Faut-il changer d’ère numérique pour préserver la démocratie ? MiXiT2025

Internet dans les années 1990, puis les réseaux sociaux dans les années 2000, ont fait miroité la promesse d’un rapport renouvelé au débat public et à la liberté d’expression. Qu’en est-il aujourd’hui ? À l’heure où certains alertent sur les dangers de la désinformation en ligne et en appellent à une meilleure modération tandis que d’autres dénoncent les modérations excessives et sont prêts à acheter des réseaux sociaux comme Twitter au nom de la « liberté d’expression » , l’heure est venue de se poser la question de l’impact des réseaux sociaux sur les individus et la société.
Les réseaux sociaux sont-ils compatibles avec la démocratie et si oui à quelles conditions ?

Merci. Merci Agnès [Crepet]. Je suis très content d’être ici.
Je vais vous présenter un petit peu les travaux que nous avons faits sur l’impact des infrastructures numériques, notamment des réseaux sociaux, sur les sociétés, notamment la démocratie et nous aborderons évidemment le projet HelloQuitteX [1].

La révolution de la plateformisation de l’information

Première question : dans les 72 dernières heures, qui n’a utilisé aucun de ces services [Facebook, Google, Twitter, TikTok, Instagram, YouTube, Linkedin] ? Ce n’est pas mal pour une communauté d’informaticiens, en général c’est entre 2, 3, 4 %. C’est juste pour se rendre compte qu’on est câblé à ce genre de chose, insister aussi sur le fait que c’est relativement récent à l’échelle de l’évolution des démocraties et des systèmes juridiques, puisqu’il y a 20 ans les réseaux sociaux n’existaient pas alors qu’aujourd’hui ils ont une pénétration de plus de 60 %, 90 % dans certains pays et, dans certains pays, par exemple les États-Unis, les médias numériques, pas forcément que les réseaux sociaux, ont dépassé, en termes de temps d’écran, la télévision.
On va essayer de regarder l’impact de ce genre de technologie. Évidemment, ce ne sont pas les uniques causes parce que tout est multifactoriel, mais on va essayer de comprendre comment on peut passer d’un État comme celui-ci qui est le premier jour de la première mandature de Trump [Foule acclamant Trump au Capitole, NdT] à cet État-là qui le dernier jour de la première mandature de Trump [Assaut du Capitole, NdT] et on va essayer d’imaginer le dernier jour de la deuxième mandature de Trump.
Un come-back, évidemment, est en train de se faire, ils ont fait leurs 100 jours hier, si je ne me trompe pas et, pour faire ce come-back, ils ont utilisé à mort les réseaux sociaux, notamment X qui est la propriété de Elon Musk. Il est intéressant de voir, dans les dernières élections américaines, que le dernier chiffre c’est 2,3 millions d’écart dans le vote populaire – le vote populaire ce n’est pas ce qui donne le résultat définitif mais c’est un bon indicateur – et, d’un autre côté, il y a eu 30 % d’abstention, à peu près comme d’habitude, mais surtout les démocrates ont perdu six millions de voix par rapport à l’élection d’avant et trois millions d’électeurs ne sont pas allés voter. Une partie de la démobilisation de ces électeurs-là a été faite via des outils numériques dont X, dont des campagnes SMS, etc., donc l’élection s’est jouée, en fait, à très peu alors qu’il s’agit de la première puissance nucléaire du monde qui va avoir des impacts, qui a déjà des impacts assez importants sur le monde

On a une espèce de contagion de prise de pouvoir de régimes qui sont dits illibéraux, c’est-à-dire qui font la confusion entre la séparation des pouvoirs, entre le juridique, l’exécutif, le législatif, qui revendiquent d’ailleurs ce genre de chose. On a une accélération ces dernières années. De mon point de vue, elle n’est pas anodine et, surtout, elle n’est pas sans causes, c’est-à-dire que les infrastructures numériques, notamment, ont profondément changé ces dernières années, avec des changements qu’on va regarder tout à l’heure.

Exemple de fil d’actualité : le cas de X

Pour vous donner un petit point de comparaison, de référence, je vais vous parlez beaucoup de X/Twitter parce que c’est un média social sur lequel la communauté de recherche s’est beaucoup penchée parce qu’il y avait des API [Interface d’application], donc on pouvait récupérer des données. Notamment, dans mon laboratoire, on a eu des observatoires pendant très longtemps, jusqu’à ce que Elon Musk ferme ces API. Depuis 2016, on avait des observatoires sur des thèmes comme « politique française », « changement climatique », « pandémie ». À chaque fois, on récoltait jusqu’à plusieurs millions de messages par jour, d’échanges sur ces sujets-là, et ça permet d’analyser les structures sociales, les débats, etc., même si ce n’est pas, évidemment, représentatif du monde entier mais ça permet de faire beaucoup de choses. On a donc fait beaucoup d’analyses, on a notamment fait une expérimentation avec Paul Bouchaud qui était en doctorat à l’Institut des systèmes complexes, sur la structure des fils d’actualité des utilisateurs de Twitter.
Que vous êtes sur un réseau social quel qu’il soit – Instagram, Twitter, Facebook, Linkedin, etc. –, vous n’avez évidemment pas le temps de lire tout ce que produit votre environnement social, donc ce que vous lisez en général, en priorité, c’est ce qui arrive sur votre fil d’actualité, c’est donc une information qui est triée et ordonnée. Par exemple, sur Twitter, on a estimé qu’on ne lit à peu près, en moyenne, que 3 % de ce qu’on pourrait voir si on lisait tout ce que produit son environnement social, dont on ne lit que 3 %. Et en fait, ces 3 % sont les 3 % qui nous sont montrés dans le fil d’actualité.
La structure du fil d’actualité, à l’époque où on a fait ces mesures-là, c’est-à-dire en 2023, est celui-ci : en gros, 2/3 des informations viennent de notre environnement social mais triées, c’est donc dans ces 2/3 que nous avons les 3 % de ce que nous pourrions voir et puis 1/3 vient d’ailleurs.
En choisissant quels sont les 3 % qui sont mis dans les 2/3 et ce qui est mis dans l’autre tiers, on influence la manière de percevoir le monde de milliards d’utilisateurs, puisque Facebook ce sont plus de deux milliards d’utilisateurs, X c’est plus de 500 millions, Instagram, TikTok, etc.
On va voir un petit peu la conséquence de tout ça.

Intermédiation sociale

Il faut bien comprendre que quand une partie de la population commence à avoir une activité sociale de manière assez intense sur les réseaux sociaux, s’en sert pour faire des nouveaux contacts, pour avoir de l’information, etc., ça va changer, modifier plusieurs piliers de la structuration des systèmes sociaux, notamment l’homophilie, c’est-à-dire notre tendance naturelle à interagir avec des gens qui nous ressemblent, sous différents critères, ça peut être les opinions, la religion, le goût pour la musique, etc., et puis l’influence sociale, c’est-à-dire la manière dont on s’influence mutuellement. Il y a plein de situations pour lesquelles on n’a pas une idée claire ou fixe de quelque chose et, en échangeant avec ceux qui sont autour de nous, on va affirmer ses convictions.
Ces deux choses-là sont évidemment très influencées par des environnements numériques où on choisit ce qu’on nous montre et même, on choisit les personnes à qui on nous suggère de nous connecter. Ça va modifier aussi la manière dont les gens se connectent en ligne.

Places publiques numériques

Petite citation du patron de X. Avant de racheter X, il se plaignait que Twitter était devenu de facto une place publique numérique puisque sur Twitter il y avait des journalistes, des politiques, des influenceurs, etc., et qu’elle ne respectait pas les règles de liberté d’expression, on pourra revenir sur ce qu’il entend par là, donc que ça minait la démocratie. Et c’est un peu en ce nom-là qu’il a racheté X, après il y a d’autres raisons dont on pourra parler, en fait, celle-là est une fausse raison, mais il a racheté X en ce nom-là en disant « je vais changer, je vais rétablir la liberté d’expression absolue, etc. »
Ceci dit, c’est un peu vrai que les plateformes numériques sont de facto des places publiques. Quand 60 % de la population qui échange des idées sur des infrastructures numériques de ces dimensions-là, ça devient, d’une certaine manière, des places publiques.
Là où il se trompe par rapport à la liberté d’expression, c’est que la liberté d’expression sur ces infrastructures n’a pas vraiment de sens, puisque la liberté d’expression c’est dans l’espace public, or, ce ne sont vraiment des espaces publics, même si elles ont le rôle d’espaces publics, ce sont des espaces privés et, dans les espaces privés, tout ce qui compte ce sont les conditions d’utilisation. Bref !

Non-respect du droit français sur l’apologie de contenus nazis

De fait, on trouve maintenant des choses comme ça sur Twitter, quelque chose qui, dans l’espace qui est de facto public, est interdit en Europe, c’est de l’apologie du nazisme. Vous avez plein de contenus néonazis qui circulent en France et en Europe via des plateformes parce qu’elles ne sont pas modérées.

La notion de risque systémique – Digital Services Act [2], art.34

On en vient à la notion de risque systémique.
Les régulateurs sont en train de travailler, depuis plusieurs mois, à la façon dont on essaye de réguler ces plateformes qui sont devenues de facto des espaces publics d’expression publique. Cet outil législatif, qui s’appelle le Digital Services Act, a été voté il y a à peu près deux ans. On commence à voir ses effets, il y a déjà eu des amendes mais, à mon sens, ça ne va quand même pas assez vite.
Une notion assez intéressante a été introduite dans ce DSA, c’est la notion de risque systémique. C’est-à-dire qu’à partir du moment où vous avez une plateforme ou une infrastructure qui sert des millions d’utilisateurs, donc une proportion significative de la population, si cette plateforme fait courir un risque systémique à l’État, à la démocratie, etc., eh bien elle doit réguler. Normalement ça devrait passer par-dessus la loi du secret des affaires qui fait que, par exemple, on n’a pas le droit de demander à Twitter « donne-moi ton algorithme » ; il va dire « non, secret des affaires. » Par contre, si vous dites « là il y a un risque systémique pour la démocratie », normalement il est obligé de donner accès à ses algorithmes pour qu’on vérifie qu’il n’y a pas de trucs tordus dedans.

L’ère du confusionnisme

On va parler d’un risque systémique, c’est le confusionnisme généralisé qui commence à se propager sur ces plateformes-là. Je rappelle une citation de Hannah Arendt qui disait : « Le sujet idéal du régime totalitaire n’est pas le nazi ou le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre le fait et la fiction et la distinction entre le vrai et le faux n’existent plus. » C’est ce qui s’est passé aux États-Unis. La plupart des électeurs de Trump étaient convaincus que les élections de 2020 étaient truquées et que c’était Trump qui avait remporté et pas Biden.

Le temps de la subversion

J’introduis un autre acteur qui est très friand d’effacer la frontière entre le réel et la fiction.
Avant ça, petit résumé de la manière dont certains envisagent l’oscillation entre sociétés ouvertes et sociétés fermées, sociétés autoritaires, sociétés démocratiques.
Cela sort d’un bouquin d’un ancien agent du KGB, qui s’appelle Tomas Schuman [3], qui est passé à l’Ouest en 79/80. Il a écrit plusieurs bouquins sur la doctrine du KGB et de l’Union soviétique, à l’époque, sur la façon dont ils allaient renverser les démocraties occidentales.
Une première vision est que naturellement, sur des temps longs, les sociétés oscillent entre sociétés ouvertes et sociétés fermées, systèmes autocratiques ou dictateurs et sociétés plus ouvertes. On passe de la société ouverte à la société fermée en plusieurs étapes. Il dit que ce n’est pas scientifique, que c’est un peu intuitif.
Société ouverte : on prône l’égalitarisme, on fait monter les attentes, il y a un écart entre les aspirations et la réalité, ça crée du mécontentement, il y a une baisse de productivité, il y a de l’inflation et du chômage, il y a des manifestations, ça devient instable. On va vers le radicalisme, luttes de pouvoir et remplacement par une société fermée. Les États-Unis ont fait quasiment tout le chemin là, ils sont maintenant vraiment vers la fin. C’est un mouvement on va dire naturel, sur des temps très longs. Les sociétés, à un moment donné, arrivent à ce genre de chose et ça marche aussi dans l’autre sens.
Il dit que le rôle de l’Union soviétique c’était de faire cette seconde chaîne, qui est parallèle et qui est moins visible, qui est sur des temps très longs parce qu’eux ont le temps, leur dirigeant, Vladimir Poutine, est au pouvoir depuis 25 ans. On fait de la démoralisation sur une échelle de 15/20 ans, on fait de la déstabilisation sur une échelle de deux à cinq ans. En deux à six mois, il y a une crise, après c’est la normalisation et on met au pouvoir des régimes qui sont compatibles avec, à l’époque, l’Union soviétique, maintenant le Kremlin, la Russie.
C’est vraiment la théorie de l’Union soviétique qui est mise en œuvre également par Vladimir Poutine, ancien agent du KGB, ancien directeur du FSB, le successeur du KGB, donc, maintenant, directeur de la Russie.
C’est très concret, c’est-à-dire que plusieurs fuites ont eu lieu et plein de rapports montrent qu’il y a une action très active de la Russie depuis des années, voire des dizaines d’années, de subversion de l’État. Ça c’est une fuite de documents internes de certaines agences russes de désinformation qui disaient « dans nos actions, la morale et l’éthique ne doivent avoir aucun rôle, ne doivent jouer aucun rôle. » [4]. Et un extrait, toujours de Tomas Schuman, qui expliquait que « le processus à court terme de la subversion de personnalités clés dans des pays étrangers devrait être combiné à un processus à long terme mais plus efficace et irréversible, consistant à modifier la perception de la réalité dans l’esprit des millions d’électeurs dans les sociétés pluralistes. »
Côté corruption, on a déjà eu quelques images dans les conférences précédentes. Là on va parler plutôt de la modification de la perception des électeurs.

L’Europe en ligne de mire

Cela est un message de Dimitri Medvedev sur sa chaîne Telegram en février dernier. Il expliquait, en russe évidemment : « Notre tâche consiste à soutenir ces hommes politiques et leurs partis – là il parlait des partis anti-système, en France, par exemple, c’est le Rassemblement national – en Occident de toutes les manières possibles en les aidant apertum et secretum à obtenir des résultats décents lors des élections. Certains d’entre eux passeront du statut d’opposants non systémiques à celui de nouveaux membres de l’establishment politique et leur accession à la gouvernance de l’État pourrait radicalement améliorer le paysage politique dans le monde occidental. » Ça dépend de la conception qu’on a de « améliorer », en tout cas c’est leur conception. Donc ça c’est Dimitri Medvedev, ancien président de la Fédération de Russie, actuellement président du Conseil de sécurité de Russie.

Observer nos environnements numériques

On va voir maintenant comment on peut observer les environnements numériques et éventuellement observer ce genre d’action.
Je vais vous montrer, juste pour vous donner une idée des données brutes que l’on a, ce qui s’est passé pendant la pandémie.
On a un observatoire, maintenant on est plutôt sur Mastodon et Bluesky, mais pendant longtemps, quand les API étaient ouvertes, on avait un observatoire sur X/Twitter où on attrapait tous les messages qui parlaient d’un sujet donné, notamment tout ce qui parlait de Covid et des vaccins.
Je vais vous montrer les échanges sur X à la fin, et avant Twitter, qui mentionnaient le mot « vaccin ». Ce sont des échanges aux niveaux américain, français et canadien, j’ai fait une sélection de ces trois continents.
En gros, chaque point sur une carte comme ça est un compte Twitter, vous allez en avoir à peu près 200 000. J’ai labellisé les comptes de personnalités publiques pour qu’on puisse se repérer un peu. Là vous avez Potus, donc le président américain, ici vous avez sante.gouv en France, etc. ; là vous avez Florian Philippot, ici vous avez Robert Kennedy qui dirige maintenant l’Agence sanitaire de l’État américain. Les liens sont des liens de retweet, donc ça veut dire partage d’un message à l’identique. En fait, on montre – je ne rentre pas dans les détails – que si on analyse le graphe de retweets, qui retweete qui sur des longues périodes, on peut détecter comme ça des clusters qui sont les couleurs, de manière automatique, et qui sont des groupes de comptes d’opinions similaires.
En fait, ici, vous avez les personnes opposées aux mesures sanitaires, que j’ai appelées antivax pour faire court. Des gens peuvent être opposés à la vaccination pour eux, ce n’est pas un problème, mais là ce sont des personnes qui sont militantes antivax en disant « il y a un complot, on veut nous confiner, etc. », bref, et qui s’en servent à des fins politiques.
Là vous avez là l’équivalent en France.
Là vous avez les agences sanitaires et puis le reste à la fois des citoyens et des gouvernants qui relaient l’information sur la crise sanitaire.
Là la même chose en France.
En vert ce sont les médias américains, je n’ai pas mis tous les médias américains et en jaune vous aurez les médias russes, pro-russes.
On va voir deux ans d’échanges sur X/Twitter. On va commencer en avril 2020. Tout ça ce sont des comptes qui ne sont pas actifs, ceux qui sont actifs ce sont ceux qu’on voit là et chaque pulsation c’est dix jours, c’est-à-dire que tous les dix jours je mets à jour qui est connecté avec qui, qui s’est déconnecté à qui, donc on enlève des liens, on en remet, donc le graphe se réorganise.
Pour l’instant, il n’y a quasiment pas de forme, mais on commence à voir ici un petit peu les opposants à la vaccination qui s’organisent et ici les personnes qui relaient les consignes sanitaires.

Là on rentre dans l’été 2020. On voit que ça se bipolarise ici et ça commence à se bipolariser aussi en France. Par contre, il n’y a pas encore de connexions entre la France et les États-Unis, on a donc deux bipôles. On a des connexions, en termes de relais des mesures sanitaires, entre les États-Unis et la France ici, et là ça commence à se connecter, donc la désinformation sur Covid 19 – vraiment désinformation, on pourra en reparler si vous voulez –, commence, il va y avoir un flux de personnes de l’espace politique français qui se connectent à l’espace politique américain pour apporter des arguments comme quoi les vaccins créent plus de morts que le fait de ne pas être vacciné.

Apparemment le transfert n’est pas complet, j’ai dû changer d’ordinateur à la dernière minute et ça n’a peut-être pas pris tous les champs. Je vous ai fait un résumé, vous pouvez le voir sur le site internet.

En tout cas, on voit que ça s’est structuré de manière très fortement bipolarisée par pays. Par exemple vous avez Anglo-saxons et Français, donc entre opposants à la vaccination et pro-vaccins ou pro-mesures sanitaires, mais surtout vous avez un une structure qui s’est faite internationale, à la fois entre ceux qui sont pour les mesures sanitaires et surtout, entre ceux qui sont contre les mesures sanitaires.
Quand on regarde le film jusqu’à la fin on voit que fin 2022, ce groupe a disparu puisque la pandémie a disparu, par contre ce groupe-là est resté très actif et on va continuer à l’analyser. On sait que, dans ces comptes-là, il y a eu aussi beaucoup de désinformation qui venait des agences de désinformation du Kremlin. Par exemple, le Kremlin a une agence qui s’appelle IRA [Internet Research Agency, Institut de Recherche Internet, qui emploie des centaines de personnes, depuis au moins 2013, pour intervenir sur différents terrains numériques pour faire de la désinformation et faire avancer son agenda.

Structure de l’espace idéologique sur Twitter

Rapidement comment analyse-t-on ce genre de données ?
On est sur des graphes de retweets. Ici vous avez une personne qui va dire quelque chose et, si quelqu’un qui est abonné à Greta Thunberg trouve ça intéressant, il va le relayer, donc ça va diffuser à une troisième personne. Si vous observez ça suffisamment longtemps, au bout d’un moment vous avez des zones denses du graphe, donc des gens qui interagissent préférentiellement entre eux plutôt qu’à l’extérieur, c’est un peu comme des copains dans une cour d’école, vous pouvez repérer qui coopère avec qui parce que, souvent, ils interagissent à la récré et ça se détecte de manière automatique avec des outils de clustering, d’analyse de graphes.
Quand vous faites ça au niveau par exemple du climat, là on est sur une autre base de données, une veille sur le climat, vous voyez apparaître deux grands blocs : à gauche, vous avez ceux qui reconnaissent les résultats du GIEC, les résultats de la science sur le climat, qui disent qu’il y a un problème avec le mode de vie actuel, le climat, etc., et à droite les climato-sceptiques, les climato-dénialistes qui rejettent soit l’idée qu’il y a un réchauffement d’origine anthropique soit que c’est grave. On peut analyser ces deux blocs-là.
Par exemple, vous avez les MAGA ici, les ultra-MAGA ici et là vous avez les lobbies, notamment énergies fossiles, tous ceux qui sont, en gros, contre les mesures climatiques. Et là vous avez un petit appendice qui sont les climato-sceptiques en France, qu’on a vu apparaître en 2022. Il se trouve que cette reconversion en 2022 n’est pas anodine, on va regarder ça un peu plus en détail.

Évolution des rapports de force sur Twitter/X

Là vous avez, en gros, trois mois de données, de juillet à octobre 2022, sur trois mois de données, ça va être cette structure-là. En fait, on peut faire ça tous les jours, du coup on peut calculer tous les jours le nombre de comptes actifs qui défendent la lutte contre le réchauffement climatique ou qui essayent de nier le réchauffement climatique.
Vous avez ces deux courbes-là, on est toujours sur X. Ici, vous avez le nombre de comptes actifs en orange qui alertent sur le réchauffement climatique, prônent des mesures et relaient les résultats du GIEC. Et en bleu, ici, vous avez les climato-dénialistes.
On commence en 2021 et on va jusqu’en 2023, donc deux ans.
On voit c’est qu’il y a des oscillations avec des pics au moment où il y a la COP 21, la COP 26, etc.
Globalement le climato-dénialisme a augmenté sur X, notamment à partir de la guerre en Ukraine, ça augmente très significativement ; à partir de l’été 2022 on a vu apparaître cette communauté climato-dénialiste française et un autre phénomène qui s’est produit : au moment où Elon Musk a racheté X, il a fait un certain nombre de modifications sur l’algorithme de X, dont on va parler, et il a aussi rétabli des comptes qui avaient été bannis pour harcèlement et ça a fait fuir une grande partie des comptes actifs sur la lutte contre les changements climatiques. Vous avez donc un effondrement du nombre de personnes qui parlent du réchauffement climatique, qui luttent contre le réchauffement dans les trois mois de la prise de pouvoir de Elon Musk. Donc maintenant, sur X, vous avez à peu près 50 % d’utilisateurs actifs qui sont climato-sceptiques.

Exemple d’influenceur dénialiste de l’été 2022

Ça c’est un exemple d’influenceur climato-sceptique, c’est un des comptes qui a fédéré le climato-scepticisme en juillet 2022, un compte anonyme qui se dit Climate Science Research, entre parenthèses Indépendent parce que ça fait toujours mieux, et puis Climate Realist, etc.

Un climato-dénialisme opportuniste

Si on regarde ce qu’il publiait, parce que nous avons tout historique, on a les données de Twitter depuis assez longtemps, ici vous avez le nombre de tweets de ce compte-là par sujet : en orange vous avez le climato-dénialiste, vous voyez que, tout à coup, il s’est mis à être climato-dénialiste en juin 2022, donc juste avant la montée du climato-scepticisme.
Là ce sont ses attaques contre le GIEC, en noir, il produit beaucoup d’attaques, mais avant, en bleu, en fait il n’était pas du tout climato-dénialiste il était anti-mesures sanitaires, anti-vaccin, etc., anti-dictature sanitaire, on va dire, et il se décrivait comme biostatisticien, en fait c’était un expert en biostatistique à l’époque.
Entre les deux, ici, il a relayé la désinformation du Kremlin, c’est-à-dire le fait que l’invasion de l’Ukraine était justifiée par les biolabs, par le fait qu’il y a des nazis en Ukraine, etc.
En fait, ce switch est assez caractéristique. Si vous prenez la pandémie et que vous comparez avec le graphe du climat, donc deux grands graphes qui sont sur deux bases différentes et on regarde les comptes communs : on a 100 000 comptes qui se sont exprimés à la fois sur le climat et à la fois sur la question des vaccins.
Si on lit ce graphe-là, on a la répartition des comptes au sein du graphe Covid, on a la répartition des comptes au sein du graphe climat, et on fait la correspondance en regardant ceux qui étaient en gros pro-climat s’ils sont provax, ceux qui sont climato-dénialstes s’ils sont antivax et on voit qu’il y a très peu de croisements, à part ici : des gens qui étaient dénialistes climat et qui étaient provax. En fait, la plupart des comptes qui étaient communs aux deux bases et qui étaient anti-vaccination, encore une fois au sens anti-dictature sanitaire, etc., sont devenus climato-dénialistes.

Ce qui est impressionnant c’est que cela s’est fait dans tous les pays de la même manière. Là on a un découpage par pays du graphe Covid, j’ai mis tous les pays. On capte principalement les pays anglophones et francophones. Par exemple les Italiens, qui étaient opposés aux mesures sanitaires, etc., sont devenus militants climato-dénialistes par la suite.

Désinformation climatique du Kremlin

On sait que le Kremlin utilise ce genre de sujet pour faire de la désinformation. Par exemple, il y a eu des campagnes, sur le climat précisément, par la Russie en Pologne. La doctrine du Kremlin étant de diviser les populations et, en fait, de faire dysfonctionner la démocratie en fragmentant l’opinion publique et en créant des oppositions un peu stériles entre ces fragments, on comprend bien que le climat est un exemple assez intéressant : si vous arrivez à avoir 30 % de la population qui est convaincue qu’il faut absolument faire quelque chose pour la lutte contre le réchauffement climatique et 30 % de la population qui pense que tout cela c’est du bullshit, que c’est un canular chinois, vous aurez forcément des affrontements. C’est donc quelque chose qu’il est intéressant d’amplifier.
Là vous avez l’ensemble des pro-russes sur X/Twitter, je vais juste aller à la conclusion.

Comment gagner une élection ?

Comment gagner une élection ? On pourra y revenir si vous voulez, je vois que le temps passe.
On a fait des observations lors de la dernière élection de juin, où on a vu des soupçons d’ingérences étrangères sur ces élections. Je vais en mentionner juste quelques-unes ici, excusez-moi je passe un peu rapidement.

Désinformation du Kremlin – France 2024 Complicité d’ingérence aux Européennes et législatives en 2024

Par exemple, ces publicités de Facebook ont été diffusées pendant les élections législatives européennes. On sait qu’elles ont été payées par le Kremlin. Que s’est-il passé ? Facebook a vendu les données des Français à Moscou pour que Moscou fasse de l’ingérence électorale en élections européennes et législatives.
C’est Paul Bouchaud qui a fait ça, on a identifié plus de 3000, quasiment 4000 fausses pages Facebook directement opérées par Moscou.

Biais algorithmiques

On a fait aussi une analyse des timelines de X et on a montré que dans les fameux 3 % que vous voyez de votre environnement social, ces 3 % ne sont pas choisis au hasard, on pourra y revenir, si vous le voulez, dans les questions. Il se trouve qu’il y a une surreprésentation des contenus dits toxiques, c’est-à-dire attaques personnelles, dénigrements, obscénités et cette surreprésentation est à hauteur de 49 %. En fait, la timeline d’un réseau comme X, à priori c’est la même chose sur d’autres réseaux, vous montre ce qu’il y a de pire dans votre environnement social, donc à l’échelle de milliards d’utilisateurs.

Ça c’est l’alliance entre Musk et Trump ! Bref !

La nouvelle donne des Big Tech

Pour aller aux conclusions et vous parler un peu de choses positives dans les deux minutes qui restent.
Ça c’était un peu la conclusion, de ce livre, Toxic Data, qui fait une revue un peu plus large que celle que je vous ai faite des infrastructures numériques.
Il y a une interférence entre la nature humaine, c’est-à-dire la psychologie humaine, parce que ces plus 49 % ne viennent pas de nulle part, c’est le résultat du couplage entre psychologie humaine et maximisation de l’engagement, qui fait que, en gros, les algorithmes de recommandation partent dans le décor.
Cette influence-là est exploitée par des agents extérieurs, des acteurs qui savent comment manipuler ces choses-là ; c’est soit extérieur, de l’ingérence, soit de l’intérieur, donc des groupes qui savent très bien comment manipuler ça, mais, en général, ce sont des manipulations qui vont contre, par exemple, les règles des plateformes, donc tous les groupes ne font pas ça.
La conjecture de ce livre était que, dans ce contexte-là, il y a incompatibilité entre le modèle économique des plateformes des GAFAM et les démocraties, au bout d’un moment on ne peut pas garder les deux longtemps. Ça s’est vérifié aux États-Unis, ça serait bien d’éviter de le vérifier enfin en Europe.
En termes d’actions positives que l’on fait, que l’on peut faire, il est important de comprendre qu’on a un problème systémique, il faut donc agir de manière systémique. Il faut agir à la fois au niveau individuel, par des actions individuelles, au niveau collectif, par des actions collectives et au niveau institutionnel par des modifications de la loi.

Quelques pistes de solutions

Je vais vous en montrer de quelques-unes si j’ai le temps.

Quels réseaux sociaux pour la démocratie ?

La première question à se poser pour choisir un bon réseau social c’est :

  • est-ce qu’on a la portabilité des données, donc portabilité des données mais aussi des données d’audience, est-on capable de partir avec son audience ? ;
  • est-ce qu’il y a pluralisme algorithmique, c’est-à-dire est-ce que vous êtes capable de choisir la manière dont vous allez être alimenté dans votre fil d’actualité, donc pas avoir, par exemple, cet enrichissement à 49 % ;
  • et la question de la décentralisation, c’est-à-dire est-ce que l’écosystème peut être racheté.

La réponse aux trois questions de Linkedin, X et Facebook, etc., c’est non.
Il est important d’arriver à faire comprendre aux citoyens que leur choix d’infrastructure numérique d’aujourd’hui détermine les régimes politiques de demain,
qu’il faut choisir des plateformes en fonction des principes qu’elles se donnent, notamment choisir des protocoles et pas des plateformes fermées.
En termes de protocole ouvert, les plateformes basées sur des protocoles ouverts par rapport à X, la seule alternative pour l’instant c’est le fédiverse [5]/Mastodon [6] et un peu Bluesky, mais Bluesky n’est pas vraiment décentralisé à l’heure actuelle.

Quels réseaux sociaux comme conventions sociales ?

Le problème avec les réseaux sociaux c’est que tout le monde veut y être parce que tout le monde y est, il y a donc un problème de poule et d’œuf : personne ne va partir tout seul de X ou tout seul de Facebook pour aller faire un réseau social tout seul ailleurs, ça n’a aucun sens. On a donc besoin d’un basculement massif et d’arriver aussi à faire ce basculement en permettant aux personnes de garder leur audience.

Nouveaux terrains numériques : ex du changement climatique

Juste pour comprendre la différence, si vous regardez Mastodon ici et Twitter ici, sur la question du climat, vous avez la carte des échanges sur le climat sur Twitter et vous la carte des échanges sur le climat sur Mastodon. Sur Mastodon, il y a une grosse communauté, il n’y a pas de climato-sceptiques. Il y a d’autres biais, on peut en discuter, mais c’est juste pour vous montrer que la plateforme a vraiment un rôle important.

Non-respect du DSA, art.40

Vu le résultat à la fois de toutes ces recherches où on disait « X est dangereux » et le fait que c’est confirmé notamment avec l’élection américaine, il faut arriver à implémenter ce que recommande le DSA, mais qui n’est pas une obligation pour le moment, c’est-à-dire la portabilité des données. Le DSA explique que le fait de pouvoir capter les données des utilisateurs et les empêcher de partir avec leurs données, notamment leurs données d’audience, c’est anticoncurrentiel, mais c’est aussi une manière de bloquer l’innovation, etc., et ça doit cesser. L’Europe dit que ça doit cesser, mais sans mettre de pénalité, du coup personne ne le fait. Mais nous en tant que citoyen, en tant que centre de recherche, on peut tout à fait implémenter un outil qui permet de faire la portabilité, puisque c’est dans le droit européen.

C’est ce qu’on a fait avec ce projet-là, OpenPortability [7], qui était un des deux pieds du projet HelloQuitteX [1]. Il y avait un autre branche qui s’appelait Escape-X [8], qui existe toujours, qui est la branche de mobilisation, qui a fait la mobilisation et nous, nous avons un projet de recherche pour observer les environnements numériques, notamment poursuivre l’observation de ces réseaux sociaux. Dans ce projet-là, on a cette plateforme de portabilité qui permet aux personnes de dupliquer leur environnement social de X vers Mastodon ou Bluesky. L’idée c’est de permettre à un maximum de personnes de pouvoir dupliquer leur environnement, elles peuvent rester sur X si elles le veulent, mais, au moins, elles retrouvent les personnes qui en ont fait la démarche sur les autres réseaux.
Si ça vous intéresse, vous prenez cinq minutes et vous rentrez dans cet annuaire. Les seules données qui sont traitées sont les données de connexion qui sont publiques sur votre profil, il n’y a rien de caché, les données existent sur votre profil, mais on ne peut pas les moissonner en masse parce qu’il n’y a plus les API. Si vous passez par la plateforme, on sera ensuite capable de vous reconnecter automatiquement à tous ceux qui ont fait la même démarche de leur côté, de Twitter vers Mastodon.

La face cachée de la désinformation

Je vais m’arrêter là. Je mentionne juste 30 secondes le fait que quand vous faites ce genre d’opération, évidemment, comme ces infrastructures-là sont vitales pour tous ceux qui s’attaquent à la démocratie pour maintenir leur présence, puisque, en fait, X n’est pas modéré, par exemple, des contenus nazis qui devraient être modérés en Europe ne le sont pas, donc vous avez pas mal d’acteurs pour qui ce genre d’infrastructure est vital pour garder de la visibilité. Donc, dès que vous permettez aux utilisateurs de faire un choix un peu éclairé sur les infrastructures, vous êtes attaqué. Ça a été notre cas.
On avait lancé HelloQuitteX [1]. Ce petit chat a été fait par Geoffrey Dorne qui a fait la keynote hier, il nous a vraiment aidé de manière extraordinaire. On a aussi été aidés par le réseau Data For Good qui a été génial, des ingénieurs sont venus nous aider. Ce petit chat a fait disjoncter toute l’extrême droite. Même Pascal Praud a commencé à parler de HelloQuitteX, c’était complètement lunaire.

Campagne de dénigrement contre l’équipe d’OpenPortability

On s’est fait attaquer sur X, évidemment avec plein de contenus haineux mais aussi des photos de pendus, des trucs comme ça. En fait, on a eu une attaque en quatre temps qui reproduit ce qui s’est fait aux États-Unis où ils ont fait fermer les centres de lutte contre la désinformation de Stanford, de Harvard et là ils sont en train de s’arrêter à Indiana.
Voici le schéma.
Sur les réseaux sociaux on balance de la désinformation et puis on fait du harcèlement.
Ensuite ça passe dans les médias, c’est blanchi, les médias reprennent les informations, donc ça devient un peu officiel.
Ensuite vous avez des élus, partis politiques, qui vont poser des questions au Gouvernement en disant « ils ont détourné de l’argent, ils font ça sur fonds publics et tout ».
Ensuite vous avez d’autres acteurs qui attaquent au juridique.
Après, vous avez l’institution qui se prend tout ça, qui se tourne vers les chercheurs, etc., qui dit « là il faut arrêter, attention ».
Cette structure-là a fait fermer les centres aux États-Unis et c’est ce qui nous est arrivé en janvier dernier. On a eu les médias Bolloré, ensuite on a eu l’UDR et le Rassemblement national, il y a eu deux questions à l’Assemblée, donc officielles, plus des vidéos notamment de Ciotti qui critiquait le projet et, derrière, plusieurs acteurs qui sont très proches du projet Périclès d’Édouard Stérin, Édouard Stérin c’est Smartbox, milliardaire, exilé fiscal en Belgique, mais qui s’intéresse quand même à la France, qui veut faire avancer l’agenda de l’extrême droite, donc qui finance. Il a mis 150 millions d’euros sur la table sur dix ans pour financer les différents think tanks – juridique, éducation, etc. –, pour, comme il dit, faire changer la peur de camp.
On a donc eu une attaque sur les réseaux sociaux qui vient de la chambre des confusionnistes, on les a cartographiés, ce sont tous ceux-là, ils sont là [UDR, Ciotti, Asselineau, Philippot,etc., NdT]. Ces gens sont des spécialistes de la désinformation, ils étaient sur toutes les autres polémiques que l’on a analysées avant, antiwokistes,islamogauchistes, le grand remplacement, Jean-Michel Trogneux, je ne sais pas si vous en avez entendu parler, Omicron, etc.
Ensuite on a eu toutes ces belles revues de presse dans les médias d’extrême droite. Ce qui était marrant c’était « on est contre la liberté d’expression parce qu’on dit aux gens qu’ils peuvent aller ailleurs. » !
Ensuite on a eu donc les interventions politiques, donc questions de députés à l’Assemblée.
Ensuite, la plainte qui est en cours contre le CNRS disant que HelloQuitteX, c’est le grand Satan.
Quand on fait la cartographie par rapport à la nébuleuse Stérin, ce sont plusieurs acteurs qui ont fait feu en même temps, à quatre jours d’intervalle, pour essayer de dézinguer le mouvement.

Je vais m’arrêter là parce qu’il y aurait beaucoup de choses à dire, c’est juste pour vous faire comprendre que c’est une bataille qui est à la fois géopolitique mais aussi à l’intérieur. Vous avez les acteurs politiques qui sont évidemment associés à ça et il y a des convergences d’intérêts, par exemple les médias Bolloré ont soutenu, vous l’avez certainement vu, Vladimir Poutine et la politique de Moscou contre la politique européenne par rapport à l’Ukraine récemment.
Je m’arrête là, je remercie juste mes collaborateurs qui m’ont permis de faire tout ça.
Merci beaucoup.