Émission Libre à vous ! diffusée mardi 11 mai 2021 sur radio Cause Commune


Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Isabella Vanni : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Webassoc et son parcours vers la libération de son système d’information, c‘est le sujet principal de l’émission du jour avec également au programme la chronique « Jouons collectif » sur le thème « Peut-on encore être un artisan du Web ? » et aussi la chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » sur le thème « Une nouvelle vision des activités d’Antanak ». Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Soyez les bienvenu·e·s pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April.

Le site web de l’April est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 11 mai 2021, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission d’aujourd’hui mon collègue Étienne. Bonjour.

Étienne Gonnu : Salut.

Isabella Vanni : Depuis quelques semaines, nous avons de nouveaux jingles, notamment un jingle diffusé en début d’émission et un autre diffusé après une pause musicale avec la voix de Laure-Élise Déniel. Aujourd’hui vous allez écouter la version définitive de ces jingles montés par Samuel Aubert, les musiques étant Dolling par CyberSDF et Waiting room de Jahzaar. Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[jingle]

Chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame, bénévole à l’April, sur le thème « Peut-on encore être un artisan du web ? »

Isabella Vanni : Nous allons commencer par la chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame.
Bonjour Vincent. Je te passe la parole.

Vincent Calame : Bonjour Isabella.
Le titre est : « Peut-on encore être un artisan du web ? »
Vous savez que j’ai travaillé récemment sur le futur site de l’émission Libre à vous ! et plus particulièrement sur l’importation des données existantes, ce qui m’a amené à balayer méticuleusement l’ensemble des émissions passées pour vérifier qu’aucune information n’était perdue au passage. Du coup, cela m’a donné envie de piocher dans quelques séquences à écouter pour m’accompagner lors de l’écriture de mon code informatique.
Une petite séquence de l’émission 64, du 28 avril 2020, à retrouver sur le site, a retenu mon attention et est à l’origine de cette chronique. Dans cette séquence, Étienne Gonnu, qui animait l’émission, prend des nouvelles de François Poulain, trésorier de l’April, qui se présente comme « artisan du logiciel libre ». François Poulain explique cette jolie formule, « artisan du logiciel libre », pour dire, je cite, « quand on va voir un usager et qu’on réfléchit à des solutions avec lui, la première chose qu’on écoute c’est son besoin ». On voit l’analogie avec un menuisier qui va vous construire une bibliothèque sur mesure bien plus adaptée à votre pièce que ce que pourra offrir une bibliothèque préfabriquée du commerce.
Mais cette idée « d’artisan » dans le monde informatique m’a aussi rappelé une remarque que m’avait faite un jour un collègue et ami qui avait lui aussi une longue expérience de travail avec le monde associatif et, en particulier, des sites web. Il me faisait remarquer qu’il devenait de plus en plus compliqué d’être un artisan du Web en comparaison avec les années 2000. Il me prenait comme exemple la sécurité informatique : il avait été contacté par des avocats qui travaillaient dans des pays sensibles et qui devaient donc être très précautionneux sur la confidentialité des échanges et, lui, ne pensait pas avoir les compétences suffisantes et les reins assez solides pour répondre à leur demande.
On pourrait donner d’autres exemples où le niveau de technicité, d’exigence de sécurité ou d’ergonomie rend le ticket d’entrée particulièrement élevé : par exemple, gérer un serveur de courriels est loin d’être simple si on veut que ses courriels ne soient pas traités comme indésirables par les géants du secteur.
De là ma question initiale : peut-on encore être un artisan du web ? Est-ce que nous ne sommes pas face à un processus inéluctable d’industrialisation et d’uniformisation qui rend le travail artisanal marginal ? On pourrait faire une analogie avec l’automobile. Les premières automobiles sont sorties, à la fin du 19e siècle, de petits ateliers, avec une grande variété de formes et de styles. En comparaison, nos voitures modernes se ressemblent toutes et manquent singulièrement d’âme et de charme.
Bien sûr, l’industrialisation ne manque pas d’avantages, à commencer par le prix. C’est par la standardisation, dont Ford a été le fer de lance entre les deux guerres, que la voiture est devenue accessible à tous. On ne se plaindra pas non plus que les voitures soient soumises à homologation et qu’il ne soit pas autorisé de faire rouler n’importe quoi sur les routes. Et ce n’est pas plus mal que, d’un modèle à l’autre, les tableaux de bord reprennent les mêmes éléments : devoir passer une demi-heure à comprendre l’emplacement des différents éléments de la conduite quand on se met au volant d’un nouveau véhicule serait assez pénible !
Pour revenir au Web, cette uniformisation est en marche par exemple si on en croit les parts de marché de WordPress qui serait de deux sites sur cinq d’après un site qui s’appelle W3Techs. J’ignore quelle valeur on peut donner à ces chiffres, on peut sans doute en discuter, mais de ma part, de mon expérience personnelle, ils me semblent crédibles. Cela dit, WordPress est un logiciel libre, on peut donc plutôt se réjouir de son succès, surtout face à la plus grande offensive d’industrialisation et d’uniformisation du Web qui soit, je veux parler des pages Facebook. Créer une page Facebook est très simple, c’est incontestable, tout comme il est incontestable que cela enferme les créateurs et interdit toute approche « artisanale ». Si tout devenait « page Facebook », comme le rêve cette entreprise, nous n’aurions plus qu’à mettre la clé sous la porte.

Je vais quand même terminer par une note optimiste. Je pense que mon analogie avec le secteur automobile n’était pas très encourageante. Je pense qu’il en va autrement si je fais une analogie avec un autre secteur, celui de la restauration. Dans la restauration, nous avons de la malbouffe, ultra-standardisée, je ne cite personne, et ça c’est Facebook. Nous avons de la cuisine dite « d’assemblage » c’est-à-dire où le cuisinier se contente d’utiliser des produits préparés, semi-préparés, il assemble du surgelé, c’est un peu WordPress si on veut. Et il y a, heureusement, la cuisine traditionnelle où la normalisation est bannie et où c’est l’approche artisanale qui règne en maître. Bien sûr, la cuisine traditionnelle est plus chère, prend plus de temps, est réservée aux grandes occasions.
Je pense que c’est là aussi l’avenir des artisans du Web. Face au rouleau compresseur de l’uniformisation, je pense qu’il existera toujours une niche où nous pourrons proposer une approche différente et du sur-mesure.

Isabella Vanni : Merci beaucoup, Vincent Calame, pour cette chronique consacrée au futur, s’il y en a un, des artisans du Web. Je suis contente pour la note positive que tu as choisi de partager avec nous à la fin de la chronique.
Est-ce que tu te sens un artisan du Web, du coup ?

Vincent Calame : Oui, oui, je suis un artisan du Web. Comme la chronique se passe en début d’après-midi c’est plus facile de parler de restauration que juste avant le repas, sinon on aurait eu d’autres choses en tête !

Isabella Vanni : C’est vrai. Merci beaucoup Vincent. À très bientôt pour la prochaine chronique « Jouons collectif ».
Nous allons maintenant faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Nous allons écouter 70 ans après la mort par Lame Spirale, sous licence libre Creative Commons CC By SA 3.0. Avec ce morceau, l’artiste a essayé d’appliquer la logique des droits d’auteur à la parentalité. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : 70 ans après la mort par Lame Spirale.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter 70 ans après la mort par Lame Spirale, un morceau que, personnellement, je trouve presque hypnotique, je pourrais l’écouter en boucle, d’ailleurs je crois l’avoir déjà fait. Ce morceau est disponible sous licence libre Creative Commons CC By SA 3.0, donc Attribution et Partage dans les mêmes conditions ce qui permet la réutilisation, la modification, la diffusion, le partage pour toute utilisation, y compris commerciale, à condition de créditer l’artiste, le nom, la source du fichier original, d’indiquer la licence et d’indiquer si des modifications ont été effectuées. Dans le cas où vous effectuez un remix, que vous transformez ou créez du matériel en utilisant cette musique, vous devez diffuser votre œuvre modifiée dans les mêmes conditions, c’est-à-dire avec la même licence.

[Jingle]

Isabella Vanni : Passons maintenant au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Webassoc, et son parcours vers la libération de son système d’information

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui porte sur l’association Webassoc et plus particulièrement sur son parcours vers la libération de son système d’information avec nos invités Alexane Trubert, présidente bénévole de Webassoc, et Jean-Luc Mahé, responsable bénévole des systèmes d’information de Webassoc, qui interviennent à distance.
N’hésitez pas à participer à notre discussion sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».
L’échange sera animé par Laurent Costy, administrateur de l’April, qui est avec moi en studio. Bonjour Laurent, je te passe la parole.

Laurent Costy : Bonjour Isabella, merci pour la parole.
Peut-être pour commencer, moi-même je ne sais pas très bien comment on prononce « webassoc », « webassos », « webasso », les deux invités vont nous le dire pour introduire le sujet. Alexane et Jean-Luc, est-ce que vous m’entendez ?

Alexane Trubert : Je t’entends. Bonjour à tous.

Laurent Costy : Bonjour Alexane.
Jean-Luc.

Jean-Luc Mahé : Bonjour à tous.

Laurent Costy : Bonjour Jean-Luc.
Pour commencer l’émission, ça me semble extrêmement important que vous puissiez vous présenter, ce que vous êtes à l’association, évidemment préciser comment on prononce le nom de l’association et puis nous donner un petit peu votre parcours dans cette association, comment vous y êtes arrivés et ce que vous y faites. Alexane.

Alexane Trubert : Pour la prononciation, je vous avoue qu’on n’est pas tous d’accord, moi j’aurais tendance à dire « webasso », mais je sais que beaucoup de personnes disent « webassos », donc on va dire que chacun le prononce un petit peu comme il veut.
Pour la présentation, de base je suis photographe scientifique au CNRS donc très loin du milieu associatif, passionnée du Web et webmaster, orientée Drupal, magnifique outil libre. Je suis arrivée chez Webassoc un petit peu par hasard, j’avais un petit peu de temps libre, mais pas trop, je ne me sentais pas de m’engager dans une association à temps plein. Webassoc propose des petites missions sur du court terme, donc j’ai commencé en remplissant une demande pour aider à la mise à jour des flyers de communication de l’association. Puis, de fil en aiguille, je me suis retrouvée là.

Laurent Costy : Tu t’es retrouvée présidente de l’association, ce qui est quand même un beau parcours.
Jean-Luc vas-y, je t’en prie.

Jean-Luc Mahé : Bonjour à tous. Moi je suis plutôt « webassos », pour répondre à Alexane.
Je ne suis pas du tout informaticien, je suis dans le domaine des infrastructures. Par contre, je suis intéressé par le Libre depuis longtemps. Je pense que c’est une vraie réponse au monde associatif. Je suis arrivé à Webassoc via un outil, qu’on utilise aujourd’hui, qui est CivicCRM, je pense qu’on en reparlera, qui est un CRM libre. La présidente de l’époque, Raphaëlle, m’a sollicité sur le forum sur lequel je traînais pour venir, comme Alexane, faire quelques missions, et puis, de fil en aiguille, je me suis retrouvé en charge des systèmes d’information et de la bascule des outils de Webassoc vers le Libre.

Laurent Costy : Merci Jean-Luc. Il faudra expliquer tout à l’heure ce qu’est un CRM.
Maintenant que vous vous êtes présentés, on va passer à l’objet de l’association elle-même, vous avez commencé à l’évoquer, mais ça peut être important qu’Alexane précise quel est l’objectif de cette association et un peu son histoire, depuis quand elle a été créée.

Alexane Trubert : Désolée Jean-Luc, je vais rester sur « webasso ». Webassoc a été créée en 2013 par l’ancienne présidente, Raphaëlle. L’idée qu’elle a eue c’était de réunir une communauté d’experts du Web, du digital, pour venir en aide aux associations de façon totalement bénévole. Pour renforcer un petit peu cette idée du bénévolat, Webassoc n’a aucun financement, on est vraiment tous bénévoles. On a une communauté d’environ 2000 experts du Web sur différents sujets, ça va de la création de sites internet aux réseaux sociaux, la création de flyers, le contenu, en fait tout ce qu’on peut faire depuis un ordinateur. On met cette communauté de bénévoles à disposition des associations pour leur venir en aide de façon ponctuelle, des petites missions assez rapides.

Laurent Costy : D’accord. Merci Alexane.
Est-ce que, au début de la création de l’association, l’orientation logiciel libre était déjà ancrée ? Est-ce qu’elle est venue après ? Est-ce que vous pouvez expliciter un petit peu ce parcours ?

Alexane Trubert : Je ne sais pas si j’aurais l’historique exact et si c’était vraiment bien ça à la base, mais je pense qu’au début Raphaëlle a fait un petit peu avec les outils qu’elle trouvait. Pour le site internet on est sur WordPress donc là ça va niveau libre, par contre, pendant très longtemps par exemple on a utilisé la suite Google. Je pense qu’au début l’idée c’était vraiment de faire en sorte que Webassoc puisse s’en sortir grâce à des outils pas forcément libres.

Laurent Costy : D’accord. Et depuis 2013, du coup, comment se fait ce choix des outils ?
Il y a un léger décalage avec Jean-Luc, c’est un peu compliqué, mais vas-y Jean-Luc, tu as la parole.

Jean-Luc Mahé : Comme l’a expliqué Alexane, on a d’abord surtout travaillé sur l’usage. On a utilisé ce qui correspondait à ce dont on avait besoin. En arrivant et en ayant cette culture du Libre, j’ai proposé des solutions, un peu comme Framasoft de son côté de manière beaucoup plus large, et, petit à petit, on a remplacé chacun de nos outils par des outils libres. On était déjà avec WordPress, une solution libre. On a une grosse base qui est Nextcloud, notre système de collaboration. On a aussi regardé, ensuite, tout ce qui est aspect visioconférence, on en parlera après. Le dernier morceau qu’on vient de basculer, qui était un morceau assez important pour nous puisqu’on est une communauté complètement décentralisée, c’est la messagerie instantanée ; on est passé tout récemment de Slack à Rocket.Chat.

Laurent Costy : Merci Jean-Luc.
Qu’est-ce qui a été déterminant, un peu, dans cette orientation vers le logiciel libre pour les associations ? Qu’est-ce qui a été déclencheur, qui a fait que vous vous y êtes engagés et que vous avez poursuivi dans cette voie ?

Jean-Luc Mahé : Je me permets Alexane. En fin de compte, comme l’a expliqué Alexane, Webassoc portait ce message, mais dans les faits, entre guillemets, c’était « faites ce que je dis et pas forcément ce que je fais ». Ça a quand même été une volonté portée par le bureau à l’époque, dont je ne faisais pas encore partie, qui a voulu être en cohérence avec les outils qu’il utilisait par rapport au discours qu’il pouvait porter. La tâche m’a été confiée et on a travaillé sur deux aspects : un aspect référentiel ; on utilise le référentiel qui s’appelle le SILL, Socle interministériel des logiciels libres, qui est une liste établie par la DSI de l’État sur un usage/une solution libre, et une feuille de route qui a été, vis-à-vis de ça, le temps qu’on s’est donné pour basculer tel ou tel outil vis-à-vis de ce référentiel.

Laurent Costy : D’accord. Merci Jean-Luc pour cet aspect de choses.
Je poserais plutôt cette question à Alexane : comment fait-on pour, à la fois, répondre à l’objet d’une association en ayant au sein du bureau une personne qui n’arrête pas de vous faire changer d’outils, qui vous bouscule, qui vous dit « eh bien non celui-là est moins bien que celui-là parce qu’il n’est pas libre, il faut prendre du Libre », etc. ? Comment arrive-t-on à jongler au quotidien ? Par expérience, j’ai vu dans des associations que cette volonté de certains de vouloir aller vers du logiciel libre pouvait être vraiment très gênante au quotidien et, pour d’autres, se dire « on n’a pas le temps, il faut qu’on réponde à notre objet associatif ». Comment arrive-t-on à articuler ça pour que ce soit viable pour tout le monde ?

Alexane Trubert : C’est vrai que ce n’est pas forcément évident, déjà, de faire suivre tout le monde sur les différents outils. On ne peut pas se permettre de changer d’outil tous les trois, quatre matins. Après, je pense que c’est quand même dans notre ADN, chez Webassoc, de tester des choses, d’essayer d’aller vers le Libre et du coup, notamment pour ce dernier outil, quand on est passé de Slack à Rocket.Chat, ça n’a pas été simple et je pense qu’on a quand même perdu quelques personnes en route, malheureusement, mais tout le monde a voulu suivre. En plus, c’était au moment où Slack était racheté, ce n’était pas forcément un bon moment au niveau des données, on ne savait pas trop ce que ça allait faire, donc ça s’est fait assez facilement.
Après, au niveau du choix des outils, je ne vous cacherai pas que de temps en temps il faut que je freine un petit peu Jean-Luc qui a envie de tout tester, de tout mettre en place et, des fois, de sortir des outils qui sont peut-être un peu trop gros pour l’utilisation qu’on a. Il y a un petit travail de cadrage. On réfléchit un petit peu aux outils, on réfléchit vraiment à quel est notre besoin : est-ce qu’on a vraiment besoin d’une machine de guerre alors que, finalement, un petit truc suffirait. Une fois qu’on a bonne idée on teste et, si le test est concluant, on y va.

Laurent Costy : D’accord. Merci.
En tout cas, si je retiens ce qui a marché chez Webassoc, c’est le fait qu’à la fois qu’il y a bien eu une décision politique dans l’instance de décision de l’association et puis, à partir du moment où la décision a été prise, les compétences ont été trouvées au sein de l’association. Donc si je comprends bien, si je traduis bien ce qui s’est produit, c’est bien cette combinaison des deux aspects, à la fois l’aspect technique et à la fois l’aspect politique, en tout cas ça s’est enclenché ce qui fait qu’actuellement ça se poursuit et plutôt vers un objectif qui tend vers le logiciel libre. C’est bien ça ?

Alexane Trubert : C’est exactement ça. Oui.

Laurent Costy : Merci beaucoup. Vas-y Jean-Luc. Tu voulais peut-être compléter.

Jean-Luc Mahé : C’est exactement ce qui a été évoqué. L’exemple que citait Alexane est un bel exemple. Moi je serais plutôt parti vers Matrix qui est une messagerie instantanée, décentralisée, extrêmement vertueuse et on est revenu à Rocket.Chat qui est quand même, tout en étant libre, beaucoup plus proche de l’outil qu’on utilisait précédemment qui est Slack et c’est vraiment important de l’intégrer. C’est difficile en tant que fada de technique de s’auto-limiter, mais oui, il faut rester en cohérence et en continuité par rapport aux usages précédents.

Laurent Costy : D’accord, merci.
Dans le chat on pose la question du nombre de personnes dans la « communauté », entre guillemets, de Webassoc. Il y a déjà une première réponse qui a été donnée, j’ai entendu tout à l’heure 2000 bénévoles. On peut redire peut-être le fonctionnement quand même un peu particulier de l’association. Particulier non pas parce qu’elle n’a que des bénévoles, mais parce que c‘est un choix assumé et que, en tout cas à ce jour, il ne devrait pas y avoir de permanents, ce n’est pas dans les projets de l’association.

Alexane Trubert : C’est ça. Niveau chiffres, si on veut en donner, on a à peu près une cinquantaine de bénévoles Webassoc qui sont sur différents sujets, notamment le sujet technique mais aussi tout ce qui est accompagnement bénévoles et associations parce que c’est quand même un petit peu la base de notre association. Pour chaque bulle, pour chaque équipe, on a un responsable. Ce ou cette responsable fait partie d’un comité de pilotage. Ce comité de pilotage élit son président soit dans ses membres soit en dehors.

Laurent Costy : Merci beaucoup. Juste pour clore peut-être sur les parcours, je voulais savoir s’il y avait eu un moment déclencheur dans la vie de Jean-Luc qui a fait qu’à un moment donné il s’est tourné définitivement vers le monde du Libre ou si, finalement, c’est au fil du temps qu’il s’est convaincu que c’était la voie qu’il fallait suivre ? Je repense à Richard Stallman qui a eu une prise de conscience en se battant avec une imprimante, est-ce que tu as eu un moment comme ça, dans ta vie, où tu t’es dit « en fait, la voie c’est le Libre » ?

Jean-Luc Mahé : C’est un peu ça quand même, pas au niveau du Richard Stallman ! À un moment donné, j’ai trouvé important de pouvoir réutiliser des PC qui traînaient chez moi, donc je me suis intéressé à la manière dont je pouvais faire, notamment avec une distribution qui s’appelle Emmabuntüs qui est vraiment orientée reconditionnement. Emmabuntüs m’a déjà amené à comprendre qu’un PC ça peut être bien autre chose qu’un déchet, ça peut tout à fait répondre aux besoins quotidiens sans avoir besoin de réinvestir et, pour le coup, de recréer un déchet supplémentaire. En plus, comme c’est une distribution qui est bien fournie en logiciels, ça m’a amené à découvrir plein de merveilleux outils, en tout cas à comprendre que ça faisait exactement la même chose que ce je pouvais avoir sur mon environnement professionnel. En parallèle, je suivais également l’association Framasoft qui, avec sa campagne « Dégooglisons », a clairement montré qu’on peut prendre tous les services proposés par Google et leur mettre en face une réponse équivalente.

Laurent Costy : Pour terminer là-dessus, est-ce que les révélations d’Edward Snowden en 2013 ont eu un impact ou est-ce que ça n’a fait qu’accélérer un cheminement ?

Jean-Luc Mahé : Personnellement, c’était pour moi un cheminement qui était déjà là. Plus que l’aspect sécurité des données, ce que je trouve très important dans le Libre c’est de séparer la notion de logiciel et d’hébergeur et d’avoir ce choix d’hébergeur, de pouvoir choisir son hébergeur, en changer, et surtout prendre celui qui est le plus proche de chez soi. Par exemple, j’ai rencontré physiquement notre hébergeur qui héberge Nextcloud, j’ai pris un café avec lui, c’est quand même très sympathique, en tout cas plus rassurant de pouvoir discuter en physique avec son hébergeur.

Laurent Costy : Oui, un petit peu comme les commerces de proximité et ces circuits courts qu’on n’arrête pas de nous vanter. Effectivement, on rejoint un peu cette logique-là.
Du coup, par rapport à cet objet, on l’a déjà peut-être un peu évoqué, évidemment que l’un nourrit l’autre, à savoir l’objet de l’association vis-à-vis des structures que vous aidez, est-ce que vous faites aussi la promotion des outils libres quand vous allez appuyer des associations ?

Alexane Trubert : Oui, on va essayer. Il faut savoir que les associations qu’on aide ne sont pas des grosses associations. On va plutôt essayer d’aider des petites ou des moyennes associations qui ne vont pas forcément avoir les moyens de se payer un prestataire, donc forcément ces associations-là ne vont pas non plus avoir les moyens, des fois, de dépenser énormément d’argent dans des outils. L’expertise qu’on peut avoir et les tests qu’on peut faire de notre côté apportent des fois des réponses aux associations. Forcément, quand on les voit, par exemple, qui se dirigent vers Google Analytics pour analyser le trafic sur leur site, on va leur dire « vous savez, il y a d’autres outils qui existent, qui sont beaucoup plus propres et, au moins, vous arrêteriez un petit peu de donner des infos à Google et ça pourra être intéressant ». Donc oui, je pense qu’on en parle quand même beaucoup autour de nous.

Laurent Costy : Jean-Luc, éventuellement, tu as quelque chose à ajouter.

Jean-Luc Mahé : Comme expliqué, le bel exemple c’est ce que vient de dire Alexane. On a commencé à s’intéresser à un autre outil que Google Analytics, celui qui vient en tête c’est Matomo. On a un bénévole, Ronan Chardonneau, qui vient régulièrement faire des formations, en présentiel ou en ligne, sur cet outil et on a vu grimper, même basculer par rapport au nombre de personnes intéressées aux formations de Google Analytics qu’on continue quand même à proposer parce qu’on est vraiment orienté associations. Le but n’est pas de dire « oubliez ça », mais c’est bien d’offrir, on va dire, les deux possibilités et espérer qu’au fur et à mesure que les gens vont comprendre que Matomo est une réponse équivalente et, en tout cas, plus vertueuse, le nombre de participants à la formation à Google Analytics s’éteignant on arrêtera la formation.

Laurent Costy : D’accord. Merci.
Avec le recul que vous avez à Webassoc, par rapport aux premières interventions que vous faisiez, est-ce que vous voyez une prise de conscience des petites associations que vous aidez ? Est-ce que vous les sentez vouloir aller vers le Libre ou, en tout cas, entrer, donner des besoins en lien avec le logiciel libre ?

Alexane Trubert : Je sais qu’on a de temps en temps, en effet, quelques demandes de personnes qui ont besoin de formation sur Nextcloud et qui viennent d’elles-mêmes nous voir.
Pour avoir fait quelques renforts web ces derniers temps et avoir aidé à des actions, notamment sur ce sujet du Google Analytics, là, dernièrement, il y a une association qui était sur Analytics, je lui ai proposé de passer sur Matomo en lui expliquant un petit peu le pourquoi du comment. L’association a tout de suite dit oui, qu’en effet ce serait une bonne idée. Ce n’est pas la seule dans cette dynamique-là. Je pense qu’il y a quand même, avec tout la publicité qui se fait en ce moment sur les réseaux, sur les données, sur ce genre de choses, je pense que les associations prennent quand même conscience, même si elles essayent aussi d’avancer et, des fois, les outils qui sont le plus mis en avant, comme Google, prennent le pas, malheureusement, parce qu’elles n’ont pas le temps ou les compétences pour aller voir ailleurs, ou la curiosité, tout simplement.

Laurent Costy : D’accord. Merci. J’en profiterais pour faire une petite annonce. Vas-y Jean-Luc, je t’en prie

Jean-Luc Mahé : Je compléterais ce que disait Alexane en disant que souvent les associations n’ont pas le niveau de technicité qui leur permet d’avoir cette prise de conscience. C’est dans leur tête, clairement, et, dès lors qu’on leur apporte des solutions, elles prennent. Si je peux, entre guillemets, « donner un conseil », c’est de commencer par le bureau. Souvent, en plus, les échanges du bureau sont quand même des sujets qui peuvent parfois être sensibles, en tout cas qu’on n’a pas envie de retrouver sur des endroits qu’on n’a pas choisis, donc c’est le bon endroit pour démarrer. C’est un espace petit avec peu de personnes concernées, qui sont faciles à faire converger et souvent, quand là ça commence, il y a après une prise de conscience qui fait que l’association va commencer à se dire « tiens, d’autres outils, est-ce que je peux mettre mes photos ailleurs que sur Flickr ? – Eh bien oui, il y a Piwigo. – Est-ce que je peux faire des enquêtes avec un outil libre ? – Eh bien oui, il y a LimeSurvey », etc.

Laurent Costy : D’accord. Du coup je fais la petite annonce que j’évoquais tout à l’heure. Vous avez parlé de Matomo, en fait Ronan Chardonneau viendra parler de Matomo le 22 juin prochain avec Alexandre Bulté d’Etalab. Du coup, ça rebouclera avec ce sujet qui, effectivement, est important pour éviter de trop nourrir, de continuer à nourrir les GAFAM qui sont déjà bien trop gavés à mon goût.
On a déjà un peu évoqué le sujet, mais par rapport à la facilité de la transition, visiblement les membres de l’association, en tout cas fortement impliqués, sont déjà sensibilisés au numérique. Vous avez déjà évoqué le fait que la chose est relativement aisée à cause de ça. Est-ce qu’il y a quand même des précautions à prendre justement pour faire que les outils libres soient adoptés ? Alexane.

Alexane Trubert : C‘est une très bonne question pour le coup. Je pense qu’il faut avoir quelqu’un dans l’équipe qui est très curieux et qui se donne un petit peu le temps d’aller tester ces outils libres, de les découvrir. À partir du moment où cette personne a le temps de les découvrir et trouve le sujet intéressant, je pense que, derrière, la parole est un peu plus simple et c’est plus simple de conseiller. Typiquement, à Webassoc, si on n’avait pas Jean-Luc pour nous dire « je viens de tester tel outil, c’est trop bien, c’est Libre, en plus on a les données chez nous, ce serait bien qu’on l’utilise, ça pourrait remplacer ça avec lequel on donne des données et il ne faudrait pas. Testons, je vous le mets en place, je vous le mets à tel endroit et on y va ». Il faut vraiment cette personne qui motive un peu tout le monde et qui propose les tests. Je pense vraiment que tout se base sur les tests pour les outils libres ; une fois qu’on les a testés, je pense qu’on adhère tout de suite.

Laurent Costy : On adhère tout de suite. Par rapport à la formation qui est quand même aussi un nœud de ce que vous faites, vous prévoyez systématiquement de l’accompagnement, de l’aide, quand vous mettez en place un nouvel outil ? Ou ce n’est pas nécessaire, peut-être, au sein de l’association ?

Alexane Trubert : Ça dépend des personnes qu’on a en face dans l’association et quel est leur niveau technique. Autant côté Webassoc il n’y a pas de souci, on a tous l’utilisation d’un ordinateur très facile, mais ce n’est pas forcément le cas des associations pour qui naviguer sur le Web est encore un peu compliqué. Pour ce genre d’association on met en place les outils, on leur explique un peu, bien sûr, comment ça fonctionne pour qu’elles puissent s’en servir, mais on va peut-être un petit moins leur expliquer comment faire les mises à jour, vraiment la partie technique, derrière, que là on va peut-être réserver sur des formations un peu plus complètes, pour des associations qui ont justement cette personne un peu moteur au niveau du Libre.

Laurent Costy : D’accord. En tout cas ça conforte ce qu’on s’est dit tout à l’heure, vraiment l’importance d’avoir à la fois l’aspect technique et l’aspect politique prégnant sinon, si on n’a qu’un des deux maillons de la chaîne, ça risque de ne pas fonctionner, en tout cas cet exemple-là montre bien que le lien est important.
Évidemment on essaye des choses, l’expérimentation c’est ce qu’expliquait Jean-Luc tout à l’heure. Peut-être que vous pouvez nous raconter la plus grosse difficulté que vous avez eue dans cette démarche de migration vers le Libre. Jean-Luc.

Jean-Luc Mahé : On l’a évoqué tout à l’heure, pour moi c’est la messagerie instantanée qui est vraiment un système aujourd’hui, même sur le Libre, assez cloisonné. Il n’y a pas vraiment de solution générique qui se dégage, il n’y a pas de WordPress, il n’y a pas de Nextcloud, donc on s’enferme tous, quelque part, dans des espaces et c’est peut-être le truc que je trouve le plus dérangeant. J’espère beaucoup que la fédération des messageries instantanées est quelque chose qui va se développer. Il y a des gens dans le Libre qui bossent sur ce sujet-là et ça serait vraiment top.

Laurent Costy : Quand tu dis la fédération c’est tout ce qui est lié à ce qu’on appelle le Fédiverse où tous ces outils s’interconnectent quels qu’ils soient en fait, c’est ce qui fait la force du réseau décentralisé, c’est un peu ça la logique que tu évoques.

Jean-Luc Mahé : C’est exactement ça. Il faut voir qu’aujourd’hui personne ne se pose la question, quand il envoie un mail, de qui l’envoie et de qui le reçoit. Aujourd’hui, quand vous chattez sur une messagerie instantanée, vous êtes en train de discuter dans un espace où, certes, il y a peut-être des gens que vous souhaitez côtoyer, mais qui reste quand même très fermé ou, en tout cas, ce n’est pas votre choix que de l’ouvrir, vous subissez un peu : il faut avoir WhatsApp parce que vous avez des gens qui sont sur WhatsApp, Slack parce que vous avez des gens qui sont sur Slack et Rocket.Chat parce que votre association est sur Rocket.Chat.

Laurent Costy : D’accord. Donc effectivement il y a beaucoup de choses en ce moment qui essayent de faire converger les outils différents pour qu’ils puissent être interconnectés et interopérables, ce qui faciliterait quand même grandement les choses. Chacun peut avoir son outil mais peut quand même se connecter aux autres outils.
Peut-être que tu pourrais parler, avant la pause musicale, de CivicCRM, qu’on a évoqué tout à l’heure, expliquer ce qu’est un CRM et votre expérience par rapport à cet outil.

Jean-Luc Mahé : CRM, je vais essayer de le dire en anglais, c’est Customer Relationship Management, en fin de compte c’est la gestion d’une clientèle. Il y a des tas de CRM qui existent. Salesforce, propriétaire, est le plus connu. En Libre il y a SuiteCRM, il y a SugarCRM et il y a un CRM qui est un peu particulier, qui s’appelle CivicCRM, qui est orienté associations. C’est-à-dire que dedans on ne va pas parler prospect, on ne va pas parler entreprises, on va parler particuliers, on va parler organisations et on va parler foyers, donc toute la terminologie de ce CRM est orientée vers le monde associatif. Le gros avantage c’est qu’il est libre et on l’interface avec un CMS, Content Management System, comme WordPress qu’on vient d’évoquer ou Drupal qu’a évoqué Alexane, qui va faire le frontal.
Aujourd’hui cet outil est très puissant, il est très utilisé aux États-Unis, au Canada, assez peu en France. C’est clairement un outil qui correspond à ce qu’on chercherait, mais on a du mal à avancer dessus parce que l’écosystème autour du logiciel est encore assez faible en France et c’est compliqué, la communauté étant assez restreinte, pour échanger et pour progresser. C’est dommage parce que, quand on regarde un peu, les possibilités de l’outil sont vraiment très puissantes, c’est-à-dire que ça peut gérer des listes de diffusion, ça peut gérer de l’appel à don, ça peut gérer toutes les listes de vos bénévoles et ça de manière assez pointue et assez interactive.

Laurent Costy : À partir de combien d’adhérents conseilles-tu cette solution ? Peut-être quand même pas les toutes petites associations ?

Jean-Luc Mahé : Oui, tout à fait. C’est une solution qui requiert quand même d’être un certain nombre. Nous on est 2000, je dirais que dès qu’on est au-dessus de 500, en tout cas vers 1000 contacts à gérer, ça a un sens. Pour des solutions beaucoup plus faibles, une association qui a 200 adhérents, 300 adhérents, on va beaucoup plus leur conseiller, en tout cas c’est ce que je ferais, des solutions comme Galette qui est outil libre ou comme Garradin qui est un outil libre également, qui font très bien l’affaire et, en plus, ont des fonctionnalités supplémentaires pour la comptabilité, des choses comme ça.

Laurent Costy : Parfait. On va faire une pause musicale.
Je voulais juste dire que par rapport aux messageries instantanées, il y a eu le sujet le 26 janvier dernier, dans l’épisode 91. Si jamais vous souhaitez en savoir plus référez-vous à cet épisode et je repasse la parole à Isabella.

Isabella Vanni : Merci Laurent. Nous allons faire une pause musicale. Nous allons écouter un autre morceau de Lame Spirale, un artiste que j’ai découvert sur le site dédié à la musique libre Dogmazic. Le titre de ce deuxième morceau est Torrent numérique, toujours sous licence libre Creative Commons CC By SA 3.0. On a contacté l’artiste qui nous a dit : « Avec ce morceau, j’ai essayé de trouver de la poésie à la numérisation qui était encore assez nouvelle à l’époque », le morceau date en effet de 2009, sauf erreur. « C’est encore critiqué – nous dit l’artiste – alors qu’au final cela ne vient pas en camion », c’est l’un des points forts identifiés par l’artiste. Vous retrouvez cette phrase dans le morceau que nous allons écouter. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Torrent numérique par Lame Spirale.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Torrent numérique par Lame Spirale, disponible sous licence libre Creative Commons CC By SA 3.0.

[Jingle]

Isabella Vanni : Je suis Isabella Vanni. Je redonne la parole à Laurent Costy qui anime le sujet principal de l’émission d’aujourd’hui consacrée à Webassoc et à son parcours vers la libération de son système d’information avec nos invités Alexane Trubert, présidente bénévole de Webassoc, et Jean-Luc Mahé, responsable bénévole des systèmes d’information de l’association.
N’hésitez pas à participer à notre conversation sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causcecommune.fm, bouton « chat ».
À toi Laurent.

Laurent Costy : Merci Isabella.
Juste avant la pause musicale, on avait une question : comment s’installe CivicCRM ? Je pense que ce n’est pas inintéressant de pointer cet aspect-là des choses. Il faut savoir que de plus en plus d’hébergeurs proposent des outils de ce type-là qui s’installent en deux/trois clics. N’hésitez pas à regarder chez votre fournisseur de domaine et d’hébergement si ces outils-là ne sont pas accessibles facilement, ça peut vous simplifier la vie dans vos associations. Jean-Luc, si tu veux éventuellement préciser pour CivicCRM.

Jean-Luc Mahé : En fin de compte CivicCRM s’installe sur un WordPress comme un gros plugin. C’est un mode d’installation un peu particulier, mais, du fait que c’est du WordPress ou du Drupal ou du Joomla, puisque ça existe sur les trois plateformes, ça peut s’installer chez la plupart des hébergeurs classiques.

Laurent Costy : D’accord. Merci pour ces précisions techniques. Finalement, je pense que c’est intéressant de le dire parce que certaines associations cherchent compliqué alors que, parfois, la solution est assez simple chez l’hébergeur ou par le plugin pour WordPress par exemple.
On parlait tout à l’heure des plus grosses difficultés que vous avez rencontrées, mais, ce qui nous intéresse aussi, ce sont peut-être les plus belles réussites de Webassoc, est-ce vous pouvez nous raconter ? Alexane ou Jean-Luc, je ne sais pas qui est le plus à même de raconter ça.

Alexane Trubert : Je veux bien. Ce que je trouve vraiment chouette et sur lequel on s’est vraiment amélioré chez Webassoc c’est la visio. J’ai ce souvenir des premières réunions où c’était vraiment très compliqué, parce que comme on n’est pas forcément tous sur Paris, on est un petit peu partout, on faisait ça en partie en visio, par téléphone, on n’avait rien de stable, le son n’était vraiment pas terrible, ça coupait sans arrêt, c’était très compliqué, les réunions duraient deux heures. À la fin on sortait, on était fatigués. C’était vraiment très compliqué !
Aujourd’hui on est passés sur BigBlueButton qui est une solution libre, qu’on a installée et on n’a plus aucun problème. Du coup on en rigole à chaque réunion parce qu’on arrive à faire des réunions de moins d’une heure où tout se passe bien, personne n’a d’écho, le son va bien, il n’y a plus aucun problème. Je trouve que l’évolution sur ce sujet, chez nous, est vraiment top.

Laurent Costy : D’accord. Vous faites des réunions jusqu’à combien de personnes sur BigBlueButton, juste à titre indicatif ?

Alexane Trubert : On a fait notre événement annuel en début d’année, le Waday, et je crois qu’on est montés à une soixantaine de personnes en même temps.

Laurent Costy : D’accord, avec du descendant, une présentation et des interventions. Donc sur vos propres serveurs, chez votre hébergeur, c’est ça Jean-Luc, pour expliciter un peu la manière ?

Jean-Luc Mahé : C’est ça. On aurait pu tout mettre chez le même hébergeur. Dans un souci d’être toujours dans une solution à la portée d’une association qui nous questionne, on a choisi de mettre notre Nextcloud chez un hébergeur qui ne fait que ça. Nos services web sont chez un hébergeur qui ne fait que ça aussi et, pour les services plus techniques que sont BigBlueButton, pour le coup on a des machines virtuelles. Donc le premier hébergeur Nextcloud c’est un hébergeur de Niort, YourOwnNet. Notre hébergeur de services Web c’est O2Switch qui est à Clermont-Ferrand et nos machines sont chez Gandi. On a deux machines, une machine qui tourne sur YunoHost, qui est une Debian, qui permet de faire de l’auto-hébergement, on a un PeerTube dessus, on a notre forge Git avec laquelle on échange un petit peu, et on a une autre machine, à côté, où on a BigBlueButton et on aura bientôt Rocket.Chat qui tournera dessus.

Laurent Costy : D’accord. Donc bel équipement et tout en Libre. Cette démarche est quand même assez remarquable. Vous étiez partis avec beaucoup d’outils privateurs comme Google, etc., et finalement vous êtes pratiquement arrivés à un écosystème où on n’est pas loin du 100 % Libre. Ça donne très envie, finalement, de se faire aider par Webassoc. Est-ce que vous pouvez donner un exemple concret d’accompagnement ? Comment ça se passe ? Je suis une petite association qui rencontre des soucis avec le numérique, avec le Web, comment ça se passe ? Racontez-nous ça.

Jean-Luc Mahé : Je vais prendre un exemple. On a YovoTogo, une association en Vendée qui utilise Emmabuntüs pour reconditionner des ordinateurs et les envoyer au Togo, elle a équipé 20 classes là-bas. Cette association nous a demandé de l’aider à faire son site. On l’a aidée à faire son site. Celui qui tient ça est un passionné de photo, on lui a montré comment avoir une galerie de photos sur Piwigo, qui est quand même plus chouette et plus vertueuse, en termes de maîtrise des données que, comme je le disais tout à l’heure, un Flickr ou un Google Photos. Ce sont aussi des gens à qui on a permis d’utiliser notre service BigBlueButton, parce que ce qui est très intéressant dans le système BigBlueButton c’est que vous pouvez l’interfacer avec du WordPress, du Nextcloud, du Moodle, si vous avez des cours en ligne, tout ça ce sont des outils libres que je cite, donc on peut vraiment très bien partager un serveur à plusieurs. C’est ce qu’on a fait avec eux et, une fois que ça ça a marché, ils nous ont demandé d’aider une autre association qui s’appelle CAPTOGO, qui fédère, en France, pas mal d’associations dirigées vers le Togo, et puis une association qui est carrément là-bas, qu’on a aidé également à développer son site et à développer le système de newsletter parce qu’elle voulait transmettre de l’information.

Laurent Costy : D’accord. C’est l’exemple emblématique, pour vous, d’une démarche de A à Z pour laquelle vous avez accompagné une association. Merci pour cet exemple, du coup avec effectivement beaucoup de logiciels libres.
Dans le chat, oberger nous pose la question des sauvegardes. C’est vrai qu’on a beau avoir un système informatique performant. Comment sont pensées les sauvegardes puisque, finalement, c’est un peu le nerf de la guerre ?

Jean-Luc Mahé : C’est un vrai sujet et finalement pas si compliqué que ça. Si on prend le cas de Nextcloud, tout ce qu’on partage dans l’association est dans un dossier groupé. Tout est commun, on a tous un pouvoir de lecture sur tout ce qui est fait dans l’association et on a des droits d’écriture qui sont en fonction des bulles évoquées par Alexane. Ce dossier est partagé. C’est très facile, quand vous avez Nextcloud, de synchroniser avec un PC qui va vous servir de sauvegarde. Vous savez que si demain votre Nexcloud tombe, sur un PC toutes les copies de fichiers sont disponibles. Ça nous sauvegarde la partie Nextcloud qui est quand même souvent, dans une association, la partie la plus importante, ce que gère notre bureau. Pour nos services web, eh bien quand vous avez du WordPress il y a des tas de plugins qui existent, des extensions que vous allez ajouter qui vont vous permettre de sauvegarder. On sauvegarde le CRM sur Nextcloud pour le coup. On a une connexion – j’utilise des termes !, désolé, je suis un fan de technique – en WebDAV, qui va nous permettre de remonter notre CRM vers Nextcloud. Pour les machines qu’on a chez Gandi, là c’est l’inverse, on considère que les services qu’on met dessus sont des appuis et, entre guillemets, on ne met pas trop d’importance au fait qu’ils restent pérennes ou pas.
On a vraiment cloisonné. On s’est dit ce qui est important on le met dans un endroit bien maîtrisé et on le sauvegarde via le système de synchronisation PC que j’évoquais, ça c’est à la portée de tout le monde.

Laurent Costy : Du coup, vous n’avez pas eu à constater, jusqu’à ce jour, de grosses difficultés avec des données perdues ?

Alexane Trubert : Non, je n’ai pas souvenir que ce sujet ait été abordé un jour. Après, juste pour compléter un petit peu ce que disait Jean-Luc, on se sert aussi de notre hébergeur niveau web pour le site, le CRM et tout ça. On a un hébergeur qui nous offre une sauvegarde dans ses locaux et une sauvegarde en dehors. Après, c’est ce qui est écrit et on a bien vu, avec l’incendie d’OVH, que ce n’est pas toujours vrai. On a ça aussi en plus de tout reste qui, normalement, nous évite de perdre des données. À chaque mise à jour on sauvegarde bien tout de façon à, s’il y avait le moindre problème, on puisse revenir en arrière.

Laurent Costy : D’accord. Merci beaucoup Alexane pour ces précisions.
Je pense qu’on a fait le tour. On avait l’intention d’aborder un peu tous les outils qui composent le système d’information de Webassoc. Je pense qu’on les a passés en revue, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de revenir dessus sauf si Jean-Luc ou Alexane vous voulez préciser des choses. On essaiera, dans le chat de l’émission, de mettre les références de tous les logiciels que vous utilisez, on essaiera de compléter a posteriori. Est-ce qu’il y a des choses à compléter par rapport à ce système d’information-là ou peut-être nous dire quelles sont les dernières étapes à franchir, finalement, pour tendre vers du 100 % logiciel libre dans l’association et montrer, peut-être, que c’est quelque chose de possible ?

Jean-Luc Mahé : Pour revenir quand même à ce qu’on a expliqué au départ, le souci, à chaque fois qu’on met un système, le choix qu’on a fait c’est qu’on est sur du web pur, c’est-à-dire que chez nous on a des bénévoles qui sont sur Mac, on a des bénévoles qui sont sur PC Windows, donc tous nos services sont en Web sans installer quoi que ce soit sur son ordinateur. Ce qu’on préconise aussi – c’est si on veut, et c’est important au niveau de l’empreinte numérique –, on prône de plus en plus le fait de réutiliser, comme je l’évoquais au début de l’émission, des PC obsolètes pour utiliser les services de l’association. Pour tout ce qu’on met en œuvre, à chaque fois on vérifie bien que ça reste compatible.
Après, on est quasiment aujourd’hui sur du 100 % Libre, Alexane tu compléteras, mais pour moi il ne nous manque plus rien. Néanmoins, on n’oblige pas les gens à utiliser telle ou telle chose. Par exemple, aujourd’hui chez Nextcloud, on a en édition en ligne Collabora qui est du LibreOffice. Avec Collobora de LibreOffice, on ne fait pas encore exactement ce qu’on fait avec un Google Sheets, donc on a encore deux/trois tableaux qui traînent là-dessus. Ce n’est pas très grave. A contrario, tout notre écosystème a été basculé.

Laurent Costy : D’accord. C’est quand même un bel exemple d’association qui a pris la décision, un jour, de tendre vers le Libre et qui a pratiquement atteint cet objectif-là, à quelques exceptions près mais qui se comprennent complètement puisqu’il faut aussi être à l’écoute des bénévoleset éviter de torturer les bénévoles qui essaient de faire aboutir l’objectif de l’association.
J’avais peut-être une question un peu supplémentaire. Comment avez-vous vécu l’arrivée du RGPD au sein de l’association ? Comment ça s’est intégré dans tout le processus de l’association, parce ça c’est aussi venu bousculer des choses qui étaient déjà compliquées dans les associations. Ça a parfois donné des signaux extrêmement compliqués, parfois anxiogènes. Comment ça a été intégré par rapport à tout le système d’information de Webassoc ?

Alexane Trubert : Là je ne sais pas si on peut parler d’intégration, c’est en cours, on y travaille, avec un peu de retard pour le coup, mais on y travaille. C’est assez compliqué pour nous parce qu’on est tous bénévoles et il faut des personnes qui aient ces compétences-là, donc il faut réussir à les trouver. Pour le coup, je pense que c’est l’un des points sur lesquels on pêche un tout petit peu. On y travaille pour protéger tout ça. Surtout qu’on a un CRM avec des données personnelles dedans, donc on y réfléchit fort. Je pense qu’on n’a pas grand-chose à en dire pour l’instant.

Laurent Costy : D’accord. Merci.

Jean-Luc Mahé : Comme l’a dit Alexane, c’est notre gros travail, ça reste le gros pavé qu’on a à travailler. C‘est un gros morceau. On a déjà fait un pas qui est de séparer notre frontal et notre CRM qui ne sont plus sur les mêmes sites que WordPress, mais, sur la gestion des droits, il faut décliner ça à toutes les bulles de l’association, donc c’est un gros boulot.

Laurent Costy : D’accord. On approche de la conclusion de l’émission. Peut-être une question avant la conclusion : comment travaillez-vous en partenariat avec d’autres associations qui travaillent sur ces sujets-là, l’informatique, le numérique, le Libre, ou même les autres associations qui travaillent sur la question du numérique en général ? Quels sont vos partenaires, en fait ?

Jean-Luc Mahé : On a un site, si vous allez voir, Bénévolat.fr, qui est un premier espace où on échange avec des associations qui nous ressemblent, il y a Passerelles et Compétences, vous verrez il y en plusieurs. Bénévolat.fr est un collectif, c’est un premier espace d’échange entre des homologues, on va dire. On a un deuxième espace d’échange et, là-dessus, je redonnerai après la main à Alexane parce qu’elle est plus sur ce sujet-là, qui est tourné vers d’autres associations comme Simplon, donc des écoles, comme Latitudes.cc, qui regroupe des offres pour épauler des associations comme nous, parce qu’on a parfois besoin d’aide, ou Share.it. Tout ça ce sont des collectifs qui vont proposer des profils types étudiants prêts à aider des associations.

Laurent Costy : D’accord.
Du coup c’est vrai que j’ai peut-être oublié une question dans la présentation de l’association tout à l’heure. Vous avez évoqué, effectivement, beaucoup de bénévolat, d’ailleurs seulement du bénévolat. On n’a pas évoqué le modèle économique de Webassoc. Finalement quelles sont vos ressources, outre, peut-être, les adhérents ? Et puis c’est pareil, quand je suis une association, que je sollicite Webassoc, entre guillemets, j’ai droit à combien de temps d’accompagnement et quelle forme d’accompagnement ? Est-ce que vous pouvez préciser tout ça ?

Alexane Trubert : Oui on peut !

Laurent Costy : Merci.

Alexane Trubert : On propose deux différents types d’accompagnement. Il y a la partie formation. On va proposer des formations ou des ateliers sur un sujet précis, ça peut être l’utilisation de certains GAFAM mais aussi des outils libres comme Nextcloud et Matomo qu’on propose assez facilement. Là c’est un expert qui donne entre une heure et trois heures de son temps quand il est disponible. On donne la date aux associations et elles peuvent s’inscrire. C’est gratuit, bien évidemment.
C’est le premier accompagnement et, pour le deuxième, c’est du renfort web. Là ce sont des associations qui vont venir remplir un petit formulaire sur notre site internet et qui vont nous dire, par exemple, « j’ai besoin de refaire mon site internet, j’ai besoin d’aide pour mieux comprendre les réseaux sociaux, pour les statistiques, pour du contenu, pour différents sujets ». On part du principe qu’on aide ponctuellement, donc on essaye de ne pas dépasser plus de sept jours d’intervention auprès d’une association. Ce ne sont pas forcément sept jours consécutifs, ça peut être sept jours répartis dans un mois ou plus. On va aider, comme je disais tout à l’heure, des petites ou des moyennes associations qui ne vont pas avoir les moyens de se payer des prestataires et qui travaillent dans les domaines de l’environnement, de l’écologie, de la solidarité, tout ce qui est humanitaire. On a ouvert un petit peu à tout ce qui est éducation depuis la crise du Covid.

Laurent Costy : Merci. On a une question dans le chat, concernant l’accessibilité web : est-ce que vous proposez des formations autour de ce sujet-là ?

Alexane Trubert : Je n’ai pas le calendrier et toutes les formations qu’on propose, par contre je sais qu’on en parle très souvent quand on fait des événements, notamment quasiment à chaque Waday on parle d’accessibilité et on a des mini-conférences web qui vont avoir lieu sur ce thème-là. Ça ne m’étonnerait pas qu’on propose quelques formations sur ce sujet, mais là je ne peux pas trop m’avancer.

Laurent Costy : D’accord. Merci.

Jean-Luc Mahé : On a eu plusieurs fois Tanaguru qui propose un outil libre. Ils sont intervenus plusieurs fois, justement sur le sujet accessibilité, sur des journées ou des formations pour nous.

Laurent Costy : D’accord. Très bien.
Tout à l’heure j’ai posé deux questions et ce n’est pas bien d’en poser deux en même temps. C’était la question du modèle économique. Comment financez-vous l’association ?, avant de conclure.

Alexane Trubert : Grâce à Jean-Luc qui est un très bon commercial et qui va boire des cafés chez les hébergeurs, je pense qu’on peut dire ça comme ça !

Laurent Costy : D’accord. Finalement oui, vous n’avez pas des besoins financiers importants.

Jean-Luc Mahé : Pas du tout, c’est exactement ça. Déjà on est tous bénévoles, donc ça résout la question. Après, pour nos services d’hébergement, à chaque fois j’ai pris un besoin et j’ai, entre guillemets, « démarché » des hébergeurs pour savoir qui était prêt à nous aider, ce qui, d’ailleurs, est assez marrant à voir : ce sont souvent des gens assez proches, du même monde. Je prends l’exemple de O2Switch, ce sont des gens qui hébergent la communauté WordPress de France. Gandi, on connaît leur position, et YourOwnNet ce sont des gens qui sont très proches de beaucoup d’associations du centre de la France. Ces gens-là nous ont « offert », entre guillemets, leurs services. On a quand même, à chaque fois, regardé que les prix qu’ils pratiquent restent des choses accessibles pour des associations. C’est-à-dire que quelqu’un qui voudrait faire la même chose que nous, bien entendu, à un moment donné, ça ne marchera pas, mais, avec 100 euros par an, vous êtes capable d’héberger tous vos services chez des hébergeurs dont c’est le métier. Il faut mettre un peu d’euros sur la table pour passer sur du Libre. De toute façon il ne faut pas vous voiler la face, si vous avez des services gratuits chez les GAFAM, c’est que la rémunération est ailleurs. C’est un message qui a déjà dit, c’est une évidence.

Laurent Costy : C’est toujours bien de le rappeler.
Pour conclure, peut-être, si vous deviez donner des conseils à donner à des associations qui auraient envie de se lancer dans la migration vers le Libre, en deux minutes, puisque, après, on va poursuivre l’émission.

Alexane Trubert : Rapidement, je dirais accrochez-vous. Il y a des informations sur Internet partout. Il y a une communauté qui est prête à répondre à toutes vos questions. Il faut de la curiosité, du temps, mais ça vaut le coup.

Laurent Costy : D’accord. Jean-Luc.

Jean-Luc Mahé : Je dirais la même chose, c’est-à-dire osez, n’hésitez pas, en parallèle des services que vous utilisez actuellement, à aller chercher une autre solution, libre, chez un hébergeur qui vous semble sympa. Testez ça, mettez quelques euros sur la table pour ça, faites-vous une idée et, au bout de six mois/un an, vous verrez, vous serez conquis.

Laurent Costy : D’accord, merci. Du coup on peut aussi évidemment s’adresser à Webassoc pour bien appréhender comment ils ont fait ?

Alexane Trubert : Il n’y a aucun souci pour nous contacter, pour discuter de ça, c’est toujours un réel plaisir.

Laurent Costy : Merci Alexane. Merci Jean-Luc. Le mot de la fin. Isabella va prendre la parole, elle a une question à poser.

Isabella Vanni : Je me demandais si Webassoc a un rôle pour faciliter la mise en relation entre les différentes associations que vous accompagnez, parce que j’imagine qu’il y a un vrai « trésor », entre guillemets. Il y a plein d’associations qui ont reçu vos conseils, votre accompagnement, qui pourraient s’entraider une fois que les sept jours, les fameux sept jours d’accompagnement ont expiré. Est-ce que vous facilitez cette mise en relation, peut-être avec une liste de discussion, un forum ou autre chose ?

Alexane Trubert : C’est une très bonne idée, je la note et on va y réfléchir. Non, on n’a rien actuellement dans ce genre-là, tout se base, en fait, sur la mémoire des bénévoles qui vont se dire « ah oui on a peut-être une association qui a fait la même chose », donc ce n’est pas fiable à 100 %, mais ça peut être une bonne piste à creuser. En tout cas merci beaucoup.

Isabella Vanni : Avec plaisir.

Jean-Luc Mahé : C’est là justement où le CRM prend tout sons sens et peut permettre de créer ce type de regroupement.

Laurent Costy : Très bien. On va s’arrêter là.

Isabella Vanni : Sauf s’il y a un mot de la femme, de la fin !

Laurent Costy : Un mot de la femme, Alexane, la présidente !

Isabella Vanni : Un nouveau mot de la fin, on a encore un petit peu de temps, sinon je peux relayer une autre question qui a été postée par cioccolisa, c’est-à-dire moi, sur le salon. Je me demandais si les associations ont besoin d’accompagnement pour d’autres aspects liés à l’informatique hors Web. Vous les aidez aussi là-dessus ou vous les dirigez vers d’autres organisations et, dans ce cas-là, quelles organisations ?

Alexane Trubert : Dans ces cas-là, on va plutôt les orienter vers d’autres associations. On est vraiment dans le domaine du Web et on ne fait pas de terrain, ce qui est des fois un petit peu compliqué pour les bénévoles qui ont envie de rencontrer les gens, mais nous on n’en fait pas. Oui, on va plutôt essayer de leur donner des listes. Ça dépend. Il y a beaucoup de monde, ça va dépendre du bénévole qui va prendre en charge la demande pour faire le refus et essayer de l’orienter ailleurs. On essaie d’avoir un nom qui apporte quand même des infos. Ce n’est pas toujours évident. On cherche aussi, des fois, des infos et des gens vers qui renvoyer.

Isabella Vanni : Merci beaucoup pour cette réponse.
Laurent, oui on est arrivés effectivement à la fin de cet échange.
Je remercie beaucoup Alexane Trubert et Jean-Luc Mahé pour avoir participé à notre émission et Laurent Costy pour avoir animé cet échange.
Nous allons maintenant faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Isabella Vanni : Nous allons écouter un autre morceau de Lame Spirale, le titre est Le déménagement. L’artiste nous dit que c’est une référence à la crise de 2008 et un parallèle avec un déménagement. Soyez attentifs au texte. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Le déménagement par Lame Spirale.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Le déménagement par Lame Spirale, disponible sous licence libre Creative Commons CC By SA 3.0. L’artiste qui est derrière le projet Lame Sprirale, projet qui n’existe plus à présent, s’appelle Thomas Lambert. Nous l’avons contacté et il nous dit que pour l’album dont sont tirés les trois morceaux que vous avez écoutés aujourd’hui il a samplé lui-même toute la batterie sur un vieux son de batterie et il a ensuite produit avec ses sons.
Je vais laisser parler une autre voix.

[Jingle]

Isabella Vanni : C’est la voix de Laure-Élise Déniel, dans nos nouveaux jingles pour l’émission.
Je suis Isabella Vanni. Nous allons passer au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » avec Antanak, sur le thème « Une nouvelle vision des activités d’Antanak »

Isabella Vanni : Passons maintenant au sujet suivant. Nous allons poursuivre avec la chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » avec Isabelle Carrère de l’association Antanak. Le thème « Une nouvelle vision des activités d’Antanak ». Je sais qu’Isabelle a invité une autre personne à participer à la conversation par téléphone. Je laisse la parole à Isabelle pour sa chronique d’aujourd’hui.

Isabelle Carrère : Merci. Bonjour à tous et toutes.
Aujourd’hui c’est un peu particulier. Je me suis dit que c’était bien que des gens « nouveaux », entre guillemets, à Antanak, puissent en parler aussi et exprimer les choses telles qu’elles sont vues, parce nous on est sur un chemin, on connaît notre affaire, ça fait six ans maintenant qu’Antanak existe. Du coup, Naomi a bien voulu répondre et parler puisqu’elle vient d’arriver à Antanak dans le cadre d’un service civique. Je pense qu’elle est au téléphone. Naomi, bonjour.

Naomi : Oui, tout fait. Bonjour.

Isabelle Carrère : Merci beaucoup de faire ce dialogue avec moi. Ça fait quoi ?, deux semaines, trois semaines que tu es arrivée ? Je ne sais plus.

Naomi : Oui, ça fait deux semaines.

Isabelle Carrère : Avant d’arriver à Antanak, quelle vision avais-tu de ce que l’on fait à l’association, comment pourrais-tu l’exprimer ?

Naomi : Avant d’arriver, pour moi c’était un peu flou parce que c’est vrai que je n’étais pas spécialement intéressée par tout le domaine du numérique. Ce n’est pas forcément un domaine avec lequel j’étais familiarisée. J’avais très envie d’en savoir un peu plus.

Isabelle Carrère : Tu me disais l’autre jour que tu utilisais déjà des logiciels libres, des logiciels, et que tu n’avais pas de vision sur les systèmes d’exploitation avant d’arriver. C’est ça ?

Naomi : Oui, c’est ça, tout à fait.

Isabelle Carrère : Tu utilisais quoi ? Des choses de bureautique classique ?

Naomi : Oui, j’utilisais principalement de la bureautique classique. Par exemple il m’arrivait, plutôt qu’utiliser Photoshop, que je ne pouvais pas du tout me payer, que je ne peux toujours pas me payer, d’utiliser autre chose. J’essayais de passer par des choses gratuites, par des systèmes gratuits, des logiciels gratuits.

Isabelle Carrère : D’accord. Du coup ce lien entre libre et gratuit c’était quelque chose qui te paraissait évident. C’est-à-dire que tu es passée au Libre, comme beaucoup de gens, par la case « je ne peux pas payer le reste, ce qui est propriétaire ».

Naomi : C’est ça. Surtout que, sauf pour les logiciels de bureautique, par exemple les logiciels de photomontage, j’avais un usage ponctuel, c’était pour un cours. Je savais que je n’allais pas le réutiliser dans la vie de tous les jours. C’est vrai que ça a été la solution que j’ai trouvée, en tout cas, la plus appropriée.

Isabelle Carrère : D’accord. De là où tu étais, dans ton utilisation ou les pratiques que tu avais, la notion de GAFAM ou la question de tous ces sujets propriétaires, ce qu’on en dit aussi bien ici dans Libre à vous ! qu’ailleurs, c’était une réflexion, c’était un point d’intérêt, de vigilance pour toi ou pas du tout ?

Naomi : Ça ne l’était pas spécialement, en fait, parce que je n’ai pas forcément été sensibilisée plus que ça. Du coup, c’est complètement une découverte aujourd’hui.

Isabelle Carrère : Ça veut dire qu’au sein d’un parcours tant dans un lycée qu’à l’université ou dans des écoles, etc., il n’y a pas du tout ça, toujours pas, c’est ça ? On peut le dire.

Naomi : Toujours pas, pas du tout !

Isabelle Carrère : OK ! On demande aux gens d’utiliser tel outil parce que c’est celui-là qui semble le plus approprié, mais on ne va pas réfléchir à autre chose.

Naomi : C’est ça, exactement.

Isabelle Carrère : C’est vraiment intéressant.
À ton arrivée à Antanak et depuis, j’ai vu que tu es venue pour plein de choses variées. C’est vrai qu’à Antanak on ouvre les services civiques en se disant que les gens vont faire ce qu’ils ont envie de faire. Du coup tu t’es lancée assez rapidement, ça m’a épatée, dans l’installation de systèmes d’exploitation sur des ordinateurs, des fixes, des portables et tout ça. Est-ce que tu peux raconter un peu ça aux auditeurs et auditrices ?

Naomi : Oui. Comme j’arrivais dans une association, dans votre association du coup, qui fonctionne par le don de matériels informatiques, que je savais que vous les reconfigurez, etc., j’avais envie d’apprendre. C’était aussi une curiosité, un peu un challenge de m’intéresser à des choses auxquelles je n’ai pas forcément l’habitude de m’intéresser. Avoir cette curiosité-là, en tout cas dans le domaine informatique, ça n’a jamais été une curiosité de ma part. Je me suis : OK, il faut que je me lance et puis je verrai. C’est ce qui s’est passé. J’ai voulu tout de suite apprendre et je m’y suis tout de suite penchée, avec les bénévoles de l’association, qui m’ont expliqué, avec leur langage un peu barbare de temps en temps, je ne comprends pas tout mais j’essaye de faire au mieux. C’est une expérience très cool en tout cas.

Isabelle Carrère : Quand je dis que tu m’as épatée, c’est pour de vrai. Quand je te vois au bout de très peu de jours, être sur un terminal en train de taper des choses – apt, get, update, parted – comme si tu avais fait ça toute ta vie, je trouve ça assez chouette, c’est vraiment bien. C’est cool !

Naomi : Merci. C’est cool aussi.

Isabelle Carrère : Là où ça m’intéresse en termes de libération de pratiques, puisque c’est le sujet de la chronique d’Antanak, c’est qu’en fait ce dont on s’aperçoit quand on voit ça comme ça, c’est que c’est possible ! Je veux dire par là que s’il y avait une volonté, à droite ou à gauche, quelque part, tout à l’heure tu parlais des universités, dans le cadre des formations, mais même pas simplement, on pourrait relativement simplement mettre à la portée de beaucoup plus de monde ces pratiques-là. Expliquer ce qu’est un système d’exploitation, expliquer ce qu’est un navigateur, un moteur de recherche, etc., bref !, ce n’est pas aussi sorcier. Je ne dis pas qu’on sait tout faire à Antanak, d’ailleurs on n’est pas tous des informaticiens et informaticiennes, mais on voit bien que c’est possible.

Naomi : Oui c’est tout à fait possible. Surtout qu’en arrivant à la fac, par exemple, on doit passer ce qui s’appelle un C2i [Certificat informatique et internet], normalement on est censé voir les bases en fait de l’informatique, etc., mais ce n’est pas du tout fait de cette façon-là.

Isabelle Carrère : Du coup, qu’est-ce qui est abordé là-dedans au niveau de l’informatique ou du numérique ? Qu’est-ce qu’on donne comme bases ?

Naomi : En fait c’est plus l’utilisation de l’ordinateur en soi et des outils qu’il est possible d’utiliser sur l’ordinateur, comment utiliser un moteur de recherche, le traitement de texte, etc., mais ce n’est pas tant le système d’exploitation. On ne voit pas tout ça, ce n’est pas du tout ça qui est expliqué.

Isabelle Carrère : C’est quand même étonnant, en 2021, que ça ne soit toujours pas fait. C’est vraiment un mystère pour moi. Je comprends bien le lobbying, mais en termes de connaissances, d’apprentissage, d’ouverture, de compétences, etc., je ne vois pas pourquoi ce n’est pas fait, c’est très étrange. OK. D’accord.
L’autre jour tu as aussi participé à un soutien à des personnes qui, elles, sont vraiment en difficulté, dans le cadre de cette salle O.L.A.A qu’on a mise en place, Ordinateurs en Libre Accès Accompagné. Tu étais à l’aise avec ça, aider les gens ?

Naomi : Oui, j’étais à l’aise, mais c’est plus quand il y a plusieurs personnes en même temps : on est avec une personne et une autre personne se permet un peu de nous couper pour qu’on aille l’aider, sauf qu’on est déjà avec quelqu’un, on a commencé des démarches avec cette personne. C’est plus au niveau de la gestion où ça a été un peu compliqué, dire « vous pouvez attendre cinq minutes, s’il vous plaît, parce que là il y a trop de gens qui me demandent plein de trucs ». Sinon oui, au niveau des explications, etc., ça a été, je pense que ça va, ça s’est bien passé.

Isabelle Carrère : Oui. C’est vrai. Tu me disais que tu étais d’accord aussi, éventuellement, pour qu’on essaye de monter des ateliers animés ou des choses comme ça, sur ces sujets-là, pour soutenir aussi l’appropriation des connaissances par d’autres personnes ?

Naomi : Oui.

Isabelle Carrère : Du coup tu as une idée de sur quoi tu pourrais le faire ? Non, pas encore ?

Naomi : Pas encore, non, je n’y ai pas encore réfléchi.

Isabelle Carrère : OK ! Tu as le temps. J’exagère, je sais, je vais un peu trop vite. C’est génial.
Merci beaucoup parce que je trouve que c’est intéressant, ça veut aussi dire que ça fonctionne d’une certaine manière, ce n’est pas juste pour nous congratuler à Antanak, quoique, de temps en temps ça fait du bien ! C’est aussi pour se dire que finalement si nous on peut le faire là, dans ce petit collectif, dans une association de proximité, des gens qui ont plus de temps, plus de moyens, etc., que nous, pourraient le faire si tant est qu’ils et elles le veuillent. Donc voilà ! Je trouve que c’est plutôt pas mal qu’on arrive à ça comme conclusion.

Naomi : Après je pense que c’est aussi une démarche. Ce sont des démarches que n’ont pas forcément les institutions en général, c’est pour ça que ça continue à être assez rudimentaire comme apprentissage.

Isabelle Carrère : En tout cas, on espère que dans le cadre de ton service civique on va pouvoir te faire découvrir d’autres logiciels libres, puisqu’on a aussi les chroniques numériques, ces petits films, ces petites vidéos que tu as pu voir, dont tu as pu entendre parler. Ça peut être aussi l’occasion d’utiliser d’autres types de matériels. Super !
Merci Beaucoup Naomi d’avoir accepté de participer à cette petite chronique avec moi.

Naomi : De rien.

Isabelle Carrère : À demain. On se voit à Antanak demain !

Naomi : À demain.

Isabelle Carrère : Salut. Bonne soirée. Merci beaucoup.

Naomi : Merci. Au revoir.

Isabella Vanni : Je remercie à mon tour Naomi et Isabelle Carrère d’Antanak et je vous dis à la prochaine chronique d’Antanak. Merci beaucoup d’avoir participé.

Isabelle Carrère : À très bientôt. Merci à l’équipe de l’April.

Isabella Vanni : Nous approchons de la fin de l’émission, nous allons terminer par quelques annonces.

[Virgule musicale]

Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre

Isabella Vanni : Vous pouvez nous laisser un message sur le répondeur de la radio pour réagir à l’un des sujets de l’émission, nous poser une question ou simplement nous laisser un message. N’hésitez pas à nous faire des retours. Le numéro du répondeur : 09 72 51 55 46.
Je vous rappelle que la radio Cause Commune, la voix des possibles, sur la bande FM 93.1 en Île-de-France, c’est de midi à 17 heures puis de 21 heures à 4 heures en semaine, du vendredi 21 heures au samedi 16 heures et le dimanche de 14 heures à 22 heures. On me fait remarquer que Jean-Luc de Webassoc, nous a dit tout à l’heure que le super salon de CauseCommune est sur Rocket.Chat avec un super thème d’accueil. Je tenais à le dire.
En ce qui concerne les annonces, il n’y a pas d’annonce particulière à faire aujourd’hui, mais nous vous invitons, comme d’habitude, à aller sur l’Agenda du Libre, où vous pouvez retrouver la plupart des événements autour du Libre, ainsi que des organisations, comme Antanak, qui peuvent vous aider à libérer votre informatique.

Notre émission se termine.

Je remercie les personnes qui ont participé à cette émission : Vincent Calame, Laurent Costy, Alexane Trubert, Jean-Luc Mahé, Isabelle Carrère, Naomi, l’invitée d’Antanak, je ne connais pas son nom de famille, désolée.
Aux manettes de la régie aujourd’hui mon collègue Étienne.
Merci également à l’équipe qui s’occupe de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang 1, bénévoles à l’April, Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Merci aussi à Quentin Gibeaux, bénévole à l’April, qui découpe le podcast complet en podcasts individuels par sujet.

Vous retrouverez sur notre site web, april.org, toutes les références utiles ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm.
N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plus, mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l’adresse contact chez libreavous.org.

Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.
Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles.

La prochaine émission aura lieu en direct le mardi 18 mai 2021 toujours à 15 heures 30.

Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 18 mai et d’ici là, portez-vous bien.

Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.