Sciences, Internet & Logiciel Libre - Elzen

Titre :
Sciences, Internet & Logiciel Libre
Intervenant :
Sébastien “Elzen” Dufromentel
Lieu :
Ubuntu Party - Paris
Date :
Novembre 2016
Durée :
1 h 02 min 30
Vidéo de la conférence webm
Support de la présentation PDF
Licence de la transcription :
Verbatim

Transcription

Elzen : Bonjour tout le monde. Je crois que je vais faire beaucoup de bruit en soufflant dans le micro. Je suis désolé.
Public : Mets un peu plus bas. Pas trop !
Elzen : Comme ça, ça va ?
Public : Nickel !
Elzen : Je disais bonjour tout le monde. Je vais donc vous parler aujourd’hui de : « Sciences, Internet et logiciel libre ». Pour la petite histoire, c’est la deuxième fois que je fais cette conf parce qu’en fait, je l’ai préparée le mois dernier pour la Fête de la science. Et puis les gens de l’Ubuntu Party m’ont demandé de venir faire une conf ici ; je n’avais pas spécialement le temps de préparer, je me suis dis « Fête de la science, Cité des sciences, ça va à peu près ensemble, on va reprendre la même. » Donc voilà. Je vais vous parler de sciences, d’Internet et de logiciel libre.
De quoi on va parler un peu plus précisément que ça ? Je ne détaille pas le plan, on verra au fur et à mesure. C’est une conf dans laquelle je vais vous demander votre avis à plusieurs reprises en cours de route, assez rapidement. La dernière fois on a fait plein de discussions en cours de route et puis, finalement, la conf a pris deux heures. Là, on n’a qu’un créneau d’une heure, on va peut-être faire un peu plus court, mais ça devrait aller. Je vais vous demander votre avis pour la première fois sur qu’est-ce que le mot science veut dire d’après vous ? Le mot science, comment vous définiriez ça ? Il y a quelqu’un qui a envie d’essayer de répondre ?
Public : C’est tout simplement la recherche de nouveautés dans tous les domaines : médical, informatique ou autres, mathématique.
Public : Tout autre. Ça respecte la déontologie et puis, on va dire, structurer.
Elzen : C’est bien. Vous êtes déjà sur la même longueur d’onde que moi, tout va bien. En général, quand on demande la définition du mot science, il y a, à peu près, quatre définitions qui reviennent fréquemment. D’ailleurs, j’ai oublié de changer de tee-shirt, à ce moment-là :

  • ensemble des connaissances d’une personne et d’une société. Donc la science de telle région du monde, à telle époque. Par exemple quand on dit : « Arrête d’étaler ta science ? », ce genre de choses ;
  • l’ensemble des applications qui sont issues de cette connaissance ;
  • on peut aussi utiliser le mot science pour parler de l’institution scientifique. Donc l’ensemble des gens qui font de la science ;
  • et puis c’est une démarche d’obtention des connaissances. Normalement je porte un tee-shirt avec ce joli petit logo dessus Stand back, I’m going to try science. Donc ce dont je veux vous parler ici, c’est ce dernier point donc la démarche d’obtention des connaissances.

C’est une démarche, comme ces messieurs l’ont dit, qui est soumise à certaines règles de déontologie, entre autres, pour bien fonctionner. En particulier, il y a quatre piliers de la démarche scientifique qui sont, d’abord, le scepticisme initial sur les faits et leurs interprétations. C’est-à-dire qu’on ne prend rien pour définitivement acquis. Il est toujours possible que les découvertes ultérieures viennent remettre en cause ce qu’on connaissait avant. Donc le plus important est de ne jamais arrêter de se questionner, comme disait un certain monsieur Albert Einstein. Donc la science est, par nature, le contraire du dogmatisme. On remet toujours, systématiquement, en cause tout ce qui a déjà été fait, y compris par nous.
Le deuxième point, c’est le matérialisme de méthode. C’est-à-dire que la façon dont on fait de la science, faire de la science, le principe général, c’est appuyer sur les choses et regarder comment elles régissent. Donc, par définition, on ne peut faire de la science que sur les choses sur lesquelles on peut appuyer. On parle régulièrement des conflits possibles entre science et religion. La religion, le concept de dieu, par définition, c’est un truc sur lequel on ne peut pas appuyer. Donc, avec la science, on ne peut pas travailler avec. On ne s’y oppose pas, juste ce sont deux domaines différents.
Le troisième point c’est le réalisme. Le réalisme, c’est l’hypothèse selon laquelle il existe une réalité matérielle qui va se manifester de la même manière à tout le monde. C’est-à-dire qu’on travaille en appuyant sur les choses et on regarde comment elles réagissent et on fait le pari que quelle que soit la personne qui va appuyer sur la chose, si on appuie de la même manière, la réaction sera la même.
Et le dernier pilier, c’est le fait de se conformer à la logique et au principe de parcimonie. Donc on construit des raisonnements qui doivent tenir la route. Et le principe de parcimonie, c’est un principe d’économie d’hypothèse. Ça veut dire que si on peut expliquer la même chose, avec le même degré de fiabilité, de deux manières différentes, mais qu’il y en a une qui est plus simple que l’autre, on va préférer celle qui est la plus simple.
Voilà ! Donc ça ce sont les quatre piliers de la démarche scientifique. Et il y a un point aussi qui est important à souligner, c’est que la démarche scientifique sert à produire des données. Vous avez déjà un exemple que j’aime bien prendre. Vous avez déjà probablement tous entendu, quand vous étiez enfant, tout ça, qu’il ne faut pas laisser les bouteilles traîner par terre parce que le verre met 4 000 ans à se décomposer. Si vous vous êtes déjà demandé quel est le lien logique entre les deux propositions, vous avez tout à fait raison. On ne dit pas qu’il pas qu’il ne faut pas laisser les bouteilles traîner parce que le verre met 4 000 ans à se décomposer. Si on ne dit que ça, il manque un morceau. Le morceau qui manque c’est : on a l’intention que les gens qui passeront le lendemain ne trouvent pas les déchets. C’est un point extrêmement important ça, parce que c’est le point de la responsabilité citoyenne, de la démarche collective, et de l’usage qu’on fait de la donnée scientifique. Le point fondamental, dans cette histoire-là, c’est celui qu’on ne dit pas. C’est celui qu’on veut que les gens trouvent l’endroit dans le même état le lendemain. Le fait que le verre mette 4 000 ans à se décomposer, c’est une donnée. C’est un truc qu’on utilise pour prendre la décision, mais ce n’est pas ça qui motive la décision. Quand vous avez des gens qui viennent vous dire : « La science dit que machin, donc il faut faire comme ça », il manque toujours une étape et c’est cette étape-là qui est la plus importante. C’est : quel est l’objectif ? Pourquoi on prend cette décision-là ? La donnée scientifique est une donnée qui ne sert pas à prendre la décision par elle-même. On s’appuie sur les données pour prendre les décisions, mais les données sont le fruit d’une volonté politique qu’on met en plus.
Maintenant, la science au quotidien, comment ça marche ? L’exemple que je donne régulièrement, je pense que les gens qui étaient à ma conférence il y a six mois ont déjà dû voir ça. Ça c’est l’arbre de la vie tel qu’on le dessinait à l’époque de M. Charles Darwin, l’arbre des relations entre les différentes espèces, avec un tronc qui montait vers le haut, avec l’homme tout en haut, au sommet de l’évolution, et plein de branches, de trucs primitifs derrière. Ça c’est l’arbre de la vie comme on le dessine maintenant, qui part dans toutes les directions. Si vous cherchez l’homme, c’est un petit point quelque part par là, parmi plein d’autres. Il n’y a pas un sommet de l’évolution. Ça, c’est un exemple que je donne assez régulièrement pour montrer le fait que la démarche scientifique n’est jamais quelque chose de figé. On va perpétuellement travailler, retravailler ce qui a été fait. Donc l’activité scientifique au quotidien c’est lire ce que les autres scientifiques ont publié. Ils vont proposer des manips pour prouver ce qu’ils avancent, on va refaire les manips pour vérifier si c’est bon ou pas. On va trouver des trucs qui ne vont pas, qui peuvent être améliorés. Donc on va proposer des choses pour les améliorer. On va faire de nouvelles manips pour montrer, pour vérifier que les améliorations sont bien puis, ensuite, on va publier les résultats. Ça c’est l’activité de chercheur au quotidien.
Publier les résultats, à l’époque, enfin pendant longtemps ça se faisait sur papier. Maintenant on a un truc un peu génial qui s’appelle Internet, donc ça va être mon point suivant.
Est-ce que vous savez d’où vient Internet ?
Public : L’armée américaine.
Elzen : Alors, l’armée américaine. On entend souvent dire ça, que ça aurait été une invention de l’armée américaine. En fait, ce n’est pas vrai : ça a été commandité par l’armée américaine. Ça a été commandité par l’armée américaine qui voulait un réseau qui soit indestructible : le petit oiseau blindé, là, l’armure. Mais les gens qui ont vraiment fabriqué Internet c’étaient des scientifiques dans les universités américaines, c’étaient des gros hippies, et ce qui les intéressait là-dedans c’est qu’ils ont réfléchi deux secondes et qu’ils se sont dit que indestructible ça veut dire incontrôlable. S’il n’y a pas moyen de détruire la chose, il n’y a pas moyen de faire pression dessus pour faire des saletés avec. Et c’est ça qui est le point fondamental d’Internet. Ça a été réclamé par des militaires pour un truc indestructible mais, de fait, si c’est indestructible, ça a la possibilité de devenir un énorme espace de liberté.
Maintenant, comment est-ce que ça marche tout ça ? Alors pas comme ça. Ça c’est le réseau à l’ancienne, comme on en fait depuis qu’on a suffisamment d’ordinateurs pour les brancher les uns sur les autres. Je ne sais pas si ça se voit bien, ces petites machines-là sont des Minitels, parce que c’est exactement comme ça que ce réseau-là fonctionnait. Les réseaux à l’ancienne, on a un gros serveur au centre qui fait tout, qui gère tout, et tous les terminaux autour, tous les petits ordinateurs qu’on a en périphérie du réseau sont des trucs fondamentalement bêtes, qui ne servent qu’à se connecter au truc central. Ça, évidemment, sur le côté indestructible, c’est nul ! Il suffit d’attaquer le truc au milieu et il n’y a plus rien qui marche !
Donc, pour faire Internet, on a décidé de faire exactement le contraire et donc on a fait ça. Donc le principe d’Internet, c’est que toutes les machines intelligentes sont en périphérie du réseau et il n’y a pas de machine au centre. Au centre, il n’y a que des câbles. Ce n’est pas vrai. En vrai, il y a des machines au centre aussi, mais leur rôle est simplement de transférer l’information du point A au point B et d’être totalement transparentes. Le but du jeu est qu’on fait comme si ces machines n’existaient pas, comme si c’était juste des câbles. Le but, c’est juste de transférer l’information du point A au point B et toute l’intelligence est autour. Le réseau lui-même est bête. Ça, c’est ce qui change fondamentalement par rapport au réseau à l’ancienne et c’est ce qui fait qu’Internet est indestructible et donc incontrôlable. En théorie. Maintenant, on va voir sur le papier, il y a des choses à redire, mais on va en parler.
Maintenant comment ça marche ? Attention je vais vous montrer une slide super technique. Donc vous retrouvez mon bazar de câbles derrière, c’est devenu des rails, et toutes les informations qui doivent circuler sur ces rails donc sur les câbles d’Internet, [les gens qui sont derrière, si vous voulez venir vous asseoir il y reste des places], donc toutes les informations qui doivent circuler sont découpées en petits paquets et on envoie ces petits paquets sur le réseau. On a ce qu’on appelle des adresses IP. Ce sont des suites de nombres, comme ça, avec des points ou avec des deux points si on prend la version récente, qui servent à identifier les machines et on envoie des tas de paquets sur le réseau qui vont aller d’une machine à une autre. Voilà ! Internet, ça marche globalement comme ça. C’était une slide super technique, je vous avais prévenus.
Maintenant, qu’est-ce que ça apporte Internet au juste ? Je ne sais pas si cette slide-là passe très bien, on ne comprend pas toujours du premier coup d’œil. Mais là, ce que je vous montre, mine de rien, ce sont les trois grandes révolutions de l’humanité. La première, c’était il y a à peu près 5 000 ans, c’est quand on a inventé un truc qui s’appelait l’écriture. Vous savez, avant, quand on voulait des infos, on était obligé de tout retenir de tête et si je voulais transmettre l’info à quelqu’un, j’étais obligé d’aller lui parler et de m’assurer qu’il retienne tout, parce qu’il n’y avait aucun moyen de noter.
Première grande révolution, c’est quand on a commencé à pouvoir écrire des choses. Ce qui voulait dire que je pouvais mettre les choses sur papier, poser le papier quelque part et puis la personne qui venait après pouvait lire le papier, pouvait accéder à l’information sans que je sois présent. Ça, au niveau de notre rapport aux connaissances, ça change énormément de choses, déjà.
La deuxième grande révolution, alors c’était un peu plus récent, c’était il y a 500 ans – 5 000 ans c’est vieux on ne se rappelle pas forcément, 500 ans c’était hier, ça va – ça s’appelle l’imprimerie. Ce qui change fondamentalement, c’est que quand qu’on a inventé l’écriture, eh bien il faut quand même écrire, à la main ça prend du temps. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais les bouquins qui circulaient le plus à l’époque c’était les trucs genre la Bible, c’est très long à recopier. L’imprimerie permet de produire des quantités phénoménales de texte en très peu de temps, donc permet de produire du texte en masse et ça, ça change fondamentalement les choses, parce que ça permet à l’ensemble de la population de lire. Ça permet à tout le monde d’accéder à l’information et de lire mais, il y a un mais qui est absolument capital, une presse à imprimer ça coûte cher, ce n’est pas à la portée de tout le monde, il n’y a que quelques personnes qui vont pouvoir décider ce qu’on va pouvoir écrire. Et donc ça, ça nous crée une société extrêmement verticale, qu’on va retrouver dans les autres modèles ensuite, y compris la télévision, surtout la télévision, où on a quelques personnes qui décident ce qui va être diffusé et toute la population, derrière, qui ne peut que accéder à l’information et qui n’a pas son mot à dire sur ce qu’on va diffuser. Donc ça, société très verticale : quelques personnes décident, tout le reste suit !
Ce qui change fondamentalement avec la troisième grande révolution de l’humanité qui est en train de se jouer en ce moment qui est le numérique et Internet, c’est que Internet, on l’a dit, l’intelligence est à la périphérie : tout le monde peut monter une machine et mettre du contenu à disposition. Internet, c’est donner la possibilité à tout le monde d’écrire. C’est-à-dire qu’un concept qui est assez intéressant qui s’appelle la liberté d’expression, avant le numérique, avant Internet ça n’avait pas de sens. Ça n’avait pas de sens parce qu’il y avait d’énormes barrières à l’entrée pour permettre aux gens d’écrire. Maintenant, si vous voulez tenir un blog, vous pouvez le faire sans problème. C’est ça la troisième grande révolution de l’humanité, c’est qu’on est en train de mettre en place un système dans lequel tout le monde a le droit à la parole. Donc un système qui va être beaucoup plus égalitaire. Qui va être, qui ne l’est pas encore, parce qu’on a encore les réflexes d’avant, on a encore beaucoup de choses à changer, mais on est dans la troisième grande révolution de l’humanité qui est en train de se jouer en ce moment. C’est assez intéressant à noter et ça permet des jolis trucs comme ça où se met à travailler tous ensemble, tout le monde travaille ensemble partout sur la terre – belles images de promo, je l’ai trouvée sur un moteur de recherche en deux minutes – mais, pour arriver à faire ce genre de choses, il y a quand même une nécessité c’est qu’il faut qu’on arrive à communiquer tous ensemble. Vous connaissez l’histoire de la tour de Babel : les gens ont commencé à construire leur truc, tout ça, et puis les dieux n’étaient pas d’accord. Alors ils ont dit : « On va leur faire parler plein de langues différentes, comme ça ils ne se comprendront plus, le projet va s’arrêter. »
Le principe c’est un peu le contraire, c’est que si on veut que tout le monde réussisse à faire les choses ensemble, il va falloir qu’on se débrouille pour que au moins les machines parlent la même langue. Les humains, on s’arrangera, mais les machines, au moins, doivent pouvoir se comprendre. C’est là qu’intervient notre troisième larron. Donc on a fait sciences, Internet, maintenant le logiciel libre.
Alors le logiciel libre, d’où ça vient ? À l’origine, l’informatique était une discipline universitaire. Les premières licences de systèmes d’exploitation, par exemple, c’était un truc qui coûtait un bras, mais c’était payé par votre labo parce que si vous vouliez bosser dessus, c’est que vous étiez dans une fac, donc le labo prenait en charge. Vous aviez toutes les infos dont vous aviez besoin, et puis voilà. Donc c’était comme ça que l’informatique s’est beaucoup développée au début. C’était ce qu’on appelle libre de fait, c’est-à-dire que ce n’était pas libre en droit, mais on faisait comme si c’était, donc tput le monde utilisait sans problème.
Et puis un jour, il s’est passé une petite chose, c’est que ce monsieur-là qui s’appelle Richard Stallman, c’est un informaticien américain, un jour il a eu un souci avec son imprimante. Il savait parfaitement ce qu’il fallait faire pour corriger la chose. Il avait juste à aller prendre un pilote, changer un bout de code et puis ça marchait. Donc il a essayé de le faire et il s’est rendu compte qu’il n’avait pas ce qu’on appelle le code source, donc les infos qui permettent de modifier la façon dont l’imprimante peut réagir. Et il s’est dit que ça c’était très grave. On lui avait vendu un matériel avec le logiciel qui allait avec, on ne lui avait pas donné les infos qui lui permettaient de modifier les choses comme il en avait besoin. Il s’est dit que ce serait bête si ça devenait le seul modèle possible et donc il a fondé la Fondation pour le logiciel libre [1], dont le but est de faire en sorte que tous les usages qu’on puisse faire de l’ordinateur, on puisse y arriver avec du logiciel libre, donc en ayant complètement la main dessus.
Logiciel libre est-ce que vous savez ce que ça veut dire ? Est-ce que vous savez ce qu’on met derrière ce terme de logiciel libre ?
Public : Utilisation libre, bien sûr.
Public : le code !
Public : Le code source est libre.
Elzen : Ce sont quatre points, qu’on appelle les quatre libertés fondamentales qui sont ici présentées :

  • La possibilité d’utiliser le logiciel sans autres restrictions que celles qui sont posées par la loi. C’est-à-dire que ce n’est pas à la personne qui fait le logiciel de vous dire « ça vous avez le droit de le faire ou pas ». La seule personne qui a le droit de vous dire « ça vous avez le droit de le faire ou pas », c’est la personne qui fait les lois, c’est le législateur, c’est tout.
  • Deuxième liberté : étudier le logiciel, donc avoir accès au code source, pouvoir le lire, pouvoir voir comment ça marche pour progresser, pour vérifier qu’il marche bien, vérifier qu’il n’y a pas de saletés copiées dedans.
  • Liberté 2, oui 2, parce qu’en informatique on commence à compter à 0, c’est une petite habitude : modifier le logiciel. Vous repérez quelque chose qui ne va pas dans un logiciel, vous devez avoir le droit de le modifier vous-même. Et si vous n’avez pas les compétences pour ça, vous devez avoir le droit d’engager quelqu’un pour faire les modifications pour vous. Ça permet d’ajouter des fonctionnalités. Vous vous dites que ce truc-là il est génial, mais il manque un bouton pour faire ça, vous pouvez ajouter le bouton. Si vous trouvez, là il y a une faille, là il y a un gros souci de sécurité par exemple, vous avez le droit de la corriger.
  • Et puis, liberté 3 : partager le logiciel, donc soit le logiciel tel quel, comme vous l’avez eu, soit les modifications que vous avez dessus, vous avez le droit de les rediffuser.

Point important : il y a des gens qui ont souvent l’image du logiciel libre c’est forcément gratuit, ce n’est pas vrai. La liberté 3 dit explicitement : « Si vous avez le logiciel, vous devez pouvoir avoir le droit de le vendre ». Pourquoi ? Parce que mettre du logiciel à disposition, ça a un coût. Si j’imprime sur des CD et que je distribue les CD, ils m’ont coûté quelque chose. Donc j’ai le droit de demander… C’est pour ça qu’à la boutique là-bas, les DVD d’Ubuntu sont en vente pour un euro. C’est à peu près ce que ça nous a coûté, plus ou moins. Donc voilà. Ça ce sont ce qu’on appelle les quatre libertés fondamentales qui définissent ce que c’est qu’un logiciel libre. S’il y a un seul point qui n’est pas entièrement validé, le logiciel n’est pas libre et c’est un problème.
Donc ces quatre points : utiliser, étudier, modifier, partager, si vous avez suivi un peu ce que j’ai dit au début, ça doit vous rappeler un petit quelque chose. Non ? L’activité scientifique. On a dit : c’est important du fait que produire des données, c’est la société qui décide ce qu’on va en faire, tout le monde est libre de les utiliser. Et puis notre boulot quotidien, étudier les publications des autres, proposer des modifications et puis, ensuite, republier derrière. Ce n’est pas pour rien, en fait, que ce sont des universitaires qui ont inventé le concept de logiciel libre à la base, parce que c’est ce qu’on a déjà l’habitude de faire. Science et logiciel libre, ça marche de la même manière.
Ça marche pour la science, ça marche pour le logiciel libre, à votre avis est-ce que ça marche pour Internet ? Voilà. Vous avez un accès à Internet, normalement on n’a pas le droit de vous dire « sur ce site-là vous avez le droit d’aller, pas sur celui-là », par exemple. Ce n’est pas à la personne qui vous fournit l’accès à Internet de décider ça, normalement.
Vous devez pouvoir étudier comment marche Internet. Ouais !
Normalement vous devez pouvoir partager votre accès. Il y a des gens qui viennent chez vous, c’est bien de leur filer la clef de votre Wi-fi.
Modifier. Modifier l’état du réseau, qu’est-ce que ça veut dire ? Modifier Internet ? Quand vous montez votre blog, vous ajoutez du contenu qui va ensuite être accessible : c’est vrai, vous modifiez Internet ; vous ajoutez du contenu. Exactement de la même manière qu’on peut ajouter une fonctionnalité dans un logiciel. C’est quelque chose qui est absolument essentiel, ça, puisque c’est la façon dont Internet est censé fonctionner.
Public : Sauf si on veut enlever des trucs sur Internet. C’est un peu compliqué parfois !
Elzen : Enlever des choses sur Internet c’est un peu plus compliqué parce que quand c’est à d’autres endroits. On va en reparler juste après. Et voilà, ces quatre points-là, c’est la base et ça forme la base de ce qu’on va appeler la neutralité du réseau dont je vais vous reparler un peu après. Donc ce sont les points principaux. On voit que la logique de fonctionnement est la même dans les trois cas. Quand je vous dis « je fais une conf pour dire que c’est la même chose », voilà ! Je n’ai pas besoin d’aller chercher très loin.
Et puis pourquoi je vous parle d’Internet assez souvent dans un truc qui est dédié au logiciel libre ? Parce que Internet et le logiciel libre c’est la même chose. Internet est apparu parce qu’il y avait du logiciel libre et le logiciel libre est apparu parce qu’il y avait Internet. C’est un peu bizarre dit comme ça, mais si on ne peut pas avoir l’accès aux sources, pouvoir s’envoyer des logiciels et la façon dont ils fonctionnent d’un bout à l’autre du monde, eh bien c’est plus dur de pouvoir bosser ensemble. Si on doit recopier le code sur papier et l’envoyer par courrier postal, c’est beaucoup plus dur !
Et puis, de l’autre côté, Internet fonctionne parce que c’est basé sur des technologies libres et il faut savoir que c’est basé sur des technologies libres dans tous les systèmes. C’est-à-dire que même si vous utilisez Windows, si vous utilisez Mac OS, le bout de logiciel qui fait la couche réseau, c’est du code libre. C’est le même code qu’on va retrouver partout, partie langage, tout le monde doit parler de la même chose. Si ce n’était pas libre, ça veut dire si on nous mettait des freins pour comprendre la façon dont ça marche, ça ne pourrait pas marcher. Donc les deux marchent parce que les deux sont constitués de la même manière et sont complémentaires.
Quand on parle du concept de Libre, on est un peu sorti du logiciel depuis. Un exemple qui revient très souvent c’est celui de Wikipédia. Le but de Wikipédia c’est de prendre toute l’information et de la mettre à disposition de tout le monde. Faire l’inventaire de toutes les connaissances de l’humanité en ce moment et les mettre à disposition de tout le monde, l’idée n’est pas nouvelle. Est-ce que vous savez d’où vient cette idée-là ? Un des premiers grands travaux qui ont été réalisés dans ce domaine-là, de mon point de vue, c’est l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, c’est exactement le même principe. On prend toutes les connaissances actuelles et on les met à disposition de tout le monde.
Quand je vous parlais de la démarche scientifique, du fait qu’on relit ce qu’ont fait les autres et on repère s’il y a des erreurs et, s’il y a des erreurs, on propose des choses pour les corriger. Eh bien sur Wikipédia, c’est quelque chose qui est permanent. Toute personne a accès en lecture à Wikipédia et peut ensuite repérer des erreurs, s’il y en a, et venir les corriger. Donc d’un point de vue scientifique, c’est du peer review permanent. C’est remise en question permanente et vérification par tout le monde. Grande importance des sources. Oui, si vous affirmez quelque chose, il faut dire d’où vient l’affirmation, il faut dire sur quoi vous vous basez pour dire ça, et puis il y a un effort qui est fait de neutralité. Donc l’activité d’utilisation de Wikipédia et l’activité scientifique ça marche de la même manière. C’est le truc qui est assez impressionnant. Mais après, Wikipédia c’est un bon exemple mais ça ne fait pas tout.
Donc quelques petits exemples de choses qui peuvent être importantes à garder à l’esprit : vos petits réseaux de neurones pour avoir des informations sympas. Vous avez Wikipédia, vous avez OpenStreetMap [2] qui fait de la cartographie en libre ; vous avez Open Food Facts [3], ils ont un stand juste à côté, ce sont des gens qui font une base de données libre de tous les produits alimentaires qu’on trouve dans les magasins, qui vous permet de repérer, dans ce que vous achetez, de repérer les ingrédients, savoir ce qu’il y a dedans. C’est une chose assez intéressante. Ce joli petit logo-là c’est celui de Mémoire Politique, Memopol [4], c’est un logiciel qui est développé par La Quadrature du Net, qui a son stand à côté aussi, qui sert à référencer l’activité de tous vos députés, tout ce sur quoi ils ont voté. Actuellement il y a le Memopol de La QuadratureMemopol de La Quadrature

qui tourne, qui va s’intéresser à tous les sujets de La Quadrature. Le but du jeu ce serait que d’autres associations qui ont d’autres objectifs mettent en place leurs propres Memopols pour faire le même suivi sur leurs sujets à eux, pour qu’on puisse, comme ça, avoir beaucoup plus d’informations de la même manière que là, plein de petits neurones, et puis on collecte ensemble et puis on va chercher l’information qui va bien où il faut.
Les deux autres. Bons-constructeurs-ordinateurs [5], c’est un site qui vous repère, qui vous indique, quand vous achetez un ordinateur, si vous allez pouvoir l’acheter sans Windows ou vous faire rembourser le Windows qui est dedans qu’on vous force à payer, c’est illégal, par exemple. Ça c’est RespectMyNet.eu [6], c’est un site qui référence toutes les entorses à la neutralité du net donc, tout ce que font les fournisseurs d’accès à Internet qui n’est pas bien.
Et donc voilà, quelques exemples comme ça, piochés parmi beaucoup d’autres, et tout ça est en lien avec le concept général d’éducation populaire. C’est le truc principal. Pour les gens qui se demandent pourquoi j’ai mis un poireau à côté de l’éducation populaire, ça veut dire qu’il faut que vous alliez voir les conférences de Franck Lepage [7]. Je n’en dirai pas plus !
Mais donc ça, tout ça, c’est important de contribuer à ces choses-là, mais ça c’est aller contribuer ailleurs. On a dit le principe fondamental d’Internet c’est que ça vous permet aussi de diffuser de l’information vous-même. Donc un truc qui est important, ce n’est pas seulement d’aller contribuer aux réserves de savoir qui sont ailleurs, mais de monter la vôtre. Donc que chacun amène sa propre brique et tous ensemble on construise Internet.
Donc une Brique internet [8], ce joli petit machin-là, en rouge ici, c’est un mini serveur, c’est quelque chose qui va vous permettre si vous voulez, vous achetez la Brique, vous la branchez juste, et dessus vous pouvez avoir vos mails qui arrivent directement là plutôt que d’être chez Google, chez Yahoo, chez machin, vos mails arrivent directement sur la brique ; vous pouvez les consulter là. Vous pouvez avoir votre blog qui est hébergé là-dessus. Donc ça c’est un truc qui vous permet d’héberger tout ce dont vous avez besoin, directement, super simplement. Si le truc vous intéresse, si vous êtes de Paris vous allez voir les gens de Franciliens.net [9], je ne sais pas s’ils ont un stand à côté, mais il y a probablement des gens de Franciliens dans le coin. Donc ce petit truc absolument génial vous permet d’avoir un internet neutre sur lequel vous avez vos propres services qui sont mis à disposition directement. Voilà, ça c’était la minute pub, on pourra en reparler si vous voulez.
Qu’est-ce que je voulais dire après ? Pourquoi c’est important ce genre de truc ? Ça, c’est une version simplifiée de mon grand bazar de câbles de tout à l’heure. Cette fois-ci, j’ai fait apparaître quelques-unes des machines au milieu. Là vous avez les machines de votre réseau local : votre ordinateur fixe, votre portable, etc., qui sont tous, à priori, connectés à votre box, connectée à Internet. Votre box et toutes les autres box de votre fournisseur d’accès sont connectées à ses serveurs à lui, et puis ça, tout ça, ça fait un réseau. C’est le réseau d’un opérateur, de votre fournisseur d’accès. Ce réseau-là est connecté par ce qu’on appelle des points d’interconnexion, donc des points d’interconnexion, basiquement, ce sont de grosses multiprises, les différents opérateurs viennent se brancher les uns sur les autres. Donc les réseaux des différents opérateurs sont connectés les uns aux autres et c’est comme ça qu’on fait Internet.
Si vous vous êtes demandé ce que c’était que ce nom bizarre, Internet, c’est de l’anglais, ça veut dire interconnection of networks, c’est-à-dire une interconnexion de réseaux. À partir du moment où on prend plusieurs réseaux et qu’on les branche les uns sur les autres, ça fait Internet. Et ce qui est très important de voir sur cette slide, c’est que tout ça, là, c’est la partie dont je parlais tout à l’heure, du grand bazar de câbles qui est fait pour être totalement transparent et que l’information, une fois va passer par un côté, une fois va passer par un autre, etc. Mais il y a un point par lequel vous passerez toujours, c’est celui de votre fournisseur d’accès. C’est lui qui fait l’interface entre vous et le reste du monde. Donc si lui se met à faire des bêtises, forcément ça vous impacte. Et des bêtises, malheureusement, les gros fournisseurs d’accès à Internet, enfin les quatre gros, Orange, Free, Bouygues et SFR, eh bien des bêtises, ils en font plein !
Exemple de bêtise classique : les adresses IP. Je vous ai dit l’adresse IP c’est ce qui sert identifier une machine sur le réseau. Eh bien vous avez des fournisseurs, typiquement un dont le nom est une couleur, qui vous donnent une IP dynamique. C’est-à-dire que votre adresse IP, le truc qui sert à vous identifier sur le réseau, va changer régulièrement. Imaginez ce qui se passerait si on voulait vous envoyer un courrier et que votre adresse postale changeait tous les jours ! Ce ne serait pas très pratique ! Eh bien là, c’est exactement le même principe. Ça, ça avait une justification à une époque, qui était un peu bancale, mais qui pouvait tenir ; maintenant ça n’en a plus aucune. C’est un truc qui n’a aucune justification technique, mais qui vous empêche de faire des choses, typiquement d’avoir un serveur chez vous, parce que si le serveur a une adresse qui change, on ne peut pas le trouver. Donc ce sont des choses, ils n’ont aucune raison technique de les faire, mais ça pose problème à leurs abonnés. C’est quelque chose d’assez curieux.
Même chose, les ports bloqués. Si vous voulez monter un serveur mails chez vous, pour pouvoir envoyer des mails directement depuis chez vous, la machine qui les gère est chez vous, chez les gros fournisseurs d’accès du commerce, il y a un truc dans la box qui va vous dire « non, ça je ne laisse pas passer ». C’est assez problématique !
Un autre exemple de problématique : j’ai une petite boîte noire là-haut, les gros opérateurs ne s’en cachent pas en plus, surveillent l’activité de leurs clients. On a eu un exemple, il y a un an ou deux, de clients de SFR qui se posaient la question de savoir s’ils n’allaient pas passer chez un concurrent et justement, à ce moment-là, comme par hasard, ils reçoivent un mail qui leur dit : « Rengagez-vous pour tant de temps et on vous fait telle promo, machin tout ça ». Et en fait, ça a fuité, c’est devenu assez officiel que SFR a un petit robot qui surveille toutes les connexions de tous leurs clients et dès qu’il repère qu’il y a un client qui se connecte un peu trop sur le site d’Orange, sur le site de Free, etc., lui envoie le truc. Ce que vous faites sur Internet est surveillé par la personne qui… C’est problématique ça, quand même, concernant la vie privée, tout ça. Des exemples comme ça, j’en ai des tas, je n’ai pas le temps de tout détailler.
Un autre problème majeur, c’est celui de l’Internet à deux vitesses. C’est-à-dire que vous avez des trucs qui vont consommer énormément de bande passante, genre Netflix, tout le temps, genre Google, avec YouTube. Les fournisseurs d’accès, ça peut les gêner un peu d’avoir plein de trafic à gérer. Eh bien, une solution qu’ils ont trouvée, qui est assez originale, c’est de dire « on fait payer l’abonné d’un côté pour qu’il puisse accéder à ces sites-là et puis, de l’autre côté, on fait payer les gens qui gèrent ces sites-là pour qu’on leur garantisse du bon trafic ». Donc ils sont au milieu et ils se font payer des deux côtés. C’est assez intéressant comme position ! Ceux qui veulent produire de l’information sont obligés de travailler bénévolement ou de payer ou de faire des choses comme ça pour l’opérateur et ceux qui veulent accéder à l’information doivent payer aussi.
Ça c’est un truc qu’on connaissait déjà dans le monde scientifique, je vous dis je fais des parallèles entre les deux. Dans le monde scientifique, si vous voulez publier un article, on ne vous fait pas forcément payer la publication dans le journal, mais si vous publiez dans une conférence par exemple, vous payez pour aller à la conférence, et puis les gens qui relisent – activité de peer review permanente, tous les papiers qui sont publiés ont été relus et validés par d’autres scientifiques – eh bien les gens qui valident les papiers ne sont pas payés par les gens qui gèrent les journaux. Donc on travaille pour eux bénévolement d’un côté, et de l’autre, si on veut accéder à l’information, c’est-à-dire si on veut prendre le journal et le lire, on paye, très cher. Donc c’est exactement le même modèle de la personne qui est au milieu et qui, juste, fait passer l’info d’un côté à l’autre et se fait payer des deux cotés pour ça. C’est le même problème !
Cette image vient d’une petite vidéo que vous trouverez sur le site PHD Comics [10], je vous passerai l’adresse après si vous voulez, c’est une petite vidéo qui explique la problématique de l’open access, donc l’accès ouvert à l’information scientifique, qui est un truc très lié au concept du logiciel libre et qui est extrêmement important. Voilà.
Et puis, tout ça pour dire que la grande question fondamentale qui est derrière, c’est : qui décide ? Parce que vous avez des gens qui ont une vision du monde dans laquelle il y a quelques entités, en haut, qui vont prendre les décisions et puis l’ensemble de la population n’aurait qu’à suivre. Un portrait vertical. Là-haut, dans les étoiles, il y a ces cinq-là qui gouvernent et puis nous, on ne peut que se se plier devant ça.
C’est marrant parce que ce modèle-là me rappelle quelque chose, aussi. Je ne sais pas. Il y a de gens, ici, qui lisent leur horoscope ? Je trolle un peu mais c’est exactement le même principe. Il y aurait des décisions qui se prendraient quelque part, là-haut dans les étoiles, et nous on ne pourrait que suivre.
Ça c’est l’horoscope tel qu’on le dessine. On ne voit pas bien du tout la slide sur l’écran, il faudra que je change ça, mais voilà ! Ça c’est pour vous dire l’horoscope, est-ce que vous savez ce que ça veut dire, ce qu’est censé représenter votre signe ?
Public : Les planètes.
Elzen : Pardon ?
Public : Les planètes.
Elzen : Non. Ça n’a pas à voir avec les planètes. En fait, il y a plein de constellations dans le ciel. Une constellation c’est un dessin qu’on va tracer des étoiles. Et donc il y en a un certain nombre qui sont à peu près dans le même plan que celui de la révolution de la terre autour du soleil et donc vous avez sur terre, à chaque fois, vous avez le soleil qui est devant une autre constellation. Ça tourne comme ça et normalement, votre signe du zodiaque, ça représente la constellation devant laquelle se trouvait le soleil au moment où vous êtes né.
Petit truc qu’on ne vous dit pas dans les horoscopes des journaux. On vous dit douze signes et puis qui durent, à peu près, chacun, il y a douze mois dans l’année, douze signes c’est très bien. En vrai, le soleil passe devant treize signes et passe des durées qui sont très variables. Typiquement, devant la Vierge, il reste 45 jours, je crois, un mois et demi, devant le Scorpion il reste dix jours. Donc voilà. C’est ce genre de petit détail-là, ce sont des trucs intéressants à prendre en compte quand on essaie de vérifier la validité de ce genre de système.
Autre petit point important, alors ce n’est pas une constellation du zodiaque, mais je l’aime bien celle-là, elle est facile à repérer, elle doit se lever vers minuit en ce moment, c’est Orion. Regardez ici les trois étoiles principales d’Orion, donc Bételgeuse, Rigel et Bellatrix. Si on essaie de repérer à quelle distance elles sont de la terre, vous savez on dit on va faire un beau dessin dans le ciel et puis ça représente ça et donc ça veut dire ça. Si on regarde la distance, Bellatrix est à peu près à 240 années-lumière de la terre, donc la terre est là, Bellatrix doit être là. Et puis Bételgeuse est là et Rigel est encore plus loin. Ce qui fait que si on se met à peu près là, on va voir deux d’un côté et puis l’autre qui va être plus près de la terre. Bellatrix est plus près de la terre que de Bételgeuse.
Tout ça pour dire, il faut bien vérifier l’information, c’est extrêmement important, parce qu’on repère des choses, on se monte tout un tas de croyances, de superstitions sur des trucs qui, en fait, quand on va regarder dans le détail comment ça marche n’ont pas de sens.
Un autre exemple. Est-ce qu’il y a des personnes dans cette salle qui se soignent par homéopathie ? Non ? Ça va. Pour information, quand vous prenez un médicament homéopathique, les médicaments homéopathiques les plus concentrés, les plus concentrés hein, vous prenez à peu près ça de produit, vous le diluez dans à peu près ça d’eau, et vous prenez un petit flacon. À votre avis, combien il reste de produit dedans ? Pas beaucoup !
Public : C’est très puissant ; c’est placebo.
Elzen : Ça ce sont les solutions homéopathiques les plus concentrées. Si vous prenez les solutions homéopathiques les plus diluées, vous prenez pas la piscine, même le lac derrière, il n’y a pas assez d’eau dedans. Les gens qui croient en ça vous expliquent que ça marcherait parce que l’eau aurait une mémoire, elle se souviendrait d’avoir été en contact avec la substance et donc elle reproduirait ses effets. Je vous rappelle qu’une bonne partie de l’eau qu’on boit vient de ça, à la base [Elzen montre le schéma du recyclage de l’eau]. Il a été prouvé que l’eau n’a pas de mémoire et c’est peut-être mieux ! Voilà, donc j’arrête de troller et je reviens à mes histoires. Ceci est un exemple d’une trentaine de produits qui ont été pris en pharmacie. Sur une étagère de pharmacie vous pouvez trouver tout ça de cette manière-là. Dans l’ensemble là-dedans, il y a une dizaine de ces produits qui sont des trucs homéopathiques, des produits de santé naturels, si vous voulez on pourra en reparler, et le reste qui sont des médicaments. Et-ce que quelqu’un est capable de faire la différence ?
Public : Aerius c’est un médicament non ?
Elzen : Moi, je ne sais pas. Si vous voulez des infos, vous allez voir sur le site du pharmachien [11], très bon site sur tout ce qui concerne la santé. Quand on trouve ça en pharmacie, ce n’est pas indiqué clairement ce qui est un vrai médicament de ce qui est un placebo.
Public : Mais ça marche les placebos. Il faut laisser les gens les prendre parce que ça marche à 30 % le placebo !
Elzen : Tout à fait. L’effet du placebo a été prouvé.
Public : Exactement. Donc il faut les laisser. Parce que s’il n’y a pas de contre-indication et de machin, ça marche !
Public : Mais on ne peut pas laisser la Sécu payer pour ça !
Public : Eh oui, parce que ça marche à 30 % !
Public : Ah non ! 30 % ce n’est pas assez, pour que tu acceptes que la sécu rembourse. Je suis désolée !
Public : C’est de la médecine naturelle. Dans la médecine naturelle, il y a aussi la phytothérapie, par les plantes. C’est quand même efficace.
Elzen : C’est le degré de ce qui va… Je vous conseille d’aller voir cette BD [12], là, justement sur les produits naturels. Ce qui va vraiment être important c’est à quel point ça a été testé, à quel point est-ce qu’on connaît les effets. Et en gros, les médicaments c’est un truc qui est hyper testé, et tout ce qui n’est pas médicament ce n’est quasiment pas testé. C’est ça le problème. Mais après, oui, le placebo a un effet tout à fait connu et validé et ça peut marcher aussi.
Public : Alors que des vrais médicaments ils auront des effets secondaires qui peuvent être négatifs.
Elzen : Ça dépend !
Public : Certains. En général, quand c’est actif, il peut y avoir des effets secondaires négatifs.
Elzen : On ne va pas non plus forcément épiloguer là-dessus, on pourra en reparler après si vous voulez. Je vous conseille vivement d’aller lire le blog du Pharmachien, c’est très intéressant. Globalement donc ce que je dis c’est qu’il y aurait besoin d’un encadrement important à ce niveau-là, au niveau de notre santé, pour savoir ce qu’on prend ce que c’est. Juste ça.
Il y a aussi besoin d’un encadrement dans plein d’autre domaines. Attention cette slide est piégeuse. Là je vous parle de l’activité scientifique. Je vous ne dis pas : si vous laissez Les scientifiques faire n’importe quoi, ça va faire ça. En fait, c’est exactement le contraire. La bombe nucléaire, ça a été inventé pendant la Seconde guerre mondiale, dans un contexte où il y avait énormément de sous qui étaient mis sur la table pour arriver à la faire ; il y avait énormément de pression parce qu’il fallait arriver à la faire avant les nazis, etc. Donc il y avait une énorme pression qui faisait que toute l’activité scientifique de l’époque était concentrée sur faire la bombe.
C’est là qu’on voit que c’est hyper important d’encadrer l’activité scientifique, parce que si on met autant de pression pour faire des trucs beaucoup plus intéressants, on va peut-être pouvoir y arriver. Les scientifiques sont comme tout le monde, ils font ce pourquoi ils sont payés. Donc si on ne met pas de sous pour les trucs intéressants et qu’on met plein de sous pour les trucs moches, c’est très moche. Comme disait à peu près Pierre Desproges : « Ce serait peut-être bien qu’un jour on prélève des impôts pour guérir les maladies, pour traiter la famine et tout ça, et que pour la guerre on se mette à faire la quête, plutôt que l’inverse, ça serait plus intéressant. » Voilà !
Donc il y a besoin d’un encadrement très fort de la société civile pour dire « nous le monde dans lequel on veut aller c’est celui-là. » Donc c’est là-dessus qu’il faut mettre les efforts, c’est là-dessus qu’il faut payer des gens pour chercher, voilà !
Besoin d’encadrement dans l’accès à Internet aussi. À Paris vous n’êtes peut-être pas extrêmement concernés, mais en ce moment on est en train de déployer de la fibre optique partout en France et normalement on devrait faire ça en priorité dans les endroits où ils n’ont pas encore Internet. Vous, ici à Paris, il y a de l’Internet qui marche bien un peu partout, donc c’est moins urgent. Mais il y a des endroits où il n’y a pas du tout d’Internet, donc ce serait peut-être là qu’il faudrait aller en mettre en priorité. Si vous regardez, chaque région a fait à sa sauce : ils ont des sous et puis chaque région décide. Il y a quelques régions qui ont fait les choses bien et elles vont déployer un beau réseau qui sera public sur lequel tout le monde pourra venir opérer, etc. La plupart des régions, ce qu’elles ont décidé de faire de leurs sous, c’est de les filer à Orange et de les laisser se débrouiller. C’est un peu problématique !
Public : À Paris, c’est ce qu’ils font.
Elzen : C’est le cas à Paris. Oui.
Public : En Île-de-France, c’est ce qu’ils montent alors.
Public : Si on veut que la fibre arrive chez nous avant les autres, il faut qu’on commence par là.
Elzen : Voilà. Donc ça fait partie des trucs sur lesquels dans la Fédération FDN on se bat, mais on est loin de ça.
Besoin d’un encadrement aussi au niveau de tout ce qui est logiciel. Cette image-là vient d’une BD de Gee [13] donc sur grisebouille.net [14], très bonne BD que je vous recommande chaudement, qui dit : « Les algorithmes est-ce qu’il faut en avoir peur, ou pas ? » Il y a énormément de choses dans notre vie qui sont gérées par des algorithmes et le point essentiel c’est qu’il faut savoir comment marchent ces algorithmes et donc il faut avoir l’accès au code. Et donc c’est une problématique de logiciel libre. Si on peut savoir comment ça marche, on peut savoir si on est d’accord ou pas et s’il faut se battre ou pas. Donc le premier truc qui est important à savoir c’est « est-ce qu’on sait comment ça marche ou pas et est-ce que la façon dont ça marche nous convient ? » Et si on ne sait pas, par défaut si on ne sait pas, c’est que la façon dont ça marche ne nous convient pas. Donc voilà.
Qu’est-ce qu’on peut faire pour tout ça ? Eh bien on peut militer. Quelques exemples d’associations assez connues, donc La Quadrature du Net [15]. Il y a la Fédération FDN [16]. Il y a un stand de La Quadrature là-bas, on pourra en parler. L’April [17]. Ça, cette jolie carte-là vient de l’opération Dégooglisons Internet [18] qui est lancée par Framasoft [19]. Vous avez un stand Framasoft qui est là-bas. C’est extrêmement important de militer pour que la société aille dans le sens qu’on veut et puis, aussi, changer nos habitudes parce que si on se dit que les logiciels libres c’est génial, tout ça, et puis qu’on continue à utiliser des trucs qui ne sont pas libres, ce n’est pas très pratique. Enfin voilà !
Plutôt que Google aller sur Tonton Roger. Voilà, ce genre de choses. Utiliser Ubuntu, je ne vais pas vous dire le contraire ici, c’est sûr !
Donc il y a plein de logiciels libres qu’on peut utiliser. On peut prendre son accès à Internet chez un fournisseur d’accès associatif, militant pour la neutralité du net, ça fait avancer les choses.
Public : Inaudible.
Elzen : Vous pouvez passer le micro.
Public : En fait j’avais regardé pour pouvoir avoir un fournisseur associatif comme vous venez de le dire, je ne suis pas spécialement client. En fait, il fallait avoir une ligne qui était dégroupée, ou le contraire, et du coup, eh bien, moi, dans mon cas, je ne pouvais pas.
Elzen : C’est un énorme problème qu’ont les FAI associatifs. Alors ça dépend vraiment de la situation. En gros, on est toute une fédération, mais on est chacun petit opérateur local qui s’intéresse aux problématiques locales. Chez Franciliens ils doivent effectivement avoir besoin que ta ligne soit partiellement dégroupée, mais ils ne doivent pas encore faire le dégroupage total. C’est en cours, on y travaille. Les choses vont s’améliorer. Je sais que nous, chez Illyse [20] à Lyon, ça y est, ça marche. Chez les autres, ça va venir quand ça pourra ; c’est en fonction des trucs locaux. Mais il faut aller parler aux gens qui s’occupent de ça, il faut leur filer un coup de main parce que c’est du taf de mettre ça en place. Simplement, je vais juste mettre ma petite dernière slide et puis on pourra parler après.
Tout ça pour dire que la science, le logiciel libre, Internet, ce sont des choses, fondamentalement ça va marcher de la même manière. C’est-à-dire que c’est une démarche de : étudier comment ça marche, modifier constamment - quand il y a un truc qui ne va pas on va essayer de l’améliorer, partager et permettre à l’ensemble des gens de l’utiliser. Et ce qui est extrêmement important c’est qu’il faut que nous, la société civile, on soit présents pour dire « on veut que les choses aillent dans cette direction-là ». C’était l’objet de ma conf. Maintenant si vous avez de questions, je vous écoute.
Applaudissements

50’ 55

Public : Je suis un peu surpris de me rendre compte que Amazon a un partenariat un peu particulier avec Ubuntu qui est, à la base, issu de la distribution Debian.
Elzen : Ubuntu, à la base est basé sur Debian, effectivement, mais l’histoire du partenariat ça ne concerne que Ubuntu. Il n’y a absolument pas ça dans Debian. L’histoire de ce truc-là c’était que, en gros les Canonical, donc les gens qui fabriquent Ubuntu se sont dit que leur objectif, à eux, c’est de faire en sorte que le plus de gens possible se mettent à utiliser Ubuntu et donc de s’adapter aux usages de l’utilisateur. Et comme une bonne partie de leur public utilise Amazon, ils ont dit « on va essayer de leur faciliter les choses ». C’est un choix avec lequel on est d’accord ou pas. Je ne vous cache pas qu’on est pas mal, dans Ubuntu-fr, à ne pas être d’accord. Il me semble que, alors je n’ai pas trop suivi les détails, il faut peut-être aller voir avec mes collègues là-bas, mais il me semble que c’est en train d’être désactivé.
Public : C’est désactivé par défaut.
Elzen : Voilà. C’est désactivé par défaut maintenant. Donc voilà. Après c’est le genre de choses, oui, auxquelles il faut évidemment faire attention. C’est ça le problème, c’est qu’il y a plein de domaines différents et il y a plein de choses qui vont aller plus ou moins dans un sens et dans l’autre et il faut voir avec quoi vous, vous êtes le plus en accord.
Public : Si un jour Amazon et Ubuntu veulent faire bande à part, Ubuntu s’est mis avec Windows. Dans Windows 10, il y a des fonctionnalités d’Ubuntu qui ont été ajoutées.
Elzen : Oui ! Alors ça, ce qui se passe dans Windows, à la limite, je dirais tant mieux pour les windowsiens. Nous, ça ne nous concerne pas trop. Mais oui, Il y a plein de choses bizarres. Oui ?
Public : Je vais essayer de parler fort. Est-ce que ce n’est pas dû à un fait, à cause de la pénurie d’adresses IPv4 qui fait qu’on ne peut pas distribuer d’adresses IPv6 à tout le monde.
Elzen : C’est pour ça que je disais qu’il y avait une justification bancale avant. C’était qu’il y avait cette justification-là qui était que comme il n’y a pas assez d’adresse IPv4 pour tout le monde, on allait en donner dynamiquement, c’est-à-dire quand on allume le modem on en donne une et puis voilà. Sauf que ça, ça se justifiait bien à l’époque où c’était des modems. On se connectait à Internet régulièrement, on allumait le modem et puis on l’éteignait quand on avait fini. Ça, ça pouvait se comprendre. Sauf qu’à cette époque-là il y avait encore suffisamment d’IP dispos. On se débrouillait.
Maintenant, tout le monde a une box qui est allumée en permanence donc tu ne rends pas d’IP. Tu n’as pas plus d’IP disponibles, vu que la box est toujours allumée en permanence donc elle a toujours une IP de toutes façons, donc ça n’apporte plus rien de la changer régulièrement. Maintenant, on est en train de passer à l’IPv6 [21] en France, ça ne fait que vingt ans que ça existe, le temps que ça arrive.
Public : Ils n’arrivent pas à faire la transition !
Elzen : Mais Orange a mis en place un truc, c’est-à-dire qu’ils ont dû bosser pour mettre ça en place, enfin voilà ! Ils ont fait de l’IPv6 dynamique. C’est-à-dire qu’avec l’IPv6 on n’a plus du tout ce souci de on n’en a plus assez, on en a largement trop, eh bien ils ont quand même mis de l’IPv6 dynamique.
Public : D’ailleurs, même pour l’IPv4 ce n’est pas qu’il n’y en a pas assez, c’est qu’on les a distribuées en mode bourrin.
Elzen : Oui, on les a très mal distribuées aussi.
Public : Pour répondre à la deuxième question, ça fait des années que chez Free l’IP est fixe.
Elzen : Ça fait des années que c’était fixe.
Public : Moi la mienne, en tout cas, apparemment elle est fixe.
Elzen : Apparemment, ce qu’ils sont en train de faire chez Free parce que justement les IPv4 ont été distribuées un peu totalement n’importe comment et Free commence à ne plus en avoir assez et ce qu’ils ont décidé de faire c’est que, si j’ai bien suivi, ils vont faire des IP partagées. C’est-à-dire que tu auras un certain nombre de ports, donc un certain nombre de numéros, un port c’est comme un numéro à l’entrée d’un immeuble, vous sonnez eh puis voilà. Il y en aura quelques-uns pour un utilisateur, quelques-uns pour un autre, etc. Et donc ça, si tu veux héberger tes propres services, juste ça ne marche pas. Donc Free était dans les moins pires jusque-là, mais ils sont en train de commencer à mettre des choses très moches en place.
Public : J’aurais quand même une question, quand vous parlez de la liberté d’Internet, si on remonte au niveau 0, parce que ce que fait l’ICANN [Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, NdT].
Elzen : Non ! C’est un truc, non !
Public : Ils ont un peu changé, mais bon !
Elzen : Ce n’est pas que c’est un peu changé, non ! Il y a beaucoup de gens qui disent énormément de bêtises là-dessus.
Public : Je ne dis pas de bêtises !
Elzen : L’ICANN est plus ou moins un genre d’asso, américaine, qui décide de la gestion des domaines de premier niveau. C’est-à-dire que la seule chose qu’ils gèrent, la seule chose que fait l’ICANN, c’est dire le domaine .com, c’est machin qui va le gérer, le domaine .fr ça va être l’AFNIC [Association française pour le nommage Internet en coopération, NdT]. Et l’ICANN décide de la façon dont les choses sont censées se passer au niveau du nom de domaine uniquement, et le nom de domaine est très utile sur Internet, mais ce n’est pas comme ça que ça marche en dessous. C’est très utile pour les humains, pour repérer les noms de machines mais c’est tout, parce que retenir les IP c’est un peu plus lourd, mais c’est la seule solution. Et l’ICANN, tout ce que peut faire l’ICANN, c’est de dire « nous on veut que ça marche comme ça » et c’est mis en place en pratique parce que tous les autres gens sont d’accord. L’ICANN a un pouvoir qui est uniquement… C’est le concept d’un législateur qui n’aurait pas de forces de police derrière. Ils n’ont aucun moyen de faire appliquer des lois.
Public : Il y a quand même des conflits entre les représentants européens, est-ce qu’il faut mettre plus de représentants américains ?
Elzen : Oui, ça oui, il y a plein de choses à discuter au niveau de la gouvernance.
Public : Et ce qu’il faut voir au niveau supérieur, au niveau 1, par exemple, il y a des pays contrôlent de façon très sévère les réseaux internet ? Donc on ne peut pas dire que la liberté internet est totale.
Elzen : Internet est ce qui permet une liberté. Après il faut qu’on se bouge pour que ça arrive en pratique. Et c’est tout à fait l’objet de ce que je voulais dire. Ça rend la chose théoriquement possible. Pour que la chose devienne vraie, c’est à nous de nous bouger.
Public : En Chine par exemple.
Public : Et en Corée du Nord, il n’y aurait que 28 sites internet.
Public : Attends ! Est-ce qu’ils ont des ordinateurs en Corée du Nord ?
Elzen : Il ne faut pas se moquer de la Corée du Nord. D’après eux, ce sont eux qui ont inventé le Coca-Cola.
Public : Le petit boîtier que j’ai vu passer, c’était quoi ?
Elzen : Ça c’est une Brique Internet. C’est un petit boîtier qui a deux fonctions de base : la première c’est que c’est un client VPN, donc ce qu’on appelle VPN – Virtual Private Network – c’est un tuyau qu’on va monter entre vous et un FAI associatif. L’avantage de ce truc c’est que vous avez juste à brancher la Brique Internet à votre box et elle émet un réseau Wi-fi. Vous vous connectez à ce réseau Wi-fi là plutôt qu’à celui de la box, et tout ce que vous ferez sur Internet, votre fournisseur d’accès qui gère la box, qui fait des saletés, qui surveille, qui tout ça, n’aura pas accès à ce que vous faites. Tout ce qu’il verra c’est que vous échangez avec le FAI associatif. Et ensuite, une fois que vous êtes au niveau du FAI associatif, la neutralité du net est respectée, il n’y a pas de souci. Ça c’est le premier usage, le premier truc chouette, c’est que ça vous permet de proprifier une connexion internet. Vous branchez la Brique à votre box, vous vous connectez à la Brique et vous avez du vrai accès internet, neutre, sur lequel on ne va pas pouvoir aller faire de bêtises.
Public : Ça ralentit Internet ça ?
Elzen : Ce qui ralentit c’est que c’est une connexion chiffrée, donc il faut le temps de chiffrer les messages, donc c’est limité par le processeur de la Brique qui a une puissance assez limitée pour ne pas que le prix soit trop déprimant. Mais selon votre usage, ça ne se sent pas forcément.
Public : On peut en faire un à partir d’un Raspberry Pi, ou pas ?
Elzen : On peut tout à fait le monter soi-même à partir d’un RaspPi, il n’y a pas de souci. Ça c’est du truc tout fait, ce n’est pas du RaspPi, c’est de l’Olimex, parce qu’en plus c’est du matos libre. Donc ça c’est le premier aspect. Ça vous fait un accès VPN, donc un Internet neutre direct et puis le deuxième aspect c’est que c’est un serveur ça vous permet d’auto-héberger super simplement. Vous voulez vos mails dessus, c’est de base. Vous voulez votre blog dessus, ça se fait en deux clics, etc. Tous les services que vous voulez, vous pouvez les avoir sur la Brique, sans problème.
Public : Ça s’appelle comment ?
Elzen : Une Brique Internet. labriqueinter.net. Ou vous allez parler aux gens de Franciliens, ils vous en parleront avec plaisir.
Public : Est-ce que ça fonctionne à peu près comme un Nas, Network Attached Storage ?
Elzen : C’est : vous branchez, vous vous connectez à un truc. Après un NAS.
Public : Quand on prononce NAS, c’est une apps,
Elzen : C’est un serveur, donc pour y accéder, vous avez une interface web pour y accéder et après vous pouvez régler des choses. Après, les détails de la façon dont ça fonctionne, je dois vous avouer que je suis en train de préparer ma soutenance de thèse, donc je ne suis pas grand-chose en ce moment.
Public : Vous la soutenez où ?
Elzen : À Lyon. Je suis au LIRIS, laboratoire d’informatique, je ne sais plus le sigle, informatique et traitement d‘image.
Public : Combien ça coûte ?
Elzen : Le matériel, on doit l’avoir entre 60 et 80 euros. On les vend à prix coûtant. Et, par contre, pour que ça fonctionne bien, il faut le VPN qui va derrière. Le VPN c’est un truc qu’on va payer tous les mois qui va être entre cinq et huit euros selon le FAI.
Public : Merci.
Elzen : Merci à vous. Et si vous avez d’autres questions, tout ça, je vais rester à la boutique à peu près tout le week-end, il ne faut pas hésiter à venir me poser des questions ou autre. Merci à vous.
Applaudissements.