Dividende Universel : unité de mesure économique sous logiciel libre

Titre :
Le Dividende Universel : l’unité de mesure économique sous logiciel libre
Intervenant·e·s :
Matiou - Nadou
Lieu :
Capitole du Libre - Toulouse
Date :
Novembre 2019
Durée :
52 min 15
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Licence de la transcription :
Verbatim
Illustration :
Bannière, Création Monétaire - Ğ1 pour une économie libre -Licence creative Commons [http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/fr/ By SA}

Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Nadou : Moi c’est Nadou. Merci d’être venus, d’être sortis du lit si tôt.

Notre propos aujourd’hui c’est le Dividende Universel, l’unité de mesure économique sous logiciel libre.

Je vais vous présenter le plan de cette présentation.

Dans une première partie, on va définir la monnaie. Qu’est-ce que la monnaie ? Ensuite on va parler de la première fonction, donc le moyen d’échange pour faire société. La deuxième fonction, une unité de mesure commune. La monnaie utilisée c’est de la dette. Comparaison des monnaies et des moyens d’échange existants.

En deuxième partie on va parler de la TRM, la Théorie Relative de la Monnaie, avec ses quatre libertés économiques axiomatiques. L’humanité est un flux. Nous verrons aussi l’équation de formation du DU, le DU est le Dividende Universel. Puis, dans cette partie, le dernier point sera la propriété de convergence des comptes coproducteurs du DU.

En troisième point on verra la mise en pratique de la TRM avec Duniter, le cœur générateur du DU et sa toile de confiance. L’écosystème Duniter et ses applications clientes puis on prendra l’exemple de Cesium qui est donc une des applications clientes.

La mise en pratique de la Ğ1, prononcé « June ». On parlera de où faire son marché, on abordera rapidement le jeu Ğeconomicus puis les modules d’approfondissement de la TRM.

Si on a un peu de temps, on fera un petit résumé de tout ça et une petite conclusion.

Qu’est-ce que la monnaie ?

Je démarre cette présentation par qu’est-ce que la monnaie ?

On a fait quelques recherches et on est tombé sur des textes très anciens, le plus ancien d’Aristote, –350 ans avant Jésus-Christ, qui nous dit ceci à propos de la monnaie : « C’est pourquoi on a recours à la monnaie qui est pour ainsi dire un intermédiaire. Elle mesure tout, la valeur supérieure d’un objet et la valeur inférieure d’un autre. Par exemple combien il faut de chaussures pour équivaloir à une maison ou à l’alimentation d’une personne, faute de quoi, il n’y aura ni échange, ni communauté de rapports. » Il y a des mots clefs ici qui sont très importants, que je vous ai mis en gras.

On s’est rendu compte que Nicolas Copernic aussi, au 16e siècle, dans le Traité de la monnaie, a tenté de définir la monnaie et il dit ceci, j’ai extrait cette partie : « La monnaie est une mesure commune d’estimation des valeurs qui doit toujours être fixe et conforme à la règle établie. Autrement, il y aurait, de toute nécessité, désordre dans l’État : acheteurs et vendeurs seraient à tout moment trompés comme si l’aune, le boisseau – ce sont des unités de mesure – ou le poids ne conservaient point une quotité certaine. »

Qu’est-ce qu’on peut conclure de ces deux extraits ? En fait c’est que la monnaie se définit selon deux grandes fonctions, en tout cas comme un moyen d’échange, c’est sûr, une unité de mesure commune de biens et de services.

Là je laisse la parole à Matiou.
Matiou : Nous allons définir la première fonction de la monnaie qui est de servir de moyen d’échange pour faire société.


Là nous pouvons voir un schéma qui nous montre le troc, en fait une société sans monnaie. Il y a Alice, Chris et Bob, ça peut être trois communautés d’individus, qui produisent des valeurs et s’ils veulent échanger leurs valeurs, ils sont nécessairement obligés d’accepter la réciprocité, la valeur réciproque de l’autre. S’il n’y a pas de réciprocité, ils ne peuvent pas échanger. Donc, depuis 5000 ans, les individus ont trouvé une solution, c’est d’utiliser un intermédiaire d’échange, un moyen d’échange donc une monnaie qui permet de faciliter les échanges très facilement comme vous pouvez le voir. Ils utilisent donc des chiffres mesureurs pour mesurer les valeurs. Ça permet d’éviter la nécessité de réciprocité.

On peut voir dans l’Histoire que les premiers supports de monnaie étaient des monnaies marchandises, puis on est passé aux monnaies métalliques, solides, et aujourd’hui toutes les monnaies sont cryptées, en fait ce sont des cryptomonnaies.
La deuxième fonction de la monnaie, c’est de servir d’unité de mesure commune. C’est très important. Nous allons comparer avec les autres types d’unités de mesure que nous utilisons pour mesurer les températures, le temps, les distances. À chaque fois nous utilisons des unités de mesure qui sont facilement vérifiables et qui comportent un invariant spatio-temporel, qui ne varie pas dans l’espace et dans le temps entre les observateurs. Par exemple, pour mesurer les températures, le degré Celsius ; le degré Celsius c’est un centième de l’écart entre le gel et l’ébullition de l’eau à 1024 hectopascals, évidemment. Tous les individus sont égaux à l’instant t mais aussi à l’instant t + 1 face à cette unité de mesure qui est facilement vérifiable et qui comporte un invariant.

Pour le temps pareil, la seconde c’est, en gros, le temps d’oscillation du rayon du soleil à travers l’atome de césium. Cet événement est identique, il ne varie pas en fonction des individus ni dans l’espace ni dans le temps.

Pour mesurer les distances nous avons utilisé une part du méridien terrestre. Le mètre c’est 1/40 millionième du méridien terrestre. Nous vivons tous sur la même planète, c’est donc bien une unité de mesure qui est facilement vérifiable, quand même assez facilement, et qui comporte un invariant spatio-temporel.

Ce sont donc des étalons neutres entre les individus. Ils permettent une propriété de symétrie entre nous, ils permettent de générer la compréhension, la collaboration, l’élaboration de projets en dialoguant, en pouvant échanger de façon symétrique. Nous pouvons faire société avec ces unités de mesure, car, je le répète, elles sont vérifiables facilement et comportent un invariant.
Qu’en est-il de la monnaie utilisée ? Comporte-t-elle un invariant spatial et temporel vérifiable par autrui ? Est-ce un étalon neutre ? Cette monnaie utilisée c’est quoi, l’euro ? Eh bien c’est de la dette. Donc évidemment la dette ne comporte pas d’invariant spatial et temporel.
On va voir comment est créée la monnaie dette, l’euro. Eh bien par la rencontre de deux agents, un agent bancaire et un agent non-bancaire. La monnaie dette ne se crée pas par un seul agent, elle ne se crée pas, contrairement à ce que beaucoup de gens croient, par juste les banquiers. Pas du tout ! Il faut qu’il y ait un agent non bancaire qui signe un titre de dette ; un agent bancaire qui l’accepte, évidemment. Cet agent bancaire vérifie que l’agent non bancaire est bien solvable. La majorité des agents non bancaires qui créent la monnaie, qui signent des crédits, sont les ministres d’État. 82 % de l’euro est créé par les ministres d’État.

L’agent bancaire va donc créer la monnaie on dit ex-nihilo, mais en fait à partir du titre de dette et cette monnaie percole dans la société, dans la baignoire monétaire, on peut voir, en formant, en dessinant une asymétrie, une pyramide. Ceux qui sont au-dessus de la barre rouge sont les créateurs de monnaie, sont les agents non bancaires qui signent des crédits et ceux qui sont en dessous de cette barre rouge, eh bien ce sont tous les individus qui utilisent cette unité de mesure, la monnaie dette, cet euro, alors qu’ils ne participent pas à sa production. Ils sont forcément dominés et ils doivent de facto, a fortiori, travailler à obtenir un salaire, on voit une petite icône qui vous fait comprendre un peu notre situation. On est obligé de travailler au bénéfice de ceux qui créent la monnaie afin d’obtenir d’eux, de ces derniers, de la monnaie qu’ils produisent. Donc si vous n’avez pas accès au travail pour obtenir de la monnaie, il vous reste quoi ? L’aide sociale et puis le vol, ceux qui sont tout en bas de la pyramide, comme conséquence socio-économique.

La monnaie étant crée par un titre de dette, les remboursements détruisent ce titre de dette, les remboursements sont détruits.

L’intérêt c’est le paiement du salaire des banquiers, ça on ne peut pas non plus l’abolir, il va dans la poche des banquiers qui, après, achètent ce qu’ils veulent dans la baignoire, dans la société.

Donc la conclusion, double conclusion fondamentale à retenir, quelque chose qu’on devrait nous apprendre à tous à l’école, ce schéma qui est quand même assez simple à comprendre, c’est que l’absence d’invariant spatial et temporel et la dette créatrice de monnaie engendrent une société inégalitaire, fondamentalement, c’est la source des inégalités, basée sur la compétition et la recherche de croissance, que certains appellent, en gros, le capitalisme. Donc l’inégalité et le « capitalisme », entre guillemets, sont la conséquence mécanique, physique, sociale, d’un type de monnaie utilisé qui ne comporte pas d’invariant spatial et temporel.
Là on y va, c’est la dernière diapo où on va parler encore des autres types de monnaie que la monnaie libre, c’est un tableau comparatif de différents types de monnaie, moyens d’existence existants. Nous n’en connaissons que quatre.

Le premier type de monnaie a plusieurs noms, c’est la monnaie bancaire, la monnaie dette, la monnaie crédit, l’argent. Les monnaies locales complémentaires sont de la monnaie dette.

Le deuxième type de monnaie, enfin de moyen d’échange, c’est ce qu’on appelle le sel [Système d’échange local], le troc, le jardin d’échange universel, l’échange marchandise ou le crédit temps d’activité, c’est la même chose.

Le troisième type de monnaie, ce sont les bitcoins [1] et Allcoins depuis 2009. Il y en a plus de 3000 aujourd’hui.

Puis on va y arriver après, on va bien décortiquer cela, la monnaie libre qu’on appelle aussi la monnaie en Dividende Universel, la monnaie en revenu de base, selon les quatre libertés économiques axiomatiques de la Théorie Relative de la Monnaie [2] de Stéphane Laborde écrite sous licence libre en 2010. On y va.
La monnaie crédit, la monnaie dette, l’euro, comment est-il produit ? De façon centralisée. Son type de production est centralisé, on le voit, la pyramide. Est-ce qu’il existe un principe d’invariant spatial et temporel ? Eh bien non ! On peut voir l’évolution de l’euro depuis l’an 2000, d’ailleurs on peut voir cette chute en 2008, ce palier, cette crise, donc on voit bien qu’il n’y a pas d’invariance, en tout cas temporelle, dans la création des euros.

Le code d’émission de la monnaie dette est privé et privateur, double peine.
Maintenant les sels, les trocs, les moyens d’échange sans monnaie, leur type de production est, entre guillemets, « décentralisé », un simple livre de compte entre agents économiques permet de troquer, d’établir des échanges. Est-ce qu’il y a un invariant spatial et temporel ? Eh bien non. C’est limité à des individus qui acceptent la réciprocité, qui se connaissent, c’est vraiment limité dans l’espace et dans le temps aussi à des petites communautés, des tribus, des individus qui n’utilisent pas de monnaie ça existe encore aujourd’hui sur la planète, eh bien ils ne font pas société, ils vivent en tribu.

Le code d’émission est ouvert, évidemment tout le monde peut troquer, mais il n’est pas commun, justement, parce que le troc, le sel ne comportent pas d’invariant spatial et temporel.
Les bitcoins et Allcoins sont décentralisés, très bien, il n’y a pas de centre émetteur de bitcoin, il n’y a pas de banque.

Le bitcoin et les Allcoins, les autres cryptomonnaies comportent-elles une invariance spatiale et temporelle ? Eh bien non. Il y a une dysmétrie, on va dire dans le code même de ces cryptomonnaies puisqu’elles nécessitent un minage, donc un privilège de ceux qui ont des grosses machines ou qui ont, en tout cas, pu miner en premier. Le code d’émission de ces cryptomonnaies est ouvert, tout le monde peut décider de miner du bitcoin ou d’autres types de cryptomonnaies, mais il n’est pas commun. On n’est pas tous égaux face à la création de ces cryptomonnaies qui nécessitent une preuve de travail par minage, donc qui nécessitent une utilisation énergétique très forte. Il faut, en gros, trois centrales nucléaires rien que pour le bitcoin.

La monnaie libre

Maintenant c’est parti. Maintenant on ne va vous parler que de la monnaie libre. On répète, la monnaie libre Duniter Ğ1 [3], Duniter c’est le logiciel libre générateur de la monnaie libre. Ce Dividende Universel est décentralisé vraiment en peer to peer numérique. Comporte-t-il une invariance spatiale et temporelle, eh bien justement c’est sa spécificité de comporter même une symétrie précisément spatiale et temporelle entre les individus. Selon quel code ? Un code qui est public, commun, un code qui ne varie pas, qui est la vitesse moyenne de renouvellement du vivant. Tous les individus naissent, vivent et meurent. C’est commun à tous les individus vivants.

On va décortiquer cette chose que la TRM, la Théorie Relative de la Monnaie, décrit précisément de façon mathématique.

Avant de décrire une théorie, la TRM s’affaire d’abord à établir un cadre, un cadre axiomatique, les quatre libertés économiques axiomatiques d’une monnaie libre, à l’instar des quatre libertés du logiciel libre que j’ai mises en noir ici. Je vais vous lire uniquement les quatre libertés économiques :

  • la première liberté, la liberté du choix de son système monétaire. Une monnaie libre ne peut pas s’imposer. D’ailleurs, est-ce que la monnaie euro respecte cette liberté du choix du système monétaire ? Non, puisque, si vous vendez quelque chose, vous êtes obligé de proposer un prix, si on vous le demande, en monnaie euro, il faut le savoir, si vous êtes sur le territoire européen ;
  • la deuxième liberté, c’est la liberté d’utilisation des ressources. Cette utilisation doit être conforme à la non-nuisance réciproque. C’est ça la non-nuisance, c’est quand il y a réciprocité. C’est la « clause lockéenne ». Par exemple je suis dans le désert, je trouve une source d’eau, j’ai le droit d’utiliser cette ressource, mais je dois en laisser pour les autres. Si j’utilise toute l’eau et qu’il y a d’autres personnes qui en ont besoin, je dois leur compenser ce monopole que j’aurais initié d’utilisation d’une ressource ;
  • la troisième liberté, très importante aussi, c’est la liberté de production et d’estimation de toute valeur. C’est la notion de relativité des valeurs. Une valeur absolue n’existe pas. Aucune valeur n’est absolue. Il n’existe pas de valeur intrinsèque aux choses. Toute valeur est relative à l’observateur. Par exemple un verre d’eau, on revient à l’eau, un verre d’eau dans les Pyrénées n’a pas beaucoup de valeur avec toutes les sources qu’il y a. Par contre, ce même verre d’eau dans le désert a beaucoup de valeur. Les valeurs sont relatives dans l’espace et entre individus, dans le temps aussi par rapport aux individus ;
  • la dernière liberté qui est donc la quatrième liberté, c’est la liberté d’afficher les prix, de comptabiliser, d’échanger réellement dans cette monnaie choisie. C’est cohérent.

Une fois qu’on a établi, qu’on a compris ces quatre libertés économiques axiomatiques, voila ce que nous enseigne la Théorie Relative de la Monnaie. Elle nous enseigne — je pense que tout le monde le sait, mais on a tendance à l’oublier — que l’humanité est un flux de vie. Personne n’est éternel. Nous naissons, nous vivons et nous mourons. Là nous pouvons voir chronologiquement, de 1938 à 2054, que les individus naissent, on est tous bébés, puis adolescents, puis adultes. On voit un individu en rouge qui est né en 1940, les individus nés en 1940 vont mourir en moyenne 80 ans plus tard.

Pareil en 1974, en bleu, un individu qui naît en 1974 a de grandes chances, en moyenne, de disparaître en 2054.

On peut voir que, pour chaque génération, il y a des valeurs qui sont mesurées et que ces valeurs changent au cours du temps, donc elles ne peuvent pas servir. Aucune valeur ne peut servir d’invariant, ne peut servir de référence au Dividende Universel, ne peut servir de référence à une bonne unité de mesure.

Les individus, pareil, ils changent au fur et à mesure du temps. On s’aperçoit même qu’ils changent selon un cycle. Tous les 80 ans, tous les individus se renouvellent en moyenne, toujours en moyenne ; bien sûr qu’il y a des gens qui vont vivre plus longtemps que 80 ans, mais, en moyenne tous les 80 ans, la société se renouvelle. On peut le voir à travers cette cascade. Les gouttes d’eau forment une cascade, c’est toujours la même humanité, c’est toujours la même cascade, mais ce ne sont jamais les mêmes gouttes d’eau.

Il y a quand même un délai, un temps de résidence humaine, on va dire, des gouttes d’eau dans cette cascade. En haut c’est la naissance des gouttes d’eau, leur vie c’est la chute qui dure 80 ans et, on va dire, la mort une fois que les gouttes atteignent le sol.

Si on cherche à établir une symétrie, c’est-à-dire qu’il n’y ait pas de privilèges des jeunes sur les anciens ou des anciens sur les jeunes, cette espérance de vie de 80 ans, cette hauteur de flux, on obtient de cette prérogative de chercher la symétrie spatiale et temporelle, une célérité de la vie humaine, un petit « c » qui est une une constante de 10 % par an. La vitesse moyenne de renouvellement de la vie humaine est de 10 % par an.
Là on y va. Nous sommes dans une école d’ingénieurs en mathématiques. La TRM, la Théorie Relative de la Monnaie établit une équation du Dividende Universel de façon mathématique par un mathématicien, Stéphane Laborde - je ne le suis pas, excusez-moi pour les digressions que je vais faire. Cette équation du DU provient d’une recherche pour concrétiser une symétrie spatiale et temporelle, c’est-à-dire pour concrétiser une égalité à l’instant t entre les membres et une équité entre les générations.

On peut le voir, la première contrainte, l’écart entre deux individus à l’instant t doit être égal à zéro face à la création monétaire et l’écart entre les générations successives doit être égal à une constante, la célérité dont je parlais juste avant.

Le résultat de ces deux contraintes est une forme unique ; c’est ça que démontre la Théorie Relative de la Monnaie. C’est une valeur économique qui se crée sous la forme d’un DU, un Dividende Universel, dont le montant, le nombre de Ğ1, est proportionnel à la masse monétaire moyenne. Ceci est fait pour N éternellement stable ; N c’est le nombre de membres.

Donc on a bien le DU à l’instant t qui est une proportion, qui est égal à la célérité multipliée par le portefeuille moyen. Mais comme le nombre d’individus n’est pas stable, N n’étant pas éternellement stable, à l’initialisation d’une monnaie comme en ce moment depuis deux ans et demi, la Ğ1, la monnaie libre, s’initialise. Il peut aussi y avoir des variations à la baisse, imaginons que des gens soient déçus et révoquent leur compte, il y aurait donc un nombre de membres qui baisse, eh bien nous avons choisi une bonne forme du DU, c’est l’équation du second degré, une équation qui convergerait vers ce rapport, ce premier rapport, qui est de la forme : le DU de demain, le DU (t + 1), est égal au DU d’aujourd’hui + c2 fois M/N ; c2, le carré de la célérité fois le portefeuille moyen.

DU(t +1)= DU(t) + c2 (M/N)
Autrement dit pour un nombre stable, un nombre de membres stable, la deuxième équation convergera vers la première.
Nous avons quoi comme paramètres ? Cette sacro-sainte célérité de 10 % par an. Nous avons choisi de partager l’année en deux pour ne faire un palier trop élevé. Donc à chaque équinoxe, le petit c choisi est donc est précisément de 4,88 %.

Le DU à l’instant 0, le premier bloc, nous étions 59 membres, était de 10 Ğ1.

Et les variables, ce sont la masse monétaire et le nombre de membres qui évoluent, évidemment, au fur et à mesure du temps.

La Ğ1 se produit ainsi via un Dividende Universel, c’est un paquet quotidien pour tout être humain membre de la toile de confiance Ğ1 qui est de la forme un DU par personne et par jour.

Le montant du DU, c’est-à-dire que le nombre de Ğ1 dans le DU, est identique chaque jour jusqu’au prochain équinoxe où le DU sera alors réévalué.
Une propriété qui est démontrée encore une fois dans la Théorie Relative de la Monnaie, on est encore dans la théorie, c’est la propriété de convergence des comptes membres coproducteurs de la monnaie libre.

On voit trois comptes en Dividende Universel ; c’est relatif à la masse monétaire, ce n’est pas une vue quantitative des comptes, c’est une vue en relatif.

On voit en bleu un entrant, on pourrait dire un pauvre en monnaie libre.

En jaune, c’est quelqu’un qui a la moyenne, il perçoit le Dividende Universel, donc il reste à la moyenne sur 80 ans, sur une espérance de vie.

En rouge, on voit un individu qui est deux fois plus riche que la moyenne.

Là on estime que les individus soit ils vendent autant qu’ils achètent ou bien qu’ils ne font pas d’échanges, ce qui n’est pas possible dans une société, donc on va plutôt considérer qu’ils achètent autant qu’ils vendent comme ça on voit vraiment l’influence de la création monétaire sur leurs comptes. Eh bien on voit que le riche et le pauvre convergent à la moyenne en une demi-vie. Il y a bien une symétrie spatiale et temporelle, donc il n’y a pas de privilèges. Le compte épargné des riches perd de son poids économique, ce qui va pousser, on le verra après, les épargnants au-dessus de la moyenne à prêter leur Dividende Universel.
Maintenant on va passer de la théorie à la pratique. Depuis le 8 mars 2017, le logiciel dont on va parler maintenant, Duniter, permet de générer et d’utiliser cette monnaie libre à l’aide de ses clients et permet de faire nouvellement société.

À toi Nadou.

Duniter

Nadou : Merci. Là on va passer à la mise en pratique de la TRM.

Duniter, c’est le cœur générateur du DU qui a demandé quatre ans de développement. C’est une technologie écrite en Type Script. C’est cgeek qui a beaucoup travaillé, qui a été rejoint par d’autres développeurs.

On va aussi parler de la toile de confiance qui permet une blockchain écolo. On va voir pourquoi on l’estime écolo, parce que seuls les nœuds membres volontaires, en ce moment il y en a 73, au moment où on a fait les slides en tous cas il y avait 73 nœuds qu’on appelle forgerons parce qu’il n’y a pas de minage, qui font partie de la toile de confiance. Ils participent sans course à la preuve de travail, au calcul, à l’écriture des blocs en permanence. Il y en a un tiers qui peuvent être en dormance.

Il n’y a pas de récompense monétaire, donc pas d’incitation économique au calcul des blocs contrairement aux autres blockchains, par exemple Bitcoin, Mathieu en a parlé tout à l’heure.

Là je vous ai fait une petite représentation de ce que pourrait être la blockchain Duniter. On voit qu’un nœud membre calcule un bloc toutes les cinq minutes. La blockchain, vous connaissez sûrement, c’est un registre, un grand livre de comptes sécurisé, infalsifiable et chaque bloc serait une feuille dans laquelle on peut retrouver l’écriture. Pour Duniter ça va être les certifications, les transferts par exemple. On peut aussi voir l’écriture de soldes ou les certifications.

Qu’est-ce que je peux en dire d’autre ? En ce moment Duniter est en train d’être réécrit en Rust et, pour la petite histoire, c’est Loïs, un Montpelliérain qui a, je pense en faisant mes recherches, découvert Rust au Capitole du libre 2017 et qui s’est mis en tête de réécrire Duniter en Rust, toujours dans cette volonté de monter en échelle et de sécuriser le système.
Là on passe à l’écosystème de Duniter et à ses applications clientes.

On l’a dit, c’est de la licence libre, c’est du GNU AGPL v3.

Autour des nœuds Duniter on a ses applications clientes au nombre de trois. Il y a Silkaj, Sakia, ça c’est plutôt pour les avertis, je vais dire, ce sont des clients qui sont écrits en Python, je pense, ou en ligne de commande donc c’est plutôt pour des avertis.

Je vais plutôt vous parler de Cesium [4] parce que c’est le client le plus utilisé, le plus friendly, le plus sympa, que la majorité des gens utilisent.

On peut le télécharger sur tout support, notamment sur GNU/Linux. Il n’y a vraiment pas d’excuse pour ne pas télécharger l’application Cesium, il suffit de taper cesium.app. Cesium, comme je disais, c’est le client le plus simple d’utilisation. Il permet notamment la création et la recherche des comptes dans l’annuaire, l’affichage des certifications. On y retrouve aussi le solde et les transferts. Ça permet aussi la visualisation du réseau et le contenu des blocs.

Quand vous avez téléchargé, que vous souhaitez créer un wallet, un compte, vous avez la possibilité de choisir soit d’ouvrir un simple compte portefeuille. Dans ce cas vous trouvez un identifiant et un mot de passe qui génèrent automatiquement une clef publique. Il faut absolument sauvegarder, écrire précieusement vos identifiants et votre mot de passe. Je ne le dirai jamais suffisamment. On le répète régulièrement : c’est du décentralisé et quand on est dans un système décentralisé, je rappelle que la responsabilité porte sur nos épaules, il n’y a pas une hotline qu’on appelle pour avoir son mot de passe, donc il faut être responsable et sérieux.

Une fois que vous avez un compte portefeuille, vous pouvez démarrer l’expérimentation, vendre des biens, des services. Je peux aussi vous faire un don pour pouvoir commencer à expérimenter la Ğ1.

Sinon, vous pouvez aussi ouvrir un compte membre. Le compte membre c’est le compte producteur du DU. Il faut être d’autant plus vigilant, il faut un identifiant et un mot de passe suffisamment solides, par exemple une longue phrase, qui vont vous générer une clef publique qui va être associée à un pseudo. On ne vous demande pas de carte d’identité. Ici on est en décentralisé, c’est une clef publique avec un pseudo.

Mes préconisations, quand vous êtes dans ces étapes-là, c’est de bien lire et accepter la licence, de toutes façons Cesium vous le propose. Je conseille aussi aux gens de faire ça plutôt dans un temps calme et accompagnés. Sauvegarder l’identifiant et le mot de passe puisqu’il n’y a pas de tiers. Aller à la rencontre et connaître au moins cinq membres, ça c’est la question des certifications pour être dans la toile de confiance. Et surtout, télécharger le fichier de révocation.
Là je vous ai mis une photo de mon compte membre en fait. C’est bien moi. J’ai fait le choix de mettre une photo, nom, prénom et ici vous avez le début de ma clef publique. Sur la gauche, ce sont les gens qui m’ont certifiée, ce sont les certifications reçues, j’en ai reçues 39 et, à mon tour, j’ai certifié, donc j’ai émis 56 certifications. On a un paquet de 100 certifications pour deux ans je pense.
Sur cette partie-là vous avez un visuel sur la vie de mon compte. La chose à retenir ici ce sont les 10,11 Ğ1, ça c’est le DU que je coproduis puisque je suis membre de la toile et vivante, donc je coproduis 10,11 Ğ1 par jour. En bleu, vous avez un visuel sur les entrées, le positif. J’ai eu des dons. J’ai vendu des choses donc j’ai reçu de la monnaie. Et en négatif ce sont mes petites emplettes. Vous avez vraiment un visu sur mon compte membre.

Ces transactions, en fait, sont visibles sur les blocs qui sont calculés. Là j’ai choisi de vous mettre le bloc 279 146 qui a été forgé par Donadieu, donc Jean-Luc, qui a forgé ce bloc de manière volontaire, comme on l’expliquait il n’y a pas d’incitation à la récompense, donc merci Jean-Luc. Là on voit effectivement qu’on peut lire ce qui a été écrit. On a une opération, donc un transfert. Il y a eu les certifications. On peut voir aussi un nouveau membre.
Sur Cesium, tout le monde a aussi la possibilité de voir ces données-là, par exemple voir l’évolution de la masse monétaire. Ce qui est important de retenir ici c’est le portefeuille moyen. La masse monétaire était de 590 parce qu’ils étaient 59 le 8 mars 2017 et aujourd’hui, quand on a fait les slides, on a passé à 11 millions, c’est la masse monétaire totale et le portefeuille moyen est de 4700 Ğ1.
Matiou : 2373 membres hier soir. Peut-être qu’il y a eu des rentrées.
Nadou : De 59 membres, effectivement on voit qu’il y a une belle progression, on a plus 2373 membres.

La dernière image permet de voir qu’en fait c’est une monnaie d’échange, on l’utilise. Ici c’est le PIB, on a le nombre de transactions ainsi que le volume échangé et on voit très bien la progression jusqu’à aujourd’hui, jusqu’en novembre, on est en novembre 2019, avec des pics quand on a fait par exemple des événements comme des marchés de Noël ou des choses comme ça.

Comme je le disais c’est une monnaie, réellement un intermédiaire d’échange.
La mise en pratique de la Ğ1 pour faire son marché, eh bien partout. Partout où il y a des membres, partout où il y a des gens qui ont de la Ğ1, qui ont un portefeuille, qui sont membres, avec qui vous pouvez échanger. Là vous avez une carte pour ceux qui ont choisi de se géolocaliser. On a le nombre de personnes par région, par ville ou par le département. On peut être un peu chauvins, il y en a beaucoup en Occitanie, notamment à Toulouse.
Matiou : Ce n’est pas pour rien !
Nadou : Mais pas que ! Là il n’y a pas l’Europe, mais il y en a aussi en Espagne, beaucoup en Belgique, ça va de Douarnenez en Bretagne à la Suisse ; il y en a de plus en plus.
Les plateformes d’échange. La plus utilisée, on va dire, c’est ğchange. Vous avez des demandes et des offres de service et de biens. C’est gchange.fr [5], il y a ğannonce.org. Je ne les ai pas toutes listées, il y a aussi g1bien.fr.

Et puis la barre de progression, c’est un développeur qui a mis ça en place pour financer des projets, donc des caisses communes, en fait, de financement participatif en monnaie libre. C’est très important.

En visu, in vivo, des marchés classiques, lors de nos rencontres on peut s’échanger des biens et des services.

Si vous ne souhaitez pas ouvrir de portefeuille ou compte membre, vous pouvez expérimenter avec le jeu Ğeconomicus [6] et les modules d’approfondissement de la TRM.

C’est quoi le jeu Ğeconomicus ? C’est un jeu de simulation, on joue avec des cartes valeurs et des cartes monnaie. Ça se déroule en deux temps. Dans un premier temps on simule une société sous monnaie dette et dans un deuxième temps une société sous monnaie libre. Ensuite, en dernier, on a une analyse des résultats et là on va comparer la part des valeurs créées par personne et la part moyenne des valeurs créées ainsi que le poids des inégalités. Ça c’est très important.

Je ne donne pas plus de détails. On trouve souvent les mêmes résultats, donc c’est une expérience qui a été faite, je crois, une soixantaine de fois.

Pour ceux qui souhaitent pousser la compréhension, l’approfondissement, il y a d’autres modules. Le module Galilée, il y a Yoland Bresson et puis ça va jusqu’à Kurt Gödel et Ğ(x). Il y a quelques développeurs qui ont fini le module Yoland Bresson ou Leibnitz, je ne sais pas trop.
Matiou : Il n’y a que quatre individus qui sont allés jusqu’au troisième module, donc il y a encore du pain sur la planche, intellectuellement on va dire.

Résumé et conclusion

Matiou : En résumé, comme on l’a dit tout à l’heure, le cadre axiomatique, la monnaie libre se positionne dans quatre libertés axiomatiques. Elle se caractérise par deux symétries, une spatiale et une temporelle, une équation : le DU de demain est égal au DU d’aujourd’hui + C2 fois M/N. [DU(t + 1)= DU (t) + C2 (M/N)]. Vous allez bientôt voir des tee-shirts avec cette équation.

Je produis un DU de Ğ1 par jour.

J’exprime les prix en DU, je mesure tout selon ce DU journalier.

C’est une unité de mesure stable qui comporte une invariance spatiale et temporelle, il faut le répéter.

C’est une création monétaire symétrique précisément dans l’espace entre les individus et dans le temps entre les générations, qui ne génère pas d’inflation ni de déflation, qui génère un auto-équilibre à la moyenne par la notion de propriété de convergence des comptes et tout le système est transparent.

En conclusion.
Nadou : Petite conclusion. L’expérience d’utilisation du DU, l’unité de mesure économique qui comporte un invariant relativiste, permet aux utilisateurs depuis le 8 mars 2017, de développer librement leurs aspirations à l’autonomie économique, sociale et culturelle de type collaborative, mutualiste et contributive.

Les formes d’économie qui semblent se libérer sont de type circulaire d’usage et de fonctionnalité, du solide, durable, du recyclable, du réparable. C’est ce qu’on constate.

À l’image de la sobriété énergétique de l’écosystème Duniter, la toile de confiance semble privilégier le respect du vivant et s’orienter vers l’usage des ressources énergétiques facilement renouvelables.
Merci pour votre attention. Il nous reste quelques minutes pour des questions/réponses.
Matiou : Merci.
[Applaudissements]

Questions et réponses

Public : Bonjour. Merci beaucoup pour cette présentation. J’aurais deux questions sur la présentation que je viens de voir.

La première c’est sur la première partie de la présentation, sur le fait que ça part du principe que les gens dépensent autant que ce qu’ils gagnent, quand il y avait les deux schémas de convergence. Sauf que si c’était le cas, il n’y aurait aucun problème avec l’euro puisqu’en fait le gros problème c‘est notamment le fait que les gens deviennent milliardaires et, du coup, choppent toute la valeur qui ne va pas aux autres personnes. Pareil, si on mettait un seuil maximum je pense que ça réglerait beaucoup de problèmes.

La deuxième question c’est par rapport à la consommation d’énergie de la blockchain parce que, même si on ne mine pas, le fait d’avoir une blockchain qui continue à croître de manière continue fait que rien que le fait de maintenir cette blockchain, en tout cas dans le bitcoin il y a ça aussi comme problème, il n’y a pas que le minage, il y a aussi le fait que la blockchain est tellement énorme, que l’échange lui-même de la blockchain consomme énormément.

Merci.
Matiou : D’abord pour cette deuxième question, eh bien non justement, elle n’est pas énergivore, cette blockchain de Duniter consomme très peu, elle est sobre énergétiquement. Certes la base de données va grossir mais, au fur et à mesure que les informaticiens – d’ailleurs on a oublié une slide – viennent dans la monnaie libre, eh bien ils travaillent. On propose sur Toulouse les 14e Rencontres de la Monnaie Libre, il y en tous les six mois dans une ville différente. Le but de ces Rencontres c’est de se faire rencontrer les informaticiens afin justement d’optimiser parce qu’il y a besoin de passer à l’échelle. Aujourd’hui, on pourrait dire que la blockchain Duniter pèse le poids énergétique d’une souris comparativement au bitcoin ou même à l’euro qui lui pèserait le poids d’un éléphant.

Je veux bien qu’on réfléchisse à anticiper la montée à l’échelle de cette monnaie libre, mais il faut déjà savoir qu’on part de très bas et qu’on va se soucier au fur et à mesure à faire en sorte qu’elle consomme encore moins d’énergie. Une monnaie ça s’entretient. C’est notamment ce que va permettre Dunitrust, donc Duniter en langage Rust, qui va permettre de pouvoir optimiser, en tout cas contenir cette base de données en utilisant le moins possible d’énergie. Ce n’est pas un problème. On va dire que quand il y a un problème il y a toujours une solution.

Pour la première question, la convergence des comptes. Ça c’est une spécificité, une propriété unique de la monnaie libre. Ça vous ne pouvez pas le retrouver en monnaie dette, en monnaie non libre. Parce que là on voit, je vous l’ai dit, la création monétaire, l’effet de la création monétaire sur des individus, sur des comptes d’individus, la création monétaire sur les comptes en monnaie dette, sur les individus, elle est là : ce sont quelques-uns en haut qui dominent tous les autres. La pyramide. Alors qu’ici qu’est-ce qu’on voit ? On voit une convergence des comptes. Au fur et à mesure du temps, la monnaie épargnée au-dessus du portefeuille moyen perd de son poids économique avec le temps. On peut dire autrement que le riche, s’il s’en va aux Bahamas, dans un paradis fiscal, avec sa richesse en Dividende Universel, eh bien les autres individus qui restent sur le territoire, vu qu’ils coproduisent la monnaie avec lui, en fait leur coproduction commune va faire diluer l’épargne du riche qui s’est caché aux Bahamas avec sa bourse, en fait sa bourse ne va pas manquer. Elle ne va pas manquer pour les autres qui sont restés en France et qui, eux, coproduisent la monnaie. On va dire qu’ils vont faire fondre l’épargne du riche qui est planqué aux Bahamas, juste par la création monétaire. Les échanges, après, c’est indépendant, c’est-à-dire que ça peut s’inverser. C’est-à-dire que l’entrant, celui qui est en bleu, qui commence à peine, il suffit qu’il vende une valeur, par exemple un logiciel ou, je ne sais pas, un service informatique à celui qui est très riche – c’est notre cas aujourd’hui, on a vendu pas mal de choses, on a loué une maison en Ğ1, donc on se retrouve avec un portefeuille à peu près de 9000 Ğ1 chacun. Le portefeuille moyen, on l’a vu est de 4700 Ğ1 aujourd’hui, donc nous sommes, on va dire, des individus en rouge. Les jaunes sont à 4700 Ğ1 et vous, les nouveaux entrants, vous êtes en bleu. Si vous nous vendez un service qui vraiment nous plaît beaucoup et que vous nous le faites payer assez cher, eh bien on va vous refiler toutes nos Ğ1, on va se retrouver à votre place, on va se retrouver bleu et vous, vous serez rouges.
Public : En fait, oui, en effet, si la personne ne fait aucun placement, sa monnaie ne fructifie pas, et pour moi c’est exactement comme pour l’euro. Si le mec part aux Bahamas sans faire aucun placement, avec l’évolution de la monnaie, forcément il perd de la valeur, évidemment il se stabilise.
Matiou : Une chose qui est importante, toute valeur étant relative, un placement n’existe pas dans le sens où vous pouvez placer et perdre vos sous. Placer ça ne va pas dire que ça va forcément rapporter, toute valeur étant relative.
Public : Bien sûr. En tout cas sur le principe que s’il part et qu’il garde juste l’argent qu’il a sur lui, dans toutes les autres monnaies c’est pareil.
Matiou : Nnon. Celui qui produit la monnaie va justement assécher ceux qui ne produisent pas de monnaie.
Nadou : On est sur deux types de création de monnaie complémentent différents en fait. C’est-à-dire qu’en monnaie dette, monnaie euro actuellement, comme on l’a démontré, c’est complètement asymétrique. Alors que sous monnaie libre, avec le Dividende Universel, chaque membre de la toile de confiance coproduit sa part quotidienne. Donc il pleut toujours un petit peu. Alors qu’en monnaie dette, actuellement il y a une concentration de cette monnaie en fait. Du coup, au niveau topologique, il y a de la rareté dans certains endroits, par exemple au niveau des gilets jaunes.
Matiou : Pour prendre un exemple qui va répondre à votre question, on voit ici en haut le compte du RSA en quantitatif. On voit bien qu’en l’an 2000 le nombre d’unités euros dans un RSA mensuel était de 398 unités. Chaque année on parle du coup de pouce, on nous parle du coup de pouce, eh oui, en quantitatif le RSA augmente. Il est aujourd’hui autour, je crois, de 600 euros. Donc en effet, le RSA quantitativement monte. Mais la production totale d’euros, la masse monétaire – on ne nous en parle jamais, la quantité des crédits existants – la masse monétaire euro grandissant plus vite que le RSA, eh bien quelle est la part relative du RSA, c’est-à-dire le poids économique du RSA, il n’a jamais été aussi bas aujourd’hui. Ça explique un petit événement, les Gilets jaunes, je ne sais pas si vous en avez entendu parler, qui ressentent une baisse du pouvoir d’achat, alors que le SMIC et le RSA augmentent quantitativement. Ça cause un gros problème.
Public : Tout à fait. Ce que je disais c’était juste par rapport au fait que les riches se stabilisent vers la moyenne. Par contre, le fait que les pauvres remontent vers la moyenne, ça je suis d’accord que c’est quand même une belle avancée sur la monnaie.
Matiou : Vérifiez, vous comprendrez.
Public : J’avais une question à propos de Cesium justement. Il y a deux ans, j’ai été introduit à la monnaie libre par Loïs. J’ai ouvert un compte sur Cesium. Il avait ouvert deux comptes portefeuilles pour moi, du coup je n’ai jamais pu être certifié sur ce compte-là. Est-ce que c’est un problème qui est encore d’actualité ou pas ?
Nadou : Sur l’application Cesium on peut demander que le compte portefeuille devienne membre, vous pouvez le transformer. Si vous savez retourner, si vous savez y aller, si vous avez votre identifiant, votre mot de passe, vous pouvez demander…
Public : Ce n’est pas ça le souci. Le souci c’est qu’en fait il a écrit deux fois dans la blockchain que ce compte-là devenait membre. En inscrivant comme ça deux fois, ce compte est complètement bloqué, il ne peut plus devenir membre. J’ai vu ça avec Denis La Plume, on a essayé de chercher.
Nadou : On ne peut avoir qu’un compte membre, effectivement, là ça devient un peu compliqué.
Matiou : Au bout de deux mois ça se règle. C’est-à-dire que toute activité est oubliée si elle n’a pas abouti au bout de deux mois.
Nadou : C’est vraiment une étape importante. Ce que je préconise c’est vraiment de prendre le temps et surtout de ne pas le faire faire par quelqu’un, vraiment d’être acteur dans cette démarche. Comme on l’a dit, la première des libertés c’est de la choisir. Du coup, il y a une phase de compréhension et une fois que vous êtes vraiment sûr, que vous avez envie d’expérimenter, le simple compte portefeuille permet d’expérimenter et de tisser des liens. Dans un deuxième temps, si vous avez envie de devenir coproducteur de DU, prenez vraiment le temps de le faire au calme, de bien lire la licence et de bien noter, effectivement, l’identifiant, le mot de passe et la clef publique qui est vraiment unique, qui vous identifie.

On est vraiment dans un nouveau paradigme, c’est-à-dire qu’on essaie de faire passer ce message qu’on a envie de construire une société décentralisée, sans dominant, du coup on a des responsabilités vis-à-vis de nous-même et vis-à-vis de la communauté. Ça implique beaucoup de responsabilités.
Public : Excusez-moi. Je voudrais que vous reveniez sur les financements participatifs. Si j’ai bien compris, les comptes c’est forcément des personnes physiques. Ça peut être des personnes morales ? Je voudrais savoir comment ça se passe. Si on veut financer le projet de quelqu’un, ça c’est bien, par contre si on veut financer le projet d’un collectif et que, du coup, ça ne va pas sur une personne, c’est pareil ? Je sais que dans les monnaies locales qui sont des monnaies dettes, j’ai bien compris, ça permet aussi y compris de payer une partie du salaire de ses salariés en monnaie locale donc de favoriser une économie locale. Est-ce que là il serait envisageable, il serait possible de payer une partie du salaire en Ğ1 pour favoriser ça ? Merci.
Nadou : Bonne question. Effectivement, je n’ai abordé que les comptes portefeuilles, les comptes membres pour les personnes. Mais effectivement associations, entreprises, organisations peuvent ouvrir un compte. Ce compte ne sera producteur de DU par contre, parce que seules les personnes vivantes, en fait, sont productrices du DU. Il y a déjà eu des expériences de caisses de financement participatif. Un instituteur, dans le Tarn je crois, a demandé un certain nombre de Ğ1 pour financer l’achat d’ordinateurs pour les mettre sous GNU/Linux et pouvoir faire faire des jeux aux enfants. Son projet a même été financé à 150 %, je crois. On peut le voir sur Ğannonce.

Et puis la question des entreprises, payer des salariés. Effectivement, on a des chefs d’entreprise qui ont plusieurs salariés, à Toulouse par exemple il y a Djoliba, Altsysnet à Cazères, qui effectivement vendent des produits et des services en Ğ1 et je pense par exemple qu’Olivier Fontes qui a une boîte à Cazères, paye le 13e mois, un genre de prime, en Ğ1, à ses salariés.
Organisateur : C’est fini..
Matiou : On peut répondre après aux questions au stand.
Nadou : On a aussi un stand. Et surtout on peut insister rapidement sur la 14e édition des RML qui a lieu à ici Toulouse. On reçoit les informaticiens le week-end prochain, du jeudi 28 au 1er décembre 2019. Je vous invite à venir.

Sinon les liens pour aller plus loin, vous avez : Mlog1.org, ça c’est le site local ; forum.Duniter.org [7] c’est pour les développeurs, donc si vous voulez nous aider, allez-y ; monnaie-libre.fr [8] c’est plutôt un site généraliste et puis un super site Creationmonetaire.info [9], très garni, de Stéphane Laborde.
Matiou : Merci.
Matiou : Merci pour votre attention.
[Applaudissements]