Émission Libre à vous ! diffusée mardi 6 septembre 2022 sur radio Cause Commune


Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
C’est la rentrée, nous espérons que vous avez passé un bel été et que vous êtes en pleine forme.

Nous sommes ravis d’être de retour avec vous. L’été a tout de même été actif pour préparer une belle saison 6 de Libre à vous !, l’émission sur les libertés informatiques.

Logiciels et ressources libres dans l’Éducation nationale, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique d’Isabella Vanni sur la Fête des Possibles et aussi le premier chapitre d’une nouvelle chronique proposée par Vincent Calame sur « Le Libre et la sobriété énergétique ». C’est une première nouveauté en termes de chronique, d’autres vont arriver et seront annoncées dans l’émission de la semaine prochaine, mardi 13 septembre.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition, la 150e de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire tout retour ou nous poser toute question.

L’émission du jour est dédiée à Peter Eckersley décédé à 43 ans il y a quelques jours. Cet informaticien, spécialiste en cybersécurité et en protection de la vie privée, a notamment travaillé pour l’Electronic Frontier Foundation, l’EFF, une ONG internationale de protection des libertés sur Internet, dans laquelle il a initié et développé de nombreux outils de protection de la vie privée et on lui doit une bonne partie du chiffrement actuel sur le Web. On lui dédie cette émission, Peter Eckersley.

Nous sommes mardi 6 septembre 2022, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

Derrière la vitre, aux manettes de la régie, l’as des as de la réalisation radio, mon collègue Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.

Étienne Gonnu : Salut Fred et très content de retrouver la régie après cette pause estivale.

Frédéric Couchet : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Chronique « Le Libre fait sa comm’ » d’Isabella Vanni sur la Fête des Possibles avec une interview de Tebben Geerlofs, membre de l’équipe de coordination nationale de la Fête des Possibles

Frédéric Couchet : Nous allons commencer par la chronique de ma collègue Isabella Vanni qui est coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April. La chronique est intitulée « Le Libre fait sa comm’ » et a notamment pour objectif d’informer sur les actions de type sensibilisation menées par l’April, mais c’est aussi l’occasion d’annoncer et de parler d’évènements libristes à venir et justement, le sujet du jour c’est la Fête des Possibles. Je te passe la parole, Isa.

Isabella Vanni : Merci Fred. Bonjour tout le monde.
La Fête des Possibles est devenue un événement incontournable de l’agenda de septembre dans toute la France et en Belgique. Des centaines de rendez-vous sont proposés pour rendre visibles les initiatives citoyennes qui construisent une société plus durable, humaine et solidaire. Cette année 2022 la Fête des Possibles débutera officiellement le 9 septembre, donc vendredi prochain, voilà pourquoi on en parle aujourd’hui, et se terminera le 25 septembre. Nous allons vous présenter cette initiative, qui est portée par le Collectif pour une Transition Citoyenne, avec notre invité Tebben Geerlofs, membre de l’équipe de coordination nationale de la Fête des Possibles.
Bonjour Tebben.

Tebben Geerlofs : Bonjour Isabella. Merci de me recevoir.

Isabella Vanni : Pour commencer, en quoi consiste la Fête des Possibles et à qui s’adresse-t-elle ?

Tebben Geerlofs : La Fête des Possibles est un évènement qui a lieu, comme tu l’as dit, en septembre, du 9 au 25. C’est un événement qui appelle toutes les initiatives citoyennes qui construisent déjà un monde plus juste et plus durable sur les territoires, à organiser des événements pour montrer ce qu’elles font et pour diffuser toutes ces bonnes initiatives et ces bonnes énergies.

Isabella Vanni : Très bien. Quel est le public visé par la fête ?

Tebben Geerlofs : Tout le monde est le et la bienvenu·e sur la Fête des Possibles. Si vous vous y connaissez déjà en transition, vous pouvez venir sur une Fête des Possibles pour en apprendre plus. Si le mot « transition » ne vous dit pas grand-chose, Fête des Possibles c’est le moment de venir vous initier à ce que veut dire ce terme et découvrir quelques premières pistes pour vous engager, vous aussi, dans des transitions, que ce soit au niveau individuel ou au niveau collectif. Les Fêtes des Possibles sont, pour nombre d’entre elles, organisées par des associations qui sont toujours contentes de recruter parmi vous.

Isabella Vanni : Très bien, j’allais justement dire que tu fais partie de l’équipe de coordination de la Fête des Possibles. L’équipe de coordination communique sur la fête, mobilise les différents réseaux partenaires, propose des formations, etc., mais ce sont les associations qui organisent des événements, en France et aussi en Belgique. Cette année, vous avez souhaité mettre en avant plus particulièrement le thème des territoires. Pourrais-tu nous en dire plus ?

Tebben Geerlofs : On a choisi le thème des territoires cette année, parce que les transitions pour un monde plus juste, plus durable, donc les transitions écologiques, solidaires et démocratiques se construisent notamment au niveau du territoire. Un territoire peut être une ville, mais ça peut être en campagne ou une partie d’un département. À cette échelle du territoire, les associations et les entreprises coopératives travaillent souvent ensemble pour mettre en œuvre cette transition. Mais aussi, parfois, elles ne se connaissent pas et travaillent chacune pour une transition, par exemple dans le domaine de la mobilité, de la réduction des déchets ou dans le domaine agricole. La Fête des Possibles c’est alors le moment de faire se rencontrer ces initiatives et de faire découvrir ces initiatives ensemble.

Isabella Vanni : Je crois d’ailleurs qu’il y a de plus en plus de villages des possibles qui présentent, au cours d’une journée ou de plusieurs journées, plusieurs activités, plusieurs initiatives du même territoire. Tu me confirmes qu’il y a cette dynamique ?

Tebben Geerlofs : Oui, tout à fait. Plusieurs centaines d’événements sont organisés partout en France lors de la Fête des possibles et, parmi ces évènements, il y en a qu’on appelle les Villages des Possibles. Qu’est-ce que c’est ? Un Village des Possibles est un village associatif qui rassemble tous les acteurs de la transition, justement au niveau du territoire, qui permet de découvrir toutes les associations ensemble et qui permet à ces associations de travailler ensemble, de faire des choses ensemble.

Par exemple, si vous habitez à Paris, il y a, à Paris et autour de Paris, plusieurs Fêtes des Possibles où vous pourrez découvrir de nombreuses associations. À Créteil, par exemple, il y a un Village des Possibles où il y a des ateliers climat, des animations réemploi et recyclage. Il y a aussi une porte ouverte de la Maison de la Nature. Ailleurs, par exemple à Montigny-le-Bretonneux, il y a aussi un Village des Possibles avec près de vingt associations, où vous pouvez découvrir ce qu’est une AMAP [Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne], visiter le potager urbain, le verger, apprendre à faire votre compost, mais aussi découvrir le concept de la sécurité alimentaire ou, par exemple, participer à un repair café [café de réparation].

Isabella Vanni : Merci pour ces exemples concrets qui concernent l’Île-de-France, vu que notre émission est diffusée par la radio Cause Commune qui émet en Île-de-France.
Une question : comment savoir s’il y a un rendez-vous près de chez moi ?

Tebben Geerlofs : Il y a forcément un rendez-vous près de chez vous. C’est un peu une blague, mais c’est aussi un peu vrai. Vous tapez « fête des possibles » dans un moteur de recherche libre et vous pouvez aller sur notre site internet ; si vous tapez fete-des-possibles.org, vous tombez sur notre site web sur lequel il y a une carte et, sur cette carte, sont référencés les centaines de rendez-vous qui sont organisés partout en France. Vous pouvez zoomer sur cette carte ou sélectionner votre département et découvrir ce qui se passe près de chez vous.

Isabella Vanni : J’ai adoré quand tu as dit moteur de recherche libre !
Parmi les différentes initiatives qu’on peut découvrir lors de la fête, il y en a justement une qui me tient particulièrement à cœur, l’informatique libre. J’en profite pour dire qu’il y a déjà une dizaine d’événements autour du logiciel libre, de la culture libre, inscrits dans le cadre de la fête. Il y a plusieurs ateliers d’initiation au logiciel libre qui comprennent aussi l’aide à l’installation d’un système d’exploitation libre sur son ordinateur. Par exemple le 15 septembre à Lyon, le 9 septembre à Figeac, dans le Lot, le 24 septembre à Marseille, le 25 septembre à La Ferté-Saint-Aubin dans le Loiret.

Il y a aussi des portes ouvertes, c’est-à-dire des rencontres autour d’un verre ou d’un repas. C’est l’occasion de rencontrer des associations de promotion du logiciel libre qui proposent aussi des services en ligne libres, solidaires, éthiques. C’est le cas d’Infini [Association brestoise], qui organise, le 9 septembre, des portes ouvertes à Brest, et c’est aussi le cas de l’April, qui organise le 23 septembre, à Paris, un apéro avec présentation des services en ligne libres Chapril. Il y a aussi le stand de Oisux, le Groupe d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres de l’Oise, qui tient un stand à Saint-Leu-d’Esserent dans l’Oise, le 25 septembre. Il y a la projection de LoL, une affaire sérieuse, documentaire sur le logiciel libre, suivie d’un débat et d’une fête d’installation, à Quimper, dans le Finistère, le 10 septembre.

Frédéric Couchet : Je précise aussi que la radio Cause Commune organise une journée portes ouvertes, vendredi 16 septembre 2022. On mettra les liens sur causecommune.fm et sur libreavous.org. Ce sera l’occasion de découvrir le studio, les équipes d’animation, peut-être même de jouer avec les micros, la console, voire de participer à une émission. On vient de le rajouter, l’événement vient d’être validé en direct, il a quelques instants. Merci à la Fête des Possibles !

Isabella Vanni : Magnifique ! Du coup un nouvel événement ajouté en direct, très bien. Tebben, souhaites-tu ajouter quelque chose ?

Tebben Geerlofs : On pourrait parler très longtemps de la Fête des Possibles. Vos exemples d’événements autour des logiciels libres sont un très bel exemple de ce qui se passe partout en France : on prend un sujet, on en parle partout en France et on a, comme ça, tout un réseau d’associations partenaires, comme l’April, qui organisent des événements lors de la Fête des Possibles.
Parmi ce réseau, il y a, par exemple, Habitat Participatif France, le réseau des magasins Artisans du Monde, ou encore le réseau des AMAP . Ça veut dire que partout en France ces associations qui, au niveau national, mobilisent leurs réseaux locaux, promeuvent ce qu’elles font lors des deux semaines de la Fête des Possibles.

Isabella Vanni : Le réseau des partenaires sert effectivement aussi à relayer, donc à mobiliser toutes les associations en lien avec les thématiques portées.
Notre temps est fini, je remercie beaucoup Tebben Geerlofs pour sa présence. Rappelons les dates de la Fête des Possibles : du 9 au 25 septembre 2022. Retrouvez tous les rendez-vous sur fete-des-possibles.org. Bonne fête !

Tebben Geerlofs : Merci à vous et bonne fête aussi.

Isabella Vanni : Merci.

Frédéric Couchet Merci Isabella, merci Tebben.

Je crois que j’ai oublié de préciser que si vous voulez échanger avec nous, vous venez sur le salon web de la radio, site web causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous. Je vais mettre le lien pour la journée portes ouvertes à la radio Cause Commune. On mettra évidemment les informations à la fois sur libreavous.org et sur causecommune.fm.

C’était la chronique de ma collègue Isabella Vanni qui est coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April, chronique intitulée « Le Libre fait sa comm’ ».

Nous allons faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Je remercie notre invité principal, Alexis Kauffmann qui interviendra tout à l’heure, parce que c’est lui qui a choisi les trois pauses musicales. Peut-être que tout à l’heure il aura l’occasion d’expliquer ses choix.
Open Goldberg Variations est un projet à but non lucratif consistant à créer un enregistrement de qualité et une partition typographiée des Variations Goldberg de Johann Sebastian Bach, pour les placer directement dans le domaine public. Les pièces ont été enregistrées par la pianiste Kimiko Douglass-Ishizaka.
Nous allons écouter la variation Variato 1 à 1 Clav. On se retrouve dans deux minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Variation Variato 1 à 1 Clav Kimiko Douglass-Ishizaka.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Variato 1 à 1 Clav du projet Open Goldberg Variations, joué par Kimiko Douglass-Ishizaka, disponible sous licence libre CC0 Transfert dans le domaine public. C’est une licence Creative Commons un peu particulière car elle permet de renoncer au maximum à ses droits d’auteur, dans la limite des droits applicables, afin de placer son œuvre au plus près des caractéristiques du domaine public. Comme je le disais, c’est un choix de notre invité qui va suivre juste après, peut-être qu’il nous en parlera rapidement.

[Jingle]

Frédéric Couchet : Nous allons passer au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Échange avec Alexis Kauffmann, chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans les filières du numérique, ministère de l’Éducation nationale

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter sur le libre éducatif. Notre invité, Alexis Kauffmann, que je vais laisser se présenter. On va juste vérifier son micro. Bonjour Alexis.

Alexis Kauffmann : Bonjour.

Frédéric Couchet : C’est un grand plaisir de t’avoir.
Avant que j’oublie, vous pouvez, si vous le souhaitez, participer à notre conversation. Pour cela vous pouvez appeler en direct la radio au 09 72 51 55 46 ou venir sur le salon web dédié à l’émission sur le site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous. Vous pouvez réagir et, si vous avez des questions ou des remarques, j’essaierai de les relayer auprès d’Alexis.
Alexis, première question très simple, je te laisse te présenter, présenter un petit peu ton parcours. Qui es-tu Alexis Kauffmann ?

Alexis Kauffmann : Bonjour.
Tu as intitulé l’émission, le passage me concernant, « échange avec Alexis Kauffmann sur le libre éducatif ». Je précise que je ne représente pas le ministère, je ne suis pas mandaté par le ministère pour « prêcher la bonne parole », entre guillemets. C’est un témoignage même si, évidemment, quand on est dans l’administration centrale, sa parole est publique. J’ai bien compris que l’émission est en direct, qu’ensuite elle fera l’objet d’un podcast, donc elle sera quelque part sur les internets. C’est un témoignage personnel.

Maintenant qui suis-je ? Je suis professeur de mathématiques depuis 25 ans, dans le secondaire, en France et à l’étranger. J’ai également enseigné les deux nouveaux enseignements qui viennent de la réforme du lycée, juste une année, la SNT et la NSI, ce sont des acronymes, Science numériques et technologie en seconde et la spécialité Numérique et sciences informatiques, qu’on appelle parfois option informatique, en première et en terminale. Je les cite parce que dans les programmes de SNT on a, par exemple, « contribuer à OpenStreetMap », c’est assez nouveau, et, dans le programme de la NSI, on a « on travaillera sur un système d’exploitation libre », des choses qu’on ne voyait pas écrites telles quelles dans les programmes par le passé.

Donc enseignant et également à l’initiative de Framasoft il y a plus de 20 ans — on a fêté les 20 ans du dépôt du premier nom de domaine, framasoft.net, il y a un an — quand j’étais jeune professeur de collège à Bobigny. Je voyais l’informatique arriver, ça m’a intéressé, je me suis dit « tiens, il y a des logiciels qui peuvent être intéressants ; tiens, il y a des gratuits ; tiens, il y a des gratuits mais aussi libres, pourquoi fait-on cette distinction ?, etc. » Je me suis mis à les référencer, ça en a intéressé d’autres, ça a fait un petit effet boule de neige, on a créé une association qui s’est appelée Framasoft quelques années plus tard. Je pense que certains de vos auditrices et de vos auditeurs connaissent Framasoft.Ça a été une belle aventure. Ça a démarré sur un annuaire. Ce qui est intéressant c’est que c’est un mouvement d’utilisateurs et pas un mouvement d’informaticiens, pas un mouvement de développeurs, qui est issu du monde éducatif. Framasoft a beaucoup évolué, j’en ai été président pendant plus de dix ans, d’ailleurs je n’en fais plus partie. On est passé du logiciel libre à la culture libre. Aujourd’hui c’est vraiment un mouvement émancipateur, derrière le numérique c’est un choix de société. En tout cas, Framasoft est connue dans le monde francophone sur ces questions-là.

Et depuis un an, je viens de souffler ma première bougie – c’est peut-être aussi pour ça que tu m’as invité, je suis ravi, c’est la 150e –, je suis au ministère de l’Éducation nationale dans une structure qui s’appelle la Direction du numérique pour l’éducation, la DNE. Mon titre exact est « chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans les filières du numérique à la transformation numérique de la Direction numérique pour l’éducation ». Ça fait beaucoup, c’est très long. Ce qui est intéressant – je n’en sais rien, les auditeurs le diront – c’est que j’arrive après une consultation qui s’appelait les états généraux du numérique.

Frédéric Couchet : Alexis, on va y revenir après.

Alexis Kauffmann : Je ne savais pas si c’était une présentation courte ou longue.

Frédéric Couchet : Courte ! Mais je te connais.
Je vais juste rappeler que Framasoft c’est framasoft.org et on a consacré an moins une émission à Framasoft sur Libre à vous !, vous retrouverez les podcasts.

Comment tu es arrivé à ce poste m’intéressera dans la deuxième partie. On a parlé de logiciels libres et ressources libres dans l’éducation et puis, en résumé court, tu m’avais proposé le libre éducatif. Peut-être le premier sujet, le premier grand thème, serait : c’est quoi le libre éducatif ? Et finalement, en quoi est-ce important de recourir, voire de produire des logiciels libres et des ressources libres dans le domaine de l’éducation ? Avant de parler vraiment de ce que tu fais, l’importance du libre éducatif.

Alexis Kauffmann : D’accord. Je vais prendre un tout petit peu de hauteur et on va parler rapidement du numérique éducatif. À la fin du mois d’août, j’étais à une sorte d’université d’été du numérique éducatif qui s’appelle Ludovia, dont la thématique était « éthique et sobriété numérique ». Mon directeur, Audran Le Baron, est intervenu et il a proposé quatre leviers d’action en faveur de la société numérique :

  • rationaliser les équipements, je pense que ça parlera aux auditeurs et ça parlera aussi à ceux qui s’intéressent au logiciel libre ;
  • de l’écoconception dans les services numériques ;
  • mutualiser l’infrastructure ;
  • et puis utiliser le numérique éducatif lorsque c’est réellement nécessaire et utile. Et c’est nouveau comme discours, c’est une posture, comment dire, modeste, raisonnée et raisonnable. On est loin du numérique triomphant d’il y a quelques années. Il y a une dizaine d’années par essence c’était moderne, innovant en soi, c’était l’avenir.

Frédéric Couchet : Par exemple, on distribuait des iPads à des collégiens, c’était l’avenir et ça allait marcher par magie, sans formation. Là, il y a un changement.

Alexis Kauffmann : Donc ça ne va pas de soi. Nous, au ministère, nous nous posons la question, tous ensemble : « Pourquoi le numérique éducatif ? ». Ça me paraît assez bien de démarrer comme ça. C’est vrai qu’on est dans une période dans laquelle on se pose cette question-là, notamment parce qu’on parle de transition numérique, mais on parle aussi de transition écologique.

On est évidemment dans un monde numérique, donc on doit éduquer nos élèves, nos enfants, à la citoyenneté numérique, c’est une évidence. Il y a évidemment l’angle « attention à vos données personnelles, attention il ne faut pas abuser des réseaux sociaux, attention au cyberharcèlement ».

Frédéric Couchet : C’est la partie danger, mais il y a aussi la partie opportunités.

Alexis Kauffmann : Exactement. On aura l’occasion d’en parler, mais il y a quand même cette éducation à la citoyenne numérique.
Il y a aussi un numérique qui peut rendre efficace et résilient, on l’a vu en situation de crise, mais aujourd’hui on peut aussi le poursuivre, par exemple lorsque des élèves sont ce qu’on appelle empêchés, ils restent à la maison ou ils restent dans une structure hospitalière, etc.
Il y a aussi tout ce que ça peut apporter à la pédagogie. J’ai 25 ans de carrière derrière moi, j’ai expérimenté toutes sortes d’outils numériques et de dispositifs. Nous avons été élèves avant l’Internet. Quand on rentrait chez soi, on avait juste son cahier pour essayer de comprendre le cours de maths. Si on n’avait pas trop bien compris sur le coup, c’était difficile et on ne pouvait même pas appeler le copain parce que c’était le téléphone avec fil, on dérangeait toute la famille, on était un petit peu tout seul. Alors qu’aujourd’hui, évidemment, non seulement on peut réécouter son prof si jamais il a enregistré, et puis il nous fournit des ressources ; on peut écouter plein d‘autres profs, dans plein de langues, qui vont nous redire la notion ; on peut demander aux copains extrêmement rapidement avec des photos, des machins. On a un accès à la connaissance qui est absolument incroyable par rapport à la vie d’avant, pour nous qui avons connu la vie d’avant.

Pareil quand tu es enseignant et que tu prépares ton cours, tu ne prépares plus tout seul. Avant, on préparait tout seul ! Là, vraiment, on se met en relation sur des groupes, on communique, on collabore, on partage, c’est extraordinaire !

Et puis en classe, avec les élèves, on a des classes hétérogènes : avec le numérique, on peut effectivement différencier, faire des parcours personnalisés, identifier les lacunes pour certains, « pousser plus haut », entre guillemets, les bons élèves.

Le temps du confinement j’ai pratiqué ce qu’on appelle le feed-back, c’est-à dire la rétroaction. Avec l’élève on peut vraiment être dans un dialogue, ce qu’on ne peut pas quand on a une heure de cours, 30 élèves, on n’a pas le temps de se consacrer aux uns et aux autres, on a le temps mais c’est plus difficile.

Le numérique aussi dans l’inclusion : les lecteurs pour les « dys », etc., il y a aussi des choses à ce niveau-là, les dyscalculies, dyspraxies. Il y a des élèves pour qui, avant, c’était plus difficile de suivre le cours parce qu’il y avait un professeur. Là on a différents canaux, différents supports qui peuvent aider. Le numérique est inclusif et, à mon avis, apporte quelque chose à l’inclusion et à l’accessibilité.

Et, dernière chose, le numérique est extraordinaire est pour la collaboration qui est le fait de travailler ensemble entre pairs, la coopération, être créatifs ensemble. Ce n’est pas l’alfa et oméga, mais ça apporte un certain nombre de choses, quelques réponses.

Ceci posé, mine de rien ce n’est plus le cas du numérique triomphant, on a un effet contraire : on a aussi aujourd’hui des mouvements de décroissance radicale qui est de dire « vous avez jeté l’argent par les fenêtres avec vos plans, etc., on ne veut plus de numérique ».
J’ai donné quelques éléments qui me semblent apporter quelque chose à l’enseignement.

À l’intérieur du numérique éducatif, je suis convaincu que le libre éducatif apporte quelque chose.

Maintenant, pourquoi « libre éducatif » ? J’aime bien l’expression. Je t’ai cité mon titre, il est un peu long, « logiciels et ressources éducatives libres », c’est une manière de les condenser, et « éducatif » est l’adjectif qui a pour but l’éducation, donc « le libre qui a pour but l’éducation ». Non seulement je parle logiciels libres, ressources éducatives libres, mais je rajouterais REL pour « ressources éducatives libres », je rajouterais même PEL pour « pratiques éducatives libres ». Si tu veux je peux développer. Je mets tout ça ensemble, que je regroupe dans le libre éducatif. Après, tu vas me demander quelle est la définition. C’est la 150e, j’imagine que vous avez souvent défini le logiciel libre !

Frédéric Couchet : Ce qui est bien c’est que tu fais les questions et les réponses. Je te laisse. Que ce soient des logiciels, des ressources ou des pratiques, elles doivent être librement réutilisables, sans restrictions y compris commerciales. Ce sont les licences logiciels libres et un certain nombre de licences Creative Commons.

Alexis Kauffmann : Dans un premier temps, je ne parlerais même pas de licences, ce sont les libertés, la liberté d’accès, d’usage, d’étude, de modification/adaptation/amélioration et partage. Pourquoi je les cite comme ça ? Si on pense accès, usage, étude, modification, partage dans l’éducation et si on pense que la ressource c’est le savoir, les connaissances, c’est presque naturel si tu veux.

Frédéric Couchet : Surtout pour des professeurs dont l’une des forces, c’est leurs pratiques, les partager et les améliorer. C’est une des forces !

Alexis Kauffmann : Pour moi, on est dans l’ordre de quelque chose d’assez naturel. On peut discuter de pourquoi ça ne l’est pas forcément et pourquoi aujourd’hui le système, entre plein de guillemets, fait apparaître ça presque comme « une bizarrerie », voire comme une alternative. Il n’empêche ! Je travaille aussi, par exemple, à accompagner les communautés d’enseignants qui veulent partager et c’est beaucoup plus facile de le faire sur des systèmes ouverts que fermés ; là encore c’est quelque chose qui me semble assez naturel.

Je me souviens qu’Audran Le Baron, le directeur du numérique éducatif, avait dit que le logiciel libre est compatible à 200 % avec les grandes valeurs qui portent l’éducation. Je suis évidemment tout à fait d’accord avec lui.

Juste un dernier mot, je sais que je suis très bavard, je pense que l’éducation a besoin de logiciel libre, je pense aussi que le logiciel libre a besoin de l’éducation. Tu as commencé à parler de licences. Je pense que c’est aussi l’un des objectifs de cette émission et de l’April de faire connaître ces notions, de faire comprendre. Ce n’est pas simple, déjà, de comprendre ce qu’est un logiciel libre par rapport à un autre. J’ai passé toute ma vie à ça et je n’ai pas forcément toujours bien réussi. Pareil pour les communs numériques. Il y a de la sensibilisation, de la confrontation aussi parce qu’on n’est pas forcément d’accord, mais c’est important de faire comprendre ces notions parce qu’une fois qu’on les a comprises elles sont engageantes.

Frédéric Couchet : D’accord, OK, c’est un échange, mais il faut quand même laisser du temps à ton retour d’expérience, ce qui me paraissait important. Je rappelle que c’est aussi toi qui as proposé ce point sur les logiciels libres éducatifs, de rappeler ce point introductif qui me paraît très complet et très clair.

On va aborder un petit peu le cœur de l’échange. Tu prends ce poste il y a un an, je vais quand même le répéter « chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans la filière du numérique à la Direction du numérique pour l’éducation » et avant, comme tu l’as dit, tu as été notamment créateur de Framasoft.

Je vais faire une toute petite introduction qui ne va pas forcément appeler à un commentaire direct de ta part, mais une question qui est en lien.
Donc tu rejoins le ministère de l’Éducation nationale il y a un an. Le ministère de l’Éducation nationale est plutôt largement connu pour son asservissement aux solutions privatrices de Microsoft, Google, Amazon, etc., je parle bien sûr de l’institution, pas du personnel de l’institution. Sans vouloir refaire tout l’historique qui serait assez long, dernier exemple, dernière étape de cet asservissement, l’offre « gratuite », je mets des guillemets, pour Office 365 pour les élèves et le personnel enseignant. Suite à ça le député MoDem Philippe Latombe, dans une question écrite au ministre de l’Éducation nationale, parle « d’une administration qui donne l’impression d’être vendue à Microsoft ». On va laisser le ministre répondre, je ne vais pas te poser de question là-dessus. Par contre, ce qui m’intéresse, tu as été fondateur de Framasoft, tu en as même été salarié, Framasoft a été très critique envers le ministère, comme l’April, comme plein de gens, j’ai envie de te demander ce qui t’as motivé à prendre ce poste ou à candidater pour ce poste – d’ailleurs je ne sais pas comment ça s’est passé, si tu as répondu à une offre d’emploi. Qu’est-ce qui t’as motivé à aller dans cette structure, vraiment à ce poste-là ?

Alexis Kauffmann : Quelqu’un a pointé un article de 2008 que j’avais écrit sur le blog de Framasoft, sur le Framablog, qui a pour titre « Mon ministère me désespère ou le fabuleux non-destin du logiciel libre à l’école française », que j’avais écrit en tant que résident chez Framasoft. J’ai conscience de ce dont tu parles parce que je l’ai vécu.

Il y a eu beaucoup de consultations internes au ministère sous différentes mandatures. Il y en a eu une au sortir du premier confinement, parce que tout ne s’était pas formidablement bien passé, on a interrogé et, parmi les témoignages de ceux qui sont intervenus, des enseignants souhaitaient « davantage favoriser le logiciel libre et les ressources éducatives libres ». C’est paru dans le bilan, 40 propositions sont sorties des états généraux du numérique et l’une des propositions, telle quelle, explicitement, c’était « favoriser l’usage des logiciels et des ressources éducatives libres ». Dans le cadre de la mise en action de ces propositions, on a créé, en fait, un demi-poste, puisqu’il y a également la mixité, à la Direction numérique pour l’éducation, chef de projet logiciels et ressources éducatives libres. C’était nouveau. On m’a contacté, on voulait savoir si ça m’intéressait, il se trouve que j’étais en fin de contrat, je ne vais pas rentrer dans les détails. J’ai réfléchi et j’ai dit banco, j’ai eu envie de dire chiche ! Quelque part, c’était courageux de leur part, parce que, publiquement, j’avais eu des propos très critiques, parce que c’est vrai qu’à Framasoft on s’est impatientés, voire jusqu’à claquer la porte ! Et ça l’était aussi pour moi, parce qu‘on m’a dit « on va te placardiser, tu vas servir d’alibi, etc. », je l’ai entendu. N’empêche que j’y suis allé, ça fait un an que j’y suis, je ne regrette pas, peut-être l’occasion d’expliquer pourquoi.

Frédéric Couchet : Tu y es allé pour, quelque part on pourrait dire, donner sa chance au produit.

Alexis Kauffmann : Dans ces états généraux du numérique, non seulement il y avait cette proposition fléchée libre, mais il y avait une volonté. Après on peut penser que ce sont des éléments de langage, « on va être plus horizontal, plus de gouvernance partagée », des mots qui me parlaient et, franchement, je trouve que ça s’est effectivement avéré. C’est un peu paradoxal. Pourquoi est-ce paradoxal ? Parce que je suis un mâle blanc, de 50 ans, hétérosexuel, et il en a d’autres, mais mon profil apporte de la diversité, d’ailleurs j’ai dit que j’ai plein de compétences mais en autodidacte, dans le monde associatif, avec l’aventure Framasoft, etc., je ne suis pas bardé de diplômes comme d’autres dans l’administration centrale. Je suis arrivé tel que je suis.

Frédéric Couchet : OK. On comprend bien les motivations. Tu es arrivé en septembre 2021, là, nous sommes en septembre 2022 donc ça fait un an que tu y es. Je confirme que tu n’es pas dans un placard. Ce qui va nous intéresser c’est un peu, justement, ton retour : qu’est-ce que tu as trouvé d’intéressant, qu’est-ce qui t’as surpris ? Par exemple, qu’est-ce que tu as trouvé en arrivant ? Est-ce que la situation du libre éducatif, notamment au ministère, correspondait à ce à quoi tu t’attendais ? C’était pire ou finalement mieux que ce que tu croyais ? Tu es assez libre de répondre à la question.

Alexis Kauffmann : Franchement j’ai été très agréablement surpris. D’abord le projet Apps avait été lancé. C’était quand même un signal tout à fait positif.

Frédéric Couchet : On en reparlera tout à l’heure pour préciser ce que c’est.

Alexis Kauffmann : J’ai été très agréablement surpris par la connaissance du sujet, en tout cas à la direction du numérique. Les gens comprenaient ce qu’est un logiciel libre, les ressources éducatives libres, les Creative Commons, etc.

Frédéric Couchet : Dans tes collègues et au niveau de la direction, notamment au niveau d’Audran Le Baron.

Alexis Kauffmann : Absolument.

Frédéric Couchet : Question : est-ce que le positionnement personnel d’Audran Le Baron joue un rôle important là-dedans ?

Alexis Kauffmann : Je ne peux pas me prononcer. Tout ce que je peux dire c’est que je l’ai twitté hier pour un petit clin d’œil au sujet d’un article qu’il a coécrit en 2003 sur les licences libres, les licences permissives, pas permissives, MIT, GPL[GNU General Public License ], Berkeley, tout ce que tu veux, donc on a quelqu’un qui s’y connaît bien sur le sujet.

Plus globalement je savais qu’il se passait plein de choses, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant d’initiatives. Elles ne sont pas forcément étiquetées « libres » stricto sensu, à 100 %, avec toutes les bonnes licences, etc., mais elles vont dans la direction de la collaboration, du partage, de l’échange. Sans être démago, vraiment, je ne m’y attendais pas. Ça a été une agréable surprise.

Frédéric Couchet : Avant d’entrer peut-être dans des exemples concrets, j’ai une question de nombre : à la Direction du numérique éducatif, combien y a-t-il à peu près de personnes ? As-tu une idée ?

Alexis Kauffmann : J’invite les auditeurs...

Frédéric Couchet : D’accord. Tu as un poste, c’est pour savoir.

Alexis Kauffmann : On a aussi l’animation de réseau, j’avoue que je ne sais pas exactement jusqu’où... C’est une pirouette.

Frédéric Couchet : D’accord. On regardera, c’était pour avoir un petit peu une idée.

Alexis Kauffmann : C’est de l’ordre de plusieurs centaines de personnes.

Frédéric Couchet : OK. D’un point de vue concret, en un an, finalement, quelles initiatives ou quelles choses se sont passées, tu le dis, plus ou moins libres ? Qu’est-ce qui t’as marqué ? Comment pourrais-tu expliquer ce que tu as vu, ce à quoi tu as participé et où on en est aujourd’hui, un an après ? Après, on parlera des perspectives.

Alexis Kauffmann : Je suis arrivé avec deux missions : une qui était plutôt dans de la stratégie et l’autre plutôt de l’ordre de l’animation. La stratégie, c’est définir une stratégie et une feuille de route spécifiques au libre éducatif, collectivement, c’est-à-dire monter un comité, un groupe de travail, etc. De l’autre animation de l’écosystème, en partant notamment de ce que font les enseignants, en étant à leur écoute, en repérant et en valorisant ce qu’ils font.

Je peux te donner un exemple, on vient de sortir pour la rentrée « classe virtuelle ». Classe virtuelle est un outil de visioconférence adapté à un usage scolaire, qui a été utilisé lors du confinement. Lorsque la crise est arrivée, l’outil qui était proposé était opéré par le Cned, c’était un logiciel propriétaire qui s’appelle Blackboard, sur des serveurs Amazon. Logiciel propriétaire Blackboard ça signifie qu’on ne pouvait pas forcément l’adapter à ses besoins, on était obligé de l’utiliser tel quel avec ses fonctionnalités, et puis les serveurs Amazon posaient évidemment des problèmes de protection des données personnelles. Aujourd’hui on est sorti de la crise, ça va être moins utilisé – on croise les doigts, on n’est pas totalement sorti non plus, enfin on est sorti du gros, en tout cas du confinement – c’est remplacé par le logiciel libre BigBlueButton qui est intégré à la suite Apps dont on aura peut-être l’occasion de parler.

Frédéric Couchet : On va en parler maintenant.

Alexis Kauffmann : Non seulement on utilise ce logiciel libre, mais on contribue, on finance du développement. L’année dernière, on a fait tout un retour d’expérience professeurs/élèves, UX [Expérience utilisateur], ce qui va, ce qui ne va pas, ce que vous voudriez qu’on améliore. On a listé, il s’en est dégagé quelques remarques, « il faut faire ceci ». C’est en route, ça a été intégré à la version 2.5. Quand on va sur le dépôt Git de BigBlueButton, il y a un remerciement en anglais pour le ministère de l’Éducation nationale.

Frédéric Couchet : On va préciser sinon les gens vont être perdus.
Dépôt Git, c’est, en gros, un espace internet, site web sur lequel il y a les codes sources de ce logiciel.
BigBlueButton est développé, je ne sais plus si c’est par une entreprise ou une fondation [par une fondation, NdT]. Le ministère de l’Éducation nationale a effectivement investi beaucoup de temps et d’argent dans le développement spécifique de BigBlueButton. Je pense qu’on aura, en tout cas j’espère, l’occasion d’en parler prochainement avec Nicolas Schont, qu’on a invité, mais qui doit demander l’autorisation à sa hiérarchie pour venir et intervenir.

Alexis Kauffmann : C’est comme si on ne se contentait pas de lire Wikipédia mais qu’on y participe également.

Frédéric Couchet : C’est que j’allais expliquer, il y a un fort investissement.

Alexis Kauffmann : Et c’est vraiment nouveau pour moi. C’est vraiment quelque chose qui me semble important. Tu as dit « je ne sais pas exactement qui il y a derrière ». Effectivement, chaque logiciel libre a sa propre gouvernance, ça peut être une fondation, ça peut être une boîte privée, etc. C’est aussi nouveau pour un ministère d’avoir de tels interlocuteurs, d’être en mode de gouvernance partagée et de travailler en bonne intelligence.

Nous avons fait remonter des besoins, nous avons développé des fonctionnalités qui répondent à nos besoins, mais ensuite c’est reversé au code, donc ça bénéficie à tous, utilisatrices et utilisateurs de BigBlueButton à travers le monde, c’est une bonne idée. Mine de rien c’est hébergé en France, chez Scaleway, mais ça aurait pu être aussi sur nos serveurs.

Frédéric Couchet : Scaleway est une entreprise française d’hébergement.

Alexis Kauffmann : Je parle de la classe virtuelle pour un usage professeur/élèves, mais, en plus, on l’utilise aussi entre agents du ministère de l’Éducation nationale, ça porte un autre nom, ça s’appelle Visio-agents, ce sont 40 000 réunions et 200 000 participants par mois, mais c’est aussi ce qui sert de base au webinaire de l’État, qui est utilisé par tous les autres ministères. Il y a une belle mutualisation. Ce projet-là me semble vraiment être un exemple-type de bonne pratique.

Frédéric Couchet : L’annonce officielle a été faite le 5 septembre 2022. J’ai une copie d’un message qui a été envoyé justement par Audran Le Baron et Édouard Geffray, le directeur général de l’enseignement scolaire, pour annoncer cet outil de classe virtuelle basé sur le logiciel libre BigBlueButton, sur lequel le ministère a effectivement fait des modifications très importantes. Je vais juste en lire un extrait : « C’est pour répondre au mieux aux besoins des professeurs et des élèves. Une étude a été menée en 2021 auprès de plus de 1800 professeurs qui ont testé cette nouvelle solution. Les retours ont été très positifs, 92 % recommandent l’usage de cet outil et 84 % estiment qu’il est suffisamment intuitif pour être utilisé sans formation ».

On va en profiter pour parler un peu plus de apps.education.fr. C’est un site web. Comme tu avais commencé à le dire tout à l’heure, pendant la période du premier confinement la plupart des professeurs, et malheureusement aussi des élèves, utilisaient des solutions qu’ils trouvaient sur Internet, c’est-à-dire Zoom, etc. Au ministère, une équipe a commencé à proposer des alternatives libres, ça s’appelait Apps.education, avec de la visio, des choses comme ça, et aujourd’hui je crois qu’il y a une dizaine de services, c’est ça, qui existent sur apps.education.fr.

Alexis Kauffmann : Oui, de cet ordre-là. C’est de l’intégration.

Frédéric Couchet : Aujourd’hui il y a une montée en puissance.

Alexis Kauffmann : C’est une plateforme qui intègre différents services numériques en majorité libres, mais pas que, mais pas tous. Il y a d’autres services.

Frédéric Couchet : Sur apps.education.fr. ce n’est pas que du logiciel libre ? Ah !

Alexis Kauffmann : Non, mais majoritairement. La plateforme intègre, en plus, un système de blogs, de liens, etc. ; la plateforme elle-même est libre. On a contribué à BigBlueButton, on a contribué aussi à PeerTube et la boucle est un peu bouclée pour moi.

Frédéric Couchet : Explique ce qu’est Peertube.

Alexis Kauffmann : C’est une plateforme de partage de vidéos en ligne. On dit que PeerTube est une alternative à YouTube, ce qui est vrai, bien sûr. C’est vraiment une problématique importante pour nous, parce qu’on imagine bien les problèmes que déposer sur YouTube des vidéos qui ont été faites dans un cadre scolaire peuvent poser. Donc là elles sont chez nous et on collabore avec Framasoft. C’est très intéressant et on voit bien, du coup, que les relations ont évolué entre l’Éducation nationale et Framasoft.

Frédéric Couchet : PeerTube est développé par quelqu’un de Framasoft, avec du financement par des dons.

Alexis Kauffmann : PeerTube est une sorte d’alternative à YouTube, BigBlueButton est une sorte d’alternative à Zoom, etc., et on a aussi Nextcloud qui est une sorte d’alternative à Google Drive, Google Docs, etc.

Frédéric Couchet : Qui offre beaucoup d’applications dont on a déjà parlé dans Libre à vous !. Je vous renvoie sur libreavous.org, vous cherchez Nextcloud grâce au moteur de recherche.

On va faire une petite pause musicale. Tu as aussi choisi cette pause musicale. Nous allons écouter Our lives change par Tryad. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Our lives change par Tryad.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Our lives change par Tryad, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions.

[Jingle]

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec notre sujet principal, qui porte toujours sur le libre éducatif, avec Alexis Kauffmann qui est chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans les filières du numérique à la Direction du numérique pour l’éducation.

Si vous souhaitez participer à notre conversation, vous pouvez nous appeler au 09 72 51 55 46, ou vous pouvez venir sur le salon web dédié à l’émission sur le site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous.

Juste avant la pause musicale, nous parlions d’un ministère qui n’est pas simplement utilisateur de logiciels libres mais qui contribue aussi au logiciel libre, on a pris l’exemple du logiciel de visioconférence BigBlueButton et de l’offre de classe virtuelle qui vient d’être annoncée par le ministère. Je suppose qu’il y a aussi d’autres choses, tu as parlé d’animation d’écosystème, peut-être de retour d’expérience de professeurs. Revenons de nouveau sur du concret, sur ce qui s’est passé cette année, cette première année en poste, Alexis.

Alexis Kauffmann : Oui. Surtout que la classe virtuelle, ce n’est pas du tout moi qui ai participé.

Frédéric Couchet : En tout cas c’est un très bon exemple de ce qui se passe.

Alexis Kauffmann : C’est aussi pour montrer comment le ministère évolue dans la bonne direction, en l’occurrence selon moi.

Pour ce qui est de l’animation de l’écosystème, avec justement cette expérience de Framasoft, je pense, modestement, avoir peut-être apporté quelque chose. Il y a 800 000 professeurs et tous ont plus ou moins bac + 5.

Frédéric Couchet : Sauf ceux qu’on recrute actuellement, tu n’aurais pas dû me dire ça, parce que si tu me lances là-dessus ! Actuellement ce n’est pas tout à fait ça, malheureusement !

Alexis Kauffmann : Je n’aurais pas dû dire ça. C’est ma faute ! Toujours est-il, et je l’avais constaté dès mon arrivée à l’Éducation nationale et aussi en travaillant avec Framasoft, qu’il se passe plein de choses. Il y a des énergies, il y a des projets qui, par le passé, n’ont peut-être pas été assez repérés, accompagnés, soutenus, écoutés, valorisés et puis, peut-être, regroupés dans quelque chose de cohérent avec des structures et des moyens qui vont avec. J’ai fait une grande concertation pour avoir une cartographie la plus exhaustive possible de ce qui se passe, en relation avec les académies, parce qu’il y a là aussi plein de structures, il y a des référents numériques, etc. Le fait de faire confiance aux enseignants et de les mettre dans les meilleures conditions pour qu’ils créent et partagent ensemble, ça me paraît vraiment important. La valorisation ça peut être simplement les identifier, les inviter à des évènements. Typiquement, les choses nouvelles, c’est qu’on a soutenu, on a subventionné pour la première fois des associations qui ne l’étaient pas par le passé ; ce ne sont pas des sommes faramineuses, c’est une amorce, c’est une reconnaissance formelle, je peux les citer :
il y a Wims, qui est une plateforme d’exercices mathématiques libres, qui existe depuis 25 ans ;
l’AEIF [Association des Enseignantes et Enseignants d’Informatique de France] qui est une nouvelle association de professeurs de NSI, Numérique et sciences de l’informatique. Les professeurs de NSI sont assez figure de proue parce qu’en informatique le partage est quand même assez naturel, au moins au stade de l’éducation et de l’université ;
AbulÉdu.fr, ce n’est pas la première fois qu’ils sont soutenus.

Frédéric Couchet : Rappelle ce que c’est.

Alexis Kauffmann : AbulÉdu est une association historique de soutien et de promotion du logiciel libre dans l’éducation. En l’occurrence, ils proposent une alternative à Twitter qui s’appelle Edutwit, parce que c’est vrai que ce n’est pas forcément une bonne idée de suggérer aux élèves de participer à Twitter. Sur Edutwit, on a une plateforme qui est hébergée et sécurisée.
PrimTux est une distribution GNU/Linux adaptée à l’école primaire ; c’est un dérivé d’Ubuntu, non seulement on a l’OS libre et on a tous les logiciels libres qui vont avec, mais on a aussi plein de ressources pédagogiques libres dessus, par exemple GCompris qui est une suite éducative qui peut être utilisée aussi bien à l’école qu’à la maison. Je suis papa d’un enfant de six ans, il a PrimTux sur son ordinateur, il est absolument ravi et la sélection des activités est tout à fait intéressante, intelligente. Il a découvert tout seul comment jouer aux échecs. C’est une solution très intéressante qu’on essaye de déployer le plus possible dans les écoles primaires, ce n’est pas toujours facile parce que l’agenda des collectivités n’est pas forcément le même que le nôtre, etc.

Valorisation collective, aussi valorisation individuelle. On peut avoir ce qu’on appelle des IMP, c’est-à-dire des indemnités pour missions particulières, un volant d’heures qu’on peut distribuer. Par le passé j’ai vu des collègues un peu s’épuiser dans leurs projets. Là encore, ce ne sont pas forcément des sommes énormes, mais c’est une première reconnaissance. Vous avez créé et partagé quelque chose d’intéressant, vous êtes reconnu pour cela. Je peux donner un exemple. En Corse, au lycée Laetitia Bonaparte à Ajaccio, deux collègues, Apollonie Raffalli et Christelle Thiry, professeures d’informatique en BTS SIO, Services informatiques aux organisations, proposent une suite d’applications libres pour l’enseignement d’économie et gestion. Là encore c’est une intégration d’un ensemble avec PrestaShop, CRFsuite, des logiciels de gestion, économie, relation clients, je ne suis pas un grand spécialiste de tout ça. Elles ont intégré et elles l’ont développé, en plus elles font ça avec leurs étudiants et leurs étudiantes, c’est assez impressionnant, ça mérite d’être reconnu.

J’ai aussi participé à l’organisation, j’étais venu en parler très rapidement l’année dernière, de la Journée du Libre Éducatif à Lyon, qu’on a coorganisée avec l’académie de Lyon. C’était aussi l’occasion d’inviter tous ces porteurs de projets — enseignants, communautés d’enseignants, associations d’enseignants — à montrer ce qu’ils font, à partager, à échanger. C’était aussi quelque chose qui manquait peut-être, en plus avec la joie de se retrouver en présentiel.

Je peux donner aussi un autre exemple avec trois logiciels qui sont très différents mais dont l’approche est un peu la même : Vikidia, Minetest et Lichess.—
On va dire que Vikidia c’est la Wikipédia par et pour le jeune public, en tout cas ça repose sur le même moteur wiki. C’est une encyclopédie qui est plus adaptée. Il y a eu des projets d’édition de Wikipédia faits avec des élèves, c’est très compliqué parce qu’aujourd’hui Wikipédia est très impressionnante, ce sont 2 millions 500 000 articles sur la Wikipédia francophone, souvent très bien structurés, ce sont quasiment des articles académiques. Vikidia n’a que 40 000 articles. Il y a plein de situations pédagogiques, on peut inviter professeurs et élèves à éditer dessus.

Minetest est l’équivalent, un peu le clone libre, de Minecraft. Minecraft a été racheté pour je ne sais pas combien de milliards par Microsoft, donc c’est sur des serveurs américains. Avec Minetest, on peut avoir son propre serveur, on peut l’adapter à ses besoins, on peut le personnaliser. Il y a des projets pédagogiques sur Minetest, un beau projet qui s’appelle MineStory où les élèves, les classes, vont choisir un élément du patrimoine à côté de leur établissement scolaire, une ruine gallo-romaine, une église, un beau bâtiment architectural, vont l’étudier — la ville est aussi ravie de participer parce que ça valorise son patrimoine —, ils font aussi leur article Vikidia en passant, et puis ils vont le modéliser en 3D dans un univers type Minecraft sur Minetest. Ça pose plein de compétences mathématiques, architecturales, évidemment aussi histoire, histoire de l’art. Ensuite les différentes classes mettent tout ça en commun sur une même carte et vont visiter virtuellement les monuments qui ont été créés. C’est un bel usage.

Et Lichess, qu’est-ce que c’est ? C’est une plateforme d’échecs en ligne qui est complètement open, complètement ouverte, qui a d’ailleurs été créée en France, c’est une belle réussite du numérique français. Là, on a des usages.

Pourquoi je te donne ces trois exemples ? C’est qu’il y a des usages pédagogiques en classe aussi bien avec Vikidia, Minetest et Lichess, mais pas que. Quand les élèves se créent leur compte avec leur professeur pour un projet pour une année, ils peuvent le conserver et ils peuvent continuer à éditer sur Vikidia, ils peuvent continuer à jouer dans les univers Minetest, et ils peuvent continuer, évidemment, à jouer aux échecs en ligne si, de temps en temps, ils veulent jouer avec des partenaires qui sont distants. C’est intéressant de valoriser ces projets et c’est intéressant aussi de voir comment on peut soutenir le développement des logiciels libres qui sont derrière, Minetest, Litchess et Vikidia. En ce moment, on est justement en train de discuter avec Litchess pour voir comment on peut trouver un partenariat.

Frédéric Couchet : Les aider financièrement ? En termes de ressources humaines ?

Alexis Kauffmann : Oui, financièrement. On a par exemple un beau dispositif qui s’appelle Eduhub et là aussi c’est nouveau. On a des dispositifs d’appels à projets assez classiques, souvent réservés un peu au monde de l’entreprise, à l’EdTech [Educational technology] comme on dit. On a d’autres dispositifs qui sont plus souples, qui accueillent les associations, notamment Eduhub qui est un dispositif pour créer et partager de la ressource numérique ducative. Parmi les derniers lauréats il y a deux projets, un qui est Polymny, qui vient de l’université de Toulouse, qui n’est même pas une association mais une Scic, Société coopérative d’intérêt collectif, qui propose en ligne un outil pour créer des capsules vidéos. Ce qu’on appelle les capsules vidéos ce sont des capsules pédagogiques, j’invite les auditeurs à tester Polymny s’ils ne connaissent pas, c’est super pour créer des petites vidéos à partir d’un PDF. Vous avez un PDF qui va faire différentes diapos et vous pouvez vous incruster en vidéo un peu où vous voulez, parler avec un prompteur. Comme aujourd’hui le média vidéo courte est très utilisé !

Frédéric Couchet : Tout à fait, même très courte !

Alexis Kauffmann : C’est vrai, de plus en plus courte. D’ailleurs on nous demande souvent « tu n’as pas une vidéo très courte pour ceci, pour cela ? », donc c’est très intéressant de pouvoir en créer avec une certaine facilité et avec une belle ergonomie. Donc Polymny soutenu par un dispositif Eduhub.

Un autre projet, que je trouve intéressant, est « Je fabrique mon matériel pédagogique ». Là on est plutôt dans des fab labs où les enseignants peuvent fabriquer en impression 3D. Je pense par exemple au Glisse-nombre. Qu’est-ce que c’est ? Le Glisse-nombre sert pour enseigner la position des chiffres dans un nombre, on est à l’école primaire. Le fichier numérique de ce Glisse-nombre est ouvert, à disposition de tous. Si l’enseignant a à disposition une imprimante 3D – et c’est vrai que ça se démocratise dans les établissements scolaires, on a aussi des projets fab labs dans les écoles – il prend le fichier, il est libre, il est à disposition et il imprime son Glisse-nombre pour l’utiliser avec ses élèves. Le partage de fichiers numériques qui donnent ensuite des objets 3D est quelque chose de nouveau et quelque chose d’intéressant.

Frédéric Couchet : Le temps file très vite, Alexis, on est bientôt à la fin de l’échange. Tu as récemment envoyé un message, un tweet sur un réseau social, disant « le directeur du numérique éducatif, Audran Le Baron, ne s’en cache pas. Il a bien l’intention de développer le logiciel libre et les communs numériques dans un secteur où l’esprit de collaboration et de partage des savoirs est moteur ». Une petite question, peut-être préciser ce qu’est un commun, en tout cas dans l’esprit d’Audran Le Baron. Et deuxième question : quelle est la stratégie qui va être mise en place pour atteindre ces objectifs ? Est-ce qu’il y a déjà des choses concrètes ? Est-ce que c’est une stratégie qui va être annoncée dans quelque temps ? Concrètement, qu’est-ce qui va arriver ?

Alexis Kauffmann : Ce qui va arriver c’est qu’on va publier notre stratégie numérique éducatif 2022/2027. Je ne peux pas en parler parce qu’elle n’est pas encore finalisée. C’est vrai que les communs numériques, sans le dévoiler, feront partie des axes forts et, d’ailleurs, regroupent et englobent le libre éducatif. Dois-je définir ce qu’est un commun numérique ?

Frédéric Couchet : Peut-être en une phrase. C’est compliqué en une phrase !

Alexis Kauffmann : On va dire que c’est une ressource produite et entretenue collectivement par une communauté et gouvernée par des règles, tout ça ce sont des mots importants, qui lui assurent son caractère collectif et partagé. On a trois mots-clefs : ressources, communauté et gouvernance. C’est intéressant parce qu’on ne se focalise plus sur la ressource, c’est vrai qu’on s’est beaucoup focalisé sur la production de ressources, c’est aussi quelle gouvernance et gouvernance partagée. Ça oblige, en tout cas ça fait en sorte qu’on travaille en commun et qu’on prenne soin de la ressource. C’est aussi penser la ressource. On ne réinvente pas la roue. Quand on est sur un projet, c’est : qu’est-ce qui existe déjà ? Comment améliorer ce qui existe déjà ? Comment s’assurer aussi que ça va être pérenne ? Ça amène à penser formats ouverts, interopérabilité, etc.

Audran Le Baron a parlé de communs numériques sur un projet qui s’appelle Eléa, un projet autour de Moodle. Ce qui est intéressant c’est que l’expression a eu un certain écho, il a dit à cette occasion : « Je rêve de créer la Wikipédia des ressources pédagogiques libres », ce qui est symboliquement fort. C’est aussi très intéressant dans l’image qu’a Wikipédia dans l’éducation. Là, tout d’un coup, Wikipédia est devenu un objectif à atteindre, alors que, par le passé, ça a pu être quelque chose qui avait beaucoup plus un effet repoussoir.

Frédéric Couchet : Éléa c’est quoi ?

Alexis Kauffmann : Éléa est un projet basé sur Moodle. Moodle est un logiciel d’apprentissage en ligne, pour le dire très rapidement. Moodle est un logiciel libre. Sur ce logiciel libre on va inviter professeurs et élèves à travailler, les professeurs vont créer des parcours pour les élèves et ils vont pouvoir partager ces parcours entre eux. Ils vont créer de la ressource éducative, parce que ces parcours seront partagés sous licence libre. On ne va pas inciter, on invitera les enseignants à partager leurs parcours, à les améliorer ensemble, etc. On a un peu toute la chaîne, on repose sur un logiciel libre avec toutes ses qualités, c’est-à-dire qu’on peut l’adapter, on peut contribuer au code, etc. ; c’est ouvert, c’est sur nos serveurs, etc. Et puis on incite professeurs et élèves à travailler dessus, à partager, à enrichir des parcours, etc. C’est un bel exemple de commun numérique parce que c’est aussi envisagé avec une bibliothèque. Beaucoup de ressources numériques ont été créées, mais on ne sait pas où elles sont.

Frédéric Couchet : On a du mal, entre guillemets, à les « relocaliser ». Je précise comment s’écrit Éléa, sur le salon web il y a des remarques par rapport à l’orthographe. On mettra toutes les références sur la page consacrée à l’émission sur libreavous.org et sur causecommune.fm.

Si on a bien compris, dans quelques semaines, dans quelques mois, il y aura l’annonce d’une stratégie 2022/2027 du ministère de l’Éducation nationale. Pour l’instant tu ne peux rien annoncer, on ne veut pas te poser plus de questions, mais on a cru comprendre que les communs numériques en feraient partie.

Alexis Kauffmann : Ce n’est pas que je ne veux rien annoncer. L’exemple que j’ai cité avec la classe virtuelle, le soin nouveau qu’on apporte à cet écosystème parce que le partage est dans l’ADN des professeurs.

Frédéric Couchet : Oui, c’est dans leur ADN.

Alexis Kauffmann : Inciter au partage et valoriser ce partage, on ne l’a peut-être pas assez fait par le passé.

Frédéric Couchet : Et l’accompagnement au partage.

Alexis Kauffmann : Aussi leur faire confiance et s’intéresser. Plutôt que leur apporter de la ressource qui vient d’en haut.

Frédéric Couchet : Tu veux dire que le ministère de l’Éducation nationale va s’intéresser aux professeurs ! Je blague ! [Rire]

Alexis Kauffmann : C’est perfide, je ne répondrai pas à cette attaque perfide !

Frédéric Couchet : Je peux me permettre d’être un peu perfide. En tout cas, c’est une invitation publique que nous lançons à Audran Le Baron et à ses équipes, de venir présenter cette stratégie qui ne couvre pas, évidemment, que le numérique, c‘est stratégie globale pour l’école, si j’ai bien compris.

Alexis Kauffmann : Si, ce sera notre stratégie du numérique éducatif !

Frédéric Couchet : D’accord, mais ça ne couvre pas que le logiciel libre.

Alexis Kauffmann : Non, bien sûr que non. Le logiciel libre n’est pas non plus l’alpha et l’oméga.

Frédéric Couchet : Tout à fait. On arrive bientôt à la fin et à la toute dernière question. Ça fait un an que tu es là, tu as donc un contrat, je suppose, de trois ans, tu t’inscris dans la continuité. Je précise les évolutions positives qu’on peut noter dans les ministères, il y a aussi la Direction interministérielle du numérique, la DINUM, avec notamment Bastien Guerry et l’équipe des BlueHats, c’est-à-dire les personnes qui s’intéressent et qui développent des logiciels libres dans l’administration, c’est en parallèle et c’est à peu près la même période. On voit une dynamique.

Alexis Kauffmann : C’est très important. Nous ne sommes pas seuls. Suite au rapport Bothorel et à la circulaire Castex, on a un réseau AGDAC, des admistrateurs des algorithmes, des données et des codes sources. Dans l’enseignement supérieur on a le Plan national pour la science ouverte. On a aussi Henri Verdier, ambassadeur du numérique, qui a récemment poussé les communs. Il y a beaucoup de choses. Certains disent parfois que les planètes sont alignées, je suis prudent et le slogan de Framasoft est La route est longue mais la voie est libre.

Frédéric Couchet : Tu veux dire que Jupiter est avec nous ? C’est ça ? Je finis avec les questions perfides.

Alexis Kauffmann : Je dirais que la séquence est quand même très favorable.

Frédéric Couchet : Avant-dernière question rapide que je voulais te poser. Tu as fait un an, il te reste encore du temps. Est-ce que, pour les années à venir, tu as déjà des idées, des projets ou des choses sur lesquelles tu voudrais un peu plus appuyer, même si, peut-être, tu ne peux pas trop en parler parce que je pense que ça fait partie de la stratégie ?

Alexis Kauffmann : Je pense que les communs numériques vont faire partie d’un des axes forts de notre stratégie et je serai partie prenante. On ne peut pas en dire exactement plus. C’est une chose.
L’amorce de soutien individuel, collectif, événementiel, etc., qui, pour l’instant, est très modeste en termes de moyens, j’espère, avec d’autres, l’amplifier, parce que ça me semble vraiment important dans cette période où le contexte est quand même difficile pour l’Éducation nationale aujourd’hui, on va le dire comme ça. Faire confiance aux enseignants et les mettre dans de bonnes conditions pour travailler ensemble me semble vraiment très important.

Frédéric Couchet : Sur le salon web, on nous signale que le logiciel libre est bien l’alpha et l’oméga.

Alexis Kauffmann : Évidemment !

Frédéric Couchet : Évidemment ! En plus ça commence à troller sur les jets privés. En tout cas, ce sont effectivement des choses très intéressantes et dans un an, évidemment, tu seras de nouveau notre invité, ou même avant. Tu es invité permanent ici, quand tu as envie d’intervenir et de nous faire un point d’étape. On arrive en fin de sujet principal, la question finale, classique, que l’on pose : pour conclure, quels sont éléments clefs à retenir de cette intervention ? En moins de deux minutes, Alexis.

Alexis Kauffmann : En moins de deux minutes !
J’estime, et c’est peut-être un peu immodeste de le dire comme ça : si on fait le partage public - commun - privé, j’estime que je viens un peu des communs avec Framasoft, c’est intéressant que le public accueille un peu de gens qui viennent des communs dans des structures institutionnelles — tu as aussi parlé de la DINUM — et que les gens qui viennent des communs acceptent aussi d’y aller ; ça me semble quelque chose d’important. Que de plus en plus nombreuses soient les institutions qui offrent ce genre de poste me semble quelque chose d’intéressant. Une première chose.

La deuxième. L’État contributeur, ce n’est pas rien. Pour l’instant, nous sommes tout seuls à contribuer à BigBlueButton. BigBlueButton est utilisé dans toute l’Europe. Je suis allé en Espagne et je vois aussi qu’en Allemagne ils utilisent BigBlueButton dans leurs systèmes éducatifs. Imagine qu’ils se mettent aussi à contribuer ! Imagine que tous les pays européens se mettent à contribuer ! Là, on aura des moyens et on aura des logiciels du feu de dieu, et Nextcloud va rattraper Google Drive, etc. Cette question de contribution est vraiment importante, et ça me semble de l’argent public bien dépensé. Deuxième idée.

Troisième idée, ce n’est pas démago : nos professeurs sont formidables, ils ont la création et le partage dans leur ADN, offrons-leur les meilleurs dispositifs qui soient pour qu’ils puissent travailler, échanger, partager ensemble.

La quatrième idée, on va dépasser les deux minutes, c’est un discours un peu d’optimisme. Le contexte est délicat, mais je suis vraiment très agréablement surpris après cette année au ministère, et j’ai l’impression que plein de choses peuvent se faire et non pas le Libre pour le Libre, mais pour le plus grand bénéfice des professeurs et surtout des élèves.

Frédéric Couchet : Merci. Je précise juste, je vois une réaction sur le salon web, que dans l’intitulé de ton poste, il est question de mixité. On a choisi de ne pas en parler pour en parler ultérieurement, avec un sujet dédié, et laisser le temps nécessaire à cette partie-là pour ne pas juste la traiter en une minute, parce qu’elle mérite beaucoup plus. Je renvoie à toutes les émissions qu’on a déjà faites sur ce sujet en général, sur la diversité en informatique, et on va en reparler très prochainement.

Merci Alexis. C’était Alexis Kauffmann qui est professeur de mathématiques, fondateur de Framasoft et actuellement chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans les filières du numérique à la Direction du numérique pour l’éducation.
Belle journée Alexis.

Alexis Kauffmann : Merci. À bientôt.

Frédéric Couchet : On va faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : On va écouter le dernier morceau des pauses musicales, proposé par Alexis. On va écouter un morceau d’un artiste qui s’appelait CyberSDF, le nom d’artiste de Laurent Seguin, une figure du logiciel libre en France, malheureusement décédé en 2020 à l’âge de 44 ans. Nos pensées vont à Laurent et à ses proches. Nous allons écouter Flame And Go par CyberSDF. On se retrouve dans quatre minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Flame And Go par CyberSDF.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Flame And Go par CyberSDF, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution.

[Jingle]

Frédéric Couchet : J’en profite pour signaler que les musiques des jingles que vous entendez sont également de CyberSDF, c’était la musique Dolling.

Nous allons passer au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Chronique « Le libre et la sobriété énergétique » de Vincent Calame, bénévole à l’April, « Qu’est-ce que la sobriété énergétique ? »

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec une nouvelle chronique mais pas un nouveau chroniqueur. Nous accueillerons un nouveau chroniqueur, soyez au rendez-vous, on vous l’annoncera le 13 septembre.
En effet Vincent Clame change de chronique. Cette saison, il va proposer des chroniques sur le thème « Le libre et la sobriété énergétique ». Le premier chapitre, aujourd’hui, est intitulé « Qu’est-ce que la sobriété énergétique ? ». Bonjour Vincent.

Vincent Calame : Bonjour Frédéric.
« Fin de l’abondance » selon Emmanuel Macron, « entreprises exhortées à prendre leur part », par Élisabeth Borne, la question de l’énergie est devenue LA question de la rentrée, je pense que je n’apprends rien à nos auditrices et auditeurs. Il a fallu l’ignoble agression de l’Ukraine par Poutine pour mettre au centre des préoccupations un concept défendu de longue de date par celles et ceux préoccupés par le changement climatique : la sobriété énergétique. Je ne suis pas spécialiste de ces questions, mais devant l’importance de l’enjeu, qui va bien au-delà du problème conjoncturel de la coupure du robinet de gaz russe pour cet hiver, j’ai trouvé intéressant d’explorer tout au long de cette année les liens entre le Libre et la sobriété énergétique. Par Libre, j’entends bien sûr le logiciel libre, mais aussi tous les communs numériques qui viennent juste de nous être présentés.

Comme nous le verrons les liens sont profonds et ne se limitent pas à la seule contribution « technique » du Libre à la sobriété énergétique. Nous les aborderons au fil des chroniques de cette saison qui seront autant de chapitres sur le sujet.

Frédéric Couchet : Tu précises que tu n’es pas un spécialiste de cette question.

Vincent Calame : Tout à fait. Mon but n’est pas de délivrer une expertise, que je n’ai pas, et mes connaissances sont encore très lacunaires. L’idée c’est d’explorer ensemble cette problématique. J’invite en particulier celles et ceux qui nous écoutent à nous transmettre toutes ressources de leur connaissance sur le sujet, nous sommes preneurs et ils viendront enrichir les références de la chronique.

Frédéric Couchet : Ces personnes peuvent intervenir sur le salon web, causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous, dans les commentaires des podcasts, ou encore via notre page contact sur causecommune.fm, soit sur libreavous.org.
Pour ce premier chapitre d’introduction, tu veux revenir sur le concept même de « sobriété énergétique ».

Vincent Calame : Oui, c’est toujours nécessaire de s’entendre sur les termes. Nous savons tous ce que veulent dire les mots « sobriété » et « énergie », ce ne sont pas des mots savants, donc je pense que nous avons tous une petite idée de ce que signifie « sobriété énergétique ». Cependant, comme pour tout concept, sa définition est variable suivant l’endroit d’où l’on parle. Il n’est pas sûr que « sobriété énergétique » signifie la même chose pour un ministre, un chef d’entreprise, un scientifique, un militant ou un simple citoyen.

Pour ma part, je vais m’appuyer tout au long de ma chronique sur un ouvrage, Le petit traité de sobriété énergétique, de Barbara Nicoloso aux Éditions Charles Léopold Mayer, paru en 2021 et d’ailleurs disponible en téléchargement sur le site de l’éditeur. Dans cet ouvrage, Barbara Nicoloso indique, je cite, « qu’on peut envisager la sobriété énergétique comme une démarche volontaire et organisée de réduction des consommations d’énergie et des ressources naturelles, par des changements de mode de vie, de pratiques, de valeurs, de normes, de comportements et de modes d’organisation collective ».

Lu comme ça, à la radio, cela peut paraître un peu indigeste et comme il est parfois plus facile de définir un concept par ce qu’il n’est pas ou par ce à quoi il s’oppose, je vais m’appuyer sur deux éclaircissements fournis par l’autrice Barbara Nicoloso dans son ouvrage.

Premièrement, si on parle maintenant « sobriété », c’est qu’avant, il y a eu « ébriété », ne l’oublions pas ! Le problème, ce n’est pas tant l’abondance de l’énergie que sa sur-consommation depuis plusieurs décennies, dans une course effrénée à la puissance. Nous savons tous ce que cela donne avec une forte consommation d’alcool : on finit par se réveiller avec une sacrée gueule de bois ! C’est ce qui nous arrive aujourd’hui avec l’énergie : après des fêtes de fin d’année bien arrosées, qui ont duré une cinquantaine d’années, nous devons nous attendre à vivre un janvier sec et froid ! Cette notion d’ébriété est importante, car nous ne pouvons pas appeler à la sobriété sans analyser et critiquer « l’ébriété énergétique » qui caractérise nos sociétés depuis des décennies, voire depuis la révolution industrielle.

Deuxièmement, deuxième éclaircissement, il est nécessaire de distinguer la sobriété énergétique de la seule « efficacité énergétique ». L’efficacité énergétique, c’est l’amélioration technique des rendements. C’est bien sûr fort utile, mais l’efficacité énergétique seule ne conduit pas à la diminution de la consommation d’énergie, c’est même souvent le contraire, ce que les spécialistes appellent un effet rebond. Par exemple, l’amélioration des moteurs va pousser les constructeurs à proposer des voitures plus grosses et plus confortables qui seront, de ce fait, encore plus utilisées ! Autrement dit, une approche purement technique est vouée à l’échec. La sobriété énergétique est d’abord une question politique qui touche directement à notre modèle de société et à nos modes de vie.

Voilà pour cette introduction. Et si on vous parle d’un objet à première vue très technique qui est, en fait, éminemment politique, cela devrait vous rappeler quelque chose ? Non ? C’est exactement le cas du logiciel libre, bien sûr ! En tout cas, me semble-t-il, tel que nous le défendons ici.
Voilà déjà un point commun entre logiciel libre et sobriété énergétique que je vous laisse méditer en attendant la suite.

Frédéric Couchet : Merci Vincent. Les auditeurs et auditrices ont bien compris que c’est une chronique par chapitres. Tu as dit tout à l’heure qu’il n’est pas sûr que sobriété énergétique signifie la même chose pour un ministre, un chef d’entreprise, un scientifique, un militant ou un simple citoyen, j’ajouterai aussi pour les gens du PSG, visiblement, avec leur histoire de char à voile, c’est dans l’actualité aujourd’hui.

En tout cas n’hésitez pas si vous avez des remarques sur cette chronique. On a hâte d’écouter la suite. Si vous avez des commentaires, vous allez sur causecommune.fr et sur libreavous.org, vous y trouverez les moyens de nous contacter. Si vous avez des messages, nous les enverrons évidemment à Vincent qui se fera un plaisir d’y réfléchir et de les répercuter dans un prochain chapitre. Étienne parlait ce matin de traiter prochainement le sujet du logiciel libre et…, vas-y !

Étienne Gonnu : C’est une ébauche, une réflexion, peut-être un sujet, effectivement, sur l’informatique et les considérations environnementales, l’écologie. C’est un sujet à définir mais qui est d’actualité.

Frédéric Couchet : Qui fera sans doute l’objet de plusieurs émissions.
C’était la nouvelle chronique de Vincent Calame « Le libre et la sobriété énergétique ». Merci Vincent et belle journée.

Vincent Calame : Merci à toi.

Frédéric Couchet : Nous allons finir par quelques annonces.

[Virgule musicale]

Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre

Frédéric Couchet : Isabella, ma collègue, a parlé tout à l’heure avec Tebben Geerlofs de la Fête des Possibles, du 9 au 25 septembre, plein d’événements libristes, plein d’événements pour un monde meilleur. Plus spécifiquement, pour ce qui nous concerne directement, Isabella l’a annoncé, un apéro April et découverte des services en ligne libres de notre Chapril, là où vous pouvez découvrir des services comme la création de sondages, de la visioconférence, etc. Cet apéro et cette présentation des services aura lieu vendredi 23 septembre, à partir de 19 heures au local de l’April, dans le 14e arrondissement de Paris.

De son côté, la radio fait une journée portes ouvertes au studio, vendredi 16 septembre 2022, c’est dans le 18e arrondissement de Paris. Vous retrouvez les informations sur libreavous.org et sur causecommune.fm.

Ce week-end, c’est le retour de la Fête de l’Huma, qui déménage, elle n’est plus à la Courneuve, elle est maintenant au Plessis-Pâté, dans le 91. Il y aura un espace numérique libre Yann Le Pollotec, c’était un militant communiste et aussi militant libriste, qui est malheureusement décédé il y a quelques années. C’est du 9 au 11 septembre 2022. Il y aura un espace avec des associations logiciel libre.

Je vous invite à consulter le site de l’Agenda du libre, agendadulibre.org, pour trouver des événements en lien avec les logiciels ou la culture libre près de chez vous, et également des organisations qui sont disposées à vous aider dans votre acculturation aux logiciels libres et à vous accompagner dans vos premiers pas.

Notre émission se termine.

Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission : Isabella Vanni, Tebben Geerlofs, Alexis Kauffmann, Vincent Calame.
Aux manettes de la régie aujourd’hui, l’as des as, Étienne Gonnu. Je ne sais pas si tu as trouvé la référence, tu nous le diras tout à l’heure.
Merci également aux personnes qui s’occupent de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang1, bénévoles à l’April, et Olivier Gréco, le directeur d’antenne de la radio.

Vous retrouverez sur notre site web, libreavous.org/, toutes les références utiles, ainsi que sur le site de la radio, cause-commune.fm.
N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu, mais aussi les points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l’adresse contact@-libreavous.org.
Si vous préférez nous parler, vous pouvez nous laisser un message sur le répondeur de la radio, pour réagir à un des sujets de l’émission, pour partager un témoignage, vos idées, vos suggestions, vos encouragements ou pour nous poser une question. Le numéro du répondeur est 09 72 51 55 46.

Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission. Si vous avez aimé cette émission n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles, d’autant plus que cette semaine, c’est la rentrée de la plupart des émissions de la radio.

La prochaine émission Libre à Vous ! aura lieu en direct mardi 13 septembre 2022 à 15 h 30. Notre sujet principal portera sur la reproductibilité des environnements logiciels pour la recherche.

Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 13 septembre et d’ici là, portez-vous bien.

Générique de fin d’émission : WeSoftware Heritage Tone par Realaze.