Fournisseurs d’Accès Internet Associatifs

Présentations

Je vais vous parler de FDN [1] et de la Fédération FDN [2].
Je commence par me présenter. Je bénévole dans pas mal de trucs, je n’ai pas tout listé, ce sont les trucs dans lesquels je bénévole de façon vraiment active.
On va parler de FDN, FFDN.
Ça serait bien que ça soit interactif. Si vous voyez que je parle de trucs que vous ne comprenez pas du tout, n’hésitez pas à poser des questions. Il y a pas mal de choses que je vais définir au fur et à mesure aussi, on va essayer de se débrouiller comme ça.

Donc FDN, la Fédération FDN, Gitoyen [3], j’en parlerai, je vous expliquerai ce que c’est tout à l’heure.
Parinux [4], c’est un GULL, un Groupe d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres ; Bastet [5], c’est le nom de notre chaton. Si vous ne savez pas ce qu’est un chaton, on l’a expliqué un petit peu hier déjà et, demain, j’animerai un atelier CHATONS [6], je pourrai vous expliquer ce que c’est si vous ne savez pas ce que c’est et puis je pourrai aussi vous expliquer comment trouver votre chaton ou trouver des services de chaton. On miaulera ensemble demain. CHATONS est un collectif d’hébergeurs.
Globenet [7] est aussi un hébergeur, un hébergeur militant dans lequel je bénévole. Hébergeur, qu’est-ce que c’est ? C’est quelqu’un qui vous héberge, c’est-à-dire qui va héberger votre site ou votre mail. On pourra en reparler justement à l’occasion de CHATONS.
Je fais aussi un Khrys’presso [8], je ne sais pas si vous connaissez le Framablog de Framasoft ; c’est une revue web, tous les lundis, qui est assez orientée politiquement.

Public : Ce n’est pas neutre et objectif ?

Khrys : Ce n’est pas neutre et objectif ! Ce qui me fait me lever le matin, c’est un café, enfin plusieurs cafés. Sinon, dans ma vraie vie, je suis prof de maths, tout le monde a ses défauts !
Ici, c’est l’endroit [9] où vous pourrez retrouver les slides de ma conférence quand j’aurai compris comment expliquer à Grav [Système de gestion de contenu] qu’il faut que je puisse télécharger plus de 4 Mo, il y a un truc qui coince donc je n’ai pas pu encore mettre mes slides sur mon site. Je m’auto-héberge, le site est chez moi, sur un petit serveur perso, c’est possible de faire ça avec un peu beaucoup d’aide, quand même !

Vous avez dit Internet ?

Khrys : Je vais commencer par un crash course sur Internet. Stéphane [10] et [11] vous en a déjà parlé hier, un petit peu. Je vais prendre le sens inverse, c’est-à-dire le sens classique de la présentation d’Internet, je ne vais pas du tout faire quelque chose d’original.
Internet, en quelques mots :

  • c’est internetworks, un réseau de réseaux. Stéphane vous a parlé hier des AS, Autonomous Systems, ce sont des réseaux qui vont s’interconnecter ;
  • qui n’a pas de centre ;
  • à commutation de paquets. En fait, quand vous envoyez un message, vous le découpez en plein de petits paquets, qui ne vont pas passer forcément aux mêmes endroits, et puis, à la fin, il faut retrouver tous les paquets, les regrouper, les mettre dans l’ordre et arriver à lire le message. C’est un système qui est pratique par rapport à des systèmes qu’on appelle à commutation de circuits, comme était le téléphone, à une époque, avant qu’on ait des espèces de machins soi-disant smart. La commutation de circuits : quand vous occupiez le circuit pour communiquer avec une personne, vous ne pouviez pas l’utiliser pour faire autre chose. La ligne était prise, il fallait attendre que la communication soit finie pour pouvoir la réutiliser. Là, le fait que ce soit des transmissions par paquets permet de faire plein de choses en même temps, c’est quand même un système plus pratique ;
  • c’est basé sur un ensemble standardisé de protocoles, je cite l’adresse IP, Internet Protocol. S’il n’y avait pas cet ensemble standardisé, on ne pourrait justement pas interconnecter les différents réseaux parce qu’on ne saurait pas comment faire. D’ailleurs, il faut aussi que le code soit libre, on en a parlé tout à l’heure, on va aussi parler un petit peu de logiciel libre. Il faut avoir une structure commune pour faire ça ;
  • comme vous l’a très bien dit aussi Stéphane, hier, il ne faut pas confondre Internet avec les applications qu’on fait sur Internet, donc le Web, le mail, la messagerie, le peer-to-peer, etc.

En dessous, c’est un truc que j’ai récupéré sur Internet qui explique les paquets. Vous avez différentes informations dans un paquet : vous allez avoir l’adresse du destinataire, qui est-ce qui envoie, etc., de manière, justement, à ce que les paquets puissent être transmis, qu’on puisse savoir que tel paquet appartient à tel message, où il doit aller, etc. On peut s’imaginer ça comme des petits paquets qui circulent sur les réseaux.

Internet c’est très physique, ça aussi on vous l’a pas mal dit.
J’aime beaucoup cette carte [12], vous pouvez la retrouver sur submarinecablemap.com. Ce sont tous les câbles sous-marins qui structurent Internet. On voit bien ce qui est important et les zones moins importantes. Quand j’avais regardé, je me demandais « c’est quoi ce truc, ah !, l’île de Guam ». On voit que certains endroits sont plus importants que d’autres.
Donc c’est physique, il y a plein de choses, on dit toujours que le cloud c’est le serveur de quelqu’un d’autre, il ne faut pas penser que c’est éthéré, quelque part, dans les nuages.

Donc, Internet c’est physique, mais c’est aussi politique.
Je parlais tout à l’heure de logiciel libre. Il ne pourrait pas y avoir d’Internet sans logiciel libre parce que, justement, il faut avoir le code : si je veux faire un réseau et le connecter à Internet, pouvoir l’interconnecter, eh bien, il faut que je puisse savoir comment ça fonctionne.
Il ne pourrait pas non plus y avoir de logiciel libre sans Internet parce qu’il faut pouvoir communiquer, se transmettre le code. Tout ça s’est fait à peu près à la même période, les logiciels libres et Internet. Benjamin Bayart disait que ce sont les deux facettes d’un même objet.
Je parle de Benjamin Bayart parce qu’il a fait une conférence [13] historique, en 2007, à l’occasion des 15 ans de FDN, on y reviendra tout à l’heure. Ça faisait 10 ans qu’il était président de l’association et c’étaient les 15 ans de FDN. Que disait-il dans cette conférence historique ?, – je vous ai mis le lien que vous pourrez récupérer sur les slides – déjà, qu’Internet et le logiciel libre, c’est très lié ; c’était « Internet libre ou Minitel 2.0 », c’est-à-dire est-ce qu’on veut une structure internet a-centrée, il n’y a pas de chef, etc. ; Minitel c’est quelque chose qui va descendre, c’est-à-dire que vous avez un serveur qui va vous envoyer les infos et vous, vous allez juste consulter les choses. Pas mal de choses, actuellement, fonctionnent un petit peu comme ça : vous devenez des utilisateurs de quelque chose, ce n’est plus quelque chose de vraiment décentralisé où tout le monde va participer, etc. Je vous conseille cette conférence, elle est très chouette à voir.

En tant qu’objet politique, évidemment, c’est porté par des intérêts assez variés. J’ai mis un petit gnou, ce sont les libristes, ce n’est pas moi qui ai dessiné, ce sont les dessins de Gee, avec GéGé, le générateur de Grise Bouille [14], un petit site qui est très bien, on peut récupérer les images et on peut se faire ses propres dessins à partir des dessins de Gee.
J’ai représenté aussi les hippies de la Silicon Valley qui ont des intérêts souvent assez différents de ceux des libristes. Juste derrière, il y a les entreprises qui sont assez liées aux ex-hippies libertariens, qui ont quand même aidé, qui ont contribué à faire ce qu’Internet est à présent, avec les GAFAM et tout.
Derrière, c’est censé représenter les États qui, eux aussi, ont un petit peu envie de mettre la main sur ce bel objet qu’est Internet. À chaque fois qu’un objet est utilisé par beaucoup de monde, ça donne du pouvoir et, à chaque fois qu’on a un objet qui donne du pouvoir, eh bien, forcément, ça intéresse un certain nombre d’entités !
J’ai essayé de représenter en une espèce de schéma comment je vois un petit peu ces différents pouvoirs et luttes de pouvoir.
De quoi les États ont-ils besoin ? Eh bien de contrôler leur population, donc ils vont sortir plein de choses pour pouvoir contrôler, lutter contre les méchants terroristes, les pédophiles, la haine, les pirates, etc. Ils vont donc faire un certain nombre de lois pour essayer de contrôler tout ça. Et souvent, c’est sous prétexte de lutter contre les méchants terroristes, évidemment, qu’on va limiter les libertés sur Internet.

Propriété intellectuelle, je l’ai mis comme une entité à part, ce sont tous les ayants droit qui vont essayer, là aussi, de contrôler ce qui se passe sur Internet, pour empêcher les copies à tout prix. Quand vous essayez d’empêcher les copies à tout prix sur Internet, ça veut dire que vous empêchez Internet, quasiment, c’est vraiment cela qu’ils font. On en reparlera tout à l’heure : une des premières actions de FDN, au niveau du contentieux, c’était contre la Hadopi [Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet], ce n’est pas pour rien.
Donc empêcher les copies et contrôler les usages.

Et puis, enfin, les entreprises ; les entreprises, c’est faire de l’argent, donc contrôler les consommateurs et les consommatrices, faire de la pub, du profilage, toutes ces jolies choses.
Nudge : on pousse un tout petit peu, c’est la petite pichenette qui va faire que vous allez acheter le produit. Peut-être que quelqu’un a une meilleure définition que moi.

Public : C’est une forme de manipulation pour manipuler nos comportements, nous pousser à aller dans une direction de façon subtile, c’est une manipulation qui ne se voit pas, il faut un œil averti.

Khrys : Je pense qu’en tapant « nudge »sur Wikipédia, vous allez trouver une définition.

Public : Ou on peut demander à ChatGPT !

Khrys : On peut demander à ChatGPT ! Ce n’est pas sûr que la réponse soit tout à fait conforme.
Donc toutes ces entités-là vont créer de la surveillance, essayer de faire préférer ou interdire certains protocoles, je pense par exemple au peer-to-peer, vont tenter d’altérer les contenus qui passent en ligne, faire de la pub, par exemple, ou filtrer, on parlait du filtrage. Il y a la censure, tout ce qui concerne les DNS [Domain Name System], par exemple, voire les adresses IP, etc. Et tout cela pèse sur plein de choses, les libertés individuelles, dès qu’on essaye de faire quelque chose entre nous, les communs, le partage de connaissances, etc. Je ne veux pas rester trop longtemps sur cette slide.
J’ai mis un livre en anglais, il n’a pas encore été traduit, c’est Walled Culture [15], il est accessible librement. Vous pouvez aussi l’acheter, mais je pense que le PDF est en ligne. Il parle justement de toutes les entreprises de propriété intellectuelle et comment elles essayent de détruire, en fait, Internet. Typiquement, les actions des ayants droit sont absolument contraires au bon fonctionnement d’Internet.
Ça, c’est comment résumer la situation, on a un dessin, vous avez Darthnet qui essaie de vous contrôler.

Vous avez dit FAI ?

Khrys : Si j’ai essayé de présenter un petit peu Internet, c’est parce que maintenant je vais vous parler des fournisseurs d’accès à Internet.
Pour essayer de faire comprendre un peu ce qu’est un fournisseur d’accès à Internet, j’ai tendance à présenter ça avec l’analogie de la concierge.
Tout à l’heure, on disait que ce sont les paquets qui circulent sur Internet, donc, le FAI, c’est la concierge qui va récupérer les paquets sur Internet, qui va vous les transmettre ; concierge, ça peut être aussi gardien de prison, ça dépend un peu du FAI. Donc, elle va prendre vos paquets et va les envoyer sur Internet.
Une concierge peut faire plein de choses : elle peut ouvrir votre paquet, regarder ce qu’il y a dedans ; elle peut aussi ouvrir le paquet et mettre des trucs dedans, de la pub par exemple ; elle peut aussi choisir : en fait, je n’aime pas ce paquet, c’est du peer-to-peer, poubelle, celui-là, je ne veux pas le transmettre ; elle peut aussi favoriser, par exemple, les paquets qui vont à son cousin, les faire passer en priorité et les autres iront plus lentement. Typiquement, il y a eu un moment où, suivant votre opérateur, si vous alliez sur YouTube ou sur Dailymotion, un truc marchait moins bien que l’autre, bizarrement !

Il faut comprendre qu’un FAI est vraiment un acteur très important, c’est vraiment l’entité qui va vous donner l’accès à Internet, par laquelle tout transite. Le FAI a donc un énorme pouvoir – d’où l’importance de choisir un FAI correct.
J’ai oublié accès dans sa globalité : typiquement, parfois, vous n’allez avoir accès qu’à Facebook, ce n’est pas Internet total.
Tout ce que je vous ai dit là, c’est ce qu’on appelle la neutralité du Net, donc sans surveillance des données, sans modifier les données, sans rajouter de la pub par exemple, et sans favoriser certains sites ou certains protocoles par rapport à d’autres — je parlais, par exemple, du peer-to-peer, avec un superbe dessin de Gee pour l’Arcep [Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse] [16].

C’est aussi un accès à Internet avec une vraie adresse. Sur Internet, on parle de l’adresse IP.
Typiquement là, ici, ce n’est pas bon : avec l’Internet que vous fournit votre téléphone, une adresse IP va être partagée par plusieurs personnes, plusieurs devices, donc ce n’est pas une adresse IP par personne. Il y a aussi la question qu’il faut qu’elle soit fixe : avoir une vraie adresse, c’est important lorsque vous voulez vraiment être sur Internet, c’est-à-dire, par exemple, avoir votre serveur chez vous et puis avoir votre site. Pour que les personnes puissent avoir accès à votre site, eh bien, il faut qu’il ait une vraie adresse, c’est donc important si vous voulez vraiment être sur Internet. Il y a une question d’acteur passif et actif : vous pouvez recevoir Internet, vous êtes sur Internet quand vous êtes sur votre mobile, mais vous devez aussi pouvoir proposer du contenu, faire partie d’Internet. À la base, c’est comme ça qu’Internet a été pensé – enfin, par certains –, le fait que chacun puisse contribuer et structurer Internet, pas juste, justement, le système du Minitel où vous recevez les informations, vous êtes un acteur passif. Il y a une question ?

Public : Je me fais héberger et là, depuis quelques mois, je ne peux plus parce qu’ils ont fait une mise à jour, ils sont passés sur ce qu’ils appellent le CGNat, du coup, je ne peux plus natter vers l’extérieur.

Khrys : Là ça devient trop technique, on ne va pas partir dans ces trucs.

L’exemple de FDN

Khrys : Maintenant que je vous ai présenté un petit peu ce que doit faire un fournisseur d’accès à Internet digne de ce nom, je vais vous donner l’exemple de celui que je connais plutôt bien, qui est FDN ; c’est un exemple et c’est un FAI exemplaire.
French Data Network naît en 92, c’est le plus vieux encore en activité actuellement en France. À l’époque, en 92, il y avait essentiellement des associations ; c’étaient des gens qui avaient déjà Internet. Internet, c’était tout récent, le Web c’est 90. Ce sont vraiment les débuts, on va dire, de l’Internet grand public, accessible à tout le monde, c’est vraiment à cette période-là. C’étaient principalement des universitaires qui voulaient retrouver ce qu’ils avaient déjà à l’université ou sur leurs lieux de recherche, donc pouvoir avoir accès à Internet aussi chez eux. Ils se mettaient ensemble parce que, à l’époque, ça coûtait une blinde d’avoir un ordinateur. Là, j’ai mis une station NeXT — c’était très cher, genre le prix d’une bagnole — qui pouvait se connecter à Internet. On se mettait donc ensemble pour acheter ça. Il y a plein de gros mots là-dedans – l’UUCP [Unix to Unix Copy], station NeXT, le RTC [Réseau téléphonique commuté] –, je vous ai mis les liens vers Wikipédia, je ne vais pas m’étendre sur chaque chose, mais, en gros, on récupérait via ces machines, par exemple des forums qui nous intéressaient et après on passait de machine en machine via Unix to Unix Copy.
Pour le fun, je vous ai mis aussi une petite citation qu’on trouve à certains endroits, quand on cherche des stats sur un des sites de FDN, quand on recherche des informations sur les stats, avant les années 2000, eh bien on tombe sur cette phrase-là : « En ce temps-là Internet était jeune et beau et les dinosaures gambadaient en ces vertes prairies, insouciants, et on n’embêtait pas les gens avec des stats à la con ! » Ah Mais ! Comme c’est un FAI assez ancien, parfois on tombe sur ces perles-là quand on se balade un petit peu.

J’ai essayé ici de vous résumer un petit peu les différentes étapes importantes en tant que fournisseur d’accès Internet.
Les années 92/94/96, ce sont les tout premiers services, donc connexion et RTC, connexion cuivre, mais, contrairement à l’ADSL, c’étaient les mêmes fréquences que le téléphone, donc il fallait choisir : Internet ou le téléphone. Et puis ce n’était pas le débit qu’on connaît actuellement. À l’époque, il n’y avait pas trop de vidéos sur Internet, heureusement, parce que ça passait moyen.
2001, fondation de Gitoyen [3], j’en parlerai un petit peu tout à l’heure, c’est notre opérateur réseau j’expliquerai tout à l’heure ce que c’est.
2005, ADSL, je pense que vous avez entendu parler de l’ADSL.
2007, j’ai mis la conférence « Internet libre ou Minitel 2.0 » [13] parce que c’est vraiment ça qui a fait un petit peu bouger les choses et ça a aussi fait venir les gens à FDN.
2011, Fondation de la Fédération FDN, j’en parlerai aussi plus amplement tout à l’heure.
2013, offre VPN. Si vous n’avez pas du tout ce qu’est un VPN [22], j’expliquerai aussi tout à l’heure.
2017, dégroupage total, c’est-à-dire qu’on n’était plus obligé de prendre l’abonnement Orange téléphonique, on pouvait juste avoir l’accès à Internet.
2022, FTTH, c’est la fibre, Fiber to the Home, on a commencé ce service.

J’ai résumé aussi par un petit graphe pour voir un petit peu l’évolution.
Ce qui est amusant c’est qu’en 92 c’était un des plus gros FAI de France, il devait peut-être y avoir 200 personnes, quelque chose comme ça.
Après c’est descendu au moment où les opérateurs commerciaux sont apparus, vers 96, des trucs comme Wanadoo, etc., c’était moins cher, il n’y avait pas de but autre qu’avoir accès à Internet, donc, quand les commerciaux sont arrivés, les gens sont plus allés vers ça. Du coup l’association est restée longtemps à 25/30 membres, jusqu’au moment où, en 2005, l’ADSL, là on commence à avoir un petit peu plus de membres. La conférence « Internet libre, ou Minitel 2.0 ? » [13] a fait aussi progresser un petit peu les gens vers FDN.
Je pense que cette inflexion, en 2009, c’est quand on a attaqué la Hadopi. On en a parlé un petit peu dans les journaux, on s’est aussi fait jeter par notre opérateur de collecte, j’expliquerai un petit peu tout à l’heure ce que c’est, qui était 9 Télécom et qui était lié aux gens qui soutenaient Hadopi. On a donc dû chercher en urgence un autre fournisseur qui a été Nerim à l’époque, voilà pourquoi on voit cette inflexion à partir de 2009. FDN commence aussi à être un petit peu connu pour ses actions en contentieux.
Après, un petit fléchissement au moment où la fibre commence à être développée par les opérateurs commerciaux. On voit un petit creux ici.
J’ai mis le VPN ici.
La reprise, c’est justement quand on est passé en dégroupage total, ça a fait revenir des gens.
Et le début de la fibre. Maintenant on est à 70 et quelques lignes.

Tout à l’heure, je parlais de Gitoyen. Gitoyen [3], c’est notre opérateur réseau.
Si vous reprenez l’analogie de la concierge, il y a des concierges qui envoient toutes seules leurs paquets sur Internet et il y a des concierges qui vont juste passer les paquets à quelqu’un d’autre qui va router, donc envoyer vraiment les paquets sur Internet. FDN a fait le choix, dès le départ, de ne pas faire cette partie-là qui est donc confiée à Gitoyen. Au début, c’était un groupement d’intérêt économique, GIE, et puis ça s’est transformé en association en 2012.
On est une vingtaine, 25 membres de Gitoyen actuellement, donc on se partage, c’est-à-dire que ce n’est pas nous qui faisons le routage, ce n’est pas nous qui envoyons les paquets sur Internet, c’est une même structure qui le fait pour plusieurs associations, ça évite à chaque asso de devoir faire ce travail-là qui n’est pas du tout le même type de travail technique que le travail de fournisseurs d’accès.

Tout à l’heure, je parlais de collecte, j’ai parlé de l’opérateur de collecte qui nous avait jetés au moment d’Hadopi.
En fait, FDN passe par ce qu’on appelle un opérateur de collecte qui va faire toute la transition entre l’abonné·e et les machines de FDN. Donc, on ne parle pas directement à Orange, on va parler à Ielo qui, lui, va parler à Orange, Orange qui possède la boucle cuivre des abonné·es. Avec la fibre, maintenant, ça change un petit peu, en tout cas on ne tire pas la fibre, on va passer par d’autres gens.

Après, c’est Gitoyen qui va s’occuper du transit, c’est-à-dire envoyer les paquets sur Internet. FDN est situé entre les deux : d’un côté il y a l’opérateur de collecte qui fait la liaison entre l’abonné·e et FDN, et Gitoyen de l’autre côté qui, lui, va s’occuper d’envoyer les paquets.

Ceci, c’est juste pour les geeks ou pour faire peur, je ne sais pas. C’est une espèce de schéma de nos machines. On a deux datacenters en région parisienne, un dans le centre de Paris et un du côté du Stade de France, qui s’appelle PA3. Les services sont complètement redondés entre les deux datacenters ce qui fait que quand, par exemple, on a déménagé, on a changé de datacenter pour aller à PA3, eh bien ça ne s’est pas vu parce que du côté de TH2 tout fonctionnait.

Voilà une photo du déménagement. Les machines de FDN, qui sont transportées à PA3, ça fait à peu près cette taille-là, en gros quatre/cinq machines. Au-dessus, c’était les croissants et puis il doit y avoir aussi une trottinette quelque part.

Gitoyen, c’est encore un peu plus petit, ce sont un ou deux serveurs qu’on a transportés. Il y avait aussi Globenet [7], qui lui est hébergeur et ça remplissait le camion. Ce sont les ordres de grandeur en nombre de machines.
Ça, c’est ce à quoi ressemble notre baie : ici PA3 et ici TH2, qui est donc à Paris. Donc nos machines, dans les datacenters, ressemblent concrètement à ça, avec, évidemment, plein de stickers.

FDN la militante - Les buts de l’association

Il n’y a, évidemment, pas que la technique et le fait de fournir Internet, il y a aussi les buts de l’association et l’intérêt politique à le faire.
Je vous ai mis les buts de l’association tels qu’ils sont écrits dans les statuts. On voit clairement que ce qui nous intéresse ce n’est pas de faire de l’argent, c’est de permettre la transmission des connaissances, de défendre aussi les libertés publiques sur Internet, d’où un certain nombre d’actions en contentieux, et de défendre aussi la neutralité du Net. On en a parlé tout à l’heure du fait que le FAI doit faire son boulot, uniquement son boulot, et ne pas toucher à nos paquets.

J’ai essayé de résumer, en quelques bulles, en quoi consistent toutes les actions de FDN.
Il y a déjà l’essaimage on en parlera juste après. Le but a toujours été de ne pas trop grossir. Le moment où on s’est dit qu’on ne voulait pas trop grossir, c’était en 2010, au moment où on a créé la Fédération FDN. En fait, ça s’est fait une ou deux années avant, au moment d’une AG les gens se sont dit « la moitié de la salle on ne sait même pas qui c’est, on est trop nombreux, il faut aider à créer d’autres petits FAI comme nous ». Du coup, nous étions 200 à l’époque, maintenant nous sommes 900, on a continué à grossir, mais plein d’autres ont grossi à côté de nous ! On essaie de favoriser la création d’autres FAI qui ont les mêmes valeurs que les nôtres.

On soutient et on a soutenu d’autres structures, typiquement La Quadrature du Net [17] quand elle n’était encore qu’une association de fait. On la soutenait financièrement et puis on a fait aussi plein d’actions en contentieux avec La Quadrature, mais aussi d’autres structures. À un moment, on a créé, par exemple, FDN2, le Fonds de Défense de la Neutralité du Net, qui a permis de soutenir un certain nombre d’associations, Framasoft [18], l’April [19], La Quadrature aussi.

Donc des actions au niveau de la régulation, pour essayer, justement, de lutter pour la neutralité du Net ; en contentieux, j’en ai parlé. Ce lundi il y avait une audience à la CJUE, la Cour de justice de l’Union européenne, toujours pour Hadopi, c’est une histoire à rallonge, et sur toutes les questions : est-ce que vraiment, pour garantir les droits des ayants droit, il faut faire de la surveillance de masse, donc récupérer les données de connexion, les conserver pendant un an ? Est-ce que vraiment, juste pour des histoires de « c’est un méchant pirate, il ne faut pas qu’il fasse ça », on a besoin de surveiller l’intégralité de la population ? C’est un peu ce type de question. Ces questions de propriété intellectuelle menacent à chaque fois les droits des gens sur Internet.

Éducation populaire, c’est ce que j’essaye de faire à mon modeste niveau. On fait des stands, on fait un certain nombre de choses.

Lutte contre la censure. Typiquement, quand il y a eu le Printemps arabe et, qu’en Égypte, ils se sont retrouvés sans Internet, eh bien on a fourni une connexion RTC pour que les gens puissent continuer à accéder à Internet. On lutte pour les libertés, ça va de soi.

On fournit aussi un certain nombre de services anti-GAFAM, comme des chatons, typiquement des services de visioconférence.

On fournit du mail. On fournit un PeerTube [20]. Si vous ne connaissez pas PeerTube, c’est la même chose que YouTube mais en vachement mieux, et ça fait partie du fédiverse dont parlait Stéphane hier.

Et aussi Internet à échelle humaine, le fait de faire des choses entre humains. Souvent c’est plutôt par mail, mais on peut aussi appeler le support et, typiquement, vous avez un humain en face qui va vous répondre, en général très rapidement. Maintenant, il y en a même un au Japon qui peut donc vous répondre en pleine nuit. Donc vous parlez à des humains !
En plus, comme c’est une association, il n’y a pas de relation client/entreprise donc vous êtes priés d’être gentils, de dire merci, s’il vous plaît, éventuellement de bénévoler si vous en avez envie. En tout cas, avoir cette relation avec la personne qui est en face, qui est au support, est en fait une bénévole. Personne n’est salarié, donc chacun fait ça juste parce qu’il a envie de le faire, donc il faut faire un petit peu attention aux gens qu’on a en face.

Ça, c’est la vision du bénévole qui veut aller travailler pour se détendre parce que, mine de rien, ça fatigue [« J’ai bien bénévolé aujourd’hui, je vais aller taffer pour me détendre. »]

Et de la FFDN

Maintenant on va élargir un petit peu le point de vue.
J’ai dit qu’en 2010 FDN avait décidé d’essaimer, un peu avant 2010. En fait, entre le moment où les gens se sont dit « oui, ça serait bien que... » et le moment où a été créé la fédération, plusieurs FAI s’étaient déjà constitués, je pense à Franciliens, je pense à Aquilenet [21], Tetaneutral [22] aussi, il me semble. Donc déjà plusieurs qui sont membres fondateurs de la Fédération FDN.
Ce sont tous des FAI qui respectent une même charte [23]. Il y a une charte qui va justement dire qu’on respecte la neutralité du Net, qu’on fait notre boulot de FAI et rien que notre boulot de FAI. Tous les FAI de la fédération sont signataires de cette charte qui garantit que nous fournissons un Internet de qualité. Elle n’est pas complètement mise à jour, il y a quelques nouveaux FAI dans l’histoire et quelques autres qui sont en voie de dissolution ; il y en a une trentaine actuellement en France.

Ensemble, on fait toujours des belles choses, donc ça sert à quoi d’être plusieurs ?
Déjà, au niveau des bénévoles, si on pense à FDN, nous devons être une trentaine de personnes qui faisons tourner la boutique, sachant que nous sommes maintenant 900 membres et, peut-être, 500 abonné·es à Internet, 30 bénévoles, ce n’est pas tant que ça !
Quand vous avez une trentaine de FAI, eh bien même pour les tout petits FAI, vous avez au moins un président avec un trésorier, ça fait au moins trois/quatre bénévoles dans le tas, fois 30, ça augmente de facto le nombre de personnes qui vont bénévoler dans ce type de structure.
Nous nous entraidons, évidemment. On peut s’entraider financièrement, on peut s’entraider au niveau des outils qu’on va parfois construire en commun. Sinon, on fait tout un tas de choses que faisaient déjà FDN, qui sont donc, maintenant aussi, faites par la fédération, des actions en contentieux, des actions au niveau de la régulation, de l’éducation populaire, etc. Ça reprend un petit peu les différents points de tout à l’heure, mais, maintenant, nous sommes 30 à le faire au lieu d’un.

Public : Vous avez de la fibre, ce n’est pas le cas de toutes les assos, notamment de Franciliens. Je me demandais : peut-on passer par vous si on habite à Paris ou faut-il obligatoirement passer par l’asso locale ?

Khrys : En général, on favorise toujours justement l’asso locale, puisque FDN, en fait, c’est la seule qui ne soit pas locale, c’est la seule parce que c’est l’opérateur historique. C’est comme pour les AMAP [Association pour le maintien de l’agriculture paysanne], l’intérêt, c’est quand même d’avoir des humains qu’on connaît autour de soi, donc plutôt favoriser les assos locales. Après, si l’asso locale ne fournit pas tel ou tel service, tu peux tout à fait, il n’y a pas de souci. Franciliens passe par chez nous, il y a un schéma juste après. Quand je parlais d’opérateur de collecte, FDN va aussi faire de la collecte pour d’autres FAI plus petits de la fédération, donc on va faire de la collecte pour l‘ADSL pour Franciliens. Ils ont choisi de ne pas le faire pour la fibre parce qu’ils veulent le faire tout seuls ; la fibre, c’est très bien, mais, du coup, ça prend un petit peu plus de temps et, pour l’instant, ils ne proposent pas la fibre.

Si vous récupérez les slides, ce sont quelques liens qui sont intéressants, vous les aurez normalement avec la vidéo.
J’ai mis une liste à puces :
les principes fondateurs de la fédération ;
la liste des membres, si vous cherchez un FAI dans votre coin ;
un petit best of des meilleures conférences – dont la conférence dont je vous parlais tout à l’heure ;
une liste des services, les services un peu anti-GAFAM que vous pouvez trouver sur cette page ;
fibre.ffdn.org, c’est le baromètre FTTH, c’est une étude qu’on a faite pour essayer de faire en sorte que la fibre soit accessible à tous au niveau des régions ; ça s’appelle les RIP, Réseaux d’Initiative Publique, parce que tous les FAI sont censés pouvoir ouvrir des contrats fibre, sauf qu’il n’y a pas toujours les catalogues, ce n’est pas toujours très clair et, en général, ce sont surtout les gros qui peuvent le faire et les petits, comme d’habitude, ont beaucoup plus de mal. C’est donc un travail qui a été fait pour essayer de mettre clairement : ceux-là sont en rouge, ceux-là sont en vert, ceux-là sont bien, pour essayer de faire bouger un petit peu les choses. En fait, un réseau n’est sain que si les petits comme les gros peuvent faire les choses, pas juste les gros !

Je parlais de collecte. FDN peut servir d’opérateur de collecte pour d’autres FAI : soit ce qu’on appelle en marque blanche, c’est-à-dire que tout passe par les machines de FDN et le FAI en marque blanche va juste gérer tout ce qui est compta, les adhérents, etc. ; soit faire vraiment opérateur de collecte, en fait ça va transiter par les machines de FDN puis par les machines du FAI de la fédé, qui aura peut-être son propre opérateur réseau, nous c’est Gitoyen, mais eux peuvent avoir autre chose ou être leur propre opérateur réseau. Par exemple, Aquilenet fait à la fois FAI et opérateur.

Je disais que j’allais expliquer un petit peu ce qu’est un VPN [24].
J’ai l’habitude de dire que c’est un peu changer de concierge, puisque ça permet de ne plus passer par votre FAI. En fait votre FAI, donc la concierge, que va-t-elle voir passer ? Elle va voir passer des paquets marqués VPN et le paquet est cadenassé, elle ne peut pas agir dessus, elle ne peut pas l’ouvrir. Elle voit juste VPN, ça vient de là, ça a été envoyé à telle heure et ça doit aller là-bas ; c’est tout ce qu’elle peut voir.
Ce sont les cadenas, il faut que j’améliore mon schéma.
En fait, tout va transiter via, par exemple, votre FAI, j’ai mis BOFS — Bouygues, Orange, Free et SFR —, on les appelle les BOFS. Mettons que je passe par Orange, ça va passer par Orange qui va envoyer sur Internet, ça va arriver chez FDN et, au niveau de FDN, les paquets sont ouverts. Il ne faut pas penser que c’est chiffré : au moment où ça arrive à votre fournisseur de VPN, le fournisseur de VPN ouvre, il voit ce qu’il y a à l’intérieur et, à partir de là, tout se passe comme si vos paquets partaient de FDN. S’il n’y avait pas ce VPN, ce FAI verrait tout, il peut donc faire de la surveillance, de l’action sur les paquets, alors qu’avec le VPN, vous allez directement de là à là, donc tout se passe comme si vous étiez directement relié·e à FDN et ensuite vos actions sur Internet partaient des machines de FDN.
En gros, vous changez de FAI, d’où l’intérêt de choisir un FAI de confiance pour votre VPN. Après, tout dépend de ce que vous voulez faire avec votre VPN : si l’idée, c’est de récupérer des vidéos pirates, etc., il vaut mieux prendre un FAI qui n’est pas en France. Si vous prenez un VPN FDN, eh bien FDN est soumis aux lois françaises, mais vous aurez un Internet de qualité, avec un FAI digne de ce nom.

Je voulais vous parler un tout petit peu de La Brique Internet [25], c’est lié au VPN, c’est un petit boîtier. Si vous connaissez un petit peu le Raspberry Pi, c’est un peu le même genre de truc, c’est une Olimex, il y a YunoHost [26] dessus. Vous avez entendu parler de YunoHost déjà un certain nombre de fois. Le tout fonctionne aussi avec un VPN, un VPN fourni, si possible, par la fédération, ce qui vous permet, en fait, déjà de pouvoir diffuser Internet via le wifi dans votre appartement par exemple. Si vous branchez votre brique, vous allez avoir le VPN FDN et puis vous pouvez avoir accès à ça chez vous. Si vous le débranchez, que vous le rebranchez en vacances, comme l’IP est fixe, eh bien tout va se transférer.
Ça permet aussi de s’auto-héberger, via YunoHost qui, justement, va vous fournir une interface web, vous allez vous connecter, vous allez cliquer « je veux installer un site web, je vais installer un NextCloud, je vais installer machin », vous avez un Pacman qui va durer un petit temps et ça va vous installer tout ça sur La Brique. Ça vous permet d’installer des logiciels de façon assez simple. Le fait que vous ayez une adresse internet fixe via le VPN va faire en sorte que si vous débranchez ça et que vous rebranchez ça en vacances, votre site web aura toujours la même adresse, donc il sera aussi toujours accessible. Tous les services remarcheront directement sans que vous ayez besoin de trafiquer tout ça. C’est fait, à priori, pour monsieur et madame Michu. Il y a des associations, dans la fédération, qui font du support pour cette Brique Internet.

Un des intérêts du VPN c’est de vous fournir cette adresse IP fixe même si vous avez un autre opérateur derrière.

Un autre intérêt du VPN, c’est de pouvoir étendre le réseau. Typiquement, si vous étendez le réseau via des antennes wifi, le VPN va vous permettre de fournir une adresse à chaque abonné. C’est une autre façon d’utiliser le VPN.

Changer de système

Je termine en essayant d’expliquer un petit peu pourquoi on fait tout ça.
Déjà, on fait réseau entre différentes entités ; j’ai parlé de FDN, j’ai parlé de La Quadrature du Net, des CHATONS, de Gitoyen, etc. C’est une manière d’essayer de faire des choses ensemble, de changer un petit peu le système, si on peut, donc favoriser l’autonomie, la résistance – la résilience c’est plus pour les matériaux –, l’entraide, la transmission des connaissances.
Pour la résilience, j’aime bien citer à chaque fois cet exemple : après Fukushima, le Japon a créé un ministère de la Résilience. L’idée c’était non pas d’aider les gens à quitter la région, c’était juste leur apprendre à vivre avec la radioactivité. Il fallait être résilient, donc continuer à vivre, ne pas avoir peur ; c’est ça la résilience. En fait, je préfère la résistance.

Je préférerais plutôt garder un temps pour les questions, donc je ne vais plus parler, d’autant que je cherche un peu mes mots aujourd’hui.

Questions du public et réponses

Public : Je crois que tu as répondu : le VPN permet l’auto-hébergement, en fait c’est le contraire d’une anonymisation, à la limite tu peux héberger ton site derrière.

Khrys : Tout à fait. Après, ça dépend un petit peu du VPN. Ça marche déjà, on est en train de lancer la com’ un petit peu autour, pour un VPN en accès libre, gratuit. Je pense que tu seras plus à même d’expliquer, surtout aujourd’hui.

Public : En fait, il y a une confusion. Il y a plusieurs sortes de VPN et plusieurs usages. À la dernière AG de FDN, même entre nous, des gens n’avaient pas tout… Comme l’a dit et a évoqué rapidement Khrys, le VPN que beaucoup de gens cherchent c’est, en fait, un VPN pour télécharger des choses plus ou moins légales de façon discrète. Soyons clairs, ce n’est pas sur ce créneau-là que nous sommes.
Le VPN que nous a présenté Khrys, sur abonnement, c’est effectivement un VPN qui permet d’être comme si on était chez FDN, mais qu’on ne peut être à 100 % chez FDN, elle a montré les schémas, ça permet de passer discrètement chez un FAI BOFS et d’arriver directement sur l’infra FDN. Celui fait par YunoHost c’est du même style. Celui-là sera gratuit, c’est pour les gens qui sont à l’étranger, qui sont dissidents, ça leur permettra d’accéder à l’infra FDN en passant discrètement l’espionnage qui est dans leur pays. Ils vont donc arriver sur les infras FDN qui sont françaises, donc pareil, ce n’est pas pour faire des choses illégales en France, c’est un VPN pour faire des choses illégales à l’étranger et, en tout cas, tolérées ici. Après, il y a peu de chances qu’une plainte arrive à retourner jusqu’à leur pays !

Khrys : La vision que j’ai du VPN en libre accès, c’est plus, par exemple, pour des journalistes, pour des gens qui seraient dans des pays genre la Chine ou l’Iran, etc.
Ça dépend un petit peu des pays, il y a des pays où le VPN va passer parce que, en fait, beaucoup de gens utilisent des VPN pour accéder à des vidéos, etc., c’est donc quelque chose qui va éventuellement mieux passer, parce qu’on voit si vous utilisez un VPN ; si les autorités voient que vous utilisez un VPN, il ne faut pas que vous passiez pour un terroriste, ce n’est pas le but recherché. Ça permet aussi de cacher vos déplacements puisque vous avez toujours l’adresse FDN. Ça peut être plutôt utile, c’est plutôt comme ça que je vois l’offre en libre accès. Si vous voulez faire des trucs illégaux, prenez un VPN commercial.

Public : C’est justement ce que je me disais pour résoudre le problème que j’évoquais tout à l’heure, de CGNat.

Public : Ce seront plus des VPN payants.

Khrys : Notre but, c’est toujours de faire des choses au maximum à prix coûtant, notre but n’est pas de faire de l’argent. Donc, typiquement, on a baissé les tarifs du VPN et on a mis à un euro le tarif préférentiel (étudiant, chômeur, etc.) : pour un euro par mois, vous pouvez avoir un VPN avec IP fixe, etc. Par exemple, on fournit aussi du mail : avec l’abonnement à FDN, on a une adresse mail, donc on peut aussi sortir de Gmail, par exemple. Un petit serveur web aussi, PeerTube, il y a plein d’autres choses qui viennent avec.
On va s’arrêter là.

[Applaudissements]