Alexandre Zapolsky de Linagora - Interview

Titre :
Interview de Alexandre Zapolsky de Linagora
Intervenants :
Gilles Gouget, animateur de la Radio Libre Divergence et Alexandre Zapolsky
Lieu :
Montpellier
Date :
Novembre 2013
Durée :
25 min 40
Lien

vers l’enregistrement

Transcription

Gilles :
Alexandre ZAPOLSKY est le fondateur et le PDG de Linagora. Dans le cadre du Tour du Logiciel Libre qui fait étape à Montpellier ce jeudi 14, il répond à nos questions. Une initiative de la société Linagora, une des plus importantes sociétés de service en logiciels libres en France. Un tour de France qui vise à enfoncer le clou de la directive du Premier ministre conseillant l’utilisation des logiciels libres dans les administrations et les collectivités. La mise au catalogue de l’UGAP des solutions Linagora fait aussi l’objet d’une présentation dans ce tour de France qui permet aussi et surtout de voir où on en est grâce aux interventions et aux retours d’expérience des DSI locales. Nous sommes au téléphone avec Alexandre Zapolsky. Bonjour.
Alexandre Zapolsky :
Bonjour. Bonjour à tous.
Gilles :
Alors, on vous reçoit. On vous avait déjà vu à Montpellier, c’était lors des dix ans de l’ADULLACT, il y a quelques mois déjà. Là, on vous a au téléphone pour parler un petit peu de Linagora, mais surtout dans le cadre du Tour de France du Libre, que vous avez organisé et qui amène, ce tour de France, à une étape montpellierenne, ce jeudi 14 novembre. Peut-être, pour présenter un petit peu, c’était dans les années 2000-2002 que vous créiez Linagora avec Michel-Marie Maudet. Depuis Linagora a grandi, c’est une société de services en logiciels libres, même si on a entendu récemment que, maintenant, il allait falloir les appeler les entreprises du numérique libre. Bref. Et puis, au fil de premiers marchés d’industrialisation, de premiers grands contrats, et puis de la consolidation dont vous avez su faire preuve, on arrive à la fameuse déclaration du Premier ministre en faveur du Logiciel Libre. Et puis, maintenant, vous êtes souvent des voyages présidentiels pour aller prêcher la bonne parole du Logiciel Libre, pour Linagora aussi, qui a su se développer, compte aujourd’hui à peu près 150 salariés.
Alexandre Zapolsky :
Collaborateurs.
Gilles :
Collaborateurs, voilà, et qui se délocalise sur le continent nord-américain, donc qui a le vent en poupe, on peut le dire comme ça.
Alexandre Zapolsky :
Alors, on ne se délocalise pas. on investit.
Gilles :
On s’étend.
Alexandre Zapolsky :
Et on exporte. Ce n’est pas tout à fait la même chose, et la différence principale, c’est que l’ensemble de nos équipes, aujourd’hui, de recherche et développement par exemple, sont en France, restent en France et je n’envisage pas un seul instant de substituer un emploi de l’un de nos ingénieurs français par un ingénieur qu’il soit canadien, américain, vietnamien, ou tunisien, ou je ne sais de quel pays. Ce n’est pas de la délocalisation, c’est vraiment de l’investissement. Je crois que le numérique, et en particulier l’open source dans le domaine du numérique, on a vraiment de très très bonnes solutions et on a de quoi exporter. Et, en tout cas, le numérique français ne mérite pas la faible part, en termes d’export, qu’il a aujourd’hui. Il faut qu’on fasse plus que ça. D’ailleurs, dans votre petite présentation, ce que vous avez oublié, présentation très complète, c’est que, également, je suis très investi au niveau, globalement, du numérique, et notamment dans Syntec Numérique, je suis un des administrateurs de Syntec Numérique et j’ai initié la Commission Internationale qui a justement pour vocation d’aider nos entreprises du numérique à se développer plus à l’international et à développer plus l’export. Je co-préside en fait cette commission avec Pierre-Yves Commanay qui est un des dirigeants de l’entreprise Sopra. Est-ce que je peux juste revenir sur deux, trois éléments de votre présentation ?
Gilles :
Absolument !
Alexandre Zapolsky :
Merci Gilles. Vous le disiez, société de services en Logiciel Libre, c’est vrai qu’on est en 2000, à l’origine, en fait, de cette appellation et de ce terme-là, et c’est effectivement le métier principal de Linagora jusqu’en 2006-2007. Depuis, on a très largement investi en innovation et en recherche et développement, et aujourd’hui Linagora, c’est beaucoup plus un éditeur de logiciels qu’uniquement une société de services en logiciels libres. Il y a plus de quarante personnes qui travaillent chez nous en recherche et développement, principalement à Paris, mais pas que, à Lyon, à Marseille. On a aussi un collaborateur à Montpellier, donc c’est une ville qui nous est chère, aussi pour ça, parce qu’en fait on y trouve de très bons ingénieurs. Donc voilà. On a des activités de recherche un peu partout en France. On a d’ailleurs ouvert très récemment un laboratoire conjoint avec une université, qui est l’université Joseph Fournier à Grenoble. Donc, c’est un premier laboratoire public-privé, en R&D open source, et j’en suis très très fier. On n’a pas encore fait d’annonce sur le sujet parce que, pour l’instant, on est en train de caler les dispositifs et concrètement les équipes sont en train de s’installer dans l’université, mais prochainement c’est un sujet sur lequel on va communiquer.

Donc, un éditeur de logiciels libres, et puis, si j’accompagne effectivement, alors pas souvent, j’ai eu l’opportunité d’accompagner une fois le Premier ministre, une fois le Président de la République dans le cadre de leurs voyages officiels, c’est moins pour parler de Linagora que pour porter effectivement la voix des entreprises du numérique, globalement, et plus particulièrement celle de l’open source. Ce que je peux vous dire, c’est que, dans tout ce qui est en train de se passer avec un gouvernement qui a 25 % de bonne opinion favorable, etc., ce que je peux vous dire c’est qu’on a une équipe gouvernementale qui est très attentive au développement de nos PME, au développement de l’innovation, et qui est vraiment là pour nous aider, pour nous faire grandir à l’international. Voilà, donc effectivement, moi, je suis plutôt soutien de la politique gouvernementale, en faveur de l’innovation et de l’aide qu’ils octroient aux PME, et en particulier aux PME innovantes. Ce sont des gens très accessibles. J’ai été très surpris par Jean-Marc Ayrault, par exemple, qui est effectivement très accessible. Mais on n’est pas là pour faire de la politique, on est là pour parler de Logiciel Libre et notamment, effectivement, de cet événement qui aura lieu très prochainement à Montpellier.
Gilles : On va y venir, mais vous me tendez la perche en évoquant le Syntec Numérique et, on va dire, l’action du gouvernement. On l’a vu pour l’Enseignement supérieur et la Recherche. On va dire que le message a été compris. Pour l’étape précédente, celle justement de la loi sur la modernisation de l’école, il semblerait que, sans vous en informer, le Syntec Numérique ait pris, on va dire, parti, et fait force lobbying pour faire reculer le législateur sur cette loi particulière.
Alexandre Zapolsky : Écoutez, j’ai beaucoup d’estime pour le Syntec Numérique et pour le travail qu’on mène avec l’ensemble du conseil d’administration, pour le travail que mène en fait mon président Guy Mamou-Mani, et j’aimerais effectivement pouvoir imaginer que seul le Syntec Numérique puisse faire prendre ou ne pas prendre des décisions au gouvernement, et puis faire en sorte que le Parlement vote en faveur d’un sujet ou d’un autre. On peut participer à la prise de décision publique, effectivement, comme syndicat premier, c’est le rôle aussi du Syntec Numérique de s’exprimer dans l’intérêt, en fait, de ses membres, mais naturellement il n’est pas seul à faire pencher la balance dans un sens ou dans un autre. La preuve, le Syntec Numérique ne défendait pas plus la position pro Logiciel libre qui a été adoptée pour l’Enseignement supérieur et la Recherche, et vous le rappeliez. Il était sur la même voie que sur le sujet de l’éducation, c’est-à-dire, effectivement que le Syntec Numérique ce qu’il dit, parce qu’il n’y pas d’autre point de vue, ce n’est pas effectivement le point de vue des acteurs de l’open source, qui n’est pas effectivement le point de vue de Linagora puisque, vous le savez, moi, j’ai exprimé la position de Linagora tout à fait officiellement à travers un communiqué de presse. Nous, on est tout à fait en faveur que l’État prenne position en faveur du Logiciel Libre, comme il l’avait fait dans le cadre de la circulaire Ayrault, quand Jean-Marc Ayrault a dit « il faut favoriser le développement et l’usage de l’open source ». Donc, quand ces deux proposions sont arrivées au niveau du ministère de l’Éducation et puis au niveau de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui disait à peu près la même chose, favoriser l’usage du Logiciel Libre pour construire des services numériques, les acteurs de l’open source, et en premier lieu Linagora, étaient favorables, effectivement, à de tels dispositifs et pas le Syntec. Et pourquoi ? Parce qu’au Syntec, ce qui prévaut encore aujourd’hui, c’est un principe dit de neutralité, qui veut dire que le Syntec ne souhaite pas que l’État fasse a priori le choix de telle technologie au profit de telle autre, ou de tel modèle économique au profit de tel autre. Ce qui est « entendable » pour une certaine partie de l’argumentation, c’est-à-dire qu’on imaginerait mal, par exemple, le Syntec Numérique dire maintenant il ne faut pas que des projets en mode Cloud et la seule bonne façon de faire, d’acheter du numérique, c’est de le faire à travers du cloud, donc des services SaaS, etc. On ne comprendrait pas une proposition qui serait celle-là de la part du Syntec Numérique.

Là où effectivement les gens de l’open source et de l’écosystème open source ont une position qui est différente, c’est que le propos que nous, on mène dans l’open source, c’est de dire oui mais la situation est tellement déséquilibrée en faveur des grands éditeurs de logiciels traditionnels que si on ne rétablit pas des éléments de concurrence un peu plus libres, un peu moins faussés, si on ne rétablit pas un équilibre dans le marché, eh bien ces acteurs-là sont tellement présents, sont tellement puissants, qu’on est dans un déséquilibre structurel qui fait qu’on a besoin que l’État intervienne pour recréer des conditions d’équilibre. Et justement, la neutralité dont se prévaut un certain nombre d’acteurs et qu’essaie de défendre le Syntec Numérique, si on veut l’atteindre, il faut qu’il y ait un rééquilibrage qui s’opère pour qu’il y ait cette neutralité.
Donc, si vous voulez, on a bien, finalement, le même type d’objectif, mais on ne partage pas tout à fait les mêmes constats sur la situation présente. Mais, vous savez, je pense vraiment qu’on a la nécessité de converger et de travailler en groupe, et moi j’ai choisi de m’investir dans les organisations existantes. Certains font le choix d’être à l’extérieur et de combattre ce qui existe déjà. Moi, j’ai toujours fait le choix de m’inscrire dans ce qui existait et d’essayer de faire progresser mes convictions et les points de vue que je défends à l’intérieur de ces organisations-là. Mais, à partir du moment où j’accepte de jouer le jeu de ces organisations, il faut que j’en accepte aussi les règles en matière de gouvernance, et donc il faut que j’accepte que le point de vue majoritaire ne soit pas forcément, pour l’instant, le point de vue que moi je défends. Et à partir de ce moment-là, je l’accepte et je suis capable de l’expliquer comme je viens de le faire auprès de nos auditeurs.
Gilles : Pour convaincre, justement, alors que ce soit les collectivités, les collectivités territoriales, les administrations ou encore des entreprises qui n’ont pas encore migré, etc., il semble bien que l’utilisation du terme « open source » soit souvent plus efficace que « logiciel libre ». Alors, pourquoi je dis ça ? C’est qu’on a fêté récemment les trente ans du projet GNU et Richard Stallman, en bon prof de vocabulaire qu’il sait souvent être, a rappelé sa vision des choses en disant que, finalement, les gens qui utilisaient le terme open source mettaient en avant l’aspect commode, l’aspect pratique du logiciel ouvert, on va dire ça comme ça, tandis que les gens qui disent Logiciel Libre mettent plus en avant l’aspect éthique du logiciel. Mais, si je comprends bien, pour rester pragmatique, et être efficace, et convaincre, c’est un petit peu sur ce double vocabulaire que ça se joue ?
Alexandre Zapolsky : Vous soulevez un point qui est intéressant. D’abord, moi j’ai énormément d’estime pour Richard Stallman, il le sait. C’est quelqu’un que je connais depuis presque aussi longtemps que j’ai voulu, souhaité, entreprendre. D’ailleurs, chose assez rare, il avait accepté de témoigner dans l’une des publicités officielles que Linagora faisait, qui était justement sur ce sujet de la liberté, et bien sûr, de la liberté appliquée en fait au domaine du logiciel. Et c’est vraiment pour moi une très grande fierté, et un vrai signe d’amitié, qu’il ait accepté, et un signe de confiance qu’il ait accepté d’accompagner Linagora sur ce combat-là.
Donc, un, je comprends parfaitement la position de Richard Stallman. Deux, je pense qu’il est tout à fait dans son rôle quand il rappelle la règle. C’est le père fondateur de ce mouvement du Logiciel Libre, donc il n’est pas là pour être dans la transaction, il n’est pas là pour transiger. Il est là pour redonner en permanence, et répéter inlassablement, d’où vient le Logiciel Libre, pourquoi il existe. Et lui, il mène un combat qui est essentiel, qui est le combat à la liberté de l’information et à la liberté de l’informatique, pour que les utilisateurs ne subissent pas l’informatique mais pour que les utilisateurs maîtrisent l’informatique et tout ce que l’informatique produit, notamment, en fait, les données, les informations qui sont traitées par l’informatique. Ça, c’est juste essentiel, notamment au regard de l’actualité qu’on a, PRISM et tout ce qu’a révélé celui qui aurait du être prix Nobel cette année, à mon avis, c’est-à-dire Snowden. De tous ceux qui s’intéressent au logiciel libre, à l’open source, il doit être respecté.

Mais néanmoins, ensuite effectivement, le Logiciel Libre, ce n’est pas qu’un mouvement idéologique, c’est devenu aussi un vrai marché, un vrai business et il ne faut pas avoir peur de ces termes-là. Et aujourd’hui ça apporte aussi de la liberté aux usagers, aux utilisateurs, mais qui ne sont pas que des individus, qui sont aussi, en fait, des entreprises. Et pour elles, l’impact qu’a l’adoption du logiciel libre peut être tout aussi important et nécessaire que pour un particulier. Mais, par contre, c’est moins, si vous voulez, cet enjeu absolu de liberté vis-à-vis de l’informatique qui rentre en ligne de compte, que sa capacité qu’ont les utilisateurs professionnels du logiciel libre, d’être plus indépendants vis-à-vis de ceux qui fournissent la technologie, de mieux maîtriser le rapport de force client-fournisseur et, finalement, d’avoir plus de droits dans cette relation commerciale entre les fournisseurs technologiques et eux, les utilisateurs.
Mais, plus de droits c’est aussi plus d’obligations, donc le Logiciel Libre, ce n’est pas toujours très simple. Moi, j’explique toujours que le Logiciel Libre ce n’est pas magique, l’open source ce n’est pas magique. C’est aussi pour ça que ça permet de faire tout un tas de travaux autour de schémas directeurs open source, autour d’aides à la définition d’usages stratégiques quand il s’agit, notamment, de réfléchir comment les grandes organisations, comme l’État et les ministères peuvent adopter le Logiciel Libre.
Pour revenir au sens de votre question, c’est vrai que, par extension, dans l’univers business, on utilise assez communément les deux termes, logiciel libre ou open source, et, à la fin, pour les entreprises, ça ne change pas fondamentalement les choses. Et moi, je ne suis pas là, encore une fois, pour compliquer le débat, et j’ai tendance à dire à mes interlocuteurs que, pour moi, les deux termes sont synonymes. Mais si on essaie d’être juste, les deux termes ne sont pas synonymes et, effectivement, il faudrait s’obliger à utiliser le terme Logiciel Libre quand on parle en français.
Gilles : C’est ce qui est assez passionnant, aussi, dans le monde du logiciel libre, c’est le fait que les libristes ont souvent une grande culture juridique et, du coup, sont assez pointilleux sur la sémantique.

Alors, on l’a bien compris, il s’agit aussi de faire œuvre de pédagogie auprès de ceux qui devraient migrer, ou qui se posent encore la question. En ce sens, le Tour de France du Logiciel Libre que vous menez dans plusieurs grandes villes de France, depuis quelques mois déjà, je crois qu’il y a eu une pause pendant l’été si je ne me trompe pas, sert aussi. À la fois, c’est une opération de communication pour Linagora, mais en même temps, c’est aussi l’occasion d’avoir des retours d’expérience de la part des responsables, des DSI, des collectivités, puisque dans le cadre de ce qui nous amène ici ce jeudi 14 novembre 2013, toute la journée, dans le cadre de cette étape montpellierenne, il y aura évidemment Julien Faury pour Linagora, qui est Directeur des Régions, et qui viendra communiquer à 10 heures 15. Et puis, il y aura aussi des gens qui parleront du marché de l’UGAP, comment mettre en œuvre du logiciel libre sans appels d’offres, ça aussi c’était plutôt une grande victoire de cette année. Et puis les associations présentes, ainsi que les chefs de projets open data, qu’ils soient de la ville ou de la région, viendront un petit peu témoigner des choses qui sont en train de se passer.
Alexandre Zapolsky : Vous avez raison. Pour moi, ce Tour de France du Logiciel Libre, ça faisait un moment que j’en avais envie. Moi, vous savez, je suis né à Toulon, ça s’entend peut-être avec mon accent, et je suis profondément attaché à mes racines provinciales, et je pense que toute la France, toute la vie, n’est pas uniquement contingentée à Paris. Donc, si vous voulez, j’en avais un peu assez que les, on va dire, les grands événements, n’aient lieu qu’à Paris et que, quand on veut parler de Logiciel Libre, il faut forcément demander aux gens de bien vouloir nous rejoindre sur Paris. Ce qui fait que, par ailleurs, un grand nombre, en fait, d’événements marchent de moins en moins, parce que les gens n’ont pas cette nécessité, n’ont plus forcément envie de se déplacer pour aller entendre et écouter les Parisiens. Moi, je pense que les régions sont en train de prendre un sacré leadership et un sacré dynamisme, justement grâce à Internet, grâce aux nouvelles technologies de l’information et, disons-le aussi, grâce aux moyens pour voyager beaucoup plus aisément. C’est beaucoup plus simple aujourd’hui de faire un événement sur Montpellier et d’avoir, y compris des participants de toute la France, parce que c’est facile de se déplacer jusqu’à Montpellier, ça l’est beaucoup plus qu’il y a, effectivement, quinze ou vingt ans.
Et donc, cette journée va être tout à fait essentielle, là cette journée du 14 novembre. Elle a lieu, et je tiens vraiment à les remercier, à la Maison du Numérique. Cette Maison du Numérique est opérée par une association qui s’appelle NOVAE, qui est en fait une association dont l’objectif est de développer le numérique, les usages du numérique, et l’écosystème du numérique en Languedoc-Roussillon. Donc, le NOVAE nous accueille. Naturellement, on laissera la parole à son président, donc Philippe Nahoum, qui nous a vraiment fait la gentillesse de nous accueillir à cette Maison du Numérique, et donc ça se fait avec NOVAE. Et puis, ça se fait aussi avec les équipes, et ça c’est souvent le cas, quand on se déplace en région, on essaie de monter les événements avec ce qu’on appelle les groupes d’utilisateurs Linux, les GULs, les groupes d’utilisateurs Linux, Montpel’libre, et puis, également, l’association régionale qui défend le Logiciel Libre, qui s’appelle la FRUL, F-R-U-L, la FRUL, qui est la fédération régionale des utilisateurs du Libre.
Alexandre Zapolsky : Je suis très content qu’on fasse ça avec Montpel’libre, et avec la FRUL, pour plusieurs raisons. D’abord, c’est parce que ce sont ces gens-là qui vont organiser en 2014 les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre. Elles auront lieu du 5 au 11 juillet à Montpellier. Donc, Montpellier va devenir la plaque tournante, si je peux l’exprimer ainsi, du logiciel libre, en 2014, à l’occasion de ces Rencontres Mondiales du Logiciel Libre et Linagora aura bien évidemment à cœur d’accompagner les organisateurs dans la réussite de cette région.
Par ailleurs, en fait, il se passe beaucoup de choses en Languedoc-Roussillon. D’ailleurs, à l’occasion de cette matinée du 14 novembre, on aura à la fois le Conseil régional de Languedoc-Roussillon qui viendra nous parler de son projet de migration à LibreOffice, et son retour d’expérience de migration Microsoft Office vers LibreOffice. Et puis, on a également les gens de la ville de Montpellier et de l’agglo de Montpellier qui vous venir nous parler de ce qu’ils font dans le domaine de l’open data, et comment, en fait, tous leurs programmes d’open data, en réalité, reposent sur l’usage de logiciels libres. C’est Jérémie Valentin et Pierre Brice qui vont intervenir, et c’est Jean-François Mangin, qui est le Directeur des Systèmes d’Information du Conseil régional Languedoc-Roussillon qui va venir présenter son retour d’expérience.
Donc, vraiment une matinée très riche, qui va être extrêmement intéressante. Et on fait ça avec des gens qui sont tout à fait essentiels, dans le dispositif, en Languedoc-Roussillon, du côté de Montpellier, ce sont, bien sûr, les gens de l’ADULLACT. Et, en l’occurrence, le bras armé de l’ADULLACT, qui s’appelle ADULLACT Projet, qui est une SCIC, une société de coopérative qui gère les projets de mise en œuvre, notamment auprès des collectivités qui veulent, en fait, utiliser les logiciels issus de l’association ADULLACT, qui est une association qui fédère les collectivités locales dans leur développement de nouveaux logiciels libres. Ils ont une entreprise du numérique, issue en fait de l’ADULLACT, et Pascal FEYDEL, qui en est le fondateur et le PDG de l’ADULLACT Projet, sera aussi avec nous. Donc, on va vraiment avoir une très belle matinée. Et puis, avec tous les gens qui écoutent Divergence Numérique, alors là, c’est vraiment la cerise sur la gâteau, on va, comment dire, péter les scores, et je pense qu’on va vraiment avoir une matinée formidable.
Gilles : C’est gentil. Plus hexagonalement, j’imagine que, finalement, tout ce qui va rester de ce Tour de France, j’imagine qu’il y a une synthèse, un bilan. Ce sera riche d’enseignement, un enseignement qui pourrait profiter aussi à ce qui passe au niveau du gouvernement.
Alexandre Zapolsky : Vous avez raison de le souligner. Il va d’abord venir aussi servir les États Généraux de l’Open Source.. Vous savez qu’au Syntec Numérique, avec l’ensemble des associations et des fédérations de professionnels de l’open source, et puis avec tous ceux qui l’ont souhaité, on a monté sous le patronage de Fleur Pellerin, les États Généraux de l’Open Source. L’idée étant de réfléchir à notre métier, à son avenir, aux conditions dans lesquelles on l’exerce ; les enjeux en termes de formation ; que peuvent faire en fait le secteur public et le gouvernement pour nous aider à développer plus et mieux notre écosystème ? Quelle serait une fiscalité positive permettant là, encore une fois, de dynamiser encore plus notre écosystème, qui est lui-même un écosystème très dynamique ? Comment nous-mêmes on peut rendre à la collectivité, à travers notre croissance, à travers l’augmentation de notre capacité de développement international, comment on peut rendre, en fait, ce que la collectivité nous apporte ? Bref, donc, on aborde tous ces sujets-là à l’occasion des États Généraux de l’Open Source, et, naturellement, les retours et les enseignements qu’on retire, qu’on a déjà retirés, puisqu’on a déjà fait plus d’une dizaine d’étapes effectivement, comme vous le rappeliez, avant l’été. Il y en a encore un peu moins d’une dizaine qu’on réalise d’ici la fin de l’année, donc on aura fait une vingtaine d’étapes en l’espace d’un an, on va effectivement synthétiser ces rencontres, les attentes, en fait, de nos interlocuteurs.
Mais ce qui est sûr, ce dont on s’aperçoit, c’est qu’il y a vraiment une dynamique très forte au niveau de chaque région, dans le domaine du numérique, c’est certain, et en particulier dans le domaine de l’open source. Et il y a beaucoup d’attente pour qu’il se passe encore plus de choses dans les régions, que ces expériences soient mieux partagées, mieux entrecroisées. Donc on a un modèle français qui est encore très centralisé, et on voit bien que ce que nous disent nos interlocuteurs en région, c’est qu’ils attendent autre chose que uniquement des initiatives parisiano-parisiennes et qu’il faut prendre en compte les régions. Et donc, c’est tout à fait ce que nous on essaie de faire, en nous rapprochant de la vraie vie et de nos vrais interlocuteurs, et pour Linagora, y compris de ses vrais clients que sont les collectivités locales, territoriales qui sont partout en France. À Paris, elles sont finalement peu nombreuses, si on regarde.

Gilles :
Très bien. Le rendez-vous est pris pour ce jeudi. C’est au quartier du Millénaire. Toutes les informations sont sur le tour-du-logiciel-libre.fr, les mots séparés par des tirets. Alexandre Zapolsky, merci beaucoup. On vous souhaite de bien terminer ce tour et que le développement du logiciel libre profite et s’étende.
Alexandre Zapolsky :
Et rappelons juste que c’est bien évidemment gratuit, que c’est ouvert à tout le monde. Par contre, nécessité, s’il vous plaît de passer par le site web pour s’inscrire au préalable.
Gilles :
Merci beaucoup.
Alexandre Zapolsky :
Merci à vous. Merci Divergence.

Avertissement : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant⋅e⋅s mais rendant le discours fluide. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.