échange de connaissances et de compétences au sein des différents membres de chaque structure.
Frédéric Couchet : C’est une très bonne présentation. Je vais passer la parole à Christian qui veut réagir, mais je veux juste faire une référence par rapport à l’actualité. Tu as employé un mot que les gens ne connaissent pas forcément qui est le mot « interopérabilité », qui est important, qui est donc le fait de pouvoir librement quitter une plate-forme sans perdre ses données, ses liens sociaux et de pouvoir continuer à communiquer avec ses contacts, ce qui paraît essentiel aujourd’hui dans un monde connecté. On voudrait juste rappeler que le nouveau secrétaire d’État au numérique, Cédric O, a jugé récemment que cette interopérabilité pouvait être considérée comme étant excessivement agressive pour le modèle économique des grandes plates-formes. Je dis ça justement pour insister sur l’importance des chatons quand on voit qu’un représentant du gouvernement considère que l’interopérabilité c’est un point agressif pour le modèle économique des grandes plates-formes, donc effectivement les géants du Web. Christian Momon, tu voulais réagir sur ça.
Christian Momon : Effectivement. La présentation par Angie est très bien. Ça peut effrayer quand on dit qu’il y a 70 points à respecter, que ce sont des contraintes ; ça peut paraître lourd. En fait, si on regarde bien, ça fait un plan qui contient tous les éléments, en principe élémentaires, quand on fait un site web ou une plate-forme. Tout le monde peut faire une plate-forme mais s’il n’y a pas les mentions légales, s’il n’y a pas les conditions générales d’utilisation, s’il n’y a pas ce qui est fait des données des utilisateurs, en fait c’est une plate-forme qui, déjà, n’est pas forcément très légale mais aussi pas complète, pas finie.

Or là, grâce à chatons.org, la page qui liste toutes ces « contraintes » entre guillemets, eh bien vous avez un plan. Si vous voulez monter un chaton vous avez un plan qui vous permet de ne rien oublier et de suivre les points très facilement.

Ensuite, en tant que chaton et en tant qu’utilisateur, en tant qu’utilisateur de ces chatons, eh bien vous allez trouver des éléments de confiance, des éléments de confiance qui vont vous dire « bon, eh bien voilà, là il y ce qu’il faut pour que ça soit bien ». Donc il ne faut pas avoir de la longueur de la page ou du nombre de ce qui est dedans, c’est vraiment fait pour faciliter les choses et avancer.
Frédéric Couchet : Il ne faut pas avoir peur, comme tu le dis, de tous ces points, d’autant plus que le site chatons.org propose évidemment de l’aide et il y a la liste de discussion des membres du collectif dont on parlera tout à l’heure, mais là j’aurais une question sur la création d’un chaton. Angie a évoqué les CGU, donc conditions générales d’utilisation ; tout à l’heure, Christian, tu as évoqué la partie hébergement, ne pas être hébergé partout. J’aimerais que vous soyez peut-être un peu plus précis par exemple sur l’aspect technique, notamment sur la partie hébergement. Imaginons qu’on soit une structure quelconque, des amis qui veulent monter un chaton, concrètement au niveau hébergement, au niveau services comment ça se passe ? Il faut prendre ses machines, les mettre dans son garage comme il y a longtemps ? Il faut louer des machines, acheter des machines ? Comment ça se passe ? Et les services, comment on les met en place ? Denis, tu veux réagir ? Denis Dordoigne.
Denis Dordoigne : Mettre dans son garage est un moyen de faire. En fait, la première à faire, c’est de savoir où on va mettre ses machines, donc on peut très bien les mettre dans son garage si on a une bonne connexion à Internet et qu’elle est fiable. On peut aller chercher de l’hébergement ailleurs, ce que fait Framasoft, par exemple, leurs services sont hébergés en Allemagne.
Frédéric Couchet : Chez Hetzner.
Denis Dordoigne : J’ai oublié le nom ! Et déjà, on peut s’appuyer sur les structures locales pour héberger les services, donc les membres de la FFDN, des fournisseurs d’accès à Internet.
Frédéric Couchet : C’est quoi FFDN ?
Denis Dordoigne : Comment expliquer ça !
Frédéric Couchet : Fédération FDN French Data Network. Donc une fédération de fournisseurs d’accès à Internet locaux.
Denis Dordoigne : Voilà ! Le mieux c’est de passer par des réseaux comme ça. Sinon, il y en a qui hébergent leurs machines dans des endroits pas forcément recommandables parce que ce ne sont pas des acteurs du Libre. Il faut débuter. Pour s’entraîner on peut faire n’importe quoi, mais au moment où on veut vraiment devenir chaton, proposer les choses, il faut se poser la question et ne pas hésiter à contacter CHATONS en disant « j’ai besoin de tel espace, quel type de matériel ? », des choses comme ça et nous on les aidera à trouver où héberger.
Frédéric Couchet : Au niveau connaissances techniques, il faut quoi comme connaissances techniques ? Christian.
Christian Momon : Il y a quand même des critères techniques à choisir. Suivant les services que vous allez mettre en ligne vous allez avoir besoin de beaucoup d’espace disque, de beaucoup de mémoire, de beaucoup de CPU ou de beaucoup de bande passante. Ces critères-là, si on s’installe dans son garage, même si on a une fibre optique comme connexion à Internet, les services vont en dépendre. Du coup, on peut effectivement installer les serveurs chez soi ; on peut acheter des machines et puis les faire héberger ; on peut louer des serveurs dans des grandes structures qui existent déjà. Il se trouve qu’on a un acteur français qui est vraiment reconnu mondialement.
Frédéric Couchet : Sauf en France !
Christian Momon : Sauf en France !
Frédéric Couchet : Tu parles d’OVH je suppose.
Christian Momon : Voilà ! On peut parler d’autres hébergeurs en France : il y a online.net, il y a 1&1, il y a des grosses structures qui ont des gros data centers où on peut louer pour quelques dizaines d’euros par mois un serveur et ça peut démarrer comme ça.

Là où il faut se poser des questions c’est : il est où le serveur ? Si le serveur, par exemple, est aux États-Unis, eh bien là il y a potentiellement une infraction à la charte du CHATONS dans le sens où ce serveur va être soumis à une loi américaine qui fait que les données des utilisateurs ne seront pas protégées, entre guillemets, « correctement ».
Frédéric Couchet : Le temps que tu réfléchisses je vais poser une question à Angie : est-ce qu’il ne faut que des compétences techniques pour monter un chaton ? Ou quelqu’un qui n’a pas de compétences techniques peut contribuer à un chaton ? Parce que j’ai bien compris qu’à la base c’est proposer des services, mais j’imagine bien que proposer des services ne suffit pas, qu’il y a forcément d’autres compétences qui sont nécessaires, je ne sais pas lesquelles. Quelles sont les autres compétences qui pourraient être nécessaires dans un chaton ?
Angie Gaudion : En plus des compétences techniques, parce que, j’insiste, je pense si on n’a pas de techniques dans le groupe de personnes qui souhaitent monter un chaton je pense qu’on n’y arrivera pas. Ça demande quand même d’avoir des compétences en administration de système qui ne sont, du coup, pas données à n’importe qui. En revanche ça ne suffit pas. Effectivement, on peut être un très bon technicien et, pour autant, ne pas être en mesure de savoir, je ne sais pas, designer les interfaces des services, typiquement ; donc on a besoin de gens qui vont avoir des compétences en création de site web, en mise en valeur, en accès.

On va aussi avoir besoin de communiquer sur ces services. C’est bien beau de créer sa plate-forme et d’intégrer le collectif mais si, ensuite, on ne se fait pas connaître auprès des internautes, ça va être une limite, donc derrière on va avoir des missions de communication, de valorisation de l’offre. Et puis, très souvent, les chatons proposent aussi des actions parallèles à la fourniture de services hébergés qui sont de l’accompagnement numérique au sens beaucoup plus large du terme, et souvent il va nous falloir des médiateurs numériques qui sont en mesure d’accompagner, du coup, des citoyens dans la découverte des services numériques alternatifs.

Et puis peut-être encore un élément : le support. Quand on utilise un service, eh bien il ne marche pas tout le temps à 100 % correctement. ou il marche d’une certaine façon et on est habitué à une autre et, très souvent, on a des questions. tout simplement. sur le fonctionnement du service ou son utilisation, donc il faut avoir quelqu’un effectivement en face qui va pouvoir répondre à tous les questionnements des utilisateurs et des utilisatrices.
Christian Momon : Nous à l’April, enfin dans le Chapril, on a identifié trois types de ressources :

  • il y a les ressources techniques qu’on a vues ;
  • il y a les ressources organisationnelles : il faut pouvoir s’organiser pour que tout fonctionne ;
  • mais il y a aussi les ressources humaines parce qu’il y a de la modération, il y a du rédactionnel, il y a du support.

Frédéric Couchet : Qu’est-ce que tu appelles la modération ?
Christian Momon : Typiquement, la modération c’est quelqu’un qui va poster un message qui n’a pas sa place et il y a quelqu’un qui va demander à ce que ce message soit étudié pour voir s’il est conforme à la charte ou s’il a bien sa place là. Par exemple si c’est un appel à la haine, il faut intervenir pour le gérer.
Frédéric Couchet : Ce point important me fait penser : tout à l’heure Angie a parlé des CGU, des conditions générales d’utilisation. Un point essentiel c’est d’avoir des CGU très claires qui précisent le contexte du chaton et notamment le statut d’hébergeur par rapport à la loi française. Tout à l’heure Noémie Bergez, dans la première chronique, parlait de la LCEN, la loi pour la confiance dans l’économie numérique. C’est très important pour la responsabilisation des différents acteurs de préciser ça dans les CGU et là, ça peut peut-être faire peur, mais là il y a des CGU exemples. Par exemple à l’April, au Chapril, on est partis des CGU de Framasoft qu’on a légèrement adaptées. Ça c’est un point important cet aspect vraiment responsabilisation et donc aussi modération côté humain. Je te repasse la parole après, Christian, je suppose que côté Framasoft, comme vous êtes historiquement les premiers à avoir lancé des gros services et vous avez eu beaucoup d’utilisateurs et d’utilisatrices, je ne sais pas si c’est un travail à temps plein ou à temps partiel simplement de modérer les contenus.
Angie Gaudion : C’est plus que ça. Oui. Du coup on a un salarié à temps plein dans l’association qui est en charge des supports globaux, donc sur l’ensemble de nos services, donc c’est vrai que c’est très large. Ensuite on a une équipe de modérateurs sur nos services médias sociaux, parce que c’est très différent, du coup, de faire du support sur des services qu’on utilise à priori tout seul et qui ne sont pas mis en relation avec d’autres utilisateurs. En revanche, sur ce qui se passe sur Mastodon et Diaspora en l’occurrence, là il y a besoin d’un travail de modération qui est très différent des autres services.
Frédéric Couchet : Christian et après on va faire une petite pause musicale.
Christian Momon : Donc là on voit qu’il n’y a pas forcément besoin que de techos ou de gens qui font de l’informatique pour participer à un chaton. Il faut savoir rédiger des notices de présentation des services. Il faut savoir répondre en support aux courriels des gens qui nous posent des questions et puis, effectivement, si on a un service de médias sociaux, il faut pouvoir regarder, pouvoir vérifier que tout est conforme au règlement et à la loi. Il ne faut pas avoir peur de cette histoire de loi qui oblige l’hébergeur, etc. On n’a pas à vérifier chaque message dans la minute. On a un devoir de faire quelque chose dans un temps raisonnable et on voit que ça ce n’est pas forcément fait par des informaticiens. C’est aussi une façon de faire les choses avec des non informaticiens, on a des non informaticiens dans les chatons.
Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale avant de poursuivre notre discussion. Nous allons écouter Agger par Stone From The Sky et on se retrouve juste après.
Pause musicale : Agger par Stone From The Sky.
Voix off : Cause Commune 93.1
Frédéric Couchet : Agger par Stone From The Sky, qui est disponible sous licence à la fois Creative Commons Partage dans les mêmes conditions et licence Art Libre. Vous retrouvez les références sur le site de l’April, april.org.

Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.
Je vais répondre à la première question du quiz avant d’oublier, contrairement à la semaine dernière. La question c’est : d’où vient le nom Framasoft ? Framasoft est un projet qui est né en 2001. Ça vient au départ d’un projet qui s’appelait Framanet, qui signifiait français et mathématiques sur intranet. Ça avait été créé par deux enseignants. Je félicite cousine qui est sur le salon web de la radio, donc sur causecommun.fm, qui a donné la bonne réponse.
Nous allons poursuivre notre discussion sur les CHATONS, avec nos invités : Angie Gaudion de Framasoft, Christian Pierre Momon du Chapril et Denis Dordoigne d’INFINI. Donc framasoft.org, infini.fr, chapril.org et le site des CHATONS ou « chatonsss » comme prononce Christian c’est chatons avec un « s » point org.

Juste avant la pause on parlait un petit peu des services, aussi de la modération et de l’importance de bien choisir ses services. Certains services nécessitent peut-être plus de modération et évidemment la partie réseaux sociaux nécessite beaucoup plus de modération que d’autres services, donc ça peut faire partie d’un des critères de choix quand on met en place des services. On va peut-être y revenir, si on a le temps, dans la discussion.

Là j’aimerais bien qu’on revienne un petit peu sur le collectif, parce que ce qui est un point fort de cette démarche c’est qu’on n’est pas tout seul dans son garage, comme on disait tout à l’heure, à monter son chaton, on a l’aide d’un collectif avec différents outils.

Angie, tu disais donc en introduction que tu étais l’animatrice du collectif pour six mois si je me souviens bien.
Angie Gaudion : Oui c’est ça.
Frédéric Couchet : D’accord. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu comment fonctionne ce collectif et qu’est-ce qu’apporte ce collectif, notamment aux nouvelles personnes qui veulent monter des chatons ?
Angie Gaudion : Le fonctionnement du collectif est relativement peu précis dans ses fonctions. Il s’agit avant tout de solidarité entre les membres du collectif et d’organisation, de temps, de discussions, d’échanges sur l’évolution du collectif ou l’évolution de certains processus au sein de ce collectif.

En revanche le travail est grand puisqu’il y a aussi un enjeu de visibilité du collectif vis-à-vis de l’extérieur, donc un gros travail de communication et de diffusion de ce que sont les chatons globalement et de ce que peut être chacun d’entre eux à l’intérieur de ce collectif.
Frédéric Couchet : Dans les outils que le collectif propose il y a quoi ? Il y a la liste de discussion ? Il y a un espace de documentation partagé qui est un wiki et il y a des réunions ?
Angie Gaudion : Il y a aussi un forum.
Frédéric Couchet : D’accord.
Angie Gaudion : En fait ces différents outils sont accessibles même aux non membres du collectif. Ils ne sont pas limités aux membres du collectif. Bien sûr on y parle de choses qui concernent le collectif, donc j’allais dire que quelqu’un d’extérieur ne sera pas forcément hyper-intéressé par tous les sujets. Mais c’est assez intéressant, par exemple pour une structure ou un groupe d’amis qui envisage de devenir chaton, de passer un certain temps sur ces outils en amont, avant même de penser tout simplement aux services qu’ils vont offrir, pour s’imprégner de l’ambiance du collectif, des grands enjeux du collectif et aussi demander de l’aide quand ils ont besoin pour, du coup, mettre en place leurs infrastructures ou leurs interfaces de support, etc.
Frédéric Couchet : Christian.
Christian Momon : Je confirme que c’est très vivant, la liste de discussion est assez active. Les gens répondent ; pareil quand on a des réunions. On profite très souvent des événements libristes qui existent, que ça soit les Journées du Logiciel Libre à Lyon, que ça soit les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre qu’il y a eues à Strasbourg, très intelligemment il est proposé, lors de ces événements, de profiter de l’occasion pour se réunir, pour justement se rencontrer et, en général, c’est très convivial et très constructif.
Frédéric Couchet : Denis, tout à l’heure ou pendant la pause, tu me parlais du wiki qui est un espace de documentation notamment quand on parlait tout à l’heure des CGU. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu à quoi sert ce wiki ? Ce qu’est un wiki aussi ?
Denis Dordoigne : Un wiki c’est un espace où on peut tous collaborer, travailler ensemble, comme Wikipédia. Le wiki a été lancé par des non chatons, il a été lancé avant les chatons eux-mêmes, pour expliquer quand on a besoin de conseils, quand on n’y connaît rien. Il y a toute une partie juridique, notamment, qui explique bien la loi de confiance dans l’économie numérique dont on parlait tout à l’heure. On a aussi des informations techniques, qu’est-ce qu’on peut utiliser quand on n’y connaît rien pour lancer des services, des choses comme ça. Après, il y aussi des membres des CHATONS qui font de la doc de leur côté, un peu partout. Moi, si on m’invite et qu’on me paye à boire, je peux venir vous expliquer les choses ; il n’y a aucun souci !
Frédéric Couchet : Invitation lancée. Ça me fait penser, Denis, que tu as rédigé il y a quelques semaines, peut-être quelques mois, sur linuxfr.org, un article démythifiant un petit peu l’hébergement. Les références sont sur le site de l’April, april.org, c’est une lecture tout à fait utile.

Dans le collectif aujourd’hui, Angie, il y a combien de chatons qui sont inscrits ?
Angie Gaudion : J’ai regardé tout à l’heure, là on est à 60. Il y a 60 membres du collectif et puis, du coup, on est dans une phase un peu particulière d’analyse des candidatures pour de futurs chatons. Potentiellement on en aura davantage d’ici un mois.
Frédéric Couchet : C’est un point intéressant. Comment se passe la candidature à un chaton ? Et comment se fait le choix d’accepter un nouveau chaton dans le collectif ?
Angie Gaudion : Si une structure, un collectif, peu importe la forme en fait, souhaite devenir chaton, il y a un ensemble d’éléments. On a une page sur le site chatons.org, qui s’appelle « Rejoindre le collectif », tout simplement, qui rappelle les critères principaux disant « si vous ne rentrez pas dans ces critères-là ce n’est même pas la peine de candidater pour rejoindre le collectif ». Ensuite on a effectivement une incitation à parcourir la documentation de notre wiki pour avoir un certain nombre d’éléments de réponse qui permettront de proposer des services qui seront validés, justement, dans le cadre du collectif et ensuite à se présenter au sein des différents outils du collectif, que ce soit la mailing-liste ou le forum et, bien sûr, à créer sur le site chatons.org la présentation de sa structure.

Ça c’est la candidature et elle se termine, tout simplement, par sur une issue sur notre dépôt Git. En fait c’est l’endroit où on va voter, où l’ensemble des membres du collectif vont pouvoir dire s’ils sont d’accord ou pas avec cette candidature. Mais c’est aussi un lieu d’échange où on va dire : « Il me semble qu’à votre candidature il manque tel aspect ou tel aspect », donc ça permet d’interagir via cette interface sur Git qui est donc un logiciel, pour le coup, pas vraiment fait pour les gens qui ne connaissent pas le développement informatique.
Frédéric Couchet : On va revenir sur le collectif, mais ça m’a fait penser à une petite question. Tout à l’heure on a parlé de la création d’un chaton qui sera utilisé par des personnes, sans doute sur le long terme. Comment on gère cet engagement en tant que chaton sur le long terme, notamment la maintenance du chaton parce que beaucoup reposent sur des forces quand même bénévoles, c’est un engagement fort, comment on gère ça ? Christian.
Christian Momon : Il faut avoir des animateurs, des gens motivés qui regroupent d’autres gens motivés et qui font, par exemple, des camps, un week-end pour travailler sur les services et les améliorer, comme on a fait le week-end dernier à l’April. Recruter et avoir une équipe cohérente avec un aspect organisationnel que j’ai cité tout à l’heure.
Frédéric Couchet : D’accord.
Christian Momon : Après c’est la fascination de l’organisation humaine ; ce n’est pas forcément évident. Par rapport au collectif, comment on sait que ça vit encore par exemple avec les chatons ? Il se trouve qu’il y a régulièrement un questionnaire à mettre à jour pour déclarer les nouveaux services ou les évolutions de fonctionnement du chaton. Ça c’est au sein du collectif donc ça aide aussi, ça donne un repère pour continuer à communiquer et à se maintenir à jour.
Frédéric Couchet : Tout à l’heure quand Angie parlait de l’interopérabilité, une des « garanties » entre guillemets, en tout cas très forte, c’est la possibilité de récupérer ses données et de changer de chaton si tout d’un coup le chaton disparaît, en tout cas arrête ses services ou si on n’est plus en accord avec l’usage de ce chaton, donc d’aller voir un autre chaton ailleurs qui propose des services similaires avec une interopérabilité entre les systèmes dont malheureusement le gouvernement français ne semble pas comprendre l’importance.

Denis Dordoigne, INFINI ça fait combien de temps que vous proposez des services ?
Denis Dordoigne : Ça fera 25 ans l’année prochaine.
Frédéric Couchet : Et vous n’en avez pas marre ?
Denis Dordoigne : Non, ça va. Pas encore.
Frédéric Couchet : D’accord. Est-ce que vous avez noté de nouveaux types d’utilisation ou de personnes qui utilisent ? Notamment est-ce que vous avez de plus en plus de personnes du grand public ou pas du tout ?
Denis Dordoigne : Nous c’est particulier vu qu’on fait aussi de l’accompagnement de publics un peu exclus du numérique, donc on a des personnes âgées, des handicapés. Donc nous, forcément, on a des publics un peu différents et INFINI c’est surtout une association qui rend des services à d’autres associations. Il y a une centaine d’associations à Brest, je crois, qui sont adhérentes chez nous et, du coup, on n’est pas forcément le plus représentatif des chatons pour les services. Après, nous on est là aussi pour aider d’autres à se monter. Typiquement INFINI refuse des utilisateurs parce qu’on a un usage non commercial, on a des règles un peu compliquées, et on les redirige systématiquement vers les chatons quand ils ont de gros besoins de stockage. Par exemple on ne fournit pas une activité commerciale. Tout ce qu’on ne peut pas donner, les autres chatons existent. Si d’autres chatons arrivent, on les conseillera sans aucun souci.
Frédéric Couchet : D’accord. Christian tu voulais rajouter quelque chose ?
Christian Momon : Oui. Par rapport à la maintenance et à l’exploitation sur le long terme, comment on fait en sorte que ça fonctionne durablement ? Eh bien il y a aussi le choix des services. C’est-à-dire qu’il y a des services, on prend un produit on l’installe et puis on se dit « on a fini ». Non ! En fait c’est là que ça commence. Il se trouve qu’il y a des services qui sont plus ou moins aboutis, des produits plus ou moins aboutis, donc plus ou moins facilement maintenables pour faire les mises à jour, etc. Ces services, ça fait partie de ce qui aide à tenir longtemps.

Et puis il y a un phénomène qui vient quand même, qui est nouveau, typiquement on tient des stands April dans plein d’événements et maintenant on vient nous voir à cause du Chapril : « Il paraît que vous avez un chaton, comment ça se passe ? Etc. » Donc il y a des gens motivés, intéressés à participer. Ce qui est très intéressant quand on participe au fonctionnement d’un chaton, que ça soit d’un point de vue technique ou pas technique, c’est la découverte des services. À partir du moment où on met en place un service et qu’on s’en occupe, eh bien on va devoir rentrer dedans un petit peu, voir comment il est fait, qui est-ce qui le gère ; si on a à remonter des éléments de personnalisation, des nouvelles fonctionnalités ou des bugs, du coup on va rentrer en contact avec l’équipe. Il y a des nouveaux liens qui se créent et on monte en compétence. Typiquement, le week-end dernier, il y a quelqu’un qui est venu en disant « moi je suis adminsys dans la vie et il y a un service que je ne connais pas du tout. Vous allez le mettre en place et je suis très intéressé à participer parce que moi ça va me permettre de monter en compétence. » Du coup eh bien voilà ! On a un animateur de service supplémentaire qui nous rejoint et qui va permettre de s’occuper de la plate-forme.
Frédéric Couchet : Denis et après je repasse à Angie pour une question. Vas-y Denis.
Denis Dordoigne : Juste préciser sur la pérennité du service. C’est carrément quelque chose dont les chatons doivent se méfier parce que des fois il y a des gens qui sont très motivés pour mettre en place des services, très intéressés pour le faire mais, après, ils n’ont plus du tout envie de s’en occuper. Ça c’est vraiment un risque. Il faut vraiment avoir des gens qui sont prêts à installer, mais prêts à maintenir derrière. Ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus facile à trouver.

Autre chose, on a aussi des chatons qui sont dans des écoles, dans des structures qui changent tous les ans d’animateur et il faut être sûr qu’on sera capables de faire le transfert de compétences, avoir les bons outils pour ça, pour qu’on ne se retrouve pas en septembre avec un service qui n’est plus rendu.
Christian Momon : Moi j’ai le plaisir de voir qu’effectivement, une fois qu’on a bien mis en place les choses, en fait les actions de maintenance, de mises à jour, etc., sont relativement légères, enfin dans l’expérience Chapril pour l’instant. J’avais peur que ça soit effectivement une grosse charge de travail pour les animateurs de services au Chapril et, pour l’instant j’ai le plaisir de voir que ce ne sont pas des grosses charges de travail. C’est récurrent, ça, par contre, de façon très régulière, il faut faire attention, mais ça va, c’est vraiment gérable et, du coup, l’activité reste plaisante. Mais il faut penser, effectivement, que ce n’est pas juste un investissement ponctuel, c’est un investissement sur le long terme, absolument.
Frédéric Couchet : Il faut penser que quand il y a aura de plus en plus d’utilisateurs et d’utilisatrices du Chapril, il y a aura de plus en plus de demandes de support, parce que pour l’instant c’est un petit chaton, en démarrage.

On va terminer sur la partie actualité du collectif, parce que c’est un point vraiment essentiel. Je pense que les personnes qui nous écoutent doivent bien comprendre qu’au-delà des services proposés par chacun des chatons, le point essentiel c’est quand même ce collectif et n’est pas forcément toujours évident d’animer un collectif et de faire vivre un collectif. Angie quelle est l’actualité du collectif ? Tout à l’heure tu as dit qu’il y avait une portée de chatons qui allait arriver début juillet. Est-ce qu’il y a d’autres actualités en cours dans les semaines ou dans les mois qui viennent ?
Angie Gaudion : Oui. Ce sont des outils plutôt internes, je crois que c’est Denis qui en parlé tout à l’heure ou Christian, enfin bref, peu importe, une réunion collective annuelle. C’est l’idée que l’ensemble des membres du collectif vont se réengager, annuellement du coup, et mettre à jour, on va dire, les informations à l’intérieur du site chatons.org. Ce qui nous permet de voir, effectivement, s’il y a eu des mouvements dans les services proposés, ce qui nous permet aussi de tirer des statistiques en disant « tiens, tel type de service il n’y a personne qui le propose » ou « ce type de service tout le monde le propose. Est-ce que c’est bien nécessaire en termes répartition, tout simplement, de la charge ». C’est un outil vraiment important qui prend beaucoup de temps à fabriquer et surtout à analyser derrière. Là je suis en train de travailler sur l’analyse des réponses, ce qui permettra, effectivement, d’avoir des grandes orientations, ça nous permettra de savoir qui fait quoi dans le collectif et comment.

Ensuite on va travailler pendant l’été sur la refonte du site internet chatons.org. Vous disiez qu’il est très bien, je vous remercie, je pense qu’il mériterait quelques améliorations puisqu’on a quand même quelques remontées d’utilisateurs de ce site qui n’arrivent pas à trouver les informations qu’ils cherchent. Donc on va travailler davantage sur des processus d’UX, je précise, d’expérience utilisateur ; on va travailler avec des utilisateurs pour analyser la façon dont ils se déplacent au sein de ce site web et comment ils arrivent à trouver de l’information, pour essayer le rendre plus lisible, plus visible et plus attractif, en fait tout simplement, au niveau des contenus.
Frédéric Couchet : D’accord. Donc ça, ça va être dans l’été avec de nouvelles fonctionnalités, de nouveaux chatons qui vont arriver.

Pour terminer, un petit tour de table peut-être sur votre actualité, vos projets ou vos besoins en termes de chaton. Denis, à part être invité à faire des présentations pour boire des coups, est-ce que INFINI a des besoins ou une actualité ?
Denis Dordoigne : Non. La grosse actualité c’est que demain soir on vote pour les chatons candidats. S’il y en a qui veulent savoir à quoi ressemble ce genre d’activité ils peuvent se présenter sur le canal d’INFINI de Freenode.
Frédéric Couchet : Freenode. On mettra le lien sur le site de l’April pour trouver ce salon. D’accord. Donc pas d’actualité, par d’événements à venir cet été ? Pas de conférences, de rencontres ?
Denis Dordoigne : Non, c’était le barbecue la semaine dernière, mais vous l’avez raté ! Dommage !
Frédéric Couchet : D’accord. Merci Denis de citer un barbecue. L’un des avantages des chatons ce sont les rencontres festives, en tout cas de proximité, où vous pouvez rencontrer les chatons. On fait un apéro mensuel à Paris et il y en a d’autres : à Montpellier, il y en a à Marseille de temps en temps et c’est la même chose chez tous les chatons ; c’est un des engagements très forts de proximité.

Christian Momon, justement pour le Chapril ou pour autre ?
Christian Momon : Pour le Chapril, l’actualité c’est que nous avons trois nouveaux services qui sont vraiment en cours de déploiement, enfin d’installation. On espère bientôt annoncer leur déploiement au public, je pense qu’au plus tard en septembre on aura de jolies annonces. En attendant vous pouvez venir nous rencontrer effectivement au prochain apéro April, vous trouvez les informations sur april.org
Frédéric Couchet : Celui de Paris c’est le 28 juin 2019.
Christian Momon : Voilà. Il y a aussi Pas Sage en Seine bientôt, à la fin du mois, il y a aura un stand April présent, donc venez nous rencontrer, poser des questions sur le Chapril, vous serez les bienvenus. Et si vous êtes intéressé pour devenir animateur d’un service Chapril, participer à l’organisationnel, à la modération, nous recrutons. Vous êtes les bienvenus, nous avons besoin de vous et c’est super sympa !
Frédéric Couchet : Merci de ne pas trop taper sur la table… En tout cas on recrute. Pas Sage en Seine c’est à Choisy-le-Roi, je n’ai pas les dates en tête mais c’est fin juin ; Choisy-le-Roi c’est dans la banlieue proche de Paris.

Angie, pour terminer, quelle est l’actualité du collectif ou même de Framasoft ? Si tu as des annonces à faire passer tu peux.
Angie Gaudion : Sur le collectif on a déjà dit, à priori, les choses qui vont arriver, pas de changement.

Chez Framasoft on est en train de faire une collecte pour un futur service qui, à priori, de toute façon, existera, qui s’appelle Mobilizon. Donc un nouveau service libre dont l’objectif est de permettre aux internautes de se rassembler, de s’organiser, de se mobiliser en dehors des événements Facebook ou Meet-up.

Et puis on est en train de travailler à un gros travail de modération sur nos réseaux sociaux parce que, du coup, on a beaucoup de soucis avec une partie de nos utilisateurs, donc on monte actuellement des équipes de modération plus abouties, avec des codes de conduite un peu plus définis. Ce sont des choses qui vont impacter, en tout cas positivement, nos services à terme.
Frédéric Couchet : En tout cas ce sont de belles perspectives. Je vous remercie. L’émission était consacrée au Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires, avec Christian Pierre Momon du Chapril, chapril.org, merci Christian.
Christian Momon : Merci.
Frédéric Couchet : Avec Denis Dordoigne de INFINI, donc infini.fr. Merci Denis.
Denis Dordoigne : Merci.
Frédéric Couchet : Et par téléphone Angie Gaudion de Framasoft, framsasoft.org. Merci Angie.
Angie Gaudion : Merci.
Frédéric Couchet : Je vous souhaite une belle journée.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale. Nous allons écouter Plus haut par Sucrepop et on se retrouve juste après.
Pause musicale : Plus haut par Sucrepop.
Voix off : Cause Commune 93.1.

Chronique « Le libre fait sa comm’ » sur le retour d’expérience de l’animation d’un stand par Isabella Vanni

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Plus haut par Sucrepop qui est disponible sous licence libre Creative Commons Attribution Partage dans les mêmes conditions. Vous retrouvez les références sur le site de l’April, april.org.
Vous écoutez l’émission Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Vous êtes sur Cause Commune sur 93.1 en Île-de-France et sur causecommune.fm partout dans le monde.

[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Pour parler d’actions de type sensibilisation menées par l’April, annoncer des événements libristes à venir avec éventuellement des interviews de personnes qui organisent ces événements, c’est la chronique « Le libre fait sa comm’ » de ma collègue Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April. Bonjour Isabella.
Isabella Vanni : Bonjour à tout le monde.
Frédéric Couchet : La chronique du jour est consacrée au thème du retour d’expérience de l’animation d’un stand de l’April lors d’événements et comme l’organisation de l’émission est bien faite, nous sommes de nouveau en compagnie de Christian Pierre Momon et Denis Dordoigne de l’April.
Christian Momon : Bonjour.
Denis Dordoigne : Bonjour.
Frédéric Couchet : Isabella c’est à toi.
Isabella Vanni : Merci. Effectivement, c’est pratique, on a déjà nos invités à côté et cette fois, tous les deux, en fait, sont là en tant que membres actifs de l’association April et en particulier ce sont des personnes qui sont très engagées sur les événements, sur les nombreux événements auxquels l’April participe au cours de l’année. La sensibilisation se fait par le biais de plein de moyens différents, mais sur les stands c’est un moment important parce qu’on a la possibilité de rencontrer physiquement les personnes donc c’est un échange plus simple, plus immédiat. L’April participe à plein d’événements différents, ça peut être des événements libristes grand public, comme le Capitole du Libre à Toulouse, les Journées du Logiciel Libre à Lyon : ça peut être des salons professionnels comme le Paris Open Source Summit toujours à Paris ; ça peut être des événements grand public de types différents comme la Grande Braderie de Lille, la Fête de l’Huma à Paris ou différents événements autour du mouvement Alternatiba.

J’aimerais aujourd’hui poser quelques questions à Denis et à Christian pour en savoir plus sur comment ça se passe, l’expérience d’un sensibilisateur sur un stand et je voudrais commencer par vous demander quels sont les sujets qui intéressent le plus les personnes qui viennent sur nos stands. Il y a le stand de l’April, une personne s’approche, peut-être parce qu’il y a un décor, des dépliants ou des affiches qui attirent l’attention, et après qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui se passe dans l’échange ?
Christian Momon : Pour répondre simplement, ça se passe bien parce qu’il se trouve que nous avons effectivement plein de matériel, plein de supports de communication. Il faut dire que l’activité est vraiment maîtrisée et bien préparée par notre coordinatrice vie associative ; on a cette chance. En général il y a une valise qui est prête la veille des événements avec plein de matériel et quand on arrive sur un stand, eh bien on a plein de choses à mettre sur le stand. Ce qui fait que quand on vient juste tenir le stand, pour accueillir les visiteurs on a plein de choses avec nous qui attirent l’attention, l’œil des visiteurs, qui font qu’on va pouvoir leur donner plein d’informations et après ils vont pouvoir repartir avec des choses, avec des éléments bien concrets.

Donc déjà l’aspect organisation préalable de l’événement c’est quelque chose de fondamental et on a de la chance, c’est super bien fait ! C’était quoi la question ?
Isabella Vanni : Que vous demandent les gens quand ils arrivent sur le stand ? Qu’est-ce qui les intéresse ? Qu’est-ce qu’ils vont poser comme question ?
Denis Dordoigne : La plus grande question qu’on a, la plus fréquente c’est : « Est-ce que je peux prendre des autocollants ? »
[Rires]
Christian Momon : C’est vrai !
Denis Dordoigne : C’est vrai que ça attire les gens, mine de rien, d’avoir des petits supports de communication comme ça. Là on peut leur parler, vu qu’on a des autocollants sur les dangers contre le logiciel libre, on peut leur demander s’ils comprennent ce que sont les dangers, pourquoi c’est dangereux. C’est vraiment un sujet de conversation intéressant. Après ça dépend des publics. On a des salons destinés à des gens qui sont déjà dans la technique, donc ils viennent plus nous poser des questions sur ce qu’est l’April, est-ce que je peux vous rendre service ? Jusqu’à récemment on leur disait « on ne fait pas de technique », maintenant il y a le Chapril. Sinon il y a aussi des salons professionnels, on fait le…
Isabella Vanni : Paris Open Source Summit qui a lieu en novembre ou décembre, début décembre.
Denis Dordoigne : C’est un salon professionnel, on voit des gens qui cherchent ce qu’on vend, qui ne comprennent pas trop ce qu’on fait là. Il faut le dire ! Sinon il y a quand même des salons grand public où là on est obligé d’aller chercher les gens parce qu’ils ne viennent pas forcément nous voir. On parlait tout à l’heure de la Fête de l’Huma, les événements grand public. J’étais encore la semaine dernière aux Geek Faëries.
Isabella Vanni : Il est vrai qu’il y a des événements plus grand public, tu citais la Fête de l’Huma, la Grande Braderie de Lille, où les personnes ne sont pas forcément au courant de ce qu’est le logiciel libre. C’est un public qui peut être quand même très curieux. Ça m’est arrivé de voir des personnes qui ne s’y connaissaient pas et finalement, dans l’échange, on voit que ça leur plaît, ça les intéresse et ils ont envie d’approfondir.
Christian Momon : Moi, le sujet principal que les gens qui viennent ont sur notre stand, c’est le fait que c’est possible. En fait ils repartent en disant « ah ! ça existe, c’est possible ! Je peux, moi, faire tout ça, utiliser des logiciels libres, participer à un projet ! » Et récemment, depuis peu, on vient nous demander de participer au Chapril. Oui.
Isabella Vanni : Ça c’est très bien. On arrive aussi à recruter sur les stands ; ça ne sert pas seulement à sensibiliser mais aussi à recruter des personnes pour nous aider sur nos services.

Quelle est l’idée ou quelles sont les idées reçues les plus fréquemment entendues sur les stands ?
Christian Momon : Ce que je disais là, que l’informatique ce n’est pas pour les gens, que ce n’est pas pour eux. Là ils découvrent que si, c’est pour eux et, qu’en plus, il y a tout un pan de l’informatique dite libre qui leur donne des libertés numériques plutôt que de les gaver comme des moutons chez des gros GAFAM.
Isabella Vanni : D’accord. À moi-même c’est arrivé, « je suis d’accord, cette démarche me plaît, je veux le faire. Qu’est-ce que je peux faire pour la mettre en place ? » Là on a la chance, on a plein d’outils.
Christian Momon : L’Agenda du Libre. On a des supports, on a des super affiches, des sites web d’information, des brochures, on a tout ce qu’il faut. Ce qui les étonne le plus c’est de pouvoir dire « ah, mais je ne suis pas venu pour rien ! »
Isabella Vanni : Exactement. Le stand de l’April peut aussi être déjà un point de contact pour expliquer les principes, la philosophie du logiciel libre, mais après on est aussi en mesure de diriger, d’orienter les personnes vers d’autres services comme un chaton ou vers des groupes d’utilisateurs et d’utilisatrices qui peuvent les aider à installer ou paramétrer des logiciels.
Christian Momon : L’orientation est une des activités principales du stand.
Isabella Vanni : Exactement, ça en fait partie : sensibilisation et orientation. Tout à fait.
Christian Momon : L’idée la plus reçue, quand ils arrivent c’est « non ! moi je ne peux pas faire ça. Il n’y a que les GAFAM qui existent. Il n’y a que Google, il n’y a que Microsoft, il n’y a que ces services-là ! Moi je ne peux pas faire autrement. » Aujourd’hui le public est beaucoup plus conscient que ses données personnelles sont complètement pompées de tous les côtés. Par contre, il n’a pas conscience qu’il peut faire quelque chose. Là ils se disent « ah bon, c’est possible, même moi je peux ! » Du coup, en les orientant, après ils ont des nouvelles voies à explorer, seuls ou une prochaine fois lors d’un prochain rendez-vous.
Isabella Vanni : C’est bien ce que tu viens de dire. Tu as noté une évolution dans le type de questions, c’est-à-dire que les personnes semblent plus conscientes maintenant des dangers qui peuvent aussi être liés à l’exploitation de leurs données personnelles. C’est une question : Denis, est-ce que tu as observé toi aussi une évolution par exemple dans les discours, des questions qui n’étaient pas posées avant et qui sont plutôt posées maintenant ?
Denis Dordoigne : La différence maintenant c’est que quand ils arrivent, quand on leur dit : « Vous voulez connaissez le logiciel libre ? » souvent ils disent « oui ».
Isabella Vanni : C’est une bonne nouvelle.
Denis Dordoigne : Souvent ils se trompent quand on leur demande, mais ils sont au courant qu’il y a des logiciels libres qui existent, ils savent que la liberté c’est important. Ils arrivent souvent en disant « je connais déjà » puis ils repartent avec beaucoup d’informations, ils repartent en connaissant vraiment. C’est vraiment ça qui a changé aujourd’hui.
Isabella Vanni : Je pense que ça, ça vous fait plaisir ; ça veut dire que c’est le travail que l’April et plein d’autres associations dans le Libre arrivent à faire, un peu. C’est aussi l’actualité, bien évidemment, c’est aussi l’actualité qui fait peur aux gens, mais peu importe ! L’important c’est qu’il y ait cet échange et qu’ils puissent avoir encore plus d’informations sur le sujet.
Christian Momon : Moi, il y a dix ans, mon ressenti c’est qu’ils venaient dans une démarche personnelle de réaliser un projet, de monter quelque chose. J’ai l’impression qu’aujourd’hui ils viennent plus en réaction aux agressions des GAFAM. Ils voient que leur vie numérique est complètement enfermée, exploitée et en réaction ils cherchent quelque chose. Ça c’est un peu négatif. Ce qui est formidable c’est que, du coup, on peut leur apporter plein de solutions.
Isabella Vanni : C’est une position de défense, en fait.
Christian Momon : Voilà ! Ils viennent en réaction à. Et vu le nombre de scandales dans le numérique aujourd’hui mondialement, ce n’est pas étonnant. Du coup, la motivation pour laquelle ils viennent a un peu évolué. Ce qui est formidable c’est qu’on peut justement leur dire « mais oui, il existe des alternatives, vous pouvez faire des choses très simples, sans être informaticien, pour recouvrer votre liberté numérique et partageons ».
Isabella Vanni : Il y a de plus en plus de personnes, ça je l’ai remarqué, qui connaissent par exemple les services de Framasoft, donc les services alternatifs. Maintenant on pourra dire qu’il y a des services proposés par d’autres chatons, par d’autres groupes. C’est vrai que c’est très important. Même les personnes qui ne connaissent pas disent quand même « j’ai entendu parler de Framadate et d’autres choses », donc très bien.

Le temps court vite. J’avais pensé à cette question : est-ce qu’il y a des questions, des réactions qui vous ont, récemment ou pas récemment d’ailleurs, qui vous ont mis en difficulté ? Est-ce qu’il y a des questions auxquelles on ne sait pas répondre sur le stand, on ne sait pas trop quoi dire ?
Denis Dordoigne : On ne sait pas tout de suite répondre sur le stand. Ce que j’ai souvent maintenant, c’était très rare avant, ce sont des gens, quand on leur explique le logiciel libre, etc., ils disent : « Oui, mais moi je suis peintre, moi j’écris, je ne veux pas que ce soit du Libre parce que les gens vont faire ce qu’ils veulent avec ce que je fais, je ne veux pas qu’ils gagnent de l’argent par rapport à ce que je fais. » Du coup, expliquer l’importance de faire du Libre en dehors du logiciel ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus évident. Je leur explique « les gens qui font du logiciel pensent comme vous, ils ne veulent pas que ce qu’ils font soit dévoyé, ils ne veulent pas que les gens se fassent de l’argent, mais apporter à la communauté c’est suffisamment agréable pour ne pas avoir à se poser ce genre de question ».
Isabella Vanni : Christian, tu as peut-être un exemple, une anecdote ?
Christian Momon : Il y a des sujets qui sont difficiles, parce qu’on oriente, on apporte des solutions, des voies de liberté, mais il y a des sujets qui sont difficiles : le téléphone portable, l’Éducation nationale, les moteurs de recherche. On n’a pas forcément un beau paquet tout prêt, des solutions 100 % libres, où tout est libre à 100 %, donc des fois c’est difficile de répondre. Et puis quand vous avez des gens qui viennent vous voir par exemple parce que, dans leur école, à la rentrée, ils vont avoir une messagerie Google alors qu’ils sont étudiants, eh bien ça fait mal. Ça fait mal ! Il y a de la frustration, mais il y a toujours des moyens, des solutions, des informations à donner pour essayer de minimiser les problèmes.
Isabella Vanni : Finissons en positif. Ça, ça été une note… voilà. Finissons en positif ! Si vous participez à autant de stands c’est parce que ça vous plaît, c’est parce que ça vous motive. Est-ce que vous pouvez dire chacun une courte phrase pour convaincre d’autres personnes à nous aider sur les stands pour promouvoir notre cause ? Denis.
Denis Dordoigne : Rencontrer des adhérents de l’April, rencontrer des publics que vous ne connaissez pas rencontrer d’autres associations du Libre qui sont souvent à côté de nous, c’est vraiment une occasion d’être dans le milieu du Libre et de s’amuser.
Isabella Vanni : Très bien. Christian.
Christian Momon : C’est enthousiasmant. C’est facile parce que bien préparé par notre merveilleuse coordinatrice vie associative. Donc venez ! C’est ouvert à tous et à toutes, venez !
Isabella Vanni : Merci beaucoup. Je laisse la parole à Fred pour les annonces. Merci beaucoup d’avoir participé à cette chronique.
Christian Momon : À bientôt.
Frédéric Couchet : Merci à Christian, merci à Denis et bien sûr merci à Isabella pour cette chronique « Le libre fait sa comm’ ». La prochaine chronique aura lieu en juillet, le 2 juillet 2019 de mémoire, une émission spéciale chroniques.
Isabella Vanni : Je confirme.
[Virgule musicale]

Annonces

Frédéric Couchet : Nous approchons de la fin de l’émission. Nous allons donc terminer par quelques annonces.
[Virgule musicale]
Dans les annonces d’événements : apéro April à Montpellier le 20 juin. Je précise que tous les événements sont sur le site de l’April et aussi sur le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org.

Jeudi 20 juin, à Paris, soirée de contribution au logiciel libre avec notamment l’atelier du groupe Sensibilisation au logiciel libre de l’April, donc avec la merveilleuse Isabella.

Toujours jeudi soir 20 juin, à Paris, l’avant-première du documentaire LOL – logiciel libre une affaire sérieuse, dont on a parlé la semaine dernière, c’est Porte des Lilas.
En introduction je vous avais parlé d’un petit quiz avec une question : que se passe-t-il à Rezé, dans les Pays de la Loire, en lien avec notre émission de la semaine dernière ? Eh bien à Rezé, ce samedi 22 juin 2019, il y a une cartopartie, tous à vélo. Une cartopartie c’est une collecte d’informations sur le terrain donc sur le thème du vélo. L’objectif est de parcourir les rues rezéennes à la recherche des aménagements cyclables afin de les intégrer à OpenStreetMap, la carte numérique participative libre.
Un petit message qu’on nous a demandé de relayer : les personnes qui avaient réalisé en 2017 le documentaire Nothing to Hide, « Rien à cacher », dédié à l’acceptation de la surveillance de la population à travers l’argument « je n’ai rien à cacher » travaillent depuis à une suite documentaire qui s’appelle Disparaître, qui s’intéresse aux moyens de défendre sa vie privée en ligne. Le film se penche sur différents cas de citoyens à faibles risques, des profils plus exposés en ligne comme des femmes, des journalistes, des minorités, des activistes, des lanceurs d’alerte, des lanceuses d’alerte. Une campagne est lancée qui se termine vendredi 21 juin 2019. Il manque quelques euros pour boucler cette campagne de cofinancement.
Et puis évidemment, sur le site de l’Agenda du Libre, vous retrouvez tous les autres événements.
Notre émission se termine. Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission du jour, donc Noémie Bergez, Angie Gaudion, Christian Pierre Momon, Denis Dordoigne, Isabella Vanni. Aux manettes de la régie aujourd’hui Étienne Gonnu. Merci Étienne.

Un merci particulier également à Lionel Allorge, qui a filmé l’émission pour proposer à la rentrée une petite vidéo de quelques minutes sur les coulisses de l’émission.

Un grand merci également à Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio, qui va s’occuper avec beaucoup de soin du traitement et de la préparation du podcast de l’émission avant sa mise en ligne.
Vous retrouverez sur notre site web, april.org, toutes les références utiles, ainsi que sur le site de la radio causecommune.fm. N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration.
La prochaine émission aura lieu en direct mardi 25 juin 2019 à 15 heures 30. Notre sujet principal sera consacré à la bureautique libre ; on parlera notamment de LibreOffice et de la Document Foundation.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 25 juin 2019 et d’ici là portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.

Avertissement : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant⋅e⋅s mais rendant le discours fluide. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.