Maïtané Lenoir, interview

On va parler mercredi de comment faire avancer un numérique qui prend soin des humains, parce que souvent tout ce qui est du côté du numérique peut sembler un peu obscur alors qu’en fait, quand on s’y penche un peu, c’est surtout de la tuyauterie, de la mécanique, des choses comme ça. Ce qui est vraiment enthousiasmant avec le numérique c’est qu’il n’y a pas que des personnes qui sont, je ne sais pas, ingénieurs ou développeurs qui peuvent faire avancer les choses. L’idée c’est de retrouver un numérique plus convivial, pas fait par des gens qui pensent à la place des utilisateurs, mais faire avec les utilisateurs, donc vous, moi, nous tous sommes des utilisateurs du numérique d’une façon ou d’une autre et on a tous moyen d’apporter quelque chose même si on ne s’y connaît pas en numérique, même si on ne sait ni faire de code, même si on n’y comprend pas grand-chose.
C’est un peu abstrait de se dire comment est-ce que je peux participer à du numérique alors que je n’y connais pas grand-chose ? Eh bien c’est de ça dont on va discuter ensemble : comment chacun peut apporter sa patte pour construire un numérique plus convivial, qui prend soin de tout le monde dans ses différentes spécificités et qui n’est pas fait que pour les gens qui adorent le numérique et qui passent un peu leur vie dessus.
Vendredi on va parler de comment on peut être libre et serein sur Internet, parce que je ne sais pas si vous voyez, quand vous naviguez sur Internet il y a des bandeaux de cookies, des fois on se demande si on doit accepter les cookies ou pas. Des fois les sites mettent des messages très gentils pour qu’on les accepte donc on a un peu envie de le faire surtout que c’est un peu difficile de refuser, on ne sait jamais tout à fait où cliquer. Et puis on peut se poser des questions, par exemple pourquoi est-ce que j’ai une publicité pour un lave-vaisselle alors que j’ai juste regardé sur un autre site pour connaître à peu près les différents types de lave-vaisselle qui existaient ?
Il y a plein de choses comme ça qui sont un peu floues, un peu obscures. Il y a des personnes qui me disent que je suis pistée sur Internet, qu’il y a des gens qui récupèrent mes données. Qu’est-ce que ça veut dire ? Quels types de données ? Est-ce que c’est important ? Finalement je n’ai pas grand-chose à cacher, du coup on peut récupérer mes données, ça ne fera rien.
Ça marche quand on est sur l’ordinateur mais aussi quand on est sur le téléphone parce que sur l’ordinateur on peut rajouter plein de logiciels, des choses comme ça, mais sur le téléphone on est sur quelque chose d’encore plus spécifique où on ne peut rajouter que des applications qui sont présélectionnées par Google ou par Apple. Donc comment fait-on au milieu de tout ça ? Est-ce qu’on a vraiment des moyens de se défendre ? Ou bien on utilise des logiciels et ils sont faits comme ils sont faits et on ne peut pas y changer grand-chose !
L’idée c’est qu’on discute ensemble de qu’est-ce que ça fait d’accepter des cookies, qu’est-ce que ça veut dire de se faire pister sur Internet et est-ce qu’il y a des façons de contourner un petit peu le système ? Est-ce qu’il y en a des faciles ? Est-ce qu’il y en a de plus compliquées mais qui protègent mieux ?
On va parler de tout ça avec différents niveaux d’accessibilité, des personnes qui veulent pas trop se prendre la tête mais un peu se protéger, des personnes qui veulent un peu tenter de bidouiller avec d’autres qui s’y connaissent mieux. Donc il y a aura la partie conférence et ensuite une partie atelier pour mettre les mains dans le cambouis et voir comment on fait ça ensemble, tranquillement, dans la bonne humeur, sans avoir nécessité de s’y connaître en bidouillage pour pouvoir faire les premiers pas sur le chemin.

Je suis designer. Designer ça veut dire que je conçois des interfaces. En gros je vais voir les utilisateurs, je discute avec eux des problèmes qu’ils ont, de pourquoi est-ce qu’ils ont ces problèmes quand ils utilisent, en général, des objets numériques. Ensuite j’essaye d’améliorer les objets numériques, donc les logiciels, les applications, les sites, les interfaces, pour que ça soit plus simple à utiliser.
Dans le monde de la conception d’interfaces il y a un peu deux possibilités : soit on essaye d’avoir un impact sur les personnes pour qu’elles utilisent davantage notre logiciel parce qu’on a envie de les inciter à acheter des objets ou on a envie de les inciter à passer plus de temps, parce que plus elles y passent du temps, plus ça nous ramène de l’argent parce que, par exemple, plus elles voient de la publicité. Il y a ça qui existe et ça ne m’intéressait pas trop parce que je ne trouvais pas ça complètement terrible au niveau éthique, j’avais plus envie de faire les choses pour les gens. Donc j’ai découvert tout le monde du logiciel libre [1], du numérique un peu plus convivial, alternatif, où il y a des personnes qui essayent davantage de faire des logiciels conviviaux pour que les personnes puissent à la fois s’en emparer, à la fois les améliorer selon leurs besoins, à la fois qu’ils ne soient pas restreints à une portion de la population assez spécifique mais qu’ils puissent les ouvrir à plus de monde, des personnes qui auraient peut-être moins d’argent, moins de capacités, moins de connaissances sur le numérique mais qui puissent les utiliser quand même. C’est comme ça je suis arrivée. Il y a plein de choses à faire parce que tout le monde n’est pas tout à fait au courant de l’intérêt de concevoir des choses faciles à utiliser pour les personnes. C’est comme ça que je suis arrivée dans le milieu du Libre et c’est pour ça que j’ai envie de vous parler de tout ce qui est numérique convivial, comment rendre les choses facilement accessibles aux personnes qui s’y connaissent moins.

Références

Média d’origine

Titre :

Maïtané Lenoir, interview

Personne⋅s :
- Maïtané Lenoir
Source :

Vidéo

Lieu :

Association Penn Ar Web

Date :
Durée :

5 min 16

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Verbatim
Crédits des visuels :

Capture d’écran de la vidéo - Licence Creative Commons CC By SA ND NC

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