Décryptualité du 9 octobre 2017

Titre :
Décryptualité du 9 octobre 2017
Intervenants :
Luc - Manu - Nico - Mag
Lieu :
Studio d’enregistrement April
Date :
Octobre 2017
Durée :
15 min 13
Écouter ou télécharger le podcast
Revue de presse de l’April pour la semaine 40 de l’année 2017
Licence de la transcription :
Verbatim
Transcription réalisée par nos soins.

Les positions exprimées sont celles des intervenants et ne rejoignent pas forcément celles de l’April.

Description

Présentation du documentaire Nothing to hide de Marc Meillassoux.

Transcription

Luc : Décryptualité.
Nico : Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.
Luc : Semaine 40. Salut Manu.
Manu : Salut Nico.
Nico : Salut Mag.
Mag : Salut Luc.
Luc : La semaine dernière on a trouvé, Mag, que tu étais vraiment trop bien à faire les titres, donc on a décidé que c’était reparti, alors même que je suis guéri.
Manu : Les titres de la revue de presse.
Mag : Vous n’êtes que des gros fainéants, en fait. ZDNet France, « Non, Linux n’est pas soudain devenu populaire sur PC », par Steven Vaughan-Nichols.
Manu : On dit « Von » !
Mag : Parle-moi de l’article plutôt !
Manu : Effectivement, on en avait parlé il y a longtemps, comme quoi les statistiques d’utilisation de GNU/Linux, grâce aux sites Internet, étaient montées de manière féroce. Je crois que c’était 5% ou 6 % d’utilisation sur les sites web.
Luc : C’estt énorme.
Manu : C’était énorme parce qu’ils se sont rendu compte que ce n’était pas le cas. Vraisemblablement une erreur de mesure ; ce serait plutôt le classique 2 %, qui n’est pas si mal, mais qui n’est pas non plus gigantesque.
Mag : Le Monde.fr, « Le pouvoir judiciaire devient le parent pauvre de l’antiterrorisme », par Camille Bordenet.
Manu : L’était d’urgence qui est en train d’évoluer. Il y a beaucoup de discussions qui sont en train de se faire sur les conséquences pour l’informatique, Internet. Le fait que, par exemple, on devra tous donner nos identifiants de connexion à l’État.
Luc : Non, pas tous !
Manu : Va savoir ! Va savoir ! Ça pourrait aller assez vite, parce qu’on ne sait pas exactement quand est-ce que ça va s’arrêter ces différents textes.
Mag : Et si on n’a pas de compte sur ces sites ?
Manu : Il faudra en faire un ; tu seras obligée pour qu’ils puissent te suivre. Voilà !
Mag : Rue89Lyon, « François Aubriot : Le logiciel libre redonne de la valeur à l’individu », par Bertrand Enjalbal.
Manu : Ça parle d’une association Ploss RA, Rhone-Alpes.
Mag : On les connaît.
Manu : Oui. Des gens intéressants et donc effectivement, ils sont en train de se battre auprès des administrations et il faut aller les aider.
Mag : Numerama, « VideoLAN a refusé des dizaines de millions de dollars pour placer de la pub dans VLC », par Julien Lausson.
Manu : Alors là je suis dégoûté ! J’aurais dû faire VLC avant, je suis sûr que je serais hyper riche maintenant. Ça me dégoûte. VLC c’est un outil de lecture de vidéo et c’est le logiciel français, oui madame, oui monsieur, qui est le plus utilisé dans le monde !
Mag : C’est le logiciel avec le petit cône orange.
Manu : Exactement !
Mag : On devrait peut-être essayer de les inviter à une prochaine revue !
Luc : Ce serait bien !
Mag : ZDNet France, « Contrat open bar Microsoft-Défense : l’April pointe l’armée “victime du syndrome de Stockholm” », par Thierry Noisette,
Manu : C’est moche parce que je ne sais jamais ce que c’est que le syndrome de Stockholm. C’est quoi ? Avec l’armée quoi ! L’armée est trop forte pour avoir un syndrome comme ça !
Mag : Ce n’est pas quand on tombe amoureux de son kidnappeur ?
Luc : De son ravisseur !
Nico : De son ravisseur, c’est ça.
Manu : Et là, son ravisseur, c’est Microsoft et ça fait mal au cœur !
Luc : C’est bon on a fait le tour ? Excusez-moi parce que j’étais en train de dormir. Bon, je me réveille. Le sujet qu’on voulait aborder aujourd’hui n’est absolument pas celui-là. C’est un sujet dont on parle depuis au moins deux semaines, qui est un film. On vous a dit : « On va aller le voir » et nous sommes allés le voir. C’est Nothing to hide, le nom du film est en anglais, qui veut dire « je n’ai rien à cacher » et qui est donc un documentaire sur cette idée de « je n’ai rien à cacher », donc sur la surveillance, etc. Et donc Nothing to hide, le réalisateur, on peut peut-être le nommer.
Mag : Marc Meillassoux.
Luc : C’est un documentaire qui est sorti l’année dernière, qui est sous licence Creative Commons, alors ce n’est pas une super Creative Commons [1], c’est la NC ND.
Mag : NC ND.
Luc : Ça veut dire qu’on a juste le droit de le diffuser, sans le modifier et uniquement dans des contextes où on ne fait pas d’argent avec.
Manu : Ceci dit, ce n’est déjà pas si mal de pouvoir le diffuser !
Luc : Effectivement.
Manu : Ça va permettre à plein de petits cinémas de reprendre le documentaire et de le mettre un peu partout.
Luc : Et on peut le voir sur Internet.
Mag : Alors je ne suis pas sûre que les cinémas s’en sont vraiment emparés.
Manu : Je crois que c’est Utopia, le réseau Utopia des cinémas.
Mag : En tout cas, sur Paris, il n’y avait que le cinéma Saint-Germain et il y avait une autre salle à Orléans.
Luc : Et une séance par jour.
Mag : Et une séance par jour. En plus il a été libéré, si on peut dire, puisque maintenant on peut le trouver sur Vimeo [2] et sur le site du réalisateur.
Nico : Et aussi sur Torrent.
Luc : Et YouTube, mais je ne suis pas sûr que ce soient eux qui l’aient mis là.
Nico : Sinon, il est à disposition aussi en Torrent, si vous voulez économiser le réseau, ce sera bien plus respectueux !
Luc : Vous pourrez télécharger un truc sur Torrent qui soit totalement légal, juste pour énerver la HADOPI !
Manu : Bref, qu’est-ce que vous en avez pensé ?
Luc : Moi je l’ai trouvé bien. C’est un documentaire qui est clairement à destination du grand public, donc on n’a pas appris grand-chose !
Manu : Parce que nous on connaît tout par cœur !
Mag : Un peu comme Les Nouveaux Loups du Web, qu’on avait eu, qui avait tourné. C’était très grand public mais, du moins, c’est super accessible.
Luc : Le film n’est pas trop long, il fait un peu moins d’une heure trente, donc une durée raisonnable.
Mag : Une heure vingt-six.
Luc : Une heure vingt-six. Très exactement 96 minutes.
Manu : Non !
Mag : 86. Reprends-toi Luc !
Manu : C’est taillé pour être un documentaire tel qu’il se diffuse partout dans le monde.
Luc : Quoi d’autre ? Qu’est-ce qu’on peut dire d’autre ? Il y a toute une partie avec des interviews de gens qui ont des choses à dire sur la surveillance et ce comédien allemand, puisque ça se passe entre la France, l’Allemagne et un peu les États-Unis, mais qui, en gros, dit n’avoir rien à cacher, qui est un type qui mène sa vie et deux hackers vont se pencher sur ses métadonnées et uniquement les métadonnées.
Mag : Ce ne sont pas des hackers. Ce sont des analystes professionnels.
Luc : D’accord !
Nico : En gros son PC et son téléphone portable et autres vont être mis sur écoute ; donc ça va récupérer…
Luc : Et il est d’accord !
Nico : Et il est d’accord, bien sûr ! On lui a demandé son avis avant.
Mag : Et il est mort de rire d’ailleurs. Il pense vraiment qu’il n’a rien à cacher ! Il rigole !
Nico : Oui. Il pense qu’il n’a rien à cacher et, en fait, ça va remonter toutes les données qui sont remontées habituellement quand vous utilisez votre téléphone mobile. Ce n’est pas le bon vieux mouchard de la DGSI ou autre, ce sont vraiment les applications que vous allez utiliser, WhatsApp, Facebook ou autres. À la fin du film ils font l’analyse de toutes ces données et ils essaient de deviner où est-ce qu’il habite, qui il fréquente.
Luc : Quel genre de vie il a.
Nico : Quel genre de vie il a. Ils arrivent à avoir des données qui sont assez intéressantes.
Mag : Ses moyens.
Manu : D’où vient sa famille, quel emploi il a, dans quel contexte il s’amuse, où est-ce qu’il passe ses soirées, les voyages qu’il a faits partout en Allemagne et au Luxembourg.
Nico : Ils arrivent même à trouver dans quels films il a joué, puisque c’est un comédien, donc ils arrivent à trouver le film, la salle de théâtre où il s’est produit à l’avant-première, et tout ça à partir de données de géolocalisation ou d’appels.
Luc : Et ce sont des métadonnées : c’est-à-dire qu’en gros ils n’ont pas accès aux contenus mais simplement aux données de description des fichiers du genre : telle date, telle heure, tu as contacté tel numéro pendant tant de temps. Typiquement ce genre de données. Ce n’est pas extrêmement spectaculaire dans ce qu’ils trouvent, c’est-à-dire qu’on n’apprend pas qu’il a changé de sexe ou des machins incroyables.
Mag : D’un autre côté, il y a des choses qu’on n’a pas vues concernant tout ce qui est ses amis.
Nico : Oui, parce qu’il a refusé que ses amis fassent partie de l’expérience.
Luc : Effectivement. Il y a plein d’infos sur ses amis.
Mag : Je pense qu’il y a des choses spectaculaires qu’on n’a pas vues.
Luc : C’est probable, oui.
Manu : La conclusion, vous en avez déjà parlé, mais la conclusion c’est que oui, il avait des choses à cacher. C’étaient toutes les métadonnées qui concernaient ses amis, justement il a refusé qu’elles soient diffusées parce qu’il s’est rendu compte que ça avait impact sur plus que lui. Il a accepté qu’on sache qu’il regardait du porno par exemple, ça m’avait fait bizarre quand ils disent : « Voilà, tu as passé tant de temps à regarder du porno ! »
Mag : Ils ne s’étendent pas sur le sujet pour connaître ses goûts, etc., mais ils auraient pu.
Manu : Effectivement, ils auraient pu. Mais pour le coup, quand ils commencent à dire on a aussi des données qu’on a pu déduire qui concernent les amis, là il a bloqué et donc il avait bien quelque chose, et c’est logique, c’est légitime, il avait bien quelque chose à cacher.
Luc : L’autre truc qui l’impressionne beaucoup, et ça c’est assez intéressant à voir, c’est quand il voit sur la carto tous ses déplacements, parce qu’il est géolocalisé, et donc il y a des cartes de chaleur, on voit là où il est le plus souvent, etc. Et c’est ce côté de retracer tout le parcours qui vraiment le frappe et c’est un des moments où il dit : « OK je vais changer, alors pas nécessairement radicalement, mais je vais me calmer sur ces trucs-là. »
Mag : Typiquement on voit où il habite, on voit où il travaille, on voit où il a passé ses week-ends, on voit où sont ses meilleurs amis.
Nico : Ses soirées.
Mag : Ses soirées.
Nico : Sa famille.
Mag : On voit beaucoup de choses.
Nico : On le voit aller au bar en face de chez lui.
Mag : Souvent !
Nico : Souvent.
Manu : Faire du jogging.
Nico : Faire du jogging. On voit exactement où est-ce qu’il passe.
Mag : Ses parcours de jogging, ses parcours différents.
Luc : Et je crois que c’est quelque chose qu’on peut voir assez facilement soi-même quand on est sur Google, etc. Il y a une page, je ne sais pas comment ça marche parce que je n’y suis pas.

Nico : Dans Google historique, effectivement, il va garder l’intégralité de toutes vos positions qu’il va pouvoir trouver. Vous allez pouvoir savoir, comme ça, où vous étiez il y a cinq ans. C’est assez précis d’ailleurs.
Luc : J’ai un copain qui avait fait ça il y a quelques années, qui lui est à fond dans tous ces trucs-là, et qui avait été assez effrayé de voir à quel point sa vie était extrêmement régulière. Et du coup, ça avait été une sorte de renvoi où il se disait « mais en fait ma vie est super banale ; je suis toujours au même endroit au même moment et donc je suis totalement prévisible dans mes actions, dans mes déplacements. » C’est une expérience que vous pouvez faire et voir votre vie et effectivement remonter sur des années et des années.
Manu : C’est le fil rouge personnel, individuel du documentaire, donc cet acteur allemand, ce personnage, ça commence pas mal, en plus, avec un drone qui vient le filmer, qui se rapproche de lui pendant qu’il court et on le voit vraiment jusqu’à la fin. Il a l’air sympathique ! Moi j’ai trouvé que la réalisation n’était pas mal. C’est bien amené, justement, on se rapproche de lui au début ; on voit, on rentre dans sa vie et on commence à mieux le connaître. Mais, en même temps, il n’y a pas que ça. Je trouve que ce n’était pas mal. Ils arrivaient à alterner tout le temps entre le côté hyper personnel, lui, l’individu, sa vie, ses soirées ; on voit qu’il ne dort pas deux nuits de suite, il danse, il fait de la musique, des choses comme ça. Et, en même temps, on parle d’institutionnel, des États ; on parle de l’histoire, la Stasi, par exemple, qui arrive pour parler. Et quand on sait qu’on est en Allemagne dans une partie du documentaire, il y a des choses assez percutantes.
Luc : Ils sont effectivement à Berlin et il y a du beau monde dans ce documentaire.
Mag : Il y a une fille de chez Tor [3].
Nico : Il y a une fille de chez Tor ; il y a Jérémie Zimmermann de La Quadrature.
Luc : Qu’on connaît bien.
Nico : Il y a Philippe Epelboin qui est un chercheur en sécurité en France. Qui est-ce qu’on a encore ?
Mag : Il y a deux agents de la NSA, deux ex-agents de la NSA.
Luc : Des lanceurs d’alerte. Ouais !
Mag : Il y a un écolo qui est a été assigné à résidence, français [Joël Domenjoud].
Luc : Français et surveillé depuis des années, bien avant l’assignation.
Mag : Il y a aussi une femme allemande.
Luc : Une militante.
Mag : Une militante allemande qui s’est faite espionner par la Stasi dont même le mari était un des indicateurs.
Luc : Était le principal informateur d’ailleurs.
Manu : Et arrêtée par la Stasi dans une manifestation.
Luc : C’était une militante des droits de l’homme et féministe.
Mag : Il y a le jeune qui a récupéré toutes les informations que Facebook avait sur lui. Malheureusement, lui on ne le voit pas très longtemps, c’est dommage !
Manu : Mark Schrems.
Mag : Il y a vraiment pas mal de beau monde.
Luc : C’est vraiment intéressant, oui. Du coup ça fait quand même un panorama assez intéressant. Évidemment il y avait un débat après, avec Magali et Manu on l’a vu à une projection organisée.
Mag : Organisée par franciliens.net et Parinux, à la FPH [Fondation pour le progrès de l’Homme].
Luc : Et, du coup, il y avait une discussion avec le réalisateur, après. Plein de gens ont dit : « Il manque ça, il manque ça, il manque ça ! » Donc forcément il manque quelque chose.
Mag : Si on avait dû mettre tout ce qui manquait ça aurait duré dix heures, le film !
Luc : Et ça n’aurait pas été très accessible. Après, moi, dans mes regrets, c’est qu’effectivement ça parle beaucoup de la surveillance côté NSA, côté surveillance d’État, avec, notamment en France, notre écolo surveillé, et ça parle assez peu de la partie surveillance des GAFAM, etc., dont on parle ici très souvent et, pour moi, c’est une continuité ; les deux sont liés. Puisque, évidemment, la NSA s’est abondamment appuyée dessus et il y a un côté contrôle social qui est pour moi très important. Je pense que ça aurait mérité un peu plus de temps,
Mag : À cette question, Marc Meillassoux nous fait une belle réponse. Il a dit qu’il avait dû faire un choix, qu’il avait dû se limiter dans le temps, qu’il avait treize heures de rushes ; si vous voulez accéder aux rushes vous pouvez les demander et peut-être qu’il y aura un deuxième film, enfin un deuxième documentaire.
Luc : Il avait dit aussi que pour lui ce n’était pas la même chose parce que, en gros, les GAFAM ne débarquent pas à cinq heures du matin en défonçant ta porte avec un flingue à la main. Moi je pense qu’il a quand même raté quelque chose là-dessus.
Mag : Ou il en fera un deuxième film.
Manu : On va récupérer les rushes et puis on va faire quelque chose.
Luc : Non ; c’est du ND, on n’a pas le droit, on ne peut pas. Sauf s’il nous l’autorise, effectivement.
Mag : Les rushes ne sont pas sous la même licence, sûrement.
Nico : Et sinon, moi ce qui m’a un peu gêné aussi dans ce film-là, il montre l’effet de la surveillance, mais il ne donne pas les outils, en fait, pour se protéger. Il cite vite fait les CryptoParties, Cafés Vie Privée [4] et tout ça.
Luc : Il dit qu’il faut y aller quoi !
Nico : Voilà ! Il faut y aller.
Manu : Il parle de logiciel libre rapidement à la fin.
Nico : Quelques logiciels libres.
Mag : C’est Jérémie qui en parle. Merci Jérémie.
Manu : Mais ça c’est un élément de conclusion. C’est-à-dire qu’effectivement, cette surveillance, on ne va pas y échapper comme ça. Et pour le coup, ce n’est pas mal de nous mettre le doigt dessus. Vous êtes surveillés, la surveillance va très loin dans vos vies intimes. Il peut y avoir des conséquences. Moi je vois la Stasi comme l’exemple type de l’État policier ultime. Je n’en connais pas de mieux dans l’histoire moderne et je trouve que ça a vraiment des conséquences. On voit tout ce truc-là. Je pense que c’est un argument. En fait, ce documentaire vous devriez le montrer aux gens que vous connaissez qui pensent qu’effectivement ils n’ont rien à cacher. Et peut-être que, comme l’acteur, vous allez vous rendre compte que finalement… Peut-être que ce n’est pas pour vous, mais c’est au moins pour votre entourage. Ça a des conséquences : la visibilité, la transparence. Peut-être que les gens auxquels vous tenez, vous ne voulez pas qu’ils sachent nécessairement tout ce que vous faites ou que, eux aussi, partagent.
Luc : On peut aussi ne pas vouloir savoir ce qu’ils font ! C’est vrai ! [Rires] Et derrière, il y aussi cette question de la réaction du comédien dans le film. Il souligne ça, et je pense qu’on en parle finalement assez peu, avec cette idée que quand on va se connecter ce ne sont pas uniquement ses données qu’on livre, ce sont également les données de tous ses amis. Et c’est quand même assez fou quand on y pense parce que, pour l’instant, ce n’est pas quelque chose qui a été mis très avant. Qu’on fasse des choix pour soi, c’est une chose, Nicolas en parlait, tu connais bien dans Whatsapp. Quand on installe Whatsapp, Whatsapp télécharge tout notre carnet d’adresses, c’est-à-dire qu’en fait on vend les données de nos amis à ces gens-là.
Mag : On ne les vend pas !
Luc : Si on les vend.
Mag : On les donne. Allez cadeau !
Luc : On a un service derrière, donc on a acheté ce service avec ces données-là. Mais qu’on vende ses données, pourquoi pas ! Mais on vend les données des autres. Et ça, c’est finalement c’est quelque chose sur lequel on insiste, nous, assez peu et c’est peut-être une piste de réflexion. Mais voilà ! Donc pour vous le film à regarder, ou pas ?
Mag : À regarder, clairement !
Mag : Bien sûr ! À regarder et à faire regarder à d’autres.
Nico : C’est vrai que c’est un bel outil de promotion et de propagande, on va dire, sur la surveillance de masse.
Luc : Moi je pense qu’un public qui est vraiment totalement étanche au niveau politique, qui a zéro conscience politique…
Nico : Ça ne passera pas !
Luc : Ça lui passera au-dessus de la tête, à mon avis.
Nico : Il faut avoir un peu de sensibilisation.
Mag : Je n’en suis pas si sûre parce que le comédien, il avait zéro conscience politique. Et puis, on voit bien, à la fin, la gueule qu’il tire quoi !
Luc : Oui, mais il y a beaucoup d’intervenants qui parlent de politique. La militante de RDA, ex-RDA, c’est politique.
Mag : C’est politique mais, en même temps, c’est un témoignage. Quand elle nous dit qu’elle n’avait plus l’impression de vivre. Et on en a une autre dont on n’a pas parlé : celle qui voit sa mère mourir et qui cache son téléphone.
Nico : Dans le four micro-ondes.
Mag : Ou dans le frigo. Là effectivement c’est politique mais, en même temps, son ressentiment est personnel.
Manu : Parce que sur son lit de mort elle va partager des informations et elle a peur que ces informations transitent sur les téléphones.
Luc : Oui. Ce que je trouvais intéressant aussi par rapport à cette question du décès c’était que, effectivement, en gros elle se savait surveillée et elle arrivait à vivre avec.
Mag : Par contre, quand elle va voir sa mère.
Luc : À ce moment-là elle se sentait vulnérable ; et ce n’est pas tant que les informations avaient n’importe quelle valeur, mais c’est qu’à ce moment-là ça devenait insupportable.
Nico : Elle voulait être toute seule.
Luc : Elle avait besoin de cette solitude et de ne plus se sentir surveillée. J’ai trouvé ça vraiment très intéressant de pointer cet aspect totalement irrationnel mais totalement naturel des choses, en fait. Et pour ça, c’est vraiment très bien. Ce film est bien !
Manu : Ce qu’il y avait de rigolo aussi, c’est quand les gens qui se savaient surveillés obtenaient des informations sur la surveillance. La femme de la RDA, une fois qu’elle a su qu’elle était surveillée par, je ne sais plus, quinze personnes.
Luc : Quarante. Plus de quarante.
Manu : Quarante personnes ! C’était incroyable, elle s’est retrouvée dans une situation d’ennemie de l’État ; elle était quasiment l’ennemi numéro un et bêtement ! Et pareil pour l’écolo, qui a découvert qu’en fait c’étaient des notes blanches qui avaient été accumulées sur son compte et qui menaient à pas grand-chose, en fin de compte.
Mag : Et l’ami de l’écolo qui se rendait compte que oui, effectivement, il était suivi et qu’il voyait des choses partout et qui a arrêté de le voir pendant un certain temps, le temps de se remettre de l’information. Là c’est politique et, en même temps, c’est personnel.
Luc : Oui. Tout à fait. Donc regardez absolument ce film. Il est sur Vimeo. Vous pouvez le télécharger sur le site directement.
Mag : Il me semble que franciliens.net [5] va aussi le mettre sur le site pour que ce soit en accès libre.
Nico : Il est déjà diffusé, mais ils vont peut-être le mettre un peu plus en avant.
Manu : Et on peut s’attendre à ce qu’il y ait des cinémas, des petits cinémas, probablement, qui le diffuseront à l’occasion.
Luc : Très bien. Donc Nothing to hide, on vous le recommande chaudement. À la semaine prochaine.
Manu : À la semaine prochaine.
Mag : Salut !
Nico : Bonne semaine à tous.

Références

Avertissement : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant⋅e⋅s mais rendant le discours fluide. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.