Émission Libre à vous ! diffusée mardi 23 septembre 2025 sur radio Cause Commune Sujet principal : Le langage de programmation Python

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Julie Chaumard : Bonjour à toutes, bonjour à tous dans Libre à vous !. C’est le moment que vous avez choisi pour vous offrir une heure trente d’informations et d’échanges sur les libertés informatiques et également de la musique libre.
Le langage de programmation Python sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique de Benjamin Bellamy sur les VPN, et la chronique de Vincent Calame sur l’ouvrage d’Éric Sadin, La Vie algorithmique.

Soyez les bienvenu·es pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Julie Chaumard, administratrice de l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter.

Nous sommes mardi 23 septembre 2025.
Nous diffusons en direct sur radio Cause Commune, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast. Nous saluons également les personnes qui nous écoutent sur Radio Cigaloun, Radios Libres en Périgord et sur Radio Quetsch.

À la réalisation de l’émission aujourd’hui Bookynette, présidente de l’April. Bonjour Booky.

Magali Garnero alias Bookynette : Salut Julie. Salut les autres.

Julie Chaumard : Nous vous souhaitons une excellente écoute.
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[Jingle]

Chronique « Le truc que (presque) personne n’a vraiment compris mais qui nous concerne toutes et tous » de Benjamin Bellamy – « Pourquoi vous devez absolument utiliser un VPN »

Julie Chaumard : Nous allons commencer avec la chronique « Le truc que (presque) personne n’a vraiment compris mais qui nous concerne toutes et tous » par Benjamin Bellamy, qui est avec nous sur le plateau et qui s’est fixé pour mission de rendre accessibles ces concepts complexes de notre société numérique. Il explique comment survivre dans un monde connecté en décryptant des aspects souvent perçus comme difficiles, parce qu’on nous a fait croire qu’ils l’étaient. Une chronique qui démystifie la technologie et qui nous encourage à mieux comprendre les enjeux numériques qui nous concernent tous et toutes.
Le thème du jour : « Pourquoi vous devez absolument utiliser un VPN ».
Bonjour Benjamin.

Benjamin Bellamy : Bonjour à toutes et à tous.
Eh oui, exceptionnellement, ma chronique d’aujourd’hui est sponsorisée par FramaVPN. Grâce à FramaVPN, toutes vos données sont sécurisées, votre navigation sur Internet est totalement protégée, car vos données sont intégralement chiffrées par un système ultrasophistiqué à clefs asymétriques quantiques bicolores. En plus, FramaVPN protège votre ordinateur du virus de la grippe et du mildiou. Et, grâce aux algorithmes militaires de FramaVPN, la date de péremption des yaourts dans votre frigo connecté sera rallongée de 12 mois, c’est un minimum ! Et ce n’est pas tout ! Avec FramaVPN pro, on vous garantit également le retour de l’être aimé, le succès aux examens et, grâce à une innovation technologique brevetée, tenez-vous bien, on vous garantit que vous ne raterez plus jamais votre mayonnaise.

Julie Chaumard : Excuse-moi Benjamin, mais ça n’a pas l’air très sérieux ton FramaVPN ! En plus, on n’est pas censé sponsoriser les chroniques dans Libre à vous !.

Benjamin Bellamy : Oui, tu as raison. Sinon l’émission ne se serait pas appelée Libre à vous ! mais GAFAM à vous ! ou même Chaîne YouTube sponsorisée à vous !, j’aurais dû y penser. D’autant plus qu’il faut que je t’avoue un truc, tout ce qu’on entend sur les VPN c’est un peu du pipeau.

Julie Chaumard : Mais alors, à quoi sert un VPN ?

Benjamin Bellamy : C’est vraiment une excellente question et je suis heureux que tu me la poses ! À quoi sert un VPN ? Déjà, c’est quoi un VPN ? Un VPN c’est un Virtual Private Network, c’est-à-dire un réseau privé virtuel. Bon, quand tu as dit ça, tu n’es pas beaucoup plus avancé, mais ce n’est pas très compliqué, tu vas voir. Je te propose de faire un rapide pas de côté pour que ce soit plus clair.
Quand tu te connectes à Internet, ton fournisseur d’accès à Internet, ton FAI, te fournit une adresse Internet, une adresse IP – IP ça veut dire Internet Protocol –, donc une IP publique. Quand tu vas sur un site, le site voit que ta requête vient de cette adresse IP publique et va renvoyer la réponse – la page, la vidéo, etc. – vers cette adresse ; sans cette adresse, la réponse ne t’arriverait jamais ! Donc le site connaît ton adresse IP publique, mais, bien sûr, il ne connaît pas ton identité. Ton FAI, lui, peut savoir sur quels sites tu es allée puisqu’il a vu passer les requêtes dans un sens et les réponses dans l’autre, et lui sait qui tu es puisque quand tu as pris un abonnement chez lui tu as dû lui communiquer tout un tas de papiers. D’ailleurs, si l’envie te venait de poster des messages illicites sur un site, qui est tenu, par la loi, de conserver ton adresse en face des messages que tu as postés, il pourrait être tenu de fournir ton adresse IP. Et, si on fournit cette adresse IP à ton FAI, lui sera en mesure de donner ton identité réelle. Au passage, on notera qu’il n’y a pas d’anonymat sur Internet, mais c’est un autre débat !

Julie Chaumard : Oui. Mais tout ça ne nous dit pas ce qu’est un VPN.

Benjamin Bellamy : J’y viens. Pour faire simple, un VPN c’est un tuyau avec, comme tout bon tuyau, deux bouts, une entrée et une sortie. L’entrée, c’est un logiciel client que tu vas installer, par exemple sur ton ordinateur, et la sortie c’est un logiciel serveur, installé sur un serveur VPN, c’est-à-dire quelqu’un qui fournit un service VPN. Quand tu actives le client VPN sur ton ordinateur, l’ensemble de ton trafic Internet passe désormais à l’intérieur du tuyau, un tuyau opaque, pour en ressortir par l’autre extrémité, sur le serveur VPN.

Julie Chaumard : Opaque, parce que tout ce qui passe à l’intérieur est chiffré ?

Benjamin Bellamy : Oui, c’est exactement ça.

Julie Chaumard : Mais concrètement, ça change quoi ?

Benjamin Bellamy : Eh bien, si tu veux mon avis, pas grand-chose. Ça change que ton fournisseur d’accès à Internet ne voit plus ce que tu fais. Il sait juste que tu utilises un VPN. Et, du point de vue des sites internet auxquels tu te connectes, ton adresse IP publique est désormais celle du serveur VPN.

Julie Chaumard : Quel est l’intérêt ?

Benjamin Bellamy : Si le serveur VPN est situé dans un pays où la législation est différente, le site croira que tu te trouves dans cet autre pays. Ça peut donc permettre de contourner une loi locale.

Julie Chaumard : Par exemple pour accéder à du contenu pornographique ?

Benjamin Bellamy : Je vois que tu m’as l’air bien renseignée !

Julie Chaumard : C’est difficile de ne pas en avoir entendu parler !

Benjamin Bellamy : Certes ! Un certain FAI joue actuellement les trublions en proposant un service VPN inclus dans ses abonnements pour que tu puisses faire croire aux sites internet que tu es en Italie ou aux Pays-Bas. Le seul intérêt que j’y vois c’est le contournement des restrictions pornographiques françaises ! D’ailleurs, en préparant cette chronique, je suis tombé sur quelques chiffres assez étonnants : savais-tu que 59 % des Français savent ce qu’est un VPN et figure-toi que quasiment autant, 55 %, reconnaissent avoir déjà consulté du porno en ligne. Étonnant, non ? Plus étrange encore, si 24 % utilisent effectivement un VPN, 28 % disent avoir visité un site porno dans les trois derniers mois. Je crois que ce sont les mêmes !

Julie Chaumard : Est-ce pour cela que la fermeture de certains sites X en France a engendré un boum des VPN ?

Benjamin Bellamy : Tout à fait. Chez ProtonVPN, ils ont multiplié par 10 les inscriptions en quelques jours, au moment exact de la fermeture. Mais de là à dire que les VPN ne servent qu’à l’industrie du X, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas.

Julie Chaumard : Pourquoi donc ? Ça sert vraiment aussi à sécuriser sa connexion ?

Benjamin Bellamy : Je vais faire une réponse de Normand : oui ça peut, mais pas forcément.
On l’a vu, un VPN peut permettre de contourner une législation. Et oui, il peut aussi sécuriser une connexion, mais dans une certaine mesure. Déjà, parce qu’il faut avoir sacrément confiance en la personne qui te le fournit. Si ton fournisseur d’accès ne voit pas le trafic de ton VPN, le VPN, lui, voit tout. Tu as juste déplacé le problème du FAI au VPN.

Julie Chaumard : Le VPN voit-il vraiment tout ?

Benjamin Bellamy : Le VPN voit la même chose qu’un FAI ou qu’un wifi public dans un restaurant. Il voit tes métadonnées de connexion, c’est-à-dire le jour et l’heure à laquelle tu te connectes, les sites et applications auxquelles tu accèdes, les durées de connexion, etc., mais pas les données elles-mêmes. Les données, VPN ou pas, sont aujourd’hui toujours chiffrées : ta connexion à ta banque, à tes réseaux sociaux, ton login, ton mot de passe, le contenu des messages que tu envoies et reçois, tout cela utilise le protocole HTTPS depuis des décennies et tout est chiffré. Le wifi de FramaBurger ne peut pas accéder à tes e-mails. FAI, wifi public ou VPN, le risque est sensiblement équivalent.

Julie Chaumard : Donc, nous sommes tranquilles ?

Benjamin Bellamy : Globalement, oui. Certes, dans certains cas, il peut y avoir des attaques très pointues, mais ça reste marginal.

Julie Chaumard : Les métadonnées sont quand même des données, ça peut être problématique, non ?

Benjamin Bellamy : Tu as raison. Et c’est pour cela qu’il peut être quand même bien utile d’utiliser un VPN, mais un VPN dans lequel on a une confiance absolue.

Julie Chaumard : C’est quoi un VPN de confiance ?

Benjamin Bellamy : Moi, par exemple, j’ai installé un serveur Wireguard, c’est un VPN, sur mon routeur, chez moi. C’est moi qui l’ai installé et il se trouve que je me fais totalement confiance. Donc, quand je dois utiliser une connexion disons un peu douteuse, je passe par mon VPN personnel.

Julie Chaumard : Mais l’intérêt, là, ça n’est pas de changer de pays.

Benjamin Bellamy : Non. Sauf si je me trouve à l’étranger et que, justement, je veux me localiser chez moi, en France.
Un autre cas, très courant, c’est celui du VPN fourni par ton employeur. Il te permet d’être localisée au bureau. Pratique quand tu es en télétravail. Ça te donne accès au réseau de l’entreprise depuis chez toi.

Julie Chaumard : OK. Dans les deux cas que tu viens de citer, tu ne payes pas le VPN, il n’y a pas d’abonnement.

Benjamin Bellamy : Oui. Donc au final, les pubs pour les VPN que l’on voit partout, c’est utile pour masquer une activité illicite. C’est très utile pour financer YouTube. Il peut y avoir de très bonnes raisons de masquer son trafic à son FAI ou à son gouvernement. Certains pays restreignent les libertés de telle sorte que le secret peut être vital. Mais, dans ce cas-là, plutôt que faire confiance à un VPN tiers qui verra tout, il existe une autre solution que je préfère : Tor. Je vais aller vite parce qu’il ne nous reste pas beaucoup de temps.
Pour faire simple, Tor est un navigateur Internet, basé sur Firefox, qui s’installe sur n’importe quel ordinateur ou téléphone. Il s’utilise comme n’importe quel navigateur, mais tout le trafic va être chiffré et envoyé non pas directement au site auquel tu veux accéder, mais à un nœud Tor, qui va le faire suivre à un autre nœud Tor, puis un autre, etc., avant d’arriver au site final, de telle sorte que personne ne sait qui est allé où. Et, c’est totalement gratuit.

Julie Chaumard : Quelle découverte ! C’est donc bien mieux !

Benjamin Bellamy : Ce ne sont pas les mêmes usages, mais, personnellement, je trouve qu’on parle un peu trop des VPN et pas assez de Tor. Je suis le premier à blâmer avec le titre de cette chronique. Alors attention, sur Tor comme tout ton trafic peut faire le tour de la terre avant d’arriver et de revenir, c’est beaucoup plus lent. Et puis, tu ne sais pas par quel nœud tes paquets vont sortir, donc tu ne maîtrises pas le pays qui va t’être attribué et ça change tout le temps.

Julie Chaumard : Si on a envie de tester, comment fait-on ?

Benjamin Bellamy : Simple, basique, il suffit d’aller sur torproject.org et de télécharger Tor.

Julie Chaumard : Eh bien merci Benjamin pour ces explications. Si vous souhaitez en savoir plus sur les VPN, je crois que tu y as consacré un épisode dans ton podcast RGPD.

Benjamin Bellamy : RdGP. Le podcast c’est RdGP [Rien de Grave Patron.].

Julie Chaumard : Excuse-moi !

Benjamin Bellamy : Oui, il y a un jeu de mots, c’est un piège. C’était l’épisode 11.

Julie Chaumard : Merci beaucoup Benjamin pour cette chronique. Nous en savons plus sur les VPN et Tor.

Benjamin Bellamy : Merci.

Julie Chaumard : Nous allons maintenant faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Julie Chaumard : Après la pause musicale, nous aborderons le sujet principal de l’émission qui porte sur le langage de programmation Python.
Nous allons écouter Grève angélique, par KPTN. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Grève angélique, par KPTN.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Julie Chaumard : Nous venons d’écouter Grève angélique, par KPTN, disponible sous licence libre Creative Commons, CC By SA 4.0.

[Jingle]

Julie Chaumard : Passons maintenant à notre sujet principal.

[Virgule musicale]

Le langage de programmation Python

Julie Chaumard : Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui porte aujourd’hui sur le langage de programmation Python, avec nos personnes invitées, que j’ai avec moi sur le plateau, Lucie Anglade et Françoise Conil.
Bonjour Lucie.

Lucie Anglade : Bonjour Julie.

Julie Chaumard : Bonjour Françoise.

Françoise Conil : Bonjour Julie.

Julie Chaumard : N’hésitez à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat ». Toutes les références de l’émission seront rendues disponibles sur la page consacrée à l’émission, libreavous.org/255, car aujourd’hui c’est la 255e émission.
Avant de parler de Python, une petite question d’introduction, une présentation personnelle rapide. On commence par Françoise.

Françoise Conil : Bonjour. Je suis Françoise Conil, je suis développeuse logiciel depuis 1990 dans les télécommunications d’abord, puis au CNRS dans un laboratoire de recherche en informatique, le LIRIS [Laboratoired’InfoRmatique en Image et Systèmes d’information] à Lyon. Et je développe en Python depuis plus de 15 ans, que ce soit pour du développement web ou de la manipulation de données. Je suis administratrice de l’April depuis le début 2024.

Julie Chaumard : Merci bien Françoise d’être là, avec nous sur le plateau, ça nous fait et ça me fait bien plaisir.

Françoise Conil : Moi de même.

Julie Chaumard : Lucie, je te laisse te présenter.

Lucie Anglade : Bonjour tout le monde. Je suis Lucie, je suis ingénieure en informatique, je fais du développement de logiciels libres en Python essentiellement sur l’outil WeasyPrint. Sinon, à côté de cela, je suis aussi présidente de l’AFPy, l’Association Francophone Python.

Julie Chaumard : Merci Lucie. Merci d’être là avec nous, depuis Lyon, tu as pris le train ce matin.

Lucie Anglade : Ça va, il était à l’heure.

Julie Chaumard : Françoise aussi d’ailleurs !
Nous allons commencer notre sujet, le langage de programmation Python. Nous allons peut-être définir d’abord ce qu’est un langage de programmation. Françoise, pour toi, qu’est-ce qu’un langage de programmation ?

Françoise Conil : Pour trouver une vulgarisation, je me suis appuyée sur un site que la Société informatique de France, la SIF, a fait avec l’Esprit Sorcier. C’est une série de quatre vidéos qui présentent les quatre piliers de l’informatique, à savoir les algorithmes, les données, les machines et les langages. Ce sont quatre vidéos de huit minutes, très courtes, très simples.
Il faut savoir que les machines ne comprennent que le binaire, c’est-à-dire des suites de 0 et de 1. Expliquer à l’ordinateur ce qu’il doit faire à l’aide de 0 et de 1 ce serait compliqué et long, il y a donc des langages de programmation qui sont un intermédiaire, qui permettent d’écrire les instructions à exécuter par l’ordinateur, dans un langage qui est lisible par un être humain. L’ordinateur, via un programme, va ensuite traduire ces instructions de langage dans un langage binaire qu’il va être capable d’exécuter pour réaliser ce qu’on lui a demandé, l’algorithme qu’on lui a programmé.
Il y a des milliers de langages de programmation. On peut aller plus loin là-dessus.

Julie Chaumard : On va mettre le lien sur la page de l’émission vers ces vidéos pour qu’on puisse les regarder, parce que c’est très intéressant, ça explique vraiment le démarrage.

Françoise Conil : Ça donne des bases de manière très simple et c’est bien fait.

Julie Chaumard : C’est toujours bien pour ceux qui ne savent pas, même pour nous qui savons programmer, de revoir parfois les objectifs et la base.

Françoise Conil : Si j’ai un peu de temps, il y a des langages polyvalents, qui permettent de réaliser plusieurs choses, puisque je disais qu’il y a des milliers de langages de programmation, et puis il y a des langages qui sont spécifiques comme le SQL pour manipuler des bases de données, le HTML pour structurer des pages web, etc.
Les langages évoluent au fil du temps et des technologies.
On peut faire une analogie avec la cuisine où on va utiliser différents couteaux pour faire différentes choses – couper le pain, couper les tomates, couper et éplucher des légumes. Certains langages sont parfois adaptés pour faire certaines choses, certains langages sont plus généralistes et Python est un langage plutôt polyvalent qui permet de faire pas mal de choses.

Julie Chaumard : Ce sera donc un couteau qui peut couper et le poisson et le pain !
Lucie, comment définirais-tu un langage de programmation ? Qu’est-ce que tu pourrais en dire ?

Lucie Anglade : Pour moi, un langage de programmation, c’est plutôt un outil qui va nous permettre de créer des programmes et des applications. Comme tu l’as dit Françoise, il y a plein de différents outils, des libres, des pas libres. Suivant ce qu’on veut faire, certains sont mieux adaptés que d’autres. Pour chaque langage, de la même façon que pour une langue vivante, au final il va y avoir une grammaire, un vocabulaire spécifique et c’est surtout cela qui va changer. C’est surtout le fait de pouvoir transformer les instructions qu’on aura écrites en binaire et, du coup, la machine pourra exécuter ce qu’on veut, ce magnifique programme qu’on aura créé.

Julie Chaumard : Tu as dit qu’il y a des langages libres et des langages non libres. En langage libre, j’ai noté qu’il y a Python, forcément, j’ai vu qu’on a aussi PHP, JavaScript.
En langage pas libre, j’ai vu qu’on a Visual Basic .NET, qui est dans l’écosystème Microsoft. Un autre langage qui n’est pas libre, qui peut être utilisé dans les sciences, est MATLAB.

Françoise Conil : Qui est très cher. C’est aussi pour cela que, dans la communauté scientifique, il y a eu une forte adoption du langage et d’un certain nombre de librairies Python pour produire des programmes qui soient effectivement plus accessibles.

Lucie Anglade : Il me semble que l’équivalent libre de MATLAB s’appelle Scilab, j’avais fait ça à l’école.

Julie Chaumard : Scilab, je ne sais jamais comment prononcer, sûrement des deux façons.

Lucie Anglade : Ça dépend si on est en France ou pas.

Julie Chaumard : Quand on écrit en langage de programmation, donc une suite de lignes de code, chaque langage a un peu sa façon de s’écrire. D’ailleurs, il y a des personnes qui aiment bien écrire en Python, d’autres qui aiment bien écrire en PHP, on a vraiment sa propre appétence en plus des fonctionnalités propres au langage : on a besoin de ce langage pour ses fonctionnalités, mais également parce qu’on aime bien certains langages, on aime bien leur façon d’écrire et ça nous correspond bien.

Lucie Anglade : Il y a un petit côté confort dans le langage dont on a l’habitude, avec lequel on est à l’aise aussi. Il y a des langages qui sont très spécifiques, du coup on ne peut pas les changer avec un autre. Par exemple, au début tu as cité SQL pour les bases de données, ça va être compliqué de le remplacer par autre chose.

Julie Chaumard : Oui, celui-là est incontournable.

Lucie Anglade : Quand on fait du développement web, au final il y a plein de langages différents qui permettent de faire du web et c’est plus selon les fonctionnalités, si on est à l’aise, si on aime bien, si on a envie d’apprendre un langage en particulier, ça peut-être l’occasion. Les langages sont très polyvalents, très variés.

Julie Chaumard : Lucie, dans ta vie de développeuse, tu as commencé par apprendre Python ?

Lucie Anglade : Pas du tout. Dans mon école, le premier langage qu’on a fait, c’était du Pascal. On avait beaucoup de cours d’algorithmes.

Julie Chaumard : C’était il y a longtemps alors ?

Lucie Anglade : Non, c’était en 2012.

Julie Chaumard : C’est vrai ! Il y avait encore du Pascal ?

Lucie Anglade : Oui. On nous avait mis du Pascal parce que la syntaxe, nous avait-on dit, est très proche de l’algorithme papier qu’on faisait, pour qu’on ne soit pas trop perdus au tout début.

Julie Chaumard : L’algorithme, j’allais y venir. On écrit les lignes de code, mais pas n’importe comment, on fait ce qu’on appelle un algorithme sur papier, en dehors du langage de programmation, au démarrage, c’est ça ?

Lucie Anglade : La partie algorithmique, l’algorithme, c’est vraiment réfléchir au problème : qu’est-ce que c’est, comment on peut le résoudre et avoir une liste d’étapes. En général, c’est mieux de réfléchir en dehors du langage de programmation, comme tu dis, pour ne pas penser à toutes les fioritures, aux facilités ou aux complications qu’il pourrait y avoir suivant le langage, vraiment dire « ce problème-là je le résous comme ça et comme ça ». Après, une fois qu’on a sa liste d’étapes, on peut la transformer en programme en utilisant le langage de programmation de son choix. La comparaison qui est souvent faite c’est avec une recette de cuisine : il y a une liste d’étapes pour faire un plat, ça marche pas mal, ou une notice de montage Ikea.

Julie Chaumard : Une recette. L’algorithme, c’est donc quelque chose d’assez essentiel à faire avant de se lancer dans le codage des étapes de l’application.

Lucie Anglade : Je pense que c’est important de réfléchir avant de coder, sinon on passe plein de temps à se demander pourquoi son truc ne marche pas, alors que c’est juste une erreur de logique et ça n’a rien à voir avec le code en lui-même.

Julie Chaumard : Et le rendre plus performant alors.

Lucie Anglade : Après il y a des recherches : maintenant que mon truc marche, comment je peux le rendre plus rapide, qu’il consomme moins de mémoire, etc.

Julie Chaumard : Françoise, sais-tu qui a inventé le langage de programmation Python et depuis quand ?

Françoise Conil : Le langage a été créé par Guido van Rossum, au début des années 90, aux Pays-Bas, sur les bases du langage ABC, sur lequel il avait travaillé. Le langage ABC avait comme objectif d’être facile à apprendre, facile à enseigner, facile à utiliser. L’objectif était de faciliter l’accès à la programmation à des non-informaticiens, des artistes et différents types de personnes.
À l’époque, c’était les années 90, la diffusion n’était pas du tout simple. Pour obtenir les outils ABC, il fallait envoyer une lettre pour recevoir une disquette. Donc ça n’a pas vraiment décollé, le projet s’est arrêté et Guido van Rossum s’est retrouvé muté sur un projet de système d’exploitation distribué sur lequel il devait écrire plein d’applications. Ça l’ennuyait de coder avec un langage plus bas niveau, il s’est dit « si je pouvais le faire avec quelque chose comme ABC ça irait plus vite. ». Il a écrit Python pendant ses vacances de Noël et c’est ce qui lui a permis, après, d’écrire les outils dont il avait besoin. Il a demandé s’il pouvait diffuser le langage sous licence libre et ça a rapidement attiré l’intérêt et puis, progressivement, le langage a été de plus en plus largement adopté.

Julie Chaumard : Merci Françoise pour cette explication de la création de Python. Aujourd’hui, de ce que je comprends, c’est The Python Software Foundation qui continue à mettre à jour ce code, c’est ça ?

Lucie Anglade : La Python Software Foundation, la PSF, est une fondation américaine à but non lucratif, enfin l’équivalent, qui va chapeauter la communauté, qui a les droits sur la marque Python, le logo, etc., mais ce n’est pas elle qui est chargée des évolutions du langage. À côté, il y a le groupe des développeurs Python, qui s’appelle les Core Devs en Python. Avant, c’était Guido van Rossum qui décidait si quelque chose pouvait rentrer dans le langage ou pas. À un moment, il y a eu un petit drama et, du coup, il est parti, il a dit « maintenant vous vous débrouillez. » Maintenant il y a un board, un bureau au sein des Core Devs, de cinq personnes, qui est renouvelé régulièrement. Ce sont ces personnes qui disent « OK, ça c’est intéressant et ça peut rentrer ; ça, ça manque de détails sur la façon dont ça doit fonctionner donc à retravailler, c’est pour plus tard ; ça c’est non ou plus tard. » Désormais c’est géré comme cela. La PSF a vraiment pour but de faire en sorte que le langage soit vivant, que la communauté soit vivante. Le groupe des Core Devs gère vraiment l’évolution du langage au niveau technique.

Julie Chaumard : Donc deux entités.
Avec toi, Lucie, on a vu que Python est très utilisé et très aimé, j’ai envie de dire, parce qu’il y a des classements d’utilisation du langage, des classements de popularité. Tu nous as parlé du classement TIOBE [The Importance Of Being Earnest].

Lucie Anglade : Aucune idée sur la façon dont on prononce.
TIOBE est un classement de popularité des différents langages de programmation. Il y en a plusieurs, je pense que c’est un des plus connus. En gros, ils vont regarder, quand on fait des recherches dans son moteur de recherche favori, combien il y a de résultats qui sortent, est-ce que c’est actif ou est-ce qu’en fait ce ne sont que des vieux sujets ou des choses comme ça. Ils font un classement et, en ce moment, Python est le premier sur cet index-là, ça fait un petit moment qu’il est premier, avant il a toujours été plutôt bien classé. Du coup, si on veut se la péter, c’est le premier sur l’index TIOBE.

Julie Chaumard : J’ai vu qu’il est premier devant le langage C++, j’ai vu que JavaScript est sixième et que PHP est quinzième, voilà les évolutions. L’année prochaine on verra le nouveau podium.
J’ai aussi regardé deux autres classements pour, voir, quand même. Un qui s’appelle PYPL [PopularitY of Programming Language], l’autre c’est Redmonk, je ne sais pas trop comment ça se prononce. En tout cas, dans PYPL Python est aussi premier, dans Redmonk il est deuxième, et le premier c’est JavaScript. Donc, quand même, un langage très usité.
Pour Ruby, Booky, je ne sais pas. Je crois que je ne l’ai même pas vu passer dans les lignes, en tout cas il n’était pas dans les dix premiers. Il y a des utilisateurs de Ruby au sein de l’April ? OK.
Pour coder, les développeurs utilisent un IDE [Integrated Development Environment]. J’ai envie de dire que c’est le bloc-notes sur lequel on écrit son code, j’ai envie de dire que ça peut être n’importe quoi, après il faut quand même exécuter le code. Les développeurs aiment bien avoir leur outil de développement. Je vais vous demander lequel vous utilisez. Françoise.

Françoise Conil : J’en ai deux. Vim quand j’ai besoin d’ouvrir et de modifier rapidement un fichier. Quand je travaille sur un plus gros projet, j’utilise Visual Studio Code. Je sais, je devrais passer à VSCodium.

Julie Chaumard : Il existe Visual Studio Codium, c’est comme cela qu’on l’appelle ?

Françoise Conil : Visual Studio Code est un IDE open source Microsoft, comme c’est open source, il y a une version plus libre qui est VSCodium, si je ne dis pas de bêtises.

Lucie Anglade : Où il y a les trackers de Microsoft en moins.

Françoise Conil : Il y a moins de trackers.

Julie Chaumard : D’accord. Il faut donc migrer sur VSCodium ?

Françoise Conil : C’est préférable.

Julie Chaumard : Lucie, tu vas nous dire ce que tu utilises.

Lucie Anglade : S’il faut éditer rapidement un petit fichier, je l’ouvre avec Nano.

Julie Chaumard : D’accord. Nano c’est en ligne de commande, comme on dit, d’ailleurs Vim aussi.

Françoise Conil : Les deux s’ouvrent dans un terminal.

Julie Chaumard : C’est la fenêtre noire où on tape tout.

Lucie Anglade : Sinon j’utilise Emacs. Sur les sondages, je réponds à chaque fois Emacs, c’est généralement tout en bas, je fais partie du 1 % de gens qui utilisent Emacs.

Julie Chaumard : D’accord. C’est un outil qui t’aide un peu plus que l’écran noir, c’est un peu plus facile surtout quand il y a beaucoup de lignes.

Lucie Anglade : L’écran est gris, du coup c’est vachement mieux !

Julie Chaumard : Françoise.

Françoise Conil : Je voulais revenir à pourquoi Python, pourquoi ce choix de Python. Python est un langage de haut niveau, polyvalent, on l’a vu, parce qu’il permet de faire plusieurs types d’applications, plusieurs types de développements.
C’est un langage qui est facile à utiliser parce qu’il est concis, il est facile à lire grâce à l’indentation et il est libre depuis sa première diffusion.
Il fonctionne sur de nombreux systèmes d’exploitation : Windows, Mac et Linux, possiblement sur Android avec Kivy, je ne sais pas trop, je n’assurerais rien sur la possibilité de faire tourner du Python dans Android, mais je pense qu’il existe des choses.
Beaucoup de témoignages évoquent surtout la rapidité de développement justement, avec Python et la lisibilité des programmes écrits qui restent compréhensibles lorsqu’on y revient. Souvent on écrit des choses et, quand on rouvre son code six mois, deux ans après, c’est parfois plus ou moins simple de se relire soi-même, sans parler de lire les autres. C’est aussi pour cela qu’on plaisante un peu par rapport à des langages autres qui ne sont pas forcément toujours facilement lisibles. Par exemple typiquement, sans être méchante vis-à-vis d’un autre langage, on peut parler des expressions régulières qui sont des choses que l’on écrit pour faire des extractions de motifs de textes, etc., c’est très compact, on les écrit et généralement on a toutes les peines du monde à les relire. On appelle ça presque du write-only code, parce qu’on a toutes les peines du monde à se relire. Une des forces du langage Python c’est vraiment sa lisibilité, la facilité qu’on a à comprendre ce qui est écrit. Ça ne veut pas dire que, en y mettant du sien, que l’on ne peut pas faire quelque chose de très désagréablement illisible.

Lucie Anglade : S’il y a des gens que l’histoire du langage Python intéresse, une chaîne YouTube qui s’appelle Cult, culte sans le « e », a sorti un documentaire sur l’origine de Python, la création, il y a plein d’interviews de Guido van Rossum, de la première personne qui a testé la toute première version de Python, l’évolution de la communauté et tout. C’est un documentaire très complet, il y a plein d’anecdotes, après c’est en anglais.

Françoise Conil : C’est de là que j’ai tiré l’historique.

Julie Chaumard : C’est vrai que c’est très important. Moi-même j’ai tapé « Python » dans YouTube, avec quelques mots clés, mais j’ai eu de la peine à trouver des bonnes vidéos.

Françoise Conil : Des bonnes vidéos sur Python ? Il y a un site, on donnera les références, pyvideo.org, qui est le site que la communauté maintient et indexe, sur lequel on retrouve les vidéos des conférences Python qui sont indexées par événement et par auteur. C’est vraiment extrêmement exhaustif pour retrouver toutes les vidéos, c’est beaucoup plus facile à manipuler.

Julie Chaumard : OK. Merci bien.
Vous avez parlé de facilité. J’ai cru comprendre que Python est un langage qu’on recommande quand on démarre l’apprentissage de la programmation, même à l’école dans les classes génériques, peut-être au lycée, je ne sais pas si au collège on apprend un langage ou un petit peu quand on fait l’informatique, au lycée oui, quand même.

Lucie Anglade : Au lycée, avant il y avait de l’informatique vraiment en toute petite option. Après ils ont fait une option qui s’appelle NSI, Numérique et sciences informatiques. Python est mis en avant et est enseigné, parce que, comme tu disais, la syntaxe est plutôt simple pour débuter comparée à celle d’autres langages, c’est plutôt pratique. Comme c’est beaucoup utilisé, il y a beaucoup de ressources sur la façon de faire telle et telle chose, du coup c’est peut-être plus simple pour initier à la programmation.

Françoise Conil : Pour commencer, avec Python on peut faire des simples scripts, tout basiques, qui ne nécessitent pas une structuration importante, etc., c’est donc peut-être plus facile de faire un petit peu rapidement, tout de suite, des essais, de bricoler, de jouer, d’obtenir des résultats et d’apprendre progressivement des concepts plus compliqués comme l’objet et des choses comme ça. On ne commence pas par quelque chose qui nécessite de comprendre tout ça.

Julie Chaumard : oui, c’est vrai. Nous avons après un petit paragraphe où on va voir comment on peut se former à Python, sinon on peut en parler tout de suite puisqu’on y est.
Pour se former, vu qu’il y a quand même un large panel de personnes qui utilisent Python, des développeurs depuis de longues années ou des personnes qui ne sont pas vraiment développeuses et qui ont des besoins de programmation pour leur travail ou même pour leurs besoins personnels, comment peut-on faire pour apprendre le langage Python en dehors d’une école, en formation continue ou en développement ?

Lucie Anglade : Il y a déjà le site des conférences, pyvideo.org, dont on a parlé juste avant, où il y a beaucoup de ressources. Il y a des conférences tout public où on n’a pas besoin de savoir déjà faire du Python, qui peuvent être intéressantes.

Julie Chaumard : Donc là il y a des vidéos avec lesquelles on peut apprendre.

Lucie Anglade : Il y a des sujets qui vont vraiment être tout public et des sujets beaucoup plus compliqués, il y a un peu de tout, ça fait donc déjà une bonne base de vidéos où on peut trouver des trucs. Sinon il y a des sites. Parfois, je fais aussi des cours.

Julie Chaumard : Tu donnes des cours de Python ?

Lucie Anglade : Oui et pas que.
Il y a deux sites que j’aime bien : un c’est Pyrates, avec un « y » puisqu’on est en Python. Je trouve que ce site est pratique pour les enfants s’il y a une personne pour les accompagner. Sinon, à partir du collège/lycée, en autonomie, ça marche bien. En fait, on a un petit bonhomme qui est un pirate avec des petits niveaux où il faut écrire pour qu’il puisse ouvrir le coffre au trésor. Au début, il s’agit juste de le faire marcher de dix cases, après il va falloir qu’il saute des caisses, après on va lire la hauteur des caisses dans un message dans une bouteille, du coup, au fur et à mesure, on va réfléchir à la façon de faire des boucles, etc. C’est assez ludique parce qu’on écrit le Python sur le côté et on peut l’exécuter : on a l’animation, le bonhomme se déplace et, si on n’écrit pas le bon code, il reste bloqué par exemple devant une caisse. C’est assez ludique.

Julie Chaumard : Tu disais en autonomie à partir du lycée. Ça veut dire qu’avec une personne qui accompagne on peut commencer assez jeune.

Lucie Anglade : Je connais deux personnes qui l’ont fait avec leurs enfants, un enfant a 9 ans et l’autre 7 ans, ça marche bien du moment qu’il y a quelqu’un eux.
L’autre site, qui est plutôt cool s’appelle Génépy, toujours avec un « y » à la fin parce que c’est du Python. C’est un site qui est développé par Julien Palard qui est Core Dev Python, qui contribue directement au logiciel Python. C’est plein de petits problèmes à résoudre en Python, avec un énoncé, et il n’y a rien besoin d’installer chez soi, on code dans le navigateur, on exécute et après il y a quelque chose qui vérifie si ça renvoie les bonnes choses ou pas. Par contre, c’est un peu plus complexe.

Julie Chaumard : Pour un niveau un peu plus élevé.

Lucie Anglade : Oui, lycée avec une personne qui encadre. Après, au-delà, suivant les élèves c’est toujours mieux de bien encadrer.

Julie Chaumard : On commence donc par Pyrates, après on passe Genepy.

Lucie Anglade : Après, si les gens aiment plutôt lire, ou les deux, il y a un tout un cours qui est fait par Zeste de Savoir : Un zeste de Python. Sur Zeste de Savoir il y a plein de cours sur plein de choses différentes en informatique, sur plein de langages différents, et il y a tout un cours sur Python, Un zeste de Python, qui a été écrit par Antoine Rozo qui est notre secrétaire à l’AFPy. Ce cours est bien.

Julie Chaumard : On a donc quand même un panel soit écrit, soit, j’ai envie de dire, d’apprentissage ludique.

Françoise Conil : En fait, énormément de ressources existent. On en donnera même davantage. J’avais des ressources plus anglo-saxonnes avec le Hitchhiker’s Guide to Python.

Julie Chaumard : On mettra tout ce qu’on vient de dire sur la page des références.

Françoise Conil : Python 101 est un petit peu vieux, faisait pas mal d’étapes, et Automate the Boring Stuff with Python, « automatiser les choses ennuyeuses », un livre lisible en ligne, sur lequel on peut faire des petits programmes de manière progressive.
Dans la communauté Enseignement supérieur et Recherche, on a une grosse utilisation de Python et on est en train d’essayer de mutualiser les formations que les uns et les autres ont dispensées un peu partout pour essayer de faire un support, ça s’appelle py-edu-fr. Le projet est tout récent pour essayer de mutualiser ce que tout le monde a fait un peu partout, un peu isolément, et essayer de faire quelque chose en commun. Il y a des sprints, des présentations qui vont avoir lieu à PyData Paris, à la PyConFR à Lyon en octobre/novembre.

Julie Chaumard : OK. On a parlé de la façon de se former. Après on va continuer sur l’utilisation du langage Python, sur sa communauté, sur la PyCon.
Nous allons d’abord faire une pause musicale. Nous allons écouter Amor Amor, par Zezinho Fernandes. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Amor Amor, par Zezinho Fernandes.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Julie Chaumard : Nous venons d’écouter Amor Amor, par Zezinho Fernandes, disponible sous licence libre Creative Commons, CC By SA 3.0.

[Jingle]

Julie Chaumard : Nous allons poursuivre notre discussion qui concerne le langage de programmation Python, toujours avec Lucie Anglade, présidente de l’Association Python France et Françoise Conil, administratrice de l’April et développeuse Python, entre autres.
N’hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46, Booky se fera un plaisir de vous répondre, ou sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, sur le bouton « chat » que vous trouvez dans le menu.
Nous poursuivons notre discussion sur le langage de programmation Python. Nous parlions des façons de se former à Python.
Nous allons un peu plus préciser dans quels domaines on se sert de Python, quels sont les usages. Françoise, tu m’as parlé d’un jury de logiciels libres où tu avais vu qu’il y a un certain pourcentage de programmes écrits en Python. Ce sont des logiciels scientifiques ?

Françoise Conil : De recherche. C’est dans le cadre du mouvement de la Science ouverte. Depuis quelques années, il y a le Prix science ouverte du logiciel libre de la recherche qui est attribué par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui récompense huit à dix logiciels par an depuis 2022. J’ai repris ces différents logiciels, vous aurez l’URL en ligne, et 30 à 50 % des logiciels primés étaient écrits en Python, comme quoi c’est vraiment un langage très utilisé dans la communauté. On a un logiciel d’analyse de données astrophysiques, un logiciel de linguistique computationnelle, beaucoup de logiciels d’apprentissage statistique, de machine learning, deep learning, etc., des outils de simulation pour la physique des plasmas chauds, des logiciels de bio-informatique, des simulateurs de neurones biologiques, beaucoup en bio/info, ça c’est sûr aussi, une bibliothèque qui permet de manipuler des matrices de distance, donc des maths, beaucoup d’utilisations aussi en sciences sociales, en astrophysique encore. PyMoDAQ qui est une solution libre pour l’acquisition de données via des capteurs qui permet d’offrir une alternative à des logiciels propriétaires assez chers, ça rencontre donc un assez franc succès dans la communauté, scikit-rf, une bibliothèque pour l’ingénierie et l’analyse des systèmes de radiofréquence, spam, un logiciel d’analyse de données issues de l’imagerie 3D appliquée à la mécanique. On voit donc qu’on a des logiciels dans énormément de domaines, là je cite beaucoup de choses scientifiques et SHS [Sciences Humaines et Sociales] aussi.

Julie Chaumard : En ce qui concerne j’allais dire la lisibilité, le prime abord un peu plus simple, on a vu, par exemple, que le logiciel Blender a été fait en Python. C’est ça ?

Françoise Conil : Concernant Blender, ce sont les scripts. Ils ont demandé aux utilisateurs, aux gens, quel langage ils voulaient utiliser avec Blender et c’est Python qui a été retenu.

Julie Chaumard : Blender est un logiciel pour faire de la modélisation 3D et pour faire des films d’animation.

Françoise Conil : Là, dans Blender, Python est utilisé plutôt en tant que langage de scripts.

Julie Chaumard : Donc pas forcément par des développeurs experts.

Françoise Conil : Dropbox, par exemple, a été entièrement écrit en Python, c’est ce qu’on retrouve dans la vidéo, aussi bien côté serveur avec cinq millions de lignes de code, ce qui est quand même colossal, et côté client un million de lignes de code. Ça montre que Python est aussi largement utilisé en production.

Julie Chaumard : Il est robuste et performant.
Lucie, toi tu as développé un logiciel en Python.

Lucie Anglade : Je travaille sur l’outil WeasyPrint que j’ai évoqué dans l’introduction. C’est un peu comme un navigateur web, mais ce n’est pas fait pour naviguer, c’est fait pour faire des PDF.

Julie Chaumard : C’est un logiciel qui nous permet de fabriquer des PDF.

Lucie Anglade : À partir de HTML et CSS, comme un navigateur, mais il ne navigue pas. On peut voir qu’il est utilisé dans plein d’entreprises différentes avec des corps de métiers assez différents. Parfois les entreprises utilisent Python dans tous leurs logiciels, parfois juste des petits morceaux en Python parce que, pour tel utilitaire, le projet est en Python donc elles ont un petit truc qui tourne en Python pour ce truc-là.
Plein de gens utilisent Python et pas forcément comme langage principal.

Julie Chaumard : Oui. On peut programmer, je dis n’importe quoi, en JavaScript ou en un autre langage et insérer un utilitaire en Python, par exemple parce qu’on l’aime bien.

Lucie Anglade : C’est ça. Par exemple, dans la série de jeux Civilization, je ne sais pas si c’est toujours le cas, en tout cas dans des éditions précédentes, ce n’est pas du tout fait en Python, mais il y a des morceaux de scripts d’import de données qui sont en Python parce que ça marche bien pour faire cette tâche-là, du coup c’est fait en Python alors que le reste n’est pas du tout fait en Python.

Julie Chaumard : Donc, ça s’interface bien avec les programmes.
Lucie, tu m’as dit que Python est aussi utilisé par des gens chez eux.

Lucie Anglade : Oui. Comme c’est assez facile d’accès comme langage de programmation comparé à d’autres langages, on peut développer plein de petits outils soi-même, sinon il y a des kits où on peut écrire quelques lignes de code, donc des gens vont prendre un kit pour faire de l’arrosage automatique de leurs plantes, tout est livré avec des instructions et, au final, ces personnes vont se retrouver à écrire du code alors qu’elles ne font pas du tout de code de manière générale. Elles font des trucs où elles ont plein de données à traiter et, au bout d’un moment, c’est un peu pénible de le faire à la main, elles vont regarder comment éviter de faire tout ça à la main et elles vont se retrouver facilement avec du Python et c’est plutôt cool.

Julie Chaumard : On peut dire aussi que dans logiciel Python il y a beaucoup de bibliothèques, c’est-à-dire des petits bouts de code déjà préparés.

Lucie Anglade : Oui. Python vient avec plein de fonctionnalités, on peut faire plein de choses en ayant juste Python. Après, il y a ce qu’on appelle des bibliothèques, on peut voir ça un peu comme une boîte à outils avec des fonctionnalités supplémentaires qui vont être regroupées par projets, par thématiques.

Julie Chaumard : Qu’on peut utiliser à demande. Par exemple, si on veut utiliser une fonctionnalité précise, on l’importe.

Lucie Anglade : C’est ça. D’abord on l’installe et après on peut l’importer dans son code et utiliser les fonctions qui auront été développées par plein d’autres personnes.

Julie Chaumard : On n’installe pas toutes les bibliothèques parce qu’il y en a beaucoup !

Lucie Anglade : On ne peut pas tout installer.

Julie Chaumard : Combien y en a-t-il ?

Françoise Conil : Sur le site de téléchargement, il y a les applications et les bibliothèques, il y a près de 700 000 logiciels disponibles sur pypi.org qui est l’instance de distribution des logiciels Python.

Julie Chaumard : Donc une grosse communauté, beaucoup d’outils, c’est ce qui fait aussi la richesse et que les personnes aiment Python.

Françoise Conil : Oui, parce qu’on a beaucoup de possibilités, beaucoup d’outils et on peut faire beaucoup de choses, d’où la polyvalence aussi parce qu’on a à disposition énormément de librairies pour faire plein de traitements différents.

Julie Chaumard : Ces librairies, ces bibliothèques, ces morceaux de code sont-ils fiables ?

Françoise Conil : Toujours plus ou moins. Ça dépend de combien de personnes travaillent dessus, si c’est quelque chose qui doit bouger souvent. C’est variable, c’est comme pour tout, pour tout langage ce sera pareil.

Julie Chaumard : D’accord. Mais énormément sont très connues, maintenues et même améliorées.

Françoise Conil : Oui. On parle de grosses bibliothèques : NumPy, Pandas, Matplotlib par rapport à tout ce qui est data science. On a aussi des gros frameworks logiciels, des logiciels pour faire du Web comme Flask, Django, qui sont quand même très connus, des logiciels pour faire des sites statiques comme Sphinx, MkDocs.

Julie Chaumard : Tout cela ce sont des librairies exprès pour faire des sites internet ?

Françoise Conil : Ce sont soit des librairies soit des frameworks. Un framework est un logiciel qui permet, souvent, de réaliser un site web.

Julie Chaumard : Ça te fournit tout un environnement et tu fais ton langage Python.

Françoise Conil : C’est un ensemble d’environnements dans lequel on va coder des parties et dans lequel certains mécanismes sont déjà codés, par exemple le routage des pages, on ne va pas avoir envie de coder les mécanismes parce que ça va être similaire. Pour tous les gens qui veulent faire des sites web, il faudra du routage, il y a donc des mécanismes qui sont codés dans ces frameworks et qu’on va utiliser.

Julie Chaumard : D’accord. Et on peut, avec ça, par exemple faire un site internet avec le langage Python en utilisant ces environnements préprogrammés.

Lucie Anglade : C’est ça. On peut aussi retrouver du Python dans plein de domaines pas forcément liés à l’informatique. Là on a parlé de traitement de données, de développement web, de recherche scientifique, on peut imaginer facilement que là, forcément, il y a du code derrière. Quand on regarde les programmes de différentes conférences, il y a des gens qui viennent parler de la façon dont ils utilisent Python dans leur domaine, du coup on va avoir des conférences sur des domaines comme la cartographie, par exemple, l’agriculture ou la typographie. Les personnes qui travaillent dans ces domaines-là vont aussi être amenées à utiliser du Python, du coup ça fait qu’il y a vraiment une communauté de gens qui est très diversifiée déjà de par les domaines différents.

Julie Chaumard : Donc beaucoup de domaines.
Il y a une aussi une très grosse communauté Python, dont une en particulier qui s’appelle PyLadies, parce que les femmes développeuses ont envie d’être présentes, reconnues et on a envie qu’il y en ait beaucoup. Je suis ravie d’avoir deux femmes sur le plateau pour parler de Python, trois, avec moi, et Booky à la régie, c’est parfait !
PyLadies est un organisme auquel les femmes qui font du Python peuvent adhérer.

Lucie Anglade : Je ne suis pas sûre que ça fonctionne par système d’adhésion. Je pense qu’il n’y a pas forcément besoin d’adhérer ou quoi que ce soit. C’est un groupe global qui va être soutenu par la PSF, la Fondation Python.
PyLadies est organisé par chapitres, du coup par villes ou par pays. Il y en a dans plein de pays, dans des villes différentes. Le but va être d’accompagner les femmes à être plus actives dans la communauté Python et dans l’open source de manière générale. Il y a des meet-ups, des conférences.

Julie Chaumard : Des rassemblements, des ateliers.

Lucie Anglade : Là c’est la troisième année, si je ne dis pas de bêtises, que la PyLadiesCon est organisée.

Julie Chaumard : C’est un grand séminaire de deux jours.

Lucie Anglade : C’est même sur trois jours, ça se passe entièrement en ligne. Il y a des conférences H24, parce que ça couvre tous les fuseaux horaires. Il y a des conférences en anglais, en espagnol, en portugais, en chinois.

Julie Chaumard : Une grosse communauté.

Lucie Anglade : Il n’y a que des speakeuses.

Julie Chaumard : Sinon, en dehors de ça, on a l’AFPy dont tu es présidente. Tu organises, entre autres, pareil des ateliers, des réunions toute l’année. Où ça ?

Lucie Anglade : L’AFPy, l’Association Francophone Python, organise des meet-ups plus ou moins réguliers selon les villes. Des petites réunions, généralement ça se passe en fin de journée. Moi je les organise sur Lyon, une fois par mois et ça commence 19 heures. Suivant les villes, ce n’est pas forcément le même format.

Julie Chaumard : Il y en a dans plusieurs villes.

Lucie Anglade : À Grenoble, il y en a une qui est pas mal active, il y en a à Nantes, à Clermont-Ferrand, sur Paris il y en a de temps en temps organisées par l’AFPy, sinon la communauté Django en organise régulièrement, Django c’est pour faire du web.

Julie Chaumard : Il n’y a pas besoin d’être expert, même si on découvre Python, au contraire. Si on a envie d’aller voir ce qui se passe chez Python, si on a envie de découvrir, on peut y aller. Il ne faut pas avoir peur.

Lucie Anglade : Tout à fait. En plus, chaque fois, il y a à boire et à manger à la fin. Au pire, si la présentation était ennuyeuse…

Julie Chaumard : Même si on ne fait pas du Python, si on a envie de voir ce qui se passe chez Python, on peut toujours aller discuter avec des pythonières, je ne sais pas comment on dit.

Lucie Anglade : Des pythonistes.

Julie Chaumard : Pour clôturer un peu notre sujet on va parler de la PyCon France qui va bientôt arriver.

Lucie Anglade : C’est le gros événement qui est organisé par l’AFPy. C’est une conférence de quatre jours, gratuite. Les deux premiers jours sont dédiés aux sprints, c’est-à-dire du développement participatif. Différents projets libres seront là avec des personnes pour encadrer, pour accompagner à contribuer aux logiciels. Par exemple la traduction de la documentation, Django dont on parlait tout à l’heure.

Julie Chaumard : Donc là, on peut coder.

Lucie Anglade : C’est ça, en étant accompagné par les personnes qui encadrent le projet d’habitude, c’est donc plutôt cool pour se lancer.

Julie Chaumard : Et là pareil, pas besoin d’être un expert. On peut, il y a des sessions pour les experts et des sessions pour les débutants.

Lucie Anglade : Il y a des trucs où c’est quand même mieux de s’y connaître et d’autres plus facilement accessibles. C’est du 30 octobre au 2 novembre.

Julie Chaumard : Donc bientôt, dans un mois.

Lucie Anglade : Après, on a deux jours de conférences et ateliers, sur des formats plus classiques avec des conférences longues, courtes et des ateliers sur des demi-journées.

Julie Chaumard : D’ailleurs, Françoise va faire une conférence.

Françoise Conil : Oui, sur créer sa documentation logicielle avec le logiciel Sphinx.

Julie Chaumard : Tu fais cette conférence quel jour ?

Françoise Conil : Samedi matin.

Lucie Anglade : Cette année c’est à Lyon, tout est vraiment à Lyon.

Julie Chaumard : Donc on prend le train, on se retrouve à Lyon le 30, qui est un jeudi, ça va du jeudi au dimanche.
J’ai vu qu’il y a aussi des ateliers pour les enfants.

Lucie Anglade : Cette année, le samedi après-midi, on a un atelier de programmation pour les enfants qui est fait avec l’association MixTeen, une association lyonnaise qui fait des ateliers de programmation pour les enfants.
On a aussi un déjeuner PyLadies.

Julie Chaumard : Les PyLadies sont présentes. Donc un déjeuner que de filles ?

Lucie Anglade : En mixité choisie. Les personnes non-binaires peuvent aussi venir, le nom PyLadies est peut-être un peu désuet maintenant.
On a aussi un espace garderie gratuit le samedi et le dimanche. Si jamais vous voulez venir avec vos enfants, vous pouvez les inscrire et les abandonner là le temps d’aller voir des conférences et des ateliers.

Julie Chaumard : OK. Merci.
Françoise, s’il y avait une chose à retenir sur Python, après ce sujet, qu’est-ce que tu nous dirais ?

Françoise Conil : Je reprends la phrase de la communauté : « On vient pour le langage, on y reste pour la communauté. »

Julie Chaumard : « On vient pour le langage, on y reste pour la communauté. » Essayer Python, c’est l’adopter !
Et toi, Lucie ?

Lucie Anglade : Venez à la PyCon, c’est super sympa, c’est ce qu’il faut retenir, et faites du Python, c’est cool.

Julie Chaumard : En tout cas, même si on n’en fait pas, on peut toujours venir découvrir. C’est une très bonne communauté, on se sent bien. Lucie est la présidente de l’association AFPy France, donc tout se passe très bien.

Lucie Anglade : C’est ça, c’est un avis totalement objectif !

Françoise Conil : Un petit mot à nos amis administrateurs système. Un des logiciels très connu aussi c’est Ansible, qui est en Python, qui est très connu des administrateurs système.

Julie Chaumard : D’accord. OK.
Donc on se rend le 30 octobre, à Lyon, à la PyCon pour découvrir. Il y a beaucoup de conférences, beaucoup d’ateliers, par exemple de programmation pour les enfants, d’automatisation, pour développer des applications. Pendant une heure on peut s’essayer à tout ça, avoir un expert qui nous raconte tout ça.
Merci beaucoup à toutes les deux, donc Lucie Anglade, présidente de l’association Python, France et Françoise Conil, administratrice de l’April et développeuse web, dans un laboratoire de recherche.

Françoise Conil : À Lyon, dans le laboratoire d’informatique le LIRIS.

Julie Chaumard : D’accord. Vous pourrez retrouver toutes les références de l’émission de ce jour sur la page consacrée à l’émission, libreavous.org/255, ou dans les notes de l’épisode si vous écoutez en podcast.
Nous allons à faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Julie Chaumard : Après la pause musicale, nous entendrons la chronique « Lectures buissonnières » de Vincent Calame. Maintenant nous allons écouter Scully’s Reel. Mrs McLeod’s. Cooley’s Reel, par Sláinte.

Pause musicale : Scully’s Reel. Mrs McLeod’s. Cooley’s Reel, par Sláint.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Julie Chaumard : Nous venons d’écouter Scully’s Reel. Mrs McLeod’s. Cooley’s Reel, par Sláint, disponible sous licence libre Creative Commons, CC By SA 4.0.

[Jingle]

Julie Chaumard : Nous allons passer au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Chronique « Lectures buissonnières » de Vincent Calame sur l’ouvrage d’Éric Sadin, La Vie algorithmique

Julie Chaumard : Nous allons poursuivre avec la chronique « Lectures buissonnières » de Vincent Calame, informaticien libriste et bénévole à l’April, ou comment parler du Libre avec des chemins détournés en partageant la lecture d’ouvrages divers et variés.
Vincent va nous parler aujourd’hui de l’ouvrage d’Éric Sadin La Vie algorithmique.
Bonjour Vincent.

Vincent Calame : Bonjour Julie.

Pour démarrer cette nouvelle saison de chroniques « Lectures buissonnières », je vous propose de nous plonger dans l’œuvre foisonnante d’Éric Sadin, et, plus particulièrement, dans sa trilogie composée de La Vie algorithmique, critique de la raison numérique, suivi de La silicolonisation du monde – L’irrésistible expansion du libéralisme numérique puis, pour un dernier ouvrage, de L’intelligence artificielle ou l’enjeu du siècle – Anatomie d’un antihumanisme radical. Je crois que vous comprenez, à la simple écoute de ces énoncés, que cela va nous prendre un certain nombre de chroniques pour tout aborder, si ce n’est la saison entière.

Tout d’abord, aujourd’hui je vais répondre à la question : qui est Éric Sadin ? Et, plus accessoirement, qu’est-ce qui m’a donné envie de le lire ?
Né en 1973, Éric Sadin est écrivain et philosophe, auteur aussi bien de fictions que d’essais. Il a commencé à écrire sur le numérique en 2009 avec l’ouvrage Surveillance globale – Enquête sur les nouvelles formes de contrôle chez Flammarion et il a publié un ouvrage sur le sujet tous les deux ans en moyenne.
La trilogie, dont je vais particulièrement vous parler, a commencé en 2015 avec La Vie algorithmique et s’est achevée en 2018 avec L’intelligence artificielle ou l’enjeu du siècle. Cette trilogie a été publiée par la maison d’édition L’Échappée chez laquelle sort également son prochain ouvrage, en octobre, intitulé Le Désert de nous-même – Le tournant intellectuel et créatif de l’intelligence artificielle.
Au passage, si vous allez jeter un œil au site de la maison d’édition L’Échappée, vous comprenez vite qu’elle ne fait pas partie de la galaxie Bolloré. Elle publie notamment « La Librairie de Guy Debord », l’auteur de La Société du spectacle et de nombreux ouvrages de la tendance « techno-critique » à laquelle on peut rattacher Éric Sadin.

Plus récemment, Éric Sadin s’est fait connaître en février 2025 à l’occasion du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle en organisant un contre-sommet, histoire de doucher un petit peu l’enthousiasme béat sur le sujet. Je pense que c’est sans doute à l’occasion de ce contre-sommet que j’ai entendu parler d’Éric Sadin pour la première fois, à la faveur d’une émission radio dont je ne me souviens plus le nom. Ce qui m’avait frappé à l’époque et qui m’avait donné envie de le lire, c’est qu’il était présenté comme un philosophe parlant du numérique. Or, il n’est pas courant que les sciences humaines s’emparent de ce sujet qui est presque à leur opposé.
Sur cette antenne, nous sommes toutes et tous convaincus que le numérique n’est pas seulement un objet technique, un alignement de 0 et de 1, des langages réservés à des initiés, mais que c’est aussi un objet politique que la société doit prendre à bras-le-corps, et nous savons qu’il est parfois bien difficile de faire passer le message. Qu’un écrivain et philosophe s’empare de ce sujet ne peut que nous réjouir car qui de mieux pour toucher des sphères dans lesquelles nous naviguons rarement. Je prendrais comme seul exemple la recension élogieuse qu’avait faite à l’époque Roger-Pol Droit, le chroniqueur philosophe du Monde des livres, de La Vie algorithmique. En particulier, dans cette chronique, intitulée « De Big Brother à big data », Roger-Pol Droit rappelle la thèse centrale d’Éric Sadin, à savoir que nous sommes en train de vivre, avec la profusion du numérique, un vrai tournant anthropologique.

Je n’ai pas le temps, aujourd’hui, d’entrer dans le fond de l’ouvrage La Vie algorithmique, ce sera pour la prochaine chronique, terminons sur le style et la méthode d’Éric Sadin.
Éric Sadin n’est pas un pamphlétaire mais un vrai philosophe. Son ouvrage est solidement charpenté, aussi bien dans sa connaissance du monde actuel du numérique que dans ses références philosophiques. Évidemment, la lecture est un peu ardue et, personnellement, je ne maîtrise pas tous les concepts et de loin, les références à Spinoza m’échappent un peu. Cela dit, ce n’est pas trop grave, l’homme a du style et le sens de la formule, les seuls titres de ces ouvrages sont de jolies trouvailles. Autrement dit, je ne suis pas sûr d’avoir tout compris, mais je crois ne pas avoir fait trop de contresens. De toute façon, il est très intéressant de voir le numérique replacé dans un contexte plus global, dans une histoire de la pensée plus longue que les cinquante dernières années, j’y reviendrai dans la prochaine chronique.

Pour terminer, plutôt que paraphraser Éric Sadin, voilà un petit extrait de sa prose dans lequel il explique sa démarche, qui vous donnera un aperçu de son style : « C’est notamment à l’écart de l’ancestrale et inopérante dichotomie entre les dénommés « technophiles » et « technophobes » que je souhaite me positionner, qui voit les mêmes rengaines indéfiniment se répéter dans leurs axiomes élémentaires, confortant in fine les uns et les autres dans de paresseuses convictions. […] L’orientation que je privilégie ici – doncdans l’ouvrage – consiste à ne pas envisager la technique ou le « numérique » comme une unité, comme une chose au sujet de laquelle on pourrait parler en soi, mais comme un foisonnement de dispositifs et de protocoles contradictoires ou convergents, dont il s’agit de dégager les dynamiques structurantes – souligné par l’auteur – au-delà du bruit et de la fureur des divergences idéologiques. ».
Donc à vos stylos pour la dissertation suivante : « Pensez-vous, comme Éric Sadin, que la dichotomie entre technophiles et technophobes est inopérante et stérile ? ». Vous avez deux heures !

Julie Chaumard : Merci Vincent pour cette chronique, pour la découverte d’Éric Sadin. Du coup, je vais bien écouter tes chroniques futures pour essayer de comprendre et faire cette rédaction.
Nous approchons de la fin de l’émission et nous allons terminer par quelques annonces

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Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre

Julie Chaumard : Les liens utiles concernant ces annonces sont sur la page internet consacrée à l’émission du jour, sur libreavous/255, parce que l’émission est la 255e, ou dans les notes de l’épisode si vous écoutez cet épisode en podcast.

La radio Cause Commune vous propose un rendez-vous convivial avec une soirée ouverte chaque premier vendredi du mois à partir de 19 heures 30, dans ses locaux, à Paris, au 22 rue Bernard Dimey dans le 18e arrondissement. L’occasion de découvrir le studio et de rencontrer les personnes qui animent les émissions, d’ailleurs nous serons là. La prochaine soirée radio ouverte aura lieu vendredi 3 octobre à 19 heures 30. Vous avez aussi des détails, si vous voulez, sur le site causecommune.fm.

Une rencontre April aura lieu samedi 4 octobre de 19 heures à 22 heures dans les locaux de l’April qui se situent dans le 14e arrondissement. Cette rencontre a lieu dans le cadre d’un week-end de réunion entre membres du conseil d’administration et de l’équipe salariée. Une bonne occasion pour les rencontrer. Membre ou pas de l’association, tout le monde est bienvenu pour venir découvrir l’April.

La prochaine édition de la conférence PyData Paris se tiendra du 30 septembre au 1er octobre 2025 à la Cité des sciences. Que d’événements Python et compagnie avons-nous en cette fin septembre et en octobre !
PyData Paris 2025 est le rassemblement de la communauté open source de la science des données, de l’intelligence artificielle et du machine learning en France. Le programme comprend notamment beaucoup de présentations, au moins 45.

Oslandia, une société de services autour des systèmes d’information géographique, SIG, et les données spatiales, vient de publier un livre blanc intitulé Migrez votre SIG vers l’OpenSource. Ce guide de migration des systèmes d’information géographique vers du logiciel libre, publié à l’occasion des GeoDataDays, donne quelques éléments de réponse pour aider entreprises et organisations à aller vers un système d’information plus durable et mieux maîtrisé. Si le sujet vous intéresse, je vous rappelle notre émission Libre à vous ! numéro 97 sur le système d’information géographique libre QGIS.

Je vous invite à consulter le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org, pour retrouver des événements en lien avec les logiciels libres ou la culture libre près de chez vous.

Nous avons donc la PyCon du 30 octobre au 2 novembre. Lors de cet événement, qui aura lieu à Lyon, il y aura pas mal de conférences
Françoise Conil qui va documenter son projet avec Sphinx,
Michael Favel Guidet qui va créer des cartes avec Python, « Vive la donnée géographique »,
Karen Jex, « Devenir administratrice base de données »,
Vincent Poulailleu, « Calamars et python créons un jeu de dés avec Arcade »,
Morgan Rozenn Hauguel, « Un tour de l’actualité relative à l’inclusion et au numérique »
et Carmen Alvarez, « Le SSO mode d’emploi et pièges à éviter », je rappelle que SSO est un service d’authentification.
On aura aussi Guillaume Ayoub qui va nous parler de « Est-ce juste payer à écrire du code ».
Tout cela à retrouver fin octobre.
Il y aura aussi, à la PyCon, des ateliers, par exemple « Développer des applications web performantes avec Litestar » que je ne connais pas, donc à découvrir, « Scrapy mission explorateurs du web », un autre atelier, ensuite un atelier de programmation pour les enfants, l’automatisation avec Python, « Et si on codait aussi la mixité », « Le python polyglotte multi langage système ».
On a donc toutes ces conférences et encore je ne les ai pas toutes citées. Il y en a plein, samedi et dimanche et jeudi vendredi ce sont les développements participatifs, les sprints.
J’ai vu qu’il y avait des visites guidées de Lyon le 30 et 31, les jeudi et vendredi soirs sont organisées des visites guidées avec Repère(s), un bar restaurant, qui fait aussi des visites guidées thématiques sur Lyon, c’est plutôt sympa.
Les visites guidées sont payantes, la PyCon en elle-même est gratuite, mais il faut quand même s’inscrire sur le site, pycon.fr.

Notre émission se termine.

Je remercie toutes les personnes qui ont participé à l’émission : Benjamin Bellamy, Lucie Anglade, Françoise Conil et Vincent Calame.
Aux manettes de la région aujourd’hui Bookynette, présidente de l’April.
Merci également aux personnes, bénévoles à l’April, qui s’occupent de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang 1, Julien Osman, et Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Merci également aux personnes qui découpent les podcasts complets des émissions en podcasts individuels par sujet : Quentin Gibeaux, Théocrite et Tunui, bénévoles à l’April, et Frédéric Couchet.

Vous retrouverez sur notre site web, libreavous.org/255, toutes les références utiles de l’émission de ce jour ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm, ou dans les notes de l’épisode si vous nous écoutez un podcast.

N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration.
Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l’adresse bonjour chez libreavous.org.

Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.
Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas en parler le plus possible autour de vous.

La prochaine émission aura lieu en direct mardi 30 septembre à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur le parcours libriste d’Elena Rossini qui est cinéaste, photographe et militante italienne. Son travail porte principalement sur les questions liées à l’éducation aux médias, à la souveraineté numérique et à l’utilisation du pouvoir d’Internet pour le changement.

Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 30 septembre et d’ici là, portez-vous bien.

Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.