Pour une écologie décoloniale du numérique - David Maenda Kithoko

Bonjour. Merci beaucoup Agnès [Crepet] et merci au MiXiT pour l’invitation. Vous êtes très nombreux et c’est très bien, comme ça le message va directement.
Je vais vous parler de mon pays. Vous m’excuserez si, parfois, je mélange ma propre histoire à des connaissances scientifiques, c’est comme ça que je parle.

La RDC un « scandale géologique »

La RDC [République démocratique du Congo] est le grand pays qui se trouve au centre de l’Afrique, qui fait quatre fois la France. En 1892 un géologue belge, qui s’appelle Jules Cornet, déclare, pour définir ce pays : « Un scandale géologique ».
1892, c’est sept ans après 1885, c’est-à-dire le moment où les empires coloniaux ont décidé de se partager l’Afrique. La première chose que les Belges, qui ont colonisé la RDC et, j’ai envie de dire, les Occidentaux de manière globale, ont fait c’est vider ce territoire, grand comme quatre fois la France, d’abord de ce qui se trouvait dans son sous-sol et non pas la culture et non pas autre chose. C’est comme si j’étais, je ne sais pas, à New-York et qu’on me dise « la France c’est le lithium qui se trouve en Auvergne », c’est à peu près le même regard. Ce regard va tracer la ligne de tout ce que je vais vous expliquer parce que c’est un regard qui va continuer, malheureusement, jusqu’à aujourd’hui.

Il n’y a pas que le sous-sol, on a également d’autres choses, il n’y a pas que les habitants, il y a aussi des non-vivants qui sont là-bas et qui constituent un bien commun pour toute l’humanité, qui est mis en danger aujourd’hui par un certain nombre de choses, notamment qui est l’extractivisme des minerais au Congo.
La forêt, notamment la forêt tropicale congolaise, on appelle ça le deuxième poumon de la planète, c’est le deuxième poumon de la planète, c’est la deuxième plus grande forêt boisée au monde après l’Amazonie, qui subit actuellement la même chose que l’Amazonie.

Très rapidement dans l’histoire congolaise, pour qu’on essaie de comprendre un peu, ça va être complexe, mais je vais essayer d’aller rapidement parce que je n’ai que 30 minutes.

Je m’excuse déjà auprès de ceux qui connaissent la RDC, qui disent que ces territoires-là existent depuis avant 1885, certes, mais je vais commencer par cette année-là, puisque c’est ce qui va nous intéresser aujourd’hui.

1885, on décide de donner ce vaste territoire que je viens de vous décrire à une seule personne, le roi Léopold II, le roi des Belges. On le lui donne et c’est un peu son jardin personnel. À l’époque, il y a du caoutchouc qui va servir dans la technologie automobile. On va couper la main des gens, des faibles, des malades, des gens qui n’arrivent pas à récolter le caoutchouc parce que c’était la seule façon de payer les taxes.

Je vais rapidement, en 1960 on obtient l’indépendance. Entre 1885 et avant que Léopold II décide que ce n’est pas rentable et lègue ce pays, qui devient, du coup, une colonie officielle des Belges, 50 % de la population a été tuée. Nous étions 20 millions d’habitants et c’est tombé à 10 millions d’habitants à cause de cette pratique.
1960, on obtient l’indépendance. Le symbole de cette indépendance s’appelle Lumumba qui va être tué même pas un an après qu’il ait été élu de manière démocratique et transparente, la seule fois qu’on va avoir de telles élections. Il va être tué parce qu’il vient déranger les intérêts des multinationales, à l’époque occidentales. Il va être tué même pas un an après son élection. Désolé encore une fois, je vais décrire sa mort parce que ça va expliquer tout ce que je vais décrire après : il va être découpé en morceaux, jeté dans de l’acide, et la seule chose que l’on garde de lui aujourd’hui c’est une seule dent, que la Belgique a bien voulu rendre pour faire le deuil, il n’y a même pas deux ans.
Il a été tué pour mettre en place au pouvoir un dictateur, qui va régner pendant 32 ans, qui s’appelle Mobutu, qui va garantir les intérêts des multinationales encore une fois occidentales.

Entre-temps il se passe quelque chose, qu’on devrait connaître en France, c’est le génocide rwandais. La France va créer un couloir, un corridor, apparemment pour des raisons humanitaires, mais qui va laisser passer des génocidaires, qui va mélanger les civils et les génocidaires dont le seul but est de retourner dans leur pays pour encore continuer les massacres qu’ils avaient commencés.
À cette époque-là, au Rwanda, les gens qui ont combattu le génocide vont prendre le pouvoir, vont constater que c’est une menace et vont vouloir s’allier. Sauf qu’envahir un pays comme la RDC, envahir un pays tout court, c’est illégal, alors ils vont s’allier avec des rebelles qui combattaient le dictateur au pouvoir. En s’alliant avec les rebelles, ils vont y arriver. C’est ce qu’on va appeler la première guerre congolaise, en 1996/97.

Vous remarquez également que 1997 c’est l’année du boom de l’électronique. À l’époque, dans les marchés mondiaux, les prix du coltan explosent. Les anciens amis vont donc se rendre compte que non seulement la guerre est payante, mais surtout qu’ils sont assis sur une manne extraordinaire de richesses. Ce qui va faire qu’ils ne vont plus s’entendre et va commencer la deuxième guerre congolaise à partir de 1997 jusqu’à aujourd’hui.

Première guerre de la RDC : guerre pour le pouvoir

Rapidement, pour faire une petite synthèse de cette partie.
Première chose qui a déclenché la première guerre congolaise, c’est le génocide rwandais, 32 ans de dictature et l’envie d’un réel changement au Congo. On va dire que la première guerre congolaise est une guerre de pouvoir.

La deuxième guerre du Congo : le rôle de l’économie électronique

La deuxième guerre, qui s’enchaîne juste après, c’est ce que j’appelle la guerre économique. Il y a un lien de causalité entre la recherche, l’accès aux richesses minières de ce pays et cette guerre-là. Cette guerre va faire plus de cinq millions de morts entre 1997 et 2003. Et ça se concentre uniquement à la partie Est, la partie où se concentrent les minerais. On va voir des entreprises, des multinationales qui vont venir signer des accords avec des bandes armées non régulées.

Les conséquences

Les conséquences de cette guerre : six millions de morts. C’est la guerre la plus meurtrière après la deuxième guerre mondiale, pour le coup européenne. En Afrique, on appelle les guerres que je vous ai citées les guerres mondiales africaines ; après tout, les Africains ont droit aussi à leurs guerres !

Quatre millions d’exilés dont je suis la preuve vivante, le témoignage vivant, si je peux le dire ainsi, et 48 femmes violées par heure. Je me permets d’insister là-dessus. On peut tous imaginer ce qu’est un viol, comment ça se passe. Oubliez ça ! En RDC, comment se passent les viols ? On brûle du plastique qu’on va injecter dans les parties génitales des femmes et ce n’est pas uniquement de l’appétit sexuel, ce sont des femmes de trois mois à 90 ans qui sont violées, ce sont des verres cassés qu’on introduit pour marquer la peur afin que les populations quittent leur territoire, l’abandonnent aux bandes armées pour qu’elles accèdent aux minerais. Je vous recommande le bouquin sur le docteur Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, qui s’appelle L’homme qui répare les femmes qui décrit cela de manière encore plus détaillée [L’homme qui répare les femmes, écrit par Colette Braeckman, édité en 2012 par le Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix (GRIP), NdT]. Donc plus de 10 000 femmes violées par jour.

L’autre conséquence. J’aime bien mettre aussi la conséquence environnementale. J’ai entendu récemment sur RMC, par rapport à la crise ukrainienne, que la raison pour laquelle en Occident, on serait beaucoup plus intéressé à ce qui se passe en Ukraine [qu’au Congo, NdT], c’est parce qu’il y aurait une certaine de loi de proximité : les Ukrainiens auraient les mêmes voitures que les Occidentaux, auraient les mêmes voitures que vous, alors vous seriez beaucoup plus proches.
Si les viols, les six millions de morts, les quatre millions d’exilés ne vous touchent pas, il y a quelque chose que l’on partage en commun, c’est ce que je vous ai décrit au début, c’est cette forêt qui nous protège tous. Cette forêt ce sont dix ans de carbone séquestré. L’extractivisme met en danger cette forêt, ça veut dire que chaque année on perd plus de 500 000 hectares de cette forêt. Cela qui signifie si vous ne vous sentez pas suffisamment proches humainement de ce qui se passe, il y a, malheureusement une conséquence qui risque d’être mondiale et, pour le coup, il n’y aura plus de barrière ou de loi de proximité puisque ça nous touchera tous.

J’aime bien, également, mettre cette scène où je suis réfugié en France, c’est une scène que je connais depuis mon enfance : ce sont les gens qui fuient la guerre, qui essaient de se réfugier. Sauf que cette scène n’évoque pas uniquement les gens qui fuient, elle évoque également des gens qui arrivent en masse sur un territoire sur lequel il y avait d’autres personnes. Les conséquences de la guerre c’est qu’elle engendre parfois d’autres conflits. C’est un endroit précis dans lequel se trouvent d’autres ressources qui, par le fait qu’il y ait beaucoup de gens, va raréfier ces ressources et peut être, malheureusement, une poche d’autres conflits, on rentre donc dans une espèce d’engrenage.

La plupart du temps les gens nous demandent pourquoi la RDC n’arrive-t-elle pas à s’imposer. Ça c’est le cas du le cobalt. Ailleurs, partout dans le monde où ça se trouve, ce sont souvent des pays qui sont stables et qui peuvent imposer des normes. L’autre problématique de ces minerais c’est qu’ils sont inégalement répartis : on a la grosse partie, 63 %, et ailleurs, répartis dans le monde, des pourcentages pour le coup anecdotiques.

Conditions de l’extraction

L’autre scène c’est comment les minerais sont extraits, les minerais qui vont servir le numérique.
C’est d’abord industriel. Les gens qui entendent « industriel » vont se dire « chouette, ça se passe bien ! ». Non ! Industriel, chez nous, signifie tout simplement qu’il y a de la corruption, qu’il y a de la déstabilisation politique, etc., par des grosses multinationales et quand ce n’est pas industriel c’est artisanal.

Artisanal, encore une fois oubliez l’image de l’artisan. Ce sont des gamins qui vont aller dans des trous pour chercher des minerais, c’est ce qu’on appelle l’extraction artisanale chez nous. 20 % des minerais qui proviennent de la RCD sont extraits de manière dite artisanale.

L’autre, qu’on oublie souvent, c’est la guerre. Pour moi, la condition qui permet ces extractions-là c’est la guerre, mais bon ! Apparemment, ce n’est pas compté comme une manière de dire qu’on extrait. Cette scène-là le décrit de manière assez claire : ce sont des gens qui sont mis dans une condition d’esclavage, ils vont extraire sous la menace des balles et ils doivent payer des impôts aux bandes armées.

Je vous ai mis un graphique qui énumère, on va dire, les plus grosses entreprises minières en RDC et on pourrait croire que la plus grosse est congolaise, nationale. Non ! L’entreprise congolaise nationale là-dedans c’est la Gecamines [1], les autres sont asiatiques ou occidentales ; la plus grande de toutes est Glencore [2] qui est, je crois, suisse/anglaise.

Existe-t-il des régulations ?

Ce que je vous raconte a fait un peu de bruit à un moment donné. On s’est dit qu’on allait réguler. Fort bien !

Aux États-Unis on a mis une loi qui s’appelle Dodd-Frank Act [3] ; en Europe on essaye de mettre des réglementations et ailleurs aussi. Sauf que le problème des réglementations européennes et des réglementations aux États-Unis c’est qu’ils refusent d’avoir des minerais de sang dans leur territoire. Très bien encore une fois ! Mais c’est hypocrite, je ne vous apprends rien ! Les produits arrivent de manière finie. Les minerais passent par la Chine et par les pays asiatiques, sont transformés et arrivent dans des produits finis. Cela signifie que dans les produits finis on ne voit plus les minerais, les traces de ces guerres, de ces histoires que je viens de vous raconter ; ils disparaissent, tout simplement, et, par conséquent, on peut dormir tranquillement parce qu’on n’a rien à se reprocher.

Le trajet des minerais

Les minerais quittent la RDC, sont blanchis en Chine et sont propagés partout dans le monde à travers des produits finis. C’est le schéma classique pour les minerais congolais.

Hypothèse de Génération Lumière [4] : « Risque imminent d’une 3e guerre »

Quelque chose m’inquiète actuellement. Je vous ai décrit la première guerre congolaise et la deuxième congolaise. On constate qu’il y a plus de 130 bandes armées actuellement au Congo et, au moment où je vous parle, dans la ville de Bunagana, toujours à l’Est du Congo, il y a encore la guerre. Il y a encore des bandes armées et on vient d’y découvrir du lithium, sans doute une des plus grandes réserves mondiales de lithium.

Ce que je veux dire par là c’est qu’ici, en ce moment, on parle beaucoup de la transition écologique. Voici le paradigme, je ne sais pas comment le décrire : la transition écologique serait, par exemple, avoir tous des voitures individuelles électriques, c’est le symbole, pour moi, de la transition écologique, etc. Et on voit bien que ce sont des pays riches qui vont de plus en plus en prendre.

On constate que la Chine a des besoins intérieurs personnels liés à des demandes qui sont liées au fait de construire une économie décarbonée ; les mêmes objectifs qu’ici finalement. Comme les minerais viennent de la RDC, passent par la Chine et se propagent un peu partout dans le monde, la Chine va devoir d’abord répondre à ses besoins intérieurs. C’est le premier questionnement que nous avons.

L’autre point, c’est qu’il y a des besoins stratégiques en Chine. Vous savez la guéguerre entre la Chine et les États-Unis actuellement.

L’autre ingrédient, ce sont ces groupes armés et la classe politique congolaise qui est juste corrompue et divisée.

Cela nous inquiète parce qu’on risque de vivre encore une troisième guerre, peut-être plus sanglante encore, avec les mêmes effets qu’en 2001/2002 que je vous ai décrits : on va devoir retourner se servir soi-même et chacun aura sa bande armée.

Je ne suis pas du tout en train de défendre le monopole chinois, qu’on s’entende bien. Je dis juste que si, aujourd’hui, on tue tout un quartier, demain on va détruire tout un village, à cause de notre manière de penser notre transition écologique et on voit que les demandes augmentent.

Les pistes de solutions

Je viens de vous décrire une histoire actuelle glauque, j’en conviens, mais je ne suis pas fataliste, parce que sinon, ça voudrait dire tout simplement que je vis dans une forme d’égoïsme ici et que je me rends compte que les choses vont continuer à se passer comme ça. Je refuse de croire à ça. Donc, avec l’association, on essaie d’imaginer des pistes de solutions. Ça ne veut pas dire que ça y est, c’est magique, ça va se passer comme ça. Ça veut tout simplement dire, par rapport à ces six millions de morts, par rapport à ces femmes qui sont violées, par rapport à ces gamins qui bossent dans des mines, par rapport à la biodiversité qui est mise en danger dans un moment critique comme celui-ci, que nous nous devons d’agir.

Ça commence par enclencher un processus de défatalisation. Défatalisation est un terme qui a été inventé par un sociologue, Yannick Barthe [5]. En fait, c’est penser que ce qui existe là est quelque chose qui a été construit, qui ne nous est pas tombé du ciel comme ça. Par conséquent, nous pouvons détricoter ce construit-là. Vous, à travers vos métiers, vous pouvez peut-être imaginer comment détricoter ce système-là.

L’autre manière, pour nous, c’est la reconnaissance des écocides. Je viens de voir qu’au Parlement Européen ils ont voté à l’unanimité pour qu’il y ait une reconnaissance des écocides. Je ne sais pas à quel point ça peut être élargi sur d’autres territoires.

L’une des luttes des Congolais c’est la création d’un tribunal international pour le Congo. Pourquoi ? Je viens de vous décrire les victimes jusque dans leur intimité. Il existe aux Nations Unies un rapport, qui s’appelle le rapport Mapping [6], qui le décrit de manière encore plus détaillée que ce que je viens de vous dire, mais on ne nous dit pas qui sont les responsables. On connaît les victimes jusque dans leur intimité, mais on est incapable de savoir qui sont les responsables de ces massacres, bien qu’on puisse se l’imaginer évidemment.

Autre chose : faire place aux récits de la diaspora. Cela rentre dans cette idée de l’écologie décoloniale. L’invisibilisation de ce qu’on a à dire, l’invisibilisation de ce qu’on a à faire, fait en sorte qu’on maintient ce silence-là et, quand on maintient ce silence-là, les choses continuent à se passer telles qu’elles se sont passées. C’est la raison pour laquelle on doit continuer, on doit tout faire pour mettre en place dans nos organisations, dans des lieux comme celui-ci, l’occasion de pouvoir entendre les expériences qui se passent ailleurs pour questionner notre monde, là où nous sommes.

Le changement de lois, j’y crois plus qu’au changement des habitudes, mais on peut toujours imaginer de mixer les deux, pourquoi pas !

Quelque chose qui concernerait peut-être un peu plus des ingénieurs ici, c’est l’exigence de la traçabilité de tous les minerais. On est capable de construire des montres qui peuvent comprendre le fonctionnement si complexe du corps humain, mais on nous dit qu’on est incapable de tracer sa chaîne de production. Je ne comprends pas comment on peut avoir une intelligence aussi vive, arriver à comprendre ça à travers une montre, mais qu’on soit en incapacité absolue de savoir d’où vient le coltan, alors qu’on peut savoir que 80 % du coltan mondial provient de la RDC, 60 % du cobalt mondial provient de la RDC, je peux énumérer comme ça et vous verrez que la RDC sera dans les cinq premiers pour pas mal de minerais. Qu’on soit incapable de connaître sa chaîne de production !, c’est incompréhensible pour moi.

Renforcer le droit à réparer, je pense que là je ne vous apprends rien. Je crois profondément que si on arrive à réduire cette envie de produire, surproduire, par l’allongement de la vie de nos produits, peut-être que ça pèsera moins sur ce qui se passe là-bas.

Il y a quelques jours, je vais finir par là, je discutais avec un ingénieur du CEA [Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives] qui m’a dit qu’ils sont techniquement en capacité de garantir un certain nombre de produits jusqu’à 50 ans de vie. J’ai dit : « C’est formidable ! Pourquoi ne le faites-vous pas ? ». Il m’a dit : « Ce sont les industriels ! ». Je finis par là.

Ne nous laissons pas guider uniquement par les besoins de toujours consommer, de vendre. Pensons également aux impacts humains, sociaux de ce que nous faisons, de ce que nous produisons.

Merci beaucoup.

[Applaudissements]