Greenwasher numérique : un métier d’avenir et sans risque

Pourquoi je suis là ? Désolé, Philippe, pour les sueurs froides parce que j’ai dû terminer la présentation à 15 heures

Mon objet était de faire une sorte de point d’étape de ce qui se passe en matière de comm’ sur le numérique et de vous montrer que... je ne dirais pas que c’est un métier facile, mais peut-être plus facile que le nôtre, côté ingénieurs.

Je suis désolé ce n’est pas une présentation d’ingénieur avec des super trucs techniques, mais c’est quand même important, je pense, de savoir un peu où on en est.

La sobriété, un secteur en plein croissance

Les métiers de la sobriété, tout le monde en parle, partout, tout le temps, en ce moment, que ce soit en matière de numérique ou pas. C’est un secteur en pleine croissance, donc, si vous voulez éviter la décroissance, ce n’est pas mal de vous orienter vers ce domaine-là parce que vous allez trouver des subventions assez facilement, vous allez être sollicité par les entreprises, bon ! C’est un secteur qui ne connaît pas la crise, au contraire !
La source du graphique c’est l’Ademe, ce sont les budgets distribués par l’Ademe [Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie] au fil des dernières années, ça n’arrête pas d’augmenter [1]. Il n’y a pas que du consulting là-dedans, il y a aussi beaucoup de partenariats, il y a des aides diverses à des installations d’énergie, mon but n’est pas de faire la pub de l’action de l’Ademe ici, à tel point que – on me l’a filé dans l’oreillette – même si vous faites des centrales au charbon, vous pouvez recevoir des crédits au titre de l’écologie aujourd’hui, en Indonésie en tout cas, c’est assez intéressant.

Multiples domaines

Si vous travaillez dans le greenwashing actuellement, vous pouvez taper à peu près dans tous les métiers, dans tous les domaines : collectivités locales, les administrations et agences publiques, toutes sont obligées de s’y mettre et toutes ont d’ailleurs, aujourd’hui, à peu près le même type de discours, vous entendez ça partout, du ministère de l’Environnement, mais ça essaime çà et là, maintenant à l’Arcom [Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique]. L’Arcep [Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse] arrive encore à avoir un discours intelligent dans nos domaines, mais est quand même un petit peu obligée de se mettre sur les lignes politiques actuelles de la communication publique.
Vous pouvez faire de la consultance, il y a là pas mal d’argent à se faire.
Vous pouvez faire de la politique, donc obtenir des mandats électoraux, des partis entiers sont dédiés à ce sujet.
Dans les entreprises, le grand truc des dircoms [Directeurs de la communication] en ce moment, c’est de vous dire de nettoyer vos mails, ça fait dix ans que ça dure et ça fait plaisir aux dircoms : c’est un truc qui ne coûte pas grand-chose et ça fait un petit mouvement d’entreprise interne.
Il y a aussi, maintenant, l’écoconception qui commence à monter, qui permet d’avoir du pognon pour optimiser les systèmes, ce qui n’est pas mal parce que, jusque-là, tout le monde s’en foutait.
Vous avez les community managers : sur Twitter ou sur les réseaux sociaux en général vous pouvez écrire n’importe quoi ; vous pouvez faire des vidéos pour dire aux gens de regarder moins de vidéos ; vous pouvez faire des tweets pour dire aux gens de faire moins de tweets, personne ne vous en voudra, au contraire !
Vous pouvez vendre des solutions, ce n’est pas ce qui manque.

Déclinable dans de nombreux métiers

J’ai un petit peu parlé des métiers.

En ingénierie, ça peut nous intéresser parce que c’est vrai que jusque-là, quand il s’agissait de passer du temps à optimiser des process, la réponse standard c’était : « Tu t’en fous, tu rajoutes un serveur, on n’a pas de temps pour s’occuper de ça ! » Ça arrive encore pas mal aujourd’hui, mais, maintenant, on peut dire que c’est de l’écoconception et on peut réduire d’un serveur ou deux.
On peut aussi réimporter, migrer à nouveau nos serveurs sur de l’électricité française plutôt qu’allemande, irlandaise ou américaine, ça permet de décarboner. Deux mois d’écoconception pour gratter les PNG d’un site, ça ne va pas vous gagner grand-chose, peut-être quelques pourcents en volume de données, mais rapatrier les serveurs vous gagne 85 % en CO2 si vous les mettez en France. Ça peut donc être pas mal.
Le consulting permet de dégager, comme je l’ai dit, des crédits de l’Ademe.

Éthique incluse

Tout ça c’est pour la planète, donc on ne va pas vous trop vous embêter sur l’exactitude de ce que vous racontez, de toute façon, c’est pour le bien ! Si vous dites qu’il faut nettoyer sa boîte mail, OK ! Des gens, comme moi, vont vous dire « ça ne sert à rien ! », mais vous pouvez toujours dire que c’est le symbole qui compte, c’est littéralement ce qu’on entend, l’important c’est de montrer de la bonne volonté, ce n’est pas de faire des choses utiles !

[Applaudissements]

La loi de Brandolini [2] joue à fond : il est facile de dire n’importe quoi en une minute, mais il faut deux heures pour vous répondre, donc vous êtes plutôt du bon côté du manche.
Les subventions vont couler à flots, parce qu’elles sont ajustées aux discours et pas tellement aux résultats.
Et puis on a un système de buzz médiatique, alors là ça marche à tous les coups ! Si vous dites qu’une conversation ChatGPT consomme un demi-litre d’eau, personne n’ira vérifier, le chiffre a l’air vachement paniquant ! Je prends ma douche une fois par jour, je dois consommer 20 litres d’eau, je ne fais pas une conversation avec ChatGPT par jour, je vais en parler un peu plus tard.
En fait, plus le chiffre est paniquant, si c’est rediffusé, si ça buzze dans le système médiatique, aujourd’hui nous sommes coupables, parce que c’est aussi qu’on ne se pose pas trop de questions. Par défaut, on a tendance à se dire que si la presse sort un chiffre paniquant, ils ont bien dû le vérifier, si c’est si énorme, ils ne vont pas le publier sans faire attention. Eh bien, en fait, si !
Les errata ça ne sert à rien, je peux parler d’expérience. Ça demande du travail qui n’est pas vraiment médiatisable, parce que ça donne des chiffres non buzzables puisque ce sont,en général, des chiffres pas trop paniquants ; ça peut vous mettre en faute parce que ça veut dire que, parfois, vous n’avez pas vérifié ce que vous avez diffusé ; et personne ne les lit. C’est fait pour ça, on les met en note de bas de page, ça ne va jamais buzzer.
C’est bien d’ignorer les corrections, donc du même style, je vais vous donner un exemple tout à l’heure. Ça demande du boulot en moins, donc ça fait du volume de données en moins et ça fait du volume de CO2 en moins, c’est très bien !

Petit manuel du consultant

Le manuel du consultant.
Vous montez une petite asso loi 1901, avec un but sympa, un but noble genre participer à la réduction du CO2 français, ou décarbonation ou empreinte numérique en général ou empreinte…
Une asso 1901, en général, ça ne va pas faire beaucoup d’argent, donc vous montez des petits cabinets de consultance qui permettent de faire le boulot des gens qui sont sollicités par l’association. Ça vous donne un petit carnet de contacts, tranquille, et puis, derrière, vous faites des prestations. C’est un truc assez classique en France, ce n’est pas forcément illégitime.
En plus, l’association vous donne une petite couverture pour faire du législatif, du lobbying propre, c’est-à-dire que vous allez voir les parlementaires : « Attention, le volume de données sur Internet c’est vachement embêtant, il faudrait faire un amendement à la loi machin, à la loi truc, pour réduire le volume de données sur Internet ou afficher le CO2 sur les factures des fournisseurs ». Ce qui se pratique maintenant au Parlement, c’est que souvent, dans les amendements législatifs, les parlementaires indiquent quand même la source de leur amendement, donc on peut voir un peu d’où viennent les choses intelligentes et d’où viennent les choses moins intelligentes.
Un autre truc : vous pouvez aussi utiliser l’effet viral, je l’ai constaté, en fait, vous pouvez faire du mini-chantage. Quand vous faites un audit, typiquement un audit de ce qu’on appelle les analyses de cycle de vie qui consiste à regarder un peu, dans l’entreprise, quels sont les fournisseurs, les produits que vous utilisez ; vous allez donc être obligé de savoir, fournisseur par fournisseur, quel serait le résultat d’un audit chez ce fournisseur. Sur Twitter, quelqu’un m’a signalé qu’il avait reçu un message d’un consultant d’un de ses clients qui lui disait : « On fait l’audit chez telle boîte, vous êtes un fournisseur et on n’a pas votre analyse de cycle de vie. On peut vous la faire – il faut payer, évidemment – sinon on vous met la note pire, qu’est-ce que vous préférez ? », littéralement. Ça veut dire que de proche en proche la boîte peut viraliser la situation et s’appuyer sur la loi parce qu’il y a aussi des lois qui obligent à faire ce genre de chose.

Ceci est un graphique que j’aime bien parce qu’on l’entend partout. Ça vient de The Shift Project, ça date de 2019, c’est le graphique circulaire [3] sur les proportions de volumes de données sur Internet. On entend aujourd’hui partout : 60 % des données transmises sur Internet c’est de la vidéo, c’est très grave, c’est très embêtant, il faut réduire le poids de la vidéo. On sait bien qu’il n’y a pas de corrélation simple, quasiment pas en fait, entre le volume de données et le CO2 émis, mais ce n’est pas grave. Dans une phrase, si on ne fait pas gaffe, ça passe très bien. Ce truc circule en boucle depuis cinq ans, c’est partout dans les médias, dans les argumentaires politiques, c’est même dans les trucs de l’Arcom et de l’Arcep.
Récemment, j’ai participé à une consultation de l’Arcom suite à la loi REEN [4], la loi réduction de l’empreinte environnementale du numérique parce que les gens me disent : « Pierre, c’est bien joli, tu gueules partout, mais, en fait, qu’est-ce que tu fais pour changer les choses ? ». J’essaie donc de participer aux trucs en amont pour voir. Je ne crois pas que ça aura beaucoup d’effet, c’est surtout pour vérifier que ça n’aura pas d’effet ! J’ai donc participé à la consultation que l’Arcom a faite pour mettre en place les exigences de communication de l’empreinte en CO2, notamment, des services numériques. La loi REEN a dit : « L’Arcom se chargera de dire aux fournisseurs d’accès, etc., aux services de vidéo en ligne, de communiquer auprès de leurs clients des informations fiables, etc. » J’ai repris le truc des 60 % de vidéo et j’ai fait un petit laïus. Je ne sais pas si ça a changé un mot dans ce que l’Arcom a communiqué in fine, mais, au moins, j’ai essayé. Je peux d’ailleurs fournir le papier aux gens que ça intéresse.

Une chose à savoir, je n’ai pas l’habitude de communiquer avec des administrations et des agences publiques et il y a tout un formalisme de politesse à employer sur les introductions, ça demande quelques fioritures diplomatiques, et je me suis aidé de ChatGPT pour faire l’intro et la conclusion. C’est une vraie histoire et, honnêtement, ça aide beaucoup, « merci pour cette consultation fantastique, c’est une très bonne idée de consulter les citoyens, etc. ». À la fin, c’est « nous sommes à votre disposition, etc. ». II y a des gens, dont c’est le métier, qui savent écrire ça, mais moi je ne sais pas, ChatGPT m’a beaucoup aidé. Je ne dis pas qu’il ne faut pas reformuler un peu, derrière, pour éviter les grosses bêtises, mais, globalement, ça aide pas mal.

Sans commentaire

Dans le truc de ma réponse à l’Arcom, j’ai mis en exemple cette communication d’un fournisseur de fibre qui m’expliquait que j’avais consommé avec ma box et mon accès réseau, l’équivalent de 189 bains en un mois. En fait, ils se sont trompés quelque part dans leurs calculs, il y avait à peu près un facteur 100 d’erreur.
C’est dans la communication demandée par la loi et, évidemment, la loi espère que ça sera de la communication correcte, le problème c’est qu’il y a des gens qui vont être payés à ne pas faire attention. C’est donc un métier assez reposant, je pense.

Là, c’est un extrait du truc Arcom, je l’avais aussi mis en évidence, ce n’est pas très intéressant. Il y a deux phrases juxtaposées, le truc classique dans ces éléments de langage, comme si elles avaient un rapport : il y a beaucoup de vidéos en ligne, 60 % du trafic est représenté par la vidéo et Internet fait beaucoup de CO2. Bref !

Un truc amusant dans la loi REEN, vous n’en avez sûrement jamais entendu parler, parce qu’il faut creuser les trucs et ce n’est pas du tout dans la comm’ grand public : la loi REEN inclut les services de télévision classique dans l’affaire. Donc les services de télévision classique également, en théorie – on va voir s’ils le font, mais j’ai un doute – vont être obligés de signaler aux téléspectateurs leur empreinte CO2, sachant que le réseau TNT hertzien consomme quand même pas mal de courant, moins que le réseau ancien analogique, mais on est en droit de se demander si la transmission numérique type VoD n’est pas en fait, d’ores et déjà aujourd’hui, plus efficace, énergétiquement, que le hertzien.

protips

Il y a aussi des contre-discours pour mettre les choses en perspective.

Un truc qui marche bien c’est regarder tout ce qui chauffe. J’avais commencé par les appareils à raclette et, plus récemment, je me suis intéressé au fer à repasser parce que ça marche très bien, figurez-vous. On n’a pas beaucoup de statistiques sur l’usage de la raclette, mais on en a quelques-unes sur l’usage des fers à repasser, j’en parlerai un peu plus tard.
En plus, le fait qu’en France on a une électricité peu carbonée, ça signifie que ce n’est pas non plus le truc pointu, chez nous, de s’intéresser à la consommation électrique.
Petit à petit le focus se déplace, vous l’avez remarqué, on vient d’en parler, sur l’eau consommée par les datacenters. Évidemment, les opérateurs de datacenters ont voulu améliorer l’efficacité du refroidissement, sachant que l’efficacité du service s’améliore de manière naturelle au fil du temps : on peut gagner de l’énergie en utilisant plus d’eau. En fait, ils ont utilisé moins d’énergie, ils utilisent plus d’eau, mais est-ce qu’il ne faudrait pas revenir en arrière là-dessus, puisque, finalement, on se fait cogner dessus parce qu’on utilise trop d’eau ? Ce n’est pas impossible. De la même manière, à une époque on voulait mettre des bagnoles diesel parce que ça faisait moins de CO2, maintenant on a changé d’avis. Il y a donc une réflexion scientifique à avoir en amont.

J’ai participé à des consultations publiques, etc., j’ai même essayé de changer les pages Wikipédia parce qu’il y a des erreurs sur les pages Wikipédia sur l’impact du numérique. En fait, le résultat est toujours à peu près le même : quand on arrive face à 50 personnes qui sont dans le discours prémâché sur la question, c’est difficile de se faire entendre. Sauf, éventuellement, sur des points très précis, on arrive à faire passer des trucs, mais c’est vraiment un boulot énorme. Ce ne serait pas mal, je ne dirais pas qu’on s’y mette tous, mais qu’on surveille un petit peu et qu’on essaye d’apporter une contre-parole en tant qu’ingénieur, même si les ingénieurs n’aiment pas sortir de leur trou, vous êtes quand même là, c’est bien.

Vingt minutes de repassage = 260 000 heures HD

J’ai eu l’idée saugrenue, un jour, de comparer la consommation électrique du fer à repasser. Je mets rarement des chemises, jamais, comme vous voyez. Un jour, j’ai repassé ma chemise et je me suis aperçu, je me suis rappelé plutôt, parce que je fais ça une fois tous les deux/trois ans, que ça chauffait quand même pas mal ces conneries, donc j’en ai parlé sur Twitter. Ça a donné lieu à un article d’une journaliste. En fait, on a une idée de ce que consomme le repassage en France, c’est à peu près 2,5 térawatt-heure par an, c’est un chiffre qui vient des rapports de l’association négaWatt [5] qui veut sortir du nucléaire. C’est à peu près la moitié, un peu plus de la moitié de ce que consomme l’ensemble des quatre gros fournisseurs d’accès français, fixes + mobiles + datacenters, donc ce n’est pas négligeable, c’est probablement plus que la 5G en entier. Je n’ai entendu personne nous demander de sortir du fer à repasser. Sur les écogestes du jour, on me demande de nettoyer ma boîte mail, mais on ne demande pas d’arrêter de repasser, donc j’attends !

0,5 litre par conversation ChatGPT ?

Je vous le dis en vitesse, je ne savais pas d’où sortait le chiffre, il tournait en boucle dans les médias, un peu style bouche-à-oreille : France Inter l’a dit, donc France Info va le dire, donc France télévisions va le dire et, à la fin, on ne sait plus d’où ça vient. Finalement, il y a eu un papier là-dessus, j’ai retrouvé la source grâce à un papier d’Antonio Casilli. En fait, c’était une citation d’un chercheur qui se référait à un papier d’arxiv.org, qui n’était pas un papier reviewé, où l’affirmation correspondante venait d’une règle de trois faite à partir d’une note de bas de page qui était un post Medium. Donc, d’un point de vue scientifique, c’était d’un niveau de vérification assez faible. Les chercheurs qui ont vu qu’on était plusieurs à se poser des questions sur Twitter ont répondu qu’ils avaient fait un papier plus détaillé, je ne l’ai pas encore regardé. En fait, le truc vient d’une estimation de la consommation électrique en requêtage de ChatGPT et compagnie, en fait, c’était fait avec Bloom, le concurrent chez Huggingface et compagnie et le CNRS. À partir de la consommation énergétique, ils ont pris un chiffre de Microsoft sur l’eau nécessaire pour dissiper la consommation électrique correspondante. C’était un demi-litre par kilowattheure, je crois. Ils estimaient qu’un requêtage, une conversation, consommait un kilowattheure, ce qui n’est pas mal, mais à vérifier quand même. Il y avait aussi un facteur 30 dans l’évaluation. Évidemment, bizarrement, ils ont communiqué sur la partie haute de la fourchette.

La manie du buzz

Il y a aussi une manie du buzz. Je suis tombé récemment sur un truc qui expliquait que le numérique allait tout péter, 60% des volumes de données, nanana. C’était l’intro, en fait, derrière, il y avait un truc sérieux, avec des vraies données et des vrais chiffres, je n’ai pas encore creusé. Il y a toujours cette manie de commencer les rapports par un machin putaclic pour faire du buzz.

Rapport Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes

Si vous êtes consultant, vous pouvez aussi travailler au Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes [6] qui, récemment, a sorti un rapport contre le porno. Comme ils ont fait feu de tout bois, ils ont sorti un argument du Shift disant que la vidéo en ligne, blablabla, consommait énormément de données, donc énormément d’énergie, que si on voulait respecter la planète, il fallait arrêter de produire et de regarder du porno. Le rapport est assez contestable. Il y a une autre partie où il défonce la neutralité du Net, La Quadrature [7], pour ne pas les citer, et le Parti Pirate [8]. On est en train de réfléchir à un droit de réponse côté Parti Pirate.

Tout ça pour dire que la consultance en green est utilisée pour des motifs assez éloignés du but original

20 juin 2023

Là c’est dans le bêtisier, un truc qui est passé dans le style « ce n’est pas la peine de faire d’errata, ce n’est même pas la peine de répondre ». « Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a expliqué récemment qu’une heure de vidéo en ligne c’était la même consommation qu’un frigo pendant une année ». Nous sommes plusieurs à avoir répondu sur Twitter, le tweet est encore là, j’ai regardé ce matin, il n’y a pas eu de démenti du tout. On ne sait pas d’où ça vient, il vaut mieux ne pas trop chercher !

2019 – 2023 - ?

Autre exemple, sur le site du ministère de l’Environnement : une page faite en 2019 à partir du rapport d’audit de 2018 du Shift qui sort cet argument : « L’impact énergétique du visionnage de la vidéo est environ 1500 fois plus grand que la simple consommation électrique d’un smartphone lui-même ». Ça vient de l’histoire du four électrique de 2018. Le truc est depuis 2019 sur le site du ministère de l’Environnement, il est envoyé comme référence aux gens — si c’est le ministère de l’Environnement qui le dit, ça doit être vrai, ce sont quand même des gens sérieux ! J’ai envoyé un commentaire, il y a quand même un truc en bas « si vous avez des commentaires à faire sur cette page » ; j’ai envoyé le commentaire en juin, la page est encore comme ça à ce jour. Commentaire du 21 juin, pour fêter l’été.

Site France Télévisions

Sur le site de France Télévisions : « Le saviez-vous ? Le visionnage des vidéos en ligne représente 60 % des flux de données numériques, source The Shift Project ». On ne sait pas quel rapport avec le mode éco, mais, apparemment !

Là, c’est un troll : quelqu’un suggère un système d’écoconception qui détruit au hasard la moitié de vos fichiers. Essayez. Il faudrait proposer ça à vos dircoms, si vous les aimez pas !

Questions

J’ai terminé. Je n’ai pas parlé de tout, j’ai mis des disclaimers partout. Ce n’est pas un discours anti-sobriété, il en faut, mais pas n’importe comment.
Je n’ai pas parlé de tout, je n’ai pas parlé du matériel, je n’ai pas parlé des terres rares, effectivement, j’ai fait des impasses volontaires.
Je vous remercie pour votre attention. Merci à Philippe pour l’invitation.

[Applaudissements]