- Titre :
- Émission Libre à vous ! diffusée mardi 24 septembre 2019 sur radio Cause Commune
- Intervenant·e·s :
- Myriam Criquet - Pascal Arnoux - Isabella Vanni - Christian Quest - Laurent Costy - Frédéric Couchet - Étienne Gonnu à la régie
- Lieu :
- Radio Cause Commune
- Date :
- 24 septembre 2019
- Durée :
- 1 h 30 min
- Écouter ou télécharger le podcast
Page des références utiles concernant cette émission
- Licence de la transcription :
- Verbatim
- Illustration :
- Bannière radio Libre à vous - Antoine Bardelli ; licence CC BY-SA 2.0 FR ou supérieure ; licence Art Libre 1.3 ou supérieure et General Free Documentation License V1.3 ou supérieure. Logo radio Cause Commune, avec l’accord de Olivier Grieco.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur causecommune.fm. Merci d’être avec nous aujourd’hui.
La radio dispose d’un webchat, utilisez votre navigateur web, rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et ainsi retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission. La radio dispose également d’une application, Cause Commune, pour téléphone mobile.
Nous sommes mardi 24 septembre 2019, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’association est april.org et vous y retrouvez d’ores et déjà une page web consacrée à cette émission avec les références qui seront citées et la page sera évidemment mise à jour après l’émission si besoin.
N’hésitez pas également à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration.
Si vous souhaitez réagir, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio, donc sur causecommune.fm, ou même à nous appeler au 09 50 39 67 59, je répète 09 50 39 67 59.
Nous vous souhaitons une excellente écoute.
Nous allons passer au programme de cette émission.
Nous allons commencer dans quelques secondes par la chronique d’Isabella Vanni « Le libre fait sa comm’ ».
D’ici 10 à 15 minutes nous aborderons notre sujet principal qui portera sur OpenStreetMap, un projet de cartographie qui a pour but de constituer une base de données géographiques libre du monde avec Christian Quest porte-parole d’OpenStreetMap France.
En fin d’émission nous aurons un échange avec Laurent Costy pour présenter le logiciel Bénévalibre.
À la réalisation de l’émission aujourd’hui Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.
Étienne Gonnu : Salut Fred.
Frédéric Couchet : On va commencer comme d’habitude par un petit quiz. Je vous donnerai les réponses en fin d’émission et vous pouvez proposer des réponses évidemment sur le salon web de la radio, sur les réseaux sociaux ou tout autre moyen de nous contacter.
Première question : lors de l’émission du 17 septembre 2019, nous avons parlé d’un concours auquel il est encore possible de participer jusqu’au 30 septembre 2019. Quel est ce concours
Deuxième question : quel est le nom d’un célèbre noyau de système d’exploitation libre, sans doute le plus connu, et d’où vient son nom ?
Tout de suite place au premier sujet.
[Virgule musicale]
Chronique « Le libre fait sa comm’ » de Isabella Vanni : interview de Montpel’libre
Frédéric Couchet : Parler d’actions de type sensibilisation menées par l’April, annoncer des évènements libristes à venir avec éventuellement des interviews de personnes qui organisent des évènements, donner la parole à des groupes d’utilisateurs et d’utilisatrices du logiciel libre, c’est la chronique « Le libre fait sa comm’ » de ma collègue Isabella Vanni qui est coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April. Bonjour Isabella.
Isabella Vanni : Bonjour à tout le monde.
Frédéric Couchet : La chronique du jour est consacrée à Montpel’libre, un groupe d’utilisateurs et d’utilisatrices de logiciels libres de la région de Montpellier. Je te laisse la parole.
Isabella Vanni : Merci Fred. Pour la chronique « Le libre fait sa comm’ » d’aujourd’hui, nous avons le plaisir d’avoir avec nous Pascal Arnoux et Myriam Criquet de l’association Montpel’libre. Montpel’libre, comme tu le rappelais, comme on l’a rappelé plein de fois notre émission est un GULL, l’acronyme de groupe d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres. Nous avons déjà eu l’opportunité de parler de GULL à plusieurs reprises et, pour plus de rapidité, du coup nous allons utiliser le terme GULL pendant toute cette chronique.
Le GULL Montpel’libre est connu pour être très actif. Nous verrons mieux avec nos invités comment, quelles sont les actions qui sont mises en place. Bonjour Pascal. Bonjour Myriam.
Myriam Criquet : Bonjour Isabella.
Isabella Vanni : Bonjour. Vous m’entendez bien ?
Pascal Arnoux : Salut Isabella. Oui, très bien. Fort et clair.
Isabella Vanni : Super.
Myriam Criquet : Est-ce que vous, vous nous entendez bien ?
Frédéric Couchet : C’est parfait !
Isabella Vanni : C’est parfait.
Pascal Arnoux : Ça résonne un peu mais ça va aller.
Isabella Vanni : C’est le téléphone. Bienvenue et merci tout d’abord d’avoir accepté notre invitation.
Pascal Arnoux : Merci à vous.
Myriam Criquet : Oui, merci bien.
Isabella Vanni : Est-ce que vous pouvez déjà préciser votre rôle dans l’association Montpel’libre ?
Pascal Arnoux : Moi, Pascal Arnoux, je suis président et créateur de l’association Montpel’libre qui va avoir bientôt 11 ans et qui a environ 13 ans d’existence.
Myriam Criquet : Moi je suis secrétaire générale de l’association Montpel’libre. Je suis aussi chargée de son développement et sa référente droit et management.
Isabella Vanni : D’accord. Merci. L’association, comme tu disais, existe déjà depuis plusieurs années. Quelle est la raison pour laquelle elle a été fondée et quelle est la mission qu’elle se donne ? N’importe qui peut répondre.
Pascal Arnoux : La raison pour laquelle elle a été fondée, en fait c’est simple : c’est de faire la promotion du logiciel libre. Plusieurs fois on a organisé sur l’université de Montpellier des évènements avec des acteurs du Libre, ça a été l’AFUL, ça a été Ubuntu, enfin plein d’acteurs, BSD même, pas forcément Linux et le logiciel libre. Après les gens nous ont dit : « C’est bien les évènements que vous tenez – c’était des salons –, mais au quotidien on aimerait avoir à faire à une association ou un GULL. » Du coup on a monté un GULL qui fait la promotion du logiciel libre, ça c’est l’émission, de la culture libre et des biens communs.
Isabella Vanni : Très bien.
Myriam Criquet : Par la notion de culture libre, on a un regard particulier sur la culture libre, ça n’est pas que la culture réalisée grâce à des logiciels libres, par exemple la musique libre, mais c’est surtout aussi la culture du Libre, la façon dont on se comporte dans nos communautés, la façon dont on anime des équipes, le droit et le management qui va avec, les biens communs.
Isabella Vanni : C’est très clair. Effectivement ce n’est pas que le logiciel libre, c’est le Libre en général et, comme vous disiez, les GULL font la promotion du logiciel libre et du Libre en général, ça fait partie de leurs buts, mais un but très important c’est aussi celui d’accompagner les personnes qui souhaitent s’initier au logiciel libre, parce que groupe d’utilisateurs et d’utilisatrices, comme le suggère la parole, ça veut dire que ce sont des gens qui se rassemblent parce qu’ils utilisent les systèmes d’exploitation et les logiciels libres, mais le but c’est de faire découvrir le Libre à de nouvelles personnes et de les aider à installer, à utiliser les programmes, à se familiariser avec les différents outils. Le GULL promeut le logiciel libre, mais ça peut être très intéressant pour un GULL de proposer des évènements récurrents pour que les personnes puissent avoir un point de référence. Elles savent qu’un certain jour dans le mois elles peuvent aller voir des personnes qui peuvent les aider. J’ai vu que vous avez beaucoup de permanences, justement, d’évènements récurrents. Vous voulez préciser lesquels ?
Pascal Arnoux : Effectivement, on fait la promotion du logiciel libre, on fait aussi la promotion de Linux qui est, pour nous, un logiciel libre comme un autre. On a des permanences qui sont hebdomadaires et d’autres mensuelles. J’ai entendu dire que vous alliez parler par exemple d’OpenStreetMap, évidemment on a organisé ici en local, State of the Map avec OpenStreetMap France, ici à Montpellier, avec l’Université Paul Valéry et à cet effet on organise depuis de nombreuses années, puisque ça fait longtemps qu’on fait des Cartoparties, des rencontres OpenStreetMap à Montpellier. On va ouvrir d’autres rencontres OpenStreetMap. Montpel’libre a monté un groupe qui s’appelle HérOSM, c’est comme « Hérault » et « OSM » à la fin. Donc on va monter d’autres permanences à Béziers. On attend la réponse de Lunel qui est une petite ville toujours dans l’Hérault. Donc on monte des permanences sur OpenStreetMap, sur Linux ; c’est apprendre à utiliser Linux, apprendre à utiliser des logiciels comme Blender, Krita, et tout ça.
Isabella Vanni : Ce sont des logiciels d’édition graphique, pour ceux et celles qui écoutent.
Pascal Arnoux : On a aussi des permanences sur Wikipédia, l’encyclopédie libre. On fait un tas de permanences qui sont soit mensuelles soit hebdomadaires.
Myriam Criquet : Dans le cadre des permanences que nous tenons, bien sûr, nous avons des permanences qui sont celles liées essentiellement au droit et aussi à la culture Libre et notamment, bien évidemment, celle de l’April. Cette permanence-là est particulière parce qu’elle se fait lors d’un apéro. C’est moi qui anime ces apéros, en fait tout simplement parce que j’ai des notions juridiques et que l’April travaille beaucoup sur des notions de droit. En même temps qu’on menait ces apéros, on me posait des questions sur La Quadrature du Net, sur la Free Software Foundation dont nous suivons aussi les évolutions, donc on a tout groupé. C’est le troisième jeudi de tous les mois que nous avons cet apéro qui mobilise beaucoup de belles personnes. Cette année j’ai demandé à ce que nous ne fassions pas qu’écouter ce qui se passe dans les communautés au niveau national et international et que, entre guillemets, « consommer », mais qu’on produise aussi. C’est-à-dire qu’on travaille pour ces communautés, en disant eh bien nous, ce mois-ci on s’est réunis, et voilà ce sur quoi on a travaillé, bien sûr en lien avec l’impulsion que donne la communauté.
Isabella Vanni : C’est très intéressant ce que vous dites parce que, comme on disait, les GULL rassemblent les personnes, essayent d’initier de nouvelles personnes au logiciel libre, mais il y a aussi ce volet promotion/défense du logiciel libre pour ce qui est aussi l’action institutionnelle portée par exemple par l’April ou par La Quadrature du Net. Vous relayez, en fait, le message de ces associations nationales et, du coup, vous faites aussi connaître une action institutionnelle qui est très importante pour la défense de l’environnement qui peut permettre au logiciel libre de s’épanouir.
Myriam Criquet : Si tu me permets, Isabella, c’est une particularité, me semble-t-il, du GULL qu’est Montpel’libre de réunir des gens qui ont des profils différents. Et tu vois, pour certains d’entre nous, dans le cadre de nos métiers, nous avons aussi des missions où nous parlons du Libre et où nous défendons ces positions institutionnelles en disant l’April fait ça, La Quadrature fait ça, la Free Software fait ça, Montpel’libre fait ça, Framasoft fait ça et nous on vous demande, à vous gouvernement ou à vous groupes de gouvernements, de faire telle ou telle chose. Mais c’est une particularité de Montpel’libre qui regroupe des gens de profils différents et notamment pas mal de gens qui sont dans l’univers de la recherche, de l’enseignement et même de l’entreprise et c’est parce que nous avons tous ces profils différents que nous pouvons faire ça.
C’est tout simplement relayer les choses de communautés vers le grand public. En fait on ne se coupe pas en morceaux, on est des libristes et on le véhicule et dans notre métier et dans nos activités associatives qui portent notre engagement de citoyen.
Isabella Vanni : Tu faisais bien de me rappeler tous les profils qui participent activement aux actions de Montpel’libre. Ce qui me fait poser la question : combien de bénévoles, de membres actifs compte Montpel’libre ? Parce que vous proposez, comme vous le disiez, beaucoup de permanences hebdomadaires, mensuelles, vous participez à beaucoup d’évènements. Vous êtes environ combien comme membres actifs ?
Pascal Arnoux : Tu sais, c’est très difficile de déterminer un nombre, parce que tu vas avoir des gens qui vont intervenir pratiquement tous les jours et des gens qui vont intervenir une fois par mois voire quelques mois.
Isabella Vanni : Ponctuellement.
Pascal Arnoux : Nous avons des individus qui adhèrent à Montpel’libre. Nous avons aussi des collectivités, des entreprises, l’Amue par exemple, la CCI [Chambre de commerce et d’industrie] Hérault, le Club de la presse, l’agglomération de Béziers. Il y a des profils qui sont complètement différents.
Myriam Criquet : En fait, on ne sait pas combien on est. Si tu veux, il y a à peu près entre 290 et 300 adhérents. Maintenant il faut faire le compte après la foire aux associations, l’Antigone des Associations, qui fait que beaucoup de gens adhèrent la semaine suivante et l’Antigone des Associations c’était la semaine dernière.
Par contre, ce qu’on sait c’est que quand tu as comme adhérent par exemple une agglomération de 17 villes, l’agglomération de Béziers Méditerranée, combien ça comporte de personnes qui effectivement font du Libre. Quand tu as comme adhérent l’Amue, l’Association de mutualisation des universités et de l’enseignement supérieur qui est une association qui représente l’ensemble des gens qui travaillent dans l’ensemble des universités de France sur la conception de logiciels, combien de personnes ça représente exactement ? Quand tu as des associations d’étudiants où tu as 80 000 étudiants qui sont intéressés, combien de gens sont impliqués ?
Isabella Vanni : Je comprends. C’est un réseau potentiellement énorme, comme vous le dites. Il ne nous reste pas beaucoup de temps. Je sais que vous aviez deux sujets qui vous intéressent, que vous souhaitiez aborder lors de cette chronique. On peut les aborder rapidement. Il y a le projet GULL Academy qui est une autre action très importante pour vous. Vous pouvez nous expliquer très brièvement en quoi ça consiste ?
Myriam Criquet : L’idée c’est, en fait, que nous nous battons pour une société inclusive et en paix. Ça ce sont les aboutissements des objectifs du développement durable. Donc on a monté une autre association qui s’appelle API, Action of Public Interest, qui travaille beaucoup sur l’ODD 4, une action pour une éducation de qualité et les autres ODD, mais toujours sur l’ODD 4. On s’est dit « on a beaucoup de chercheurs, on a beaucoup d’enseignants dans des matières différentes et on se rend compte qu’on peut aider les GULL à monter en compétence, parce qu’il y a de belles pépites qu’on aimerait voir vraiment émerger ». On est en peer to peer, en pair à pair, entre gens qui ont des compétences différentes sur les mêmes sujets, capables de faire monter en compétence les gens. Donc on a créé la GULLL Academy.
Pascal Arnoux : Pendant les RMLL.
Myriam Criquet : Pendant les RMLL, les Rencontre Mondiales du Logiciel Libre.
Pascal Arnoux : Si elles ont lieu.
Myriam Criquet : Si elles ont lieu.
Pascal Arnoux : Les RMLL n’ont pas eu lieu cette année, par contre nous avons organisé une GULL Academy.
Isabella Vanni : Je suis vraiment désolée, le temps malheureusement est radin, si je peux résumer c’est une façon, effectivement, de partager vos retours d’expérience, vos compétences avec d’autres GULL et de faire en sorte que les GULL s’outillent en fait.
Pascal Arnoux : Et pour monter en compétence.
Isabella Vanni : Et pour monter en compétence
Myriam Criquet : Pas que. Parce que si tu veux il y a la « double qualité » entre guillemets d’enseignants, de chercheurs et d’experts de certains sujets qui sont en même temps des libristes. Donc, si tu veux, c’est très simple pour nous de pouvoir expliquer le Libre, mais aider aussi à expliquer des choses plus classiques et qui vont pouvoir aider les groupes d’utilisateurs de logiciels libres à aller plus loin. L’objectif c’est que ensemble, avec des partages d’expérience, on puisse, si tu veux, vraiment faire la promotion du Libre, c’est-à-dire que le Libre se développe de plus en plus.
Isabella Vanni : Merci pour ce beau projet. Je suis vraiment désolée, le temps à notre disposition est fini. Je vous remercie vraiment beaucoup pour votre participation, pour votre intervention aujourd’hui et je souhaite le meilleur pour Montpel’libre. Merci beaucoup.
Myriam Criquet : Merci Isabella. Si tu nous permets une annonce : les Rencontres Mondiales Sociales Solidaires Libres et Éthiques les 6 et 7 décembre 2019 à Montpellier et si vous voulez on reviendra dans une autre émission pour vous en parler. Ce sont, en fait, des rencontres qui vont permettre aux libristes qui partagent les mêmes valeurs que les acteurs de l’ESS de se rencontrer, d’en discuter et de monter ensemble des projets. À bientôt Isabella. Merci beaucoup.
Isabella Vanni : Merci beaucoup. Au revoir.
Frédéric Couchet : Merci Pascal, merci Myriam, merci Isabella. C’était Montpel’libre avec Myriam Criquet et Pascal Arnoux. On va faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Nous allons écouter Neutron star par Ghandizilla et on se retrouve juste après.
Pause musicale : Neutron star par Ghandizilla.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Neutron star par Ghandizilla/Raphaël Badawi. C’est sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. Vous retrouverez les références sur le site de l’April.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout danss le monde sur le site causecommune.fm.
Avant de passer au sujet suivant je vais répondre à la deuxième question du quiz car, dans l’interview précédente, le mot a été cité. Je rappelle la question : quel est le nom d’un célèbre noyau de système d’exploitation libre et d’où vient ce nom ? Nos amis de Montpel’libre ont cité le nom « Linux » et ça vient du nom de son créateur qui s’appelle Linus Torvalds. Linux est un noyau, ce n’est pas un système d’exploitation complet. Je vous renvoie à l’écoute de l’émission du 30 avril 2019 que nous avons consacrée aux distributions GNU/Linux et vous verrez pourquoi nous on emploie le terme « GNU/Linux » quand on fait référence à la distribution entière. Voilà ! C’était la réponse à la deuxième question du quiz et, pour la réponse à la première, nous attendrons la fin de l’émission.
Nous allons donc maintenant passer au sujet suivant.
[Virgule musicale]
OpenStreetMap et State of the Map avec Christian Quest
Frédéric Couchet : Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur OpenStreetMap avec Christian Quest porte-parole d’OpenStreetMap France. Bonjour Christian.
Christian Quest : Bonjour.
Frédéric Couchet : C’est la deuxième émission. Je vais préciser tout de suite, avant d’oublier, que si vous souhaitez réagir, poser une question pendant ce direct, eh bien vous pouvez vous connecter sur le salon web de la radio, causecommune.fm, tout en haut il y a un bouton qui s’appelle « Chat », ou nous appeler au numéro 09 50 39 67 59, je répète 09 50 39 67 59 et Étienne en régie attend vos appels.
J’allais dire que c’était la deuxième émission sur OpenStreetMap, car nous avons consacré une première émission le 11 juin 2019, déjà avec Christian Quest et avec Noémie Lehuby d’OpenStreetMap France. Les personnes qui voudront réécouter cette émission, le podcast est disponible sur le site causecommune.fm et sur le site de l’April. On va faire une deuxième émission. On va quand même en introduction revoir un petit peu un certain nombre de points qu’on a évoqués durant la première émission parce qu’on suppose que tout le monde ne l’a pas forcément écoutée et on va aborder un certain nombre de nouveaux points.
Déjà première question, une présentation individuelle rapide, Christian, un peu comme la dernière fois ; malgré ta longue expérience, est-ce que tu veux te présenter en quelques mots ?
Christian Quest : Je suis contributeur sur le projet OpenStreetMap depuis 2009, j’ai fêté mes dix ans d’inscription cet été, et je suis un des fondateurs de l’association française OpenStreetMap France qui fait la promotion du projet en France.
Frédéric Couchet : D’accord. Est-ce que tu peux nous faire un petit historique sur le projet OpenStreetMap ? Quel était le problème à régler ? À quel moment ? Et quel est, finalement, l’objectif de ce projet ?
Christian Quest : La naissance c’est 2004. Un étudiant anglais avait besoin pour sa recherche de données géographiques. Il s’est adressé à l’équivalent de l’IGN en Angleterre, qui s’appelle l’Ordnance Survey, espérant obtenir les données en question pour pouvoir travailler. Il a compris que c’était très compliqué, il a trouvé ça anormal que des données produites avec de l’argent public ne soient pas ouvertes. On était encore très tôt par rapport au mouvement d’open data. Du coup il s’est dit « et si on créait une base ». Voilà ! C’était un projet complètement utopique mais c’est génial parce que ça a marché.
Frédéric Couchet : Il y a eu le choix d’une licence, c’est l’Open Database License ? C’est bien ça ?
Christian Quest : Oui. On a eu un changement de licence, je vais passer ces détails-là, mais aujourd’hui les données sont sous licence ODbl, Open Database License ; c’est une licence libre avec Attribution et avec Partage à l’identique. L’idée c’est que toutes les améliorations qui peuvent être faites sur les données doivent être repartagées. Par contre, une chose importante par rapport à cette licence, c’est que ce que l’on fait avec ces données, si ça n’est pas une base de données, ça n’a pas à être sous la même licence vu que c’est une licence qui ne s’adresse qu’aux bases de données. Donc si je produis une carte papier, si je fais une appli ou quelque chose comme ça, on n’a pas du tout de Partage à l’identique à respecter. Le partage est vraiment limité à améliorer la base parce que c’est le cœur, c’est l’essence du projet.
Frédéric Couchet : D’accord. L’objectif c’est de dessiner le monde avec des données libres et un mot clé qui est sans doute important dans OpenStreetMap, c’est que c’est « collaboratif », c’est-à-dire que n’importe quelle personne peut contribuer à cette carte contrairement à d’autres cartes où elles sont simplement utilisatrices.
Christian Quest : Oui, tout à fait. N’importe qui peut améliorer la carte, la compléter, venir rajouter des informations, venir corriger des erreurs et la mettre à jour parce que le terrain ne fait que changer donc il faut sans arrêt mettre à jour les bases de données cartographiques.
Frédéric Couchet : D’accord. On va donner le site principal : openstreetmap.org.
Christian Quest : C’est le site international. Oui.
Frédéric Couchet : Le site international, Le site d’OpenStreetMap France c’est openstreetmap.fr. Tant qu’on y est, quel est l’objet de l’association OpenStreetMap France ?
Christian Quest : C’est vraiment assurer la promotion, c’est-à-dire être un contact un peu officiel et structuré ce qui nous permet de signer des conventions, d’être un contact pour la presse, d’être un contact pour les services de l’État, l’administration, les collectivités. Ça nous permet d’organiser le State of the Map, on en a entendu parler juste avant avec Montpel’libre.
Frédéric Couchet : Et on en reparlera tout à l’heure en détail.
Christian Quest : Tous les ans OpenStreetMap France organise une conférence annuelle en France qui est destinée plutôt aux contributeurs français et francophones. Et puis, le week-end dernier, s’est déroulée à Heidelberg, en Allemagne, la conférence internationale annuelle.
Frédéric Couchet : D’accord. On fait un tour d’horizon pour les personnes qui n’ont pas écouté la première émission, petite question rapide sur l’utilisation d’OpenStreetMap : qu’est-ce qu’une personne va trouver sur OpenStreetMap ? Est-ce qu’elle va trouver les mêmes choses qu’elle trouve sur d’autres sites de cartographie ? Et, deuxième question, pour utiliser OpenStreetMap est-ce que c’est uniquement le site web ou est-ce qu’il y a des applications disponibles pour téléphone mobile ?
Christian Quest : Le cœur d’OpenStreetMap c’est une base de données. Base de données, ça ne va pas parler à beaucoup de gens. Par contre, à partir de cette base de données, on peut produire des cartes, des fonds de cartes, on peut faire des calculs d’itinéraires, on peut faire des recherches de points d’intérêts, d’adresses. On fait une partie de tout ça sur le site openstreemap.org, mais le but d’openstreetmap.org ça n’est pas d’être l’outil le plus à destination du grand public, ce n’est pas tellement ça.
Par contre, on a plein d’autres outils qui ont été développés, des cartes plus ou moins spécialisées, des fonds de cartes qui sont plus destinés à des cyclistes par exemple et des applications qu’on a sur mobile, que ça soit Android ou sur iPhone. Je vais prendre un exemple : sur la région Île-de-France, les données les plus précises et les plus à jour concernant les pistes cyclables sont dans OpenStreetMap. Il y a une application qui s’appelle Geovelo, qui existe depuis des années et collabore aussi avec la région Île-de-France pour améliorer les données, du coup améliorer les calculs d’itinéraires qui sont faits par l’application et tout ça c’est dans la base OpenStreetMap, c’est-à-dire que n’importe quelle amélioration bénéficie, du coup, vraiment à tout le monde.
Frédéric Couchet : C’est important, tu cites notamment le rôle des collectivités. Dans l’émission précédente, Jean-Christophe Becquet avait parlé notamment du projet « Dessine ta ville » et aussi des liens avec les collectivités, justement. Quand on dit que toute personne peut contribuer à OpenStreetMap, ce sont vraiment les personnes individuelles, ce sont aussi, évidemment, les collectivités, les entreprises, etc.
Ça c’est la partie utilisation. Évidemment on mettra les références sur le site de l’April, mais je suppose que sur les sites openstreetmap .org et .fr on retrouve les liens vers les différentes applications. Je crois qu’il y a une question qui revient assez souvent et après on passera à la partie contribution, c’est le GPS et les gestions de trafic. Est-ce que c’est déjà présent dans OpenStreetMap ? Est-ce que ça ne sera jamais présent pour diverses raisons ?
Christian Quest : La partie trafic.
Frédéric Couchet : Partie trafic, voilà exactement.
Christian Quest : La partie trafic ça c’est de la donnée souvent en temps réel et la base OpenStreetMap n’a pas vocation à décrire le monde en temps réel parce que ça serait un travail énorme d’arriver à ça et, surtout, elle n‘a pas été conçue pour ça à l’origine. On va dire que c’est une description froide du monde. Pour une description chaude, avec des données très changeantes, il y a d’autres possibilités. J’ai essayé de démarrer un projet qui s’appelle OpenEventDatabase par rapport à ça. Aujourd’hui, le problème d’arriver à faire converger de la remontée d’informations libres dans une base libre, c’est encore un petit peu compliqué.
Frédéric Couchet : D’accord. Notre invité suivant est déjà là et il tapote sur le clavier, en fait sur le salon web pour me signaler des choses. Plutôt que de répéter ce qu’il écrit sur le salon web je propose que Laurent Costy nous explique ce qu’il a découvert la semaine dernière, qu’il trouve très intéressant et comme ça on va pouvoir avoir la réaction en direct de Christian Quest. Donc Laurent Costy.
Laurent Costy : Bonjour à toutes et à tous. J’ai eu la chance, effectivement, de faire une formation la semaine dernière sur la question des données. Évidemment la question d’OpenStreetMap a été abordée d’autant qu’il y avait un militant d’OpenStreetMap qui était formateur. Donc j’ai pu découvrir des choses que j’avais appréhendées de loin mais que je n’avais pas vraiment creusées. En autres, j’ai découvert la page qui décrit les contributions en temps réel sur OpenStreetMap et j’ai trouvé ça absolument extraordinaire pour montrer toute l’implication et le nombre de personnes impliquées dans le monde pour contribuer à la base de données. J’ai trouvé ça vraiment génial ! Ça devrait être beaucoup plus connu. J’ai mis le lien.
Frédéric Couchet : Le lien c’est live.openstreetmap.fr.
Christian Quest : Voilà ! Ça vous montre, avec un très léger décalage, toutes les contributions au fur et à mesure qu’elles arrivent. J’adore démarrer cette page dans un onglet masqué quand je fais une présentation et, à la fin de la présentation, je passe sur cet onglet, je dis « pendant cette présentation il y a eu 4200 personnes qui ont rajouté 150 000 objets, etc. »
Laurent Costy : Donc on est quand même un peu dans le temps réel, pour le coup.
Christian Quest : Là c’est le temps réel des éditions. Il y a quelque chose de similaire qui existe, je crois, pour Wikipédia, mais qui fait de la musique, qui fait des sons. Je ne sais pas si vous connaissez ce truc-là. Ça permet d’avoir, comme ça, une sorte d’ambiance sonore qui vient des contributions à Wikipédia en temps réel.
Frédéric Couchet : D’accord. Donc là c’était l’utilisation. On va passer un petit rapidement, maintenant, à la partie contribution et, je le répète, lors de l’émission du 11 juin 2019 on avait abordé ça en détail donc n’hésitez pas à écouter le podcast ; là on fait un petit récapitulatif. Donc la partie contribution à OpenStreetMap : est-ce qu’il faut des connaissances particulières, notamment en cartographie ? Est-ce qu’il faut utiliser des outils particuliers ? Est-ce qu’il faut des droits particuliers pour rajouter des informations dans OpenStreetMap ? Et est-ce qu’il y a des conseils que tu donnerais ou même que Laurent pourrait donner pour quelqu’un qui veut se lancer dans OpenStreetMap ? Peut-être que tu pourrais expliquer ce que sont les Cartoparties vu que, tout à l’heure, Pascal Arnoux de Montpel’libre en a parlé. La contribution, comment on y va ? De quoi on a besoin pour contribuer ? Quelles compétences sont nécessaires ?
Christian Quest : La façon la plus simple pour contribuer c’est d’aller sur le site openstreetmap.org, d’aller regarder son quartier sur OpenStreetMap, parce que nous sommes tous experts géographiques de notre quartier, on le connaît, et, quand on a assez zoomé, qu’on voit juste son quartier, il y a un onglet « Modifier » ; on a accès à cet onglet « Modifier » à partir du moment où on s’est ouvert un compte. Donc il suffit de s’ouvrir un compte sur le site, de cliquer ensuite sur l’onglet « Modifier » et on peut rajouter. Il y a un petit tutoriel qui explique comment manipuler l’éditeur qui fonctionne dans le navigateur avec les concepts de base d’OpenStreetMap. Ça, ce sont vraiment les premiers pas.
Une Cartopartie, pour répondre à ta question, c’est un évènement qu’on essaye de faire sur une demi-journée, voire sur une journée, où on va aller sur le train pour expliquer aux gens comment noter des informations, quelles sont les informations qui sont intéressantes à mettre dans la base OpenStreetMap et ensuite on va faire une session justement de saisie où on va montrer comment fonctionnent les outils de saisie. Il y en a plusieurs, il n’y a pas que celui qui est sur le site web, ce qui permet, du coup, de démarrer en ayant quelqu’un qui nous tient la main.
Frédéric Couchet : D’accord. Un point essentiel qu’on a déjà abordé la première fois mais qu’il est important de répéter, c’est la limite sur les informations qu’on peut saisir : ce ne sont que des informations publiques et non pas des données personnelles. On ne peut pas, par exemple, expliquer que tel voisin habite à tel endroit, etc. Ce sont vraiment des données publiques qu’on a récupérées de façon libre.
Christian Quest : Oui, tout à fait. On s’arrête évidemment uniquement à l’information qui est publique, même si certaines informations sont accessibles publiquement : si on regarde sur une sonnette on peut voir le nom de la personne, ce n’est pas pour ça qu’on va le recopier.
Frédéric Couchet : Voilà ! OK ! OpenStreetMap a joué un rôle important notamment dans la cartographie de zones de guerres ou de séismes. J’ai l’impression que c’est une des façons dont OpenStreetMap s’est fait, quelque part, le plus connaître par sa capacité tout d’un coup, sa réaction de pouvoir rétablir la carte du monde alors que le monde a été totalement dévasté ou en tout cas a été grandement modifié.
Christian Quest : Oui. C’est exact. On a eu, malheureusement, certains évènements qui nous ont mis dans la lumière parce qu’on a pu aider, on a pu donner un coup de main, parce qu’on peut aussi mobiliser des centaines de personnes en très peu de temps pour aller cartographier des zones qui ont été ravagées soit par des tremblements de terre, tsunamis, inondations, déplacements de population, on a tous ces cas de figure-là. On a eu aussi la lutte contre Ebola, toutes ces choses-là. Il ne faudrait pas, quand même, trop réduire OpenStreetMap à ce côté humanitaire, même si c’est extrêmement utile et important. Au quotidien on ne s’en rend pas compte, mais il y a de plus en plus de données autour de chez nous qui proviennent d’OpenStreetMap et qui sont utilisées, y compris part des services officiels.
Frédéric Couchet : Par exemple ?
Christian Quest : Il y a certains fonds de cartes qui sont utilisés par la Gendarmerie qui utilise des données OpenStreetMap. Tout à l’heure je citais le cas des données géographiques sur les pistes cyclables, là c’est carrément la région.
Frédéric Couchet : La région Île-de-France.
Christian Quest : La région Île-de-France qui finance la mise à jour des données géographiques.
Frédéric Couchet : Laurent Costy.
Laurent Costy : Est-ce que ça peut être le support de sciences collaboratives ?
Christian Quest : Oui. Aussi. Les domaines que touche OpenStreetMap ne sont pas limités. Je dis souvent que le nom est assez mal choisi : Open ça oui, on est tous d’accord ; Street on ne fait vraiment pas que les rues ; et Map, eh bien on ne fait pas que des cartes avec ces données. Donc ça devrait plutôt s’appeler, je pense, OpenGéoData, mais c’est quand même moins sexy !
Frédéric Couchet : Ça aurait peut-être eu moins de succès, effectivement ! Tout à l’heure tu parlais d’applications, il y en a une que je ne trouve pas mal pour les débutants, pour l’avoir utilisée, c’est StreetComplete. Tu te mets dans ton quartier, en fait c’est une sorte de quête : il manque des données à tel endroit ; l’application commence par te poser des questions toutes simples, par exemple les horaires de bus ou de la banque d’à côté et en fonction du nombre de quêtes que tu établis, les questions deviennent de plus en plus élevées et permettent de contribuer. C’est aussi une façon de démarrer avec OpenStreetMap. Je l’avais installée, justement après l’émission de la dernière fois.
Christian Quest : On a bien fait de venir alors !
Frédéric Couchet : Exactement. C’est aussi pour ça que je fais des émissions, c’est pour en apprendre plus sur les projets et pour, éventuellement, y participer.
Je pense qu’on a sans doute globalement fait le tour sur la réintroduction d’OpenStreetMap. Est-ce que tu veux rajouter quelque chose sur cette partie-là ou Laurent ?
Christian Quest : Non. Pour moi c’est bon, je pense qu’on a un peu fait le tour.
Laurent Costy : Moi j’ai posé les questions au fur et à mesure. C’est parfait.
Frédéric Couchet : En fait tu poses les questions au fur et à mesure. On va aborder d’autres sujets parce que si on t’a invité aujourd’hui 24 septembre 2019 ce n’est pas totalement par hasard, c’est que notamment tu reviens d’Allemagne. C’est ça ?
Christian Quest : Oui, c’est ça.
Frédéric Couchet : Où s’est déroulé State of the Map Monde, en français on dirait « l’état de la carte », un peu, même si ! D’abord c’est quoi State of the Map Monde et quelles sont les nouvelles du projet OpenStreetMap, peut-être les nouvelles directions, les nouveaux projets à venir, les évolutions ?
Christian Quest : State of the Map c’est notre grand évènement annuel qui sert à plusieurs choses. La première chose c’est déjà se voir, parce que c’est un projet en ligne, mais c’est quand même bien de pouvoir discuter avec quelqu’un en chair et en os, en direct, souvent avec une boisson pétillante. On a tellement de choses à se raconter, ce qu’on ne peut pas vraiment faire en ligne, c’est vraiment génial pour ça. On a évidemment des conférences, des présentations très nombreuses, sur plein de sujets, et c’est à chaque fois l’occasion de découvrir ce qui est fait dans d’autres pays, dans d’autres communautés. C’est une façon d’échanger les compétences et les savoirs un petit peu partout. Ça ne dure malheureusement que trois jours, je pense qu’on pourrait durer une semaine tellement on a de sujets à aborder et là, à Heidelberg, on était un peu plus de 500 qui venaient beaucoup d’Europe parce que c’est évidemment la proximité, mais on avait aussi des gens qui venaient d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Asie, d’un petit peu partout.
Frédéric Couchet : D’accord. Quelles sont les nouveautés ou les actus phares suite à State of the Map ?
Christian Quest : Il y a un sujet que je pense de plus en plus présent, c’est l’arrivée de l’intelligence artificielle dans notre sphère. On fait beaucoup de contributions en se basant sur des images aériennes, des photos aériennes, et il y a de plus en plus d’acteurs qui font partie des GAFA en général : on a Microsoft, on a Facebook qui s’intéressent pas mal à ce genre de choses et qui amènent le côté intelligence artificielle : détection automatique de bâtiments, de routes et d’objets sur les photos aériennes, ce qui peut, effectivement, être une aide pour les contributeurs. À moi ça pose quelques petits problèmes, ça vaut le coup d’en discuter je pense, c’est qu’en fait on alimente des modèles numériques, des modèles d’intelligence artificielle, ce qu’on appelle aussi des réseaux de neurones, mais ces modèles, eux, ne sont pas ouverts. Et ça me pose quand même un petit problème philosophique de pousser les gens à contribuer, parce que, effectivement, ça va nous aider à détecter des bâtiments, mais ça ne fait pas que ça, et puis on n’a plus de contrôle et on perd une certaine autonomie qu’on avait avant. Je pense qu’il faut qu’on réfléchisse à ces sujets-là parce que quand on est sur un site web et que le reCAPTCHA de Google nous oblige à…
Frédéric Couchet : Explique juste ce que c’est qu’un reCAPTCHA.
Christian Quest : Le reCAPTCHA c’est quand il faut cocher « je ne suis pas un robot » et que vous avez des photos.
Frédéric Couchet : À sélectionner.
Christian Quest : Voilà. On vous demande de reconnaître. Au tout début où ça existait, les reCAPTCHA, c’était par rapport à la reconnaissance d’écriture et puis, petit à petit, ça a changé et ça fait déjà plusieurs années qu’on vous demande de reconnaître des bicyclettes, des bus, des boutiques, etc.
Laurent Costy : Des feux tricolores.
Christian Quest : Des feux tricolores, c’est ça. Et ça sert, en fait, à entraîner les modèles de reconnaissance d’analyse d’images qui sont, entre autres, utilisés pour les véhicules autonomes. En fait c’est du travail gratuit.
Frédéric Couchet : On travaille gratuitement pour Google ou les autres.
Christian Quest : Clairement oui ! C’est du travail gratuit, contraint parce qu’on est obligé de passer par ce barrage pour pouvoir accéder au service qu’il y a derrière, donc là on y est contraint. Je lutte déjà un peu contre ça, mais ça me dérange quand on rentre dans du travail gratuit qui est non-contraint, où là je me dis qu’on pourrait peut-être quand même réfléchir à avoir d’autres solutions que d’alimenter des modèles fermés.
Frédéric Couchet : D’accord. Donc ça c’était une discussion à State of the Map ? La discussion est en cours ?
Christian Quest : Il n’y a pas vraiment de discussion, c’est une réflexion que j’ai eue. J’ai essayé d’entamer la discussion avec plusieurs personnes sur ce sujet-là parce que je pense qu’on ne se rend pas toujours pas compte au tout début de l’arrivée d’une nouvelle technologie à quel point elle peut rapidement nous renfermer.
Frédéric Couchet : Que ça peut être un piège sur le long terme.
Christian Quest : Oui.
Frédéric Couchet : On va en parler. On va faire une petite pause musicale. J’en profite pour remercier Étienne en régie. Étienne gère à la fois la régie et, pour être tout à fait transparent, il gère ma plus jeune fille, puisque, aujourd’hui, c’est grève à l’école, donc ma plus jeune fille est à côté de lui.
On va faire une pause musicale. Nous allons écouter Ko Louka la vie par Les journées de création musicale Ziklibrenbib.
Pause musicale : Ko Louka la vie par Les journées de création musicale Ziklibrenbib.
Frédéric Couchet : Nous avons écouté Ko Louka la vie par Les journées de création musicale Ziklibrenbib, musique libre sous licence Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. Une licence qui est assez proche de la licence d’OpenStreetMap mais ce n’est pas pour les mêmes types de données. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April. Nous sommes sur radio Cause Commune 93.1 FM en Île-de-France et sur causecommune.fm partout dans le monde.
Je répète que vous pouvez intervenir soit sur le webchat de la radio, soit en appelant au numéro 09 50 39 67 59, je répète 09 50 39 67 59. N’hésitez pas, Christian est là pour répondre à vos questions.
Nous continuons donc de parler d’OpenStreetMap et en parlant de questions par téléphone, je vais relayer deux questions que j’ai reçues préalablement à l’émission. La première est toute simple : la personne aimerait savoir si OpenStreetMap envisage de proposer l’ajout d’images satellites ou par drone, même si ce sera incomplet. Christian Quest.
Christian Quest : Sur le site openstreetmap.org ce n’est pas tellement l’objectif de fournir ça, par contre les images aériennes, les images satellites, les images par drone, ça peut être extrêmement utile pour contribuer, c’est-à-dire pour améliorer les données de la carte. Par chance, on a depuis des années des partenariats ou des conventions avec des gens comme Bing ou avec une entreprise américaine qui s’appelle…
Frédéric Couchet : Bing le moteur de recherche ?
Christian Quest : Oui, Bing, le moteur de recherche de Microsoft, tout à fait.
Frédéric Couchet : C’est pour préciser.
Christian Quest : Et puis il y a DigitalGlobe qui est une société américaine qui a changé de nom, qui s’appelle maintenant Maxar [Maxar Technologies], qui a des satellites civils qui font de l’image très haute résolution, genre 30 centimètres par pixel, depuis un satellite ce n’est pas mal – oui, maintenant il faut bien ranger son jardin sinon ça se voit – donc ils nous autorisent à utiliser tout ce fond d’images, ces péta et ces péta de pixels.
Frédéric Couchet : Péta c’est une mesure qui est très importante on va dire ; les giga sont très loin.
Christian Quest : C’est une mesure, mais là je pense qu’on est même au-delà des péta, oui, on est très loin des giga. Quand on fait nos photos avec des mégapixels, là on est des dans des milliards de milliards de mégapixels. On a aussi de plus en plus de photos aériennes qui sont disponibles en open data en France. On a à peu la moitié du territoire métropolitain qui est disponible en open data avec des résolutions qui varient de 20 centimètres par pixel à, certains endroits maintenant, les dernières sur la région parisienne, on est à 5 centimètres par pixel, donc là il faut vraiment bien ranger le jardin.
Frédéric Couchet : Et ces données sont sous la même licence libre que celle d’OpenStreetMap ?
Christian Quest : Non, non parce que ce sont des images, ce ne sont pas des bases de données, donc ce ne sont pas tout à fait les mêmes licences.
Frédéric Couchet : Ah oui, effectivement !
Christian Quest : Et puis là c’est de la donnée publique, donc en France, la réglementation vis-à-vis de la donnée publique fait qu’on a une licence qui s’appelle la licence ouverte qui est l’équivalent d’une CC BY, pour simplifier. Donc on peut utiliser ces images et nous on les reprend sur nos serveurs pour pouvoir les diffuser plus simplement pour les contributeurs. Par contre, on ne fournit pas de services pour afficher ça, par exemple sur une carte sur son site, aussi parce que notre objectif n’est pas vraiment de fournir des services mais vraiment de fournir la donnée de base pour pouvoir créer ces services.
Frédéric Couchet : Et que les autres créent les services dont ils ont besoin, dont les personnes ont besoin.
Christian Quest : Dont ils ont besoin avec la donnée de base.
Frédéric Couchet : Avec la donnée de base. D’accord. La deuxième question qui est un peu plus longue mais qui permet aussi, peut-être, de rentrer dans un sujet qui est intéressant qui est la gouvernance du projet et les choix. Je vais essayer de la résumer. En fait, quand on met à jour une donnée sur OpenStreetMap, quand on la rajoute, on peut mettre un tag qui va décrire un lieu, un équipement. Le cas présent qui m’a été soumis c’est celui des écoles. En fait, le tag « école » est à la fois utilisé pour cartographier la surface occupée par un groupe scolaire et aussi pour cartographier individuellement chaque école qui en fait partie, en y associant les infos spécifiques. La personne m’a envoyé un lien en prenant un exemple à Saint-Denis où une requête donnerait six écoles alors qu’en fait il n’y en a que quatre en réalité. La personne m’explique qu’il y a eu plusieurs solutions qui ont été proposées, en tout cas qu’il y a un débat sur des forums internes d’OpenStreetMap. Apparemment tu as suivi ces échanges, est-ce que tu peux nous dire l’état de ces échanges et, finalement, comment la décision finale sera prise si une décision finale doit être prise. ?
Christian Quest : Je ne vais rentrer dans le détail de ce cas-là. En fait, il n’y a jamais vraiment une décision très claire, très tranchée. Il y a une forme de consensus par l’action, c’est-à-dire que les contributeurs vont trouver plus logique et plus cohérent de faire les choses d’une certaine façon. On se met aussi d’accord globalement en écrivant les choses sur un wiki qui nous sert un peu de référence, mais il y a parfois des petites divergences, des petites différences entre ce que le wiki a prévu et puis la vraie façon dont les contributeurs cartographient. Parfois on a aussi des évolutions dans le temps, c’est-à-dire qu’on n’est pas rentré dans le détail au début et puis, petit à petit, il faut qu’on détaille un petit peu plus. Effectivement, là typiquement, un groupe scolaire ça peut regrouper plusieurs établissements scolaires, plusieurs écoles : typiquement une école primaire vous allez avoir une section maternelle et une section élémentaire, je cherchais les mots. Mais là on a même encore d’autres problèmes parce que, par exemple, dans beaucoup de pays étrangers l’équivalent d’une école maternelle n’est pas considéré comme une école mais comme un jardin d’enfants, donc on a aussi des discussions : est-ce qu’on doit cartographier une école maternelle comme un jardin d’enfants ou bien comme une école, mais avec des enfants en bas âge.
Je ne vais pas rentrer dans le détail, mais on cherche vraiment à trouver un consensus, à faire les choses simplement, parce que si on a une façon de modéliser les données qui est trop compliquée, trop éloignée de ce qui nous vient naturellement, eh bien ça ne marche pas.
Frédéric Couchet : D’accord. La première fois on l’avait un petit expliqué sur la structure OpenStreetMap — si je me souviens bien, on va voir si j’écoute bien mes émissions : il n’y a pas d’équipe salariée dans la fondation.
Christian Quest : Il y a une fondation de droit anglais et il y a une personne qui s’occupe de l’administration générale, etc., qui est salariée, mais il n’y a qu’une seule personne.
Frédéric Couchet : Une personne. Mais il n’y a pas de salariés qui gèrent, on va dire, justement ce genre de discussion ; tout se fait au niveau bénévole sur les forums. Ce sont des forums internes ou des forums publics ?
Christian Quest : Tout est public.
Frédéric Couchet : Tout est public. D’accord.
Christian Quest : Tout est public et même au niveau de la fondation il y a un board, etc., mais ce n’est pas lui qui va prendre des décisions de ce type-là.
Laurent Costy : Board c’est ?
Christian Quest : Le conseil d’administration. Voilà, c’est le conseil d’administration de la fondation qui est là pour assurer la pérennité du projet, c’est sa mission principale. Je crois que dans le manifeste de la création de la fondation il y a « la fondation soutient le projet, mais ne le contrôle pas ». C’est quand même assez intéressant, je trouve.
Frédéric Couchet : Tout à fait. Ça c’était la deuxième question. Je remercie les deux personnes qui ont envoyé ces questions qui permettent, en tout cas, d’avancer dans la discussion. J’ai découvert un exemple à Saint-Denis et je pense que la personne a envoyé l’exemple de Saint-Denis parce que j’habite Saint-Denis et, en plus, je connais bien cet espace scolaire qui regroupe effectivement beaucoup d’écoles au même endroit.
N’hésitez pas, si vous avez des questions, il nous reste un petit peu de temps, à appeler le 09 50 39 67 59, je répète le 09 50 39 67 59 ou à venir sur le salon web de la radio, sur causecommune.fm.
Tout à l’heure on va revenir sur State of the Map. Tu nous avais parlé de l’arrivée de l’intelligence artificielle et des problématiques que cela pouvait causer. Dans le cadre de la préparation de l’émission tu m’avais aussi indiqué que tu souhaitais parler de l’extension du champ de l’ouverture démarré par le code source. Est-ce que tu pourrais expliquer ce que tu entends par là ?
Christian Quest : J’en ai un petit peu parlé tout à l’heure. On a beaucoup parlé, au début, d’ouverture, beaucoup des logiciels et des codes sources. Ensuite sont venues les données, je pense que les données sont quand même venues un peu après, et tout à l’heure j’ai parlé justement des modèles qu’on entraîne avec ces données, donc qui sont un peu des résultats. Je pense qu’il faut aussi aller vers un mouvement d’ouverture de ces modèles, pour deux raisons, pour pouvoir les réutiliser, pour ne pas avoir à refaire les mêmes entraînements. Aujourd’hui, entraîner des modèles d’intelligence artificielle c’est quand même très coûteux en termes d’énergie parce que ce sont des gros calculs faits par des ordinateurs, ça consomme de l’électricité, etc., il y a beaucoup de ressources qui sont mises en œuvre. Moi je trouve ridicule qu’on refasse le même travail alors qu’il a été fait. Donc on devrait aussi avoir, pour moi, des open models, des modèles qui eux aussi sont ouverts et pousser aussi dans ce sens-là pour que, justement, eh bien les contributions qu’on fait de façon volontaire on soit sûr que le résultat, lui aussi, reste ouvert.
Frédéric Couchet : D’accord. Laurent vu que tu as pris la parole tout à l’heure, évidemment si tu te sens à poser des questions ou si tu as des réactions, n’hésite pas ton micro est ouvert comme l’a signalé Étienne en régie.
Laurent Costy : Je suis complètement d’accord avec Christian. Inaudible.
Frédéric Couchet : Je ne sais pas si on t’a bien entendu !
Étienne Gonnu : Il y avait une erreur de micro branché. Désolé !
Frédéric Couchet : Laurent va répéter parce que son micro n’était pas branché. Vas-y. Tu disais que tu étais d’accord.
Laurent Costy : Je disais que je suis toujours d’accord, même si vous ne m’avez pas entendu, je suis toujours d’accord avec Christian sur la nécessité d’avoir une visibilité sur le code qui pilote tout ça.
Christian Quest : C’est plus que le code ! Dans le cas du modèle, c’est vraiment un mélange entre on a pris tes données, on a utilisé du code pour faire fonctionner un réseau de neurones et on a entraîné un réseau de neurones – c’est un résultat – et c’est ce résultat qu’on devrait aussi conserver ouvert ainsi que les données d’entraînement et, bien sûr, le code. En fait, pour moi, toutes les étapes devraient rester ouvertes.
Frédéric Couchet : Je pense qu’on ajoutera ce sujet dans la liste des sujets à traiter dans l’émission parce que c’est un sujet qui dépasse le cadre du logiciel libre ou autre et qui intéresse beaucoup de gens actuellement, à la fois des industriels, des politiques et puis tout simplement les citoyens et les citoyennes. Donc je pense qu’on va traiter ça un de ces jours.
Un autre sujet, ce n’est pas forcément en lien direct avec OpenStreetMap, mais tu m’en as parlé dans les possibles sujets, ton ambition de créer un jeu le plus complet possible de données disponibles en open data en France. Est-ce que tu peux parler un petit peu de ce projet ?
Christian Quest : J’ai commencé ça cet été parce que l’open data en France a commencée il y a à peu près une dizaine d’années ; Rennes, entre autres, a été une des premières collectivités à publier des données en open data. Eh bien je vous mets au défi de trouver aujourd’hui les données qui ont été publiées il y a dix ans ! Or elles peuvent encore être utiles parce qu’on peut les comparer à des données d’aujourd’hui, on peut voir les évolutions dans le temps, on peut voir tout ça, et il n’y a pas d’archivage, à ma connaissance, de l’open data. J’aime beaucoup, par exemple, Web Archive, les archives du Web, les archives d’Internet.
Frédéric Couchet : Donc le site archive.org.
Christian Quest : Archive.org qui permet de revenir en arrière, de revoir à quoi ressemblait une page, un site, etc. C’est formidable ! J’ai téléchargé, par grande curiosité, l’archive complète de tous les sites qui avaient été créés sur GeoCities.
Frédéric Couchet : C’est quoi GeoCities ?
Christian Quest : GeoCities c’était un service qui permettait de se créer un site, de se créer sa home page dans les années 90-2000 et il y avait des centaines de milliers de sites sur GeoCities ; c’était beaucoup plus simple de créer un site sur GeoCities que de se créer son propre site ; à l’époque les blogs n’existaient pas, tout ça n’existait pas. C’est passionnant de regarder ce contenu. Si vous êtes fan de gifs alors là, vous allez avoir une overdose.
Frédéric Couchet : De gifs, d’images.
Christian Quest : Les gifs, les images animées.
Frédéric Couchet : À l’époque c’étaient des images GIF animées et puis des couleurs très…
Christian Quest : Très flashy ! Aujourd’hui on peut dire que c’est un petit kitch, effectivement.
Frédéric Couchet : Aujourd’hui ça fait kitch. C’est l’époque qui voulait ça !
Christian Quest : Oui, mais on voit encore des sites de ce type-là.
Les choses avancent tellement vite dans le domaine du numérique que si on ne prend pas le temps de se poser les questions et de s’occuper d’archiver certains trucs, ça disparaît ! Ça disparaît très vite, parce que le numérique disparaît finalement plus facilement que le papier. Le papier, à moins qu’on fasse une action vraiment pour le détruire, il ne se détruit pas alors que le numérique, si on ne fait pas d’action pour le garder sur un disque qui sera encore lisible, eh bien on ne peut plus le lire.
Donc je me suis lancé dans le projet-là que j’ai appelé Opendatarchives et, pour l’instant, j’archive 150 portails open data qui sont disponibles en France dont data.gouv qui est le portail national et j’ai à peu près 30 000 jeux de données qui sont archivés et surtout, l’archivage se fait tous les jours : quand les données évoluent dans les jeux de données, je conserve les différentes versions.
Frédéric Couchet : Tu conserves l’historique.
Christian Quest : Voilà.
Frédéric Couchet : Le site c’est opendatarchive.fr.
Christian Quest : Pour l’instant, il ne ressemble vraiment à rien.
Frédéric Couchet : N’allez pas le voir pour le moment sauf si vous avez envie de voir une longue liste de fichiers et un fichier qui s’appelle lisez-moi.
Christian Quest : C’est ça. C’est très brut pour l’instant. On commence par archiver les fichiers et la description des fichiers, ce qui est très important, et ensuite on pourra faire des choses intéressantes avec ça.
Frédéric Couchet : Ensuite on rajoutera les gifs animés !
Christian Quest : On pourrait en mettre aussi.
Frédéric Couchet : Laurent Costy.
Laurent Costy : Du coup ton salon est occupé par une quantité incroyable de disques durs, j’imagine.
Christian Quest : Ce n’est pas mon salon, c’est ma cave, et tout ça tourne dans mon futur chaton qui se trouve dans ma cave. Il y a eu des émissions sur les chatons. Si vous n’avez pas écouté l’émission sur les chatons vous allez pouvoir la réécouter. Voilà ! Petit à petit j’ai accumulé du matériel et puis l’arrivée, enfin, de la fibre dans ma banlieue pas si lointaine de Paris m’a permis de passer à l’action.
Frédéric Couchet : D’ailleurs je précise, en parlant des émissions passées, qu’on a fait une émission sur les données publiques le 2 octobre 2018 avec Tangui Morlier de Regards Citoyens, Xavier Berne de Next INpact et Laurence Comparat de la ville de Grenoble. Vous pourrez en apprendre plus là-dessus. Sur CHATONS, le collectif d’hébergeurs qui proposent des services loyaux, on a fait deux émissions, j’avoue que je n’ai pas les dates en tête mais sur le site de l’April, april.org, ou sur causecommune.fm vous retrouverez facilement. C’est d’autant plus important que Framasoft a annoncé aujourd’hui qu’ils allaient mettre un terme à un certain nombre de services dans les années à venir pour effectivement se… Est-ce que tu peux le dire ?
Christian Quest : « Déframasoftiser » le Web.
Frédéric Couchet : Exactement. « Deframasoftiser » Internet. Donc ça c’est important.
Christian Quest : On a exactement la même situation avec OpenStreetMap : beaucoup de gens se disent « je vais mettre le fond de carte d’OpenStreetMap et voilà ! » Nous, on ne peut pas multiplier nos serveurs à l’infini et ça a un coût. Donc on pousse aussi, exactement comme Framasoft, les gens qui ont besoin d’utiliser les données OpenStreetMap à déployer leurs propres serveurs pour être autonomes. Les données et le code sont libres et gratuits, par contre les services, multiplier les machines ça a un coût, ça nécessite de l’administration, et tout ça c’est géré bénévolement. On ne peut pas remplacer Google Maps, ce n’est pas possible pour ça !
Frédéric Couchet : Tout à l’heure on parlait des modèles et des problématiques de droit et d’accès là-dessus. Sur le salon web de la radio il y a mmu_man qui nous dit : « C’est pareil pour la science. Est-ce qu’un papier qui se prétend scientifique mais basé sur un algorithme et des données pas publiques permet réellement de répéter l’expérience et de refaire la conclusion ? Selon moi non ! » Et il indique un lien qui est un peu long, j’aurais du mal à le lire et que ce soit audible, mais on le mettra sur le site web en référence, donc c’est « Science, OpenAccess, publication et scientificité », il y a aujourd’hui des tests. C’est un commentaire de mmu_man sur le salon web.
Le temps file et Laurent Costy va ensuite nous parler de Bénévalibre, est-ce que tu veux aborder un dernier sujet, peut-être faire des annonces autour d’OpenStreetMap ou d’autre chose parce que tu fais plein de choses ?
Christian Quest : Je vais rester sur OpenStreetMap, je suis venu pour ça, si tu veux je peux revenir pour d’autres sujets.
Frédéric Couchet : Avec plaisir !
Christian Quest : J’ai une annonce très importante. Le prochain State of the Map international aura lieu à Cape Town du 3 au 5 juillet 2020.
Frédéric Couchet : Donc en Afrique du Sud
Christian Quest : En Afrique du Sud, si Cape Town ne change pas de nom d’ici là et le prochain State of the Map France aura lieu lui à Nantes, je n’ai pas encore les dates.
Frédéric Couchet : Ce sera en 2020 ?
Christian Quest : Eh bien oui, en 2020, puisque l’année se termine bientôt et puis on est aussi très heureux, en tant que local chapter, c’est-à-dire chapitre local français, d’accueillir un nouveau local chapter irlandais qui a signé son acte, etc., pendant ce week-end. Donc voilà, on a des amis irlandais en plus, ça fait qu’OpenStreetMap devient et peut devenir, moi je pousse pour ça, peut devenir petit à petit une forme de fédération de chapitres locaux pour avoir une gouvernance un petit peu plus équilibrée et diverse.
Frédéric Couchet : Un peu comme Wikipédia quelque part.
Christian Quest : Franchement je ne connais pas.
Frédéric Couchet : Ils ont des chapitres locaux. Je ne maîtrise pas non plus.
Christian Quest : Je ne connais pas l’articulation, mais c’est une articulation qui est, à l’origine, souvent descendante, c’est-à-dire qu’il y a une fondation internationale qui s’est créée et petit à petit les chapitres locaux se sont créés. Je pense qu’à partir d’un certain moment il faut inverser la tendance, il y a suffisamment de chapitres locaux pour que ça soit eux qui soient présents au conseil d’administration de la fondation internationale. Ce sont des histoires de gouvernance, mais c’est important la gouvernance !
Frédéric Couchet : Tout à fait. Avant de conclure une dernière question qui nous arrive sur le salon web d’un-œuf, la question c’est « des suggestions d’outils pour visualiser, utiliser les données de transport public. »
Christian Quest : La liste est longue ! Sur le wiki il y a plein de choses. On a déjà une couche cartographique qui permet de mettre en valeur les données de transport public. Maintenant le transport public, il y a le transport collectif, il y a le covoiturage, il y a tous les transports en libre-service : les vélos, les voitures, les trottinettes. La mobilité c’est un grand sujet.
Frédéric Couchet : Il précise transport en commun.
Christian Quest : Oui, transport en commun. Je crois qu’on a un fond de carte qui met en valeur les lignes de transport en commun. Il est accessible directement depuis openstreetmap.org. Sinon, après, il y a des outils plus spécialisés mais là il faut aller fouiller dans le wiki, on pourra mettre un lien.
Frédéric Couchet : C’est ce qu’on fera, on mettra un lien sur le site de l’April et sur le site de Cause Commune dans les pages avec les références. J’invite un-œuf à regarder dès ce soir ou demain matin, on mettra le lien vers ce wiki et il pourra aller fouiller et trouver l’information. Il me met deux liens, un-œuf me met deux liens openptmap.org et openbusmap.org
Christian Quest : Oui, il y a aussi Jungle bus.
Frédéric Couchet : Jungle bus de Noémie Lehubie.
Christian Quest : Oui, de Noémie, Florian, qui cherche à compléter les données bus, parce que c’est loin d’être complet, à compléter partout dans le monde les données de transport en commun de type bus.
Frédéric Couchet : Merci Christian Quest. C’était Christian Quest d’OpenStreetMap France et second intervenant Laurent Costy qui intervenait en tant qu’April, Fédération Française des MJC, qu’on va retrouver dans quelques secondes.
Tiens un-œuf nous dit : « C’est exactement Jungle bus que je cherchais. » Ravis qu’on ait pu répondre à cette question et apporter la réponse.
Christian, je te souhaite une belle journée on se reverra sans doute prochainement dans une émission Libre à vous !
Christian Quest : Je reste pour poser peut-être des questions.
Frédéric Couchet : Évidemment tu peux rester. On va faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : On va écouter God is Gone par Big Albert et on se retrouve juste après.
Pause musicale : God is Gonepar Big Albert.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter God is Gone par Big Albert que je remercie parce que c’est un membre de l’April qui nous signale régulièrement ses musiques libres. Celle-ci est sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. Vous retrouverez évidemment les références sur le site de l’April, april.org, et sur le site de Cause Commune, causecommune.fm.
Vous écoutez l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune sur 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.
Nous allons passer au sujet suivant.
[Virgule musicale]
Bénévalibre avec Laurent Costy
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec une présentation de Bénévalibre, logiciel libre pour faciliter la gestion et la valorisation du bénévolat dans les associations. Notre invité c’est Laurent Costy, vice-président de l’April, co-animateur du groupe de travail Libre Association de l’April et directeur-adjoint de la Fédération Française des MJC, des Maisons des Jeunes et de la Culture. Bonjour, plutôt rebonjour Laurent.
Laurent Costy : Bonjour.
Frédéric Couchet : Tu es intervenu dans le sujet…
Laurent Costy : Même si on a coupé mon micro à un moment donné !
Frédéric Couchet : Voilà. Étienne est facétieux en régie mais en même temps il a à gérer ma fille qui est un peu dissipée. D’abord une petite présentation personnelle, tout simplement, de ton parcours.
Laurent Costy : Tu m’as déjà un petit peu présenté puisque professionnellement, effectivement, je travaille à la Fédération Française des MJC et puis, évidemment, je suis impliqué bénévolement au sein de l’April. Peut-être, par rapport au projet, dire qu’à l’époque où l’idée du projet s’est montée, j’étais dans le cadre plutôt en lien avec mon travail, président du CRAJEP, Comité Régional des Associations de Jeunesse et d’Éducation Populaire, encore un bel acronyme, désolé. Pour la faire claire, un peu plus claire pour les gens, ça regroupe à un échelon régional et là, en l’occurrence, c’était la Bourgogne-Franche-Comté, des associations de jeunesse et d’éducation populaire. Pour ceux qui les côtoient au quotidien, vous en connaissez sans doute : la Ligue de l’enseignement, l’UFCV, les CEMEA, les Francas, etc., les Foyers Ruraux, les centres sociaux. Voilà ! Toutes ces associations que vous côtoyez, dont vous ne connaissez pas forcément le nom, mais qui contribuent au quotidien sur les territoires pour améliorer la vie des gens.
Frédéric Couchet : Des associations très importantes.
Bénévalibre, c’est un logiciel libre pour faciliter la gestion et la valorisation du bénévolat dans les associations. Première question évidemment : c’est quoi la valorisation du bénévolat et pourquoi des associations pratiquent cette valorisation ? Est-ce uniquement une valorisation comptable ?
Laurent Costy : Il faut quand même savoir que toutes les associations ne sont pas d’accord sur la nécessité ou la volonté de valoriser le bénévolat. Pour expliquer un petit peu ce que c’est, valoriser, finalement, c’est montrer tout ce que ça représente. On peut peut-être faire le lien avec ce qu’on a vu tout à l’heure sur OpenStreetMap. C’est vrai qu’un jour on m’a dit : « Il y a beaucoup de contributeurs à OpenStreetMap ». Ouais, OK. Il y a beaucoup de contributeurs très bien, il y en a un million, deux millions, je n’en sais rien. Par contre, quand j’ai vu le site en direct, en live, des contributions, c’est là que j’ai vraiment pris conscience de ce que ça représentait et de la force que ça avait derrière en termes de bénévolat, d’implication et de don de soi.
Christian Quest : J’ai un autre exemple : notre logiciel d’édition lourd qui est développé en Java, etc., il y a eu une évaluation du temps qu’il faudrait pour le redévelopper : il faudrait un million d’heures pour redévelopper ce logiciel. Voilà !
Laurent Costy : Du coup, l’idée de valorisation c’est bien de faciliter le fait de montrer tout ça, parce qu’on ne s’en rend pas compte au quotidien. C’est aider les associations à pouvoir montrer ça, les associations qui le souhaitent.
Frédéric Couchet : D’accord. Je suppose que des associations faisaient déjà de la valorisation du bénévolat, sans doute avec un outil interne ou autre. Pourquoi lancer Bénévalibre ? Quel était le besoin, quel était le problème à résoudre ?
Laurent Costy : Je vais revenir juste sur la valorisation comptable, puisque, finalement, il y a quand même désormais une obligation de valoriser ça comptablement. Évidemment, encore une fois, on peut en discuter, on peut ne pas être d’accord avec ça mais, de toute façon, maintenant ça devient une obligation. Avant c’était une recommandation pour les grosses structures, évidemment ce sont les commissaires aux comptes qui rappelaient cette règle-là de recommandation jusqu’au 1er janvier 2019, je crois, où c’est passé comme une obligation. Maintenant les associations doivent justifier la raison du fait qu’elles ne le valorisent pas. Donc elles doivent expliquer pourquoi elles ne font pas ce choix-là. Après ce sont des questions politiques, ce sont des questions de discussions en interne au sein de l’association, mais on a bien, d’abord, une obligation réglementaire de valoriser.
On s’est finalement aperçu qu’il n’y avait pas d’abord pour les toutes petits associations, c’est d’abord la cible de Bénévalibre, d’outil simple pour les bénévoles dans les structures. Il existait dans pas mal d’outils qu’on appelle CRM, en anglais tu vas peut-être m’aider Fred ?
Frédéric Couchet : Customer Relationship Management). C’est de la relation client.
Laurent Costy : PGI en français.
Frédéric Couchet : Progiciel de gestion intégrée, un logiciel qui fait plein de choses !
Laurent Costy : Qui peut à la fois avoir la liste des adhérents, leur date de renouvellement de cotisation, etc. Il y a des choses intégrées comme ça, on en connaît, il y en a plein dans le Libre qui peuvent être très utiles aux associations — je ne vais pas les citer là parce que sinon je vais en oublier, mais on essaiera de les mettre après dans la page de l’émission —, mais ça demandait déjà des compétences et puis une certaine pratique. C’est vrai qu’on a voulu d’abord cibler les toutes petites structures associatives qui n’ont pas de salariés ou un ou deux salariés, qui n’ont pas les compétences techniques pour installer ou utiliser quelque chose d’assez avancé sur le plan numérique. C’était un peu ça l’idée initiale.
Frédéric Couchet : D’accord. Sur le salon web il y a une question : est-ce qu’il y a un site qui explique cette obligation ? Publication au Journal officiel ?
Laurent Costy : Bonne question ! On cherchera.
Frédéric Couchet : On va chercher et on mettra sur la page de références, parce que, évidemment, ça devait sans doute être une publication au Journal officiel ou autre.
Laurent Costy : Oui, il y a eu quelque chose comme ça, je l’ai eu en tête à un moment donné, mais on essaiera de le remettre.
Frédéric Couchet : Ce n’est pas grave ! On a compris l’idée de ce projet-là. Maintenant c’est quoi Bénévalibre ? Comment ça fonctionne ? C’est un site web ? C’est une application sur téléphone mobile ? N’importe qui peut l’installer ? C’est un logiciel libre ?
Laurent Costy : Bien sûr, c’est un logiciel libre. C’était une des conditions que s’était donné le CRAJEP, puisque c’est finalement le Comité Régional des Associations de Jeunesse et d’Éducation Populaire de Bourgogne-Franche-Comté qui a finalement profité des effets de la fusion des deux régions Bourgogne et Franche-Comté, parce qu’on avait effectivement demandé une subvention à l’époque au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté pour refaire le site internet puisqu’il fallait afficher, maintenant, une fusion des régions. Finalement le site on l’a fait autrement et on s’est dit « par rapport à ce projet-là dont on avait déjà l’idée, est-ce que ce ne serait pas utile d’utiliser cette subvention pour ce développement-là ? » Du coup, on a fait le choix de faire développer un logiciel libre qui, pour les techniciens, moi je n’en suis pas, est développé en Python Django avec le framework Django.
Frédéric Couchet : À la limite, peu importe les aspects techniques dans ce cadre-là.
Laurent Costy : Mais ça se traduit par le fait que c’est un site internet auquel on peut accéder par un téléphone portable, puisque, encore une fois, maintenant les nouveaux sites s’adaptent très facilement au téléphone.
Frédéric Couchet : Ils sont responsive comme on dit de nos jours.
Laurent Costy : Voilà, responsive, je ne voulais pas dire le terme.
Frédéric Couchet : Je ne sais pas comment ça se traduit en français ?
Laurent Costy : Adaptable, on va dire ça. On peut l’utiliser à la fois par le biais d’un téléphone : je suis un bénévole, je viens de consacrer deux heures au stand de l’association sur le forum des associations, hop ! je prends mon téléphone portable, je dis « tel jour j’ai passé deux heures pour telle association ». Il faut s’être créé un compte, mais c’est extrêmement rapide, il y a besoin d’une adresse mail soit anonyme, soit très clairement avec votre nom/prénom, mais, encore une fois, c’est assez simple d’utilisation.
Donc c’est bien un logiciel libre pour lequel, pour l’instant, une seule instance à ma connaissance a été mise sur un serveur de la Scic qui a développé le logiciel pour le CRAJEP.
Frédéric Couchet : La Scic, société coopérative d’intérêt collectif, je crois, je ne suis pas tout à fait sûr.
Laurent Costy : D’intérêt collectif, c’est ça, qui s’appelle CLISS XXI.
Frédéric Couchet : Qui est dans le Nord.
Laurent Costy : Qui est dans le Nord, qui développe déjà depuis longtemps des logiciels libres. Pour l’instant une seule instance est installée sur les serveurs de cette Scic. Vous pouvez accéder à cette instance-là si vous n’avez pas les compétences pour installer votre propre instance sur votre propre serveur, ce qu’on peut comprendre, ce n’est quand même pas à la portée de tout le monde. Mais l’idée a bien été pensée dans la logique CHATONS dont on a évoqué tout à l’heure le nom. L’idée c’est qu’après chacun puisse administrer ses propres services, y mettre ses propres règles en fonction de ce qu’il veut faire de ce bénévolat. Puisque, encore une fois, ce n’est pas clair pour toutes les associations de savoir quoi faire de ce bénévolat et de cette valorisation.
Frédéric Couchet : C’est important de comprendre — en tout cas c’est ce que j’en comprends — qu’il y a deux parties dans Bénévalibre : il y a la partie client, logiciel client donc accessible soit sur un ordinateur classique soit sur téléphone mobile et il y a le serveur Bénévalibre qui va récupérer les données. Pour l’instant il y a une seule instance qui est l’instance quelque part de démo, test, etc., mais évidemment toute structure, toute association peut prendre la partie serveur, l’installer sur ses machines ou en tout cas demander soit à ses bénévoles soit à son prestataire de le faire pour, ce qui est important, avoir une maîtrise des données, parce que, évidemment, les données sont fondamentales. Il y a ces deux parties-là. Quand tu parlais du collectif CHATONS, qui est un collectif d’hébergeurs qui proposent des services libres et loyaux, on peut effectivement très bien imaginer que dans ce collectif certaines structures proposent un hébergement d’un serveur Bénévalibre, qui serait utilisé par exemple par des structures locales associatives avec une confiance dans les données, parce que ce qui est important dans les chatons c’est qu’il y a un engagement sur le respect de l’intégrité et de la sécurité des données personnelles des personnes qui utilisent le service du chaton.
Laurent Costy : Tout à fait. Du coup ça intéresse vraiment les fédérations d’éducation populaire parce que, finalement, c’est un nouveau service qu’elles peuvent offrir assez facilement à tous leurs membres. Du coup la Fédération Française des MJC vient de demander un devis pour avoir une instance propre pour l’ensemble de son réseau. On va voir ce que ça donne, on n’aura peut-être pas les moyens, on va voir si c’est utile pour l’instant, mais en tout cas ce sont vraiment des questions qu’on se pose en tant que Fédération d’associations.
Frédéric Couchet : D’accord. Quelles sont les différentes structures, tu en as cité quelques-unes aujourd’hui, qui sont partenaires de ce projet, qui ont permis que ce projet naisse ?
Laurent Costy : Initialement c’est bien le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté qui a fait confiance au CRAJEP avec lequel il travaille régulièrement sur les politiques jeunesse, les politiques associatives à l’échelle de la région Bourgogne-Franche-Comté et il s’avère que dans les relations qu’on avait, il y a une relation de confiance qui a permis de consacrer une partie d’une subvention pour Bénévalibre. Ça a permis d’avoir finalement, comment dirais-je, un levier et, du coup, d’aller convaincre aussi la Fondation du Crédit Coopératif avec laquelle l’April avait déjà travaillé par le passé pour faire une clef avec des logiciels libres et un livret.
Frédéric Couchet : Le Guide Libre Association que tu avais piloté à l’époque.
Laurent Costy : Du coup c’est vrai que la fondation du Crédit Coopératif a aussi très vite validé son soutien. C’est vrai que ça s’est fait très rapidement sur la fin de l’année 2018, ce qui nous a permis de rassembler 20 000 euros pour un projet de développement pour Bénévalibre, j’annonce les coûts, c’est très clair, tout en sachant que ce n’était pas forcément complètement suffisant pour une telle application. En tout cas, on a réussi à mettre autour de la table tous les acteurs et tout le monde est tombé d’accord pour faire converger ça.
Peut-être, le point important là-dedans, au-delà même du logiciel produit, c’est finalement l’intérêt d’avoir mis autour de la table des gens qui n’avaient pas forcément les mêmes perceptions de ce que pouvait être un logiciel, un logiciel libre en particulier, mais en tout cas un logiciel et puis des conceptions de valorisation du bénévolat très différentes dans des fédérations d’éducation populaire nées après la guerre par exemple et puis des associations comme Framasoft et l’April qui étaient aussi autour de la table, qui ont une pratique de ces questions-là avec la question de l’anonymat, avec la question de l’importance de sécuriser les données. C’était extrêmement important de confronter toutes ces personnes-là et de les mettre autour de la table. Ça a fait aboutir un logiciel générique, on n’est pas rentrés dans des choses extrêmement pointues qui répondaient à un besoin précis. On est restés très génériques, très simples, pour le bénévole, lambda c’est un peu péjoratif, mais pour tout bénévole.
Frédéric Couchet : D’accord. On va quand même indiquer le site, benevalibre.org, sur lequel on peut tester, faire connaître.
Laurent Costy : C’est le site qui présente le projet et après l’application c’est app.benevalibre.org.
Frédéric Couchet : Je suppose que sur benevalibre.org il a un lien vers l’application. Je suppose !
Laurent Costy : Tout à fait. C’est sur la première page, vous pouvez y accéder.
Frédéric Couchet : N’hésitez pas à le tester, à le faire connaître, à le diffuser. Et puis c’est une première version. C’est un logiciel libre donc n’importe quelle personne ou structure peut le faire évoluer. N’hésitez surtout pas à le tester, à le faire connaître. Peut-être un dernier mot ?
Laurent Costy : Sur les suites.
Frédéric Couchet : Sur les suites.
Laurent Costy : Ça reste un peu la question qu’on se pose. Il y a plein de choses qu’on a mises de côté dans la v1 justement pour garder le logiciel le plus simple, le plus accessible possible. Donc on va passer en revue tous ces points qu’on a mis de côté, tout en sachant qu’on ne souhaite pas non plus, entre guillemets, « marcher sur les platebandes » des logiciels dont on parlait tout à l’heure, qui ont déjà travaillé sur ces questions-là pour des structures un peu plus importantes. La question ce sera peut-être, finalement, comment articuler Bénévalibre avec ces logiciels qui existent déjà, ça c’est plutôt pertinent pour nous. Et puis toutes les options qu’on n’avait pas mises : est-ce qu’il faut intégrer le temps de trajet, les calculs de temps de trajet, les notes de frais ? Mais on rentrerait vraiment dans un logiciel un peu plus conséquent et ce n’est pas forcément l’objet de Bénévalibre.
Après, le groupe de travail va réfléchir aux besoins non pourvus pour les associations, il n’y en a plus beaucoup qui ne sont pas pourvus en logiciel libre, mais il reste peut-être toute la question de la paye. Il faudra évidemment qu’on explore d’abord tout ce qui existe, encore une fois on n’a pas l’idée de réinventer la roue, mais il pourrait y avoir quelque chose autour de ça. C’est un projet un peu plus ambitieux qui va demander des moyens et surtout un suivi au quotidien parce qu’on sait très bien que la question sociale évolue et qu’il faut pouvoir avoir des juristes et des gens autour du projet au quotidien.
Frédéric Couchet : Écoute, merci Laurent ; benevalibre.org, app.benevalibre.org, « app » avec deux « p », et sur le site de l’April vous avez le groupe de travail Libre Association qui est un groupe ouvert à toute personne donc n’hésitez pas à le rejoindre.
C’était Laurent Costy de l’April et la Fédération Française des MJC.
Je te souhaite une bonne fin de journée.
Laurent Costy : Merci.
Frédéric Couchet : On approche de la fin de l’émission. Nous allons faire des annonces.
[Virgule musicale]
Annonces
Frédéric Couchet : Dans la partie annonces, malheureusement nous allons commencer par une annonce très triste. Nous avons appris aujourd’hui, par un courriel de Pierre-Yves Gosset, le décès de Jean-Yves Royer à l’âge de 81 ans. Je reprends une partie du courriel de Pierre-Yves qui disait que Jean-Yves Royer était un militant du Libre d’une constance rare dans sa militance, ses engagements, son humilité et son éthique. Il a notamment été une personne clé pour des associations comme l’ALDIL, un groupe d’utilisateurs et d’utilisatrices de logiciels libres sur la région de Lyon ou La Mouette dont on a déjà parlé dans l’émission autour de la bureautique libre. Jean-Yves était un infatigable promoteur de OpenOffice puis de LibreOffice et des formats ouverts et cela jusqu’en prison où il formait bénévolement des détenus à l’informatique. Il était aussi un membre actif du réseau des Espaces Publics Numériques du Lyonnais et un bénévole régulier dans l’organisation des Journées du logiciel libre de Lyon. C’était en plus quelqu’un d’adorable que nous avons eu le plaisir et la chance de côtoyer.
Évidemment nos condoléances et nos pensées vont vers sa famille et ses amis. Il y a un billet de Loïc Gervais qui donne un peu plus d’informations sur Jean-Yves Royer. On mettra la référence sur le site de l’April et sur le site de Cause Commune.
Sans transition comme on dit dans ces cas-là, réponse à la première question du quiz, je ne me souviens même plus, en fait je me suis trompé tout à l’heure, c’était quoi la première question ? J’ai un trou de mémoire. Je vous demandais quel était le projet dont on a parlé la semaine dernière, le concours mondial qui se poursuit jusqu’au 30 septembre 2019. Ce concours c’est Wiki Loves Monuments. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, vous pouvez proposer des photos de monuments jusqu’au 30 septembre 2019. Excusez-moi pour cet oubli.
Dans l’actualité, ça va aller rapidement parce que je vois que le temps passe.
Il y a le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire qui commence aujourd’hui au Sénat. Nous en avons longuement parlé dans l’émission du 17 septembre 2019. Nous avons mis en ligne une actualité avec les amendements et un certain nombre d’informations concernant ce projet de loi. Je vous invite à le consulter.
Il y a des appels à conférences, mais je les passerai la semaine prochaine parce que sinon je n’arriverai pas à tenir sur les évènements.
Simplement vous signaler quand même que nos amis de Next INpact, donc Xavier Berne qui intervient régulièrement dans l’émission, font une rencontre le 27 septembre 2019 à Paris.
L’émission se termine.
Je remercie toutes les personnes qui ont participé : Isabella Vanni, Pascal Arnoux, Myriam Criquet, Christian Quest, Laurent Costy. Aux manettes à la régie Étienne Gonnu aidé de ma fille.
Vous retrouvez sur notre site april.org, les références pour l’émission.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.
La prochaine aura lieu en direct le 1er octobre 2019. Nous parlerons de logiciels libres audio et la musique assistée par ordinateur.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 1er octobre et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.