Le Libre et l’open source

Le Libre et l’open source... Penchons-nous sur un sujet à la fois historique, technique et politique qui divise le milieu informatique depuis plus de 50 ans. On passera rapidement sur les origines, pour ensuite parler des projets les plus connus, de ce que les logiciels libres peuvent vous apporter concrètement, et des endroits où aller dans le Nord en tant que débutant si on veut commencer à libérer son informatique. A la fin vous aurez une liste concrète de logiciels testés et approuvés que vous pourrez utiliser sur le champ dans votre vie quotidienne ou dans votre vie pro. Pour respecter le thème de cette rencontre tous les logiciels utilisés pour écrire ce talk seront libres.

Quand vous développez un logiciel, vous écrivez du code, vous concevez un algorithme, en somme, vous créez un objet intellectuel. Mais dès que ce code est destiné à être utilisé par d’autres que vous-même, une question essentielle se pose : comment allez-vous le partager ? Allez-vous simplement distribuer le résultat final, c’est-à-dire le logiciel compilé, l’exécutable ? Ou bien allez-vous exposer le code et ses coulisses ?
C’est l’une des questions à laquelle nous allons tenter de répondre aujourd’hui en parlant de logiciel libre et d’open source.

Avant cela, un petit mot sur moi.
Cela c’est le slide qui plaira à mon employeur suédois [Centre for Digital Humanities and Social Science at Uppsala University] [1]. Je viens de l’Université d’Uppsala, en Suède, et ce sont eux qui ont sponsorisé à moitié ma venue en train depuis Stockholm, 3000 kilomètres en train pour moins impacter la planète.

[Applaudissements]

Merci.
Cela étant dit et étant fait, me voici.
Je suis Marie Dubremetz, ingénieure, mais la plupart des personnes ici me connaissent en tant que cofondatrice de ChtiteDev [2], un groupe lillois destiné aux femmes et aux minorités de genre dans le numérique. Cette information est importante parce que ce groupe a la caractéristique, contrairement à beaucoup de meet-ups dans la région, de ne pas dépendre entièrement de logiciels propriétaires. Pour notre communication interne, oubliés Google Drive, WhatsApp et autres Slack. Bonjour Mobilizon [3], Nextcloud [4] et autres mailing-lists. Concrètement, si demain les Big Tech et les GAFAM s’effondrent ChtiteDev est complètement opérationnel et cela, en 2025, c’est une prouesse que vous serez capable de faire, j’espère, après ce talk.
D’ailleurs, pendant 45 minutes, on va tenter de ne pas utiliser de logiciel propriétaire puisque l’ensemble de ces notes et des slides a été fait sur du logiciel libre.
Je suis également membre active de RAOULL [5], une association lilloise qui promeut des services cloud libres et locaux.
C’est sur ces trois expériences concrètes que repose la légitimité de mon discours aujourd’hui.

Comme les exemples valent mieux que les longs discours, on va tout de suite pratiquer du logiciel libre.
Je vous invite à vous connecter à onlinequestions.org et à taper le code 22222, cinq fois le chiffre 2. Un outil libre pour poser vos questions de manière anonyme et voter pour les questions des autres. Cela nous permettra, à la fin, de faire émerger les questions les plus pertinentes pendant le temps d’échanges, ou les plus partagées, et de vous donner les réponses.

Maintenant que cela est dit, ce talk se composera de relativement peu de slides, mais je mets à votre disposition toutes les notes ainsi que la liste des logiciels libres, qui sont disponibles sur les liens QR Code et sur les liens : libreliste.chtitedev.fr pour la liste [6] et librenotes.chtitedev.fr [7] pour les notes. Je vous remettrai ce slide à la fin.

Sans plus attendre voici le menu du jour. J’ai divisé mon talk en trois parties.
D’abord on va parler de la théorie, on va voir comment le Libre a émergé, dans quel contexte historique. On va revenir aussi sur les notions les plus importantes à retenir.
Ensuite il y aura la partie « En pratique », comment faire pour connaître ou pour trouver du logiciel libre ? Quels sont les avantages pour vous en tant que pro ou en tant qu’utilisateur ? Et enfin, où aller concrètement pour débuter quand on est dans le Nord/Pas-de-Calais ?
Et enfin, on aura des exemples de logiciels, on parcourra un petit peu la liste, on ne parcourra pas tout parce qu’il y a 20 à 30 logiciels.

Théorie – Histoire

Maintenant vous pouvez fermer les yeux et imaginer. Il était une fois le Libre. Comment la notion de Libre et d’open source est-elle apparue et quels problèmes essaie-t-elle de résoudre ?
Dans les années 50/60, on vendait le hardware très cher et très imposant aux entreprises et aux universités. Le code de ces machines était « offert », c’est-à-dire compris dans le prix de la machine. Les chercheurs et la poignée d’experts du privé de ces machines se passaient le code logiciel sans contreparties ni restrictions, un peu comme on se passe une recette de cuisine, d’ailleurs il n’existait aucun copyright sur le code, il n’y avait pas de loi.
Dans les années 70 les machines commencent à devenir plus abordables et un plus grand nombre d’utilisateurs possède et a besoin de ce code pour utiliser les machines. Plus de code est produit, cela a un coût, mais la culture est encore celle du partage entre pairs.
Qui va porter le coût et comment ? La culture va changer.
Flairant le marché à venir, en 1976 un certain Bill Gates écrit une lettre accusant les utilisateurs de son logiciel Altair BASIC de pirater sa propriété intellectuelle [8]. Il défend, et présente comme légitime, l’idée que les logiciels doivent être vendus sans leur code source, c’est-à-dire que les binaires compilés, afin de protéger les créateurs. Parallèlement des décisions politiques sont prises, notamment sous Reagan, avec l’abandon du plus grand procès antitrust contre IBM. Cela va encourager l’émergence du code propriétaire.
La démarche du code propriétaire certes résout en partie la question du coût de la main-d’œuvre, mais elle n’est pas sans poser de sérieuses questions éthiques et démocratiques : comment puis-je être sûre que le logiciel propriétaire ne fait que ce qu’il est supposé faire si je n’ai pas accès au code ? Que se passe-t-il si le logiciel manque d’une fonctionnalité qui convient à moi et à ma communauté, mais qui ne convient pas au créateur ou à ses investisseurs ?
Au milieu des années 80, en réaction à ce mouvement, se crée la notion de logiciel libre qui est défini en quatre libertés :

  • la liberté d’exécuter le programme pour tous les usages
  • la liberté d’étudier le fonctionnement du programme et de l’adapter à ses besoins
  • la liberté de redistribuer des copies du programme, ce qui implique la possibilité aussi de donner et/ou de vendre des copies
  • la liberté d’améliorer le programme et de distribuer ces améliorations au public pour en faire profiter toute la communauté.

À partir des années 80/90, le code propriétaire gagne le marché, surtout chez les particuliers, c’est moins vrai côté serveurs. De nombreuses pratiques sont alors mises en place pour rendre les utilisateurs captifs, dépendants d’un logiciel ou d’un écosystème, c’est ce qu’on appelle le vendor lock-in ou enfermement propriétaire. Avez-vous déjà été confronté à ce type de stratégie ? Vous en connaissez des exemples sans le savoir. L’exemple classique qu’on va toujours vous sortir c’est l’exemple du .doc qui a été créé dans les années 90 par Microsoft, c’est l’exemple que vous allez trouver sur Wikipédia, c’est l’illustration classique du vendor lock-in.
Les leviers de la stratégie vendor lock-in ont évolué.
Aujourd’hui, certaines entreprises exploitent la limitation ou la rétention des données pour enfermer l’utilisateur. Par exemple, Slack vous prive de votre historique après 90 jours d’utilisation à moins de payer un abonnement mensuel.
Une autre forme d’enfermement concerne les réseaux et les protocoles. Il s’agit de vous isoler avec vos contacts dans un environnement spécifique rendant toute sortie difficile sans perdre l’accès à votre réseau social. Par exemple, Google Chat utilisait autrefois le protocole XMPP [Extensible Messaging and Presence Protocol], ouvert, qui permettait d’échanger via n’importe quel client compatible. Une fois une base de données d’utilisateurs assez large atteinte, Google a abandonné ce protocole ouvert pour imposer son propre système fermé.
C’est exactement le scénario que certains craignent aujourd’hui avec Meta et Threads. Pour le moment, Threads repose sur le protocole ActivityPub [9], un standard ouvert, également utilisé par Mastodon [10]. Mais que se passera-t-il une fois que Meta aura conquis une part importante du marché ? Rien n’empêche un changement de direction et Meta de quitter le protocole ouvert.

Tout cela pour vous dire que le Libre, comme le logiciel propriétaire, est en constante mutation : enfermer versus libérer l’utilisateur, s’imagine dans plein de formes différentes suivant qu’on parle de logiciels de bureautique, de cloud, de réseaux sociaux ou de savoir encyclopédique.
C’était pour l’histoire.

Notions clefs

Je vais vous mettre les notions complémentaires ou les notions à retenir.
Je voulais faire un point sur le fait que la notion de Libre est plus une notion philosophique, c’est donc une notion très graduelle : un logiciel peut-être plus ou moins libre et ce sont des choses qui sont constamment discutées.
À l’opposé, la notion d’open source est un peu plus technique et juridique. Tout ce qui est libre doit être open source, mais tout ce qui est open source n’est pas forcément libre. Open source, c’est quand le logiciel a le code accessible sous une licence permettant la copie, la redistribution, tout ça. Attention, le terme open source est parfois utilisé à des fins purement marketing sans réellement respecter les principes de liberté de l’utilisateur. On parle alors de libre washing.
On dit aussi que le Libre s’oppose aux logiciels propriétaires ou logiciels privateurs pour privateurs de liberté.
Enfin, en anglais libre se dit FOSS ou FLOSS pour Free Libre Open Source Software.

Pratique

On a vu la théorie, l’histoire, maintenant la pratique. Comment va-t-on chercher un logiciel libre ? Quels sont les avantages et où aller pour débuter ?

En pratique, si vous voulez trouver du logiciel libre, je vous conseillerais déjà d’aller voir des listes de références.
Une association, qui s’appelle Framasoft, a créé une liste qui s’appelle Framalibre [11] dans laquelle vous pouvez mettre un logiciel propriétaire que vous connaissez et ça va vous donner l’équivalent en logiciel libre.
Le gouvernement a aussi créé une liste qui s’appelle le SILL [Socle Interministériel de Logiciels Libres] [12], le lien direct est https://code.gouv.fr/sill/.
Vous pouvez aussi chercher, en anglais, les termes FLOSS plus le sujet qui vous intéresse.
Ensuite, je vous conseillerais de demander là où les libristes se trouvent. Il y a un réseau social qui s’appelle Mastodon où beaucoup de libristes interagissent parce que c’est un réseau social qui est lui-même basé sur du code libre.

S’intéresser aux logiciels libres en tant que professionnel

Maintenant on va s’intéresser aux raisons pour lesquelles on voudrait, en tant que professionnel, s’intéresser aux logiciels libres.
Si vous êtes une entreprise, le logiciel libre peut avoir un avantage économique ou plutôt de prévisibilité économique. Ça limite les tarifications évolutives imprévues : vous et votre société n’êtes pas captifs ou soumis aux caprices d’un fournisseur souvent en situation de quasi-monopole.
La migration est facilitée. Au pire, si les tarifs deviennent délirants sur un logiciel vous pouvez l’installer, installer la solution sur votre propre serveur sans réapprendre toute l’interface.
Il y a une notion de contrôle, quand même, je pense que c’est essentiel pour les entreprises.
Ensuite vous, en tant que dev, si vous voulez être dans la contribution ou changer un logiciel pour votre usage en tant que dev, si vous êtes sur du logiciel libre, c’est possible. Attention, si vous voulez être contributeur, l’open source et le Libre sans être employé, sans monter votre entreprise ou monter votre association, ça ne paye presque pas, donc contribuez toujours pour une fonctionnalité qui compte pour vous ou pour votre communauté.
Je dirais qu’en tant que dev, s’investir dans le Libre ou utiliser du logiciel libre, ça ajoute du sens sur le long terme. Nous sommes dans une industrie qui peut être dissonante, qui se pose parfois peu les questions de démocratie, de liberté et de respect de l’utilisateur.
Ça donne aussi, quand on est junior, un accès à des seniors passionnés et enthousiastes. Si les valeurs défendues par le Libre vous parlent, vous trouverez des gens avec qui vous matchez plus, vous vous entendez plus.
L’accès à des machines pro. Si Windows a gagné le marché du particulier, côté serveurs Linux a toujours dominé et la tendance ne s’inverse pas.

S’intéresser aux logiciels libres en tant qu’utilisateur

En tant qu’utilisateur, je pense qu’un des arguments principal, en tout cas qui m’a fait migrer vers le Libre, c’était une notion écologique, c’est-à-dire que dans le Libre il n’y a pas de notion d’obsolescence programmée. Windows nous a fait un beau cadeau, récemment, en décidant de faire passer tout le monde à Windows 11 sans justification valable et ça va jeter à la poubelle des millions d’ordinateurs. Avec Linux, au contraire, on peut faire tourner des machines de plus de 15 ans avec des Linux qui sont mis à jour. C’est quand même quelque chose d’assez rafraîchissant aujourd’hui.

Rencontres en Nord/Pas-de-Calais ?

Nous sommes à Lille. Je suis de Lille.
On a une bonne infrastructure associative au niveau du Libre, sachez-le.
Si vous êtes débutant dans le Libre voici où vous pouvez aller.

Déjà, je vous conseillerais de tester Linux si vous ne l’avez pas déjà fait. Un club, qui s’appelle CLX [Club LinuX Nord-Pas de Calais] [13], se réunit à Croix tous les mois pour faire des install-parties.
Il y a aussi une permanence au Café Citoyen [14] tous les derniers mardi du mois où vous pouvez rencontrer tout l’écosystème du Libre local.
L’Agenda du Libre [15], agendadulibre.org, a une très bonne fonction de recherche par zones qui vous donne des événements autour du Libre triés sur le volet, tout est bien vérifié par des modérateurs, ce sont des évènements de qualité.

Si vous êtes un peu plus senior, vous voulez peut-être aller dans des grandes conférences.
Il y a le FOSDEM [Free and Open Source Software Developers’ European Meeting] [16], avec, en parallèle, le OFFDEM [Open For Freedom, Desire, Emancipation, Meaning], à Bruxelles, en Belgique, le premier week-end de février.
Vous avez les JDLL [Journées du Logiciel Libre] [17] à Lyon et le Capitole du Libre [18] à Toulouse.
Sachez aussi qu’un podcast est diffusé sur une radio locale, L’Écho des Gnous [19]. Ce sont deux passionnés qui parlent de l’actualité du Libre toutes les deux semaines, c’est très rafraîchissant et ça apprend beaucoup de choses sur ce monde-là.
Enfin il y a des associations qui sont actives, qui se réunissent un peu plus souvent qu’une fois par mois, comme raoull.org, deuxfleurs.fr. Le site web qui centralise un peu tout ça c’est chtinux.org [20].

Exemples de logiciels

On va voir des exemples de logiciels libres, place à la liste.

La liste a été écrite sur Nextcloud Notes, un éditeur en Markdown très sympa. Je vous ai mis une petite légende. C’est une liste de logiciels libres et open source que j’ai testés et approuvés moi-même parce que j’ai fait moi-même le passage de complètement propriétaires, gafamisés et tout ça, au logiciel libre. Je vous ai mis des petits chilis pour indiquer la difficulté. Ces chilis sont complètement subjectifs, vous allez sans doute venir me voir en me disant que tel logiciel est beaucoup plus simple que ce que je dis, c’est à titre indicatif. Trois chilis c’est difficile ou contre-intuitif ; deux chilis, l’installation est un peu compliquée, quelques recherches à faire ; un chili, ce n’est pas forcément intuitif, surtout si vous venez d’un grand logiciel propriétaire, mais on prend la main très vite.
Ensuite, vous avez le petit puzzle qui va vous dire si c’est un module complémentaire pour le navigateur.
Parfois, je vous ai mis des logiciels partiellement propriétaires. Pourquoi ? Parce que je n’arrivais pas à trouver un équivalent complètement libre qui soit satisfaisant ; le petit cadenas veut dire « attention, il y a des morceaux propriétaires dedans. »
Le petit sac avec des dollars, c’est que le service est payant. Parfois le code et le logiciel en soi est gratuit, mais le fait, par exemple, de l’installer sur un serveur, tout ça, il y a un coût, il faut que quelqu’un paye et, à ce moment-là, il y a un prix. Ce prix n’est pas le prix de vos datas.
J’ai mis une petite colombe pour dire que le logiciel est 100 % libre. Comme je vous ai dit, le Libre est une notion qui est graduelle et, pour certains logiciels, dans cette liste, je ne suis pas à l’abri d’avoir quelqu’un qui sorte de la salle à me lapidant, en me disant que non, celui-ci n’est pas purement libre. J’ai donc préféré mettre une colombe seulement sur les logiciels pour lesquels je suis vraiment sûre.
Par honnêteté intellectuelle, je vous ai mis un point d’exclamation à côté de tout logiciel que je n’utilise pas au quotidien, histoire de ne pas dire « faites ce que je dis et pas ce que je fais. »
Le petit temple, le petit capitole, c’est pour dire que c’est un classique qui existe depuis plus de 20 ans et que vous ne sortez pas de cette salle sans connaître ce logiciel, s’il vous plaît !
Le petit phylactère, le petit nuage, c’est pour les services cloud, qui nécessitent un service en ligne ou qui sont à installer sur votre propre serveur.
Le petit téléphone rouge à touches, que les moins de 20 ans ne pourront pas connaître, ce sont des logiciels pour smartphone.

Je ne vais pas passer sur tout.

Alternatives aux services Google

Les logiciels que j’aime bien évoquer, c’est déjà F-Droid [21], un équivalent de Google Play, que vous mettez sur votre téléphone Android et qui vous permet d’accéder à une bibliothèque de logiciels qui n’est pas soumise à la politique de Google. Cela vous permet des accès à certains logiciels qui n’existeront jamais sur Google Play parce que ça intente à leur politique commerciale.
Un exemple de logiciel dans ce cas, c’est le logiciel NewPipe qui vous permet de regarder des vidéos YouTube sans les pubs, qui vous permet aussi de n’entendre que le son et d’éteindre l’écran, une fonctionnalité que Google veut faire payer, du coup vous sauvez beaucoup de batterie, ce qui est agréable ; il est évident que Google ne va pas le mettre sur Google Play. D’ailleurs, j’espère que la conférence DevLille ne compte plus se faire sponsoriser par Google parce qu’après ça ne sera plus possible !

En logiciel libre, Nextcloud est très à la mode en ce moment, c’est un équivalent, une alternative à Google Drive. Je vous ai découpé les logiciels en tronçons, donc là c’est une liste de logiciels qui sont alternatifs à Google.

Ensuite, il y a une catégorie navigation et e-mail.
Je vous ai mis Firefox qui a fait quelques compromissions sur l’aspect libre pour des raisons commerciales, on pourra y revenir plus tard si vous avez des questions.
Un logiciel que j’aime beaucoup, développé par mes collègues scandinaves de l’Université de Copenhague, Consent-O-Matic [22]. C’est une extension pour Firefox, peut-être pour Chromium aussi, je ne suis pas sûre, qui permet de dire non automatiquement aux cookies. Ils ont enregistré 800 formulaires. C’est très satisfaisant quand vous naviguez sur un site web, que vous voyez les curseurs qui disent « non, non », qui se ferment tout seuls. C’est très satisfaisant et c’est du logiciel libre.

Je passe sur les sur les logiciels les plus courants.

ChtiteDev l’utilise

Je vous ai mis une liste de logiciels que ChtitDev utilise. Pourquoi ? Parce que je pense qu’une des questions à se poser, quand on va dans le logiciel libre, ce n’est pas forcément : est-ce que je vais retrouver exactement le logiciel que j’avais avant dans le logiciel propriétaire tel qu’il était ? C’est plus : est-ce que dans l’infrastructure du Libre je vais pouvoir produire, faire quelque chose de productif. Oui, on en a fait la preuve et voilà les outils que nous, en collectif et en interne, nous utilisons.
D’abord nous utilisons Mobilizon, une alternative à Meetup, qui est décentralisée et qui permet d’installer sa propre alternative sur son propre serveur. Nous utilisons l’instance mobilizon.fr, mais il y en a plein d’autres, il y a aussi keskonfai.fr et c’est aussi une alternative à Facebook Events.
On utilise aussi Framadate [23] qui est une alternative à Doodle, c’est très agréable, vous pouvez mettre votre e-mail et vous êtes confiant, vos utilisateurs peuvent mettre leurs e-mails et tout ça dedans parce que vous n’êtes jamais vraiment spammé comme Doodle le fait.
Je vous ai mis un exemple de logiciel qui est justement propriétaire : Polotno [24] est une alternative à Canva. Je n’ai pas trouvé d’alternative à Canva qui me paraisse satisfaisante et aussi simple d’utilisation. Je vous ai mis Polotno qui, par exemple, a une interface qui elle-même est libre, vous avez accès au code, par contre l’API ne l’est pas.

Autre

Un exemple dans une catégorie « autre », les logiciels qui ne correspondent ni à des services Google ni à des logiciels que nous utilisons à ChtitDev.
Mon petit chouchou est KOReader [25]. C’est un logiciel qui peut être installé sur une liseuse. C’est entre le logiciel et le système d’exploitation qui peut être installé sur n’importe quelle marque de liseuse, ça peut être installé sur Kobo, ça peut être installé sur Kindle, etc., et ça permet de lire vos .epub et autres documents avec un logiciel développé par la communauté du Libre, donc de bénéficier de toutes les fonctionnalités que la communauté a décidé de développer pour vous. C’est très agréable. Par exemple, dans mon cas, j’avais besoin d’une fonction nuit, de pouvoir lire des lettres blanches avec un fond noir. Le fournisseur de ma liseuse PocketBook ne fournissait pas cela, KOReader le fournissait. C’est très agréable.
Dans les téléphones. Si un jour vous voulez dégoogliser votre téléphone, vous pouvez installer LineageOS [26]. C’est un Android qui a été libéré, qui est mis à jour pour beaucoup de téléphones qui, eux-mêmes, ne sont plus maintenus par les constructeurs. Ce n’est pas mal à utiliser sur des téléphones reconditionnés. Par contre, je vous ai mis trois chilis parce que, si vous n’avez jamais fait l’installation, je vous conseille quand même d’aller vers un groupe de libristes qui seront très contents de vous aider. Si vous êtes débutant, si vous avez un peu peur pour votre téléphone, que vous ne savez pas trop comment rooter votre téléphone, tout ça, allez là-bas, ils sauront vous vous conseiller

Outils pro

Enfin, des petits outils pro.
Comment ne pas parler de libres sans parler de Linux ?
Je vous ai mis Ubuntu, un exemple d’outil on va dire open source, dont beaucoup diront que ce n’est pas libre. Il y a quand même des morceaux, des codecs et des drivers, qui sont propriétaires dedans, mais vous pourrez toujours installer une Debian, Arch Linux ou quelque chose qui sera plus respectueux de cette philosophie.
Pour vous montrer aussi que le logiciel libre peut s’installer sur vraiment beaucoup de choses, vous avez YunoHost [27], un logiciel pour installer votre propre serveur de logiciels. En gros, YunoHost est une bibliothèque de logiciels libres que vous installez sur votre serveur et, une fois que c’est installé, vous pouvez cliquer, vous dites « je veux mettre un Nextcloud sur mon serveur », paf, Nextcloud ; « je veux mettre un Yakforms », vous cliquez et ça s’installe tout seul. Le tout c’est d’avoir installé YunoHost d’abord, c’est pour cela que j’ai mis deux petits chilis parce qu’il faut quand même connaître ce qu’est un serveur, savoir installer quelque chose sur serveur. La plupart des dev peuvent le faire s’ils ne sont pas juniors ils peuvent y arriver.
Enfin, un autre petit chouchou, Pandoc [28]. C’est un logiciel en ligne de commande qui a été développé par un philosophe et qui permet de convertir tous les formats en tout. Vous pouvez convertir du docx en Markdown, du Markdown en PDF – une fois qu’on est passé au PDF, on ne revient pas en arrière. On peut convertir en HTML, en tout je vous dis, en LaTeX. Parfois, ça peut débloquer certaines situations quand vous avez des datas dans un format qui n’est pas ouvrable sur votre propre système d’exploitation, ce n’est pas mal.

Conclusion

On va pouvoir conclure.
On a vu aujourd’hui qu’il existe un écosystème communautaire d’outils émancipateurs appelés logiciels libres et open source.
Ils existent partout, sur PC, sur téléphone, sur serveur et même sur liseuse.
Mon dernier conseil c’est : allez-y petit à petit et pas à pas. Ne vous jetez pas tête baissée. Je dis souvent aux gens « attendez que le logiciel propriétaire que vous utilisez commence à vous enlever des fonctionnalités pourtant basiques, commence à vous faire payer des prix délirants et commence à vous donner envie de jeter votre ordinateur par la fenêtre », là vous êtes mûr, vous allez pouvoir passer au logiciel libre et ne pas regretter votre choix. Vous pouvez aller en mode hybride, être à cheval sur plusieurs systèmes. D’ailleurs, sachez que si vous n’avez jamais testé Linux, vous pouvez tester, voire installer complètement un système Linux sur un disque dur externe et ne transporter que le disque dur externe que vous branchez sur un PC. C’est ce que je fais par exemple quand je voyage de Suède en France pour ne pas transporter un PC et ne pas dépenser plus de carbone.

Pour aller plus loin

Comme on a vu, la notion de Libre est en mutation. Le Libre de 2025 ne va plus ressembler au Libre des années 80. Il y a d’autres enjeux, de nouveaux enjeux.
Je pense que vous pouvez regarder les mots-clés Big Tech ou GAFAM, GAFAM pour Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft. C’est un mot qui pointe les grosses entreprises de la tech et qui est souvent utilisé dans la critique du marché privateur.
Vous pouvez aussi chercher le mot CHATONS [29], qui est le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts Neutres et Solidaires. L’association Framasoft, l’association RAOULL, raoull.org, par exemple, et DeuxFleurs [30], deuxfleurs.fr, sont des chatons qui permettent d’avoir des services et des datas qui sont logés chez nous.
Creative Commons, c’est la philosophie du Libre appliquée à l’art. Récemment, d’ailleurs, un documentaire est sorti, qui s’appelle Share alike [31] , qui pose les questions du Libre appliqué à l’art et aussi les limites du modèle libre.
Le fédiverse c’est la philosophie du Libre pour les réseaux sociaux et le cloud. On peut aussi chercher décentralisation, etc.
Enfin on a vu Framasoft.
Vous pouvez chercher des termes comme low-tech, gouvernance, open data, des termes qui gravitent et que vous entendrez si vous passez au Café citoyen pour voir les chtinux, des termes que vous allez entendre plus.

Je profite du temps qu’il me reste pour remercier Lætitia Diverchy, Jacqueline Rwanyindo, Tahnh Lan Doublier qui sont les cofondatrices de ChtiteDev, qui me suivent dans le fait de libérer ChtiteDev. Merci beaucoup pour vos efforts.
Fabien Duchaussois de RAOULL qui a passé son samedi soir à auditer ces slides.
Je vous remercie de votre attention. Vous pouvez poser vos questions sur onlinequestions.org code 22222. Vos datas sont privées, il ne garde pas vos datas, à part les questions qui ne resteront que 15 jours sur leur serveur. D’ailleurs, si vous regardez sur YouTube, désolée les questions ne seront plus là, j’essaierai de les mettre sur les sur les notes.
La liste est toujours sur libreliste.chtitedev.fr et librenote.chtitedev.fr, c’est marqué sur le sur le t-shirt.
Merci bien.

[Applaudissements]