Interview bonus en vidéo de François Poulain

En plus de son rôle de trésorier, François fait partie de l’équipe Chapril qui propose des services en ligne libres et de l’équipe d’administration système de l’association.

Frédric Couchet : Nous sommes aujourd’hui avec François Poulain. Bonjour François et première question : qui es-tu ?

François Poulain : Je m’appelle François. Je suis actif à l’April depuis à peu près 2005. J’ai fait tour à tour différentes tâches, un peu de communication, un peu d’admin-sys. Je suis rentré au conseil d’administration, aujourd’hui je suis trésorier. Voilà, ce n’est pas mal !

Frédric Couchet : Une de tes activités principales c’est de participer au Chapril [1], le site chapril.org, qui met à disposition de tout le monde des services libres en ligne. C’est quoi plus précisément Chapril ? Pourquoi c’est important et quel plaisir trouves-tu à y participer ?

François Poulain : Chapril est un projet d’hébergement un peu particulier. L’idée c’est d’avoir un petit hébergeur neutre, solidaire, alternatif, etc.
En fait, un mouvement a pris de l’ampleur au cours des années 2000 qui disait que ce serait quand même sympa de décentraliser un petit peu l’Internet parce qu’on voyait arriver la centralisation avec des très gros acteurs. Cette décentralisation a pris plusieurs formes, il y a eu, notamment pendant longtemps, beaucoup de gens qui faisaient de l’auto-hébergement, qui essayaient de convaincre les publics en disant « faites du logiciel libre, hébergez-vous, vous allez voir, c’est facile ! ». Sauf qu’au bout d’un moment on s’est rendu compte que tout le monde n’a pas vocation à faire ça. Ça demande éventuellement un savoir-faire technique, ça demande un engagement, ça demande de s’y intéresser, ça demande des compétences. Donc ce vers quoi on a voulu aller pour amorcer la transition c’était d’offrir des services à petite échelle. Framasoft [2], notamment, a fait ça depuis les années 2010 à peu près, a ouvert tout un tas de services et les a mis gratuitement à disposition du public. Au bout d’un moment Framasoft s’est dit « on n’a pas envie de devenir le Google de l’Internet alternatif, donc on va essayer de favoriser l’essaimage pour que d’autres reproduisent à nos côtés ce qu’on fait. »

Il y avait déjà des hébergeurs alternatifs qui existaient à l’époque, je pense par exemple à des gens comme L’Autre Net [3], donc ils sont allés voir les gens qui existaient un peu sur la place et ils ont proposé de faire un collectif d’hébergeur. Le collectif s’appelle CHATONS, ça s’est fait il y a quelques années, il y a deux trois ans, et assez vite, en fait, l’April a été dans la boucle sollicitée en disant « est-ce que ça vous intéresse de participer à l’aventure ? »
Je fais partie des gens qui ont dit oui, il faut y aller, c’est super !. On a embrigadé quatre/cinq amis. On a commencé à travailler sur un projet d’infrastructure d’hébergement, pour commencer. Une infrastructure d’hébergement c’est quoi ? On prend des ordinateurs solides et puis on installe dessus de quoi faire de la virtualisation, de quoi envoyer des e-mails, de quoi faire de la sauvegarde automatisée pour, en cas de pépin, être capable de rétablir les services, faire de la surveillance active avec du monitoring, installer des systèmes de listes de discussion pour coordonner l’activité, etc. Ça s’est fait, à peu près, au cours des années 2018/2019. Après on a commencé à aller chercher des gens pour faire, là pour le coup, vraiment l’hébergement des services ouverts au public, des services de type Framapad, Framadate, etc., donc on a un date.chapril.org, on a un pad.chapril.org. Il y a d’autres services qui sont en cours de préparation ou qui ont été ouverts récemment.
L’infrastructure a commencé avec quatre/cinq personnes et aujourd’hui le groupe de travail prend, on va dire, une autre dimension avec des gens qui font la maintenance uniquement d’un service particulier et qui ne regardent pas forcément la partie technique d’infrastructure.

Frédric Couchet : D’accord. Pour plus d’informations sur le collectif [4], c’est chatons avec un « s » point org, chatons.org, et pour le site Chapril c’est chapril.org. Évidemment toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.
Quel plaisir trouves-tu à participer à ce Chapril ?

François Poulain : Dès le début j’ai été assez convaincu de l’intérêt d’offrir ce type de service et aussi de faciliter, de démystifier un peu les aspects techniques qu’il y a derrière l’hébergement. Il y a aussi un côté satisfaction, ça nous permet de tester des technologies dans un environnement qui est un peu moins contraint que de la prod professionnelle ou que de la production en flux tendu comme on peut avoir des fois. Et puis le côté collectif, faire avec des amis, s’enfermer un week-end pour travailler avec un peu de bière, un peu de bonne humeur, quelques albums de Pink Floyd et on travaille dans la bonne humeur comme ça.

Frédric Couchet : D’accord. Dernière question : est-ce que tu aurais un ou deux conseils de lecture, de film ou de série pour les personnes qui nous écoutent ?

François Poulain : Dans l’informatique ?

Frédric Couchet : Pas forcément dans l’informatique. Dans n’importe quel domaine.

François Poulain : Je commence à avoir un engagement qui vieilli, donc en lecture je recommande toujours gnu.org, la section philosophique [5] est géniale. On va dire que ça fait partie des choses qui ont marqué mon engagement à un moment de ma vie.
Il y a un ouvrage que j’ai beaucoup aimé, qui a aussi marqué mon engagement, c’est Code and other laws of cyberspace de Lawrence Lessig [6]. C’est une référence qui reste encore aujourd’hui, je pense, bonne à lire pour les gens qui s’intéressent à la théorie politique et tout ce qu’il peut y avoir de politique caché derrière la technologie.
Un autre aspect, je ne l’ai pas précisé, mais je verse aussi un petit peu dans la décroissance. S’il y a des gens qui veulent comprendre ou qui veulent un petit peu approfondir les choses qu’on met derrière tout ce qui est réchauffement climatique, transition énergétique, etc., un site que je trouve assez bien avec un orateur qui présente assez bien les choses dans un délai court c’est jancovici.com. Vous pouvez y trouver des vidéos au format d’une heure, vous avez une base technique bien étayée pour comprendre ce dont il s’agit, il y a un cours qui dure 20 heures que vous pouvez éventuellement suivre.

Frédric Couchet : D’accord. Merci François et belle fin de journée.

François Poulain : Merci à toi.