Un numérique qui prend soin des humains Comment faire avancer un numérique qui prend soin des humains ?
Avec des outils conviviaux !

Bonjour tout le monde. Bonjour à vous. Bonjour aux gens que je n’ai pas vus tout à l’heure.
Je vais vous parler de comment on fait avancer un numérique qui prend soin des humains. Après avoir parlé de robots, ça va être cool.
Moi c’est Maïtané. J’utilise le pseudo maiwann sur Internet. Je suis designeuse. En gros, je suis conceptrice de logiciels, ça veut dire que je discute avec les utilisateurs pour comprendre quels sont les problèmes qu’ils rencontrent soit dans la vie parce qu’on se dit que numériser le processus qu’ils font de façon analogique ça pourrait être bien, soit parce qu’ils utilisent déjà un dispositif numérique qui est plus ou moins bien foutu, du coup on a envie comprendre leurs problèmes. Donc je conçois des choses, ensuite je teste les nouvelles solutions avec eux pour vérifier que ça résout bien leurs problèmes, si ça leur en crée des nouveaux, des choses comme. Et je suis membre d’une association qui s’appelle Framasoft, qui est une association trop chouette, une association d’éducation populaire aux enjeux du numérique. Je vais vous en reparler plus tard.

La question c’est : comment fait-on avancer un numérique qui prend soin des humains ?

Des outils conviviaux

Avec des outils conviviaux ! C’est quoi un outil convivial ? Ce n’est pas très précis.
Une personne a réfléchi sur le sujet, je vais vous partager ce qu’elle a réfléchi. Ce que je trouve enthousiasmant c’est qu’elle parle d’un modèle de société, donc on relie ça directement à un truc politique alors que ça parle de la technique, donc je trouve ça assez chouette. C’est Ivan Illich qui en parle, il dit : « J’appelle société conviviale une société où l’outil moderne est au service de la personne intégrée à la collectivité et non au service d’un corps de spécialistes. » C’est un peu un problème qu’on a souvent avec le numérique où ça donne l’impression que l’informatique c’est pour les informaticiens et, si jamais vous n’êtes pas informaticien, tant pis pour vous, c’est dommage. Ce qui est un peu un marrant parce qu’on ne dirait pas ça de la plomberie, par exemple, ou de la mécanique, en tout ça serait plus bizarre que vous arriviez au garage et que la personne vous dise « en fait, votre capot est soudé et il n’y a que moi qui peux le dessouder. Tant pis pour vous ! » La mécanique vous pouvez l’apprendre tout seul. Si jamais vous en avez marre d’aller au garage parce que vous trouvez pénibles tous les garages autour de vous, vous pouvez apprendre.
L’informatique c’est techniquement pareil sauf qu’il y a une espèce de nuage de fumée autour qui donne l’impression que c’est différent, c‘est de la technique un peu différente qui nécessite d’être beaucoup plus, je ne sais pas, intelligent ou avoir fait les études qui vont bien pour pouvoir le faire, alors que pas du tout.
Du coup, Ivan Illich retourne un peu ça en disant que l’idée c’est de faire des outils conviviaux qui sont accessibles à toutes les personnes et pas juste aux spécialistes. Il parle d’une société conviviale où l’homme contrôle l’outil. C’est bien aussi parce qu’il y en a un peu marre que ce soient les logiciels qui réfléchissent à notre place ou qui induisent des comportements, parce que je peux vous le dire, je suis designer : en fait, quand on conçoit un logiciel, si on ne s’est pas renseigné sur les différentes façons de fonctionner des gens, déjà la façon de fonctionner globalement d’un être humain, très vite on va indiquer un chemin plutôt qu’un autre, en général le chemin auquel on a réfléchi, peut-être le chemin qui nous correspond mais qui ne correspond pas forcément aux autres personnes. Par exemple, moi je suis une femme blanche, à priori valide – valide dans le sens pas handicapée –, si jamais il y a un chemin qui fonctionne pour moi, je n’en sais rien, on parlait tout à l’heure des captchas, si le captcha visuel fonctionne pour moi, il ne fonctionne pas pour une personne aveugle et ça m’est complètement invisible tant que, par exemple, je n’en ai pas discuté avec une personne aveugle.
L’idée est que ce ne soit pas moi qui décide de qui peut l’utiliser ou pas mais que ce soit au service des personnes.

L’outil convivial répond à trois exigences d’après Ivan Illich :
par exemple, il doit être générateur d’efficience sans dégrader l’autonomie personnelle. C’est un peu ce dont je viens de vous parler ;
il ne doit susciter ni esclave ni maître. Il ne doit pas instaurer de dominations au sein du logiciel du genre toi tu n’as accès qu’à ça et tu n’as pas de vision globale sur ce qui se passe à l’intérieur du logiciel. Par contre, peut-être que ton chef, peut voir. Donc toi tu ne peux pas savoir qui est connecté quand, mais ton chef peut savoir qui est connecté, des choses comme ça ;
et il doit élargir le rayon d’action personnel. L’idée c’est que ça soit un outil pour faire plus de choses. Il y a un moment où c’est un peu tendancieux, par exemple les histoires de GPS. On peut se dire, à la fois, que les GPS c’est vachement cool parce que, du coup, je peux aller un peu n’importe où, je peux arriver à Quimper ou je peux arriver à Paris et je peux trouver super facilement l’endroit où il faut aller, mais moi, en tout cas, j’ai l’impression que ma façon de me repérer dans l’espace a quand même grandement été dégradée au fur et à mesure du temps parce que, du coup, moi qui essaye d’utiliser moins mon téléphone, l’application de navigation c’est quand même le truc le plus difficile dont se séparer. Est-ce que ce n’est que pour moi ?, je n’ai pas lu d’études là-dessus. À la fois c’est, d’un côté, élargir mon rayon d’action et d’un autre côté, en fait, m’en passer c’est difficile, donc je ne suis pas sûre que ce soit complètement à considérer comme un outil convivial.

Le logiciel libre

Si on veut des outils conviviaux qui aident les personnes, qui soient à leur service, pour moi une chose non négociable c’est l‘aspect logiciel libre [1]. Rapidement, un logiciel libre correspond à quatre libertés pour les utilisateurs qui sont :
je peux l’utiliser ;
je peux étudier son code. En fait le capot du logiciel n’est pas soudé, je peux le relever pour voir ce qu’il y a dessous. Moi je ne sais pas faire de mécanique, par contre mon voisin qui sait faire de la mécanique, en qui j’ai confiance, peut me dire « c’est daubé, ce truc-là est tout rouillé, il faut absolument que tu le changes ou alors n’achètes absolument pas cette voiture parce que ce truc est tout rouillé, ça ne va pas fonctionner » ;
que je puisse le modifier. Du coup je peux changer mon truc tout rouillé ;
et le redistribuer à d’autres. Quand j’achète une voiture, je ne peux pas la copier pour l’offrir au voisin, tandis que c’est beaucoup plus facile de faire ça avec le logiciel. Un aspect super chouette du numérique c’est que dupliquer et partager ça se fait en un claquement de doigts beaucoup plus facilement. Du coup, il y a des personnes qui trouvent ça chouette et qui se disent « comme ça on peut partager absolument partout ». Par exemple là je fais une conférence, on l’enregistre et n’importe qui peut la voir ailleurs et je n’ai pas à la refaire à dix endroits différents pour que les autres personnes puissent la voir. Il y a des gens qui trouvent ça cool. Il y a d’autres gens qui pourraient se dire « je vais mettre la conférence à 30 euros sur Internet et il n’y a que les personnes qui peuvent payer qui pourront la regarder », ce n’est pas super inclusif.
Je vous ai mis des exemples de logiciels libres que je trouve cool. J’ai mis Signal, je vous en parlerai dans ma conférence de vendredi si jamais vous ne connaissez pas. C’est cool.

Un petit point de différence entre logiciel libre et logiciel open source. Pour moi, open source ça veut dire que le code, justement, est accessible, donc le capot du moteur n’est pas soudé. C’est bien, mais ce n’est pas pareil que quand on pourrait avoir un truc pas soudé et voir qu’à l’intérieur tous les composants, en fait, ne sont faits que par notre vendeur d’automobile. Du coup on est dégoûté parce que c’est bien beau qu’on puisse voir ce qu’il y a à l’intérieur, mais si jamais on doit tout acheter au même endroit, ça ne nous permet pas vraiment d’être émancipé.
Tandis que l’idée du logiciel libre c’est qu’il puisse être, par exemple, réutilisable ailleurs. Donc c’est une visée plus politique, dire OK, non seulement je fais quelque chose qui est ouvert, mais, en plus, je vais permettre aux autres personnes de se l’approprier.
Respect des libertés, mise en avant d’une société coopérative et inclusive et une portée, un regard critique pour aller vers l’émancipation.
Des outils privateurs, on parle surtout des utilisateurs, ce ne sont pas tant les outils le problème.

Dégooglisons Internet

Par rapport à tout ça, par rapport aux idées que les sociétés conviviales c’est chouette, les outils libres c’est chouette, ça prend soin des humains, tout ça, l’association Framasoft [2] dont je vous ai parlé au début a lancé une campagne qui s’appelle « Dégooglisons Internet » [3]. Je vais dire « elle », parce que je n’y étais pas à ce moment-là. Elle a été lancée en 2014 et l’idée c’était de faire connaître les logiciels libres en disant franchement c’est chouette, ça fait faire les choses différemment. L’idée c’est d’être plus indépendant des grosses sociétés de logiciels un peu plus privateurs, donc on vous encourage à les utiliser. Ça a eu du succès. Plein de monde est venu chez Framasoft pour utiliser les logiciels alternatifs qu’on proposait, donc c’était chouette. Sauf que c’est une petite association où il n’y avait pas beaucoup de personnes, où il n’y a toujours pas beaucoup de personnes, et proposer des choses face à des énormes entreprises qui ont beaucoup de moyens, beaucoup de salariés, c’est épuisant ; on ne peut pas être au niveau, c’est normal. Ce n’était pas le but, mais c’est quand même un peu pénible de se dire que ça ne sert à rien de proposer un service alternatif à tel autre logiciel à l’instant t, alors qu’eux, dans un an, ils auront beaucoup avancé et nous ne pourrons jamais les rattraper, des choses comme ça.
Le bilan : il y a plein de gens qui sont venus chez nous, c’est cool. En même temps est-ce que nous avons vraiment un avenir enthousiasmant devant nous ? Pas forcément.

Campagne Contributopia

Du coup on a lancé une nouvelle campagne — là je dis « on » parce que c’est à peu près le moment où je suis rentrée dans l’association — qui s’appelle Contributopia [4]. Il va y avoir beaucoup de mots en « contribu » quelque chose, vous allez sans doute voir où je veux en venir à un moment.
Contributopia a été lancée en 2017. L’idée c’est de dire qu’on ne veut pas faire comme les grosses entreprises, on veut faire différemment. Le monde qu’on souhaite ce n’est pas de faire le leur, on ne veut pas faire des gros services qui captent des données personnelles, par exemple en France plutôt qu’en Amérique, ce n’est pas le but. L’idée c’est de faire différent, c’est de faire alternatif, c’est de faire chouette.
On a lancé Contributopia pour rêver à un monde qui soit plus dans le partage, l’échange, notamment autour de la technique mais pas forcément, pour aller vers quelque chose de, c’est mieux écrit là, « partager ensemble, échanger sur la raison d’être. Prendre soin des communs et outils numériques qui permettent l’émancipation ».
C’est une campagne dans laquelle on est actuellement. On fait plein de choses. On propose des services qui sont alternatifs, non pas juste en disant « on fait une copie mais libre de ce qui existe ». On fait pas de côté, en disant OK. Par exemple on fait un logiciel qui s’appelle Mobilizon [5] qui permet d’organiser des événements en ligne. Fondamentalement, Mobilizon n’est pas pensé juste pour permettre d’organiser des événements comme ce serait possible sur Facebook, mais, par exemple, pour permettre d’avoir des identités multiples. Sur Facebook on a une identité parce que le but c’est de capter les données, du coup que ça corresponde à nous. Ça intéresse Facebook et les publicitaires à qui il vend de la pub de savoir si moi j’aime les logiciels libres, le design, les crêpes et le tricot. Vous voyez ! Mais peut-être que ça m’embête que les gens du logiciel libre sachent que j’aime le tricot. Dans ma famille, par exemple, le tricot n’est pas très bien accepté.
Dans Mobilizon, par design, c’est-à-dire dès la conception, il y a une réflexion qui est de dire qu’on veut protéger les personnes qu’on estime être tout aussi légitimes à aimer le logiciel libre qu’à aimer le tricot. Comment fait-on pour protéger ces personnes ? On leur permet d’avoir des identités différentes, du coup de se dire « ça c’est mon profil où j’aime le tricot et ça c’est mon profil où j’aime le logiciel libre ».
Je ne vous raconte pas tout ce qu’on fait dans Contributopia, parce qu’on fait plein de trucs trop cool.

L’idée de Contributopia c’est d’aller vers la société de contribution, pour ne plus être juste dans la consommation de logiciels alternatifs, mais dans la contribution. Pourquoi ? On pourrait se regrouper entre informaticiens et décider de comment on fait des logiciels alternatifs qui pensent aux autres. Mais ça ne fonctionnera pas, on a besoin d’entendre des voix dissonantes. Comme je disais tout à l’heure, j’ai besoin de parler avec une personne aveugle pour qu’elle me dise « là, ton fonctionnement est complètement biaisé ». Même si je m’imagine à sa place, même si j’essaye de me renseigner en me disant « si j’étais aveugle comment je ferais », ça ne sera jamais la même chose que d’une personne qui le vit tous les jours.
Et ça marche pour le tricot, ça marche pour le fait d’être noir, ça marche pour le fait d’être queer, donc d’être LGBT, ça marche pour le fait d’être autiste, d’être neuro-atypique c’est-à-dire d’avoir un fonctionnement du cerveau qui n’est pas dans la norme. Pour tout ça on a besoin de gens qui sont différents de ce qu’en penserait un informaticien de base ; de base, dans ce que je vous raconte, c’est un homme blanc, trentenaire/quarantenaire, comme ça, qui campe chez lui devant son ordinateur. On se dit que c’est bien sympa mais non merci. On veut des personnes différentes, qui réfléchissent ensemble à comment on fait le meilleur logiciel pour tout le monde.
Pour ça, il faut qu’il y ait des gens qui viennent et qui contribuent, qui réfléchissent ensemble.

Sauf que ça c’est l’idéal mais souvent les personnes disent « je contribuerais bien, mais… ». Je vais vous raconter les mais. Ce sont peut-être des mais que vous vous dites vous-même.
« Je contribuerais bien, mais je ne sais pas où et comment. » C’est bien gentil, mais moi, quand j’ai commencé à vouloir contribuer « je me suis dit je veux contribuer, en fait je cherche VLC sur Internet parce que c’est un logiciel libre et puis je vois s’ils ont besoin de quelqu’un pour faire des trucs », je ne sais pas, donc voilà, c‘est vaste. Et puis il y a des gens qui m’ont dit « tu n’as qu’à prendre n’importe quel projet qui te plaît et puis aller les contacter ». Sauf que l’idée ne me va pas du tout !
Des fois on dit aussi « je veux bien venir contribuer sur ton projet, mais je ne sais pas trop comment ». Et des gens qui ont des logiciels libres m’ont dit « tu vas sur notre dépôt et tu n’as qu’à faire des issues ». En gros, quand la personne a dit ça on sort et on dit « aller sur le dépôt et faire des issues, je ne comprends pas ce qu’elle m’a dit. » En fait, ce sont des mots techniques que les personnes utilisent tous les jours donc forcément c’est dans leur vocabulaire, mais quand on est là on fait « oui, super. Mais je n’ai ren compris ! » On ne peut pas vraiment dire qu’on n’a rien compris car on se sent un peu bête, donc c’est un peu compliqué.
Il y a aussi le truc de base qui est « oui, mais moi je ne sais pas coder », du coup je ne peux pas contribuer puisque que je ne sais pas faire de code, ce n’est pas possible.

Comment faciliter la contribution au Libre

On s’est dit comment fait-on pour faciliter la contribution au Libre malgré tous ces problèmes ? Comment est-ce qu’on montre la richesse des contributions ?, parce que souvent les personnes disent « non, mais il n’y a pas que le code, il y a aussi la traduction ». Là, quand vous êtes comme moi et que vous ne parlez pas super bien anglais, vous dites « super, en fait je ne suis nulle, je ne sais pas faire de code, je ne sais pas parler anglais, c’est foutu : c’est super ! » Et comment fait-on pour rassurer et accompagner des personnes sans compétences techniques dans la contribution, parce que honnêtement quand on arrive, qu’on est motivé et qu’on se prend un mur comme ça, on n’y retourne pas tout de suite ! On fait « ah ! je repasserai dans un an. Merci beaucoup. »
Donc on s’est dit que ce serait bien d’avoir un endroit où les tâches sont variées, où le code c’est juste une tâche parmi d’autres, où les contributions faciles sont indiquées et qui permette de parler à des humain·es, pas juste d’être face à un formulaire qui dit « tu n’as qu’à cliquer ici, cliquer là, machin et tout, télécharger et ensuite tu pourras contribuer. »
Du coup, voilà ce qui existe parce que j’apporte les problèmes, mais j’apporte aussi les solutions.

Il y a les Contribateliers [6] qui sont des événements conviviaux pour pouvoir contribuer au logiciel libre, à la culture libre. Les logiciels c’est un peu la partie numérique du Libre, mais il y a aussi toute une partie culturelle, des livres, des bières. Il y a, par exemple, une brasserie à Rennes qui s’appelle la brasserie du Vieux Singe qui fait ses bières sous licence libre, qui a d’ailleurs mis une licence en disant « non seulement nos bières sont sous licence libre, mais il y a interdiction de privatiser la recette ». Ce sont des trucs cool.
Donc déjà parler de la culture libre pour ouvrir un peu les possibles, des films, des dessins animés, je vous en passe et des meilleurs, de la musique.
Et Contribulle qui est un site qui met en relation des projets libres et des contributeurs et contributrices.
Je vais vous détaille un peu les deux.

Contribateliers

Il y a un Contribatelier samedi à 14 heures avec Angie, moi et tous les gens qui le veulent. Il y a aussi un site contribatelier.org. Le programme dépend des personnes qui sont là. En gros, on peut venir et, en tout cas la façon dont j’organise les Contribateliers où je suis c’est qu’au début on fait ouverture en disant « qui a envie de proposer quel pool » et il y a la possibilité de parler d’un truc qu’on connaît mais aussi d’un truc qu’on ne connaît pas. C’est-à-dire que c’est possible de venir et dire « moi je me pose des questions par rapport à mon téléphone. Je ne sais pas si je peux me protéger, si je peux changer d’applications pour certaines choses, je n’y comprends rien. » Peut-être qu’il y aura des personnes sur place qui auront des connaissances, mais n’auront pas spécialement envie de proposer un pool et qui pourront dire « venez, on se met dans un coin. D’autres personnes sont intéressées ? Oui. Eh bien on va faire un petit atelier téléphone dans notre coin. »
On peut venir avec des questions, on peut venir avec des propositions, on peut venir avec tout ce qu’on a, c’est chouette. Il n’y en a pas encore trop d’organisés à Quimper à part à Entrée libre. Ça peut être une façon d’amorcer les choses, de créer un endroit où les personnes se retrouvent souvent. Pour l’instant il y en a à d’autres endroits, il y en a, quand c’est facile de se retrouver en présentiel, à Lyon, Toulouse, Tours, Paris, Nantes, j’en organise à Dinan, et Dinan c’est plus petit que Quimper ! Du coup c’est possible d’en organiser ailleurs. On organise aussi des Confin’ateliers quand on n’a pas trop la possibilité de se retrouver en présentiel, c’est en ligne à travers de la visio, donc c’est différent. Du coup j’ai appris à sous-titrer des vidéos avec des logiciels libres, je ne savais pas faire, c’était cool et je n’ai rien appris à côté.
Ça c’est la partie Contribatelier.

Contribulle

Là il y a la partie Contribulle [7]. C’est un site que j’ai contribué à faire avec trois autres personnes qui étaient beaucoup là et une myriade d’autres personnes qui sont venues donner leur avis, expliquer les problèmes qu’elles avaient. Il est sorti en février 2021. J’ai un peu de temps, je vais vous montrer le site.
C’est bien que ce site existe, mais maintenant, l’idée c’est qu’il faut le remplir donc ce sont un peu des petites annonces que je vais vous montrer. L’idée c’est qu’il faut maintenant en parler autour de vous, le faire vivre, le remplir parce que ce n’est pas tout qu’on ait fait l’outil, mais si personne ne propose jamais, dedans, des choses à faire, ça ne sert à rien.
Je vais vous faire une petite démonstration de ce que c’est.

Si vous voulez le voir chez vous, vous tapez contribulle.org.
Le site se présente avec deux portes d’entrée. Il y a une porte d’entrée pour les personnes qui ont un projet et une porte d’entrée pour les personnes qui veulent contribuer à quelque chose mais qui ne savent pas trop à quoi.
Je vais plutôt aller sur la partie « Je veux contribuer ».
Là on a deux parties.
La partie contribution facile, c’est-à-dire qu’on a présélectionné avec l’équipe des contributions où il ne faut pas beaucoup de moyens, en général une connexion Internet et un ordinateur ou un smartphone parce que ce sont des trucs qui passent par le numérique, encore qu’on pourrait rajouter « Organiser un Contribatelier », du coup ça serait bon.
Je vais vous faire une démonstration de un ou deux trucs rapidement pour passer dessus.
Common Voice, c’est écouter ou enregistrer sa voix. Pour les personnes que ça intéresse, là je vais vous montrer et ensuite on fera un atelier tout à l’heure.
Cuisine Libre, créer des fiches recettes. Vous avez tous et toutes, je suis sûre, une recette que vous adorez, la recette de vos parents ou je ne sais pas quoi que tout le monde vous demande, que vous refilez à tout le monde. Vous pouvez la partager sur ce site.
StreetComplete, c’est une application qu’on met sur le téléphone et qui donne des sortes de missions pour préciser des choses dans la rue. En gros, vous vous faites repérer par le GPS, en général, la carte s’affiche, il y a des petits points et vous pouvez cliquer sur un point : là je voudrais bien savoir quels sont les horaires du magasin ou quel est le nom du magasin ou quel est revêtement sur la route. Ça permet d’enrichir une carte libre, un système de cartographie libre qui s’appelle OpenStreetMap [8]. On peut se dire qu’on s’en fout un peu. Mais, par exemple, préciser le revêtement des rues ça permet de savoir, quand on est en fauteuil roulant, si c’est facile ou pas de circuler ; si c’est du sable ou si c’est de la terre ce n’est pas pareil que si c’est du béton. Des choses comme ça.
Wikimedia. Si vous prenez des photos, si vous faites des dessins, vous pouvez les ajouter, enrichir une banque d’images qui sont réutilisables ensuite par d’autres personnes.
Wikipédia. Vous pouvez relire ou reformuler des bouts d’articles. Je n’ai jamais su vraiment si je pouvais contribuer facilement à Wikipédia parce que je me dis que je n’ai pas de connaissances en particulier. Mais là, précisément, c’est un niveau pour démarrer. Vous pouvez faire de la relecture, par exemple si la grammaire l’orthographe ou la conjugaison c’est votre truc, vous pouvez commencer à relire, vérifier les copie ou des choses comme ça, ça permet de mettre un premier pied dedans et d’en rester là si on veut. et trouver d’autres fiches comme celle-ci, moi j’ai rajouté celle des Contribateliers, c’est bien.
Ça c’est la première partie, contributions faciles.

Plus bas, dessous, il y a la liste des annonces que les personnes ont remplies. C’est « J’ai un projet, je suis un porteur de projet ».
Par exemple, j’ai fait une fiche parce que j’ai créé un site qui explique le fonctionnement des réseaux sociaux alternatifs et j’ai besoin de personnes pour tester, des personnes qui seraient intéressées par les réseaux sociaux alternatifs. Là je l’explique et, en fait, s’il n’y a pas des personnes qui testent et qui me disent « j’ai compris, je n’ai pas compris », je ne sais pas si mon site est bien ou pas. Donc j’ai fait une petite annonce où j’ai mis les petits tags. Je vais vous prendre des tags, des mots clefs moins abscons. Là, par exemple, « Aide facile & rapide », pour moi c’est un test d’interface. Donc là « Aide facile & rapide » par exemple c’est le don d’argent. Il y a la campagne de don de .Com1 par exemple et au-dessus il y a Resnumerica, on peut visiblement catégoriser des images, sourcer des informations, modérer du contenu. Ce ne sont pas des choses qui nécessitent forcément des compétences techniques.
Ensuite il y a des trucs techniques. Par contre on est dans le logiciel libre, on n’y coupera pas.

Je trouvais ça chouette « Audiovisuel », « Composition de musique », c’est un jeu. Si des gens qui bidouillent de la musique, ils peuvent enregistrer des sons pour le jeu.

Du coup si jamais ça vous parle, si jamais ça vous dit, que vous ne savez pas trop par où commencer, vous pouvez aller jeter un œil sur Contribulle, vous pouvez aussi nous faire des retours, ça fonctionne.

Public : Samedi en Contribatelier.

Maïtané Lenoir : Oui. Vous pouvez venir samedi au Contribatelier, on fera plein de pools, ce sera cool.

Je vais finir en vous montrant Cuisine libre et Common Voice.

Cuisine Libre est un site pour partager des recettes. Je vous le montre pour que vous connaissiez l’interface. J’imagine que vous vous créez un compte et ensuite vous proposez des recettes, vous pouvez dire si elles sont végétariennes ou pas. Tout le monde a faim ? C’est bon ?

Common Voice [9], on arrive directement là-dessus. C’est fait par Mozilla [10]. Peut-être que vous connaissez Mozilla parce qu’ils font un logiciel qui s’appelle Firefox qui permet de naviguer sur Internet, un autre qui s’appelle Thunderbird, qui permet de lire ses mails.
Là ils ont lancé un système, je ne sais pas trop comment dire ça, en fait une banque de voix. En gros l’idée c’est que vous pouvez faire deux choses. Soit on affiche du texte et vous pouvez enregistrer votre voix en train de le lire. Soit on vous propose un fichier audio à écouter et vous vérifiez que ce que vous entendez c’est la même chose que ce qui est écrit. Ce qui est chouette avec Common Voice c’est que, du coup, c’est libre, ce n’est déjà pas mal et ensuite, une des choses qui est demandée si vous avez des accents, c’est important que vous participiez. Si vous avez une voix féminine plutôt que masculine c’est intéressant que vous participiez parce que sinon on entend toujours les mêmes voix donc la reconnaissance vocale reconnaît toujours les mêmes choses. Ça peut servir pour de la reconnaissance vocale. Quel est l’intérêt ? Pas forcément de faire des petites intelligences artificielles qui vous proposent la musique que vous voulez écouter. Ça fait un truc super bien que j’ai utilisé il n’y a pas longtemps. J’ai réalisé une conférence, par exemple cette conférence-là, vous l’avez en ligne c’est cool, mais pour les personnes qui sont sourdes ce n’est pas accessible, il faudrait la sous-titrer, sauf que le soutitrage prend un temps de fou et ça demande pas mal d’énergie. Il y a un logiciel qui, en utilisant cette banque de voix, a inséré un petit bout de code. On dit au logiciel « tu écoutes la vidéo et tu retranscris textuellement ce que tu entends avec les bons – on appelle ça les timecodes, c’est-à-dire les bonnes temporalités – pour que les sous-titres s’affichent aux bons moments ». Du coup, au lieu d’avoir à retaper à la main en disant de 1 minute 32 à 1 minute 34 Maïtané a dit ça, eh bien on a juste à écouter un peu la conférence en fond, à récupérer ce qu’a dit le logiciel et puis à modifier un peu parce que, bien sûr, ce n’est jamais parfait, c’est un logiciel. Donc c’est un gain de temps absolument fantastique. Du coup, par exemple, ça sert l’accessibilité pour les personnes sourdes. Ça a cet intérêt que je trouve absolument génial et ça c’est pareil, c’est super facile à faire.
Je vais vous montrer. J’appuie sur le micro, j’autorise le micro. « Sous son impulsion l’école va connaître un essor important. » Hop, il passe à la suite et, vous voyez sur le côté, j’en enregistre cinq d’affilée, comme ça, j’espère. « C’est l’un des rares endroits en Lettonie disposant de sources de soufre. » « Pendant son adolescence elle prend des cours de comédie et de ballet. » Là on a des vraies phrases, mais des fois, je ne vous raconte pas, c’est un peu particulier ; ce n’est pas grave, c’est un exercice. « Son meilleur résultat est une 9ᵉ place obtenue à trois reprises. » « Mais, le fond n’est pas plat. » Donc là on peut « Vérifier, enregistrer si nécessaire », sinon on peut envoyer. J’accède à la politique de confidentialité et ensuite on peut en faire cinq de plus. On peut se connecter, s’inscrire pour se souvenir de ce qu’on avait.
Vous voyez que c’est super simple à faire. Il faut un micro ou alors il faut pouvoir entendre pour vérifier les phrases qui ont été faites. Plus il y aura d’accents différents, plus il y aura de personnes différentes qui le feront. Des fois c’est bien aussi de le faire alors qu’il y a un bruit de fond, ça entraîne le robot à être un peu plus fin pour détecter ce qui est de la voix de ce qui est du reste.
Ça participe à créer une banque qui représente la diversité des êtres humains.

Je crois que j’ai fini de vous raconter tout ce que je voulais vous raconter.
Merci beaucoup pour votre écoute et rendez-vous tout à l’heure pour les ateliers ou samedi à 14 heures pour le Contribatelier.

[Applaudissements]