Liberté 0, si on en parlait ? Table ronde RMLL2013

Titre :
Liberté 0, si on en parlait ? Table ronde
Intervenants :
Armony Altinier - Samuel Thibaut - Loïc Damien - François-Charles Liber - Bookynette - Kinou- Jean-Philippe Mengal - Marie-Pierre Bigeon - Jérome - Greg - Christophe - Moza
Lieu :
Bruxelles, Rencontres Mondiales du Logiciel Libre
Date :
Juillet 2013
Durée :
1 h 03 min 36
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Licence de la transcription :
Verbatim

Transcription

Bonjour. Je m’appelle Armony. Sérieusement. En fait, j’aimerais profiter — parce que c’est un atelier, ce n’est pas une conférence, c’est pour cela aussi qu’il y a une disposition de tables différente et c’est chouette — qu’on fasse peut-être un tour de table, aussi, parce que moi je ne connais pas tout le monde ! Rapidement. Du coup, c’est bien parce que le micro passe facilement de main en main.
Toi je te connais, tout le monde te connaît.
[Un participant tend le micro à Armony]
Je m’appelle Armony, mais vu que je suis à la conférence, je n’ai pas grand chose à en dire. On va parler de liberté 0. Qu’est-ce que je fais ? Je ne suis plus membre de l’April. En fait, je le suis toujours au titre de la société et je garde des liens très forts. J’ai fondé le groupe de travail Accessibilité [1] Logiciel Libre à l’April, en 2009, et j’ai réalisé, en fait tout récemment, grâce, alors là on a affiché une correspondance avec Richard — cher Richard Stallman — au sujet de la compréhension des 4 libertés. Et je me suis rendu compte qu’il y avait un gros malentendu, qui explique aussi les questions de priorisation à l’April qui sont très sur une position stallmanienne, en fait, des 4 libertés et qui fait qu’on ne pouvait pas s’entendre puisque que, pour moi, c’était trop restrictif. On va en parler, je ne vais pas plus vite que ça. À titre professionnel, je suis consultante formatrice en accessibilité numérique et du Web en particulier. J’ai écrit un livre sur le sujet [Accessibilité web, normes et bonnes pratiques pour des sites plus accessibles,NdT] qui, j’espère, sera bientôt libéré, je ne sais pas où on en est des ventes. À 1200 exemplaires il était libéré, donc bientôt. Normalement, je pense que c’est le cas.
Samuel Thibaut, je suis beaucoup plus côté développement. En gros, je mets les mains dans les engrenages et dès que c’est un peu plus haut je ne m’en occupe pas tellement. Typiquement Orca [2], je ne sais même pas l’utiliser, en fait. Je m’occupe de ce qui marche en-dessous, c’est-à-dire brancher avec la synthèse vocale, brancher avec le braille. Pareil pour l’installeur, je m’occupe de faire démarrer les trucs, mais après, ce n’est pas ce dont je m’occupe. Donc les petites mains qui font que ça tourne quoi. Après, je m’occupe de plein d’autres projets informatiques. Je suis enseignant-chercheur en informatique et en calcul parallèle.
Bonjour. C’est Greg. Je suis membre du Parti Pirate belge et je suis venu juste pour écouter, en fait, et me faire une idée.
Je m’appelle Loïc Damien. Je suis juste utilisateur. Je travaille dans l’informatique et je me suis dit que c’était une bonne idée de venir. Des fois, je dois mettre en place des solutions pour des personnes, pour intégrer un peu l’accessibilité là-dedans ; c’était l’occasion, un peu, de découvrir ce sujet.
Bonjour. Je m’appelle François-Charles Liber. Je suis là sur un plan personnel parce que le sujet m’intéresse et je suis là sur un plan professionnel parce que j’ai des pistes à envisager, vraisemblablement du coup avec Thibaut et avec Jean-Philippe qu’il faut que je rencontre, mais ce sera après.
Bonjour. Je m’appelle Jérôme, développeur dans un hôpital. Je suis ici pour lever certaines ambiguïtés au niveau de la liberté 0, essayer d’en cerner les limites et voir vraiment ce qu’on peut considérer comme logiciel libre ou non libre sur la base de mon expérience.
Bonjour. Je suis Christophe. Je suis chercheur en accessibilité numérique depuis 2001, la plupart du temps dans des projets européens et certains de ces projets sont des projets en open source.
Bonjour. Je suis Bookynette. Je suis administratrice de l’April et je suis là parce que le sujet m’intéresse.
Bonjour. Je suis Kinou. Je participe à pas mal d’associations et le lien entre toutes ces associations c’est l’accessibilité. Souvent, c’est plus papoter pour présenter l’accessibilité. Un petit peu embêter les développeurs pour ne pas qu’ils nous oublient et puis faire les sites web accessibles, rapporter les bugs, faire le lien entre les utilisateurs et les développeurs, quand je peux.
Bonjour. Jean-Philippe Mengual. Je suis fonctionnaire le jour et informaticien la nuit. À ce titre, président de l’association Accelibreinfo [3], qui s’occupe de, justement, faire le lien entre utilisateurs et développement, en installant aux utilisateurs qui n’ont pas l’envie de se plonger dans la technique, en installant des systèmes libres pour rendre leur ordinateur plus accessible quand ils sont déficients visuels.
Bonjour. Je m’appelle Delphine, Moza sur le Net. Je suis en thèse en Suède, dans un groupe qui s’occupe précisément de technologies et réhabilitation, de technologies pour des personnes en situation de handicap de toutes sortes. Du coup, la suite m’intéresse et comme je suis aussi membre du groupe Accessibilité de l’April, c’était naturel de venir.
Bonjour. Moi c’est Marie-Pierre. Je suis arrivée dans le groupe de travail Accessibilité il y a quelques années et j’ai initié le projet sur l’audition et je souhaite continuer à le faire.
Armony : Merci. Donc on voit qu’il y a pas mal de gens qui se sont retrouvés sur le groupe Accessibilité de l’April. Juste deux mots sur ce groupe. Il a été créé en 2009 suite aux RMLL [Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, NdT] de Nantes, en fait. Je me suis retrouvée là un peu par hasard, quand même, il faut le dire, ce n’était pas moi qui devais m’en occuper, mais on a insisté pour que je m’en occupe. L’objectif n’était pas de réinventer la roue. Il y a eu pas mal de méfiance au départ en disant « oui il y a plein de choses sur l’accessibilité, qui a essayé, qui n’a jamais marché, etc. ». Je disais bien « ce n’est pas de réinventer la roue ». Il y a plein de petites initiatives un peu partout, des choses invisibles. Le travail que fait Samuel sur Debian, on ne le sait pas forcément. Et c’était de donner de la visibilité, de donner aussi une plateforme grâce à la liste accessibilité@april.org[https://listes.april.org/wws/arc/accessibilite/2010-11/msg00000.html
Liste de diffusion du groupe de travail Accessibilité]
sur laquelle pouvaient se retrouver à la fois les utilisateurs, les développeurs. Sinon il y a, à chaque fois, des choses très spécifiques pour les développeurs ou par handicap. Là, c’était quelque chose qui était vraiment transversal quel que soit le handicap, et que ce soit des développeurs, des utilisateurs.

Et puis effectivement, il y a neuf mois en fait, donc il y a neuf mois, ça faisait plusieurs mois que le dialogue était un peu difficile avec le CA où, par exemple, ils faisaient des April Camp et ce n’était jamais dans des lieux accessibles. On me disait : « Il serait bien que tu fasses… » Je fais : « Oui, mais je ne vais pas dire aux gens " eh bien ne venez pas ou ne venez que si vous êtes valides ! " », alors qu’on fait quelque chose sur l’accessibilité ! On me disait : « Eh bien peut être le faire dans un autre lieu ! » Du coup, l’April se réunissait dans un lieu et nous on allait être ailleurs, à part. Moi je n’étais pas très satisfaite de ça.

Et il y a eu plusieurs questions, comme ça, où ça n’allait pas, et puis surtout, plusieurs réponses de gens du CA, donc pas de n’importe qui, des gens qui étaient censés suivre le dossier en plus, et de personnes qui m’avaient dit que, normalement, c’était prioritaire et finalement, qui m’ont expliqué que ce n’était pas prioritaire. On a eu plusieurs actions. On ne me l’a pas demandé, mais volontairement j’avais reporté les actions qu’on voulait faire avec le groupe pour ne pas diviser les forces, en fait, et pour qu’on s’insère dans les actions de l’April, générales, sur les campagnes, etc. Donc on s’était dit « on le fait un petit plus tard », les actions qu’on voulait faire plus spécifiques, en espérant aussi un retour, et que tout le monde participe. Et en fait, ce n’était jamais prioritaire, jamais le moment ! Au bout d’un moment c’est vrai, je me suis dit qu’on n’avait pas la même conception. Pour moi, le logiciel libre, la liberté 0 et c’est toi qui as le tee-shirt, tu peux te montrer ? Les 4 libertés, normalement une des libertés c’était la liberté, c’est traduit parfois comme ça, à tort, mais la liberté 0, donc les quatre libertés c’est 0, 1, 2, 3, en fait, et la liberté 0 c’est la liberté, parfois, d’utiliser. Et pour moi la liberté c’est que tout le monde puisse l’utiliser. Et l’accessibilité, le handicap c’est vraiment une absence de liberté. Vraiment, quand on est handicapé, on a une incapacité à se mouvoir ou à communiquer ou à voir, et on peut être vraiment handicapé. La technologie est censée libérer aussi les personnes, à condition que ce soit accessible et libre, ça allait ensemble dans mon esprit et dans la charte aussi du groupe qui a été approuvée.
Comme au bout de trois ans on m’avait expliqué, qu’en fait, l’April n’avait pas de position sur le sujet, je me suis dit « il est peut-être temps que je reprenne des forces ailleurs ! » Je ne sais pas s’il y en a une, maintenant, d’ailleurs, de position ?
Bookynette : Alors, la position officielle de l’April, c’est la charte. Maintenant, elle n’est pas soutenue personnellement par tous les administrateurs. Mais la position officielle de l’April c’est la charte. Il y en a une maintenant.
Armony : En fait, le bénéfice du fait que je sois partie, la conséquence directe. J’avais proposé plusieurs noms pour me remplacer. Je n’ai pas claqué par la porte du jour au lendemain. J’ai fait les choses bien. Je leur ai laissé le temps de me remplacer, etc., avant de l’annoncer. J’ai proposé des noms. Personne n’a voulu reprendre et concrètement, aujourd’hui, la liste n’est plus animée. En fait, il ne se passe plus grand-chose, alors qu’à une époque, vraiment, il y avait beaucoup de messages et on m’a dit : « Quand est-ce que tu fais autre chose, etc. ? » Suite à mon départ, j’ai eu des messages, même en privé, de gens assez étonnants aussi, je ne m’y attendais pas et qui me disaient, qu’en fait, ils étaient d’accord avec mon analyse et qu’ils ne se retrouvaient pas vraiment, qu’ils allaient là, mais qu’ils ne se retrouvaient pas vraiment et que pour eux la liberté c’était vraiment la liberté, aussi, des êtres humains et de tout le monde et que ça ne sert à rien que le code soit libre si finalement on ne peut rien en faire.
À partir de là, j’ai écrit à Richard Stallman en lui disant : « J’aimerais clarifier un petit peu les choses. C’est quoi cette liberté ? Est-ce que c’est parce qu’on ne l’applique pas ou est-ce que c’est juste parce qu’il y a un malentendu ? En réalité la liberté 0, dans l’esprit, c’est juste la liberté des développeurs ou c’est la liberté des gens ? »
La réponse c’est, qu’en fait, l’accessibilité n’est pas un problème de liberté. C’est une fonctionnalité. La liberté 0 c’est la liberté d’exécuter.
Je lui ai dit, du coup, que c’était mensonger de dire Liberté, Égalité, Fraternité. Dans ce cas égalité, fraternité il peut l’enlever ; c’est liberté des développeurs et des gens qui peuvent utiliser le logiciel et il m’a dit que je mélangeais tout.
Je ne suis pas compétente pour discuter avec Richard Stallman. Je lui ai demandé son avis. C’était vraiment important pour savoir ce qu’est la liberté 0 selon la GPL [GNU General Public License, NdT]. C’est son truc, donc c’est pour ça que je voulais savoir. Du coup, la réponse ne me satisfaisant pas, et je pense qu’elle ne satisfait pas beaucoup de gens, en fait. D’ailleurs, il y a des tas de mouvements du Libre qui sont beaucoup plus larges que ça, en fait.

Participant :
Je trouve que la tienne est très bizarre parce que tu te dis « je ne suis pas compétente pour parler avec Richard Stallman ». Tu as la liberté de parler avec Richard Stallman, du coup…
Armony :
De définir la liberté, ne pas le dire à sa place.
Participant :
Oui, mais je ne pense pas qu’il faut la voir vraiment comme un dogme pour tout appliquer. La discussion qui s’est faite, qui était intéressante avec LL de Mars [4] sur le fait d’appliquer à la création artistique les codes, les libertés issues du code, du traitement du code, l’informatique, était super intéressante parce qu’effectivement, les choses ne se gèrent pas de la même manière. Tu ne peux pas dire « je mets en place mes sources » au niveau artistique.
Armony :
Là je parle bien de l’accessibilité des logiciels, de tout ce dont Jean-Philippe nous a parlé aussi. Je suis bien dans le logiciel. Effectivement Wikipédia, tout ça, ou même OpenStreetMap, ils ont choisi leur licence parce que ce sont des domaines différents. Là, on est dans le domaine du code, du logiciel. Il y a des gens qui utilisent la GPL, qui se disent logiciel libre et ils font des logiciels pas du tout accessibles et ils s’en fichent ! Et la question que je me posais c’est « est-ce que c’est légitime ou est-ce qu’il faut leur dire "vous ne faites pas vraiment du logiciel libre" ? » C’était un besoin personnel, aussi, d’éclaircissement, d’essayer de comprendre pourquoi on me répondait ça comme ça. Je lui ai dit : « C’est moi qui n’ai pas compris ? » En fait, oui, c’est moi qui n’avais pas compris, dans cette définition-là. C’est pour ça que pour moi, en fait, la GPL est buggée et le principe du logiciel libre c’est de réapproprier, aussi, les codes. Et c’est pour cela que je propose de forker cette liberté 0 et de la redéfinir. Mais je parle bien de code. On peut l’élargir à plein d’autres choses. Là c’est, en gros, les logiciels libres.

Ce que j’ai dit à Stallman et ce que je disais en question tout à l’heure, je connais des gens qui, jusqu’à il n’y a pas longtemps, avant d’être dotés de logiciels ou de téléphones particuliers, ne pouvaient pas bouger tout seuls, se déplacer tout seuls et qui ont trouvé une vraie liberté au sens philosophique premier du terme – parce la liberté ça existait avant l’informatique, quand même, ces questions, un petit peu – donc ils trouvent vraiment de la liberté, au sens vrai de la liberté, grâce à ça, et grâce à Apple, et ça me fait un peu mal ! Parce que les logiciels qui marchent le mieux, où je vois vraiment des choses impressionnantes, c’est tout sauf du Libre ! C’est ce qu’il y a de plus fermé, quoi, Apple et ça marche super bien. Et eux ils sont plus libres. Alors comment les convaincre de venir se prendre la tête. Il y a des gens comme Jean-Philippe, heureusement, qui sont passionnés et qui vont chercher. Mais il le dit : un utilisateur lambda, on ne va pas les faire passer, s’il faut qu’ils apprennent la ligne de commande alors que peut-être ils ont perdu la vue il y a longtemps, ils ne connaissent pas trop l’informatique. Il faut se mettre aussi pour tous les utilisateurs. La question c’est ça. Si on ne s’adresse qu’à des informaticiens, ce qui est, en fait, le cas, au départ, de la GPL, d’où ce malentendu. Ce qui explique aussi le public qu’on a. Des fois on se pose la question, c’est un public assez homogène. On coanimait, avec Booky, le groupe Diversité aussi, et on essayait de se poser la question comment faire ouvrir largement.

Dans la conception, quand on dit Liberté, Égalité, Fraternité appliqué au numérique, moi c’est comme ça que je l’avais compris, c’est comme ça aussi qu’il le définit, c’est quelque chose d’extrêmement politique, de sociétal, de majeur, et qui concerne tout le monde. Tout le monde utilise du numérique aujourd’hui. Quelle que soit la forme, on n’y échappe pas. C’est hyper important d’être libre et donc ce sont de vraies questions qui se posent. Sauf que pourquoi on n’arrive pas à porter ? Peut-être parce que la réponse est : « Ça ne te plaît pas, code-le ! » Eh bien non ça ne suffit pas ! Est-ce que quelqu’un est libre s’il doit passer d’abord, je ne sais pas combien d’années d’études pour réussir à comprendre comment on doit se servir, pour modifier son logiciel, c’est-à-dire comment le servir ? Ce n’est pas possible ! L’ordinateur, l’informatique sont là pour libérer les gens aussi, et je pense que le logiciel libre apporte de vraies réponses, qu’on trouve surtout dans le cas de l’accessibilité, mais même au-delà.

Après, il y a toujours la frontière entre le confort et la liberté. Je pense qu’il y a des limites aussi. Si c’est juste parce qu’on veut un super effet, ça ne justifie pas de financer Apple. Mais par contre, quand c’est parce qu’on n’a pas le choix sinon il n’y a rien qui marche et qu’on est coincé chez soi, non ! Évidemment que ça se justifie ! Et les gens pourtant sont enfermés et ils en ont conscience. C’est horrible ! Ils le savent. Je pense à un logiciel, un lecteur d’écran, qui est financé, en plus, par les collectivités dans le cadre des financements des personnes handicapées. Le lecteur d’écran qui est financé c’est JAWS, majoritairement, enfin exclusivement, qui est un logiciel très cher, évidemment totalement privateur. Les gens ont conscience. Ils n’ont pas du tout les moyens de mettre leur version à jour, donc ils sont financés une fois mais, du coup, après ils rament. Après ils passent, heureusement, il y a un super logiciel libre qui est NVDA [NonVisual Desktop Access,NdT] sous Windows, qui est un équivalent. Mais du coup, ils ont conscience d’être enfermés là-dedans. Et on a zéro réponse pour ça, tout simplement parce que c’est considéré comme optionnel, en tout cas dans cette version de la GPL. C’est une fonctionnalité en fait. On peut le faire, si on veut. Et pour moi ce n’est pas si on veut ! C’est quelque chose qui est nécessaire, c’est pour ça que je propose de la réécrire, de la redéfinir.

Je me suis dit en sortant de l’April « du coup, tout ce qu’on va dire, quand on est à l’extérieur, on a des fois plus de poids ». Donc si on a quelque chose d’un peu neutre, qui ne va pas forcément pointer du doigt ou juger une organisation particulière, mais qui va proposer des bonnes pratiques un peu pour tout le monde : on aurait le soutien de plusieurs organisations, on pourrait leur proposer des choses, des bonnes pratiques. Il y a des questions qui se posent sur les bonnes pratiques de développement ; ça, ce sont des choses qu’il faut documenter. Aujourd’hui, on n’en est même pas là ! On en discutait avec Samuel. La plupart du temps, ils ne prennent pas en compte parce qu’ils ne savent même pas que ça existe ou que c’est possible. Donc on en est encore là ! Il y a quand même du travail encore à faire !
J’adore parler technique,etc., sur des choses. En réalité, je le fais avec des gens qui connaissent déjà, mais sinon, la plupart du temps de mes interventions publiques, c’est réexpliquer ce que c’est que l’accessibilité. Il y a besoin. Cette plateforme qu’il y avait pour le groupe de travail de l’April elle est toujours nécessaire. Je pense qu’on doit pouvoir élargir. Je passe la parole à Christelle.
Kinou : Je voulais juste rechercher un article, c’est un petit peu difficile avec le Wi-fi d’ici, de gnu.org qui est un peu la référence pour le logiciel libre à ma connaissance. Il y a une page sur Appel de GNU à l’accessibilité [5], c’est gnu.org/accessibility/accessibility.fr.html et qui dit que justement, c’est à prendre en compte, je vais retrouver la bonne phrase « faire en sorte que votre application ou site web soit accessible est la bonne chose à faire et cela concorde parfaitement avec le logiciel libre. » Ça va à l’encontre de ce qu’a dit Stallman, du coup, de la réponse qu’il t’a faite.
Armony : Pas vraiment dans le sens où il me dit que ce n’est pas une obligation, mais qu’il peut l’encourager. Là, il l’encourage. Après, juste pour remettre dans le contexte, j’en parlais ce matin aussi, c’est une obligation légale. Ce n’est pas parce que Stallman ne l’a pas dit, c’est quand même une obligation légale. Donc on s’en fiche. Au final, c’est une plus forte obligation. D’ailleurs il y a une priorité, c’est ce que je disais ce matin dans la conférence entreprise, il y a une priorité au logiciel libre, géniale, pour l’instant dans l’Éducation supérieure et la Recherche et puis, même de manière générale, dans les administrations, sauf qu’il y a une obligation d’accessibilité. Donc au choix, si on a un logiciel libre qui n’est pas accessible et un logiciel pas libre qui est accessible, ça va être le logiciel pas libre. L’un c’est une obligation ; l’autre c’est une priorité.
Donc la question c’est : comment on fait ? Après, on est dans le mode, effectivement, du bénévolat etc. Et je pense que la bonne réponse, le fait de forker cette liberté 0, c’est de remettre le focus sur ce que c’est, de dire en quoi il y a des limites, donc la limite c’est, effectivement, de l’exécuter pour ceux qui peuvent, donc nous c’est de donner de la visibilité à ce qu’on veut en faire. C’est pour ça.
J’ai pris un nom de domaine qui s’appelle liberté0.org [6], à la fois pour revendiquer cette filiation, parce que je m’inscris totalement aussi dans tout ce discours et ces mouvements du logiciel libre effectivement, et chacun a fait un petit peu à sa sauce après. La GPL c’est une chose, mais il a des tas de dérivées et tout le monde n’est pas aussi fermé sur le sujet.
J’ai pris ce nom de domaine liberté0.org et la FPH m’a donné – j’ai quelques contacts – donc la FPH [Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’Homme, NdT] m’a mis à disposition une liste de discussion, donc un serveur Sympa pour lequel on va pouvoir avoir autant de listes qu’on veut dessus donc sur le sujet, spécialisées ou pas. Maintenant, la question c’est : qu’est-ce qu’on en fait ? Mozilla nous accueille à bras ouverts pour faire des événements, dans un lieu, au centre de Paris, accessible, grand, etc. Donc on a, en fait, toute l’infrastructure, il y a des attentes, maintenant qu’est-ce qu’on en fait ?
Participante : C’est juste pour avoir la définition du mot fork que tu utilises.

Armony : Fourche, mais ça ne t’aidera pas plus. En fait, dans le logiciel libre, tu as un projet et comme tu es libre de le modifier ou d’en faire ce que tu veux, si ça ne te plaît pas, eh bien tu fais une branche, tu fourches. Donc tu fais une copie exacte et tu la modifies pour que ça corresponde à ce que tu veux : l’idée de forker et donc de modifier. En fait, on garde l’esprit du logiciel libre, mais on étend cette liberté 0, pour qu’elle s’applique à tout le monde et qu’elle prenne en compte d’abord l’utilisateur, libérer les personnes avant. Enfin, les développeurs sont des utilisateurs aussi, du coup ça n’exclut personne, ça ne veut pas dire exclure les développeurs du tout. Étendre, en fait, un petit peu ça et, peut-être, trouver des modes d’action pour que ce soit mieux connu. On a vu ça, comme disait Jean-Philippe, il y a un renouvellement aussi, peut-être des développeurs qui s’en vont, des choses comme ça. Dès qu’on perd une compétence, eh bien on perd un peu tout, parfois, il faut tout recommencer de zéro, ce n’est pas normal. Documenter et puis recréer un peu un élan.
En fait c’est pur hasard, ça fait neuf mois que je suis partie, ce n’était pas prévu, je n’avais pas prévu de partir, ce n’était pas une chose positive, quand même. Il se trouve que l’année prochaine, là j’en discutais un peu avec les organisateurs des prochaines RMLL, à Montpellier, qui sont partants, aussi, pour mettre un gros focus accessibilité parce que 2015, premier janvier 2015, une obligation au niveau européen d’accessibilité. L’accessibilité numérique, normalement, c’était même 2012, mais c’est passé un peu pfft ! Mais du coup, la Commission fait en sorte que ça revienne aussi en 2015. Donc il y a quelque chose, on peut en termes de communication et je pense que c’est la première des briques qui manquent. Après, on dit comment on fait. J’ai écrit un livre aussi pour ça, parce qu’au bout d’un moment de répéter et puis ce n’est pas si simple, mais il y a de la documentation, en tout cas, qui existe, en 2015 elle sera libre, ça c’est sûr, on aura passé les 1200. Du coup, avant de savoir comment on fait, encore faut-il savoir que ça existe et se rendre compte que c’est important et que ça s’inscrit dans le mouvement du Libre. Il y en a qui sont déjà convaincus. Il y en a qui ne voient pas le rapport. En plus, dans les cahiers candidats.fr de l’April, il y a en a un qui montre les enjeux, en plus juridiques, et les contraintes. C’est dans les deux sens. C’est-à-dire que la liberté aussi, au niveau juridique, est importante pour l’accessibilité.
Par exemple, tout dernièrement, après une bataille de je ne sais pas combien d’années, l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, il y a eu un accord pour que les livres puissent déroger au droit d’auteur, ce qui est quand même toute une épopée avant qu’on en arrive là, pour que les personnes aveugles puissent avoir une transcription, puisqu’on n’a pas le droit de modifier les œuvres. Et ça, ça ne parle même pas du numérique ! Si on veut, aujourd’hui, sous-titrer, ce que fait le groupe Transcriptions est illégal ! C’est scandaleux, non pas parce qu’ils ne font que des vidéos libres, donc ça va, mais si on veut rendre son site accessible ou quoi et qu’on veut modifier pour rendre accessible une vidéo ou mettre une transcription, on n’a pas le droit. Et c’est très contrôlé. Donc c’est la priorité au copyright plutôt qu’aux usagers. Là c’est vraiment pour de l’accessibilité en plus. On voit que ça a un impact, il y a vraiment un lien.
Bookynette : Typiquement, dans le groupe Transcriptions, il y a des vidéos qu’on aimerait bien faire parce que c’est passé à la télé, qu’on n’a pas le droit de transcrire parce que le média n’est pas libre. Donc il y a des choses dont vous êtes privés à cause du format.
Armony : L’accord de l’OMPI, enfin le traité, c’est pour faire une exception pour l’accessibilité et ça, c’est de haute lutte. Aujourd’hui, je ne sais plus, c’est 5 à 7 % des livres seulement qui sont accessibles. Vous imaginez ! Si vous êtes aveugles, vous n’accédez à rien ! Enfin c’est horrible de se dire que tout ce savoir, toute cette connaissance vous n’y avez pas accès, pour une question d’accessibilité et, en fait, de droit d’auteur ! En fait, ce n’est pas que de l’accessibilité. Il y a des gens qui seraient prêts à le faire, mais ils n’ont pas le droit ! Donc il y a vraiment un vrai rapport. On ne peut pas me dire que ce sont deux choses différentes. Je ne suis pas d’accord avec Richard quand il me dit que ça n’a rien à voir. Ça a à voir ! L’accessibilité c’est une question de liberté, c’est même une question de liberté première. Il me dit : « Oui, dans un cas c’est injuste, dans l’autre cas… » Ben dans l’autre cas, quoi ? C’est juste ? Non ! Ce n’est pas juste d’avoir un handicap. On ne choisit pas, c’est comme ça. C’est la loterie de la vie. Il n’empêche qu’on peut faire des choses. L’idée, c’était de voir comment on peut faire ensemble des choses dans cet atelier, concrètement.
Une chose, aussi, par rapport au groupe de l’April, je suis partie et c’est un peu mort. Et ça je ne veux pas que ça se reproduise. Là j’aimerais qu’on voie donc déjà s’il y a des gens qui sont partants. Je sais qu’il y en a qui ne sont pas là qui sont partants. Je sais que de toutes façons on va tester. Mais dans un an, donc rendez-vous aux RMLL. Dans un an, et si ça marche, s’il y a des choses qui se font, dans ce cas on crée une association et l’année suivante je ne veux pas la diriger. Je veux que quelqu’un prenne la relève et vraiment que tout le monde soit capable d’organiser. Il y a des événements qu’on faisait qui sont totalement délocalisables : des Accesscamps par exemple, c’étaient des Barcamps dédiés à l’accessibilité et qui permettent de faire vraiment des choses concrètes rapidement. Tout ce qu’on fait est sous licence libre. J’ai fait un test avec l’association BrailleNet [7] au dernier séminaire AccessiWeb. On a produit des choses et c’était intéressant, mais on n’a eu que deux heures, ce n’était pas énorme, mais bon, quand même, et c’est quelque chose qu’on peut totalement délocaliser.
J’aimerais que liberté 0 soit le lieu où on donne les méthodologies, les outils. Il faut en trouver encore certains. Je n’ai pas de wiki, donc appel si vous savez qui peut. Je n’ai pas envie d’avoir à tout, avoir un coût de l’infrastructure, etc. Il y a peut-être des assos qui peuvent et ce serait une contribution aussi de certaines assos. Donc il faut trouver un wiki. Le nom domaine sera transféré à l’association, si ça marche, dans un an. Ça ne sert à rien de créer une association à l’avance si, au final, ça ne prend pas. Dans un an, le nom de domaine sera transféré à l’association et du coup, je veux qu’il y ait le minimum de frais.

Participante :
Par rapport au groupe de travail qui existait, tu reprends l’existant ou tu pars de rien ? Sur l’aspect documentaire ? La liste, les éléments qu’il y a dans la liste ?
Armony :
Comme tout est sous licence libre de toutes façons on peut le forker, encore une fois, donc on peut tout-à-fait le reproduire. Après, une solution intelligente ce serait, ça je m’adresse à Bookynette, on n’a pas de wiki donc l’April pourrait tout-à-fait nous fournir le wiki qui nous manque. On redirige un wiki.liberté 0.org et on fait une redirection et, comme ça, on aura un wiki, puisque de toutes façons vous ne l’utiliserez pas ! Vous ne l’utilisez plus en fait depuis que je suis partie, en fait, en gros ! Ce serait une bonne manière, en plus, de montrer qu’on n’est pas fâchés et que l’April contribue activement sur le sujet, quand même. De toutes façons ce n’est pas perdu. C’est libre, c’est en ligne. S’il n’y a pas de moyen ou si on trouve un wiki ailleurs, eh bien, dans ce cas, on pourra soit copier-coller, s’il y a des choses, déplacer, peu importe, mais ce n’est pas perdu.
Participante :
Il y a cet aspect documentaire, mais il y a aussi tout l’aspect de l’aide qui était apportée par, peut-être, l’April sur, justement, la gestion de ce wiki. Il me semble qu’ils intervenaient. Il y a des compétences là, sûrement, que je ne vois pas forcément toutes.
Armony :
Il y a l’administration, en fait. C’est pour ça que j’ai dit je ne veux pas administrer moi-même le truc. Le wiki je pourrais le faire. Le truc que je ne voulais vraiment pas faire c’était administrer un serveur Sympa qui dépasse la question du Web, puisque c’est du mail, et je ne suis pas compétente là-dedans. C’est lourd. Pas question de le faire ! Et puis c’est l’outil de base, en fait, pour le groupe : c’était vraiment la liste de discussion. Ça, c’était mon gros point noir quand j’ai eu cette idée et grâce à la FPH, on a ça. C’est hébergé par quelqu’un d’autre. Nous, on n’a que le nom de domaine, mais en fait, ce sont eux qui hébergent, qui font les mises à jour, qui gèrent tout ça. Il manque le wiki, c’est vrai. Une des solutions pourrait être que l’April nous offre le wiki.
Participant :
Mais il existe déjà.
Armony :
Il existe déjà, mais qu’on y accède via liberté0.org. Techniquement ce n’est pas compliqué. Si l’April ne le fait pas on trouvera, je pense.
Participant :
Je serais tenté de dire que si c’est un wiki c’est accessible à tout le monde.
Armony :
Oui, des toute façons, bien sûr.
Participante :
Il existe déjà. Inaudible.
Armony :
Voila. Mais dans tous les cas une chose est sûre, hors de question d’avoir des grosses choses lourdes à administrer. Pareil, on va avoir besoin de documentation, là j’ai un petit espace web, mais je ne veux pas avoir à gérer de CMS ou de choses comme ça. Encore une fois si moi, dans un an, là pour l’instant j’ai les compétences pour le faire, mais si je veux pouvoir passer la main, il ne faut pas que ça dépende d’une personne. On voit très souvent ça dans des assos où ça se casse la figure, parce qu’une personne part et toutes les compétences partent, et ça ne suit pas. Donc il faut que ce soit géré par des plus grosses structures. Pour le Web, je n’ai pas du tout prospecté, donc je ne sais pas, mais je pense qu’on trouvera. J’ai bon espoir pour des gens qui font de l’hébergement sur SPIP, après est-ce que c’est ce qu’on veut ou pas, peu importe. Disons que là, je pense qu’il y aurait des opportunités pour qu’on nous offre un hébergement, peut-être ! On verra en temps et en heure. Pour l’instant quelques pages statiques c’est ce qui suffisait pour libre-et-accessible.org [8] qui était l’adresse du groupe. Quelles pages statiques en attendant, c’est toujours ça à prendre. De toutes façons je ne veux pas avoir à discuter de tout ça toute seule. L’idée c’est de le faire ensemble, enfin collectivement.

Tout est à définir. Une charte évidemment, et les objectifs et comment on s’organise. On ne repart pas de zéro. C’était beaucoup plus compliqué il y a trois ans, parce que là, on partait de zéro. Là, on ne repart pas de zéro quand même ! Au contraire, on a même l’expérience de ce qui a marché - il y a plein de choses qui ont été très positives et qui ont marché - et de ce qui a moins marché et donc ça, je pense qu’il faut en tirer des conséquences aussi, des conclusions, des modes d’action.
Les partenariats marchent bien, mieux, en fait, même qu’en interne ; moi, c’est l’impression que j’ai eue.On a fait des chose avec Wikimedia, on a fait des choses avec OpenStreetMap, on a fait des choses avec Firefox, avec Mozilla, et en partenariat. Du coup, ils avaient plus d’implication. Alors que quand c’est en interne, en gros, « eh bien Armony va s’en occuper » et, au bout d’un moment, moi l’impression que j’avais, c’est qu’il n’y avait pas d’implication de l’April ; c’était délégué totalement. Ça ne peut pas reposer sur une personne. C’est épuisant. Ce n’est pas possible. Voilà. Je ne sais pas. Ça vous inspire quoi ?
Jean-Philippe Mengual : Moi, je veux surtout expliciter, peut-être, ce que je crains comprendre, en tout cas de ton message, et en réponse à la question de Marie-Pierre. Il n’est pas question de faire un groupe qui va remplacer un autre groupe. Le groupe Accessibilité de l’April, je ne suis pas dans les voix des sages, je n’en sais rien, mais je ne crois pas que l’April ait décidé de s’en débarrasser. Et, à titre personnel, en tant que membre relativement actif, ces derniers temps un peu moins, mais relativement actif de ce groupe de travail dans l’April, il n’est pas question, je veux dire ce soir, je ne vais pas me désinscrire de la liste April Accessibilité et passer sur la liste liberté 0. L’idée c’est simplement que ce groupe à la limite de l’April va être dynamisé par une « force » entre guillemets, par un partenariat extérieur. Après, ce seront les utilisateurs qui le feront vivre et je pense que, surtout au début, il y aura énormément d’interconnexions parce qu’il n’est pas question qu’on soit sur deux groupes distincts et que l’un reparte de zéro en refaisant ce qu’a fait l’autre. Ce sont deux groupes qui coexisteront autant qu’ils pourront et puis, s’il y en a un qui est plus dynamique que l’autre, eh bien il y en a un qui est plus dynamique que l’autre ! À la limite, ce ne serait pas choquant qu’un groupe dédié à l’accessibilité, extérieur, ou une association plus tard, si elle finit par être une association dédiée à l’accessibilité, s’appuie sur les ressources comme le wiki, la liste de diffusion, de l’April. Pour moi, ce n’est pas choquant. Après, il faut qu’évidemment l’April en soit d’accord. Je ne pense pas que ça les gêne, puisque ce groupe, de toutes façons, ils voient bien qu’eux-mêmes ont du mal à le faire vivre aujourd’hui. Le président lui-même, qui a tenté d’être animateur, se rend bien compte que c’est complexe à faire dynamiser ce genre de groupe.
Moi, après, je ne veux pas rentrer dans le débat entre l’April et tout ça, parce que ce sont des choses qui me dépassent de loin et qui ne m’intéressent d’ailleurs qu’à moitié, pour être honnête. Par contre, je pense que d’un point de vue humain et d’un point de vue relationnel, c’est important d’avoir en tête cette idée que les deux groupes vont vraiment être ensemble, vont cohabiter et qu’il n’y en a pas un qui va être meilleur que l’autre. L’un va s’appuyer sur l’autre et vice-versa. Simplement, ça permettra au groupe qui est indépendant d’avoir ses positions indépendantes et sa dynamique indépendante, sans forcément compter sur une position officielle. C’est un peu comme les distributions orientées sur la conférence de tout à l’heure, en gros, les problématiques transversales qui ont un peu du mal. L’April a plein de contraintes à prendre en compte. Le groupe Accessibilité sera plus libre et, du coup, sera probablement plus dynamique, mais les frontières sont très poreuses.

Armony :
Oui, en théorie. En pratique, ça dépend, en fait. Ça fait neuf mois. Je n’ai pas claqué le porte, je crée un autre truc, je me barre ! Ce n’est pas ça. J’aurais été la première à participer si quelqu’un d’autre avait repris le flambeau. Il y a aussi le problème au niveau, c’est ce que je disais, des priorités. Apparemment la charte est devenue la position officielle, grâce à Booky, à mon avis, beaucoup aussi. Pas toute seule, tant mieux, heureusement ! Dans les faits, moi ce qu’on me disait, c’était que le groupe Accessibilité – il y avait un problème d’objectifs aussi – était censé rendre accessibles les outils de l’April, de même que le groupe Transcriptions fait des transcriptions ou le groupe Traductions. C’était quelque chose de beaucoup plus technique. On n’était pas du tout sur les mêmes positions. Si, effectivement, le groupe a totalement vocation à rester, si l’objectif de l’April est de rendre leur communication et leurs événements accessibles, auquel cas, ça a tout-à-fait vocation à rester. Si ce sont les mêmes objectifs que ce qu’on fait par ailleurs, eh bien je doute qu’il y ait deux listes qui marchent, concrètement. Même si on dit ça il faudra voir dans quelle mesure il n’y a pas un soutien, une fusion, quelque chose comme ça. Moi je vois plutôt ça comme ça.
Jean-Philippe Mengual :
Je suis d’accord avec toi. Je pense que symboliquement, pour nous, il faut garder cette ligne de conduite. Après, la pratique dira ce qu’elle dira, les utilisateurs diront ce qu’ils diront ! Après, les dynamiques des groupes seront ce qu’elles seront ! Je pense que déjà, à mon avis, si on pose une pierre angulaire pour monter ce groupe comme on le fait, un peu, aujourd’hui, même pas qu’un peu, on le fait aujourd’hui, je pense que le point de départ c’est, à mon avis au niveau symbolique, c’est de rester sur cette ligne.
Armony :
Pour moi, juste, on n’a pas à s’en occuper. En fait on repart, on a nos objectifs, on va les réécrire ensemble. Est-ce que ce seront les mêmes ou pas ? Il y a beaucoup de gens qui vont revenir, qui viennent, effectivement, de ce groupe. C’est un historique. C’est un héritage important. Il y a de bonnes choses qu’on va garder, qui ont été faites, par ailleurs. Après, ça ne doit pas être notre question. La question ça va être plutôt les partenariats. Après, l’April fait ce qu’elle veut avec son groupe. Elle le garde, elle ne le garde pas, elle fusionne, ce n’est pas notre problème, en fait, j’ai envie de dire. Ça ne m’empêche pas d’être adhérente et d’avoir à contacter mes députés pour la loi, de participer aussi. Mais du coup, c’est une autre action. Là j’en parlais pour l’historique parce que la question s’est posée, mais en fait, maintenant, ce n’est plus mon problème. Mon problème va être : on va faire des partenariats avec Mozilla, avec l’April, avec d’autres, avec Wikimedia, avec OpenStreetMap et j’espère avec plein d’autres et de donner de la visibilité. Après, est-ce que les autres vont avoir envie de décliner un groupe de travail chez eux, ou pas, ou de l’enlever parce que, finalement, ils vont trouver que ça fait doublon, ce n’est pas notre responsabilité ! Tu vois ce que je veux dire ? C’est plutôt comme ça que je me positionne.
Bookynette :
Ma question c’est : qu’est-ce qu’on fait de liberté 0 ? Vas-y ! Parle-nous de ça ! Fais-moi rêver !
Armony :
Qu’est-ce qu’on fait, collectivement, de liberté 0 ? J’avais des questions techniques. Déjà il faut réussir à mieux configurer que ce que j’ai fait la liste, elle ne marche pas très bien. J’ai dit je ne suis pas une spécialiste des mails.

On a une liste de discussion. J’ai voulu juste tester. J’ai dû me planter dans les configurations. C’est un atelier, donc l’idée c’est que vous m’aidiez, aussi, à faire les choses comme il faut. Pardon ! C’est un atelier, il y avait bien écrit, pas conférence. Et donc essayer de commencer par ça. Je ne sais plus quel était le premier message, la première fois, mais c’est ça : « Bonjour on fait une liste ». Évidemment, en plus on n’est pas nombreux là, par rapport aux gens. Il y avait une centaine de personnes sur la liste. Tout le monde n’est pas là. Là, on a un embryon actif et des curieux aussi, mais qui sera peut-être l’embryon actif de demain. Il y a plein de gens aussi très actifs qui n’ont pas pu venir ou qui sont peut-être à d’autres confs ou je ne sais pas. Il faut le faire de manière publique. Je pense que oui, je vais faire un article dans le Framablog [9], c’est une bonne voie de communication. Alexis m’avait proposé de le faire régulièrement, si je voulais, sur ce sujet ou sur d’autres, des articles. Ça va être l’occasion d’annoncer liberté 0. Il faut que la liste fonctionne. Ça aussi ça va être un truc. Je me tourne un petit peu vers Samuel qui est dessus. Tiens !

Samuel :
Oui, mais il faudra voir.
Armony :
Avant de partir, ça fonctionnera.
Participante :
Inaudible.
Armony :
D’accord. C’est un truc idiot de configuration de DNS, en fait. La liste marche. Les DNS je les ai bien configurés, mais il y a un paramètre, je ne sais même pas ce que c’est, donc je ne sais pas le faire.
Participant :
La Fondation pour le Progrès de l’Homme ?
Armony :
La Fondation pour le Progrès de l’Homme. C’est une fondation suisse. C’est assez marrant. Ça a été d’abord un client, à moi, pour un projet parce que je parle chinois aussi. C’est un projet entre la Chine et l’Europe à travers le Web, etc. En fait c’est un gros, un puissant financeur de plein de projets. En gros, ils veulent développer des projets plus ou moins autonomes, sur la relation Chine/Europe, justement. Là, c’est aussi devenu, du coup, un de mes clients, sur la Bergerie de Villarceaux, c’est un truc écologique. Un des membres en fait, un de la famille parce que c’est quelque chose de familial est membre de l’April, actif, et c’est comme ça qu’on s’est connus, c’est grâce à l’April d’ailleurs. C’est Vincent Calame, il n’animait pas un truc ? LibreAsso ? C’était un des co-animateurs je pense, ou l’animateur.
Participant :
Animateur de LibreAsso [10] et maintenant de Économie Sociale et Solidaire.
Armony :
Sociale et solidaire. Voila, c’est comme qu’on s’est connus. Ils financent plein de choses. Ils financent aussi Inf’OGM, une lettre sur les OGM. C’est un gros truc. En gros, à sa mort, monsieur Charles Léopold Mayer n’avait pas d’héritiers, plein d’argent et il a dit : « Je lègue à, c’était une de ses employées donc qui était la grand-maman Calame, à condition d’en faire une fondation et de financer des projets pour le Progrès de l’Homme, très vague. » Ils en ont fait une fondation. C’est une histoire assez amusante. Ils ont des locaux, aussi, qu’ils vont peut-être rendre accessibles et qu’ils mettent souvent à disposition des associations pour faire des événements. C’est pour ça qu’il y a eu pas mal d’April Camps, pour l’instant ce n’est pas accessible, mais qui étaient à la FPH et donc pour les associations, pour plusieurs associations, ils ont un système de liste de diffusion. Ils ont mis à disposition. Ils peuvent faire plein de serveurs qu’ils administrent et qu’ils laissent à disposition des associations, des gens avec qui ils ont des affinités. Comme on a des affinités, je leur ai demandé.
Participant :
Donc ils n’assurent pas le suivi !
Armony :
Pas du tout.
Participant :
C’est une plateforme, c’est tout.
Armony :
Voilà, c’est ça. On fait ce qu’on veut dessus. Évidemment, si on commençait à avoir des propos racistes ou je ne sais pas quoi, je pense qu’ils nous l’enlèveraient. Mais il n’y a pas de contrôle dessus. On est totalement vraiment libres dessus.
Participant :
Tu disais la mailing list.
Armony :
La mailing list, ce fameux article, avant qu’il n’y ait quoi que ce soit d’autre, il va falloir se mettre d’accord sur la mailing list. En gros, c’est ça. Si vous avez des idées on peut déjà en débattre. Mais de toutes façons, tout ce qui est là, il faut aussi que ce soit rendu public. J’avais pris de quoi prendre des notes si il y a des choses concrètes pour le mettre aussi, à la fois dans l’article sur le Framablog puis sur la liste pour que d’autres gens puissent participer. Si on prend des décisions là, alors qu’on n’est vraiment pas nombreux, je trouve que ce n’est pas représentatif. Sachant qu’il y a plein de gens hyperactifs qui ne sont pas là aujourd’hui. Le premier pas, c’est ça.

Ensuite ça va être d’avoir une charte et j’aimerais un événement, d’ici la fin de l’année, chez Mozilla. Mais après, quel événement concrètement ? Ils ont lancé Firefox OS, vous avez vu ça je suppose et ils travaillent sur l’accessibilité, mais on aimerait faire des tests. Là, depuis peu, la synthèse vocale est directement incluse dans les outils de test des développeurs, mais il y a plein de choses à voir ensemble. Je m’étais dit pourquoi pas faire soit un AccesCamp, soit un événement quelconque sous la forme que vous voudrez, c’est assez libre. Il faut voir. Ça peut être une réunion, aussi, pour voir ce qu’on en fait. Là c’est à Paris. Sur l’April, j’avais dit « ce serait bien qu’il y ait à chaque fois au moins deux grands événements par an, un à Paris – parce que c’est concrètement le plus facile, en général, pour tout le monde d’arriver sinon ils sont obligés transiter par Paris pour aller ailleurs – et un décentralisé, du coup aux Rencontres Mondiales. On ne sait jamais trop à l’avance, mais du coup, il y a à chaque fois deux événements qui permettent de ne pas faire que à Paris. Là j’aimerais bien que ce soit encore plus et qu’on donne plutôt les outils aux gens pour qu’ils fassent eux-mêmes leurs événements localement.
Et là, par exemple, il y a des choses à Montpellier. Je discutais avec celui de Montpellier, président de Montpellier, ils font des trucs super, mais il faut vraiment qu’on mette ça, qu’on le documente sur ce qu’ils font. Ils font des cartoparties accessibles ; mais ce ne sont pas juste des cartoparties accessibles, ça on en fait avec OpenStreetMap, mais il y a vraiment toute une association, en fait, des gens du quartier, des commerçants, des élus et c’est génial ce qu’ils font. Ils le font tous les deux mois. Du coup, ça diffuse à la fois le Libre, l’accessibilité, un autre regard et c’est vraiment avec des gens qui ne font pas du tout d’informatique, puisque c’est le commerçant du coin, etc. Ils découvrent tout ça et je trouve que c’est vraiment assez exemplaire sur ce qu’ils m’ont raconté. Ils ont eu des articles dans la presse locale. Pour moi, ça devrait être le but aussi de liberté 0, ça n’a pas changé, c’est de donner de la visibilité aux projets existants aussi, et de soutenir. Cet événement avant, je trouve que c’est mettre la charrue avant les bœufs d’organiser un événement. Le point de base va vraiment être cette liste.

Marie-Pierre :
Donc événement de base c’est la liste tu dis. Dans la pratique, c’est : on s’inscrit sur la liste. C’est ça ? D’accord ?
Armony :
Voila. C’est ça.
Marie-Pierre :
Juste deux mots par rapport aux Acces Camps. J’ai eu l’occasion d’assister au moins à deux et c’est vrai que ça me paraissait des rencontres intéressantes et que si ça peut être préservé, ce sera utile.
Armony :
C’est déjà préservé.
Marie-Pierre :
C’est déjà préservé.
Armony :
C’est déjà préservé puisque j’en ai déjà fait d’autres, dans d’autres cadres. Et ce que j’aimerais, c’est que ça devienne plus un concept, que chacun peut faire chez soi. Ça n’empêche pas qu’on le fasse aussi, nous, ça peut-être un des deux événements que je disais phares, pourquoi pas, mais oui, je veux en plus.

Il y a un compte Twitter de Mozilla qui s’appelle Army of Awesome, donc l’armée des gens géniaux quoi ! Et j’aimerais que ce soit ça, en fait. Je trouve que le problème qu’on avait quand même avant, ça reposait beaucoup trop sur moi au niveau du porte-parolat. Je comprends, c’est normal, des fois on a besoin d’interlocuteur, « c’est qui l’animatrice ? » Là j’aimerais vraiment que ce ne soit pas ça et que tout le monde puisse devenir le porte-parole dans sa région, dans son truc.

Marie-Pierre :
J’entends ce que tu dis. Effectivement, tout le monde doit porter le discours de l’accessibilité. Quand, par exemple, je suis impliquée sur un sujet très particulier ou Jean-Philippe, aussi, sur un sujet très particulier, c’est vrai que tu peux élargir l’accessibilité, mais ta démarche prioritaire viendra de la poursuite et du développement du projet que tu souhaites mener avec l’accompagnement de l’accessibilité. Comment dire, moi j’ai besoin du groupe pour un accompagnement par rapport au projet qui a besoin, qui ne peut pas vivre seul en fait.
Participant :
Inaudible.
Armony :
Quand je disais ça en dedans, je ne pensais ni à toi ni à Jean-Philippe parce que vous le faites déjà beaucoup. Mais le but de liberté 0, ce sera aussi ça : c’est de continuer à donner de la visibilité à ces projets et à donner de la solidarité aussi. C’est ça qui manque parfois. L’accessibilité c’est assez épuisant, quand même, parce qu’il faut souvent répéter les mêmes choses. On a l’impression de tourner en boucle sur des choses simples et ça ne sert à rien de s’énerver, parce que si on ne le fait pas calmement, on ne nous écoute pas. Et puis, c’est normal, ce sont des bénévoles, ils n’ont pas à faire ce qu’on leur dit. Il faut sensibiliser, montrer en quoi c’est important et c’est assez fatiguant. Des fois, on se sent un peu seul. Des fois, on avait des messages sur la liste et il faut qu’il y ait ça. En général, on est contents de se retrouver, on est tous un peu fatigués, mais quand on se voit aux RMLL ça redonne du cœur à l’ouvrage et on a à nouveau envie de recommencer à porter ce message-là. Il y a ce problème-là pour le Libre en général, puisqu’on a tous ce problème aussi à expliquer ce que c’est que le logiciel libre. Ah oui, c’est le logiciel gratuit ! Non !

Nous, on a cette difficulté qui est peut-être encore supplémentaire. Les gens qui connaissent l’accessibilité ne connaissent que ce qui est privateur. Il n’y a pas que ça qui marche, mais ça marche mieux, en tout cas, pour l’instant, sur les nouvelles versions. Et les gens qui connaissent le logiciel libre ne connaissent pas forcément l’accessibilité. Ce n’est pas vrai pour tous. Ou alors, ils ne se connaissent pas entre eux. C’était ça aussi le problème. C’est-à-dire qu’il y a plein de gens qui font des choses géniales, mais dans leur coin. Et l’idée c’était l’union fait la force. Donc, donnons de la visibilité. Ce n’est pas de faire les projets à la place des choses qui existent déjà. C’est juste leur donner un espace pour que, déjà, ils communiquent avec les autres.
Sinon il y a des tas de listes développeurs, aussi, mais ils ont besoin de trouver des utilisateurs. Il y en a parfois qui passaient sur la liste et disaient : « On développe tel truc, est-ce qu’il y a des utilisateurs intéressés pour tester ? » Ça peut être le lieu. J’aimerais que ça aille encore plus loin et que ça donne, justement, des méthodologies pour que chacun puisse être aussi libre de reproduire chez soi un AccessCamp, de participer, de contribuer et qu’il y ait les outils, que ce soit par le wiki, la liste de discussion. Là, un truc qu’on a en plus, on a une liste de discussion, enfin on a un serveur Sympa pour liberté0.org. Ce qui fait que, si besoin, on pourrait avoir audition@liberté0.org

Marie-Pierre :
Oui, si besoin, parce que je ne saurais pas forcément utiliser avec tout le bénéfice requis cet outil-là.
Armony :
Des fois, il y avait des discussions très techniques qui pouvaient polluer une discussion générale de sensibilisation. S’il y a besoin de discuter avec des gens de MAO qui sont sur plusieurs, tu peux avoir pour ton projet un truc audition. Et ça donne aussi encore plus de visibilité à des gens qui ne seraient intéressés qu’à ce sujet-là, qui n’auraient peut-être pas envie, qui auraient une question précise, ce sont des listes qui seraient ouvertes à tout le monde, de s’adresser directement à audition.
Marie-Pierre :
Des spécificités, quoi.
Armony :
C’est ça. Et puis ouvrir aussi quand, liberté 0 - utilisez, libres d’utiliser - quand on n’a pas de connaissances techniques, donc on pourrait même vraiment ouvrir largement puisqu’on avait fait un événement avec Bookynette à la Cantine sur la diversité et on voit qu’il y a des gens qui, là pour le coup, ne sont pas du tout développeurs, mais sont attirés par la philosophie du logiciel libre, plutôt l’aspect justement Liberté, Égalité, Fraternité.

On a eu des témoignages assez intéressants de gens qui sont plutôt connus, établis dans la communauté aujourd’hui, et leur premier contact, heureusement qu’ils ont été persévérants, parce qu’ils se sont faits envoyer bouler quoi ! Je pense à Monique Brunel qui nous racontait que dans son premier message, elle n’avait pas bien posé la question parce qu’elle n’y connaissait rien, alors qu’aujourd’hui, c’est vraiment une figure de Mozilla en Belgique ; elle a juste essayé. Voila bonjour et boum ! Envoyée bouler ! Je me suis fait aussi envoyée bouler, c’est chez SPIP, il n’y a pas longtemps, parce que je ne sais pas ce que j’ai envoyé comme message, enfin un truc que je ne connaissais pas, je ne savais pas qu’il ne fallait pas le faire. Je leur ai dit : « Si vous accueillez les nouveaux comme ça ! Il faudrait peut-être une charte ! Je veux bien respecter les règles, mais si elles ne sont pas écrites, je ne peux pas les deviner ». Ils ont dit : « Ah ! Mais super, on va faire une charte pour expliquer. » En fait, on se rend compte que ce n’est même pas méchant. Dès fois, c’est juste leur façon de répondre. Ce sont des univers assez différents. L’écrit, en plus, tout le monde ne maîtrise pas l’écrit correctement.
Participant : C’est le problème de la communauté. Tu arrives dans un espace où tu n’as pas les habitudes de fonctionnement, elles sont différentes. Tu passes d’un IRC à l’autre, tu n’auras pas, justement, les mêmes règles si ce n’est de ne pas écrire en majuscules. Tu ne peux pas arriver à tout figer, tout écrire. C’est pour ça qu’à mon avis, là où ça va être difficile sur le projet que tu veux mettre en place, c’est sur l’aspect méthodologie, je pense que ça va vraiment beaucoup plus loin. C’est vachement bien, c’est super, dans l’enthousiasme, d’avoir cette visée-là. Mais je pense que déjà, dans un premier temps, de ce que tu as l’air de dire, tu voudrais que ça se recentre sur des partenariats, de l’événementiel. Moi, j’aurais plus tendance à te demander, du coup, quelle forme ça va prendre, des événementiels ? En disant est-ce que c’est une forme de labellisation ? et auquel cas, du coup, tu fais partie de l’asso et tu mets en place au nom de, ou pas, quoi ?
Moi je me retrouve un peu confronté à ça sur des fonctionnements. J’ai sorti des tracts, par exemple, sur des chutes de papier, en mettant des infos Mozilla et puis après je me suis dit « mais Mozilla, c’est une marque déposée ». Du coup, je vais reprendre contact avec le… Ça a été fait dans l’optique, vraiment, de promotionner le boulot qu’ils font, mais c’est vrai que des fois, tu vas un peu trop vite.
Armony : Oui. Concrètement, la forme que ça prend, oui, moi je veux des labels officiellement et des logos. Je ne veux pas que ce soit juste « je mets ça dans un coin ». C’est-à-dire que l’avantage, c’est que je connais et je discute déjà. Enfin ce n’est pas le label, mais avoir le droit de mettre le logo par exemple. Un partenariat officiel. Un engagement. On se posait la question, signer une charte ou pas. Adhérer à une charte ou pas, sans forcément être membre de l’association, mais en tout cas, avoir des vrais partenariats. C’est-à-dire que quand on a fait des choses avec Mozilla, il y avait aussi le logo Mozilla et il y avait l’aval. Et en plus, effectivement, ils ont dû en discuter parce que c’est une marque déposée, etc., mais du coup, ça implique Mozilla. Ce n’est pas la même chose que si on met le truc si on n’a pas le droit. C’est faire avec la communauté. Et puis, ils en ont discuté, après, en interne aussi. L’idée c’est qu’il y ait des répercutions. Si c’est pour qu’on fasse le truc entre nous ou des gens qu’on connaît, c’est bien, mais ça n’a pas trop d’intérêt. En fait, il y a deux choses. Quand on est en interne dans un truc, enfin dans une association, déjà même si on a le rayonnement qu’a l’April, on se trouve confronté à des priorités, peut-être différentes, des choses comme ça, donc c’est un peu ce qui s’est passé, donc c’est pour ça que c’est compliqué.
Et puis il y a une autre chose, c’est ce qu’on a vu aussi avec les fameuses distributions spécialisées, après il y a des tas de groupes, listes accessibilité, un peu partout. Sauf que les problèmes et les patchs qui sont donnés, ce sont des choses que soit on s’amuse à remonter à tout le monde, c’est ce que disait Samuel et c’est hyper fatigant, etc. ; soit on se dit on fait des partenariats ou je ne sais pas comment on peut appeler cela, en tout cas on identifie qu’il y a un lieu qui va faire une espèce de dépôt des bonnes pratiques et si les gens ne savent pas où aller — ça ne veut pas dire que ces listes ne vont pas exister, il faut qu’elles existent parce qu’il n’est pas question qu’on se transforme, sinon ça va être horrible — en tout cas, ce sera le lieu : on ne sait pas à qui parler ; on sait orienter. Par exemple, un truc très concret. Il y avait un bug sur Firefox, depuis des années, d’accessibilité, qui était remonté depuis des années. Il est passé par nous, par l’AccessCamp et la semaine d’après il était résolu. Pourtant moi, je n’ai pas du tout rempli de rapport de bug parce que je n’aime pas ça, mais j’ai dit : « Salut ! », et je leur ait offert une bière. Ce sont d’autres méthodes. La bière est plus efficace que les rapports de bug. Je suis sûre de ça. Faire un peu ce qui manque aussi dans le logiciel libre, parfois, c’est le côté un peu communication, marketing. C’est un peu ça en fait.

Participant :
Ce n’est pas la bière qui a fait ça. C’est le fait que tu les as rencontrés.
Armony :
Bien sûr, je sais bien, non mais je plaisante. Je ne les ai pas achetés.
Participant :
S’il n’y avait pas eu la bière est-ce qu’ils seraient venus ? Je suis sûre que oui.
Armony :
Non ils ont eu la bière après avoir résolu. Ils ne savaient pas, c’était un cadeau. Évidemment que ce n’est pas ça, mais c’est l’aspect communautaire, effectivement. Il faut que ce soit quelque chose de festif. On en discutait aussi. 2015, c’est une échéance, il faut qu’on fasse du bruit avant ça. Ça nous aide, en fait, le fait qu’il y ait une échéance légale. Il y a eu des études pour mesurer l’accessibilité en Europe et on voit qu’il y a un impact, quand même, le fait qu’il y ait des législations. Il y a un petit pic, quand même, d’intérêt. Ça ne veut pas dire qu’ils le respectent si après il n’y a pas de contrôles et les mesures qui vont avec. Il faut vraiment en profiter, faire du bruit, rappeler que ça existe et puis le faire de manière positive, en rappelant, justement liberté 0, c’est aussi un clin d’œil à ça, c’est-à-dire qu’on s’inscrit dans le mouvement du logiciel libre. Ce n’est pas un truc à côté, ce n’est pas une fonctionnalité. On s’inscrit dans le logiciel libre, c’est Liberté, Égalité, Fraternité. Est-ce qu’on peut considérer qu’un logiciel est libre si la liberté 0 de l’exécuter, il n’est pas exécutable par tout le monde ? La réponse je l’ai, la réponse que oui, pour Stallman, mais pour moi et pour d’autres, non ! Est-ce qu’on est libre si on ne peut pas utiliser le logiciel ? Eh bien non ! Et je pense qu’il y en a beaucoup qui pensent ça.

C’est la pause ?

Organisateur :
Il faut simplement que Christophe puisse commencer à 16 heures 20, qu’il ait le temps de s’installer. Encore quelques minutes.
Armony :
D’accord. OK.
Participant :
Inaudible.
Armony :
Vu qu’elle est partie. Voila. Et puis l’objectif aussi, quand même, c’est de se remotiver parce que c’est difficile. Je pense qu’on a tous eu, pour en avoir discuté, une espèce de baisse d’énergie un peu globale, j’allais dire depuis neuf mois, mais même avant. C’était déjà assez fatigant, on a eu pas mal de difficultés à parler du sujet avec des gens un peu butés, parfois, et du coup, c’est assez fatigant. Là c’est de se dire aussi liberté 0, vu que ce sera une association spécifique, mais ça ne dépend pas de quelqu’un en particulier, ceux qui veulent participer ou adhérer ce ne seront que des gens de bonne volonté. Ceux qui vont venir à liberté 0 ce sont des gens qui ont envie de faire des choses, c’est très clair. Du coup, ce sera plus facile de se motiver si on est entre nous, de parler avec les autres, il faut garder le lien. Ça n’a aucun sens de faire sans partenariat et sans personne, de le faire tout seuls. Ça n’a aucun sens et ça aurait un impact minuscule. Du coup, ça permet aussi de recréer une force et une dynamique avec des gens convaincus. C’est comme si à l’April il y avait des gens aussi de l’AFDEL [(Association Française des Éditeurs de Logiciels et Solutions Internet), NdT], ce serait très fatigant au bout d’un moment, si on parle de choses qui n’ont pas de rapport. On a besoin de choses comme ça, où on est d’accord, sur la même longueur d’onde, sur ce qu’on appelle et sur les priorités. D’autres associations le font aussi, mais des fois, qu’en partie. Ce n’est pas leur priorité majeure. Là, au moins, on est sur un espace où les gens qui viennent savent pourquoi ils viennent.
Bookynette :
Est-ce que tu pourrais m’inscrire sur cette liste de mail déjà, que je sois au courant. Peut-être que d’autres aussi sont intéressés.
Participant :
Pareil pour moi.
Armony :
Qu’est-ce que vous voulez comme nom en fait ? J’ai mis bonjour.@liberté0.org. C’était pour tester, mais vous avez de meilleures idées.
Bookynette :
Liberté 0.
Armony :
Oui ça c’est le nom de domaine, mais pour le nom de la liste en premier, discussion ?
Participant :
« Bonjour », pour un premier contact, pour les gens de l’extérieur, à la place d’avoir « contact », « bonjour », on se sent tout de suite accueilli. Et en plus on est moins spammé si on a « bonjour » que « contact ». Point important.
Armony :
Bonjour, discussion. Ça peut être une décision qu’on prend en commun puisqu’il faut bien décider, au bout d’un moment. Pour l’instant j’avais écrit juste « bonjour », mais ça peut être juste une adresse de contact. On peut mettre « discussion », on peut mettre « les gens du groupe », qu’est-ce que vous voulez ? On garde « bonjour », sinon, peu importe.
Participant :
On peut changer après.
Armony :
C’est ce qu’on se dit, mais une fois que c’est lancé on ne voit jamais après.
Participant :
Inaudible.
Armony :
Voila. C’est pour ça. Donc si vous avez une meilleure suggestion.
Participant :
De toutes façons, je pense que cette liste-là elle restera, en tant que liste contact au moins, elle restera.
Participant :
On reste sur « bonjour ».
Armony :
Vous avez l’adresse, mais ne vous inscrivez pas ça ne marche pas, mais ça marchera, mais ça va marcher dans cinq minutes. Ils commencent dans cinq minutes. Tu peux m’aider du coup. C’est presque fait. Ça marche en partie. Ou d’autres, il y en a qui peuvent m’aider.
Participant :
On verra ce soir.
Armony :
Bon, on verra ce soir. Il y a tous ceux qui veulent venir faire la fête avec nous ce soir. Nous avons fini.