Le Logiciel Libre et ta liberté - Richard Stallman - RMLL2014

Titre :
Le Logiciel Libre et ta liberté
Intervenant :
Richard Stallman
Lieu :
RMLL - Montpellier
Date :
Juillet 2014
Durée :
1 h 45 min
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Transcription

D’abord si vous faites des photos de moi, ne les mettez pas dans Facebook, parce que Facebook est un moteur d’espionnage des utilisateurs. Si vous mettez les photos de quelqu’un dans Facebook, vous leur donnez une manière supplémentaire de l’espionner, ce qui n’est pas très aimable de faire ça à vos amis, et prière de ne pas le faire à moi. Et je vous propose de ne rien dire au sujet de vos amis dans Facebook. C’est à eux de décider de publier quelque chose ou pas. Mais le meilleur choix est de ne pas être utilisé par Facebook.
Applaudissements
Si vous filmez la conférence ou enregistrez le discours, et si vous voulez en distribuer des copies, prière de le faire uniquement dans les formats favorables au Logiciel Libre, c’est-à-dire dans les formats Ogg ou le format webM. Pas dans les formats mp quoi que ce soit. Jamais dans Flash, c’est-à-dire ne le mettez pas dans Youtube, et jamais dans Windows Media Player ni QuickTime. Assurez-vous qu’il soit possible de décharger une copie du fichier sans exécuter aucun code pas libre, même dans JavaScript envoyé par le site même, c’est–à-dire pas dans Youtube, et mettez la licence Creative Commons Non Dérivée sur l’enregistrement parce que c’est la présentation d’un point de vue.
Maintenant c’est quoi le Logiciel Libre. Je peux expliquer le Logiciel Libre en trois mots : liberté, égalité, fraternité.
Applaudissements
Les choses que Sarkozy déteste.

Liberté parce que le Logiciel Libre respecte la liberté des utilisateurs. Égalité parce que, par le Logiciel Libre, personne n’a de pouvoir sur personne. Et fraternité, parce que nous encourageons la coopération entre les utilisateurs. Le Logiciel Libre respecte la liberté à la communauté des utilisateurs parce que les utilisateurs ont le contrôle du programme.
Dans le logiciel il y a deux possibilités. Pour chaque programme, c’est toujours l’un ou l’autre : ou les utilisateurs ont le contrôle du programme, ou le programme a le contrôle de ses utilisateurs. Quand les utilisateurs ont le contrôle du programme, c’est le Logiciel Libre, parce que, pour avoir ce contrôle, les utilisateurs ont besoin des quatre libertés essentielles qui définissent le Logiciel Libre, qui font le critère d’un programme libre.
La liberté 0 est celle d’exécuter le programme comme tu veux pour n’importe quel but.
Et la liberté 1 est celle d’étudier le code source du programme et de le changer pour que le programme fasse ton informatique comme tu veux.
Avec ces deux libertés, chaque utilisateur a le contrôle séparé du programme. Mais le contrôle séparé ne suffit pas, d’abord parce que la bonne majorité des utilisateurs ne sont pas programmateurs, ne savent pas exercer la liberté 1, ne savent pas étudier le code source, donc pour eux, ça ne leur rend pas le contrôle. Mais même pour un programmeur, le contrôle séparé ne suffit pas, parce que tu utilises des centaines, ou des milliers de programmes, et tu n’as pas le temps d’étudier le code source de chacun. Il faut donc le contrôle collectif d’un programme, c’est-à-dire que n’importe quel groupe d’utilisateurs du programme soit libre de coopérer, en exerçant le contrôle de ce programme, pour lui faire faire ce qu’il veut.
Le contrôle collectif requiert deux libertés en plus.
La liberté numéro 2 est celle de faire des copies exactes et de les donner, ou vendre, aux autres, quand tu veux.
Et la liberté numéro 3 est celle de faire des copies de tes version modifiées pour les donner, ou vendre, aux autres, quand tu veux. Avec ces deux libertés les utilisateurs qui veulent collaborer sont libres de collaborer dans l’exercice du contrôle de ce programme. Avec le contrôle séparé et le contrôle collectif, dans n’importe quel groupe, les utilisateurs ont le contrôle du programme et c’est distribué comme il faut éthiquement.
Mais si une de ces libertés essentielles manque ou est insuffisante, les utilisateurs n’ont pas complètement le contrôle du programme, donc ce programme a le contrôle de ses utilisateurs, et le propriétaire a le contrôle du programme. Donc ce programme est devenu un instrument du pouvoir injuste du propriétaire sur les utilisateurs. Nous appelons ce programme privateur, privateur parce qu’il prive de la liberté ses utilisateurs. Un instrument du pouvoir injuste. Le logiciel privateur ne doit pas exister, et c’est à nous de l’éliminer du monde. Mais la première étape est de nous échapper. D’abord nous échapper du logiciel privateur, puis l’éliminer, puis aider les autres à s’échapper. Le but c’est la libération du cyberespace, c’est à-dire de tous ses habitants, de tous les utilisateurs de l’informatique. Si tu ne fais pas de l’informatique, tu n’as pas de problème, c’est bon donc. Mais si tu veux faire de l’informatique avec les droits de l’homme, il faut éliminer le logiciel privateur. Un programme privateur est un instrument de pouvoir injuste.
Aujourd’hui les développeurs du privateur sont complètement conscients de leur pouvoir sur les utilisateurs, et cherchent toujours des manières d’abuser de leurs pouvoirs pour maltraiter les utilisateurs. Leurs utilisateurs sont leurs victimes. Ils organisent des entreprises avec le but de construire des chemins pour maltraiter des utilisateurs. Ils font des programmes qui espionnent l’utilisateur. Ça s’appelle spywares. Ils font des programmes pour restreindre l’informatique de l’utilisateur, pour lui interdire et pour le bloquer de faire ce qu’il voudrait avec les données qu’il possède. Ils font des programmes avec des portes dérobées, pour avoir encore plus de pouvoir sur les utilisateurs, et produisent des programmes qui sont sur leurs utilisateurs, c’est-à-dire les produits privateurs souvent sont malware, sont du ’malware. Malware signifie un programme développé pour maltraiter ses utilisateurs. Si le programme contient une fonctionnalité malveillante, c’est du malware. Et le malware est très répandu dans le monde privateur d’aujourd’hui.
Par exemple un paquet privateur, là il y a des gens qui se battent. Il y a des gens qui se battent qu’est-ce que nous devons faire ?
Voix off : Appeler la police.
RMS : Où étais-je ? Un paquet privateur qui fait toutes les quatre formes de malveillance, que vous connaissez peut-être de nom, s’appelle Microsoft Windows. Il y a des fonctionnalités d’espionnage, il y a des fonctionnalités pour restreindre l’utilisateur, c’est-à-dire les menottes numériques, les DRM, Digital Restriction Management, DRM. Il y a des portes dérobées, nous en connaissons trois dans Windows, et Windows 8 dans les ordinateurs mobiles fait la censure, la censure d’applications. L’utilisateur n’est même plus libre d’installer les programmes, applications de son choix. Il est limité, par la force, aux applications approuvées par Microsoft. Autre injustice. Donc Windows est malware de façon littérale. Il y a vingt ans des gens exagéraient en l’appelant malware, mais littéralement il est malware. Mais il est encore pire parce qu’une des portes dérobées offre à Microsoft le pouvoir d’imposer à distance des changements de logiciel dans Windows, n’importe quel changement. Microsoft peut imposer à distance : n’importe quelle fonctionnalité malveillante, qui n’est pas dans Windows aujourd’hui, peut être installée par la force demain. Windows est donc malware universel, malware sans limites.
Mac OS est malware parce qu’il a des menottes numériques. Mais les nouveaux systèmes d’exploitation d’Apple, dans les iThings, les monstres, sont bien pires, parce qu’ils espionnent l’utilisateur. Nous savons que Apple peut puiser beaucoup de données à distance depuis le iThings. Il y a des menottes numériques, bien sûr. Il y a au moins une porte dérobée, pour supprimer les applications installées, et il fait la censure. C’étaient les utilisateurs du iPhone qui appelaient l’acte d’utiliser quelque moyen pour se permettre d’installer les applications de leur choix, ils l’ont appelé jailbreak, c’est-à-dire s’échapper d’une prison. Ils ont reconnu avec ce mot que ces ordinateurs, les iThinks, sont des prisons pour les utilisateurs. C’est pour ça que nous distribuons un autocollant iBad, bad for your freedom que vous trouverez quelque part ici.
Applaudissements.
Flash Player est malware aussi. Il a une fonctionnalité de traçage des visiteurs du site et des menottes numériques. Flash Player est gratuit mais pas libre. Voici l’intérêt de cet exemple, parce que Flash Player démontre que la gratuité ne signifie rien. C’est la liberté qui importe. Le fait que Flash Player est gratuit signifie qu’Adobe n’exige pas que l’utilisateur paye pour être, comment dit-on ? Pour être soumis. Je ne sais pas le dire bien en français. En anglais je dirais abused, mais en français abuser ce n’est pas la même chose. Quoi ? Exploité ? Trompé ? Pas vraiment trompé. Il faudra chercher le mot juste après.
Angry Birds est malware. Il espionne l’utilisateur et transmet les données de géolocalisation.
Le Swindle d’Amazon, c’est-à-dire l’escroquerie d’Amazon, ça se réfère au lecteur numérique des livres numériques d’Amazon, mais je l’appelle escroquerie ou Swindle ; ce n’est pas son nom officiel mais le nom juste du produit parce que ce produit est un escroc. Il ôte aux utilisateurs les libertés traditionnelles des lecteurs de livres, comme par exemple la liberté d’acquérir les livres à l’anonymat, payant en liquide, sans s’identifier. Impossible chez Amazon ! Amazon exige que l’utilisateur s’identifie et gère une grande base de données, avec tous les livres que chaque utilisateur a lu, et le produit espionne. Encore plus, il transmet à Amazon quelle page de quel livre l’utilisateur est en train de lire. Et pas seulement ce produit. Les autres lecteurs numériques le font aussi. Et chez le Swindle, si l’utilisateur écrit une note, le produit transmet la note à Amazon. Un produit espion. Mais encore pire, l’utilisateur perd aussi la liberté de donner, ou prêter, ou vendre, le livre aux autres, bloqué par les menottes numériques. C’est interdit par les contrats qu’Amazon impose, des contrats injustes qu’il ne faut jamais accepter. Mais si tu l’as accepté tu dois le rompre, parce que tenir une promesse injuste est encore pire que la rompre.
Applaudissements
Il y a aussi la liberté de garder le livre tant que tu veux, qu’Amazon élimine par une porte dérobée dans le Swindle, une porte dérobée pour supprimer les livres à distance. Nous nous sommes rendus compte de cette porte dérobée par l’observation, parce qu’Amazon a supprimé des milliers d’exemplaires de livres en 2009. Un acte orwellien. Et c’était quoi le livre ? C’était 1984 de Georges Orwell, qu’Amazon a supprimé. Une fois, quelqu’un est venu à ma conférence et il m’a dit que le livre avait disparu pendant qu’il était en train de lire. En milieu de lecture le livre a disparu ! Évidemment, ces injustices sont possibles parce que le logiciel est privateur. Et enfin le nom officiel de ce produit est Kindle qui signifie incendier, peut-être pour incendier les livres. Si tu acceptes d’être la victime d’un tel produit, tu peux incendier tes livres, mais pas les miens ; jamais les miens parce que jamais je n’utiliserai un tel produit.
Mon dernier exemple est celui de presque tous les téléphones, qui sont des ordinateurs chargés de logiciels que quelqu’un peut changer. Si le produit s’appelle Smartphone, ça veut dire que tu as quelque peu d’influence sur le logiciel installé dans le téléphone. Si le téléphone n’est pas un Smartphone, ça veut dire que tu n’as aucune influence sur le logiciel installé, mais il y a une entreprise qui peut le changer à distance, à n’importe quel moment, c’est-à-dire que c’est une porte dérobée universelle pour l’installation de changements de logiciels. Cette porte dérobée a été employée pour convertir des téléphones en dispositifs d’écoute, qui écoutent tout le temps et transmettent tout le temps. Et pas besoin de parler dans le micro, ils peuvent t’écouter depuis l’autre bout de la pièce. Et si tu penses garder ta vie privée en, j’ai oublié comment on dit, en éteignant le téléphone, ça ne marche pas, parce qu’il fait semblant de s’éteindre pendant qu’il continue de marcher, écoutant et transmettant. Pour ne pas être espionné, il faut ôter toutes les piles, pas seulement une pile, mais toutes les piles, même les piles pas évidentes, ce qui souvent n’est pas possible. Vraiment, le téléphone portable est le rêve de Staline, donc je refuse de le porter. Je n’en ai pas parce que je suis conscient de mon devoir de citoyen de résister à l’espionnage à tout moment. Donc je refuse ces produits. Mais, évidemment, ce danger existe à cause du logiciel privateur dans le téléphone.
Je viens de vous présenter un liste d’exemples, si communs, que presque tout utilisateur de logiciel privateur utilise au moins un de ces exemples. Évidemment donc, être victime du malware privateur est le cas normal chez les utilisateurs du privateur.
Par contraste, dans le Logiciel Libre, il y a très peu de malware. Il y a des cas connus, comme par exemple celui d’Ubuntu. Ubuntu, dans les recherches, espionne l’utilisateur. Il faut exiger qu’ils le corrigent pour maintenir propre le nom de notre communauté. Bien sûr, Ubuntu a une autre faute, il contient des programmes privateurs, mais ces fautes sont distinctes.
Pourquoi est-ce que les fonctionnalités malveillantes sont rares dans le Logiciel Libre ? Parce que les utilisateurs en ont le contrôle. D’abord les utilisateurs étudient de temps en temps le code source, pour corriger une erreur, ou ajouter une fonctionnalité. Mais, en même temps, ils ont l’opportunité de découvrir quelque chose de malveillant, s’il y en a, et puis ils peuvent le corriger et publier une version corrigée. Tout le monde verra, en étudiant la différence, qui a raison, et donc les utilisateurs peuvent choisir la version corrigée. Comme ça les contributeurs au Logiciel Libre ne ressentent pas la même tentation que les propriétaires du logiciel privateur. Eux, ils sont très tentés par leur pouvoir. Mais nous n’avons pas de pouvoir sur les utilisateurs : si les utilisateurs n’aiment pas ce que nous avons fait, ils peuvent le changer. Et, bien sûr, il y a des versions modifiées d’Ubuntu qui n’espionnent pas. Maintenant il faut finir le processus d’éliminer la version malveillante d’Ubuntu.
Donc, même si tu n’es pas programmeur, tu as besoin de participer dans une communauté d’utilisateurs qui a le contrôle du programme. C’est la seule défense connue contre le malvare, c’est que les utilisateurs aient le contrôle du programme. Donc notre société a un choix : d’un côté il y a la liberté individuelle, la solidarité sociale, et la démocratie, parce que tous les utilisateurs peuvent participer dans choisir le futur d’un programme libre. De l’autre côté il y a le logiciel privateur, comme joug du propriétaire sur les utilisateurs, qui peut donc les commander, exploiter et maltraiter, comme ils veulent. La société doit rejeter le logiciel privateur et choisir les droits de l’homme.
Applaudissements
J’ai lancé le mouvement du Logiciel Libre dans l’année 83, quand j’ai annoncé le plan de développer un système d’exploitation qui serait complètement de logiciels libres. En 83, il était impossible d’acheter un ordinateur et de l’utiliser en liberté, parce que l’ordinateur requiert un système d’exploitation. Tous les systèmes d’exploitation étaient privateurs, donc en le rendant utilisable, tu perdais ta liberté. Comment le changer ? Je n’étais pas activiste politique, je ne savais pas organiser un mouvement. Très peu étaient d’accord avec moi, je n’avais pas d’argent. Que faire ? Je n’étais pas activiste politique, mais plutôt développeur de systèmes d’exploitation. Donc j’avais l’idée de rendre possible l’utilisation de l’ordinateur en liberté, que tout le monde pourrait utiliser des ordinateurs en liberté, avec mon système. C’est-à-dire que j’avais la possibilité de sauver des gens de l’injustice du logiciel privateur, par un travail technique de mon propre champ. J’étais conscient de l’injustice du logiciel privateur, que la grande majorité ne reconnaissait pas comme injustice, et j’avais la capacité de sauver des gens, ou d’essayer de sauver des gens, et personne ne le ferait si ce n’était pas moi. Donc j’avais été élu par les circonstances pour faire ce travail. C’était mon devoir. Donc j’ai décidé de développer. Oh ! Oh ! Le soleil m’attaque ! Le soleil est pour les plantes, mais pas pour nous !
Puis j’ai décidé de développer un système d’exploitation qui serait complètement, 100 % de logiciels libres, parce que s’il y a un composant dans les systèmes qui est privateur, ce composant te prive de la liberté, et donc le système ne nous donnerait pas la liberté. Pour que le système, ensemble, respecte la liberté, chaque pièce, chaque morceau, chaque ligne de code doit être libre. Puis j’ai décidé de recruter des autres pour participer au développement. Puis j’ai décidé de faire un système de type UNIX, compatible avec UNIX. UNIX était un système d’exploitation avancé et avec du succès, mais privateur. Donc UNIX ne pouvait pas être la solution. Mais si je développais un système semblable à UNIX et compatible avec UNIX, nous aurions les mêmes avancées techniques, et les utilisateurs d’UNIX pourraient facilement migrer vers notre système. Puis j’ai donné au système une blague comme nom, une blague spécifique. Selon la tradition de ma communauté de logiciels libres, qui était morte à l’époque, mais la tradition était : quand tu construis un programme semblable à un autre programme, tu peux reconnaître l’autre programme avec un nom qui dit que ton programme n’est pas l’autre. Donc, en 76, j’ai développé le premier éditeur Emacs. Après il y eu trente, plus ou moins, imitations d’Emacs et quelques-unes s’appelaient quelque chose Emacs. Mais il y a avait aussi FINE pour Fine Is Not Emacs et SINE pour Sine Is Not Emacs et Ine Is Not Emacs. Et une version incomplète s’appelait MINCE pour Mince Is Not Complete Emacs. Et la version numéro 2 de INE s’appelait SWII pour Swii Was Ine Initially
Donc je lui ai donné le nom GNU pour GNU’s Not Unix. Mais aussi pourquoi GNU et pas FNU ou SNU ou ANU, parce que ce ne sont pas des mots, mais GNU est un mot. C’est le nom de cet animal qui habite en Afrique. Voici un adorable gnou qui a besoin d’une famille. Mais pourquoi est-ce que le mot GNU est si chargé d’humour ? C’est parce que, selon le dictionnaire, le G est muet et le mot se prononce new, c’est-à-dire nouveau. Quand tu veux écrire le mot GNU tu peux l’épeler G, N, U, au lieu de N, E, W, et c’est un jeu de mots, pas très bon, mais il y en a beaucoup. Nous avons appris à mettre en relation ce mot avec les rires. Mais quand c’est le nom de notre système, prière de ne pas suivre le dictionnaire, en anglais surtout. Si tu dis « I’m using the new system », tu te trompes déjà parce que nous avons développé notre système GNU depuis trente ans, et nous l’utilisons depuis vingt deux ans ; il n’est pas nouveau, it’s no longer the new system, mais c’est toujours GNU, donc prière de le prononcer comme ça, GNU.
Nous avons travaillé pendant presque une décennie et l’année 90, nous avions presque tout le système GNU, mais un composant essentiel manquait toujours, c’est le noyau. Le noyau est le composant du système d’exploitation qui fournit les ressources de la machine aux autres programmes. La Free Software Foundation, que j’avais lancée en 85, a embauché, en 90, un programmeur pour écrire notre noyau. Mais j’ai choisi une conception peut-être trop avancée, trop élégante, et le développement est devenu un projet de recherche. Il a fallu six ans pour avoir une version de test. C’était dommage. Mais, heureusement, il ne fallut pas l’attendre, parce qu’en 92 monsieur Torvalds a libéré son noyau Linux. Il a commencé le développement de son noyau en 91, comme un programme privateur, mais en 92, il l’a libéré en le publiant sous la Licence Publique Générale de GNU, ou GPL de GNU, la licence que j’avais écrite pour publier la plupart des programmes de GNU. Mais il faut noter que le but était d’avoir un système d’exploitation complet et libre, complètement libre, pas d’avoir un système d’exploitation complètement écrit par nous. C’est-à-dire que, pour arriver au but, j’ai décidé d’utiliser beaucoup d’autres programmes libres qui sont apparus à l’époque. Donc, dans le système GNU, il y a des programmes écrits pour le projet GNU, et d’autres programmes libres qui sont disponibles et servent pour arriver au but. Et enfin, en 92, d’autres ont combiné le système incomplet GNU avec Linux One le noyau, pour avoir un système complet et libre. Notre but a été atteint.
Applaudissements
Mais ceux qui avaient combiné Linux avec GNU ne le reconnaissaient pas. Ils mettaient l’emphase tant sur ce dernier composant Linux, qu’ils prenaient tout le reste du système pour une petite adjonction. Donc ils parlaient d’un système Linux, ce qui n’était pas correct, ni beau. Quand il s’agit du système qui contient GNU et Linux, prière de l’appeler GNU et Linux. Donnez-nous la moitié de la reconnaissance, parce que notre contribution de code est la plus grande de toutes les contributions, mais aussi nous avons commencé le projet. Donc je crois qu’une reconnaissance égale est correcte pour nous.
Applaudissements
Avant j’ai vu quelqu’un qui portait un badge d’une organisation qui s’appelle d’utilisateurs de Linux et portait un manchot qui est le symbole de Linux. Un manchot sans gnou ça n’existe pas. Donc j’ai dit « j’ai horriblement chaud » et le voici l’horrible manchot ! Prière de mettre avec chaque manchot son gnou.
Mais nous avons avancé beaucoup depuis le commencement. Au commencement, il était complètement impossible d’utiliser un ordinateur sans logiciel privateur. Maintenant nous avons des applications libres, des systèmes d’exploitation libres, des noyaux libres, des BIOS libres. Il est possible d’éliminer le logiciel privateur à beaucoup de niveaux dans l’ordinateur. Mais il y a aussi des faiblesses, parce que beaucoup, dans la communauté du Logiciel Libre, ne pensent pas à la liberté. Beaucoup n’ont jamais entendu mentionner la liberté, ni se sont posés les questions éthiques que je pose, parce que, dans notre communauté, il y a ceux qui veulent que ces questions s’oublient. L’année 98, ils ont inventé une expression pour cacher toute l’éthique, c’est l’expression open source. L’idée était de ne jamais dire libre et de ne jamais poser les questions de justice ou injustice, de liberté ou pouvoir injuste. Et ils avaient l’appui de la majorité de la communauté et surtout des entreprises. Donc les entreprises ont commencé presque toutes à ne jamais dire libre ni free software, toujours open. Le mot open est très faible. Ça sonne bon, mais ne dit pas beaucoup. C’est une manière de se présenter comme bon sans appuyer aucun principe.
Et maintenant nous devons faire un effort continu pour être vus à travers du mur d’open source qui nous cache. Et quels sont les résultats ? Celui qui a choisi le système GNU et Linux pour les idées qui s’appellent open, ne reconnaît pas les droits de l’homme, ou mieux dit, ne reconnaît pas que les droits de l’homme s’appliquent ici, dans l’informatique aussi. Donc il ne voit pas pourquoi rejeter un programme privateur, et juge selon la commodité. Les valeurs de open source sont rentabilité, efficacité, fiabilité, c’est-à-dire des valeurs pratiques, du court terme, pas les valeurs éthiques du long terme. Et c’est ça la signification d’open source, juger par le court terme, par les valeurs pratiques uniquement. Mais, celui qui juge comme ça, est vulnérable à la tentation d’utiliser un programme privateur parce que c’est commode, c’est-à-dire il peut être séduit, abandonner sa liberté. Donc la communauté reste vulnérable et nous pourrons le voir dans les résultats.
Il y a plus de mille distributions GNU et Linux, c’est-à-dire des versions distribuées du système, installables et presque toutes contiennent du logiciel privateur. Les distributions pour la plupart ne sont pas libres. Il y a plus ou moins dix distributions libres. La liste se trouve dans gnu.org/distros [1] ; il y a par exemple Ututo et gNewSense et Trisquel et Parabola. Mais, évidemment, ce ne sont pas des distributions très connues. Les distributions très connues contiennent des programmes privateurs. Et pourquoi ? Parce qu’elles sont développées par des gens qui ne sont pas défenseurs des droits de l’homme, des gens de l’opinion open source. Aujourd’hui, le programme Linux, comme il est distribué par monsieur Torvalds, contient des programmes privateurs. Pourquoi ? Évidemment parce qu’il n’est pas d’accord. Il n’applique pas le mouvement logiciel libre, il dit open source. Pourquoi rejetterait-il des programmes privateurs ? Pour lui, ce n’est pas une question de principe. Donc la leçon, c’est que quand notre liberté dépend de quelqu’un qui ne valorise pas la liberté comme principe, notre liberté est vulnérable et précaire. Elle peut être perdue par une décision qui est de lui et uniquement pratique.
En effet, en 91, il a commencé la distribution de Linux comme un programme privateur, puis en 92 il l’a libéré. Puis, des années plus tard, il a commencé à accepter des morceaux privateurs dans Linux. Mais il faut noter que les programmes privateurs sont séparés. Ce sont des programmes de firmware, pour charger dans des périphériques ou des coprocesseurs, mais ils sont privateurs, donc inacceptables. Évidemment, il avait une motivation pour les accepter. Il y a des périphériques et des coprocesseurs qui ne fonctionnent pas sans les "blobs", les programmes privateurs. C’est un problème réel qui offre deux réponses possibles, parce que quand le périphérique, quand le support physique ne fonctionne pas sans programme privateur, il faut céder quelque chose : ou l’on cède la liberté, ou l’on cède l’utilisation de ce périphérique. Donc, si tu es libriste, si tu défends la liberté, tu cèdes l’utilisation de ce composant physique. Si tu es promoteur d’open source, tu cèdes la liberté, et tu suggères aux autres qu’ils cèdent la liberté, même sans le dire. C’est ce que Torvalds fait aujourd’hui. Il distribue un programme dit open source, mais qui contient de morceaux qui ne sont pas open source. Mais pour lui, vu que rien n’est une question éthique, pas de problème. Mais pour nous ce serait un comportement injuste. Donc nous avons créé notre version modifiée de Linux, c’est-à-dire le noyau Linux, qui s’appelle Linux libre. C’est le même programme sans les morceaux privateurs. Ça fonctionne.
(Ah je dois attendre ? Merci. Je peux recommencer ? J’attends ? Je recommence ?)
Donc Linux libre c’est le même noyau, mais sans les morceaux privateurs, donc il ne sait pas gérer les périphériques qui requièrent les morceaux privateurs, mais il respecte la liberté. Pour l’instant, c’est la réponse correcte, c’est la réponse éthique. Mais sur le long terme, ce que nous voulons, c’est résoudre le problème de base. Pour cela il faut développer des remplacements libres aux morceaux privateurs. C’est-à-dire il faut de l’ingénierie inverse, pour comprendre le fonctionnement du support physique, afin que quelqu’un puisse écrire le remplacement libre. Si tu veux faire une contribution technique très importante au Logiciel Libre, fais l’ingénierie inverse, découvre le fonctionnement du support physique pour le publier. Pas besoin que tu écrives le remplacement libre. Il y en a d’autres capables de le faire. Le travail qui bloque le progrès c’est de découvrir comment fonctionne le hardware, et je crois qu’il doit être illégal de vendre un ordinateur en cachant le mode d’emploi, parce que c’est le mode d’emploi qui est secret. Nous n’avons pas besoin de savoir des circuits intérieurs, nous avons besoin de savoir le mode d’emploi, pour écrire un programme pour utiliser ce produit. C’est le mode d’emploi qu’ils nous cachent et ça doit être illégal.
Applaudissements
Mais aussi il y a d’autres problèmes. Dans l’ordinateur même il y a des programmes remplaçables à distance, souvent conçus pour nous restreindre. Les PC normaux sont pleins de supports physiques malveillants et de programmes installés, remplaçables et privateurs, malveillants. Que faire ? Il faut nous échapper des nouveaux PC pour être vraiment libres ? C’est-à-dire que la lutte s’étend au niveau plus bas dans le produit. Donc c’est difficile. Mais le logiciel privateur arrive aussi au navigateur, sans se déclarer, secrètement. Les pages web qui arrivent dans ton navigateur contiennent des programmes privateurs en JavaScript, et donc les sites web font exécuter des programmes privateurs dans ton ordinateur, dans ton navigateur. Et pour rejeter le logiciel privateur, il faut les bloquer. Nous avons développé un add-on pour Firefox qui s’appelle LibreJS. Ce programme analyse tout programme en JavaScript qui essaie de s’installer dans ton navigateur, pour savoir s’il est ou trivial, ou libre, et dans ces deux cas, le programme est autorisé à s’exécuter. Mais si le programme n’est ni trivial, ni libre, LibreJS le bloque et t’avertit : « cette page-ci contient du JavaScript privateur ». Le programme offre aussi la manière facile de te plaindre à la gestion du site, parce qu’il cherche dans les pages du site où envoyer les plaintes. Plaintes ? J’ai oublié le terme. Plaints ou plaintes ? Il cherche où envoyer les plaintes et ça facilite l’envoi des plaintes, parce que, comme tu sais, le grand travail est de trouver où les envoyer et comment. Il faut te plaindre à la gestion du site. C’est très important pour les convaincre de corriger ce problème. En une minute tu peux envoyer un message qui dit : « je n’ai pas pu utiliser votre site parce qu’il exigeait l’exécution d’un programme Javascript pas libre. Corrigez-le ! » Moins d’une minute ! Et tu peux envoyer dix plaintes à dix sites différents chaque jour, facilement. Et ce serait une contribution.
Mais pour faire une grande contribution, ce dont nous avons le plus grand besoin c’est la diffusion de l’idée du Logiciel Libre, de faire ce que je fais maintenant, des conférences, des articles, et la participation dans les forums, parce que beaucoup d’utilisateurs d’informatique n’ont jamais vu qu’il y a une question de leurs droits de l’homme dans ce qu’ils font. C’est à nous de les informer, mais moi je fais déjà ce que je peux faire. Pour en faire plus il faut que vous le fassiez. Merci.
Aujourd’hui il y a une autre manière de perdre le contrôle de ton informatique. Elle s’appelle le service comme substitut pour le logiciel, en anglais, SaaSS, Service as a Software Substitute. Ça veut dire qu’un site offre de faire ton informatique pour toi, t’invite à lui confier toutes tes données pour qu’il fasse ton informatique, et t’envoie les résultats. Et comme ça, tu perds complètement le contrôle de cette informatique. C’est le propriétaire du serveur qui a le contrôle de comment fait ceci, ceci est ton informatique. Donc, avant, il y avait un chemin pour perdre le contrôle de ton informatique, c’était de le faire avec un programme privateur, même si c’était ta copie du programme privateur. Un autre chemin, pour arriver au même lieu, c’est de confier cette informatique au site d’un autre, au serveur d’un autre, puis il a le contrôle de ton informatique. Pour garder le principe c’est que l’utilisateur mérite le contrôle de son informatique, mais pour ne pas le perdre, tu dois rejeter le logiciel privateur et le SaaSS. Il faut rejeter les deux chemins pour ne pas perdre le contrôle de ton informatique.
Mais ça ne veut pas dire que tous les serveurs soient mauvais, parce que beaucoup de serveurs ne font pas ton informatique. Ils font de la communication avec des autres, qui n’appartient pas à ton informatique à toi, et il y a une expérience de pensée pour distinguer. Si, théoriquement, tu pouvais faire quelque opération informatique dans ton ordinateur à toi, si tu avais le logiciel nécessaire pour le faire, en ce cas, cette opération est de ton informatique à toi. Mais si c’était impossible, évidemment c’est parce que d’autres participent à cette opération, elle n’est pas à toi. Comme par exemple les courriers : communiquer avec moi, tu ne peux pas le faire dans ton ordinateur à toi parce que comme ça je serais exclus. Donc cette opération n’est pas à toi, ni à moi, c’est une opération collective.
Mais quelles sont les opérations à toi ? Si tu veux traduire une texte d’une langue à une autre, tu pourrais le faire dans ton ordinateur à toi, avec le logiciel nécessaire, donc cette opération est de ton informatique à toi, et tu en mérites le contrôle. Donc le service qui offre de traduire les textes fait du SaaSS, et il faut le rejeter. Le SaaSS est l’équivalent d’utiliser un programme privateur, mais encore pire, parce que, pour l’utiliser, il faut lui confier toutes les données pertinentes, c’est-à-dire que c’est l’équivalent d’un programme privateur qui espionne l’utilisateur. Mais il est encore pire. Comme j’ai dit avant, il y a des programmes privateurs qui contiennent des portes dérobées universelles, qui permettent que quelqu’un change à distance le programme même, et change comment se fait l’informatique de l’utilisateur, sans lui demander l’autorisation de le faire. Le SaaSS est l’équivalent, parce que le propriétaire du serveur, à n’importe quel moment, peut installer d’autres programmes, et donc changer comment se fait l’informatique de l’utilisateur, sans lui demander l’autorisation de le changer. Cet ordinateur est à lui. Il mérite le droit de changer des programmes dans son ordinateur ! Mais l’utilisation pour faire l’informatique d’un autre est donc la source de l’injustice. Il faut rejeter le SaaSS.
Les États et les écoles doivent amener les gens à la liberté. Les écoles ne doivent jamais proposer au public l’utilisation d’un programme privateur. C’est injuste. Par exemple on m’a dit que les Français portent des cartes de service médical qui contiennent des programmes privateurs. L’État ne doit jamais le faire. Mais surtout les écoles doivent enseigner l’utilisation de logiciels libres, pour faire la bonne éducation, c’est-à-dire l’éducation des citoyens d’une société libre et solidaire. Enseigner l’utilisation d’un programme privateur signifie importer de la dépendance envers quelqu’un. C’est le contraire du devoir de l’école, de la responsabilité de l’école. L’école doit enseigner uniquement du Logiciel Libre pour tenir sa responsabilité à la société. Et pourquoi est-ce que des propriétaires du privateur offrent des copies gratuites des programmes pas libres aux écoles ? C’est comme le trafiquant de drogue qui offre des doses gratuites aux débutants. C’est pour les inviter dans la dépendance.
Applaudissements.
L’école ne doit pas accepter des copies, gratuites ou pas, des programmes privateurs. L’école doit éduquer les gens comme des bons citoyens d’un société forte, capable, indépendante, solidaire et libre. Et dans l’informatique, ça veut dire graduer des bons utilisateurs du Logiciel Libre. Mais l’école doit aussi démontrer toujours sa loyauté à l’esprit de l’éducation. Tout programme incorpore des connaissances. Si le programme est libre, ce sont des connaissances disponibles aux étudiants. Si le programme est privateur, ce sont des connaissances cachées, c’est-à-dire que le programme privateur est l’ennemi de l’esprit de l’éducation, et ne doit jamais être toléré dans une école.
Applaudissements.
Mais la raison la plus profonde c’est pour l’éducation dans la citoyenneté. L’école doit enseigner l’esprit de bonne volonté, la coutume d’aider les autres. Donc chaque classe doit avoir cette règle-ci : « si tu apportes du logiciel dans la classe, tu ne peux pas le garder pour toi. Tu dois partager des copies avec le reste de la classe, y compris son code source, pour le cas où quelqu’un veut apprendre, parce que cette classe est un lieu pour partager les connaissances. Donc il est interdit d’apporter du logiciel privateur à la classe sauf comme objet de l’ingénierie inverse ». Mais l’école doit suivre sa propre règle,donc l’école doit apporter uniquement du Logiciel Libre à la classe et partager des copies, y compris du code source, avec tous, dans la classe, sauf les exemples pour l’ingénierie inverse. Et les universités doivent enseigner l’ingénierie inverse. C’est un champ très important. Si tu es étudiant ou professeur de l’université, tu peux faire pression pour donner des cours de l’ingénierie inverse. Mais, si tu as une relation avec une école, c’est ta responsabilité de faire pression, de lutter pour la migration de l’école au Logiciel Libre. Si tu es élève, ou professeur, ou employé, ou administrateur, ou parent, tu dois organiser le mouvement pour que l’école migre au Logiciel Libre. Il ne faut jamais accepter aucune raison pour continuer dans la mauvaise éducation.
Mais aujourd’hui, notre informatique n’est plus limitée à nos ordinateurs. Nous communiquons avec les autres par l’Internet.
L’Internet aussi pose des questions des droits de l’homme, mais pas avec la même solution. Dans ton ordinateur à toi, que tous les logiciels soient libres est le chemin à la liberté. Mais hors de tes ordinateurs, les menaces ont d’autres formes, et les solutions sont différentes. Parfois des outils de protection de la vie privée peuvent nous aider. Par exemple pour les courriers tu peux encrypter le contenu du mail par le GPG, GNU Privacy Guard, regarde emailselfdefense.fsf.org[https://emailselfdefense.fsf.org emailselfdefense.fsf.org]. Et c’est très important de le faire mais ça ne protège pas tout, parce que l’encryptation du contenu ne peut pas protéger du Big Brother, avec qui est-ce que tu communiques, et c’est quelque chose que Big Brother veut savoir, parce que Big Brother essaie d’écraser les dissidents en les appelant des terroristes, normalement.
Applaudissements.
Il y a des gens qui font des recherches pour développer des nouveaux outils de protection de la vie privée. Mais c’est très difficile parce que, une fois l’outil apparu, Big Brother commence à l’attaquer et utilise beaucoup de moyens pour chercher qui utilise ce moyen de communication. Donc il faut organiser politiquement pour mettre fin à l’espionnage de tout le monde. Il faut suivre le commencement qui a été fait par la directive de protection des données personnelles, qui a été conçue pour l’époque où une entreprise avait une liste de données que ses clients avaient envoyées, et gardait sa liste dans son ordinateur à elle. Et, pour cette époque, la directive était adéquate. Mais maintenant ce qui se passe est différent. Il y a des systèmes de surveillance qui enregistrent des données personnelles sur nous.
Il faut limiter légalement les caméras dans les rues en ce qu’elles peuvent garder et leur accessibilité au réseau. Une caméra qui enregistre localement et garde chaque enregistrement pendant deux semaines, de manière que pour avoir accès, pour les regarder, il faut venir physiquement et recueillir les enregistrements, peut nous offrir de la sûreté sans nous espionner. Cette caméra ne sert pas à l’espionnage donc c’est acceptable. Mais si la caméra est connectée à l’Internet, elle se prête à l’espionnage de tout le monde et elle peut faire la reconnaissance des visages. Il faut aussi lutter pour le droit de cacher le visage, pour ne pas être tracé dans les rues. Et cette célèbre loi, supposée viser quelques femmes musulmanes, en vérité attaque les droits humains de tous les Français : le droit de ne pas être suivi dans la rue. Le droit que personne ne puisse faire une base de données avec tous les lieux où tu es allé. Comment l’éviter ? Il y a deux manières de l’éviter. Une manière est en l’interdisant par des lois qui ordonnent que les systèmes numériques ne peuvent pas garder tant de données sur tout le monde. Cette loi peut ordonner que quand il y a un ordre du tribunal sur quelqu’un, le système peut commencer à garder ses mouvements. Et l’autre manière est en portant des masques. Donc il faut l’une ou l’autre. Il faut changer la dispute sur cette loi pour reconnaître les dommages qu’elle fait vraiment à tous les Français.
J’ai publié un article gnu.org/philosophy/surveillance-vs-democracy [2]qui présente mes solutions pour changer beaucoup de systèmes numériques pour ne plus espionner tout le monde. Il y a des solutions techniques, mais les solutions ne sont pas personnelles. Donc il faut des lois pour exiger que ces solutions soient employées pour protéger la vie privée de tout le monde.
Pour davantage d’informations sur les distributions libres du système GNU et Linux, regarde gnu.org/distros [3].

Pour les questions philosophiques, comme pourquoi le logiciel doit être libre et beaucoup d’autres questions gnu.org/philosophy[https://www.gnu.org/philosophy/ gnu.org/philosophy].
Pour les questions sur les licences libres, et les différences, et les conseils sur quelle licence utiliser pour publier un programme regarde gnu.org/licences [4].
Et pour l’histoire du projet GNU, il y a gnu.org/gnu[https://www.gnu.org/gnu/ gnu.org/gnu].
Il y a aussi fsf.org [5], le site de la Free Software Foundation, qui offre des ressources pour l’utilisation et la promotion du Logiciel Libre, aussi des campagnes où tu peux participer ; pour quelques-unes, il s’agit de signer. Tu peux le faire en une minute. Prière de signer nos campagnes de pression.
Il y a aussi des travaux à faire. Et tu peux acheter aussi des choses. Il y a des choses que tu peux acheter ici. Où se vendent les
marchandises de la FSF ? Où ? Dis-leur où ce vendent les choses, parce que ce mode indiqué avec la main n’est pas clair. De toutes manières c’est une manière de nous aider, aussi nous acceptons des donations. Tu peux aussi t’inscrire à la FSF comme membre. Tu peux le faire par le site. Tu peux le faire ici, si tu veux payer. Ah ! il a des choses à vendre. Merci ! Si tu veux payer ta cotisation annuelle en liquide tu peux le faire avec moi, c’est une opportunité.
Et maintenant je veux vous présenter mon autre identité.
Applaudissements
Je suis le saint IGNUcius de l’église d’Emacs. Je bénis ton ordinateur mon fils. Emacs était, au commencement, un programme éditeur extensible de texte que j’avais écrit, qui, à travers les années, est devenu une manière de vivre pour beaucoup d’utilisateurs. Et puis Emacs est devenu une église avec le lancement du groupe d’annonces alt.religion.emacs, dont la visite pourrait te divertir. Dans l’église d’Emacs, nous avons un grand schisme entre plusieurs versions d’Emacs, et nous avons des saints, mais pas de dieu. Au lieu de dieu, nous adorons le seul vrai éditeur Emacs. Pour te faire membre de l’église d’Emacs, tu dois prononcer la profession de foi. Tu dois dire : « il n’y a aucun système que GNU et Linux est un de ses noyaux ». Puis, si tu te rends très expert, tu peux le célébrer avec notre cérémonie, le foobar mitzvah, dans laquelle tu chantes une portion de notre texte sacré, c’est-à-dire le code source du système.
Nous avons aussi le culte de la vierge d’Emacs, qui se réfère à n’importe qui qui n’a jamais utilisé Emacs et, selon l’église d’Emacs, lui offrir l’opportunité de perdre la virginité d’Emacs est un acte béni. Nous avons aussi le pèlerinage d’Emacs. Il s’agit d’invoquer toutes les commandes d’Emacs, en ordre alphabétique. Il y a une secte tibétaine qui propose qu’il suffit de les invoquer automatiquement sous le contrôle d’un script, mais selon l’église principale, pour gagner du mérite spirituel avec, il faut les taper à la main.
L’Église d’Emacs a des avantages sur d’autres églises que je ne vais pas mentionner aujourd’hui. Par exemple, être saint dans l’église d’Emacs n’exige pas le célibat, mais exige de vivre une vie pure et éthique. Tu dois faire l’exorcisme des systèmes privateurs, diaboliques, qui avaient possédé des ordinateurs sous ton contrôle, ou préparés pour ton usage régulier, et installer un système complètement sain et libre, en anglais je dirais « a holy free system ». Et puis installer et utiliser
uniquement du Logiciel Libre sur et avec le système. Si tu fais ce vœu et tu le tiens, tu seras aussi saint, et tu auras le droit de porter l’auréole, si tu en trouves une parce qu’ils ne les fabriquent plus.
Il y a une rivalité traditionnelle entre Emacs et d’autres éditeurs Vi. Quelques-uns ont demandé si, selon l’église d’Emacs, l’utilisation de Vi est un péché. C’est vrai que Vi, Vi, Vi est l’éditeur de la bête, mais l’utilisation d’une implémentation libre de Vi n’est pas un péché, mais plutôt une pénitence. Il y a deux mois je suis allé en Chine, et quelques utilisateurs de Vi ont proposé de m’attaquer. Surprenant, mais il paraît que la violence commence par Vi. Et quelques-uns m’ont demandé si mon
auréole est, en vérité, un vieux disque dur d’un ordinateur. Ce n’est pas un disque dur, c’est mon auréole, mais elle était un disque dur dans une existence antérieure. Merci.
Applaudissements.

Public :
Pas vraiment une question. En fait c’est plutôt une demande d’une part du public, j’aimerais beaucoup que tu chantes ’’The software Song’’.
RMS :
Free-software-song [6]. Je dois expliquer que j’ai écrit cette chanson en 90, avant la parution du premier système d’exploitation libre. Donc il fallait toujours utiliser des programmes privateurs avec leurs licences, leurs sales licences.
Public :
Je voulais demander, quand on développe un Logiciel Libre, comment on peut accepter des contributions externes au niveau légal. Est-ce qu’il faut que le contributeur signe quelque chose ?
RMS :
C’est une question compliquée, parce que ça dépend du pays. Mais si quelqu’un contribue à quelque changement avec une notice de droit d’auteur, avec son nom et la déclaration de licence, il a publié son code sous cette licence, et ça suffit pour rendre légal votre utilisation de son code. S’il publie sans changement, sous la même licence que le programme même, ça suffit. Mais si vous voulez pouvoir changer de licence plus tard, dans ce cas, il faut qu’il signe quelque chose. Quelques-uns transfèrent leurs droits d’auteur à la Free Software Foundation pour que nous puissions appliquer le droit d’auteur à ceux qui enfreignent, en violant la GPL. Mais que signifie violer la GPL ? Ça signifie, normalement, distribuer le programme, ou une version modifiée du programme, de manière à ne pas respecter la liberté des autres. C’est pour ça que c’est une attaque à la communauté, et il faut résister. Mais qui peut résister ? Les détenteurs du droit d’auteur du code, légalement, ont le statut de pouvoir résister. Mais si les développeurs, en tant qu’individus, ne veulent pas le faire, ils ont la possibilité de nous donner leur droit d’auteur. Puis, en tant que détenteurs du droit d’auteur, nous pouvons exiger que les redistributeurs tiennent la GPL.

La GPL est une licence de gauche d’auteur, en anglais copyleft, en français gauche d’auteur. Mais que signifie t-il ? D’abord que signifie une licence libre ? Selon le droit d’auteur actuel, conséquence d’un mauvais traité, la Convention de Berne, toute œuvre est automatiquement sous droit d’auteur. Et donc comment libérer une œuvre ? Uniquement par une déclaration formelle de la part des détenteurs du droit d’auteur. Et cette déclaration s’appelle une licence de logiciel libre, ou une licence libre pour d’autres types d’œuvres. C’est pour ça qu’il faut des licences libres. Mais il y a plusieurs licences libres parce qu’il y a plusieurs manières d’autoriser les quatre libertés aux utilisateurs.
La gauche d’auteur signifie une licence qui impose une condition sur l’exercice des libertés deux et trois, et la condition est de redistribuer des copies sous la même licence et avec le code source, et plus généralement de redistribuer la liberté avec les copies du programme, sans ou avec changement. Parce que, si quelqu’un peut s’échapper de cette condition pour le seul fait d’avoir changé le code, ce serait très facile de s’échapper, et la gauche d’auteur ne fonctionnerait pas. Donc il faut choisir. Si quelqu’un change le programme est-ce que ça lui autorise de le rendre privateur ? Ou est-ce qu’il doit le garder libre, le maintenir libre ? La gauche d’auteur dit qu’il doit le maintenir libre, et respecter les droits de l’homme de ceux qui reçoivent des copies de ses mains.

Public :
Donc si quelqu’un veut contribuer à un Logiciel Libre, il suffit qu’il publie une copie de ce logiciel avec cette modification, et ensuite le projet principal peut prendre…
RMS :
Ça dépend. Si le projet principal accepte du code, dont le droit d’auteur reste avec les autres, ça suffit. Mais il y a un pépin possible. C’est-à-dire, si celui qui a fait le changement est employé par une entreprise qui lui a imposé un contrat qui dit que tous ses travaux dans le logiciel appartiennent à l’entreprise, l’entreprise peut, plus tard, faire un procès au projet. Donc il y a des projets qui demandent au contributeur de signer une déclaration qu’ils ont écrit ce code, et qu’ils ont le droit de contribuer. À la FSF, pour des projets dont les développeurs nous ont donné le droit d’auteur, nous exigeons normalement que les nouveaux contributeurs fassent pareil. Mais il y a aussi des projets, des paquets GNU, dont les développeurs ont gardé le droit d’auteur, donc nous n’exigeons rien. C’est à eux de décider : accepter ou pas une contribution.
Public :
Si le code appartient à l’entreprise du contributeur ?
RMS :
L’entreprise, si elle veut, peut contribuer au code, ou peut laisser le droit d’auteur de ce code à l’employé. Mais si l’entreprise est contre, nous ne pouvons rien faire sauf, peut-être, organiser une campagne de pression.
Public :
Il suffit que, même dans le cas d’une entreprise, tant que le copyright est à l’entreprise et qu’elle le publie sous la même licence, on peut intégrer le code au projet principal.
RMS :
Oui. Mais je ne suis pas avocat. Si vous avez un cas spécifique et vous voulez des bons conseils, il faut consulter un avocat de votre pays.
Public :
Est-ce que même pour les contributions de gens d’autres pays ça marche, ou pas ?
RMS :
Il faut consulter un avocat de votre pays, d’abord.
Public :
D’accord. Merci.

Applaudissements.

Public :
Bonsoir. Donc je connais un peu la réponse à la question que je vais te poser.
RMS :
Je n’entends pas. Il faut me parler lentement.
Public :
Je connais un peu la réponse à la question que je vais poser.
RMS :
En ce cas pourquoi la poser ?
Public :
Je voudrais avoir ton point de vue, your point of view. C’est la situation avec la téléphonie mobile.
RMS :
Avec la quoi ?
Public :
Les téléphones mobiles, mobile phones.
RMS :
Oui.
Public :
Donc où on en est, et quels sont les progrès qu’on a réalisés ou pas, et si, éventuellement, quels sont les obstacles ?
RMS :
Le problème c’est que chaque téléphone portable contient un ordinateur de communication au réseau, au réseau téléphonique c’est-à-dire, parce que le Wi-fi c’est autre chose. Pour le Wi-fi nous avons des solutions, mais pour la communication téléphonique, le logiciel est toujours privateur. Quelqu’un a développé du Logiciel Libre pour la communication de voix, mais pour la communication des données c’est un autre protocole, totalement différent, donc ce travail reste à faire. En tout cas, il n’est pas facile de charger un autre programme dans cet ordinateur. Mais c’est cet ordinateur qui contient la porte dérobée universelle, donc même si tu installes un système d’exploitation libre, comme par exemple Replicant. Replicant est, que je sache, la seule version libre d’Android. Quelques-uns disent erronément qu’il y en a un autre, cette version s’appelle CyanogenMod, mais elle n’est pas libre. Seulement Replicant est libre. Mais même si tu installes Replicant dans l’ordinateur principal du téléphone, l’ordinateur de communication a le pouvoir de prendre le contrôle, et de remplacer le système de l’ordinateur principal. Donc l’ordinateur secondaire, pour la communication, est vraiment le chef du système. Donc impossible à utiliser en liberté. Mais il est possible de fabriquer un téléphone dans lequel l’ordinateur de communication ne peut pas changer le code dans l’ordinateur principal. Quelques-uns ont fabriqué de tels téléphones, mais en petites quantités, et le dernier tel modèle avait un autre problème. Ils avaient choisi une puce de Wi-fi qui exigeait un programme privateur, qui, je ne sais pas le dire, to annul, qui annule tout. Donc que faire ?

Mais, de toutes manières, pour que la communication fonctionne, le système doit savoir plus ou moins où se situe le téléphone, et le système est capable de localiser très finement le téléphone, sans la coopération active du téléphone. Donc je n’utiliserais pas, même pas un téléphone uniquement avec du Logiciel Libre, parce que je ne veux pas que mes déplacements dans la ville soient suivis. Mais quelques-uns avaient une idée de comment résoudre ce problème. Si l’on utilise très rarement le téléphone, le téléphone peut contenir aussi un, comment dit-on pager, en anglais ça s’appelle pager, qui reçoit des messages sans pouvoir transmettre, et sans être localisé. Donc si le téléphone contient pager aussi, celui qui veut t’appeler peut d’abord t’envoyer un message et te dire « Je vais t’appeler bientôt ». Et si tu veux révéler où tu es, tu peux lancer la communication téléphonique, ou tu peux attendre et lancer la communication téléphonique plus tard, dans un autre endroit. Comme ça, il serait acceptable pour l’utilisation pas fréquente.

Public :
Merci. Et c’est d’autant plus grave.
RMS :
Je n’entends rien.
Public :
Pardon. Merci et c’est d’autant plus grave qu’il y a énormément de capteurs dans les téléphones actuels, les nouveaux notamment.
RMS :
Je n’entends pas. Capteurs de quoi ?
Public :
Capteurs, sensors.
RMS :
Sensors of what ? De quoi ?
Public :
Of phones
RMS :
Oui, capteurs dans les téléphones, mais capteurs de quoi ? Qu’est-ce qu’ils captent ?
Public :
Les movements.
RMS :
Ah oui des mouvements physiques. Oui, mais si le logiciel est libre, le téléphone n’est pas obligé de révéler aux autres toutes les données qu’il a captées. Autre changement de bande ?
Organisateur :
L’orage du coup. Nous allons devoir arrêter la conférence pour des raisons techniques. Vous retrouverez Richard Stallman, mardi. Là vous pouvez rester pour quelques dédicaces et interviews. On retrouvera Richard Stallman mardi à quatorze heures au bâtiment 7 de l’université Montpellier2. Je vous remercie pour votre attention.
RMS :
Nous avons des marchandises à vendre. Donc venez acheter. Venez nous appuyer, pas moi. Moi je suis volontaire à temps complet. Mais il y a aussi l’équipe payée.

Concernant le sens du mot abuser

Réponse de Richard Stallman à Association Libres-Ailé(e)s
Voici la réponse de Richard Stallman sur le sens qu’il donne à abuser. Je laisse son message dans son entier. Donc, il emploie le verbe dans le sens anglais (maltraiter).
J’ai ajouté mon message originel après la réponse de Stallman au cas où ça intéresse quelqu’un.


Original Message --------
Subject : Re : Abuser
Date : Thu, 13 Feb 2014 14:21:18 -0500
From : Richard Stallman chez gnu.org>
Reply-To : rms chez gnu.org
To : Association Libres-Ailé(e)s
chez librezele.fr.cr>
 [7]]

 [8]]

 [9]]

’’I’m not sure whether you mean "deceive" or "maltreat" and April board

member Lionel advised me to ask you and some other April members are

waiting for the answer with bated breath’’.

I mean "treat the users badly".

’’In French, "abuser quelqu’un" means "tromper, berner, gruger" (these are

synomyms). Yet "Abuser *de* son pouvoir" means "profiter de son pouvoir

pour faire des choses injustes, intolérables" (take advantage of, to

exceed)’’

’’’I suppose I should say "maltraitent".

Thank you.

Would you like to join the FSF, perhaps ?’’’

— 

Dr Richard Stallman

President, Free Software Foundation

51 Franklin St

Boston MA 02110

USA

www.fsf.org www.gnu.org

Skype : No way ! That’s nonfree (freedom-denying) software.

Use Ekiga or an ordinary phone call.

====================

Dear Richard,

Many thanks for your essays (my favourite being the one about Service as a Software Substitute [SaaSS]) and those of your lectures that have been available in France as videos. Many thanks for requiring libre video formats that are easy to download (no YouTube script even if YT offers webm now). Three cheers (hip-hip-hourah, in French) for bashing Flash which is one of the ugliest bane of the Web.

I have a question and a remark if you can bear up with me, as you have tons of email to deal with every day.

# 1. I have a question about the verb "abuser" as you’ve used it in some of your lectures in French in a sentence like : "Les systèmes privateurs abusent les utilisateurs".

I’m not sure whether you mean "deceive" or "maltreat" and April board member Lionel advised me to ask you and some other April members are waiting for the answer with bated breath.

If you mean "deceive", "gruger" would be a nice word. I’d go as far as saying : "les systèmes privateurs grugent les utilisateurs qui deviennent par là des pigeons" (suckers). In one of your lectures, you managed to extract the word "pigeon" from the public who didn’t understand "suckers".

In French, "abuser quelqu’un" means "tromper, berner, gruger" (these are synomyms). Yet "Abuser *de* son pouvoir" means "profiter de son pouvoir pour faire des choses injustes, intolérables" (take advantage of, to exceed). "Abus d’alcool" is drinking too much alcohol beyond a reasonable limit. So "abus" is excess, overstepping boundaries.

"To abuse" means "maltraiter", "violenter", "insulter".

So this is all a bit confusing, all the more that French is becoming a confused language, as people nolonger pay attention to words, and the meanings of words are changing, chiefly because English has become an international language. I wish Esperanto was the international language as it is free from the natural ambiguities of other languages and is independent from any country qui "abuse de son pouvoir".

# 2. My remark is about MP3 as you mention it in your lectures

MP3 is still patented in the US, but not any longer in most countries but the French side of Wikipedia is unable to tell us about its status in France. So I suppose you’re on the safer side when you say that MP3 is patented.

However, libre software is quite capable of reading such formats as MP3 without the addition of lame, Audacious is an instance. VLC reads all kinds of closed formats and in France April got the greenlight from the government for all of us to use libdvdcss on GNU/Linux, in the name of "interopérabilité". So DADVI has partially been defeated.

However, the truth remains that proprietary formats are bad in themselves, not to mention the awful quality of MP3 as a music format.

Librement (though not quite _(w)hol(l)y_ GNU),

libre fan

[footnotes /]
chez librezele.fr.cr>

chez gnu.org>

Références

[5fsf.org

[7[ To any NSA and FBI agents reading my email : please consider

[8[ whether defending the US Constitution against all enemies,

[9[ foreign or domestic, requires you to follow Snowden’s example.

Avertissement : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant⋅e⋅s mais rendant le discours fluide. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.