Interview d’Axelle Lemaire et de Jean-Luc Beylat - POSS2016

Titre :
Interview d’Axelle Lemaire et de Jean-Luc Beylat lors du POSS2016
Intervenants :
Axelle Lemaire - Jean-Luc Beylat - Vincent Deroussent
Lieu :
Paris Open Source Summit
Date :
Novembre 2016
Durée :
7 min 13
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Licence de la transcription :
Verbatim

Transcription

Vincent Deroussent : Bienvenue dans le monde du Libre. Le Paris Open Source Summit [1] réunit pendant deux jours la communauté du Libre et ceux qui font vivre l’open source. Pour introduire cette édition, nous recevons Axelle Lemaire, secrétaire d’État à l’innovation et au numérique. Bonjour.
Axelle Lemaire : Bonjour.
Vincent Deroussent : À vos côtés Jean-Luc Beylat, président du Paris Open Source Summit et président du pôle de compétitivité Systematic Paris-Région. Merci d’être avec nous. Empowering Open Innovation, c’est le leitmotiv de cette nouvelle édition du Paris Open Source Summit. Alors Madame la ministre, comment encouragez-vous au quotidien l’open source au sein de l’innovation ?
Axelle Lemaire : Déjà, ma présence ici montre à quel point je soutiens l’écosystème du Libre, de l’open source, en France. D’abord parce qu’il marche très bien. Il crée des emplois. Il connaît une croissance de 9 % en ce moment et on sait que les perspectives pour l’avenir sont très positives. Et en plus, il fonctionne sur des valeurs, des valeurs de partage, des valeurs d’éthique, des valeurs d’autonomie, de souveraineté, de maîtrise des ressources numériques, que je partage aussi. Donc c’est important de montrer ce soutien.
On le fait aussi par la loi. Beaucoup d’open dans la loi pour une République numérique : l’open access pour les chercheurs, l’open data pour les administrations, les citoyens, les entreprises, l’open algorithme, l’open innovation, c’est dans la stratégie d’alliance pour une innovation ouverte entre les grands groupes et les startups, les PME très innovantes, qui a été lancée par le gouvernement, et puis enfin l’open gov, l’open gouvernement ou, plus largement encore, l’open gouvernance qui, pour moi, est une priorité politique absolue, plus encore aujourd’hui, parce que l’ouverture, c’est la réponse à l’intolérance.
Vincent Deroussent : Dans ces modèles de collaboration du logiciel libre, Jean-Luc Beylat qu’est-ce qui fonctionne, vous qui voyez ces écosystèmes, qui animez ces écosystèmes ?
Jean-Luc Beylat : Si je prends ma casquette Nokia, puisque c’est ce que je fais dans ma vie, en fait, la force c’est l’agilité. C’est-à-dire que la communauté du logiciel libre est devenue de plus en plus importante et donc, elle est de plus en plus pertinente. Et, comme aujourd’hui l’innovation est portée par la rapidité, l’agilité, la pertinence, eh bien elle a occupé l’espace du cloud et demain, elle va occuper l’espace de la numérisation des villes, du transport, de la santé. Et c’est ça qui fait sa force aujourd’hui, et c’est ça qui fait sa pertinence, en plus sur des sujets, et là, madame la ministre a raison, où on ne fait pas les choses comme avant. Il faut le faire en faisant attention à la privacy, il faut le faire en faisant attention à la manière dont les services se mettent en place. Donc l’éthique portée par le monde du logiciel libre rejoint aussi la dynamique d’innovation ouverte dont on a besoin. Il y un moment très fort de pertinence, aujourd’hui, des logiciels libres par rapport à l’innovation.
Vincent Deroussent : C’est un sujet pluridisciplinaire. D’ailleurs, comment sensibilisez-vous les secteurs du transport, de l’énergie, l’Éducation nationale – enfin c’est vraiment pluridisciplinaire – à ces transformations numériques ? Et puis comment, finalement, sensibilisez-vous vos collègues du gouvernement à ces sujets ?
Axelle Lemaire : C’est un travail structurel de fond et de longue haleine. Je pense qu’il ne suffit pas de cliquer des doigts pour dire le Libre partout, pour tous. Il faut de la formation, beaucoup, et notamment de la formation continue et notamment dans l’industrie et toutes les filières industrielles. Et puis, il faut une conscience des enjeux. Et je crois que ce que je peux faire aussi c’est en parler pour expliquer à quel point, surtout dans un monde où les attaques informatiques se multiplient, dans un monde où on réalise que l’enjeu de la maîtrise du design, de l’architecture, dès leur conception, des systèmes d’information, est fondamentale pour les États et puis pour nos concitoyens aussi. Il faut mettre ces sujets sur la place publique. Ça a été fait pendant le débat de la loi pour une République numérique, autour du logiciel libre. Certains diront qu’ils sont déçus, d’un point de vue juridique, du résultat. Moi, ce que je peux dire, c’est que ce débat public a beaucoup fait avancer la cause du Libre, mais en sortant d’un débat frontal et d’opposition entre le Libre d’un côté, le propriétaire de l’autre. Parce que moi, ce que je constate aujourd’hui, c’est que très souvent, dans les demandes du secteur privé comme du secteur public, il y a un mix des deux et on se rend compte qu’une part de Libre est juste fondamentale pour la conception des architectures. Donc je trouve qu’on a beaucoup avancé.
Après, le travail continue et j’attends beaucoup de l’OGP, du PGO en français, le Partenariat pour un gouvernement ouvert qui va créer un toolkit, c’est-à-dire une boîte à outils, notamment à destination des agents publics, des agents des administrations pour, très concrètement, les aider à identifier les besoins, à sélectionner des produits, à mieux connaître l’écosystème, parce qu’on est vraiment dans une démarche écosystémique ici.
Finalement, le Libre, il repose sur les gens, il repose sur les développeurs et sur les animateurs de la communauté du Libre. On en discutait avec Jean-Luc. Moi, j’aimerais bien que le sommet franco-allemand qui doit se tenir au mois de décembre, le PGO, l’agenda européen, soient l’occasion de donner un écho plus ambitieux encore et plus fort encore à toutes ces problématiques. Je les ai aussi inscrites à l’agenda du développement international [NdT, agenda international du développement]dans les politiques menées par la France, parce qu’il faut aussi sensibiliser les dirigeants de pays en voie de développement à la question de la souveraineté de leurs ressources numériques comme on avait essayé de le faire concernant la souveraineté des ressources naturelles, il y a quelques décennies de cela.
Vincent Deroussent : Très bien. En tout cas le rendez-vous est donné début décembre, le sommet mondial sur le Partenariat pour un gouvernement ouvert [2]. Merci Axelle Lemaire.
Jean-Luc Beylat : Merci.
Vincent Deroussent : Merci Jean-Luc. Je rappelle que vous êtes secrétaire d’État, évidemment, au numérique et à l’innovation. Jean-Luc Beylat, président du Paris Open Source Summit. Évidemment vous êtes la bienvenue pour la prochaine édition du POSS, comme on dit ici. Merci à vous.
Axelle Lemaire : Merci. Bravo.
Jean-Luc Beylat : Merci.

Références

Avertissement : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant⋅e⋅s mais rendant le discours fluide. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.