Évolution du marché du Logiciel Libre en France - Restitution de l’étude 2017-2020

Titre :
Restitution de l’Étude 2017-2022 : évolution du marché du Logiciel Libre en France
Intervenants :
Philippe Montargès - Stéfane Fermigier - Marc Palazon - Véronique Sanguinetti
Lieu :
Paris Open Source Summit
Date :
décembre 2017
Durée :
20 min 20
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Licence de la transcription :
Verbatim
Illustration :
première page du rapport d’étude
transcription réalisée par nos soins. Les positions exprimées sont celles des intervenants et ne rejoignent pas forcément celles de l’April.

Transcription

Présentateur : Et sans plus attendre, j’invite à me rejoindre Véronique Sanguinetti, Philippe Montargès, Stéfane Fermigier et Marc Palazon. Voilà. Venez tous les quatre sur scène. On peut les applaudir.
[Applaudissements pendant l’installation des invités]
On va commenter un peu ces chiffres avec vous, donc Véronique Sanguinetti, enseignante à l’IAE [Institut d’administration des entreprises], bonjour. Merci d’être avec nous. À vos côtés Philippe Montargès, coprésident du CNLL [1]. Bonjour Philippe.
Philippe Montargès : Bonjour.
Présentateur : Marc Palazon, président du Comité open source du Syntec numérique [2].
Marc Palazon : Bonjour.
Présentateur : Marc, bonjour. Et Stéfane Fermigier, coprésident du CNLL, donc il travaille beaucoup avec Philippe, bien entendu.
Stéfane Fermigier : Bonjour.
Présentateur : Philippe, je vais démarrer par vous. Le secteur de l’open source semble bien se porter, on le voit, plus 4000 emplois, plus de 8 % de croissance. Ça se traduit comment pour les entreprises, pour la filière en France ?
Philippe Montargès : Écoutez, on est très contents. Je ne pense pas qu’il faille se satisfaire d’être contents, mais on est très contents. Au niveau du CNLL effectivement, l’écosystème qui est derrière de PME, de TI [Technologies informatiques], de TPE, de start-ups, en est la preuve : il y a une forte croissance qui est constatée sur le panel. Moi, ce que je constate, c’est que c’est une croissance, même si elle a tendance à légèrement se tasser par rapport à la dernière étude qui était en 2015, on passe à plus 8 % d’ici 2020, si le taux de croissance se tasse. Par contre, elle est constante depuis plus de 10 ans. C’est un secteur qui arrive, malgré tout, à continuer à avoir ce taux de croissance, donc c’est un signe de forte vitalité, mais c’est aussi un signe de fort renouvellement. Je pense que c’est un signal fort qui est envoyé. C’est-à-dire que longtemps l’open source s’est développé, le logiciel libre s’est développé, on le dit, sur les bases infra et middle ware. On voit que les marchés de renouvellement, les segments de renouvellement que constituent, on en a suffisamment parlé ce matin, l’IOT [Internet of Things], le big data, le cloud, la mobilité, l’IA [Intelligence artificielle] sont des segments dans lesquels la croissance est forte et va continuer donc à faire un saut. Jean-Luc l’a bien résumé ce matin, l’open source a gagné en partie la bataille relative même si, comme tu le disais tout à l’heure, ça ne représente qu’une faible part, ça ne représente encore que 10 % de l’IT [Information technology] globale.
Présentateur : Voilà, il est installé il ne lui reste plus qu’à grandir.
Philippe Montargès : On peut constater que l’open source a gagné. L’autre sujet qui est important, vraiment le vecteur important pour nous au CNLL et puis pour les entreprises qui sont derrière, c’est que c’est aussi un signe de forte maturité. C’est-à-die que le secteur s’industrialise, se professionnalise, apporte des réponses concrètes aux grandes entreprises et aux donneurs d’ordre. C’est ce qu’attendait le marché depuis longtemps et on peut dire qu’on est rentrés dans cette phase-là d’industrialisation, de professionnalisation des entreprises qui sont derrière, c’est ce qui explique la croissance.
Présentateur : Et pas seulement entreprises publiques, il faut le dire.
Philippe Montargès : L’enquête le dit.
Présentateur : On est là, la Société générale dans quelques instants ; Bernard Duverneuil témoignait pour le Cigref [Club informatique des grandes entreprises françaises] ; voilà, 140 grandes entreprises.
Philippe Montargès : Et d’ailleurs, dans le panel qui a répondu, il est intéressant de constater qu’il y a à la fois des toutes petites entreprises : 31 % des entreprises qui ont répondu sont des TPE ou des entreprises de moins de 10 personnes. Il y a un gros panier de 30 % d’entreprises PME, ce qu’on appelle une PME, c’est-à-dire supérieure à 10 personnes jusqu’à 250 personnes. Il y a un panel de plus de 15 % qui est constitué d’ETI, 15 à 20 %, et il y a quand même des grandes entreprises et des grands users. Et ce qui est intéressant dans cette croissance c’est qu’elle est partagée, en fait. Elle est partagée entre les offreurs, d’une part, qui assument la croissance, mais aussi on constate qu’il y a une croissance du secteur globalement chez les grands utilisateurs, les grandes organisations qui internalisent de plus en plus leurs projets et qui font appel à des compétences de plus en plus fortes, aussi en termes de recrutement. Ce qui peut expliquer une partie de la tension sur le recrutement, pour les offreurs, c’est-à-dire qu’on voit qu’il y a 50 % des projets, 55 % des projets, ça se retrouve dans l’étude, qui sont pilotés en interne, c’est-à-dire des projets qui sont menés en interne avec des équipes internes par les grandes entreprises, les clients, les grandes organisations, l’administration. Et puis le reste est partagé entre les généralistes et les full players, en gros dans un ratio deux tiers pour les full players, c’est-à-dire les spécialistes de l’open source, et un tiers pour les acteurs effectivement, on va dire entre guillemets, ce n’est pas péjoratif, « traditionnels » de l’IT. Et cette répartition est aussi de deux tiers-un tiers entre les prestataires de services et les éditeurs.
Donc il faut lire les résultats de cette étude de manière matricielle. Il y a la segmentation classique offreurs et utilisateurs ; il y a la segmentation éditeurs prestataires ; et il y a une segmentation aussi entre les projets qui sont pilotés par les directions techniques, technologiques, les DSI, et les projets qui maintenant sont issus des métiers. Et ça, c’est une tendance forte du secteur, de la croissance, qu’on peut voir dans l’étude, qui parait bien, c’est que beaucoup de projets sont maintenant activés, impulsés, par les directions métiers des grandes entreprises, d’où la croissance.
Présentateur : Si on vient lire entre les lignes de l’étude, c’est ce qui pourrait dire que d’ici deux ans-trois ans ce taux de croissance pourrait être à deux chiffres, de l’open source ? On peut prendre ce pari ?
Philippe Montargès : Moi je pense que ce taux de croissance peut être à deux chiffres à partir du moment où on voit que la transformation digitale des entreprises dans leur cœur de métier est engagée de manière très forte et accélérée. Et comme on l’a dit ce matin, comme beaucoup d’intervenants ont dit ce matin, le logiciel libre contribue, est un accélérateur stratégique pour cette transformation digitale.
Et le dernier point qui nous satisfait au niveau du CNLL, pour finir, eh bien on est le champion d’Europe. On est le champion d’Europe et ça c’est un point qui est important. On a un secteur en France qui marche qui est le logiciel libre et l’open source. On a un secteur qui est industrialisé, qui est au cœur des grandes révolutions du digital, il faut le faire savoir. Ça aussi ça implique des responsabilités de notre part. On a besoin de structurer, d’avoir des réponses de plus en plus professionnelles, mais c’est un point important. Et à ce titre-là la notion d’Europe est importante et avec le CNLL on a engagé une initiative pour effectivement voir aussi au niveau européen ce qui se passe, ne pas rester en franco-français. Effectivement, le logiciel libre c’est une industrie de services et de logiciels de proximité made in France, mais c’est aussi du made in Europe. Derrière, on a des acteurs très importants qui sont en Europe, qui sont en Allemagne, qui sont en Angleterre, et le CNLL prend des initiatives avec effectivement les organisations professionnelles allemandes, l’OSBA, l’Open Source Business Alliance et ASOLIF qui est l’équivalent du CNLL en Espagne pour voir comment on pourrait, de manière transverse, avoir une plateforme transverse pour aborder ces sujets-là au niveau européen et aller défendre à Bruxelles peut-être parfois certains combats, porter certains combats, certains enjeux qui le nécessitent.
Présentateur : Comme vous êtes coprésidents tous les deux, vous parlez à deux voix. Stéfane Fermigier.
Stéfane Fermigier : Je voudrais me permettre de faire une remarque importante : ce qu’on mesure dans cette étude c’est le chiffre d’affaires de la filière, c’est-à-dire des prestataires, des fournisseurs de logiciels libres, des éditeurs. Ça n’est pas la valeur totale apportée à l’écosystème du numérique par le logiciel libre. Et plus les entreprises vont internaliser des compétences, plus elles vont faire appel à du logiciel libre dans leurs produits, au sein de leurs services, plus cette valeur va exploser sans forcément que ça se traduise ; bien sûr, ça va continuer certainement à se traduire par une croissance de notre filière, mais l’impact du logiciel libre sera certainement beaucoup plus important que cette croissance à un ou deux chiffres qui est évoquée dans l’étude.
Présentateur : Parlons emplois, avec vous, Marc Palazon, président du Comité open source Syntec numérique ; créateur d’emplois on l’a vu, 4000 emplois nets. Après c’est vrai, on pourrait dire comme Stéfane, il y a tout un écosystème qui se met derrière, parce que quand on crée des applications derrière ça crée aussi d’autres emplois. Mais justement le manque de compétences, ça peut être un frein ?
Marc Palazon : Bonjour à toutes et à tous. Oui effectivement, on l’a dit tout à l’heure et plusieurs intervenants ont parlé de ce sujet, je pense aujourd’hui que la croissance de l’open source est bloquée par le manque de compétences et c’est fondamental de bien prendre ça en considération pour tous œuvrer, pour avoir de plus en plus à la fois de formations mais également une attractivité supérieure dans ce domaine. À la fois pour les hommes, mais également pour les femmes.
Présentateur : Et donc les initiatives de Syntec dans ce domaine ? Godefroy en a rapidement parlé.
Marc Palazon : Effectivement je préside le Comité open source du Syntec, Godefroy de Bentzmann en a parlé, ce sont des choses qui bougent au niveau du Syntec numérique. On a monté un baromètre qui nous permet de sentir, dans l’écosystème de l’informatique français, les mouvances et on voit qu’effectivement ça progresse. Donc le Syntec numérique est porteur, justement, de cette attractivité de l’informatique au sens large et moi plus particulièrement de l’open source, donc il y a des initiatives. Il y a un grand événement qui a lieu maintenant de manière annuelle, qui s’appelle l’E-déclic, qui a lieu le 21 novembre — il y avait 6000 participants, plus de 200 entreprises — et qui participe à ce que l’attractivité de l’informatique et de l’open source en particulier, ça commence au plus jeune âge. Moi j’y étais le 21 novembre, il y avait des gens de troisième qui sont venus pour découvrir ce métier, jusqu’à des gens qui peuvent être des étudiants qui cherchent un stage, jusqu’à des gens qui sont en reconversion, des POE [Préparation opérationnelle à l’emploi], et qu’on va pouvoir amener sur le marché de l’informatique et plus particulièrement le marché de l’open source. Donc ça c’est une première initiative.
Et la deuxième initiative qui est importante, ce sont les formations. On a un OPCA [organisme paritaire collecteur agréé] qui s’appelle le Fafiec, qui subventionne un certain nombre de formations, mais il faut encore que les formations correspondent aux besoins que les entreprises peuvent avoir et donc il y a une convention collective qui a été signée.
Présentateur : On parlait de convention tout à l’heure, il y a un besoin.
Marc Palazon : Le Syntec numérique a pris les choses à bras le corps et travaille avec le Fafiec pour, justement, mettre en place des formations nationales, retravaillées, et où l’open source a toute sa part et moi j’y veille plus particulièrement.
Présentateur : Oui. Et puis dans les domaines. J’ai la liste. Il y a cette usine logicielle dont a parlé Godefroy de Bentzmann, mais des outils Devops, les solutions applicatives autour de Symfony PHP, enfin tout ce qui fait la visibilité, des bases de données.
Marc Palazon : Tout à fait. Un petit point que je pourrais rajouter aussi sur l’open source versus l’informatique classique, je pense que c’est le mode de collaboration. On parlait offshore ou pas offshore, ce qui est important ce n’est pas tant ça, c’est le fait que les technologies open source, les technologies ouvertes, nécessitent et sont fabriquées avec une collaboration très étroite. Et ce monde de collaboration ouverte c’est aussi quelque chose qui doit être un élément fort d’attractivité pour les candidats, les futurs développeurs.
Présentateur : Véronique Sanguinetti vous êtes, je le rappelle, enseignante à l’IAE. Bonjour, merci d’être avec nous. Les pratiques des entreprises concernant le Libre et l’open source, on l’a dit, ça y est, ce n’est plus du picorage. On commence à bousculer, ce que disait Bernard Duverneuil tout à l’heure. On bascule ?
Véronique Sanguinetti : Oui, bonjour tout le monde. Pour mesurer les pratiques des entreprises, on a essayé de mesurer trois éléments. D’abord est-ce que les organisations et entreprises utilisent les outils de l’open source ? Ça peut être des compilateurs, ça peut être des outils de gestion de version décentralisée, etc. La deuxième question qu’on leur a posée c’est est-ce qu’elles utilisent les méthodologies de l’open source ? Ça peut être la parcellisation des tâches, ça peut être les revues de pairs, etc. Et troisième chose, on leur a demandé si elles utilisent, enfin si elles contribuent, si elles participent à des projets communautaires.
À partir de ces trois questions, on peut clairement faire deux catégories de répondants : les éditeurs et les prestataires en open source sont enthousiastes sur ces trois types de pratiques. La totalité, quasiment, utilise les outils, contribue à des projets et ils sont 80 % à utiliser les méthodologies. Par contre les utilisateurs simples, enfin les utilisateurs simples, les organisations utilisatrices, sont beaucoup plus timides : 60 % utilisent les outils et puis 40 % uniquement les méthodologies et encore moins contribuent. Donc là, il y a un gros champ de progrès pour les utilisateurs.
Présentateur : Donc il y a des avantages, des freins qu’il faut définir. Vous les définissez comment ?
Véronique Sanguinetti : Les avantages, on a posé la question aux deux catégories de personnes, on voit que finalement, les avantages sont assez semblables pour les utilisateurs comme pour les éditeurs et prestataires. Les premiers avantages, bien sûr, vous l’avez dit, c’est la mutualisation des coûts et puis c’est la facilité pour faire de l’innovation numérique.
Il y a un avantage spécifique qui revient très fortement chez les utilisateurs, c’est la capacité, avec l’open source et le Libre, à récupérer de l’indépendance ou à la préserver. Et puis il y a un avantage spécifique pour les éditeurs et prestataires c’est la capacité à faire de l’innovation collaborative avec leur écosystème.
Présentateur : Vous alliez rajouter un troisième point.
Véronique Sanguinetti : Je voulais rajouter quelque chose pour les freins. Pour les freins, en fait, peut-être le plus gros frein qui revient pour tout le monde c’est l’incertitude sur la maintenance et pour moi ça m’intrigue parce que, finalement, c’est en participant aux communautés…
Présentateur : En plus ce sont des acteurs établis aujourd’hui.
Véronique Sanguinetti : Il y a des acteurs établis, mais en fait, ça reste quand même un frein, au moins dans l’imaginaire.
Présentateur : Philippe.
Philippe Montargès : Pour les utilisateurs aussi, le premier frein. Pour les entreprises, on en a parlé, je ne sais plus qui l’a cité tout à l’heure, c’est peut-être Mathieu, effectivement on constate que comme ça pénètre partout les grandes entreprises, les grandes organisations, un des freins c’est la connaissance par la direction des achats de ce que c’est que fabriquer du logiciel en Libre, comment on l’achète. Et donc ça nécessite effectivement beaucoup de pédagogie de la part des DSI ou des directions métiers auprès des directions achats. C’est un enjeu important pour nous pour continuer cette croissance.
Présentateur : Oui. Il y a une compréhension autour des logiciels libres.
Véronique Sanguinetti : Je peux rebondir là-dessus ?
Présentateur : Allez-y.
Véronique Sanguinetti : Justement à propos de ce frein spécifique pour les éditeurs et prestataires qui sont le non référencement par les directions achats, je suis allée interroger une ou deux directions achats et je pense qu’il y a un vrai chantier entre vous deux, c’est comme si vous parliez deux langages différents et que vous étiez sur deux planètes différentes. Donc ça peut être un objectif.
Présentateur : On le connaît souvent, globalement dans le monde informatique. Stéfane Fermigier, coprésident du CNLL, du point de vue des membres de la filière, donc les fournisseurs, les prestataires autour de l’open source, les principaux avantages que vous poussez, justement, notamment au niveau stratégique. On en parle là, il ne faut plus pousser, technique c’est bon, on sait que ça marche, mais comment on fait, justement, pour faire une irruption.
Stéfane Fermigier : Je voudrais préciser en premier que l’étude n’est pas encore complètement disponible. Ce qu’on a publié ce sont les grands chiffres, les grandes tendances que vous avez d’ailleurs vues dans la présentation de Mathieu tout à l’heure, qui sont disponibles sur le site du CNLL. L’étude complète qui est vraiment très fournie, il y avait beaucoup de questions, il y a 360 personnes qui ont répondu, donc c’est quand même très conséquent, moitié utilisateurs moitié prestataires on l’a dit — peut-être qu’une partie des gens dans la salle font partie des gens qui ont répondu à cette étude puisqu’on avait envoyé le lien à tous les anciens participants des anciens Paris Open Source Summit—, et tout ça va être évidemment décortiqué plus en détail.
Un premier truc qui nous a vraiment marqués, c’est que Véronique a eu la bonne idée de poser plein de questions sur quels sont les avantages du logiciel libre, alors perçu côté utilisateurs et perçu côté fournisseurs. Moi je vais commenter le chiffre côté fournisseurs et on a un vrai faisceau de réponses, vraiment majoritaires, sur un sujet majeur qui est la fidélisation du client et la satisfaction du client. Les deux vont forcément de pair : si le client est satisfait, il va rester avec vous. Donc 75 %, pratiquement, de réponses positives sur ces deux points. Et c’est là qu’est à la fois le paradoxe et vraiment il faut revenir aux fondamentaux du logiciel libre. C’est-à-dire comment, en ayant un système qui privilégie finalement l’ouverture, la transparence, des contrats qui sont les licences libres, donc qui donnent une grande liberté à l’utilisateur, finalement comment on va les fidéliser beaucoup plus qu’avec un système propriétaire où tout est fait pour verrouiller, pour garder l’utilisateur, le client prisonnier de sa solution. Donc ça c’est vraiment à la fois un paradoxe, mais aussi ça s’explique clairement quand on revient aux fondamentaux, aux valeurs du logiciel libre.
Le deuxième faisceau de réponses sur lequel il y eu aussi un pourcentage de réponses qui montraient que les gens se sentaient vraiment très impliqués sur ces problématiques, c’est tout ce qui concerne l’innovation. L’image d’innovation, d’une part, et l’innovation en tant que telle, l’innovation en tant que partenariat, par exemple entre des acteurs des écosystèmes ou entre les prestataires et les fournisseurs de technologies et puis leurs utilisateurs. On a aussi vu dans notre sondage qu’il y avait une proportion très importante des membres de notre écosystème, les trois quarts, peut-être même plus, qui participent activement à des communautés de développement open source. Donc la majorité, la très grande majorité des membres de notre filière ne sont pas simplement des gens qui vont consommer du logiciel libre plus ou moins sur étagère et finalement apporter un service à valeur ajoutée au client, mais uniquement vis-à-vis du client, mais qu’il y a aussi un retour de cette valeur vers les communautés et donc vers les bases de code qui sert, finalement, à irriguer l’ensemble de l’écosystème.
Présentateur : Et comment vous voyez, d’après l’étude et puis vous-même d’après les travaux que vous faites avec des groupes de travail au sein de Systematic, du pôle Systematic, ces axes d’innovation ? Ce sont lesquels ?
Stéfane Fermigier : Effectivement, il y a les grands principes de la collaboration et après il y a les grandes technologies, les grands axes de technologie sur lesquels les acteurs du logiciel libre, finalement, marquent leur empreinte à l’heure actuelle au niveau du marché.
Le groupe thématique logiciel libre : comme vous le savez sans doute Systematic organise l’ensemble de cette manifestation, donc c’est un groupe qui existe depuis dix ans. On fêtera notre anniversaire en keynote de clôture demain après-midi, donc je vous donne déjà rendez-vous demain en fin d’après midi pour cette keynote de clôture. Donc ça fait dix ans qu’on encourage et qu’on aide au montage notamment de projets collaboratifs autour des technologies du Libre et on avait trois axes. Au début on avait les couches d’infrastructure, ce qu’on appelait les couches middle ware et puis les couches supérieures donc les couches interfaces et métiers et puis au bout de cinq ans, on a changé. On a créé trois grands axes qu’on appelle

  • le big data et qui est devenu big data et intelligence artificielle.
  • On a tout ce qui est la qualité logicielle qui correspond, principalement, aux outils de développement pour faire du logiciel de meilleure qualité, plus vite, et pour un coût moins élevé.
  • Et puis on a tout ce qui tourne autour du cloud et de l’internet des objets, donc ce qu’on a appelé l’after PC.

Eh bien on retrouve ces trois principaux thèmes dans l’enquête. Donc les principaux domaines technologiques sur lesquels les offreurs se positionnent dans le cadre des réponses de l’enquête, ce sont les outils de développement effectivement, ce sont les bases de données et c’est l’infrastructure, donc les OS, etc. Et tout ça, ça évolue, parce qu’on a posé la question c’est quoi aujourd’hui l’image et comment vous vous projetez dans trois-quatre ans, en 2020 par exemple. Et on voit, en 2020, l’émergence de deux sujets qui sont maintenant aussi et qui ont été aussi pris à bras le corps par Systematic, qui sont le big data et l’intelligence artificielle et qui sont les applications métiers.
Tout à l’heure aussi il y a eu des débats et des discussions. L’une des évolutions et qui explique que la croissance du logiciel libre ce soit chaque année on rajoute, on rajoute encore du chiffre d’affaires, c’est aussi parce qu’on monte dans les couches applicatives.
Donc la nouvelle frontière, la future frontière sur laquelle Systematic s’est emparé du sujet grâce au groupe thématique système d’information dont on a été à l’origine et qui est maintenant un groupe thématique indépendant, ce sont les applications métiers et on voit de plus en plus des acteurs de ces applications apparaître sur le marché.
Présentateur : Donc étude disponible pour tous d’ici quelques jours.
Philippe Montargès : D’ici deux jours.
Stéfane Fermigier : La semaine prochaine, elle sera probablement finalisée. [Ndt, document est à présent disponible : Restitution de l’Etude 2017-2022 sur l’évolution du marché du logiciel libre : La France, championne d’Europe ! [3].
Présentateur : D’ici deux jours. On peut vous remercier tous les quatre. Merci d’avoir été avec nous. Merci également Mathieu Poujol d’avoir commenté cette étude.