Émission Libre à vous ! diffusée mardi 22 février 2022 sur radio Cause Commune


Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Le covoiturage libre, sans commission et coopératif, est-ce possible de nos jours ? Réponse dans quelques minutes avec Mobicoop, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la levée de l’anonymat sur Internet par Typhaine Bonnet et aussi la « météo opensourciste », vous aurez sans doute deviné qu’il s’agit d’une chronique de Luk.
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’émission c’est libreavous.org. Vous pouvez y trouver d’ores et déjà une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire tout retour ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 22 février 2022, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

Nous allons donc parler aujourd’hui de covoiturage et peut-être aussi d’auto-stop. Selon la célèbre bande dessinée de Fabcaro,Zaï zaï zaï zaï, pour faire du covoiturage ou de l’auto-stop, il vaut mieux connaître les paroles de plein de chansons pour être dans la dynamique de groupe de la personne ou de la famille qui vous conduit. Si vous ne connaissez pas, je vous encourage la lecture de cette BD déjantée et/ou d’aller voir l’adaptation qui sort prochainement au cinéma.
Une personne qui connaît des tas de chansons, c’est ma collègue Isabella Vanni qui réalise l’émission du jour. Bonjour Isa.

Isabella Vanni : Bonjour Fred.

Frédéric Couchet : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Chronique In code we trust de Typhaine Berger, avocate au cabinet Dune sur la levée d’anonymat sur Internet

Frédéric Couchet : Évoquer le code à la main une règle de droit ou un procès en lien avec les œuvres, les données, les logiciels ou les technologies, c’est la chronique In code we trust, « Dans le code nous croyons », de Tiphaine Bonnet, avocate au cabinet Dune.
Bonjour Typhaine.

Typhaine Berger : Bonjour Fred.

Frédéric Couchet : Typhaine, aujourd’hui tu souhaites nous parler de la levée de l’anonymat sur Internet.

Typhaine Berger : Effectivement. Merci Fred.
Bonjour à tous et bonjour à toutes.
Aujourd’hui je vais vous parler de la levée de l’anonymat sur Internet puisque c’est un sujet qui fait régulièrement débat, notamment en matière de diffusion de fake news, de contenus haineux ou de harcèlement en ligne.
Ceux qui sont contre l’anonymat en ligne considèrent qu’il est nécessaire d’y mettre fin pour éviter le sentiment d’impunité chez les personnes qui diffusent des contenus illicites en ligne. D’autres, au contraire, pensent que c’est nécessaire de conserver cet anonymat afin de garantir la liberté d’expression de chacun.
Il faut déjà dire que l’anonymat sur Internet est loin d’être réel. Par exemple, les adresses IP permettent de faire le lien entre un internaute et son identité réelle et c’est le fournisseur d’accès à Internet qui va permettre de faire ce lien. Et surtout, il faut le dire, la loi encadre depuis très longtemps la question de la levée de l’anonymat en ligne, c’est la loi pour la confiance dans l’économie numérique qui a été adoptée en 2004 qui encadre la conservation des données d’identification des internautes ainsi que les hypothèses dans lesquelles de telles données doivent être dévoilées. Plus particulièrement c’est l’article 6 de la LCEN qui va imposer aux hébergeurs, aux éditeurs de services de communication au public en ligne ou aux fournisseurs d’accès à Internet de conserver les données qui permettent d’identifier quiconque a contribué à la création du contenu ou de l’un des contenus des services dont ils sont prestataires et qui est susceptible de causer un dommage à autrui.
On a un récent décret, en 2021, qui a réformé la liste des données qui doivent être conservées à ce titre, ainsi que les durées de conservation de ces données. Par exemple, les informations qui sont relatives à l’identité civile doivent être conservées pendant cinq ans à compter de la fin du contrat conclu avec un utilisateur, mais les informations techniques, telles que les adresses IP, doivent toujours être conservées pendant un an à compter de la connexion de l’internaute sur Internet.
D’autre part la LCEN prévoit que l’autorité judiciaire peut ordonner à ces personnes toute mesure pour faire cesser ou pour prévenir un dommage. Ces mesures peuvent passer par le fait d’ordonner la communication des données qui identifient un internaute.
Donc la LCEN prévoit cette obligation de conservation des données d’identification qui est essentielle puisqu’elle permet ensuite, sur réquisition judiciaire, de retrouver les auteurs qui ont mis en ligne des contenus illicites afin de pouvoir rechercher, si c’est nécessaire, leur responsabilité civile ou leur responsabilité pénale.

Une ordonnance récente, en janvier 2022, a été rendue par le tribunal judiciaire de Paris qui a condamné Facebook à fournir les données relatives à un cyber-harceleur sur le réseau social Instagram. Dans cette affaire, un compte anonyme Instagram envoyait des messages privés à des tiers qui étaient connus d’un photographe. Ces communications indiquaient que le photographe était un agresseur, un violeur, et utilisaient beaucoup d’autres termes orduriers. Le photographe produisait devant le tribunal une attestation d’un témoin avec plusieurs captures d’écran qui démontraient tous ces messages. Le photographe souhaitait contraindre Facebook, qui exploite la plateforme Instagram, à lui fournir l’identité de la personne derrière le compte Instagran anonyme. Le photographe a dû suivre une procédure assez particulière.
Il faut déjà noter qu’une partie de l’article 6 de la LCEN a fait l’objet d’une réforme en 2021.
Avant 2021, lorsque vous souhaitiez obtenir la communication des données identifiant un internaute, il était possible de faire une procédure en référé ou une procédure sur requête. La procédure sur requête est une procédure qui avait l’avantage d’être non-contradictoire, c’est-à-dire que le juge pouvait émettre une ordonnance qui contraignait l’hébergeur ou le réseau social à dévoiler l’identité de l’internaute et cela sans que l’hébergeur ou le réseau social ne soient entendus dans l’affaire. cette procédure était donc non-contradictoire et aussi extrêmement rapide.
Depuis 2021, il n’est plus possible de mettre en œuvre une procédure sur requête. Désormais, pour obtenir les données identifiant un internaute, la LCEN prévoit que le président du tribunal judiciaire statue selon la procédure accélérée au fond. La procédure accélérée au fond c’est une sorte de procédure de référé qui permet d’obtenir une décision rapidement, mais c’est surtout une procédure qui est contradictoire. Donc maintenant l’hébergeur ou le prestataire devra être assigné et il sera entendu par le juge avant que le juge ordonne la communication des données identifiant une personne. Maintenant la procédure est assez simple : le demandeur devra obligatoirement saisir le juge des référés.

Dans l’affaire qui nous intéresse, le photographe avait mis en œuvre cette procédure et, comme le débat était contradictoire, Facebook contestait la demande et refusait de fournir les données qui identifiaient la personne qui était derrière le compte Instagram anonyme. Dans ce cas, il ne suffit pas de choisir la bonne procédure pour obtenir la levée d’anonymat, il faut également pouvoir justifier pourquoi il est nécessaire d’obtenir la communication des données. Ici le photographe souhaitait intenter un procès contre l’auteur des messages Instagram, donc il a saisi le tribunal judiciaire sur fondement de l’article 145 du code de procédure civile. Cet article permet au juge d’ordonner des mesures d’instruction pour pouvoir établir des preuves s’il existe un motif légitime.
Dans les faits qui nous intéresse le tribunal constate que les faits dont se prévalait le photographe constituaient un motif légitime pour obtenir les données d’identification de l’auteur du compte Instagram. Le tribunal a considéré que le motif était légitime d’une part parce le photographe comptait intenter un procès en raison du dommage qui était causé à sa réputation mais aussi parce qu’il fournissait plusieurs justificatifs médicaux qui indiquaient qu’il souffrait très fortement de cette situation de harcèlement. Donc le tribunal ici va considérer que la demande d’obtention des données d’identification est proportionnée.
C’est intéressant : il prend le temps de dire que le droit de la preuve pour le photographe, pour entreprendre le procès qu’il envisage, doit prévaloir sur l’anonymat du compte Instagram litigieux. Le tribunal prend soin, le temps, d’étudier la demande et de vérifier que cette demande est équilibrée entre les droits en présence, le droit à l’anonymat et le droit à la preuve.
En revanche, un point aussi intéressant dans cette affaire : le photographe souhaitait obtenir la communication de tous les messages que le compte Instagram avait pu envoyer à des tiers et là le tribunal a considéré que cette demande n’était pas du tout admissible légalement puisqu’en fait il s’agit de correspondances privées et que ces correspondances privées sont protégées par le secret des correspondances. Forcer Facebook à transmettre ces messages était une mesure qui n’était pas légalement admissible.

Voilà pour ce qui est de la levée de l’anonymat en ligne. Il faut maintenant faire une procédure accélérée au fond qui sera contradictoire et il faut surtout avoir un motif justifiant la levée de l’anonymat.

Frédéric Couchet : Merci Typhaine pour cet utile rappel sur cet anonymat. Je pense que ta chronique, d’utilité publique, devrait être envoyée notamment aux candidats et candidates à la prochaine élection présidentielle et aux prochaines élections législatives, car nul doute que ces gens-là vont essayer de revenir sur ce sujet-là bientôt.
Je te souhaite une belle fin de journée et au mois prochain ou peut-être au mois d’après pour ta prochaine chronique.

Typhaine Bonnet : Merci Fred. À bientôt.

Frédéric Couchet : Merci Typhaine.
C’était la chronique In code we trust, « Dans le code nous croyons », de Tiphaine Bonnet, avocate au cabinet Dune.
On va faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Après la pause musicale nous parlerons de covoiturage libre, sans commission et coopératif avec Mobicoop.
La pause musicale, comme souvent, est une découverte via le site auboutdufil.com. Une petite description très courte de la musique que j’ai trouvée sur ce site : « Grâce à sa positivité communicative, son rythme enjoué et son saxophone expressif, What You Want est une musique inspirante qui captera votre attention et vous aidera à rester concentré sur n’importe quelle activité répétitive, comme la couture, la broderie ou le tricot, le dessin ou le coloriage, la peinture ou encore le bricolage.
Nous allons donc écouter What You Want par LiQWYD and Luke Bergs. On se retrouve dans environ 2 minutes 30. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : What You Want par LiQWYD and Luke Bergs.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter What You Want par LiQWYD and Luke Bergs, disponible sous licence libre Creative Commons Attibution, CC By. Vous trouverez une présentation de l’artiste sur le site auboutdufil.com et toutes les références sur libreavous.org

[Jingle]

Frédéric Couchet : Nous allons passer au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Mobicoop le covoiturage libre, sans commission et coopératif, avec Bastien Sibille et Bénédicte Rozes

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter sur le covoiturage libre, sans commission, coopératif, avec nos invités : Bastien Sibille, président de Mobicoop et Bénédicte Rozes, directrice générale de Mobicoop. Nous allons déjà vérifier que les deux invités sont avec nous.
Bonjour Bastien.

Bastien Sibille : Bonjour Fred.

Frédéric Couchet : Bonjour Bénédicte.

Bénédicte Rozes : Bonjour Fred. Bonjour tout le monde.

Frédéric Couchet : On va simplement commencer par une petite question traditionnelle, une petite présentation personnelle rapide. On va commencer par Bénédicte Rozes.

Bénédicte Rozes : Je suis donc Bénédicte Rozes, directrice générale de Mobicoop. Je travaille depuis maintenant six ans sur les questions de mobilité, plutôt rurales et périurbaines. Je viens du dispositif Rezo Pouce, un dispositif d’auto-stop déployé en zones rurales et périurbaines qui part de l’idée de faciliter l’auto-stop, de ne surtout pas remettre des voitures en circulation mais de s’appuyer sur les flux, donc de remettre l’auto-stop au goût du jour.

Frédéric Couchet : OK. Merci Bénédicte. J’espère que c’est compréhensible pour les gens qui nous écoutent, n’hésitez pas à nous le dire sur le salon web de la radio parce qu’il y avait quelques coupures.
On va passer maintenant à la présentation de Bastien Sibille.

Bastien Sibille : Fred, tu as déjà résumé ce que je fais, l’essentiel de mes journées puisque je suis le président du directoire de la coopérative Mobicoop et c’est ce qui m’occupe pour l’essentiel. Je suis également engagé dans la coopérative Enercoop dont je suis administrateur et membre du bureau et je travaille depuis maintenant une vingtaine d’années sur les questions d’innovation sociale numérique, c’est-à-dire savoir comment on peut utiliser le numérique pour améliorer la relation avec les gens, les façons de produire, de consommer, etc. Je suis notamment pas mal intervenu ces derniers temps sur la question des plateformes coopératives dans toute la dimension collaborative de l’économie numérique et des façons de l’envisager autrement.

Frédéric Couchet : OK. On va aborder notre premier sujet tout simplement. J’ai dit que le titre est « covoiturage libre, sans commission et coopératif », on va essayer d’expliquer les quatre mots. Le premier paraît à peu près évident, mais on va quand même essayer de le rappeler, c’est quoi, déjà, le covoiturage ? Bastien.

Bastien Sibille : C’est très simple. Le covoiturage c’est le fait de partager sa voiture pour un trajet en ne partageant que les frais liés au trajet, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de rémunération de la personne qui conduit, on est bien dans un partage des frais d’essence, des frais de péage. On va d’un point A à un point B en emmenant d’autres personnes dans sa voiture.

Frédéric Couchet : D’accord. Pour la plupart des gens qui ont entendu parler de covoiturage, peut-être même qui pratiquent le covoiturage, il y a un nom qui revient assez rapidement, BlaBlaCar, qui doit sans doute être en situation de gros monopole en France et ailleurs. Finalement on pourrait se dire que s’il y a déjà un acteur, une plateforme qui existe, comme BlaBlaCar, pourquoi une autre plateforme ? Est-ce que BlaBlaCar pose des problèmes et quels problèmes ? Qui veut expliquer les problèmes que peut poser une plateforme comme BlaBlaCar ? Qui veut commencer ? Bénédicte ou Bastien ?

Bénédicte Rozes : Je vais parler du point de vue des utilisateurs et utilisatrices. Le choix de Mobicoop c’est de ne pas commissionner, ça veut dire que les sommes intégralement versées du passager vers le conducteur sont finalement remises au conducteur, Mobicoop ne prend aucune commission dans les transactions. L’important, comme l’a dit Bastien, c’est qu’au final le coût du trajet n’est pas lié à une offre, à une demande, mais il est lié à une distance et ça permet au conducteur, finalement, de rentrer dans ses frais, mais en aucun cas ce n’est lucratif.

Frédéric Couchet : On va essayer de continuer comme ça. On comprend les grandes lignes. Si on a souci, peut-être qu’on basculera Bénédicte en téléphone, on va voir.
Je ne sais plus quand BlaBlaCar s’est créé. D’ailleurs Bastien Sibille, d’un point de vue historique, quand s’est créé Mobicoop et à quelle occasion ? Dans quel contexte ?

Bastien Sibille : C’est une histoire qui commence à être un peu ancienne, si on prend l’histoire courte du numérique, parce que Mobicoop vient d’une plateforme qui s’appelle covoiturage libre et covoiturage libre est née au moment où BlaBlaCar a trouvé son modèle économique c’est-à-dire qu’il s’est mis à imposer une commission. BlaBlaCar qui était avant covoiturage.fr a réalisé, autour de 2010, une levée de fonds sur un modèle économique basé sur la commission et, à ce moment-là, s’est transformé en BlaBlaCar. Toute une partie de la communauté des utilisateurs de ce qui s’est appelé BlaBlaCar a été assez énervée en fait, il faut le dire, par l’imposition de cette commission. Peut-être un mot là-dessus quand même parce que c’est important, pourquoi les gens ont-ils été énervés ? Les gens étaient énervés parce que le fait de covoiturer c’est avant tout le fait de faire un acte de solidarité en ouvrant sa voiture, en permettant à quelqu’un d’autre de bénéficier d’un trajet, de partager un moment, de partager un déplacement ; ce n’est pas rien de partager sa mobilité, c’est quelque chose d’assez intime. Que cet acte de solidarité, soudainement, soit mis sur le marché, c’est-à-dire qu’il soit marchandisé, qu’on lui donne une valeur, et, qui plus est, que cette valeur soit en partie captée par la plateforme de médiation qu’était BlaBlaCar, a fait que tout un tas de gens qui ont dit ce n’est pas possible. L’acte de solidarité que je fais quand je partage ma voiture doit rester dans le domaine de la solidarité, ne doit pas devenir à la fois source de rémunération pour une plateforme d’intermédiation et, qui plus est, source de rémunération pour des actionnaires qui ont fortement investi dans la plateforme d’intermédiation. C’est comme ça qu’est né covoiturage libre. C’est une plateforme qui a vécu presque de rien pendant plusieurs années. Il y avait quelques bénévoles. Le fondateur, Nicolas Raynaud, a mis beaucoup d’énergie ; après il y a eu des bénévoles qui ont été plus ou moins lointains. D’elle-même cette plateforme a réussi à vivre jusqu’à ce que plusieurs personnes se rencontrent, transforment cette association, Covoiturage-Libre, en une coopérative qui s’est appelée Mobicoop et ça c’était en 2018.

Frédéric Couchet : D’accord. Dans le point suivant on va justement détailler Mobicoop. Je fais un point technique par rapport à Bénédicte. Bénédicte, si tu peux regarder sur le salon Mumble, Isabella, ma collègue qui est en régie, t’a donné un numéro de téléphone pour appeler. On va essayer de passer par téléphone, ce sera sans doute plus efficace.
Je vais poursuivre avec Bastien en attendant. Avant de parler de Mobicoop. Sur ce que tu viens d’expliquer, ce qui était finalement reproché quelque part à BlaBlaCar c’était un peu de trahir l’esprit du covoiturage, notamment peut-être, comme tu le disais, on partage les frais de route et on s’arrange entre nous. Je ne sais pas, je ne suis pas utilisateur de ce genre de plateforme, est-ce qu’il n‘y avait pas une tendance pour les utilisateurs, peut-être, à considérer finalement les gens du covoiturage comme des sortes de « professionnels » entre guillemets, taxi ou autre, donc de perdre ce côté humain ? Est-ce que c‘était un des reproches qu’on faisait à BlaBlaCar ?

Bastien Sibille : Deux éléments dans ma réponse.
Le premier parce que je suis souvent conduit à ça dans la presse et c’est un peu inconfortable : nous ne nous opposons pas à BlaBlaCar, c’est bien qu’il y ait eu BlaBlaCar. BlaBlaCar a permis à la question du covoiturage de devenir une question beaucoup plus connue du grand public. Le covoiturage était jusque-là assez marginal, je dirais, et il a acquis une vraie visibilité.
Une fois que j’ai dit ça, je crois qu’il faut, dans le monde, qu’il y ait une forme de biodiversité des acteurs, donc à côté et en face de BlaBlaCar des acteurs qui, eux, soient plus coopératifs et ne soient pas des sociétés de capitaux. Pourquoi ? Précisément par rapport à ce que tu viens de dire Fred. C’est-à-dire que ce que les gens ont décrié dans l’action de BlaBlaCar sur le covoiturage c’est que BlaBlaCar étant une société de capitaux, BlaBlaCar a conduit le covoiturage à devenir un acte proche du marché, c’est-à-dire à moitié commercialisé et c’est ce à quoi tu fais référence quand tu dis quand les gens entant dans une voiture avaient presque l’impression de faire appel à un chauffeur. Pourquoi ? Parce qu’il avait une forme de marchandisation de l’acte de partager sa voiture. Du coup, ce n’était plus un acte de partage de sa voiture, mais c’était un acte, finalement, de « je vends mon siège arrière sur mon trajet ». Quand on achète, on n’est pas dans le même rapport à l’autre que quand on partage quelque chose avec lui. En ce sens, la mise sur le marché du covoiturage par BlaBlaCar pose problème ou pose question et c’est à cette question que Mobicoop cherche à répondre.

Frédéric Couchet : D’accord. Super. Je précise qu’on a récupéré Bénédicte normalement au téléphone, on va pouvoir poursuivre.
On a parlé des questionnements, des soucis posés par la plateforme BlaBlaCar, on va arriver aux réponses proposées par Mobicoop. Ce que je disais en introduction c’est d’ailleurs sur le site de Mobicoop, je vais rappeler le site, c’est mobicoop.fr et on parlera tout à l’heure de cet aspect coopératif. La page d’accueil du site indique « covoiturage libre, sans commission, coopératif ».
On va essayer d’expliquer un petit peu ces trois points. On va revenir sur le point peut-être le plus « simple », entre guillemets, qui est le deuxième, on l’a déjà un petit peu abordé, sans commission. Bénédicte comment cela fonctionne-t-il soit pour quelqu’un qui veut proposer sa voiture pour faire du covoiturage ou pour quelqu’un qui cherche un covoiturage d’un point de vue financier ? Est-ce qu’il faut s’inscrire sur le site ? Est-ce qu’il y a quelque chose à payer ? Comment cela se passe-t-il ? Comment gère-t-on cet aspect sans commission qui est indiqué sur la plateforme ?

Bénédicte Rozes : Effectivement il y a une inscription sur notre site. Je suis conducteur, conductrice, j’inscris mon trajet sur notre plateforme ; je suis passagère, je fais une recherche et je trouve le covoiturage qui me va bien. Là, en fait, le prix est fixé en fonction de la distance et la somme que, passagère, je vais verser correspond aux kilomètres parcourus. Il y a un double intérêt pour le conducteur : il s’assure que son trajet est publié, la rémunération ne fait que couvrir les frais, il n’y a rien de lucratif, donc au niveau de ses impôts il n’y a aucun risque ; c’est un partage de voiture.

Frédéric Couchet : D’accord. C’est effectivement l’aspect sans commission et finalement le seul coût reste le partage entre les deux personnes des frais de déplacement, je suppose que c’est, par exemple, l’essence et le péage.

Bénédicte Rozes : Exactement.

Frédéric Couchet : Et effectivement ça les regarde. C’est l’aspect sans commission de Mobicoop. Je précise tout de suite, pour les personnes qui écoutent, qui se disent « finalement, si Mobicoop ne prend pas d’argent à ce niveau-là comment Mobicoop se finance-t-elle ? » On en parlera dans le point suivant sur le modèle économique de Mobicoop.
Deuxième point, on va dire le point coopératif, on reviendra au point libre après. On va continuer sur cet aspect coopératif, donc « mobi », « coop », qu’est-ce que vous mettez derrière ce terme « coopératif » ? Bastien pour commencer.

Bastien Sibille : C’est très simple. Nous sommes une coopérative, un type de coopérative spécifique, nous sommes une coopérative d’intérêt collectif, c’est-à-dire que peuvent entrer à notre capital, donc dans notre assemblée générale, à peu près l’ensemble des parties prenantes de notre aventure, c’est-à-dire les utilisateurs, les salariés, les financeurs, les collectivités territoriales qui s’appuient sur nous et un certain nombre de partenaires. Aujourd’hui, quand on convoque l’assemblée générale, on convoque à peu près 1200 personnes, ça veut dire qu’il y a 1200 personnes qui ont pris des parts sociales et qui regardent comment la coopérative est gérée, regardent les comptes, élisent le conseil de surveillance, le conseil de surveillance nomme le directoire. C’est un fonctionnement démocratique dans lequel le capital n’intervient pas puisque chaque personne qui participe à l’assemblée générale, quel que soit le volume de capital de la coopérative qui lui appartient, ne représente qu’une seule voix au moment du vote. C’est ça la grande différence entre une coopérative et une société de capitaux : quand la personne lève la main dans une société de capitaux, sa voix est pondérée par le capital qu’elle détient, c’est-à-dire que si elle détient 70 % du capital, elle va représenter 70 % des votes. Chez Mobicoop, quel que soit le niveau de capital, une main que se lève = une main qui se lève. C’est ça une coopérative.

Frédéric Couchet : Bénédicte, tu veux réagir ?

Bénédicte Rozes : On a effectivement un format démocratique ancien, mais je voulais quand même préciser qu’on a également une spécificité, on est agréé « Entreprise solidaire d’utilité sociale » parce que, dans notre raison d’être, on a vraiment cette vocation à une mobilité partagée, une mobilité inclusive. Le format coopératif c’est effectivement une appropriation de l’outil Mobicoop par ses sociétaires, la coopérative appartient à 1200 personnes et il y a aussi cet aspect, en filigrane, d’entreprise solidaire d’utilité sociale.

Frédéric Couchet : D’accord. J’ai deux questions. Je vais commencer par la première qui est toute simple : une personne qui souhaite utiliser le service Mobicoop est-elle obligée de devenir sociétaire ? Ou pas ?

Bénédicte Rozes : Non. On a des utilisateurs qui ne sont absolument pas sociétaires. L’intérêt d’être sociétaire c’est de peser sur l’avenir de la coopérative, de participer à nos réflexions, en fait d’enrichir ce collectif.

Frédéric Couchet : D’accord. Ma deuxième question. Vous venez de dire qu’il y a 1200 sociétaires au niveau de Mobicoop, est-ce que vous avez une idée du nombre de personnes qui utilisent Mobicoop, c’est-à-dire qui ne sont pas sociétaires ?

Bastien Sibille : C’est difficile, mais c’est un peu ce que j’allais dire pour répondre à la question d’avant. Mobicoop a à peu près 500 000 comptes utilisateurs. Sur ces 500 000 comptes utilisateurs, 50 % sont sur notre plateforme nationale, 50 % sont sur les plateformes régionales que nous opérons pour le compte de collectivités locales. On estime que sur cette enveloppe de 500 000 comptes il y en a à peu près 50 % qui sont actifs. C’est une estimation, c’est extrêmement difficile pour nous d’avoir des statistiques exactes pour un certain nombre de raisons qu’on détaillera peut-être par la suite. Ça répond aussi un peu à la question d’avant : tu vois bien qu’entre 500 000 comptes dont 50 % sont actifs et 1200 sociétaires, la très vaste majorité de nos utilisateurs ne sont pas sociétaires, mais ils savent que s’ils veulent l’être un jour, les portes de la coopérative leur sont ouvertes.

Frédéric Couchet : D’accord. Je vais relayer une question qui est sur le salon web. D’ailleurs je précise aux personnes qui nous écoutent en direct qu’elles peuvent venir sur le salon web de la radio, sur le site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous. Nous diffusons, nous sommes le 22 février 2022 et il est presque 16 heures. Il y a une question sur les 500 000 personnes : est-ce que c’est en France ou à l’international ?, parce que ça paraît beaucoup pour les gens.

Bastien Sibille : Oui, c’est en France. Il y a un peu des velléités, notamment dans les pays limitrophes de la France, mais pour l’instant on n’a pas poussé ces feux-là parce qu’on voulait bien asseoir notre position et nos modes de fonctionnement en France, donc là je parle de 500 000 comptes français. Attention, j’ai bien dit que j’estimais que 50 % étaient inactifs, c’est-à-dire que 500 000 comptes c’est à travers notre histoire, donc ça ne représente pas des utilisateurs actifs. Néanmoins, effectivement, c’est quand même assez important et ça montre deux choses. Ça montre que le covoiturage est devenu quelque chose de connu par les gens ; ils font appel à ce genre de service. La deuxième chose : le fait qu’il n’y ait pas de commission sur les trajets a compté effectivement pour tout un tas de gens et c’est pour ça qu’ils utilisent notre plateforme malgré son petit nombre d’utilisateurs. La remarque selon laquelle il semble que ça fait beaucoup d’utilisateurs, il faut bien voir qu’en face BlaBlaCar affiche, je crois, plus de 20 millions d’utilisateurs. Ce petit nombre montre qu’il y a aussi des gens qui sont attachés à ces valeurs un peu historiques du covoiturage.

Frédéric Couchet : Bastien est magnifique parce qu’il anticipe les questions qui ont été posées sur le salon web alors qu’il n’y est pas, effectivement il y avait une question sur BlaBlaCar. Je vais laisser réagir Bénédicte, mais je vais d’abord relayer la question suivante parce que c’est dans le même type de questions de statistiques, je sais que ce n’est pas forcément évident de répondre : combien de trajets quotidiens, en moyenne, sont permis par la plateforme ? Peut-être que Bénédicte veut répondre ou Bastien, si vous savez l’information bien sûr.

Bénédicte Rozes : Je suis incapable de répondre à cette question.

Frédéric Couchet : Bastien, est-ce que tu as l’information ?

Bastien Sibille : Non, je peux essayer de la retrouver pendant le fil de l’émission, je vais regarder.

Frédéric Couchet : Bastien regardera et s’il retrouve on vous le dira dans le cours de l’émission, sinon on mettra ça sur le site web. Par contre, je crois que Bénédicte voulait réagir.

Bénédicte Rozes : C’était par rapport au nombre d’utilisateurs et utilisatrices. C’est vrai que 500 000, comme disait Bastien, ça peut sembler beaucoup, mais c’est à pondérer puisqu’on est sur un territoire national, donc c’est vrai qu’il y a tout un enjeu d’aller chercher des covoitureurs sur les territoires pour que chacun puisse trouver un conducteur ou un passager qui colle à son déplacement.

Frédéric Couchet : Tout à fait. On vient de me faire remarquer que j’avais dit un gros juron en direct à la radio, c’est possible, effectivement !<br
Je vais poursuivre sur les questions en termes de nombre de personnes avant de changer un petit peu de sujet, ça peut être intéressant même si on va détailler après le modèle économique de Mobicoop. Dans Mobicoop combien êtes-vous de personnes salariées ou autres, quel que soit le statut ?

Bénédicte Rozes : Nous sommes 30 salariés sur divers métiers. On a évidemment des développeurs, mais on a aussi des chefs de projets, des animateurs et animatrices puisque certes l’outil numérique est nécessaire, mais ce n’est pas parce qu’on met une plateforme à disposition des personnes qu’elles vont se l’approprier spontanément et être à l’aise avec les outils. On a une équipe d’animateurs et animatrices qui vont justement accompagner, interroger la mobilité pour faire en sorte que des personnes qui, potentiellement, pourraient covoiturer passent à l’acte et deviennent des covoitureurs réguliers. Donc des animateurs et animatrices, des chefs de projet, des développeurs, un pôle mobilisation aussi puisque, Bastien l’a dit, il y a 1200 sociétaires chez Mobicoop, donc il faut dynamiser ce sociétariat, l’animer, créer des espaces de discussion, donc il y a aussi un gros travail à ce niveau-là.

Frédéric Couchet : J’ai une question sur l’aspect coopératif : est-ce que vous êtes proches de structures comme Enercoop, l’énergie renouvelable qui est aussi sous forme coopérative ? TeleCoop dans le téléphone mobile ? Est-ce que vous êtes proches de ces structures-là ?

Bénédicte Rozes : Je vais laisser répondre Bastien.

Frédéric Couchet : Bastien Sibille.

Bastien Sibille : Oui, volontiers. Réponse positive. Oui, absolument, nous en sommes tout à fait proches. Je suis proche d’Enercoop puisque j’en suis aujourd’hui administrateur et membre du bureau, donc je suis toutes les semaines sur le dossier. Au-delà de ça et de façon, je crois, intéressante pour le secteur, on a créé une alliance de coopératives qui s’appelle l’alliance Les LICOORNES, avec deux « O », qui est un peu un jeu de mots et une façon de rappeler à ces grandes entreprises qu’on appelle des licornes parce qu’elles ont eu une valorisation d’un milliard de dollars, supérieure à un milliard de dollars, que leur apport social et écologique est très fortement à questionner. On a créé cette alliance Les LICOORNES pour montrer qu’on peut créer de la valeur sociale et écologique sous forme coopérative. Dans cette alliance il y a les gens que tu mentionnes, TeleCoop, Enercoop, mais il y a aussi CoopCircuits, Label Emmaüs, Railcoop, Commown qui fait de la distribution de Fairphone et autres matériels IT ; il y a Citiz qui fait de l’autopartage, Mobicoop sur la mobilité partagée et la Nef, banque éthique, donc nous sommes neuf coopératives dans cette alliance. Je crois que nous partageons des choses très fortes et, parmi celles-ci, la conscience de la radicalité dont on doit faire preuve aujourd’hui dans la transformation de l’économie par rapport aux enjeux de crise écologique, l’importance de mettre l’écologie, l’humain, avant la question financière et du résultat, même si, en tant que structures économiques, nos résultats sont équilibrés.

Frédéric Couchet : J’espère que les candidats et candidates aux prochaines élections t’écouteront !
Avant de changer de sujet, j’ai une petite question sur le type de trajets proposés dans le covoiturage. Il y a les trajets sans doute réguliers, liés à l’emploi. Il y a les trajets occasionnels. Est-ce qu’il y a aussi des covoiturages qu’on appelle de crise, c’est-à-dire, par exemple, quand il y a des pannes ou des grèves, etc. Est-ce que ce sont les trois types de covoiturage qui existent, en gros, qui sont gérés sur la plateforme ou est-ce qu’il y en a d’autres ?

Bénédicte Rozes : Il y a ces trois covoiturages et, chez Mobicoop, on a aussi développé du covoiturage solidaire pour rendre service, pour accompagner une personne sur un entretien, une personne empêchée, une personne âgée, qui peuvent effectivement être des trajets qui peuvent se rattacher à du covoiturage ponctuel. Évidemment covoiturage domicile travail, covoiturage plus ponctuel. En fait covoiturage du quotidien, covoiturage ponctuel et effectivement covoiturage dans le cadre de grèves ou autre. C’est vrai qu’on se positionne. Chez Mobicoop on n’est pas là pour concurrencer les transports en commun, on est là pour compléter. On a parlé de notre coopérative. On a quand même trois valeurs fondamentales chez Mobicoop : la question de la solidarité, la question de l’environnement, la question des communs. Effectivement la question environnementale est très prégnante. L’idée de Mobicoop ce n’est surtout pas de vider les transports en commun mais plutôt de compléter et de proposer une solution de déplacement on va dire vertueuse, en tout cas une mobilité partagée pour que l’impact de la voiture soit partagé entre plusieurs passagers. Et quand il y a du transport en commun, encourageons et remplissons nos transports en commun.

Frédéric Couchet : D’accord. J’ai une question sur le salon. On nous demande de rappeler le nom de l’alliance citée par Bastien, c’est bien LICOORNES avec deux « O » et avec « S » ou c’est un autre nom ?

Bastien Sibille : Les LICOORNES avec deux « O » comme il y a deux « o » dans coopérative.

Frédéric Couchet : J’ai mis le site et on mettra toutes les références sur le site de l’émission libreavous.org.
On va bientôt faire une pause musicale mais, avant, je voudrais quand même poursuivre un petit peu sur ce sujet-là ; après la pause musicale on abordera le sujet du logiciel libre. Récemment, si je me souviens bien c’est l’an dernier, Mobicoop et Rezo Pouce ont fusionnés. Toi, Bénédicte tu es de Rezo Pouce et Rezo Pouce, si j’ai bien compris, c’est plutôt l’auto-stop. J’aurais envie de vous poser la question : pourquoi cette fusion ?

Bénédicte Rozes : Pourquoi cette fusion ? Déjà Mobicoop et Rezo Pouce travaillaient ensemble depuis plusieurs années. On était en train de développer des services similaires. Mobicoop était en SCIC, Rezo Pouce en SCIC également, donc des sociétés coopératives d’intérêt collectif qui étaient en train de développer des solutions concurrentes, du coup c’était un peu incohérent. Continuer à travailler individuellement aurait peut-être été une bonne chose pour nos égos personnels, en tout cas en termes de coopérative et de projet collectif, il nous a semblé assez logique et évident de fusionner pour travailler en complémentarité. Rezo Pouce, historiquement, c’était de l’auto-stop, mais on avait aussi du covoiturage, on a aussi développé une solution de transport solidaire. Sans se parler on était de développer les mêmes projets, donc on s’est dit qu’il était temps d’être un peu intelligents et de jouer sur nos complémentarités pour être une coopérative plus forte et, en fait, proposer une diversité de services à nos clients.

Frédéric Couchet : OK. On va faire une pause musicale. Bastien, est-ce que tu veux ajouter un mot sur ce sujet avant la pause musicale ?

Bastien Sibille : Bénédicte a bien parlé.

Frédéric Couchet : OK. Super.
Nous allons faire une pause musicale. C’est encore une découverte du site auboutdufil.com. On va écouter un artiste russe qui s’appelle Serjo De Lua, qui a pour pseudonyme Keys of Moon. « Il compose essentiellement au piano et ses musiques sont toujours instrumentales. Sans texte, un artiste n’a plus que la musique pour transmettre un message ou communiquer une émotion à l’auditeur et à l’auditrice. Keys of Moon l’a bien compris : en jouant avec le rythme et l’intensité du morceau, il parvient à créer des musiques expressives et chargées d’émotions. Le morceau que nous allons écouter, qui s’appelle The Epic Hero, est une musique épique. Ce titre de musique cinématique pourrait tout à fait être la bande-son d’une scène épique au cinéma, au théâtre ou dans un jeu vidéo. À l’écoute, on se plonge volontiers dans une histoire d’héroïsme, de combats et de sacrifices. »
Nous allons donc écouter The Epic Hero par Keys of Moon. On se retrouve dans 2 minutes 30. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : The Epic Hero par Keys of Moon.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter The Epic Hero par Keys of Moon, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By.

[Jingle]

Frédéric Couchet : Nous sommes toujours en direct. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April. L’émission du jour est consacrée au covoiturage libre, sans commission, coopératif avec nos invités, Bastien Sibille, président de Mobicoop, et Bénédicte Rozes, directrice générale de Mobicoop. N’hésitez pas à participer à notre conversation sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous.
Juste avant la pause musicale, nous avons notamment parlé de l’aspect sans commission, coopératif de Mobicoop. Maintenant on va parler un petit peu de l’aspect libre parce qu’on est quand même une émission sur les libertés informatiques. Qu’est-ce qu’on a derrière le mot « libre » de Mobicoop ? Bastien Sibille.

Bastien Sibille : Ce qu’on a derrière le mot « libre » de Mobicoop c’est quelque chose d’assez simple et sans doute assez commun pour les auditeurs et auditrices de l’émission, c’est que Mobicoop Platform qui est donc le logiciel sur lequel on fait tourner à la fois l’instance nationale mobicoop.fr et aussi toutes les instances régionales qu’on installe pour les régions, les départements, les collectivités territoriales, est développée sous une licence AGPL.

Frédéric Couchet : Avant de poursuivre, Bastien, il faudra que tu précises ce que veut dire la licence APGL, quelle est sa spécificité ; soit tu le fais maintenant, mais il faudra que tu précises.

Bastien Sibille : Je pense que tu le feras mieux que moi. Je te laisse le faire et après je continuerai.

Frédéric Couchet : La licence AGPL , qui veut dire GNU Affero General Public License, est une licence qui permet notamment à des plateformes, des sites web, de garantir l’accès au code source de la plateforme et de ses versions modifiées. On ne va pas rentrer dans l’historique. On mettra sur la page des références de l’émission un document qui explique ce type de licence. C’est une licence très largement utilisée dans le monde du logiciel libre. Mobicoop Platform est donc sous licence AGPL. Je te laisse poursuivre sur les raisons de ce choix d’une licence libre.

Bastien Sibille : C’est un choix qui était, pour nous, à la fois très évident et qu’il a été très difficile de mettre en œuvre.
Sur le côté très évident. Nous sommes une coopérative d’intérêt collectif, nous agissons pour les acteurs publics. Les acteurs publics financent notre action donc financent du développement de code informatique. Il nous a donc semblé qu’une fois que cet argent avait été investi dans du code, que ce code devait pouvoir être réutilisé par d’autres acteurs publics. C’est un peu l’idée qui a présidé à la forge de l’ADULLACT, etc., c’est-à-dire qu’un euro public investi par un acteur public doit pouvoir servir aux autres acteurs publics. Nous sommes un acteur d’intérêt général, nous travaillons pour les acteurs publics, donc nous avons voulu que notre code soit dans cet esprit-là et permette aux collectivités territoriales d’avoir des outils de mobilité partagée qui les rendent autonomes et non pas dépendants de la coopérative qui doit rester, pour elles et eux, un outil.
Quand je dis ça, je crois que c‘est très évident. On se vit comme un bien commun. Au début, quand je racontais l’histoire de Mobicoop il y a quelques années, pour faire comprendre je disais souvent aux gens « on essaie de construire le Wikipédia du covoiturage avec Mobicoop ». Donc c’est sûr que le fait d’avoir une infra libre c’était assez évident. Pour autant ça a été compliqué. Pourquoi assez compliqué ? Parce que ce sont quand même de grosses infrastructures logicielles, donc il a fallu libérer notre code. C’était un code qui avait quatre ou cinq ans.

Frédéric Couchet : Juste pour bien comprendre, dans l’histoire de Mobicoop, le code Mobicoop Platform n’était pas libre initialement, c’était un développement interne, on va dire propriétaire classique, et, à un moment, vous avez décidé de libérer ce code. C’est ça ?

Bastien Sibille : Je raconte l’histoire en détail parce qu’elle est hyper-intéressante.
En fait il y avait l’association Covoiturage-Libre. Nous, nous avions la plateforme nationale et là, pour tout dire, il n’y avait même pas de licence sur le code, c’était vraiment un code hyper-simple, c’était un petit outil de publication d’annonces, il n’y avait rien de très compliqué derrière ça, il n’y avait aucun SIG.

Frédéric Couchet : SIG, Système d’information géographique. C’est ça ?

Bastien Sibille : Exactement. Il y avait une belle communauté d’utilisateurs et d’utilisatrices. De l’autre côté il y avait une entreprise qui s’appelait Covivo, qui travaillait pour les collectivités territoriales depuis dix ans et qui, elle, avait développé en interne un logiciel de covoiturage pour les collectivités territoriales et ce logiciel était sous licence propriétaire. J’avais dit à Mathieu Jacquot, qui est aujourd’hui directeur général de Mobicoop et qui était président de cette entreprise, « il y aurait des raisons de nous rapprocher, mais tant que le logiciel ne sera pas libre ou que vous ne serez pas sous forme coopérative, on ne pourra pas le faire ». Au même moment la région Bretagne ainsi que 70 autres collectivités territoriales de l’Ouest de la France, dont des collectivités importantes – Rennes Métropole, Nantes Métropole, le département du Finistère, etc. – ont passé commande à Covivo pour qu’elle leur livre un code logiciel sous format libre. De ce moment-là, en fait, on a pu rapprocher l’entreprise Covivo et l’association covoiturage libre, en faire la coopérative Mobicoop s’appuyant sur une infrastructure logicielle libre Mobicoop Platform. Ça nous a pris deux ans pour refondre notre code informatique, pour qu’il soit de suffisamment bonne qualité pour pouvoir être libéré et ça a vraiment été extrêmement lourd et extrêmement dur. Ce sont deux ans à une dizaine de développeurs salariés temps plein plus un certain nombre de prestations externes, etc., c’est un investissement pour la coopérative de près d’un million d’euros, quelque chose de très conséquent.

Frédéric Couchet : D’accord. C’est très intéressant. Je précise que je vois les questions sur le salon web, je vais les relayer.
Tout à l’heure tu as parlé de forge et de l’ADULLACT, peut-être que les gens n’ont pas forcément compris ce que c’est.
Les forges sont des sites web sur lesquels on met du code logiciel et un certain nombre d’outils qui permettent de favoriser le développement des logiciels, d’ailleurs les logiciels peuvent être libres ou pas.
L’ADULLACT c’est l’Association des Développeurs et Utilisateurs de Logiciels Libres pour les Administrations et les Collectivités Territoriales qui propose effectivement une forge et d’autres en proposent largement. Si vous voulez en découvrir une, vous pouvez sur le site du Chapril, chapril.org, sur lequel on propose un certain nombre de services libres dont une forge. Bon ! C’était juste pour préciser les termes forge et ADULLACT.
Je vais relayer une petite question qui est d’ailleurs pertinente ; user-611 dit « c’est dommage, il n’y a pas de lien vers le code source en bas du site ». Effectivement, l’une des obligations de la licence AGPL c’est que sur le site web il doit y avoir un lien vers le code source. Pourquoi, en bas du site, n‘y a-t-il pas un lien vers la forge sur laquelle se trouve le code source de Mobicoop Platform ? Bastien.

Bastien Sibille : Eh bien c’est une erreur ! Comme on le fait dans le monde du Libre, quand on voit une erreur on la corrige. Merci à user-611, merci beaucoup. On va corriger ça. Le code est accessible sur GitLab.

Frédéric Couchet : Oui, on mettra le lien complet.
J’ai d’autres questions sur la partie libre. On verra à la fin notamment sur les aspects applications et autres. Avant cela, essayer de plus comprendre qui développe Mobicoop Platform. On a bien compris que ça a été du code qui a été libéré avec un travail conséquent avant la publication sur la forge. Aujourd’hui qui contribue à Mobicoop Platform, c’est-à-dire au code ? Est-ce que ce sont uniquement des personnes de Mobicoop ? Est-ce que des personnes externes contribuent ?

Bastien Sibille : Soyons clairs. Aujourd’hui c’est essentiellement l’équipe de Mobicoop pour plusieurs raisons dont la principale, je pense, est sans doute qu’aujourd’hui encore Mobicoop n’a pas tout à fait suffisamment de ressources pour animer du développement extérieur, mais j’espère que ça changera assez vite. Après, il y a des débuts de partenariat, par exemple des collectivités aussi importantes que le Grand Lyon, la métropole de Lyon, sont assez attentives, regardent si elles ne pourraient pas développer elles-mêmes des instances. On a des contributions plus marginales sur de la traduction, ça a été traduit en cinq langues, etc. Je dirais que ça prend du temps. Ça nous a pris deux ans pour libérer et maintenant, pour réussir à agréger des compétences qui vont venir contribuer et développer vraiment des nouveaux modules, ça va peut-être nous prendre encore quelques années. La route est devant nous.

Frédéric Couchet : La route est libre. La voie est libre !
J’ai d’ailleurs une autre question qui est un petit peu proche par rapport à ça. Il faut juste que je la retrouve parce que ma collègue épingle les questions qu’on pose : est-ce que vous prévoyez, ou est-ce que c’est déjà le cas, de donner la possibilité aux personnes utilisatrices de la plateforme de remonter des anomalies et/ou de proposer de nouvelles fonctionnalités ?

Bastien Sibille : C’est marrant, j’avais justement une réunion tout à l’heure sur la question de la hotline. On a une hotline. Pour que vous sachiez c’est à peu près deux jours par semaine d’une personne pour répondre à tous les mails qu’on reçoit. Quand ces mails nous remontent des anomalies, ils sont transformés en tickets qui sont transmis à l’équipe technique.
Après, il y a plusieurs choses sur les questions des évolutions fonctionnelles.
On a un cercle de gouvernance, qui s’appelle stratégie de la plateforme, dans lequel les sociétaires qui veulent dire des choses sur l’évolution de la plateforme se réunissent pour orienter sa feuille de route stratégique ; ça peut être des personnes physiques, des développeurs, des utilisateurs, etc. ; ce sont aussi des partenaires ou des collectivités territoriales utilisatrices du logiciel. C’est un premier élément. Il y a un deuxième élément qui est que de temps en temps, quand on est dans des phases de forte évolution de notre infrastructure, au moins de ses éléments fonctionnels d’interface, on sonde notre communauté. On a la chance d’avoir une communauté assez vive, il y a un peu plus de 3000 personnes sur Facebook, donc on les sonde sur la priorisation de certaines évolutions ou sur des évolutions qu’on n’aurait pas envisagées.
Pour finir là-dessus, on essaye de ne pas créer trop de frustration non plus parce que ce n’est pas facile. Il y a plein de trucs qu’on aimerait modifier sur la plateforme, mais, encore une fois, on le fait à périmètre constant de l’équipe de développement, donc ce n’est pas évident de prendre toutes les remontées de demandes d’évolution qui, le plus souvent, sont légitimes et bien vues.

Frédéric Couchet : Vas-y Bénédicte.

Bénédicte Rozes : Je voudrais juste préciser que l’équipe de développeurs de Mobicoop ce sont six personnes, c’est quand même une petite équipe. Pour le coup c’est ma casquette RH, mais on est aussi vigilant à ne pas les épuiser non plus parce qu’effectivement il y a de la frustration. Être salarié chez Mobicoop c’est être engagé, ce sont des personnes compétentes mais qui, en plus, portent ce projet-là. Notre rôle c’est aussi de faire attention, de les chouchouter, justement, pour qu’ils puissent être là sur la durée. Comme dit Bastien, c’est vrai qu’il y a énormément d’envies, énormément de chantiers, mais parfois il faut prendre le temps et se laisser le temps de faire les choses.

Frédéric Couchet : Oui. Tout à fait. C’est très bien que tu rappelles l’importance de préserver les équipes salariées. Il y a beaucoup de structures dans lesquelles ce n’est pas du tout le cas.
Avant de passer au sujet suivant sur le modèle économique parce que je vois que le temps avance, je vais poser la dernière question justement sur les retours dont tu parlais Bastien. En préparant l’émission j’ai posté un certain nombre de messages disant que j’allais avoir le plaisir de recevoir Mobicoop, est-ce que vous avez des retours ? En fait les retours que j’ai eus tournent tous un petit peu autour du même sujet. Je précise que j’ai envoyé les questions, avant, à Bastien et à Bénédicte. En gros c’est revenu sur deux sujets principaux, donc je vais poser une question globale. Premier sujet c’est un peu l’utilisation d’outils Google, notamment Google Analytics pour les sites web au niveau de l’analyse des données ; également l’utilisation des fontes Google qui pose un certain nombre de problèmes, on fait référence à certaines décisions récentes qu’on mettra sur le site web. C’est la première chose. La deuxième, qui est un peu liée aussi, c’est sur la partie application mobile. Aujourd’hui l’application est disponible sur l’Apple Store et le Google Play, mais il existe un magasin d’applications libres qui s’appelle F-Droid, f-droid.org. Vous pouvez installer cette application et, ensuite, vous avez accès à plein de logiciels libres. Pour l’instant il se trouve que Mobicoop n’est pas sur F-Droid parce que la version mobile utilise un outil d’analyse de Google qui est propriétaire et qui, en plus, piste les personnes utilisatrices. Est-ce que ça va être pris en compte ? On a bien entendu la taille de l’équipe, mais par rapport à ces problématiques liées, en gros, à l’utilisation d’outils Google. Bastien peut-être.

Bastien Sibille : C’est une question qui n’est pas évidente. Je voulais remercier Olivier Sarrat qui ne participe pas à cette émission mais qui le ferait mieux que moi parce que c’est lui qui est à la manœuvre de tout ça et il pourrait apporter un certain nombre d’éléments de réponses.
Pourquoi n’est-ce pas évident ? Parce qu’on est toujours tiraillé entre, je dirais, trois angles du triangle.
Il y a un angle qui est notre volonté absolue d’être le plus proches de nos valeurs, du Libre, du bien commun, etc.
Il y a un autre angle qui est notre capacité de développement. Comme l’a rappelé Bénédicte, on n’a pas une capacité infinie, donc on ne peut pas faire les choses exactement comme on aimerait à chaque fois.
Et puis il y a un dernier angle qui est la qualité de l’expérience utilisateur et, quand je dis expérience utilisateur, c’est aussi l’expérience de nos clients que sont les collectivités territoriales.
Une fois que j’ai dit ça, il y a certaines zones qu’on essaye de contraindre le plus possible, de rendre le plus possible petites, sur lesquelles il y a des outils que, pour l’instant, on n’arrive pas à remplacer avec nos petites mains et nos petites forces.
Pour le dire rapidement, effectivement on n‘est pas sur F-Droid, parce qu’il y a Firebase. Le problème c’est que c’est un outil Google, cross plateforme, qui nous permet, en gros, d’être présents sur Google Play et iOS et, pour l’instant, on n‘a pas trouvé autre chose et nous ne pouvons pas le développer. On est bien ennuyés, mais c’est comme ça.
Pour Google Analytics, là où on le peut, depuis deux ans sur notre plateforme nationale et dès qu’on le peut auprès de nos clients, on est passé sur Matomo, Matomo qui est la nouvelle version de Piwik pour les plus anciens d’entre nous, donc logiciel libre de statistique. Néanmoins on a des clients, des collectivités territoriales qui veulent absolument travailler avec Google. Bénédicte dira sans doute, après, un mot de notre modèle économique, mais on vit de ce que nous donnent les collectivités territoriales pour faire de la prestation pour elles. Quand une collectivité nous dit « on veut Google Analytics », on n’a pas le choix, c’est contractuel, on l’installe.
Et enfin sur les fontes, on a fait une jolie mission avec une agence graphique qui s’appelle Chevalvert, qui nous a fait une fonte Mobicoop, qui est celle de notre logo, c’est la police Mobicoop, elle est super chouette, je l’aime beaucoup, simplement elle n’est pas du tout compatible avec tous les navigateurs, donc on a cherché une fonte qui soit le plus proche possible d’elle et qui soit libre. Je veux bien qu’il y ait des problèmes avec les fontes Google, aucun souci pour le dire. Là c’est quand même ce qu’on appelle une Open Font License, OFL, qui répond aux préconisations de la FSF, des Debian Free Software Guidelines. On a quand même essayé de faire au mieux et, là encore, avec cette contrainte de la plus grande compatibilité avec les navigateurs sur cette fonte.

Frédéric Couchet : OK. Ça réagit sur le salon web, mais on ne va pas rentrer dans tous les détails. J’encourage les gens à faire des remontées à Mobicoop sur cette amélioration ; effectivement, pour Matomo, ça dépend aussi de la configuration, mais on voulait faire ces retours.
Je vois que le temps passe. Il y a un sujet qu’on veut absolument aborder, tu as commencé à le faire et on a bien senti l’importance des collectivités, c’est le modèle économique de Mobicoop. Tout à l’heure on a bien compris que c’est sans commission pour les personnes utilisatrices, c’est gratuit, mais on a aussi entendu qu’il y a une équipe chez Mobicoop. Quel est le modèle économique de Mobicoop ? Les gens qui nous écoutent se disent si c’est gratuit qui paye ? Quel est le modèle économique de Mobicoop et quel est le lien avec les collectivités dont vous avez parlé à plusieurs reprises ? Qui veut commencer ? Bénédicte.

Bénédicte Rozes : Oui, c’est moi qui vais commencer. La mission de Mobicoop c’est d’accompagner des entreprises et des collectivités territoriales dans le déploiement de solutions de mobilité. Effectivement, nos clients sont des entreprises qui souhaitent déployer du covoiturage, ce sont des collectivités, ça peut être des régions, ça peut être des parcs naturels régionaux, des communautés de communes. Eux payent un abonnement ou, dans le cas d’une région, des développements spécifiques et c‘est ce qui nous permet d’assurer la gratuité pour les utilisateurs et ce sont aussi ces abonnements qui nous permettent de maintenir la plateforme nationale Mobicoop, donc de pouvoir garder ce covoiturage longues distances. Ces abonnements-là, en fait, nous permettent de faire fonctionner notre coopérative.
Il y a aussi l’idée que quand on fait des développements on essaie de les partager au plus grand nombre, donc on s’appuie effectivement sur les collectivités et on reste tributaires des demandes de ces collectivités quand il y a des demandes un peu spécifiques. En fait c’est toujours la complexité d’une coopérative : on reste une entreprise, donc il faut qu’à la fin du mois on puisse payer les salaires des 30 salariés et avancer.

Frédéric Couchet : Oui, tout à fait. Ce ne sont que les collectivités ou est-ce qu’il y a ce même type de service aussi pour les entreprises ? Je suppose que les entreprises, pour des événements privés, ont peut-être besoin de covoiturage. Est-ce que vous proposez du service via abonnement ou paiement pour les entreprises ?

Bénédicte Rozes : Oui. On propose du covoiturage pour les entreprises ou de la gestion de flotte. La gestion de flotte, pour préciser, c’est « je suis une entreprise, j’ai 15 véhicules, j’ai besoin d’un outil pour gérer les entrées et sorties, pour pousser aussi au covoiturage », toujours dans notre logique d’environnement, de préserver l’environnement. L’idée c’est qu’un salarié qui part en réunion, s’il y a d’autres personnes qui vont au même endroit au même moment, on encourage le covoiturage avec cet outil de gestion de flotte.

Frédéric Couchet : D’accord. Bastien, sur cet aspect modèle économique, je suppose que tu veux compléter.

Bastien Sibille : Non. Bénédicte a bien parlé. Juste pour vous donner une répartition, en gros c’est 80 % du chiffre d’affaires avec les collectivités territoriales et 20 % avec des organismes privés qui, d’ailleurs peuvent ne pas être des entreprises, on travaille par exemple avec France terre d’asile, avec la Croix-Rouge, etc. C’est pour ça que spontanément on parle des collectivités qui sont 80 % des gens avec lesquels on travaille, mais il y a effectivement quelques entreprises.

Frédéric Couchet : Sur le salon web les personnes sont un peu curieuses, on nous demande si on peut avoir des noms d’entreprises et/ou collectivités ? Peut-être un peu symboliques ou majeures, Bastien ou Bénédicte.

Bastien Sibille : Je peux en donner quelques-uns, volontiers. Je vous citais tout à l’heure la métropole du Grand Lyon. Il y a aussi la région des Hauts-de-France via le dispositif Pass Pass Covoiturage. Je vous citais les 70 collectivités territoriales de l’Ouest, donc la région Bretagne, la région Pays de la Loire, Le Finistère, Nantes, Rennes, etc., ça s’appelle ouestgo ; la région Auvergne-Rhône-Alpes avec le dispositif MOV’ICI ; je vous ai cité la Croix-Rouge et France terre d’asile ; il y a aussi, par exemple, EDF qui fait appel à nous, les caisses d’allocation familiales. Je ne vais pas tout vous détailler, on a plus de 200 clients, ça vous donne quelques idées.

Frédéric Couchet : Est-ce que vous avez un petit peu des dons ? Est-ce que vous sollicitez les dons de particuliers ?

Bastien Sibille : Quand on était sous format associatif et un peu sous forme coopérative mais de façon beaucoup plus marginale, on a eu un programme de dons, notamment via Lilo, je ne sais pas si vous connaissez, cette plateforme.

Frédéric Couchet : Le moteur de recherche.

Bastien Sibille : Oui, le moteur de recherche avec les gouttes. Il faut bien voir que c’est toujours très précieux parce que ça montre que les gens sont attachés à la coopérative, presque plus qu’en termes de budget. Le budget de la coopérative c’est presque 100 000 d’euros par mois et là on parle de quelques centaines d’euros par mois, vous voyez que c’est plus marginal.

Frédéric Couchet : Le temps passe super vite. Il me vient une question avant la question finale de synthèse. J’ai dit à deux reprises qu’on est dans une période pré-électorale, à la fois l’élection présidentielle et les élections législatives. Est-ce que vous avez des demandes ou est-ce que vous avez des souhaits, des choses que vous aimeriez voir mises en œuvre pour faciliter le covoiturage ou l’auto-stop, donc la mobilité partagée, on va dire, comme vous l’appelez globalement ? Est-ce que quelqu’un a une idée ou est-ce que vous n’avez pas vraiment de demandes particulières ou d’idées particulières sur ce qui serait nécessaire on va dire d’un point de vue politique ou législatif ?

Bénédicte Rozes : Il y a quand même des choses qui vont dans le bon sens avec la loi d’orientation des mobilités, le forfait mobilité durable qui pousse au covoiturage. Il y a des choses qui m’étonnent toujours ! Je pense notamment à Pôle emploi qui, actuellement, participe financièrement aux frais de transport en commun des personnes qui sont en recherche d’emploi, Pôle emploi peut les soutenir, par contre pas le covoiturage. Il y a encore cette petite étape à faire et à penser pour que le covoiturage soit vraiment perçu comme un mode de déplacement au même titre que les transports en commun. Il y a énormément de territoires qui n’ont pas de solutions, qui n’ont pas de transport, l’accès aux gares est compliqué, donc il y a encore ce travail à faire.
Après, je pense qu’on l’a beaucoup dit, en fait il y a toujours l’aspect spécificité société coopérative qui essaie de se démarquer dans sa façon d’appréhender les choses, mais qui, pour autant, reste liée aux contraintes de l’économie classique. On est toujours entre ces deux exigences.

Frédéric Couchet : D’accord. Sur cette question, Bastien, est-ce que tu veux ajouter quelque chose ?

Bastien Sibille : Très rapidement. Notre enjeu c’est de réduire le nombre de voitures dans les rues. Les gens en ont marre qu’il y ait autant de voitures dans les rues. Donc oui, la puissance publique a des choses importantes à faire pour réduire l’usage de la voiture individuelle. Ces choses importantes sont extrêmement larges, elles dépendent de la façon dont on aménage l’espace. Quand je dis qu’on aménage l’espace c’est-à-dire où est-ce qu’on travaille, où est-ce qu’on consomme, où est-ce qu’on vit ? Elles dépendent de la façon dont on aménage la voirie : à quand des vraies lignes réservées aux voitures où il y a plusieurs personnes dans la voiture ? À quand des vrais espaces pour prendre des gens en covoiturage ? Là, oui, on a besoin de politiques publiques qui soient volontaires pour réduire l’empreinte de la voiture qui, il faut le dire, dans nos centres-villes est hallucinant. L’espace public est juste bouffé par la bagnole, pour le dire de façon un peu triviale.

Frédéric Couchet : Merci tous les deux. On va passer à la dernière question, notre question traditionnelle du sujet long. Pour conclure, quels sont les éléments clefs à retenir de cette émission selon vous en moins de deux minutes chacun et chacune ? Qui veut commencer ? Vas-y Bastien.

Bastien Sibille : Je peux commencer comme ça Bénédicte aura le dernier mot.
Je pense que ce qu’il faut retenir c’est un, le partage de la mobilité, des mobilités individuelles, sera toujours gagnant par rapport à essayer d’améliorer sur le plan technique la consommation d’énergie des véhicules. Donc un, l’innovation d’usage ; l’innovation d’usage c’est on partage les véhicules.
Deuxièmement, puisqu’on est sur une émission qui est liée au logiciel libre, toujours penser la finalité de l’action – créer un logiciel libre – avec la gouvernance de la structure qui porte cette finalité. Et là j’attire l’attention de nos auditeurs et de nos auditrices sur les formes coopératives qui sont en extrême adéquation avec la finalité qu’est le logiciel libre.

Frédéric Couchet : Merci Bastien. Bénédicte.

Bénédicte Rozes : J’ai aussi mon biais Rezo Pouce. Effectivement on a beaucoup parlé de logiciel libre, du coup on parle de logiciel. Le travail de Mobicoop c’est vraiment d’impulser un changement de mobilité, d’interroger les personnes sur leur façon de bouger pour, comme l’a dit Bastien, enlever des voitures des centre-villes et de la circulation et faire qu’on arrête d’être tout seul dans sa voiture pour faire ses allers-retours. Donc remettre les outils à leur juste place. Se rappeler qu’on est une société coopérative d’intérêt collectif donc pour moi la place prépondérante, quel que soit le sujet, ça reste l’humain, l’humain au centre de nos préoccupations, au centre de la mobilité. Se dire OK, un personne a besoin de se déplacer, mais, en fonction de son déplacement, elle peut marcher, elle peut prendre son vélo, elle peut aller prendre un bus, prendre un train. C’est penser la mobilité de façon très globale et dans un système le plus riche possible.

Frédéric Couchet : Merci Bénédicte de rappeler que l’humain doit être au sein des politiques publiques. Je vais préciser qu’on a parlé plusieurs fois d’Enercoop tout à l’heure, énergie renouvelable sous forme coopérative. On a reçu Enercoop dans Libre à vous !. Si vous voulez en savoir plus sur Enercoop, notamment sur son usage du logiciel libre c’est dans l’émission 46, c’est donc sur libreavous.org#46.
Je vous remercie beaucoup. On était avec Bastien Sibille président de Mobicoop et Bénédicte Rozes directrice générale de Mobicoop. Le site de Mobicoop c’est mobicoop.fr, coop avec deux « o ». Je vous souhaite une belle fin de journée à tous les deux et sans doute à bientôt.

Bénédicte Rozes : Merci beaucoup. À bientôt. Au revoir.

Bastien Sibille : Merci À bientôt. Au revoir.

Frédéric Couchet : Merci. On va faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Après la pause musicale, nous entendrons la chronique de Luk sur le thème « météo opensaourciste », je me demande encore de quoi il va nous parler !
Pour la pause musicale, on va écouter un artiste qu’on a déjà écouté, Niwel, qui, toujours selon le magnifique site auboutdufil.com est « un jeune producteur français. Étudiant en médecine, il voit la musique comme un passe-temps, bien qu’il soit déjà à son âge un artiste et multi-instrumentiste accompli. De son vrai nom Joseph Shimoni, il joue de la musique depuis l’enfance. Après avoir appris le piano, le violon ou encore la mandoline, il s’est consacré à la musique assistée par ordinateur. Pour ce féru de musiques électroniques, ce passe-temps est vite devenu une véritable passion. Durant un voyage au Japon, Niwel a visité un village de montagne authentique de la préfecture de Gifu : Takayama. Dans son titre électro chill Takayama, Niwel rend hommage à un village qui l’a profondément marqué lors d’un voyage. »
Nous allons écouter, comme vous l’avez deviné, Takayama par Niwel. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Takayama par Niwel.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Je suppose que vous avez voyagé, comme moi, avec ce titre électro chill Takayama.
Nous avons écouté Takayama par Niwel disponible sous licence libre Creative Commons By SA.

[Jingle]

Frédéric Couchet : Nous allons passer au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Chronique « La pituite de Luk » sur le thème « Météo opensourciste »

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec la chronique de Luk sur le thème « Météo opensourciste ». C’est une chronique enregistrée. On se retrouve dans moins de quatre minutes.

[Virgule sonore]

Luk : Avis de tempête en matière de fric et d’informatique. De gros amoncellements de thune ont été rapportés au-dessus du logiciel libre ces dernières semaines dans la presse. Est-ce que les développeurs vont bientôt chanter sous une pluie de pognon frais en faisant des claquettes ? Peut-être que les 200 000 euros de bug bounty que l’Europe finance pour sécuriser une poignée de logiciels libres suffiront ; bug bounty c’est de l’anglais, ça veut dire « cent balles et un mars » en bon français !
Probablement que les cinq millions de l’Open Source Security Foundation seront plus efficaces pour les métamorphoser en Gene Kelly. Le Gene Kelly de 1952, je précise, pas celui de 1997, soit un an après sa mort. Elle destine ce budget à deux projets très modestement appelés Alpha et Omega.

L’Alpha et l’Oméga, cette expression bien connue, symbolise normalement l’éternité du Christ. Jésus revient donc enfin et, contre toute attente, il est « opensourciste ». Il va faire de nouveaux miracles, comme boucher les trous de sécu des logiciels libres par imposition des mains, ou transformer des bugs en features. Quand on croit qu’il s’est élevé dans le ciel il y a 2 022 ans, ce n’est pas si absurde d’imaginer qu’il puisse redescendre parmi nous par l’informatique en nuage.

J’entends déjà les jérémiades des développeurs, petits ou moins petits, qui veulent gâcher ce bel esprit festif : financer la sécurité ne leur permettra toujours pas de vivre décemment de leur boulot. Quel cruel manque d’ambition ! Il faut savoir s’adapter ! Si le marché veut de la sécurité, il faut lui en vendre. Donc à toi, développeur libriste, voici mes conseils d’expert en open marketing digital.
Premier conseil, soigne tes bugs, bordel ! Excuse mon emportement, mais si on veut toucher de belles primes, il faut pouvoir fournir de beaux bugs, retords et dangereux, qui offriront un délicieux sentiment de soulagement à tes clients. Il te faudra une seconde identité, un truc du genre Satoshi Cacapopo, pour jouer sur les deux tableaux, bien évidemment.
Second conseil, maximise le pouvoir de nuisance de ton logiciel dès sa conception. Les humains oublient volontiers un risque lointain quand on leur refile de la facilité et du clinquant. Tu dois considérer que les fonctionnalités, si pertinentes de ton projet chéri, toutes tes optimisations aux petits oignons, ne sont que des produits d’appel pour placer des bugs qui, eux, rapporteront. Le bug est créateur de valeur, c’est ton core business.
Troisième conseil, l’important est de savoir menacer sans paraître hostile. Le développeur de faker.js et colors.js, qui a saboté ses logiciels récemment, est un contre-exemple à ne pas suivre. Faire tout péter chez ses utilisateurs c’est bien. Oui, ça les motive à mettre la main à la poche mais ça doit avoir l’air d’un accident. La communication est la clé et il faut trouver le juste équilibre, savoir prendre l’air contrit sans néanmoins s’aplatir, s’excuser en restant digne et passer beaucoup de temps à communiquer sur le fait qu’on fait des nuits courtes en buvant beaucoup de café pour sauver le monde.
Mais peut-être que mes conseils sont déjà dépassés à cause des 30 millions de France Relance. Peut-être que la volonté française de pousser une stratégie logiciel libre pour les collectivités européennes irriguera prochainement les développements libres. Si ça se trouve, les développeurs d’openCimetière, OpenDébitDeBoisson ou d’OpenHygiène feront bientôt des keynotes qui déchaîneront la presse informatique, reléguant les costards-cravates des applications corporate au rang de pathétiques dinosaures.

À l’inverse, il y a des menaces de sécheresse supplémentaire en Californie. Après l’eau qui refuse de tomber du ciel, il semblerait que les averses de dollars connaissent quelques très légers ralentissements. Facebook a ainsi rapporté que l’App Tracking Transparency d’Apple lui aura fait perdre 10 milliards en un an. La météo californienne est également menacée par l’anticyclone RGPD qui se renforce dans le ciel européen et qui pousse Google Analytics hors de son territoire. Quand on constate qu’un nombre grandissant de sites de presse imposent le paiement d’abonnements à qui refuse de bouffer leurs cookies publicitaires, peut-être que le climat Californien sera affecté par cette perte de capacité de surveillance des Européens.

Enfin bon ! Je dis ça je dis rien. On connaît la fiabilité des prédictions météo ! Et en plus, il n’y a plus de saison mes braves gens !

[Virgule sonore]

Frédéric Couchet : C’était la chronique enregistrée de Luk qui est quand même très fort. Il est capable d’enregistrer une chronique, de nous parler de Google Analytics alors qu’on vient juste d’en parler. En plus il est un petit peu sadique parce qu’en nous parlant de Jésus revient, il vient de me mettre en tête le « Jésus reviens, Jé-ésus reviens. Jésus reviens parmi les tiens » chanté par l’incroyable Patrick Bouchitey dans le film La vie est un long fleuve tranquille, je ne sais plus dans quelles années. Apparemment ma collègue Isabella Vanni, qui est en régie, a eu la même idée que moi. On aurait pu anticiper et passer Jésus reviens, mais on ne va pas le faire.
En tout cas c’était la chronique de Luk sur le thème « Météo opensourciste ». Vous retrouverez toutes les références dont il a parlé sur le site libreavous.org
Nous approchons de la fin de l’émission. Nous allons terminer par quelques annonces.

[Virgule musicale]

Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre

Frédéric Couchet : Oui Isabella, nous sommes en connexion, nous avons les mêmes goûts musicaux, nous allons pouvoir faire du covoiturage et chanter avec tout le monde !

Dans les annonces.
Nous avons déjà évoqué la proposition de loi sur le contrôle parental. Sans qu’il soit ici question de discuter du fond de la proposition de loi, dans sa rédaction initiale la proposition laissait craindre, comme potentiel effet de bord, l’interdiction de la vente d’ordinateurs sans système d’exploitation, une pratique existante qui répond à de nombreux besoins, notamment pour les personnes férues de libertés informatiques. Finalement, après le vote en commission mixte paritaire, la commission qui réunit des sénateurs/sénatrices et des membres de l’Assemblée nationale, les équipements mis sur le marché sans système d’exploitation ne sont pas concernés par le dispositif. Ouf ! L’April, qui avait exprimé ses craintes à ce sujet, avait contacté les rapporteurs et les parlementaires membres de la commission. Nous saluons évidemment leur décision. Le texte doit à présent être approuvé par les deux chambres parlementaires. Le vote à L’Assemblée aura lieu ce soir, dans la séance de 21 heures 30, et celui du Sénat lors de la séance de 14 heures 30 du jeudi 24 février. Pour autant, ces votes ne signifieront pas la fin du parcours de cette proposition de loi. En effet, comme c’est une proposition de loi qui a un impact potentiel sur la législation européenne, il faut attendre la réponse de la Commission européenne à laquelle le texte a été notifié. Il faut savoir que la date limite de réponse de la Commission européenne c’était hier. Ce matin, on vient de voir que la Commission européenne a, de fait, fait une réponse au gouvernement sur ce sujet-là, par contre cette réponse n’est pas en ligne. Nous espérons évidemment que ce soir, lors du débat à l’Assemblée nationale, les parlementaires ou le gouvernement pourront nous indiquer ce que la Commission européenne pense de ce texte. Pour en savoir plus, vous allez sur april.org, notre communiqué présente tous les détails.
Changeons maintenant de sujet. Vous voulez travailler pour un projet qui crée une base de données collaborative, libre et ouverte des produits alimentaires du monde entier ? Je parle évidemment de Open Food Facts, on a déjà abordé le sujet dans l’émission. La structure Open Food Facts propose trois offres d’emploi sur le site openfoodfacts.org. Si vous voulez en savoir plus sur cette base de données collaborative libre et ouverte de produits alimentaires, vous allez écouter l’émission ou lire la transcription de l’émission 44 de Libre à vous , c’est libreavous.org/44.
On va parler un peu de radio et malheureusement la tempête qui a fait rage ces derniers jours, notamment dans le Nord de la France, a eu raison du mât d’antenne de Radio Campus qui est une radio du côté de Lille. Ce mât doit être remplacé. Un appel à souscription, pour aider financièrement la radio, a été lancé. Pourquoi je vous en parle ? Au-delà du fait qu’une radio qui est en difficulté, on est là aussi, évidemment, pour relayer son appel, c’est que sur cette radio il y a une émission qui est destinée à expliquer et vulgariser l’actualité des logiciels libres et des libertés numériques qui s’appelle L’Écho des Gnous. C’est, je pense, une des premières radios qui parlent de ces sujets-là. Elle a été diffusée depuis 2010 sur la radio, le dimanche, une semaine sur deux, de 19 heures à 20 heures. Évidemment nous soutenons cet appel à soutien de Radio Campus du côté de Lille. Vous retrouverez la référence sur le site de l’émission, libreavous.org.
Je vous parlais à l’instant d’emplois proposés par Open Food Facts, sachez qu’il existe un site dédié à la fois aux offres d’emploi et pour rechercher des annonces. Ce site s’appelle LinuxJobs.fr et vous pouvez y trouver des offres d’emploi. Si vous cherchez un emploi n’hésitez pas à y aller et si vous voulez poster des annonces, vous pouvez poster des annonces pour recruter des personnes.
Par ailleurs, je vous invite à consulter le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org, pour trouver des événements en lien avec le logiciel libre ou la culture libre près de chez vous car oui, les évènements reprennent. Youpi !

Notre émission se termine et j’ai l’impression que j’arrive un peu au bout de ma respiration.
Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission du jour : Typhaine Bonnet, Bastien Sibille, Bénédicte Rozes, Luk.
Cette 133e émission a été mise en ondes par Isabella Vanni et après on va chanter un peu comme Patrick Bouchitey.
Cette émission est rendue possible grâce à une équipe en or, notamment pour la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang1, Quentin Gibeaux, bénévoles à l’April, et Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Cette émission sera disponible en réécoute sur causecommune.fm et libreavous.org.

Vous retrouverez sur notre site web toutes les références utiles ainsi que sur le site de la radio.
N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues également par courriel à l’adresse contact@libreavous.

Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission. Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et également à faire connaître la radio Cause Commune, la voix des possibles.

La prochaine émission aura lieu en direct mardi 1er mars 2022 à 15 heures 30. On vous attendra avec un petit bouquet d’églantines et on sifflera tant qu’on pourra. On espère que, contrairement à la chanson, vous viendrez nous retrouver sur causecommune.fm ou en podcast.

Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 1er mars et d’ici là, portez-vous bien.

Je suis désolé, on a fini un peu plus tôt que prévu. Avant la coupure d’antenne de 17 heures, peut-être que nous pourrions un petit peu chanter Isabella ? Non ? Non, tu ne veux pas ! D’accord.
Je voulais juste vous préciser que la référence, à la fin, sur le petit bouquet d’églantines c’est la chanson Siffler sur la colline de Joe Dassin. Je faisais évidemment référence à la bande dessinée que j’ai évoquée en début d’émission, de Fabcaro, qui s’appelle Zaï zaï zaï zaï, dans laquelle, à un moment, le héros est en fuite parce que, dans son magasin, il n’avait pas sa carte de fidélité, il est poursuivi à travers la France. Il fait de l’auto-stop et, à un moment, il rentre dans une famille qui, si je me souviens bien, commence à chanter. La personne qui est au volant lui dit : « Écoute, ça serait sympa de chanter avec nous parce que vous cassez la dynamique des vacances », donc il se met à chanter. Je ne vous dévoile pas la fin. En tout cas lisez cette bande dessinée de Fabcaro. D’ailleurs je remercie Étienne Gonnu, mon collègue, de le me l’avoir prêtée et si vous préférez la voir au cinéma, l’adaptation sort bientôt réalisée par François Desagnat avec Jean-Paul Rouve.
Je vous dis à bientôt.

Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.